Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Oeniryx

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Oeniryx
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Oeniryx

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MessageSujet: Oeniryx   Oeniryx EmptyJeu 01 Mai 2014, 18:03

La Salle Rouge

Un bourdonnement. Le vacarme du silence. Oeniryx se redresse. Comment-est elle arrivée là ? Elle était en train de...Non. Ce n'est pas ça. Elle avait entendu le ressac de l'océan puis... Non, c'était le croassement d'un corbeau. Elle se prit la tête entre les mains. Tout était confus. Peut-être l'était-ce parce que ça n'avait aucune importance. Elle relève son visage et regarde à travers son bandeau si elle ne « voit » pas d'êtres à sang chauds. Rien. Elle se tient quelques instants encore, silencieuse. Le bourdonnement est toujours là. Seul. Elle sent l'agacement monter en elle.

* Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? *

D'un mouvement rapide, elle défait le nœud, laissant le morceau de tissu tomber sur ses jambes. La pièce dans laquelle elle se trouve est rouge, entièrement rouge. De longues draperies, qui viennent d'un plafond indiscernable, s'échouent sur le sol, telles des vagues mourantes. Elle cherche des yeux une quelconque source de lumière, qui, au final, brille par son absence. Cet endroit est « trop » simplement écarlate. Ça la met mal à l'aise. Elle décide d'aller l'explorer d'un peu plus près, elle ne supporte pas ne pas savoir.

Elle tente péniblement de se mettre debout, retombe. Tente une seconde fois, réussit à faire un pas et puis semble, de nouveau, appelée par le sol. Un de ses genoux écrase une surface métallique, qui s'éclate sous le choc. Médusée, elle crie à l'assemblée du vide, tant pour se rassurer que pour se donner contenance :

-Combien d'années de malheurs ça me rapporte ça ? Quoi ?! Il n'y a pas un humain dans cette salle pour m'aider ? Vraiment ? C'est toujours pareil. Vous n'êtes jamais là quand il le faut !

Elle attrape un des fragments et se regarde dedans. Deux pupilles verticales cerclées de jaune la toisent froidement. Surprise, elle lâche le miroir. Elle ne s'était jamais aussi bien vue. Sa vision était plus que médiocre et ne lui permettait seulement de situer les silhouettes et les objets dans l'espace. Elle ne l'utilisait qu'en ville, préférant visualiser la chaleur qu'émettaient les proies qu'elle chassait. Le bandeau l'aidait à se concentrer.

Elle jette de nouveau un coup d’œil circulaire. Tout lui semble plus net, plus précis. Sur les tentures pourpres grimpent des centaines de miroirs, de tableaux et de photographies jaunies. On pourrait croire qu'ils se sont livrés à une quelconque bataille, tant leur position semble aléatoire. Mais, tous n'ont qu'une seule image. Elle.

Oeniryx détaille le moindre portrait avec sa vue nouvelle. Ses yeux reptiliens, tantôt bandés, tantôt défiants. Ses longs cheveux aux reflets crépusculaires. Sa peau pâle et froide. Sur un, on peut la voir rire, mais ses deux crochets et les écailles hérissées qui lui mangent une partie du visage, lui donnent un air de prédateur prêt à fondre sur sa proie. Elle est septique. Il manque quelque chose. Quelque chose d'important.

Elle s'avance un peu plus loin, à la recherche de l'absence. Elle arrive face à une glace, dont la taille la dépasse d'une petite trentaine de centimètre et qui atteint les deux mètres de haut. Elle remarque qu'elle est nue. Elle se regarde sans complaisance, jugeant son corps trop chétif, bien qu'elle soit au meilleur de sa forme.
Une forme sombre et longue passa le long de son cou, entoura un de ses seins petits et fermes, remonta vers l'épaule droite et s'enroula jusqu'au coude. Une seconde ceintura sa taille, suivie par une autre qui habilla sa jambe. D'autres vinrent en tous sens, quelques-unes se mêlant à ses cheveux. Comment avait-elle pu les oublier ? Elle sourit.

