Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Promenons-nous dans les bois... o/`

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Sorcor
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MessageSujet: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptySam 11 Oct 2008, 00:14

RrrRrR… RRrRrr… rRRR

Rhmf !

Miachk miachk…


La silhouette humaine allongée au sol se retourna sur le flanc gauche en mastiquant un dernier morceau de sommeil avant d’ouvrir une paupière, déconcertée. Son matelas de coton moelleux et douillet avait fait place à un sol dur et chaud durant la nuit. Et ce n’était pas le seul à avoir disparu, découvrit l’homme en réveillant son deuxième œil : sa chambre entière s’était fait la malle. Il se redressa, stupéfait, ses mains laissées pour mortes entre ses jambes arquées, et fit un long tour du regard. Rouge… Il se frotta les yeux, cligna une fois, puis deux. Leva un bras et flaira dans un froissement du museau l’odeur de ses aisselles. Non, elles ne sentaient pas si mauvais, alors pourquoi sa pièce préférée avait-elle pris la fuite ? Que faisait-il ici ?

Groumph !

Il n’aimait pas trop beaucoup ça… Malgré son apparence de guerrier fort et débrouillard, Sorcor était, quelque part par là où c’est bien plus enfoui, un vieux môme capricieux habitué à sa routine. Ce changement d’adresse lui faisait danser ses oreilles à la manière de radars déchaînés, les crocs prêts à attaquer au signe auditif d’une menace. Curieusement, il ne sentait pas la moindre odeur sur lui ou dans la pièce indiquant qu’une tierce personne l’y ait déposé. Au moins semblait-il seul, c’était… Non, c’était pas rassurant, mais s’il avait senti quelqu’un il se serait tout de même un peu énervé. Il bailla dans une ouverture de gueule impressionnante, affichant toutes ses dents affûtées, puis gratta d’une griffe la toison noire recouvrant son torse. Enfin, sa grande langue rouge humidifia ses babines en un seul passage; il avait faim, ça y est.

Pauvre bougre de toi, Sorcor.

Prenant son élan d’un claquement de main par terre, il se redressa, chavirant périlleusement sur un côté, cognant sa tête avec enthousiasme au plafond trop bas. Un gémissement plaintif s’échappa alors d’une babine retroussée tandis qu’il se prit à se masser le sommet du crâne atteint de surdité intellectuelle momentanée. Il découvrit en même temps avec plus de curiosité encore que parmi toutes les nuances de rouge composant la salle se dessinaient des images, des photos, des lignes et des scènes… Lui. Ses fentes d’Anubite mal léché lui faisant office d’yeux au réveil s’écarquillèrent d’incrédibilité. Plié en deux par les problèmes de dimension de la salle –ou de la croissance abusive de l’homme-, de plus en plus mal à l’aise, il entreprit de feuilleter ce catalogue biographique en longeant les murs qui ne se terminaient pas de longueur. Tout était disproportionné, infligeant au guerrier un sentiment d’oppression et de vertiges constants le rendant très nerveux. Il fallait être très sûr de soi pour provoquer de cette façon 100 kilos de chair armés faisant des éclipses à chaque coin de rue. Mais tout doucement, le plafond parut s’éloigner, lui laissant la place de s’étirer, et il se prit au jeu en appréciant chaque image de lui. Oui, il était quand même plutôt narcissique.

Pauvre bougre de toi…

Ses longs doigts sertis de griffes parcouraient certains clichés, retraçaient une silhouette familière alors que ses canines scintillaient dans une grimace qui se voulait sourire. Une oreille blanche tachée d’ocre le fit s’arrêter un instant, s’interrogeant sur le devenir de sa propriétaire tandis que lui était ici. Peut-être avait-elle besoin de lui ? Et puis la truffe noire à côté-là qui fit dilater ses pupilles en amande… Il plaqua ses oreilles dentelées sur son crâne et grogna faiblement. Tournant la tête à la recherche désespérée d’une issue invisible, voulant rejoindre les siens –et si c’était un complot contre les Anubites ? S’ils étaient à l’aube de leur extermination ?- il fit un tour sur lui-même, des pas désordonnés et des pirouettes rageuses, et se trouva museau à museau avec un miroir. Tiens, il n’avait pas encore remarqué sa nudité. Le reflet de son corps athlétique bruni par le soleil de Ghurol et zébré par les cicatrices le menaçait de tous ses muscles bandés. S'apaisant, il passa sa main sur sa tête de chacal brune mais n’y découvrit pas de bosse, et en se tournant pour mieux voir son dos, il ne put voir que sa crête de poil parcourant l’échine et les quelques autres marques de combats qu’il connaissait déjà. Il n’avait pas été amené ici par la force, en fait on ne l'avait même pas réveillé. Quelle honte...

Pauvre bougre de toi, Sorcor, qui défie mille soldats au petit déjeuner, et qui meurt au premier cauchemar. Tu n’es pas ridicule, tu n’es pas non plus faible. Regarde-toi de mes yeux… Combien j’ai pu t’empoisonner avant de faire de toi un mâle digne d’avoir autre chose. Combien j’ai du dépenser et tout ce que je t’ai laissé. Ce que je t’ai repris. M’en voudras-tu ? M’en as-tu seulement voulu, pour de vrai ?

