Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
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 A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)

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MessageSujet: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptySam 28 Fév 2009, 03:15

Lorsque l’on est marin, les jours se suivent et se ressemblent. L’on passe son temps à traquer les pirates et hors-la-loi en tout genre, on les suit à la trace grâce aux cadavres, aux villages et à tout le chaos qu’ils sèment sur leurs passages. Tout le monde a, et ce, depuis toujours entendu parler d’histoire de pirates toutes aussi incroyable les unes comme les autres. Pour la plupart elles se résument à raser un village ou un bâtiment et ne jamais laisser aucun survivant. Mais si l’on réfléchit un tant soit peu, comment naitraient les légendes s’il n’y avait personne pour en témoigner ?

Pourtant, voguant sur ces eaux parfois claires et pures comme le plus beau de joyaux, parfois sombre et ténébreuses comme l’enfer lui-même, il existe certains pirates et marins qui méritent que l’on s’intéresse a eux, a leurs histoires, car sans eux les livres que l’on raconte aux enfants seraient bien ennuyeux, vous ne trouvez pas ?

Dante lui n’as pas d’enfant, pas de descendance, pas d’héritier, et à vrai dire il n’en a pas besoin, car il sait qu’il lui reste de longues années devant lui. Il n’a donc pas de livres à lires à qui que ce soit, Dante est une personne très rare, il fait lui-même l’histoire en y participant ardemment. Cet homme-la, ou plutôt ce Démon n’est rien de moi que le prince des océans, le pirate le plus craint qu’il y ait a l’heure actuelle, sa tête étant mise a prix a la plus grosse prime que l’on puisse imaginer. Il fait partie des 4 rois des démons, chacun ayant leur propre domaine de prédilection, à savoir les quatre éléments que l’on connait tous. L’air, la terre, le feu et l’eau, qui vous l’aurez compris est celui de ce cher Dante.

Bien que l’histoire de Dante, ses jeunes années, sa prise de pouvoir et ses multiples batailles soient très passionnantes, nous n’allons pas parler de cela, l’heure est venue à présent de commencer une toute nouvelle histoire, qui va sans doute changer bien des choses pour le prince des océans…


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L’air était agréable, une petite brise s’engouffrait dans les immenses voilures de la « Mary céleste », les oiseaux virevoltaient dans les airs, émettant des petits cris tantôt agréables, tantôt agaçants. La fin de journée approchait et la plage était en vue, bientôt le prince des océans foulerait le sol de cette plage, et irait rendre visite a quelques amis…

Des amis ? Pas exactement. Plutôt des soumis. Oh la barrière est bien souvent très mince me direz-vous, mais dans ce cas précis, il valait mieux être du bon coté. Ces amis donc n’étaient rien d’autre que des elfes marins. Les elfes, ce peuple qui est connu comme étant le plus répandu et le plus ancien qu’il soit, ce peuple qui ne se soucie que d’une chose : son bien-être. Très pratique lorsque l’on est un démon tel que Dante et qu’on leur garantit leur protection. Si l’on ne peut se lier d’amitié avec les elfes, on peut toujours trouver un arrangement, oh bien sur pas avec les elfes noirs, bien trop imbu de leurs personnes, mais plutôt avec les elfes marins. Car s’il est une chose courante parmi les peuples marins, c’est la solidarité(cela exclu bien évidemment les hommes, qui eux veulent s’approprier la moindre parcelle de terre et d’eau).

La « Mary Céleste » avait jeté l’ancre à bonne distance des côtes de l’île de Rosyel, n’ayant pas de port elle était protégée des attaques marines. Mais Dante et son équipage eux connaissaient un endroit parfait pour arriver en toute discrétion, le lieu de vie des elfes marins, la Crique de Sépaka. Cette crique est très isolée et très difficile d’accès, de plus leurs habitants sont d’excellents marins et la protègent contre toute intrusion. Mais lorsque deux barques approchaient en toute sérénité, et ayant un prince dés démons a son bord, personne ne s’interposait, d’ailleurs un petit comité d’accueil se tenait déjà sur la plage.

