Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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Dagon Il-Dedjân
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Dagon Il-Dedjân

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MessageSujet: Inferego   Inferego EmptyVen 29 Mar 2013, 23:08

_La pièce était sombre et circulaire, formant un dôme semi-ovoïde de trois ou quatre mètres de hauteur. Du point le plus élevé descendait une chaîne rouillée au bout de laquelle un bocal en cristal de rubis très fin se balançait doucement. Il renfermait un feu vacillant, projetant une lumière rougeâtre qui allait raviver le teint écarlate d'une paroi de grenat lisse. Le sol était recouvert d'un sable d'ocre rouge parsemé de pierres de jaspe. Des toiles et des esquisses habillaient le mur uniforme, soigneusement glissées dans des cadres de cuivre. Par endroits, des tessons de glace étaient fixés au hasard, miroitant la lumière tremblante du feu.

_Sous la lanterne minérale était étendu bras en croix un corps d'apparence humaine. Le mouvement de la source lumineuse faisait danser les ombres sur un visage tantôt paisible, tantôt effrayant, reflet d’une lutte entre l'être et le paraître. Car sous ces traits fins et cette apparence inoffensive se cachait un puissant et redoutable démon ; un démon au nom princier dont chaque syllabe dévalait les langues avec un cortège d'échos.

_Dagon Il-Dedjân ouvrit les yeux, révélant deux iris bleus clair rosis par la lumière. Deux points noirs perdus à la surface de deux océans circulaires ; rivés sur la flamme qui se balançait au-dessus d'eux, ils se contractèrent, affichant une brève incompréhension, avant de se dilater dans un frémissement de curiosité. Le démon se redressa, passa une main dans ses cheveux d'ébène brillants et impeccables, puis se leva. Ses élégantes bottes de cuir noir s'enfoncèrent dans le sable lorsqu'il entreprit de faire le tour de l'étrange pièce sans issue. Le pas sûr, le torse bombé, il inspecta la pièce dans ses moindres détails, en s’efforçant d’afficher une mine impassible. Quelqu’un l’observait peut-être à travers ces murs opaques malgré leur absence de défauts ; il ne pouvait pas s’autoriser à laisser poindre la perplexité qui cherchait à s’emparer de son visage. Le prince démon rajusta son pourpoint de turquoise et d’argent serti de saphirs et dirigea son regard vers un morceau de miroir suffisamment grand pour lui permettre de se contempler. Il épousseta son habit sophistiqué d’un geste théâtral et se dévisagea avec intérêt. La couleur de ses vêtements et de ses yeux juraient parfaitement avec les nuances de la pièce, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Il adressa un sourire à l’homme qui l’observait dans la glace, comme pour saluer un vieil ami. Il coinça une mèche rebelle derrière son oreille avec un léger froncement de sourcils. Sans être maniaque, il aimait soigner son apparence car il savait qu’elle était un atout. Grand et élancé, la carrure à la fois vigoureuse et élégante, il jouissait d’une beauté d’autant plus insolente qu’elle était naturelle. Là où d’aucuns s’échinaient à sculpter leur corps, Dagon ne fournissait pas le moindre effort. Il ne prenait réellement soin que de son visage et de ses tenues et on devait bien reconnaitre que cela lui réussissait. Sa beauté seule lui avait maintes fois suffi à accéder aux cœurs et aux corps de nombreuses âmes, hommes comme femmes, et il en tirait un orgueil totalement assumé. C’était une parfaite injustice qui durait depuis plus de trois siècles. Le jeune démon avait peu changé au cours de ces longues années. La relative solitude de ces dernières décennies n’avait en rien altéré son aspect ; il ne s’était jamais négligé car il avait horreur de mal présenter. C’était une chance, dans un sens, car ce dégoût qu’il éprouvait à ne pas être parfaitement apprêté était bien la seule chose qui lui valait d’accorder tant de peine à cette tâche.