-Vous êtes là, mes petits.

Les serpents venaient et disparaissaient, comme réabsorbés par la peau de la démone. Ils ne pouvaient s'y échapper et pourquoi l'auraient-ils fait ? Ils formaient un tout indissociable et en étaient heureux. De temps à autre, elle leur commandait de se cacher, lorsqu'elle se voulait plus discrète, mais en général elle les laissait se balader sur son corps.

Son rictus amusé s'évanouit. Derrière elle, se tient une ombre qu'elle pourrait reconnaître entre mille. Elle se retourne.

-Mattie, attends !

Elle n'est déjà plus qu'un souffle. Oeniryx remet son bandeau, avec l'espoir fou de l'apercevoir une seconde de plus. Il lui semble distinguer une lumière vacillante, loin devant elle, qui sursauta une dernière fois, comme la flamme d'une bougie, avant de s'éteindre. Une brise parfumée, lui effleura la joue. Ça ne pouvait qu'être elle. Elle en est convaincue. Et sans réfléchir, elle court rejoindre son aimée.
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyJeu 01 Mai 2014, 18:16

La Salle noire

Oeniryx ne bouge plus. Elle a senti comme une sorte de dépression et ses sens lui indiquent qu'elle est dans une pièce encore plus vaste que la précédente. Il y fait plus frais. Elle soulève légèrement son bandeau, mais ne voit aucune différence. Elle est plongée dans l'obscurité la plus totale.  

-Mattie ? Tu es là ?

Des ricanements s'élèvent.

-Qui êtes vous ? Montrez-vous !

Les rires reprennent de plus belle.

-Vous êtes de grands courageux à ce que je vois, siffla-t-elle, pleine d'ironie.

-Et toi, qu'es-tu donc ?

-Une démone ! Ne le voyez-vous pas ?

-Nous ne parlons pas de ton enveloppe, mais de ça...

A cet instant, un doigt glacial lui fait une pichenette au niveau de la tempe.

-Comment osez-vous ?

Elle grondait. Personne n'avait le droit de la toucher. Plus personne n'avait ce droit. Et ce geste anodin, ridicule avait réussi à la désarmer. Elle est furieuse. Soudain, une voix douce et familière s'élève.

-Dis-leur comment tu es, c'est tout ce qu'ils veulent savoir.
-Ma' ? C'est à toi que je veux parler.
-Pas maintenant.

Le ton est sec, puis s'est radoucit quand elle reprend la parole.

-Dis-leur à quel point tu as changé, que maintenant, tu ne touches plus aux humains, que maintenant, tu sais faire preuve d'empathie parce que tu sais ce qu'est aimer et souffrir. Raconte-leur comment tu pouvais être drôle et joyeuse. Dis-leur que tu pouvais passer des journées entières sur notre rocher à réfléchir de notre avenir à deux. Tu as toujours été là, pour moi, fidèle et réconfortante. C'est de tout ça, dont tu dois parler...

-Tu sais aussi bien que moi, que c'était grâce à toi. Tu sais, j'essaye toujours de faire les mêmes efforts, mais sans toi, la colère remonte vite et je ne me contrôle plus. Tu me manques tellement... Et moi ? Est-ce-que je te manque ?

Pas de réponse.

-Mattie ?

-On a son petit cœur brisé, le démon ?

-Où est-elle ?

-Elle n'a jamais été là, tout ça est dans ta tête. Tu aimerais qu'elle revienne et qu'elle te dise tout ça, pas vrai ? Tu te sens coupable, du fait qu'elle soit partie.

-Tout ce qu'elle a dit est vrai ! J'étais comme cela. Et elle n'est pas partie de son plein gré, j'en suis sûre !

-C'est sûr qu'elle avait envie de passer le restant de sa vie avec un démon ! HAHAHAHA ! Et pour tout ce qu'elle t'a apporté, que lui as-tu-donné ?