Dépité, vaincu par la Salle Rouge, il laissa choir son front contre le miroir et ferma un instant les yeux.
n
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Ether
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyLun 13 Oct 2008, 13:36

Promenons-nous dans les bois... o/` Yeux1yv7


Ces créatures sont toutes les mêmes. Rien que des bêtes ignorantes et prétentieuses. Certaines prennent une apparence qu'elles espèrent noble, d'autres se montrent sous leur jour animal. Je ne sais si c'est un choix, une sorte de franchise, ou s'il le font par dépit. C'est peut-être une punition divine, de ne pouvoir se masquer. Je ne sais pas si j'ai un peu de sympathie pour ce chacal, qui possède le physique de ce qu'il est réellement. Il me répugne. Quand l'hybride finit par appuyer son front contre le miroir, écœuré que nos images se touchent, je me recule, mais ses yeux fermés ne discernent pas ce mouvement. Les miens, luisants sur son reflet, d'un vert toxique, observe cette pauvre chose. Du fond du cœur, je la plains. Et je la maudis. Les vivants se trouvent toujours malheureux, ils ont mal, ils ont froid, ils voudraient toujours devenir un esprit pur. Mais ils sont vivants, ils ont un corps, ils voyagent. Cette enveloppe est peut-être une prison, mais ils peuvent la déplacer, la modeler, s'en servir. Moi je reste prisonnier et je les envie, au fond.
La clé sanglante apparait enfin dans ma main. Mes yeux s'agrandissent et la folie rit sur les lèvres que je lui ai empruntées. Maintenant qu'il s'est accepté, je peux enfin détruire cette enveloppe charnelle. Je saisis la clé comme un poignard que je tiendrais à deux mains, la lame tournée vers ma poitrine d'Anubite. Et je me martèle de coups. La clé s'enfonce pour créer des plaies, des serrures. Mes gestes sont rapides, mon visage fou. Je jubile. J'espère qu'il ne manque rien de la scène. Son reflet est son assassin. Je le libère. Soudain, percé de toute part, je m'arrête. Je tourne la clé vers lui, elle est levée au dessus de ma tête. Je l'abats comme pour le clouer à son tour. Mon bras n'atteint que la glace que je viens de tuer. Nous nous écroulons, il peut fuir par le passage noir.



Promenons-nous dans les bois... o/` Clrouge2ch7
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Sorcor
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyJeu 01 Avr 2010, 22:47

Après un long soupir chargé en haleine, ce qui lui picota le museau, il releva la tête dans un reniflement écoeuré. Juste à temps pour voir son propre reflet tenter d’en finir avec son odeur narquoise à coups répétés de… Clef.

« _Nan mais ça va pas ! Arrête ! »

Il se jeta contre la surface lisse suicidaire, essayant d’arrêter le massacre, la giflant de ses griffes inutilement. Il n’imaginait pas que cela soit possible, il ne comprenait rien de ce qu’il se tramait, il était juste horrifié à l’idée que ça puisse avoir des répercutions, que ça lui cache une quelconque réalité qu’il découvrirait trop tard.
La mise à mort fut rapide. Le miroir se brisait déjà sous un dernier assaut du mutin à son égard et l’Anubite fut propulsé par son élan déraisonné de fureur dans une salle obscur qui se refermait aussitôt autour de lui.

Encore assommé par cet excès de panique, qu’il ne côtoyait jamais –ou presque-, il resta à genoux dans le noir sans bouger le temps de remettre son ego en place.

Les poils de sa nuque tout juste lissés, une nouvelle attaque le prit sans préliminaires.

« Tête de chien! »

Grrr!

« Animal! »

Il allait se lever et sérieusement s'énerver, mais... Quand même. Il était dans le noir le plus total, annihilant sa vue. Il ne détectait aucune odeur. Et la seule chose qu'il sentait, ce qui en faisait son unique certitude, c'était qu'il y avait un sol sous ses pieds, là où il était. Ce n'était pas forcément le cas un bond plus loin.Et puis, même si ce n'était pas le genre de personne à s'étouffer avec des principes, il en avait un qui s'appliquait tout pile pour cette occasion: s'il n'avait aucune chance, pas la peine de se fatiguer. Là, pas de doute, un ennemi inexistant à ses sens était un ennemi très supérieur, bien qu'il n'aime pas l'admettre.

«_Oh, tu ne gronde plus?
_Pas après les mauviettes qui se cachent.
_Hum, il est déjà fatigué... »

Il s'était accroupi, les oreilles mobiles, la truffe dilatée. Deux doigts au sol le tenaient en équilibre lorsqu'il tournait plus sur une jambe, ou l'autre, scrutant l'obscurité de toutes ses sensations. A peine songea-t-il que l'endroit semblait totalement inerte, neutre de température, odeur, humidité... Qu'il eut froid. Il n'aimait pas le froid. Sur Ghurol, on s'habituait tellement à la chaleur qu'on ne transpirait presque plus.Même un guerrier comme lui grelottait par moins dix. Et ça devenait pénible, de ne pas pouvoir simplement coller une ou deux tornioles et rentrer se pioter dans son hamac. Au moins deux jours qu'il ne s'était pas bagarré, ses muscles allaient se ramollir... Il avait une réputation à défendre. Il tenta une approche plus subtile:

« _Toc toc? »

Silence. D'accord, un jeu, mais pas de blague. Il se redressa, lassé, et mit ses poings sur ses hanches comme une ménagère outrée devant un enfant qui vient de renverser son verre de sirop après avoir répété quinze fois qu'il ferait attention.

« Premio! Les énigmes, moi ça m'gonfle!
Deuzio, si je rentre pas maintenant faire du rangement, parce qu'on est dimanche, Daek va m'égorger.
Et troizio! J'ai une famille, moâ, l'Ombre du matin. J'ai des responsabilités. Alors tu t'es bien amusé, maintenant tu me laisse tranquille.

_Tu as oublié quelque chose...
_Quoi?
_Le mot magique, petit chien. »

La fourrure de son museau prit des teintes rousses. Ses veines, gonflées, battaient furieusement dans son cou. Ses épaules s'élargirent sous la contraction de tous ses muscles. Les crocs apparurent sous une babine tremblante.