_Le jeune prince détacha son regard du miroir pour s’intéresser aux portraits qui parsemaient le mur. Des images de lui, couvrant tous les angles de son superbe corps paré du plus simple habit. Les toiles n’épargnaient aucune partie de son anatomie, de la plus inintéressante à la plus délicieusement fascinante. Ces images ainsi exposées le flattaient, bien qu’il trouvât la chose surprenante. Surprenante non par son improbabilité – il reconnaissait volontiers que sa personne physique méritait d’être ainsi exposée – ni par son incongruité – il se moquait de la bienséance – mais par le fait qu’il ne parvenait pas à identifier l’auteur de ces peintures. Personne ne pouvait connaître son corps aussi précisément. Dagon était partagé entre la crainte et la curiosité, mais il finit par décider qu’il était flatté d’une telle adoration. Il parcourut le mur comme s’il se trouvait dans un musée, se grattant le menton, hochant la tête, plissant les yeux d’un air connaisseur. Il émettait parfois des commentaires sur cette magnifique courbe de hanches, ce majestueux fessier d’athlète ou encore ces jambes impeccablement lisses. Il poussait des exclamations à la vue de ces doigts fins qui ne pouvaient cacher leur évidente agilité, de ce torse imberbe aux doux reliefs musculeux et de cet éblouissant étalage de virilité dont la splendeur n’avait probablement d’égale que la tempête de délices qu’il devait susciter dans le cœur de ceux qui en goûteraient les merveilles. La seule imperfection qu'il put relever avec un geste faussement agacé fut cette cicatrice qui courait sur son abdomen. Une blessure qui n'avait pas très bien cicatrisé et qui remontait à au moins deux siècles. Les circonstances de son apparition avaient échappé à Dagon ; cela n'avait probablement pas été très important et il ne pouvait pas se souvenir précisément de trois siècles et demi d'existence. Il n'y accordait aucune réelle importance ; c'était un prétexte à improviser de folles histoires pour les jeunes filles en fleur assoiffées d'aventures extraordinaires qui frissonnaient au toucher de la vieille blessure.

_Le prince démon s’admirait avec une fierté affichée. Comme le montrait cette exposition, son corps était une collection d’œuvres d’art et il s’approcha d’un miroir pour en détailler la pièce maîtresse. C'était un visage aux traits fins qui empruntait à la féminité ses meilleurs aspects, et les sublimait pour composer le visage envoûtant et mystérieux d’un homme d’une trentaine d’années. L’angle par lequel on le regardait le changeait du tout au tout. A la fois doux et bestial, charmeur et effrayant, il était l’exact reflet de son propriétaire. Dagon contempla ses traits comme s'il les découvrait, caressant de ses longs doigts un bouc soigneusement taillé surmonté d'une fine moustache. Il afficha un sourire en coin, dévoilant une petite fossette bien nette sous une joue fine et presque creuse. Puis, il fronça les sourcils, pencha la tête en avant et serra les lèvres, se donnant un air beaucoup plus sombre et terrifiant. Ses yeux plongés dans l'ombre semblaient être devenus ceux d'un squelette. Dagon éclata ensuite d'un rire jaune en montrant toutes ses dents, balançant la tête en arrière, ce qui lui donnait un air dément ; son hilarité faisait planer une étrange atmosphère.

_Puis, il en eut assez. « Bien. Ça suffit. » déclara-t-il d’un ton sévère à la pièce toute entière. Il attendit une réponse, sans manifester l’incertitude qui planait dans son esprit.


Dernière édition par Dagon Il-Dedjân le Sam 30 Mar 2013, 13:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Inferego   Inferego EmptySam 30 Mar 2013, 12:03

Inferego Oeil2wd9

Oh, un puissant! C'était si rare, si rarement agréable! Embusqué, bien planqué, je le laissais tournoyais dans mon domaine. Sa puissance se reniflait à distance, comme un parfum capiteux. Il devait vraiment être important, ce poisson là! Je profitais du spectacle, inlassable. Après avoir détaillé ses portraits, il se tourna vers moi, ô miroir, son beau miroir! Quand il s'admira, j'étais aux anges. Car en se mirant, c'était moi, qu'il flattait. Je restais immobile pourtant, mimant seulement ses gestes. Je l'aimais bien, il était grandiloquent, sûr de sa beauté. Cela me changeait. Souvent les gens passant par ici ont peur et ne bougent pas et souvent se trouvent moche.
Enfin, quand il se détourna, je décidais de me dégourdir un peu. Dans un bruit de verre cassé, le sage reflet que je fus jusque là pris sa liberté et risqua une petite révérence moqueuse avant de revenir à ma place. Mais sur mon visage -le sien- ce n'était plus ses yeux, mais les miens. Banals, marrons, couleur de boue. Il devait rager de voir ses trésors devenus aussi communs.
Mais j'avais beau m'amuser en cette compagnie -seulement ennuyé de ne pouvoir lui tirer une conversation- j'avais une tâche à accomplir. Avec emphase, je mis mes mains en appuie sur la surface de la glace. Une petite clé rouge était désormais plaquée entre ma paume et le miroir. Au bout de quelques instants, la paroi sembla se détendre sous mes doigts, s'enfoncer comme du caoutchouc, comme du chewing-gum, épousant la forme de mes mains. Je continuais à avancer, à pénétrer dans la salle rouge, bien que toujours séparé par cette paroi distendue. Elle devenait de plus en plus fine. Je dirigeais mes mains vers lui, mon sosie. Au moment où mes doigts allaient enfin crever la surface, la clé, la cloison caoutchouteuse et moi disparurent dans un léger éclat, laissant apparaître dans l'ancien miroir un passage obscure.