-Je...

-C'est bien ce qu'il nous semblait ! Tu as agi avec elle, comme tu as agi avec tout ce que tu rencontrais, c'était un repas potentiel. Tu as pris tout ce qu'il y avait de bon chez elle. Elle flattait ton orgueil, te semblait dévouée, te regardais avec admiration et sans crainte. C'est pour cela que tu l'as sauvée, n'est-ce-pas ? Pour t'en nourrir un peu tous les jours, comme une drogue. N'as-tu pas remarqué les effets que tu as eu sur elle ? N'as-tu pas vu ses nuits agitées ? Ne t'es-tu pas demandée pourquoi elle dormait presque toute la journée, comme si elle voulait fuir dans un monde où tu ne pouvais être là ?

-Ce n'est pas à cause de moi ! C'est à cause du Rêve ! Il était devenu une obsession!

-Tu sais bien, que tu n'as aucun moyen de le savoir... Il est amusant de voir à quel point, tu t'habilles de mensonges pour te rassurer. Ce serait une honte pour un démon.

-Vous ne savez rien !

-Ses yeux te fuyaient, n'est-ce-pas ? Et toi, tu la gardais près de toi, parce que ça t'aurait déchiré de la laisser partir et vivre sans toi. En fait, il n'y a qu'une seule personne qui compte pour toi, et cette personne, c'est toi. Elle ne faisait que te renvoyer un reflet agréable de ta personne. Et tu oses penser que tu l'aimais ?

Des larmes amères coulent le longs de ses écailles et tombent sur le sol avec un bruit exagéré.

-Je lui aurais donné tout ce qu'elle demandait !

-Lorsqu'on aime, on sait ce dont l'autre a besoin, même avant qu'il le demande. Tu savais, lors de votre dernière année dans la cabane, qu'elle voulait partir, mais n'osait pas à cause de toi ! Tu n'as pas voulu le voir ! Tu as gardé sa liberté, jusqu'à ce qu'elle voit le monstre d'égoïsme que tu es et qu'elle la reprenne un beau matin. Tu l'as obligée à s'enfuir. Et plus jamais, elle ne reviendra entre tes griffes.

C’en était de trop. Un hurlement plaintif recouvrit les voix des ténèbres.
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyJeu 01 Mai 2014, 18:34

La Salle blanche

De l'eau. Oeniryx plonge sa deuxième main dedans. Elle est fraîche. Elle ne sait pas comment elle quitté l'obscurité et ses crécelles accusatrices pour arriver dans cet endroit blanc et brumeux. Elle se sent exténuée. L'eau lui ferait du bien, mais elle n'a pas l'air assez profonde. Qu'importe ! Elle s'allonge dessus, sur le dos. Trois compagnons se posent sur son ventre, satisfaits de retrouver le tempérament calme de leur maîtresse. Tout doucement, elle sent qu'elle dérive. Depuis quand flotte-t-elle, alors qu'il n'y avait pas plus d'une quinzaine de centimètres ? Elle enlève son bandeau pour voir ce qu'il y avait à découvrir dans cette pièce et le noue autour de la tête d'un python.

-Tu es très beau comme ça !

Elle est directement déçue. Sa vue est redevenue aussi mauvaise qu'avant. Elle nage au beau milieu de la brume. Cette fois-ci, il y a une sorte de plafond. Elle plisse les yeux. C'est une sorte de mare entourée de sa flore typique et ennuyeuse. Un batracien s'extirpe de l'eau et atterrit au beau milieu des reptiles, qui attendent un ordre. La réponse fut lancée négligemment.

-C'est bon, mangez-la.

L'Atheris Hispida se jeta la première dessus, plantant ses crochets à venin dans la pauvre grenouille. C'était la préférée d'Oeniryx, bien que les constricteurs soient plus attachants du point de vue de leur caractère, la rapidité de la vipère la fascinait. N'attendant plus rien, les deux autres décidèrent de retourner dans la démone, laissant flotter le bandeau à la surface.