« PAS UN CHIEN »

Il donna un coup de patte hargneux dans le vide, chatouillant le néant. Des petits rires éclatèrent tout autour de lui. Il se mit à suer, aspirant par sa cage thoracique soulevée et abaissée violemment tout l'air de ce trou noir. Il fouatta l'air de ses griffes encore et encore, chassant les insultes de sa tête.

«_Haha, tu ne Nous fait pas de mal! Enfin un peu de distraction! Aujourd'hui au cirque, le caniche fou.
_RAAAH, pourritures! Nous ne sommes pas des animaux!!Nous sommes un peuple de guerrier!
_C'est cela oui...
_Vous êtes des Humains, jparie! Je comprend p't'être pas la ruse, mais je vous repérerai n'importe où!
_Il n'y a pas qu'eux, il n'y a pas que vous.
_Je suis Sorcor Kric, je m'engage solennelement en ce... jour, à vous faire tous la peau! »

Il y eut un soudain relâchement de tension, puis une voix unifiée et railleuse repris le contrôle:

« Oh... Tu as un nom? Nous ne l'avions pas vu, tu as dû égarer ton collier... »


Il écumait.

«_Nous trouvons cela étrange, pour un être égocentrique, de toujours penser par le groupe.
_Ca évite de réfléchir, grogna-t-il entre ses dents serrées.
_Tu suis le troupeau, tu es plus un mouton alors. »

Il déglutit, décollant les oreilles de son crâne. La bataille avait cessé cependant, une autre semblait pouvoir éclater n'importe quand, n'importe où. Il était tout tendu.

« _On est une grande famille. Je fais confiance aux têtes pensantes, je leur laisse le privilège de se mettre la migraine.
_Et si tu n'étais pas du même avis?
_Je n'ai pas à en avoir, je suis un soldat. Je dégomme quelques tronches, je me marre, et je retourne sous mon arbre pour écouter les piou-piou. »

Il avait une vision claire de son rôle au sein du clan. Il se savait bien plus apte et proportionné pour la bagarre plutôt que pour la réflexion. Et ça ne le génait pas. Il préférait prendre du bon temps dans la nature, dans la sieste, dans les petits plaisirs de rien. Le moins de responsabilités possibles. Il n'en était sûrement que plus loyal, à ne jamais douter. Les voix ne trouvaient rien d'autre à ajouter, apparemment. Toujours sur la défensive, il guettait.
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Ether
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyVen 02 Avr 2010, 16:32

Promenons-nous dans les bois... o/` Lvres2db7

Nous aimons les oppresser, les piétiner, les faire se recroqueviller contre la paroi dans un réflexe enfantin.
Mais celui-ci a la bravoure du lion orgueilleux cerné par le feu. Attitude totalement stupide, mais d'une certaine manière admirable.
Il se sait totalement impuissant face à nous, alors il tente de prendre les choses au mieux.
Nous restons surprises un instant par cette economie de réplique, par réellement un abandon, plus... de la lassitude.
Nous reconnaissons là la marque de ceux qui ne veulent pas se fatiguer.
Nous n’aimons pas les orgueilleux qui tiennent tête, nous préférons les soumis aux oreilles tendues à l’écoute de leurs fautes, terrorisés. Mais lui, il se cantonne entre les deux. Alors on pique, on essaie de le pousser d'un côté ou de l'autre.
Et le voilà qui s'escrime, avec ses bébés-griffes, dans le vide. Il n'y a que la vérité qui blesse cabot...
Mais nous en avons fini avec lui, il n'est pas si drole que ça, il ne court même pas après sa queue... Et puis il y a une trop grande difference de niveau entre nous.
Petit chiot qui se sera battu en vain pour finalement se soumettre, faisant mine d'attendre le prochain coup pour le contrer, même si nous savons autant que lui qu'il en serait incapable.
Car ça y est, nous savons. Nous avons révélé sa vraie nature.
Nous savons tout a présent.

Alors dans un petit ricanement, nous retournons dans nos limbes, en attente du prochain.
Auparavant nous laissons tomber la Clé sur le sol de la pièce…qui est soudain envahi de lumière, révélant le Passage…


Promenons-nous dans les bois... o/` Clnoireyv6
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Sorcor
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyMar 03 Aoû 2010, 01:17

Ses pupilles se serrèrent brutalement à l’apparition d’une lumière. Là-bas, un tunnel ! Reniflant encore, cherchant le piège, il s’approcha de l’ouverture à pas de loup. Un court passage dans la roche où ses pieds glissaient, et il se retrouva dans une immensité blanche aussi infinie que l’était l’obscurité auparavant. Aux aguets, les bras suspendus dans une attitude d’alerte, il attendit que la douleur à ses yeux s’adoucisse. Derrière lui la roche se refermait, peinte de la même couleur si pure que tout l’environnement.

« Hum… »

Il leva un pied et fut intrigué par la triade de mini-plocs qui accompagna son geste. Reploc. Il baissa le regard, sourcils froncés, et découvrit que sous sa patte flottant en l’air existait un ruisseau, ou un fleuve, ou même un lac occupant tout l’espace du plus loin qu’il voyait. Une eau limpide, si calme qu’on ne la sentait même pas sous les poils. Il y trempa timidement un orteil avant de reposer tout le pied, puis se pencha pour la sentir. Ça semblait tellement illusoire, qu’il y goûta d’un coup de langue pour être sûr qu’elle était bien là. Curieux, elle était un peu salée. Des petites gouttelettes coulaient sur son museau et carillonnaient en atteignant la surface, la ridant d’ondes. Ces ondes se mirent à frémir, à décrire non plus des cercles mais des formes imparfaites, courbes, qui s’éloignèrent jusqu’à quelques pieds devant l’Anubite avant de jaillir dans une disposition familière. Un tableau animé se présenta devant l’air effaré de Sorcor.