Un elfe plus âgé a l’allure de sage vint accueillir Dante et son équipage dès qu’ils foulèrent le sable. Il semblait être le chef, le doyen de ce peuple. Il connaissait très bien Dante, ils avaient un passé commun et le chef des elfes marins connaissait la cruauté légendaire de son invité.


« Seigneur Bélial, votre visite nous honore » dit-il en s’agenouillant. « Veuillez me suivre, je vous accompagne jusqu'à l’entrée, vous allez pouvoir faire votre dépôt… »

Dante acquiesça, il ordonna a trois de ses hommes de venir avec lui et de prendre un coffre métallique assez imposant, et a trois autres de rester en position sur la plage, on ne pouvait jamais être sur d’une attaque ennemie, surtout sur cette île. Et en ce cas, il valait mieux ne pas être tous à l’intérieur de la grotte, pris au piège par un peuple malintentionné.

Le sage Ahilin ouvrait la voie, suivit par Dante et ses trois généraux, Hank oeil-de-faucon, Zeff les poings noirs, et Kélias le sorcier. Ils entrèrent donc dans un labyrinthe de grottes froide et humide. Les minutes s’écoulaient et personne ne disait mot, les grottes de cette crique abritaient les tombeaux de tous les elfes marins défunts, un lieu de paix éternelle. Au bout d’un long et sinueux tunnel se trouvait un grand escalier en spirale. Il conduisait dans les profondeurs de l’île, bien en dessous du niveau de la mer. Chacun des membres du groupe, équipés d’une torche descendit lentement et surement, les généraux de Dante prenaient garde à ne pas renverser le majestueux coffret métallique qu’ils étaient venus déposer.

À l’extérieur de la crique, l’ambiance était bien plus détendue, les hommes du capitaine Bélial flirtaient, comme bien souvent avec les jolies elfettes marines, qui avec leurs peaux nacrées, leurs formes généreuses et leur magnifique chevelure argentée ne manquaient pas d’atouts pour charmer ces males. D’ailleurs bien souvent la nuit qui suivait une visite en ces lieux se terminait par des effluves amoureuses…

De retour dans les grottes, notre petit groupe était arrivé au bas de l’escalier en spirale. (Ceux qui portaient le coffre avaient eu un peu de mal tout de même). Ils pénétrèrent ensuite dans un sombre tunnel glacial. La lueur des torches lui conférait un aspect immatériel, de part et d'autre, des niches étaient creusées, laissant deviné les formes massives des sarcophages. Un sentiment de malaise envahit un général, il avait l’étrange impression d’être surveillé. Non pas un être en chair et en os, mais par des spectres tapis dans les ténèbres. Chacun des tombeaux devant lesquels ils passaient était surmonté d’un gisant de pierre, représentant le défunt. Les corps semblaient émerger de leurs cercueils de pierre, cherchant à échapper à leur emprisonnement. Au passage de la procession des torches, ces silhouettes prostrées jaillissaient de l’ombre avant de disparaitre dans une danse macabre en ombres chinoises.

Tout à coup le doyen elfique stoppa sa marche. Ils étaient arrivés. Ils se trouvaient à présent devant une immense porte de granit circulaire. Aucune inscription, aucun garde, rien ne laissait deviner les richesses contenues dans la pièce juste derrière. Les généraux déposèrent le coffre sur le sol et s’avancèrent en direction de l’immense porte lorsque Ahilin prit la parole et les stoppa d’un geste de la main.


« Seigneur Bélial, il y a une chose que je ne vous aie pas dite… »

Le pauvre vieil elfe semblait penaud, quelque peu craintif quand à la réaction du prince des océans. Dante qui n’avait quasiment pas prononcé un mot depuis de nombreuses minutes lui fit signe de continuer son explication, attendant patiemment ce qui allait suivre.