L'eau du marécage lui renvoyait son image.

* Ah non ! Pas encore ! *

Ses cheveux donnaient l'impression d'une énorme tâche d'encre. Ses yeux regardaient la vipère homochrome qui terminait d'avaler son repas. Qu'est-ce qu'elle était pâle... Elle aurait pu se fondre dans le décor. A côté d'elle, des ombres bougent, certaines se mettent même à parler. Saisie, elle se relève précipitamment. L'eau recouvre à peine ses pieds nus.

Les ombres tournent encore et encore, puis se figent. Elles ont pris forme, le spectacle peut commencer. Oeniryx se penche afin de ne pas rater un détail, d'une vie qui lui semble avoir été étouffée par le temps.

La première chose qu'elle voit est un œuf, symbole du début de la vie. Elle distingue une forme à travers sa coquille fine et nervurée. Puis, la forme se met à bouger doucement. Une petite écaille vient déchirer le cocon. De petites mains maladroites l'écartent, permettant le passage du petit être.

Son cœur s'accélère. C'est elle. Elle ne savait pas comment elle était née, croyant qu'un marais l'avait vomi après une indigestion de noyés. Elle regarde cette petite créature écailleuse, haute d'une vingtaine de centimètre, ramper dans la tourbe humide.

-Vas-y tu peux le faire, encore un effort.

Elle crève le sol, comme s'il avait été une seconde enveloppe protectrice. Ses petites écailles, encore souples, sont claires et ternes. Probablement pour ne pas attirer l'attention sur elle. Ses yeux ont déjà le même regard froid. Une petite queue s'entortille sur elle-même. Elle ressemble à un lézard. Un rapace passa au-dessus d'elle et l'animal plongea.

Oeniryx comprenait pourquoi le plafond avait adopté cette forme marécageuse. C'était son berceau. Et ça sera aussi sa maison jusqu'à sa taille adulte.

Les années passent. Elle grandit, prend une forme plus humaine, sa queue a disparu. Elle doit avoir maintenant une dizaine d'années. Elle se nourrit principalement des œufs et des amphibiens qu'elle trouve. Sa peau est une véritable cuirasse qui la protège de tout. Ensuite, vint ses quinze ans et sa mue. Sa seule et unique mue. Elle était devenue une adulte. Ses crochets s'étaient développé alors qu'elle perdait son armure. Elle pouvait se protéger autrement désormais. Son instinct qui l'avait toujours guidée, la pousse à quitter cette île pleine d'humains. Elle ne venait pas d'ici, elle le sentait. Ce fut le début de ses premiers souvenirs.



L'eau passa à une autre scène.



Elle venait de monter clandestinement dans un navire d'explorateurs humains qui était en route pour l'île de Ghurol. Elle se coinça entre les armes et les caisses de vivres et attendit patiemment que la traversée se termine. Des kilomètres d'eau et trois suicides inexpliqués plus tard, elle arriva sur "sa" terre.

Le paysage désertique et chaud lui promettait d'être le lieu idéal à sa vie reptilienne. Pourquoi était-elle sortie d'un marais de Lan Rei, pour terminer ici ? C'était insensé ! A moins qu'il eût de l'eau avant?

Sa vie sur l'île rouge défila rapidement. Il n'y avait pas grand chose à voir de toute façon. Une succession de journées inintéressantes, ponctuées par des moments de chasse. Elle se revoit, en vitesse, prêter allégeance au Prince de l'eau, Dante Bélial, en honneur à son passé aquatique.

L'élément liquide semblait impatient d'arriver à un moment précis. Lorsqu'il y arriva, il devint sombre.

......