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Dagon Il-Dedjân
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MessageSujet: Re: Inferego   Inferego EmptyDim 31 Mar 2013, 12:22

_Dagon était certain d’avoir vu le reflet dans le miroir s’émanciper de son modèle. Tout s’était passé trop vite et dans une singulière atmosphère. Il eut comme l’impression de revenir à lui après un moment d’égarement et se rendit compte qu’une ouverture béait devant lui, découvrant un monde de ténèbres. La curiosité le piqua de nouveau, l’emportant sur l’angoisse. Cette fascination pour l’étrange était un puissant moteur dans la vie du prince démon. Il entra dans ce nouvel univers de jais, fit quelques pas dans le néant avant de constater que la lumière rougeoyante de la première pièce avait totalement disparu, le laissant totalement aveugle et presque sourd. Il entendait à peine ses propres pas, comme s’ils étaient ceux de quelqu’un d’autre qui marchait au loin. Un vent soufflait dans les ténèbres, sa voix froide et se muant progressivement en murmures. Puis des chuchotements se distinguèrent, incompréhensibles mais pourtant issus d’un langage connu. Une voix de femme, pointue et guillerette s'éleva alors dans le néant.

_« Oooh ! Regardez qui va là ! Un Prince démon! » Le ton qu'elle avait pris était clairement ironique et elle ponctua sa phrase d'un ricanement haut-perché qui résonna comme dans une grande caverne. D'autres paroles aux timbres variés fusèrent de sources différentes.

« Un fourbe ! »
« Un égoïste ! »
« Un lâche ! »


_Les voix semblaient tourner autour de leur auditeur. Dagon leva ses deux mains dans le noir comme l'on ferait pour calmer une foule. « Eh bien, eh bien ? Rationnez vos flatteries, vous risqueriez de vous abîmer la langue.
_― Regardez comme il se pavane ! lança une voix caverneuse débordante de mépris. Es-tu vraiment fier de toi ? » Dagon leva un doigt en l'air en se tournant approximativement vers l'endroit d'où était venue cette phrase, mais il n'eut pas le temps de répondre qu'une voix d'homme suave et dédaigneuse avait enchaîné : « Je crois plutôt qu'il n'a aucune fierté. » Le Prince abaissa le bras et leva l'index de l'autre main pour s'adresser à la seconde voix mais à peine un « je » s'était-il échappé de sa bouche qu'il fut coupé derechef. « Quand on n'a cure de l’œil d'autrui, on n'a ni honte ni dignité. »

_De toute évidence, les êtres qui peuplaient cette salle n'étaient pas là pour chanter les louanges du Seigneur Dagon. Celui-ci n'en fut pas contrarié ; après tout, ce n'était ni la première ni la dernière fois que l'on mettait en exergue ses innombrables défauts et il avait appris à s'en accommoder avec un dégagement presque frustrant. Le sentiment qu'il éprouvait lorsque l'on manifestait une quelconque animosité à son égard était en réalité proche de l'amusement et cela ne faisait que stimuler son envie de déplaire un peu plus. Il aimait décevoir, car cela rappelait au monde qu’il était absolument indépendant. Il n’avait aucun compte à rendre, jamais il ne courbait l’échine et il ne se pliait à aucun code qu’il lui déplût de respecter.
_« Quel prince abandonne un peuple entier sur un coup de tête ?
_― Quel prince monte les marches du trône sans nourrir d’autre ambition que celle de renverser son prédécesseur ? Tu n’as jamais voulu du pouvoir et tu l’as pris parce qu’on t’a défié de le faire.
_― Il ne s’agit pas seulement de cela. Quel prince refuse de céder ce pouvoir à un autre comme un enfant garde jalousement le jouet avec lequel il ne joue pas ?