« Voilà…Hum…Cette jeune femme est arrivée il y a de cela deux jours, je ne sais pas comment elle a fait, mais elle se trouve dans votre pièce…Un de mes gardes l’avait vu pénétrait dans nos galeries, mais en le voyant elle s’est enfuie, et je ne sais par quel moyen elle a ouvert puis refermer cette porte. »

Dante semblait perplexe. Une femme seule aurait réussi à faire coulisser une si large porte ? Bien il n’aurait qu’à la mettre dehors avec quelques baffes à travers le visage et l’histoire serait réglée.

« Elle ne représente aucun danger, elle et seule et c’est une femme…allez, ouvrez-moi cela… »

Après un court silence, les trois hommes s’exécutèrent, ils agrippèrent a deux mains l’immense porte en granit, écartèrent légèrement les jambes pour obtenir un meilleur appui et poussèrent en même temps. Dans un crissement de meule, la porte coulissa et laissa apparaitre une immense pièce ou se trouvait entreposé un nombre incalculable de richesses. Des dizaines de coffres ouverts contenant des milliers de pièces d’or, des couronnes, du mobilier en or, des armes, des joyaux et une femme…Oui, le doyen avait dit vrai, il y avait effectivement une jeune femme qui se tenait là, une couronne en or bien trop grande sur la tête, quelques colliers de perles autour du cou.

Les généraux et le vieux sage échangèrent des regards interrogateurs lorsque cette jeune demoiselle se retourna. Ils s’écartèrent et Dante n’en crut pas ses yeux, comment une telle chose avait pu arriver, quel était ce miracle qui pouvait faire qu’elle soit la, dans cette pièce ? Le grand prince des océans n’était plus, dehors toute sa puissance et sa magnificence, à cet instant, il n’y eut qu’un seul mot qui sortit de sa bouche.


« Norui ?... »


[Hj : Voila, j’ai tenté de faire aux mieux, si quelque chose ne va pas n’hésite pas a me le dire Wink je file me coucher j’suis épuisé^^]

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Dernière édition par Dante Bélial le Jeu 20 Oct 2011, 18:28, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyVen 20 Mar 2009, 17:06

Norui aurait été incapable de dire combien d'îles l'archipel contenait. Dans son esprit, il devait y en avoir des centaines, des milliers. En effet, à chaque fois qu'elle posait le pieds sur un rocher, une plage ou un ponton, elle s'imaginait qu'elle était sur une nouvelle île, un endroit où elle n'était jamais venue. Si ça ne ressemblait pas à ce qu'elle avait déjà vu, ça ne pouvait pas être la même chose. Quand bien même il s'agissait toujours de Lan Rei ou Rosyel, si elle débarquait à un endroit inconnu de ces îles, elle pensait forcement que c'était une île différente. Les îles se résumaient donc à ce qu'elle en connaissait et chacune obtenait de nouveaux noms au gré de l'imagination de la petite, de nouvelles identités, toute une histoire parfois. Pour elle, Lan Rei n'était que le port de Reilor et les plages encadrés de verdure. Les falaises où elle avait failli mourir de soif sans trouver de chemin d'escalade, ce n'étaient pas Lan Rei mais Hamrad. Les montagnes dans lesquelles elle allait s'engouffrer avant qu'Ylian ne l'arrête, ce n'était pas Lan Rei mais Brendian.
Ce jour là, elle baillait donc au milieu d'un bosquet de palmier le long de...


"Hum..."

Elle glissa un doigt au milieu du buisson qui lui servait de chevelure. Comment appeler cette endroit? Elle voulait quelque chose qui sonne sucré comme les fruits incroyables que l'on trouvait à foison aux alentours. Il fallait également que ça soit tiède comme les vents tourbillonnants, emprisonnés entre les bras de la baie, comme le sable clair en début de soirée. Il fallait un nom turquoise et blanc à cet endroit. Il faudrait éviter les consonnes colériques, les rrr qui écorchent, les k qui brisent. Cette crique devrait avoir un nom de gourmandise faite par une grand-mère. Elle était pareille aux bonbons, rendue plus délectable car parfaitement dénuée de fonction. C'était de la confiture de paresse. C'était...