Il put se reconnaître dans la petite silhouette de droite, colorée par il ne savait quelle magie de l’eau, de brun pour son ensemble et d’un peu de rouge sur le genou qu’il tentait d’apaiser. De ses mimines il encadrait sa blessure, soufflant dessus en croyant que ça le guérirait plus vite. Le Sorcor demi-portion avait l’air bien peiné, les oreilles tombantes… Une mauvaise chute, loin de sa maman. Mais c’est alors que sur la gauche l’ébauche d’une fillette apparue, la main tendue vers lui dans un geste de secours. Il parut un instant rabiboché, on pouvait presque discerner son œil humide de reconnaissance, quand elle coupa court à sa naïveté en montrant sa sacoche du doigt. Daek, charogne. Il ne prit même pas la peine de montrer les crocs, connaissant trop bien la bestiole. Avec décrépitude il lui lâcha son goûter et eu du mal à attendre qu’elle se détourne en ricanant pour se mettre à pleurer.

L’eau retomba en rideau, aux pieds d’un Anubite perplexe. Rien qu’une scène, et tous ses souvenirs d’enfant ressurgirent dans son crâne, comme si on les avait enfumés par ses oreilles pour les faire sortir. Ça se bousculait, ça se cahotait. Daek prenait presque toute la place avec sa bouille de vilaine et sa manie de toujours le frapper et lui racketter ses biscuits. A l’époque, c’était son pire ennemi. Elle et sa bande de petits toutous de quatre ans. Elle pouvait claquer du doigt et n’avait plus qu’à se servir, bien que la plupart du temps elle adorait faire le sale boulot elle-même. Sorcor était son martyre préféré. Dès qu’il apparaissait, elle abandonnait sa victime en cours pour s’occuper de lui. Il était un peu plus maigre, plus petit qu’elle, et trop naïf. Trop innocent pour comprendre que c’était sa façon à elle de lui montrer qu’elle l’aimait, comme elle le lui expliqua des années plus tard…

Un son de plat sur l’eau le sortit de sa rêverie, accompagné d’éclaboussures sur le museau. Sa silhouette d’adolescent venait de se faire gifler sous ses yeux, un instant brouillée par l’écume de la baffe irréelle. La main coupable appartenait à Daek, elle apparaissait à présent devant lui. C’était prévisible… Pourtant après leur période d’apprentissage, elle l’avait beaucoup moins malmené. Peut-être son élan de violence se trouvait-il gêné par la puberté et la présence de sa formidable poitrine diminuait l’angle de lancement de ses poings. A onze ans, il s’en souvenait encore, ne pointaient à cet endroit de sa peau que des bourgeons. Les bourgeons étaient devenus fleurs, les fleurs étaient devenues fruits, et à quatorze ans à peine la récolte des melons s’annonçait très prometteuse. C’est tout du moins ce qu’il s’était dit le jour où il jardinait à l’oasis, et qu’elle l’avait ainsi frappé. Sur le coup, il avait cru que c’était la réponse à ses pensées dévergondées qui lui avaient valu de se faire dévisser le cou. Mais les Anubites n’étaient pas télépathe.

Daek le fixait de ses prunelles sombres, la main toujours en suspens le défiant de parler. Sa poitrine était secouée d’une respiration saccadée, il avait du mal à en tenir son regard éloigné. Il devait fixer sa truffe, en louchant presque, et n’osait même pas fermer ses paupières une seconde de peur que ses iris descendent instantanément sur ses rondeurs palpitantes. Il déglutit le plus silencieusement possible.

« _Espèce de… crétin, cracha Daek entre ses canines serrées.

Elle releva le coude, prête à frapper une nouvelle fois, mais il la stoppa immédiatement avec sa main presque deux fois plus grande. Les temps changent… Lui aussi avait pris du poids, mais dans les muscles. Le caillou était devenu muraille.

_LÂCHE-MOI !!

Elle tremblait de rage mais après avoir osé la toucher, il avait encore plus peur des représailles s’il la laissait libre. Non pas qu’il craignait la souffrance… Enfin, si, carrément, fallait voir ses griffes ! Et puis il lui avait suffisamment servi de punching-ball comme ça !

_Pas avant que tu te soies excusée, murmura-t-il sur ses gardes.

Elle ouvrit la bouche, scandalisée, puis la referma, surprise par sa confiance en lui. Elle ne savait pas que ce n’était qu’une façade, avec elle.

_Tu peux crever, pauv’chien…

_Alors on crèvera tous les deux ensembles, ici, le bras en l’air.

Maintenant qu’il avait le dessus, physiquement, il était hors de question de retourner en arrière. Les deux adolescents isolés dans le pré des dattes, coincés entre trois arbres un bras en l’air… Non, attendez, en voilà un autre qui se lève ! C’est Daek, dans son accès de colère, qui tente de gifler Sorcor de l’autre main ! Mais il la saisit au vol, comme l’autre, puis s’en sert de levier pour la faire tourner sur elle-même et la plaquer contre lui, maintenue fermement. Elle se débat, peste, rage et crache mais rien n’y fait ! Elle tente de lui envoyer un coup de crâne dans le menton mais il est trop grand pour elle. Ses talons s’écrabouillent sur ses orteils mais il tient bon ! Quel homme ! Quel héros !

_... AAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEUUUUHHHHHH

Il la souleva et la projeta deux mètres plus loin, et avant qu’elle n’ait le temps de finir de rouler, il se jeta sur elle à califourchon, ses bras coincés sous ses genoux. Elle avait réussi à lui attraper quelque chose de très douloureux avec la main qu’il lui avait coincée dans le dos… Il écumait. Et alors, sans crier gare, elle se mit à pleurer. Un gros sanglot la secoua sous lui, tandis qu’elle détournait le visage comme si cela pouvait la camoufler. Ce devait être l’ultime déshonneur pour elle… Sorcor en était bouche bée.