Il faisait encore nuit. Les cris des pêcheurs n'avaient pas eu le temps de résonner. Les chacals avaient fini leur mission et retournaient maintenant sur le bateau. Ils espéraient faire fuir les humains de cette région et récupérer un endroit stratégique pour mener leurs attaques. Ils n'avaient qu'un seul mot en bouche : Vengeance.

Oeniryx les regarda, dédaigneuse. Elle trouvait que ce genre de comportement primaire de la loi du Talion était la preuve que ces deux races avaient un ancêtre commun. Un ancêtre abruti. Heureusement que les humains pullulaient et que ces attaques éclairs n'avaient aucun impact sur son garde-manger. Sinon, elle serait obligée de se retourner sur ceux qui acceptaient de l'emmener, afin qu'elle puisse profiter des restes.

Elle avait attendu avant d'entrer dans le petit hameau. Ceux qui se battaient pour survivre étaient ceux qui la nourrissait le plus. Elle vit un corps qui rayonnait encore, elle s'approcha. Fausse alerte, il était encore chaud, mais il n'y avait plus une trace de vie. Elle décida d'entrer dans une habitation. Un petit corps rougeoyant était roulé en boule. Son sang pulsait à vive allure. Elle s'accroupit à côté de lui. C'était un enfant.

-Salut toi ! Ne te tracasse pas, ils sont partis.

Elle le prit doucement entre ses bras et lui caressa gentiment les cheveux.

-Et mon papa, il est où ?

-Oh ! Il est dehors, il a réussit à tous les tuer ! Il est sacrément fort, tu sais ? Là, il est en train d'aider une dame. Il est vraiment courageux !

-C'est parce que c'est le meilleur !

-Ah ça ! Je ne dis pas le contraire ! Par contre, toi aussi, tu vas devoir être courageux, parce que je vais devoir te faire un bisou-piqûre et que ça pique un peu. Mais vu que ton papa est courageux, je sais que tu l'es aussi.

Le petit garçon arrêta de trembler. Il semblait intrigué.

-C'est quoi un bisou-piqûre ? Pourquoi, je dois en avoir un ?

-C'est une sorte de bisou magique, sauf qu'en fait, lui fonctionne encore mieux ! J'en ai fait un à ton papa aussi, c'est parce que les monstres qui sont venus sont pleins de maladies et tu n'as pas envie d'être malade, n'est-ce-pas ?

-C'est vrai que c'est pas drôle d'avoir un rhume ! Après, on ne sait même plus respirer. Y'en a même qui meurent ! Alors, oui, je veux bien que tu me fasses le bisou.

-Ça marche mon grand. Tu me dis, si je te fais mal.

Tout doucement, elle approcha ses lèvres près du petit cou frêle. Deux crochets sortirent et vinrent s'enfoncer dans la veine jugulaire. Deux gouttes d'un venin noir s'y déversèrent. L'enfant ne broncha pas, mais serra néanmoins la main du démon.

-Pourquoi, j'ai froid maintenant ?

-Ah ça, c'est que le produit fonctionne bien. Si tu veux, tu peux me raconter ce que tu veux faire plus tard, comme ça tu ne le sentiras plus.

L'enfant commença à raconter ses rêves les plus fous, il voulait avoir son propre bateau qui irait super vite « même plus vite que le vent », il voulait aussi être très riche pour que son papa et lui puissent avoir une cabane très grande et aussi il voulait manger de la vrai viande, parce qu'il en avait marre du poisson. Pendant tout ce temps, Oeniryx embrassait ses cheveux. Elle sentait la vitalité de ce petit garçon la nourrir alors qu'il la perdait petit à petit. Elle le serra plus fort. Elle ne tirait aucun plaisir de ce moment, mais elle devait manger et un enfant lui permettait d'être tranquille pendant près de trois mois. Bien sûr, ça dépendait de l'enfant, mais celui-ci les lui ferait gagner largement. C'était comme ça. Si ça n'avait pas été lui, ça aurait été un autre, c'est la dure loi de la nature.
Il s'endormit.