"Soélys"

Ca avait des morceaux de soleil confits à l'intérieur et puis la moitié du délice. Il avait fallu qu'elle le prononce à voix haute pour voir le résultat, car un mot n'a pas du tout la même sensibilité quand il est pensé, écrit ou prononcé. Norui n'était pas tout à fait convaincu d'avoir trouvé LE nom de ce lieu, mais en tout cas, ça ferait un nom provisoire en attendant de trouver l'idéal. Elle se tortilla un instant, faisant crisser le sable, ce sable vicieux qui s'insinuait en bas de son dos, trouvant un passage entre ses jupons et son haut. Mais ce n'était pas une intrusion désagréable, c'était une démangeaison taquine, un peu comme l'ami qui vous prend les côtes par surprise pour vous chatouiller. Ses prunelles rouges, encore un peu réticentes à s'ouvrir au monde, dévisageaient les longues palmes qui flottaient comme des drapeaux au dessus de sa tête. Le soleil lui faisait face, laissant le feuillage en contre-jour. De nombreuses zébrures d'ombre et de lumière se hasardaient sur sa petite silhouette. Une longue feuille s'interposait pour bloquer les rayons à hauteur de ses yeux, la laissant s'émerveiller sans s'aveugler. Norui souriait. Comme si souvent, elle avait le sentiment d'être aimée des dieux, de la nature, tout semblait s'arranger pour s'incliner à son passage. Mais quoi de plus normal après tout, puisqu'elle était le centre du monde? Elle était le soleil existentialiste de tout cet univers, elle était l'axe autour de quoi tout était imbriqué et le moindre de ses mouvements entrainait le monde. Il était normal que chaque chose et chaque personne l'adore, que ça soit la fourmi désireuse de parcourir sa peau, l'inconnu répondant à ses salutations ou le vent nait pour la rafraichir. Tout n'était qu'offrande au miracle qu'elle était. Même cet astre bedonnant et débonnaire qui la regardait tendrement s'éveiller dans un ciel de mai, ce n'était là qu'un reflet d'elle-même, et encore, plus proche de son ombre.