_Daek…

Il ne savait quoi faire, mais redoutant une feinte de sa part, il préféra ne pas la libérer.

_Lâche-moi…, supplia-t-elle entre deux respirations.

_Non, dit-il en pensant que oui, ce serait mieux pour eux deux, en effet.

Elle sanglota de plus belle. Lui, immobile, ne savait quoi faire. Il ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer, mais il le regrettait. Ce matin, tout seul avec sa besogne, il était bien, tranquille. Et là, c’est le monde à l’envers, le pissenlit vole et la coccinelle pousse par la racine. Le bourreau pleure. Bon sang ! Elle p-l-e-u-r-e ! Allait-elle le tuer pour avoir vu ça ? Elle voulait qu’il s’écarte pour l’étrangler de ses mains, plantant ses griffes dans son cou pour lui trancher la carotide en même temps et en finir deux fois plus vite ? Il allait fuir au triple galop, il était prêt à bondir et prendre le large. Mais au lieu de ça, il eu un réflexe bizarre. Il tendit une main hésitante vers son visage, qu’il plaqua maladroitement sur sa joue… Finalement, le geste paraissait assez naturel, et elle ne le repoussa pas, alors il mit l’autre aussi, sans l’avoir vraiment commandé.

_Daek, je t’ai fait mal ?, demanda-t-il doucement.

Elle se remit à sangloter de plus belle. Il lui caressa la joue et tenta d’essuyer son torrent de larmes. C’était doux. Il regrettait de s’être emporté.

_Daek…

Il avait les oreilles couchées d’un Anubite penaud. Il n’avait jamais voulu abuser de sa force sur elle, elle l’y avait obligé ! La mâchoire tremblante, elle glapit :

_T’imagine pas à quel point…

_Je voulais pas, mais t’es trop violente !, se réfugia-t-il, affolé par sa réponse.

_Mais non connard !

Sa voix se perdit à nouveau, derrière la gorge nouée qui voulait arrêter ses pleurs.

_Lâche-moi…

Cette fois, il s’exécuta, basculant sur le côté, saisi. Elle rabattit ses jambes contre elle et se réfugia contre un tronc de palmier, les genoux sous son menton. Elle essuya comme elle put ses larmes et reprit contenance en quelques aspirations. Sorcor osait à peine la regarder, honteux.

_T’as couché avec Néith !

Il ouvrit de grands yeux, surpris. Elle, avait l’air… accablée.

_Et alors ? Je te fais ta liste à toi ?

C’est vrai quoi, elle était tout le temps avec un gars différent, à se pavaner la poitrine collée à son bras, à glousser trop fort et faire les yeux doux.

_Avec personne, ducon !

Son museau disparut derrière ses jambes, ne laissant au guerrier que la vue de ses oreilles de la couleur des dattes. Comment ça, personne ? Il se gratta la tête, de plus en plus déboussolé. Les filles, il n’y comprenait définitivement rien. Il entendit Daek dire quelque chose par-dessous ses boucles d’oreilles, mais il ne saisit rien.

_Quoi ?

Elle se redressa et le regarda en face, l’assassinant de ses yeux.

_Je me suis toujours gardée pour toi, espèce de débile arrogant.

Sur ce, elle se leva sèchement et partit du pas le plus vite mais digne qu’elle le put.

Après ça, ce fut le chaos dans la petite tête de l’homme. Il ne sut pas si Daek l’évita les jours suivants, car lui-même le fit avec la plus extrême furtivité. C’est sûrement grâce à cette période de sa vie qu’il peut devenir un aussi grand chasseur, car ses sens se sont affutés et il a appris à se faire discret malgré sa carrure. C’est seulement près d’un mois plus tard qu’il fut obligé de la croiser, et elle le gratifia alors de la plus vexante des ignorances. Ce même jour il décida de braver la mort et alla lui parler. Le soir, il faillit perdre un œil lors de leurs ébats… Depuis, ils ne se séparèrent plus. En revanche ils eurent à se séparer de plusieurs lits, ou plutôt ce qu’il en restait, avant d’opter avec raison pour un simple matelas moelleux par terre. Heureusement que la petite était presque sourde…

Une nouvelle fresque prit la suite, le coupant dans ses agréables réflexions. Il reconnut le boyau des dunes dans lequel on guidait les chèvres jusqu’aux pâturages décharnés de l’oasis. Pas l’endroit le plus frais de l’île ! Il se vit soudain, avec le troupeau, le bâton du berger dans une main, les guider dans le chemin distord. Et il se vit s’arrêter, les oreilles dressées en alerte, suspendu entre deux pas. Oui, il se remémorait très bien ce jour… Sa silhouette allait bientôt s’aplatir sur une dune, ramper discrètement jusqu’au sommet, et s’immobiliser de stupeur. Elle était là. L’Anubite s’était redressé, avait fait plusieurs tours sur lui-même, déconcerté, à observer les alentours. Rien. Il fit deux pas et braqua sa truffe sur le couffin qu’il venait de découvrir, agité de spasmes. Avec prudence, il avança une main et saisit le tissu rêche qui le recouvrait, puis l’écarta tout doucement. Une oreille pointue apparut, avec un petit cri joyeux, et il arrêta là son geste. Il déglutit.

« _Bahbeubabaaah ! »

Il relâcha la couverture. Ce n’était tout de même pas… ?

