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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Miroir, mon beau miroir !

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Tomas Cren
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Miroir, mon beau miroir !  Empty
MessageSujet: Miroir, mon beau miroir !    Miroir, mon beau miroir !  EmptyDim 02 Déc 2012, 20:15

Quelle ne fut pas son incompréhension lorsqu’il se découvrit dans cette vaste pièce à la robe écarlate ! Ses pupilles d’encre noire voletèrent de long en large sur ces murs de sang avant d’apercevoir ces photographies, ces esquisses de sa personne, ces captures de son être à un instant « t ». Une panique le saisit, des haut-le-cœur survinrent et s’emparèrent de sa poitrine alors que son regard s’affolait, les trajets des orbes sombres gagnaient en célérité jusqu’à un point de non-retour où les paupières pour rompre la cadence de ces derniers s’abattirent sans un bruit, le bougre d’homme s’effondra.

Lorsque les douloureuses cloisons s’ouvrirent de nouveau, à tâtons, la salle n’avait pas disparu, elle ne s’était pas volatilisée, laissant place à ce même fond uni aux éclats cramoisis. Etait-ce l’odeur, le décor grotesque ou les deux entremêlés qui produisirent cette sensation de dégoût du pauvre homme ? D’un pas chancelant, un arrière-goût dans la gorge, l’ombre masculine se rapprocha du papier. Lorsque Tomas ne fut plus qu’à quelques centimètres des clichés, son visage se figea, pétrifié d’effroi, il eut beau s’enquérir des autres murs, tournoyant sur lui-même telle une bête prise au piège, oui, l’étalage des photos qui lui faisaient face n’avaient qu’un seul sujet : lui ! La bête poursuivit son inspection dans une folle rage, prémices d’une terrible démence ; nervosité exacerbée, ses mouvements se firent secs, saccadés, brusques, diverses tirages furent arrachés, déchirés, violentés. Tornade ombrageuse, l’orage s’était abattu sur la pièce, pourtant malgré les amas de papier qui s’assemblèrent pour se joindre et tapisser le sol, les photographies demeurèrent. Il ne cessa ses efforts qu’à bout de souffle, quant aux images, figées dans leur mutisme, elles le narguaient, se croyaient-elles éternelles ? Tantôt, encadrées et travaillées avec minutie, elles étaient parfois prises a la dérobée, il était tantôt une simple silhouette, tantôt son visage lui faisait face, tantôt dans sa blouse de médecin, parfois nu…

Qui était le photographe, qui avait pu saisir son sourire lors de l’anniversaire de sa petite fille, qui avait pu voir sa hargne face à la souffrance d’autrui, son désir d’aider et son désespoir face à la mort de ses proches ? Rien n’avait échappé à cet œil inquisiteur, à ce regard extérieur, il était omniscient ; le pauvre Tomas avait été examiné sous toutes les coutures, l’avait-on disséqué, analysé, autopsié ? Etait-ce son sang qui entachait les murs ? Les clichés, des informations sur le damné ? Qu’en était-il justement ?

Particularité étrange, toutes les représentations de sa figure étaient en noir et blanc, volonté de contraste ou simple lubie de l’artiste ? Les portraits qui lui faisaient face n’étaient qu’un panel des émotions qu’on pouvait lire sur son faciès, brève esquisse de ses états de joie, de doute, de colère, ou de surprise ? Le travail du photographe se devait être salué pour la justesse des émotions retransmises, le filtre de l’appareil n’existait pas, l’engin n’était plus un simple et vulgaire monstre de technologie qui s’emparait de temps à autre d’un moment, il s’était vu devenir l’instrument du diable car capable de capturer une âme ! Qui était cet homme, cette personne qui se confrontait à lui ?

L’incompréhension et la terreur laissaient leur place à la curiosité, au désir d’en savoir plus. Monsieur Creo commença donc son inspection telle le chirurgien qu’il était, détaillant cette galerie de figures qui lui faisaient face, ce n’est qu’alors qu’il se rendit compte que l’étude dont il était l’objet ne s’était pas seulement échelonnée sur une courte période de sa vie mais qu’elle couvrait l’essentiel de son existence. Les visages le suivaient dans sa ronde de leurs yeux inquisiteurs, pourtant, lorsque le songeur se stoppait face aux occupants de ces toiles, leurs habitants reprenaient leur mimétisme : leur mimiques, leurs moues se figeaient inaltérables aux billes d’encre noire de Tomas.
Un premier cliché retint son attention. L’adolescent rieur semblait pourtant lui dire. Tu ne te rappelles pas ? Tu ne te souviens donc pas de cette partie de baseball, tu adorais pourtant cela le baseball, non ? Les images défilèrent dans sa tête ; le médecin se voyait de nouveau dans cette tenue bariolée de traits continus et ponctuée par des teintes fades, cet uniforme grotesque qu’il se plaisait à revêtir avec le même sourire idiot, sourire qui lui montait jusqu’aux oreilles. Pourquoi s’adonner à un tel passe-temps ? Par bêtise, pour impressionner les filles, pour imiter les autres, le garnement était doué pour ce sport. Et du haut de ses quinze ans, il était bon batteur et courrait vite. C’était par une belle après-midi ensoleillée, le char d’Appolon était haut dans le ciel et des enfants de tout âge s’étaient réunis derrière le lycée de la ville pour pratiquer un peu leur loisir favori.

Malgré l’âge, des constantes demeuraient : ce visage aux traits finement ciselés, ce regard sombre, cette chevelure couleur d’ébène... L’artisan qui s’était plu à sculpter ce modèle l’avait préservé du temps ou du moins en avait retardé les effets et les quelques rides qui s’étaient installées au coin de ses yeux, n’étaient rien d’autres qu’un art décoratif, une peinture de guerre, pour accentuer sa virilité. Le visage creux et osseux de l’adolescent avait conservé la même structure de base mais avait gagné en épaisseur et en profondeur, une barbe de deux jours se poursuivait pour encadrer la chevelure couleur ébène, la bête sait se faire attirante. Ses lèvres masculines et fines s’étirent en un léger sourire moqueur, dévoilant l’espace d’un moment, une dentition de porcelaine, ivoire parmi l’ébène. Crinière de ténèbres, chevelure hirsute, amas de poils dressés finissent d’encercler son visage léonin…

La bête se déroba à ces instantanées pour se focaliser sur les autres clichés….
Beauté enivrante, terrible, violente. Mâle bâti dans un bois sauvage et viril, son individualité n’en ressort qu’avec plus d’éclat. Stature imposante, musculature agréable, cicatrices éloquentes. Le maintien est fier et le port altier.
Il n’en avait pourtant pas toujours été ainsi pour preuves les illustrations de son enfance et de son adolescence..
Mais déjà, l’homme en a assez et s’effondre de nouveau à même le sol…
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