Elle laissa passer le bout de sa langue entre ses dents, mordillant dans une moue malicieuse, avant de lécher ses lèvres un peu rudes. Quand elle serait mieux réveillée, il faudrait qu'elle aille jusqu'à l'amas de rochers dans une clairière toute proche. Elle avait trouvé cette endroit dès son arrivée, de nombreux creux immenses faisaient office de réserves d'eau de pluie. Malgré les grandes chaleurs, le liquide restait glacé. Et il avait un goût de mousse.
Elle se redressa, assise tant bien que mal, tiraillée par une envie suave de se rendormir encore, pour quelques siècles seulement. Les troncs minces et souples formaient un cercle serré autour d'elle et lui créaient un nid simple et protecteur. Dès son arrivée, elle avait remarqué la cité calme et discrète des elfes marins, au sud de la baie, et eux aussi l'avaient remarquée, ce petit brin de femme sans doute perdu, mais personne ne s'était inquiété de sa présence. Tant qu'il n'y aurait pas d'incident, ces êtres pacifiques ne sortiraient pas de chez eux. Ce qui était étrange, c'est que Norui, qui habituellement ne savait vivre qu'entourée de gens avec qui dialoguer, n'aie pas eu comme premier réflexe d'aller les trouver. En réalité, elle s'était senti si diablement bien dans le coin qu'elle avait trouvé, avec ce silence plein de bruissement animal, ces couleurs presque primaires, l'abondance d'eau et de fruits, qu'elle avait pour une fois choisi de savourer l'extase de cette exclusivité, dénuée d'être humain, d'être pensant, parlant, bruyant, agissant. Elle-même n'entrait pas dans ce lot, elle n'était qu'un courant d'air persuadé de se fondre dans le paysage.
Dans l'ombre de l'un des arbres, près de l'étui, Féa dormait encore. Il était presque roulé en boule, comme un chat. Pas tout a fait... En réalité il ressemblait plus à une poule somnolant au dessus de ses œufs. Sa petite tête était maintenue droite par un effort inconscient. Cet oiseau n'était décidément pas sérieux. Il faudrait peut-être qu'elle lui apprenne un jour que ce n'est pas ainsi que dorment les vrais faucons. Les plumes duveteuses autour de son cou se gonflèrent un instant, comme dans un soupir, avant qu'il ouvre douloureusement un de ses yeux ronds. Les marques noires qui siégeaient en dessous auraient presque pu se faire passer pour des cernes. Les deux compagnons se dévisagèrent avec sérieux, il y avait comme un dialogue sourd entre eux. L'oiseau bougon semblait la mettre au défi de le réveiller plus que cela, il semblait lui dire que non, il n'avait pas l'intention de bouger de là, et que si elle croyait pouvoir l'y forcer, elle se mettait le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Et pourtant, malgré les éclairs jaillissant de ses prunelles d'or, quand Norui se pencha vers lui avant de le soulever dans ses mains en forme de coupe, l'oiseau fut tracté bien loin de ses songes. Amoureusement indigné de la cruauté de sa jeune maitresse, il s'ébroua au creux de ses mains, laissant tomber une pluie de sable, avant d'agiter ses ailes avec de grands mouvements, dignes d'un politicien en colère. Il marmonna comme pour lui-même avant de jeter de grands cris de reproches à la jeune fille tout en dodelinant de la tête. Puis, encore tout fier du vacarme qu'il créait, il s'envola. Humain, il aurait sans doute théâtralement claqué la porte. Enfin, s'il y avait eu une porte.

Norui observa l'ombre planante de son compagnon disparaitre dans l'ouverture bleue au dessus de sa tête. Puis, de bonne humeur, elle agrippa négligemment la sangle de son étui afin de placer celui ci contre sa hanche. Il était étrange de voir avec quelle attention elle protégeait ce trésor alors qu'elle ne savait même pas comment elle avait eu ce violon, quelle valeur il pouvait avoir. Encore plus étrange, elle évitait au possible de poser les mains dessus. Elle n'ouvrait la sacoche que pour en vérifier le contenu, de temps en temps, jeté un regard émerveillé et inexplicablement nostalgique sur son bois roux et abimé par les aventures. Toujours est-il qu'il était hors de question d'aller se promener en le laissant là, contrairement à la vieille veste d'homme, trois fois trop grande pour elle, qui englobait le petit tas de fruits qu'elle avait cueillis par avance et allait devoir rester seule au milieu des palmiers accueillants. Elle hésita un court instant, ses doigts s'agitant comme ceux d'un magicien, avant de plonger pour piocher l'un des fruits. Elle contempla la sphère noirâtre, légèrement bleue, trônant dans sa paume, puis d'un sourire, elle referma doucement ses doigts dessus
Sans plus attendre, elle quitta son antre pour aller visiter cette terre si bienveillante. Depuis cinq jours qu'elle était ici, elle s'était contentée de ce minuscule coin de plage et début de forêt, mais il était temps d'aller flâner alentours, titiller les individus lambdas, déranger quelques animaux et paysages paresseux tout en plantant ses dents dans ce fruit au goût de lune.