« _Aaaah ! »

Quelle voix stridente. Il ne s’entendait donc pas ? Sorcor se gratta le menton, indécis. S’il soulevait ce drap, il ne pourrait plus retourner en arrière comme s’il n’avait rien vu, et l’abandonner là. Il se rendrait responsable de la vie de cette chose. Et on ne l’avait sûrement pas laissé là, au milieu du désert, parce que ses couches sentaient trop mauvais… S’il s’agissait d’un nourrisson Anubite, il ne voyait qu’une raison pour oser ce crime : un handicap sévère. Un bêlement retentit sous la dune, et bien qu’il hésita encore sur les premiers pas qui le séparaient du couffin, il fit les derniers très très vite pour reprendre la conduite du troupeau. Mais les sabots et les dialogues des chèvres ne parvinrent pas à recouvrir le tohu-bohu du laissé pour compte.

Au bout de quelques mètres, il n’y tint plus. N’écoutant que sa bravoure Avalant les grains de sable qui le séparaient du marmot à grandes enjambées, il pila face au panier et arracha la couverture. Deux grands yeux et une bouche ouverte le fixèrent alors, un instant, avant de…

« _Bouh ! »

Et le visage de chacaleton se fendit d’un si grand sourire que ses yeux disparurent dans les rides de joie. Sorcor fondit. Elle était blanche. Très blanche. Anormalement blanche. Seule une petite tâche ocre paraît son oreille gauche. Quand elle les rouvrit, il vit que l’un de ses yeux était bleu, tandis que l’autre était marron. Une albinos. Un ouvrage de la consanguinité. Avec le boucan qu’elle faisait, elle devait être au moins sourde. Ses deux bras potelés se tendirent vers lui, se dandinant dans son siège pour être portée. Il poussa un soupir. Et prit le lot dans ses bras protecteurs avant de rejoindre prestement son troupeau.

« _Je ne te laisserai pas mourir… »

C’est ainsi qu’était « née » Ecclasyr. Sorcor lui avait fait couler du lait de chèvre dans la gorge et avait tenté de la faire taire toute la journée, avant de la rapporter à Daek. Cette dernière avait d’abord froncé les sourcils, avant de fondre à son tour devant ce « bouh » plein de vie. Voilà ce qu’était sa famille. Une femme avec un caractère de chien, une fille malentendante et aveugle d’un œil, et une brute au cœur fragile.

Ils n’avouèrent jamais à la petite qu’elle n’était pas réellement leur fille. A son adoption, elle devait avoir un peu plus d’un an à peine. Les membres du clan l’accueillirent comme une des leurs, répugnés à l’idée que des parents d’un autre clan aient pu vouloir la laisser mourir. Certes, ce ne serait pas une bonne guerrière, et elle brandissait l’étendard de leur faiblesse démographique. Mais c’était une tête de chacal, comme les autres, et elle méritait de vivre rien que pour cracher sur les tentatives humaines de dévastation de leur peuple. Cependant, Sorcor n’avait pas l’intention d’abdiquer face à sa malchance. Elle était handicapée ? Elle compenserait. Elle était sourde ? Elle sentirait. Elle était aveugle ? Elle toucherait. Peu importe ce qu’en disait les autres, elle ne serait pas la gringalette du clan. Il allait l’armer de tout son savoir sur le combat. Il la protégerait. D’ailleurs, à ce propos, une nouvelle scène brouilla le calme blanc dans lequel il se trouvait, comme pour confirmer ses pensées.

« Mange tes légumes. »

Elle lui tira la langue, repoussant son assiette au milieu de la table. Sorcor baissa ses oreilles de chaque côté de son crâne, contrarié. Daek croqua une dernière fois dans le trognon de sa pomme avant de se lever pour le mettre à la poubelle. Elle ne disait rien, ce n’était pas bon signe. Toujours en silence, elle ramassa leurs couverts au mâle et à elle, et les entassa dans le bac en pierre qui leur servait d’évier. Elle prit un peu de poudre grise dans une boite en fer sur le rebord de la fenêtre, la réparti sur la vaisselle, et commença à puiser de l’eau à la petite pompe au-dessus de l’ensemble. La mousse commença alors à emplir le bac et elle se mit à laver tranquillement avec une éponge beige.

Sorcor, qui luttait toujours en duel contre la petite à yeux contre yeux, glissa un index sur la table doucement jusqu’à l’assiette qu’il lui rapprocha. Il garda son doigt derrière, pour la caler, puisqu’apparemment aujourd’hui le bois biscornu était pentu.

« Peut-être qu’avec ces carottes tu retrouveras un peu de couleur, la railla-t-il en relevant le coin d’une babine.

_N’import’quoi ! »

Elle aplatit ses oreilles en arrière, la mine boudeuse, et croisa les bras sur son torse menu. Il lui répondit d’un haussement d’épaules, comme quelqu’un qui en sait plus, puis se leva et entreprit de nettoyer la table. Le couple avait encore une fois fini de manger bien avant la fillette. Qu’elle manquait d’appétit ! A croire que les légumes avaient la capacité de lui combler l’estomac en une bouchée. Alors qu’elle repoussait encore une fois son assiette, du bout du museau, il la lui renvoya sans ménagement dans un coup de serviette destiné à chasser les miettes. Il commençait à s’échauffer. L’issue du combat avec Ecclasyr n’était jamais certaine. Parfois elle finissait avec une compote verte sur la tête, parfois il lui ouvrait la gueule de force et lui fourrait ses brocolis dans la gorge -ce qui manquait de l’étouffer-, et parfois elle les renversait par terre pour s’en débarrasser une bonne fois. La première fois il avait essayé de lui faire lécher le sol mais Daek l’avait foudroyé du regard avant d’envoyer une énorme claque derrière le crâne de la gamine et de l’obliger à laver. Plusieurs fois la mère l’avait épargnée aussi. Elle n’était clémente qu’avec une personne au monde, et Sorcor n’appréciait pas ce favoritisme, alors il allait bouder ailleurs le reste de la journée. Les jours de légumes, de toute façon, c’étaient pas des bons jours.