Elle le déposa délicatement. Bientôt, un nouveau serpent fera son apparition, c'était comme ça, lorsqu'elle se nourrissait d'humains juvéniles. Avec les autres races, ce n'était pas pareil, elles n'avaient pas cette âme emplie de rêves et d'espoirs. A cause de ça, elle ne pouvait pas tenir longtemps lorsqu'elle en aspirait une. Elle devait donc manger souvent, c'est pourquoi les Anubites avaient passé un accord avec elle.

Elle marchait se disant que finalement, c'était une bonne chose pour le gosse. Il n'avait pas vu son père, la gorge tranchée, affalé sur le coin de leur misérable habitation.

De petites tâches de plus en plus lumineuses formaient un chemin sur le sol. Elles menaient à une étrange rose retournée. Elle enleva son morceau de tissu.

Une jeune femme était allongée sur le sol, sa jambe gauche sectionnée au niveau du genou. Elle perdait beaucoup de sang. Comment et pourquoi s'était-elle traînée jusque là ? La démone se pencha au-dessus d'elle.

-Pourquoi êtes vous venue jusqu'ici ?
-Je n'arrivai pas à voir toutes les étoiles à cause des toits.

Elle s'attendait à une réponse qui aurait parlé de fuite, de survie ou de peur.

-Vous n'avez pas peur ?
-Pourquoi ? Vous allez me tuer ?

La jeune femme la regardait, défiante, avant de se concentrer sur la voûte céleste.

-Vous allez mourir, de toute façon.

Elle ricana puis replongea ses yeux dans ceux du prédateur.

-C'est dommage, hein ? J'avais encore tellement de choses à faire, ici. Ce sera pour une prochaine vie.
-Ça n'existe pas, les prochaines vies.
-Taisez-vous, vous m'importunez.

Oeniryx manqua de s'étrangler. Comment cet humain primitif osait lui tenir tête ? Furieuse, elle l'attrapa par le col de sa chemise de nuit.

-Comment oses-tu, vermine ?
-Je ne vous ai jamais permis de me tutoyer !

Elle souriait, moqueuse ! Cet femme qui se mourait trouvait encore la force de plaisanter. Elle ajouta :

-Vous avez des yeux magnifiques.

Le démon fut décontenancé. Jamais on ne lui avait sorti une chose pareille ! Cet humain l'amusait beaucoup, finalement. Elle le garderait bien comme esclave ou comme animal de compagnie.

-Vous délirez, très chère ! Vous m'avez dit que vous voulez vivre, c'est ça ? Je vais vous soigner. Après, vous m'appartiendrez.

-J'ai dit que j'avais des choses à faire. Si je vous appartiens, je ne pourrai plus les réaliser, autant mourir.
Sa voix devenait plus faible. C'était triste qu'un être comme cela disparaisse.

-Ne dîtes pas de bêtises, tout le monde veut vivre, quel que soit le prix.
-Peut-être, mais pas moi ! Partez !

Elle était vexée. L'humain préférait mourir que vivre avec elle. Que cela ne tienne ! Cette femme vivra et au final, elle lui sera reconnaissante. Elle déchira un pan de sa robe et en fit un garrot qu'elle compressa de toutes ses forces. Elle relâchait de temps à autre pour que la pression ne soit pas trop forte et qu'elle ne déchire le vaisseau un peu en amont. Ce serait con de mourir d'une hémorragie interne. Elle était septique. La coagulation, ne semblait pas se faire.

-Je vous ai dit de partir ! Je ne veux pas vivre à votre service ! C'est mon choix !
-Mon choix, c'est de vous sauver et étant donné que ce n'est pas moi qui pisse du sang, le mien l'emporte.

A peine, eût-elle prononcé ces mots, qu'un serpent qu'elle n'avait pas encore vu, surgit de son bras et vint mordre la cuisse laiteuse de la mourante.

-Noooon !