Ses pérégrinations hasardeuses et lentes finirent par l'amener vers les falaises du sud, là même où elle avait remarqué les va-et-vient des elfes marins lors de son arrivée. La rocaille était percée de toute part, comme un énorme gruyère. En plus dur. Et moins mangeable. Elle s'arrêta au devant d'une petite ouverture. Elle était fascinée et comme prise de vertige. Elle se sentait happée par ce gouffre vertical qui, plus loin, était ponctué par de minuscules lanternes, ressemblant à des yeux de monstres, battant des paupières à chaque courant d'air. Norui ne savait guère ce qui dominait en elle: l'attraction ou la répulsion. Elle sentait son cœur fondre et couler entre ses côtes saillantes, glisser par accoups de plus en plus rapides dans sa chair. C'était de l'enthousiasme, une adrénaline vieille et retrouvée. Elle était déjà venu, et elle avait aimé cette endroit. Mais dès qu'elle pensait cela et s'apprêtait à se jeter tête la première dans les galeries, les dégoulinures de son cœur semblaient se figer pour former des stalactites brutales et blessantes, glaciales. Non, cet endroit faisait partie des rares zones où elle se sentait en danger, l'un des lieux où une goutte d'eau pouvait facilement s'amuser à éteindre le soleil. Il fallait fuir, oublier la manière d'y venir. Cette grotte appartenait aux ombres qui l'avaient perdue, par le passé. Impossible de savoir d'où venaient ces certitudes, elles étaient simplement là, impériales, implacables. Mais à vrai dire, elle était trop hypnotisée pour chercher à se psychanalyser, et c'est à la manière d'un papillon de nuit grisé par une ampoule qu'elle s'avança à pas lents dans les semi-ténèbres. Elle voyait son ombre projetée devant elle par la lumière de l'extérieur, mais rapidement, cette présence rassurante se fit moins téméraire, préférant se cacher dans quelques replis de ses jupons. Mais maintenant, il fallait bien avancer, elle ne se sentait de toute manière pas capable de tourner le dos à cette noirceur.

Bien que nerveuse, la jeune femme regagnait peu à peu sa malice, au fur et à mesure qu'elle avançait et que rien de mauvais ne lui tombait dessus. Elle ressongeait à son impression de déjà-vu, sans en trouver l'origine. A ses yeux, l'explication la plus probable était qu'elle ait joué à cache-cache dans ces tunnels. La flamme d'une lampe éclaira la lave de ses prunelles et l'éclair de son sourire avant que la danseuse fuyante replonge ce visage d'enfant dans les ténèbres. Cette galerie devait être l'une des plus petites entrées, si l'on considérait le nombre réduit de lampions, leur espacement. L'autre preuve était l'absence de gens. Mais dès qu'elle arriva à un croisement avec une artère plus large, elle remarqua un homme qui lui tournait le dos, sans doute regardant du côté de l'entrée de ce tunnel, attendant peut-être de contrôler d'éventuels arrivants. Il ne mit guère longtemps à la repérer avec le tintamarre que faisaient toutes ses breloques. Il se retourna d'un seul geste et la dévisagea, surpris de ne pas trouver le visage et l'allure d'un elfe des mers. Il devait voir peu d'intrus en réalité. Il avisa un geste dans sa direction, rassuré de voir que l'étranger n'était qu'une femme avec une allure un peu extravagante. Il n'aurait qu'à lui dire un mot pour savoir ce qu'elle faisait ici et pour lui expliquer que l'accès n'était pas libre. Elle n'avait pas l'air hostile. Aucune arme visible. Mais à peine eut-il fait un pas vers elle que la fille aux cheveux lunaires s'éclipsa, sans qu'il sache si le tintement entendu était simplement du à ses bracelets ou si elle avait rit.
Dans son avancé dignement romancée par son esprit fantasque, Norui était persuadée que ce personnage rencontré attendait depuis des siècles son retour -digne de l'enfant prodige- pour avoir l'occasion de refaire une partie de cache-cache légendaire en sa compagnie. Sans plus attendre, elle s'était donc élancée dans la première voie venue. Étrangement, malgré sa discrétion de pachyderme, son compagnon de jeu perdit vite sa trace. Ainsi, elle eut tout le loisir de flâner jusqu'à trouver LA bonne cachette. Arrivée dans un cul-de-sac, mue par un instinct de praticien, elle contourna une énorme stalagmite étrangement arrondie, comme un navet, et se retrouva donc le dos contre ce drôle de légume rocheux, dévisageant une petite ouverture presque invisible au ras du sol. Elle la devinait plus qu'elle ne la voyait, mais son esprit lui avait fait pressentir le passage, et comme on ne refuse rien au soleil, il s'était contenté d'être là. En réalité, ce trou était juste assez grand pour laisser passer un humain fluet, si celui-ci voulait bien se donnait la peine de crapahuter à quatre pattes. S'agenouillant avec empressement, elle s'engagea dans le goulot étroit sans même se poser de question. C'était probablement ici qu'elle s'était cachée, par le passé, alors elle n'avait pas à s'inquiéter.