« Toc toc ? »

Un Anubite se tenait debout à la porte, vêtu d’un pagne et d’une petite cape blanche lui drapant l’épaule droite. L’habit du précepteur. Les poils de Sorcor se hérissèrent sur sa nuque.

Comme chaque année, le précepteur faisait le tour des clans à la recherche des enfants de six ans. Il les récoltait durant son voyage et les emmenaient dans les montagnes pour parfaire leur éducation, les enlevant à leurs parents sur une durée qui devait sembler longue. Très longue… Sorcor donna un petit coup de coude dans les côtes de Daek qui trainaient par là avant de saluer froidement le bonhomme :

« Jour’.

_ Bonjour Maât, reprit la femme dans un écho plus sympathique.

Il était déjà passé l’année dernière.

_Oh, vous vous souvenez de moi. Bien le bonjour à vous, petite famille.

Sorcor lui trouvait un ton mielleux. Daek disait qu’il le rendait simplement mal à l’aise avec ses manières de mufle et qu’il faisait comme il pouvait pour parler avec la gueule sèche. Tout de même, il avait un sacré sourire hypocrite. Et puis c'est pas la taille de la famille qui compte.

_Voulez-vous boire quelque chose, précepteur ?, s’enquit Daek en parfaite maîtresse de maison. Il fait une telle chaleur aujourd’hui !

_Un peu d’eau, je veux bien, merci.


Il regardait vers la table, semblant prêt à s’asseoir devant son verre et discuter gentiment de la météo. Mais la carrure de Sorcor lui barra ostensiblement la route dès qu’il le vit loucher sur sa fille. Il récupéra le verre que Daek lui tendait et le plaqua contre le torse de l’intrus avec un peu trop de force, le vidant de la moitié de son contenu sur le sol. L’autre s’écarta d’un bond, une goutte de sueur perlant à son front.

_Quel maladroit tu fais ! le gronda Daek dans son dos. Excusez-le, Maât, la chaleur le fatigue il ne contrôle plus ses gestes.

Elle avait soufflé dans cette dernière phrase comme une ombre de menace. Sorcor offrit son plus beau sourire carnassier à l’homme devant lui.

_Oui, excusez-moi, Maât, murmura-t-il.

_Hé bien, dites-nous ce qui vous amène, renchérit Daek en reprenant sa vaisselle.

Le précepteur hésita. C’était encore plus difficile lorsqu’on était bousculé et qu’on le forçait à avouer son but. La plupart des parents allaient chercher leur enfant sans même connaître son nom, sans l’avoir jamais vu. Ils n’hésitaient pas à le lui confier, bien que le départ soit parfois larmoyant. Mais il ne clamait pas gaiement « je viens vous prendre votre petit ! ». C’était vulgaire. Cependant, il se lança, serrant son verre aussi fort qu’un bouclier :

_Je crois que cette année Ecclasyr est prête pour commencer son éducation.

Il déglutit. La vie sembla disparaître autour de lui, mais ce n’était peut-être que l’ombre gigantesque du guerrier qui l’enveloppa comme un cauchemar. Il ne se découragea pas.

_L’année dernière elle était trop jeune, mais là… Là, elle ressemble en tout point à un gamin de six ans.

_Elle n’a pas six ans, gronda Sorcor entre ses crocs.

Personne ne le séparerait de sa fille, personne ne pourrait l’éduquer mieux que lui, personne ne la mettrait en danger. Cet individu lui filait la gerbe. Voler les enfants, leur parler avec ce ton doucereux, les toucher. Peut-être que sa colère l’emplissait de fausses images mais ce gars semblait louche. Ca le mettait hors de lui. Il se rapprocha encore, l’ombre plus large et plus haute sur la silhouette du précepteur qui se mit à bégayer :

_Mais… Mais… V-v-vous av-vez dit v-vous-même que vous n’en s-saviez rien !

Sorcor bondit sur lui, enserrant sa gorge des deux mains avant de le plaquer contre le mur. Sa tête s’y écrasa dans un bruit sourd, laissant probablement un creux dans l’argile friable. Ses babines retroussées, il écumait tandis qu’il lâcha une main pour la brandir en poing au-dessus de la tête de son pire ennemi. Ce dernier semblait à moitié assommé, par le choc et le manque d’air, et la vision d’horreur du géant prêt à le tuer. Il ouvrait la bouche pour tenter d’aspirer de l’oxygène comme un poisson sorti de l’eau, tremblant d’un hoquet désespéré. En se servant de sa prise sur son cou, Sorcor le cogna de nouveau contre la paroi, frémissant de rage. Personne ne lui prendrait sa fille, personne !

_Pas six ans, détachât-il lentement, c’est clair ?

_Aaahg…

_Je veux plus te voir ici, salopard !! C’est moi qui vais l’éduquer, dis-le bien aux autres petits trous du cul dans ton genre ! Personne ne l’emmènera !

Les gencives découvertes du précepteur blanchissaient, il suffoquait.

_DIS OUI !

_Relâche-le chéri… »

Daek lui avait posé une main sur l’épaule. Quand il la sentit, il se calma un peu. Il desserra ses doigts lentement, surveillant toujours de très près le voleur d’enfant. Celui s’affala sur le sol, les mains contre son cou malmené, à la recherche désespérée d’air. Quand ses yeux retrouvèrent leur place en face de ses paupières, il toussota une affirmation, et se releva péniblement en s’appuyant au mur. Il partit immédiatement, alors que Sorcor relevait son poing en défi.