_― Drôle de question, intervint Dagon. Céder le pouvoir à un successeur signifierait redevenir un valet. S’il est vrai que je ne suis plus en exercice depuis quelques décennies, il n’est pas impossible que je finisse par changer d’avis, qui sait ? Et puis, ce sont des démons ; ils sont tout à fait capables de se débrouiller sans chef. »
_Il ne pouvait nier le caprice qu’il avait fait en disparaissant après la chute d’Enfer. Expulsé de son logis, soudain démuni et sans terre, il avait décidé que les responsabilités de prince n’étaient plus intéressantes et il avait laissé là une foule de démons sans roi. Mais il était parti en possession d’un artéfact qui faisait de lui le seul dirigeant légitime, une pierre magique qui forçait l’allégeance de ses sujets. Tant que la pierre n’était pas transmise à un nouveau prince, Dagon, où qu’il soit dans l’univers, resterait le souverain incontesté de son peuple sans en assumer une seule fonction.
_« Aucune morale, conclut une voix glaciale de vieille femme. Pas la moindre considération pour les sentiments d’autrui. Un égoïsme parfait. »
_― Evidemment ! répondit-il agacé. Tout n'est affaire que d'assouvissement personnel. Pourquoi m’entraverais-je de conventions dictées par les créatures mortelles de ce monde ? Je suis un Prince démon et un démon, un vrai, est sans foi, sans loi et sans roi. Il n'a qu'un seul mot d'ordre : « moi ».
_― Tu es si doué pour te convaincre toi-même ! Tu as l’impression d’être libre en t’émancipant des règles que les autres suivent, mais tu es prisonnier de ta cécité. Ouvre les yeux, Dagon, et constate les conséquences de ta pseudo-liberté : tu es seul.
_― Et je m’en porte le mieux du monde » répliqua-t-il avec un sourire invisible.
_C’était vrai. La solitude était sa plus fidèle compagne. Il avait été entouré de nombreuses personnes au cours de son existence mais pendant la plus grande partie de sa vie, il ne s’était réellement attaché à aucune d’entre elles. Il avait oublié les émotions importunes qu’il avait jadis ressenties dans sa jeunesse ; il s’en était défait à un prix déchirant. Aujourd’hui, il avait atteint une forme de perfection. Il pouvait apprécier la compagnie de quelqu’un et s’en séparer le lendemain sans éprouver un seul regret. A tout instant, il pouvait disparaître dans les entrailles de la terre et redevenir parfaitement solitaire.
_« Il fut un temps où le petit diable était plus vulnérable, glissa sournoisement une voix au timbre flûté.
_― Vrai. Que dire de cette femme ? »
_Cette fausse question – car elle sonnait comme telle – provoqua un silence d'incompréhension. Dagon se retourna avec une grâce que, dans l'obscurité, personne ne pouvait apprécier et interrogea, curieux : « Quelle femme ? Shaadé ?
_― Il l'ignore donc vraiment ?
_― Il a préféré fuir la souffrance qu'il n'a pu contrôler... »
affirma une voix d’un air navré et dénué de compassion.
_« Non, vraiment, dites-moi ! » Le jeune prince était encore une fois dévoré par le besoin de savoir, et il mettrait tout en œuvre pour lever le voile sur ce qu’on lui cachait. C’était un trait constant de sa personnalité qui allait au-delà de la curiosité. Il ne renonçait jamais devant un obstacle. Il était capable de tout mettre en œuvre pour toucher son but, il l’avait montré en s’emparant du pouvoir. La seule chose qui le détournait d’un objectif était l’épuisement de l’intérêt qu’il portait à celui-ci. S’il voulait savoir quelque chose, il était sûr de le savoir un jour, à moins de ne plus en avoir envie. Il n’y avait pas d’entre-deux ; il détestait la frustration.
_« La frustration ! tonna un baryton. Ce qui échappe à ton contrôle et qui va à l’encontre de ta volonté t’horripile. Tu refuses la contrariété ; c’est ce qui te pousse à assouvir la curiosité qui te dévore en ce moment, Dagon. C’est aussi la raison qui t’a poussé à chasser cette femme de tes souvenirs, car elle t’a fait connaître une peine que tu as été incapable de surmonter. »
_L’incompréhension de Dagon changea d’objet. Il avait donc renoncé à une partie de ses souvenirs ? L’idée n’avait rien d’absurde ; d’une part car il connaissait la personne qui détenait le pouvoir d’accéder à une telle requête, d’autre part parce qu’il se rendait compte que quelque chose ne tournait pas tout à fait rond. Il soupçonnait constamment une zone brumeuse dans son esprit, une insoupçonnable sensation de mélancolie affleurant la surface d’un abysse qui semblait insondable, et qui pourtant renfermait, il le savait, la partie immergée d’un iceberg. Parfois, cela l’obsédait, et il n’avait de cesse de pourchasser celui qui lui avait volé cette partie de sa vie. Le reste du temps, il y était beaucoup moins sensible et ses pensées volages s’accrochaient à d’autres préoccupations. Ainsi, il s’agissait d’une femme ; même cet indice ne suffisait pas à raviver un quelconque souvenir. Liam avait bien fait son travail.
_« Allez, racontez-moi tout ! Cet atermoiement m’agace au plus haut point. Qui est cette femme ? Répondez !
_― Nous ne sommes pas à tes ordres, Prince Lâche.
_― Cesse de te comporter comme un enfant !
_― Oh, mais il ne fait pas que se comporter comme tel. C’est un enfant. Un enfant qui s’est défendu de grandir en tournant ses défauts en objets de fierté. Il a transformé son immaturité en philosophie. »