Ce petit tunnel n'était pas long, il devait faire moins de cinq mètres de longueur. Arrivée à l'autre bout, Norui resta encore un instant agenouillée, les paumes incrustées d'une terre rude. Face à elle, alors qu'aucune loupiote ne montrait le bout de sa flammèche, une étrange aura lumineuse et diffuse flottait, fantomatique, semblant provenir d'innombrables amas inidentifiables. Ca et là, des tâches de couleurs teintaient cette étonnante atmosphère. Après un temps, la jeune femme se redressa lentement, une phrase en tête, une phrase qu'elle avait du prononcer, avant: "il faudra absolument reboucher ce passage, c'est risqué. Quelqu'un pourrait découvrir ce passage et notre cachette". Qu'avait-elle bien pu entendre par "risqué"? En tout cas, elle avait confirmation, elle avait bien joué à cache-cache ici. La petite se redressa lentement, agitant l'une contre l'autre ses petites mains blanches avant de frotter ses genoux pour en faire fuir les monceaux de terre. Norui se sentait misérablement oppressée par un mélange tenace d'odeurs lourdes. Il y avait l'habituelle senteur humide de roche et de mousse, celle de l'ecoeurant salpêtre, mais il y avait autre chose. Un parfum atroce de rouille et de vieille épave et chaque once d'air en était saturé. A chaque respiration, elle avait le sentiment que ce métal vaporeux venait se solidifier dans ses poumons. Semblable à un poisson rejeté sur l'herbe, elle avait l'impression de chercher de l'oxygène là où il n'y en avait pas. Elle entreprit de retenir sa respiration tant que possible, n'inspirant que lorsque c'était inévitable.


Dernière édition par Norui Minai le Ven 20 Mar 2009, 17:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyVen 20 Mar 2009, 17:07

Puis elle s'avança vers les monts pâles et luminescents qui se dressaient un peu partout dans cette grotte. Ses pieds éternellement nus rencontrèrent alors quelques débris froids, lui imprimant un mouvement de recul, comme si ses orteils avaient testé la température d'un lac avant de s'y baigner. Puis, après avoir attendu quelques instants de voir si un drame lui tombait dessus, elle foula à nouveau ce qui lui semblait un étrange tapis de feuilles mortes, mais des feuilles épaisses et glacées, rondes et teintant sous ses pas. Encore inquiète, ce bruit la rassura pourtant. Il était agréable à son oreille, clair et joyeux, lui rappelant sa propre musique, les carillons de ses multitudes de bracelets et breloques. Ses petits pieds s'enfonçaient parfois au milieu de l'étonnante rivière, glissant sur ces galets invisibles. Sa curiosité l'arrêta, et elle se baissa à nouveau, laissant ses doigts questionner ces mystérieux objets. Elle attrapa l'un des petits disques jonchant le sol, le faisant tournoyer entre ses doigts, rouler sur sa paume, avant de l'approcher tout près de son visage pour tenter de l'examiner malgré la luminosité quasiment nulle. Un sourire grandiose se plaqua sur son visage, un sourire tellement éclatant qu'il devait briller comme un phare dans cette noirceur. Il s'agissait de pièces! D'or, d'argent, de cuivre, elle ne savait pas. Elle renifla le petit palet avant de l'effleurer du bout de la langue. Hum, impossible à dire. Toujours est-il que c'était de la monnaie, ce diable qui lui était perpétuellement réclamé quand son estomac menaçait de se rétracter sur lui-même jusqu'à la disparition pure et simple. Elle tenait la piécette devant son visage comme certains croyants avec l'hostie. Puis elle engouffra le jeton dans l'une des poches de sa sacoche avant de commencer sa cueillette. Non pas que Norui soit cupide, elle qui n'avait qu'une vision trouble de l'argent, mais elle connaissait trop la faim et les étals aguichantes mais inaccessibles des marchés. Alors elle ramassa pendant des heures les pièces une par une, s'arrêtant à chacune en déclarant à quel rêve de gourmandise cela correspondait, déraillant dans des fantasmes délirants et colorés, coupés de souvenirs et étalés sur des anecdotes à venir.