Il fixa encore quelques secondes la porte par laquelle il s’était enfui, reprenant un souffle normal, décrispant ses babines. Puis il se tourna vers Ecclasyr qui n’avait pas bougé. Avec un index tellement pressé sur la table que sa dernière phalange en était blanche, il grinça sans ouvrir la mâchoire :

« _Finis tes légumes. »

Et tandis qu’il sortait de la cuisine, elle s’exécuta. Mais le plus lentement possible…

Ploc. Il souriait. C’était peut-être la dernière fois qu’il voyait sa famille, mais il n’était pas si triste. Car toutes les deux, il le savait, s’en sortiraient maintenant très bien sans lui. Ecclasyr était aujourd’hui une pré-adolescente talentueuse, il avait réussi à en faire une chasseuse aguerrie. Bien sûr, elle s’était obligée à inventer certains réflexes qu’elle n’avait pas pour tromper les membres du clan sur son handicap. Elle était sans cesse aux aguets et usait de son odorat et des impressions de son corps. Elle avait appris à sursauter quand elle n’était pas surprise, et à feindre l’indifférence quand on pensait ne pas lui faire peur. Il ne fallait pas qu’on ait pitié d’elle, surtout qu’elle surpassait tous les jeunes de son âge à présent. Quant à Daek, il lui manquerait, mais c’était la femme la plus forte qu’il connaissait…

C’était étrange, tout de même, que reclus dans ce coin de rêve, il ne se remémore que sa petite tribu à lui. Son apprentissage, ses batailles, ses camarades de balafres faisaient tapisserie dans ses souvenirs. Toutes les guerres se ressemblent, contrairement aux gens. Le casse-pipe était le dimanche du peuple Anubite, régulier et maussade dans le calendrier. On se couvrait les épaules avant d’aller à cette messe. Si un seul homme trônait pour mener la cérémonie, c’était le chœur des soldats qui donnaient de la force aux chants et aux prières sanglantes. Cela faisait partie de lui, mais aussi des autres, et ces autres pourraient conter ici leurs exploits presque aussi bien que lui. Prenez du sang, de la terre et du fer, mélangez le tout… Quinze minutes sous le soleil brûlant de Ghurol, la pâte est prête. Il s’assit dans l’eau et poussa un soupir. A vrai dire, il s’impatientait…


hj: je voulais faire un ptit truc sympa mais... Si ça reste sympa, le petit par contre c'est foutu xD
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Arhid Gramar
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyVen 06 Aoû 2010, 17:00

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Raconte-Nous une histoire!

Raconte-Nous ton histoire...

Celle qui t'a égratignée. Celle qui t'a poussée.
Celle qui t'a détruit puis reconstruit.
Celle qui t'a porté. D'abord une mère, puis les genoux et les mains. Et les pieds, après tout ça.

Comment survivre à cette déchirure narcissique? Tu n'es pas Nous. Tu n'es pas le monde. Tu vis à Nos dépends.
Nous sommes la pluie, le vent. Tu n'es qu'une pauvre tomate dans Notre potager. Et si Nous le décidons, tout peut s'arrêter.

Et après? Et après... Dis-Nous! Tu n'es qu'un parmi des milliers, qu'avons-Nous loupé? A la surface toutes ces plaies, et leurs pansements. Certains peuvent s'écarter, encore, d'autres semblent cicatrisés. Une blessure peut-être réellement cesser de saigner? Nous la grattons, pour voir... Parfois l'écho laissé à l'intérieur est si grand que Nous sommes capables de Nous y engouffrer tout entier.

C'est ainsi que Nous comprenons qui tu es. Les lignes primaires sont fragiles, mais ensuite tout est sutures, soudures, un bricolage de sentiments entremêlés pour mieux ficeler la carcasse. Un chef d'oeuvre abstrait que seul l'auteur n'essaye pas d'interpréter... Alors, tu es libre. Prends la clef, éteins la lumière. C'était une belle histoire...



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Bienvenue à toi! ^^ Trés belle fiche!
Pour trouver un compagnon de rp tu as le topic demande dans l'espace "membre-admin" ou tu peux MP une personne qui t'interesse particuliérement!
Bon RP!!
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyVen 06 Aoû 2010, 21:08

Bienvenue à toi dans ce superbe monde !

J'ai hâte de RP avec ton personnage, ça va être du gâteau !

Bon courage !
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptySam 07 Aoû 2010, 11:03

Du gâteau? oO

(je poste avec Oa' parce que c'est mon double-compte hein... Mais merci pour les bienvenues Razz Et merci pour la validation Arhid)
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Arhid Gramar
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptySam 07 Aoû 2010, 11:16

Ya pas d'quoi chérie.... ^^
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptySam 07 Aoû 2010, 13:32

J'adore ce perso il est génial ^^ ca risque d'être sympa de rp avec ^^
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptySam 07 Aoû 2010, 19:09

Moi moi moi d'abord !
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyDim 08 Aoû 2010, 12:18

Jveux bien mais faut viender sur Ghurol Razz
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyDim 08 Aoû 2010, 14:22

Oh sacré super perso Oa'sorcor... Very Happy Trop bien écrit aussi ! cheers
Bienvenue à ton perso ! xD
J'espère que tu vas t'éclater avec (et quelque chose me dit que oui)

(et... ô misère si je me retrouve contre toi pour le tournoi... ^^")
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyLun 09 Aoû 2010, 11:08

Moi je viende a ghurol sans souci ^^
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyMar 10 Aoû 2010, 12:41

Merci ^.^

J'espère éclater deux-trois humains moi Twisted Evil MOUAHAHAHA IL EST VIIILAAAAIN

Perverted Spirit sort de ce corps è.é
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MessageSujet: Re: Promenons-nous dans les bois... o/`   Promenons-nous dans les bois... o/` EmptyMar 10 Aoû 2010, 12:51

Fait de la pub kal!! xD

Bienvenue Sorcor! Jpense que tu vas te plaire ici!
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