Oeniryx décrocha l'animal aussi vite qu'elle le put. Une vipère de Russell. Voilà, ce qu'était devenu le gamin.

-Vous voyez, il y a quand même une part de vous qui respecte ma décision.
-Je ne crois pas, non. Le venin de cette vipère a un puissant pouvoir coagulant. Et elle n'en a injecté qu'une infime partie. Vous pouvez la remercier, elle vous a sauvé la vie.

.......

-Mattie.

La démone passe un doigt tremblant sur le visage aqueux. Les images continuent de s'enchaîner. Les trois jours où elle était à son chevet, soucieuse. Le jour où elle avait dit à l'humaine qu'elle était libre de faire les choses qu'elle voulait.

-Tu te souviens de ce que tu as répondu ? Tu as dit qu'une de ces choses avaient été faites. Tu étais tombée amoureuse.

Elle revoit toutes leurs soirées au coin du feu, à regarder les étoiles. Leurs rires résonnent affreusement dans cette pièce. Elles s'aimaient. Elle revoit leur cabanon, perdu au bord d'une falaise d'où émergeait un rocher plat, sur lequel, elle aimait lézarder. Elle revoit les deux attaques suivantes des Anubites. Elle n'y participait plus. Mattie l'en avait convaincue. Elle avait même fait plus, à vrai dire...

« Tu dois aller prévenir les humains ! »
« Pourquoi, ferais-je ça ? C'est leur problème. On ne peut rien y changer. »
« Peut-être, mais ils doivent pouvoir choisir s'ils se battent ou s'ils fuient... C'est tout ce que tu as à faire. »
Elle avait fini par céder.

Elle n'avait jamais su si Mattie la détestait pour ce qu'elle avait fait avant de la rencontrer. Elle n'en avait jamais parlé et ce n'était pas le genre de la démone de s'interroger sur les pensées de sa partenaire. Elle partait du principe que s'il y avait un problème, elle le lui dirait. Mattie parlait tellement. Même si leur dernière année de vie commune avait connu beaucoup de bas.

Des larmes coulent de nouveau. Elle, qui n'avait plus pleuré durant deux année, venait de rattraper son retard. Elle entend le bruit des mouettes. Elle les voit qui volent dans le ciel gris. Son coeur se serre, elle reconnaît cette journée. Cette journée où Mattie était partie.

.......

Elle était partie tôt. C'était le jour du mois où elle laissait ses compagnons chasser. Évidemment, elle devait les accompagner et attendre que chacun d'entre eux attrapent quelque chose. Ils n'en avait pas besoin pour vivre, mais elle avait remarqué que ça les rendait plus heureux et moins agressifs. Elle s'était servie la première, ayant attrapé un lapin. Elle l'avait mordu et avait attendu tout en le caressant que son envie de vivre disparaisse. La proie finissait toujours par s'endormir, lasse de la vie. Il était arrivé que chez les êtres plus gros ou plus fort, qu'elle soit obligée de leur susurrer à l'oreille qu'il y avait un moyen de mettre un terme à tout ça. Elle les regardait mettre fin à leurs jours lorsqu'ils en étaient capables ou alors laissait un de ses serpents le faire dans le cas contraire.
Elle déposa le lapin, qui fut vite englouti par un boa, trop paresseux que pour chasser lui-même.

Il était midi lorsqu'elle retourna chez elle. Les mouettes volaient haut dans le ciel pâle. Le vent plaquait sa robe blanche à fleurs sur son corps. C'était Mattie qui la lui avait faite, elle aimait voir sa compagne porter autre chose que des robes noires, souvent cachées par une cape de la même couleur.

-Tu ne devineras jamais combien m'a fait payer le fils du marin pour ce saumon ! C'est scandaleux ! C'est bien parce que tu m'as dit de ne pas lui faire peur, mais à ce prix-là, c'est tout ce qu'il aurait mérité. Ma' ?

......