_Cette affirmation le fit réfléchir. Elle était fausse, bien sûr, mais c’était une façon de voir qui n’avait jamais effleuré son esprit. Elle avait quelque chose d’humiliant. Donnait-il vraiment l’impression d’être un enfant capricieux ?
_Eh bien soit ; enfant il serait.
_« Ça suffit, je peux vous faire taire d'un seul geste ! » Et il joignit le geste à la parole en brandissant ses deux mains dans l’obscurité. Il restait figé dans cette position pendant un silence de quelques secondes. Puis, les voix accusatrices reprirent de plus belles.

« Assassin ! »
« Traître ! »
« Menteur ! »


_Dagon ne cacha pas sa déception en constatant que son pouvoir n’avait aucun effet sur ces créatures du néant. Il ne se laissa pas abattre. « Bon, peut-être que je ne peux pas vous faire taire, mais je peux me boucher les oreilles ! Ahaha ! » Et il s’exécuter en entamant quelques pas de danse sophistiqués que personne ne vit.
_« Ta conscience te rattrapera tôt ou tard...
_― Lalala, je n'entends rien ! »
_― Grandiras-tu un jour, Dagon Il-Dedjân ? »
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MessageSujet: Re: Inferego   Inferego EmptyDim 31 Mar 2013, 15:42

Inferego Bouchepulpeuse

Est-ce que tu l'entends? Cette petite voix, basse, glissée sous les portes et dans les serrures, dans chaque interstices que lui laisse ta conscience... Elle n'abandonne jamais son travail de sape.
C'est nous et c'est toi.
Elle s'engouffre dans les aspérités, lèche les rugosités et rien ne semble jamais changer. Pourtant, tu t'érodes sous sa lente mais perpétuelle attaque.
Petit singe, qui crois-tu tromper? Tu es fort, tu n'as peur de personne et tu craches sur le monde! Oh mais nous savons bien quelles peurs te rongent que tu n'avoues pas. Nous savons quel souvenir tu chéris et nous savons lesquels tu as voulu oublier. Et tu erres dans le Noir, pendant que nous, nous y voyons tellement clair! Tu te penses puissant.
Revoie ton jugement: là est le seul pouvoir.

Peut-être qu'en te guidant vers la lumière, tu verras enfin la réalité de ton être. Nous n'y croyons pas, voila trop longtemps que l'on te voit passer sans évolution. Mais nous te laissons encore cette chance. Nos lèvres s'ouvrent sur un nom que tu as oublié et que nous murmurons. Tout ce que tu as perdu prend forme et s'offre à toi en une clé froide et blanche.

Les êtres s'usent eux-mêmes. Aucune cause extérieur n'est à blâmer.


Inferego Clnoireyv6

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