Elle ne l'avait plus jamais revue. La dernière image qu'elle avait d'elle, était sa masse de cheveux châtains emmêlés. A vrai dire, c'était l'image la plus récurrente des dernières semaines précédent sa disparition. Elle souriait moins fort, semblait plus tourmentée, mais n'en parlait pas. Oeniryx pensait que ça allait passer, comme tout le reste, mais elle s'était trompée.

Les images s'enchaînent, toujours aussi imperturbables. Elle se voit, enfermée dans leur nid, durant plus d'une année, espérant qu'elle revienne. Elle n'était même pas allée prévenir la venue des Chacals. Le fils du marin avait été tué, lui aussi. Puis elle avait décidé de découvrir ce qui était arrivé à Mattie. Elle ne pouvait pas concevoir qu'elle soit partie comme ça. Il avait dû se passer quelque chose, si ce n'était pas le jour de sa disparition, c'est que c'était le jour où elle avait Rêver pour la dernière fois... Elle en était persuadée. Elle la retrouverait quel qu'en soit le prix.

Au loin, une bulle éclata.


Dernière édition par Oeniryx le Ven 02 Mai 2014, 00:15, édité 1 fois
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Oeniryx
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyJeu 01 Mai 2014, 18:42

Voilà, c'est posté. Tout frais, tout chaud!

J'espère avoir bien saisi l'univers et ne pas avoir fait de trop grosses erreurs Wink
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Oanig Ain'Hoa
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 05 Mai 2014, 10:42

VALIDE!!
Les doigts dans le nez!


Tu as très bien saisi les choses. J'aime beaucoup ton pouvoir. Mais je dois quand même t'embêter sur quelque chose: il te faut un nom de famille.
Ether t'a parlé sur la boîte à miaou, je sais pas ce qu'elle t'a dit, alors je préfère que ce soit réécrit ici: n'oublie pas que les démons dépendent tous d'un Prince, à plus ou moins longue distance bien sûr, mais comme tu ne mentionne pas les origines d'Oeniryx il faut garder en tête cette "filiation".

J'ai vu que tu avais rempli ton esquisse *lui donne un bon point sous forme de nourrisson endormi*

Je n'ai plus qu'à te souhaiter la Bienvenue Officielle sur Aïk Lan Do!! Profite bien du voyage, essaye de laisser leur âme à quelques membres (elles sont déjà si fragiles, ici), et au plaisir de rp ^^

-> C'est Théther qui donne la couleur et le gif quivontbien
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Ether
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 05 Mai 2014, 11:24

Et te voila aux couleurs des démons!

Oa a bien récapété les points dont on avait parlé un peu, n'hésite pas si besoin de plus de détails.

Donc je n'ai plus qu'une chose à te souhaiter:

BIENVENUE CHEZ TOI Smile
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Kaleya Lhil
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 05 Mai 2014, 13:44

Bienvenue !  cheers cheers cheers 
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 05 Mai 2014, 16:21

Welcome to home ! *confettis tralala*
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Aelix Sith
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 05 Mai 2014, 18:39

Officiellement bienvenue o/
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 05 Mai 2014, 21:44

Bienvenue ! cheers have fun !
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 05 Mai 2014, 23:43

Wouhouhouuuuu  cheers 

Merci à tous!!!

J'avais édité ma fiche suite à la discussion avec notre Divine Admin, j'ai oublié de le préciser (Pas bien!) Donc, j'ai parlé des origines d'Oeniryx et par défaut, de la raison pour laquelle elle n'a pas de nom de famille.

Je copie-colle l'ajout pour que vous n'ayez pas à chercher dans le foutoir:

Spoiler:
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Eyniem Somara
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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 23 Juin 2014, 21:10

Bonjour et bienvenue belle étrangère Very Happy

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MessageSujet: Re: Oeniryx   Oeniryx EmptyLun 23 Juin 2014, 21:36

Hahaha! Merci beaucoup! Very Happy
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