"Voilà un verre de lait de chèvre, tout juste tiré, encore tiède. Et là, c'est un œuf d'omera. Bien gros et tacheté de pourpre. Je le mangerais avec... la miche de pain que voila. Ça, ce sera une fleur de feu."

La liste des régals à venir s'étendit longuement, lui faisait oublier l'odeur de ferraille, mieux encore, la lui rendant appréciable, la rendant comestible, délectable. La poche n'était malheureusement pas sans fond et arriva moment où elle ne put plus accueillir de rêve supplémentaire. Mais la petite était satisfaite, elle avait l'impression d'avoir dans sa sacoche tout le contenu d'un garde-manger bourgeois. Avec le sentiment d'être rassasiée, elle s'assit en tailleur au creux des merveilleuses dunes, posant l'étui entre ses cuisses. Au fur et à mesure de sa récolte, elle avait pu constater qu'il n'y avait pas que des pièces ici, mais tout un tas d'objets fascinants. Émerveillée, ses yeux se montrant plus conciliants au milieu des ténèbres, elle avait pu repérer quelques spécimens intéressants. Comme un chercheur d'or, elle avait arpenté les alentours pour dénicher quelques nouveaux bracelets tintinnabulant aptes à faire son bonheur. Mais, aussi étonnant que cela soit, elle n'avait rien trouvé qui lui convint, aucun cerceau de métal qui ne fut alourdi de cailloux, dont le son ne fut étourdi par des fioritures encombrantes. Déçue, elle s'était donc installée ici, arborant quelques bijoux luxueux et grotesques sur elle, étirant son bras jusqu'à une large couronne. Le diadème était pesant entre ses doigts, une lourdeur désagréable qui le lui fit presque reposer. Mais elle le porta malgré tout à son front avec un petit rire à l'idée de ressembler aux gens illustres. La tiare glissait sur son petit crane d'hirondelle, tantôt à droite, tantôt à gauche, avant de basculer comme une visière sur ses yeux. On aurait dit un animal joueur dont les pattes auraient dérapé sur ses cheveux blancs. Avec un soupir, Norui se laissa glisser sur le dos, le cercle d'or toujours en équilibre sur son nez. Elle frissonna en sentant sur chaque parcelle de peau nue la froideur de l'argent. Ce contact était un peu effrayant dans le noir humide de la caverne mais suffisamment inhabituel pour que la demoiselle, amoureuse de l'insolite, finisse par s'y attacher. Le sommeil la happa sans qu'elle s'en rende réellement compte. Passèrent les minutes et passèrent les heures avec cette merveilleuse question: comment savoir si je suis réveillée ou si je dors, puisqu'il fait aussi noir avec les yeux fermés que lorsqu'ils sont ouverts?

Elle s'éveilla avec l'illusion de n'avoir pas dormi. Drôle d'animal mi-lune mi-soleil, Norui commençait à se languir de la lumière du dehors, même si l'endroit avait su la charmer. Inexplicablement, elle se sentait pourtant attachée à cette caverne d'Ali Baba et tardait à en sortir. Et puis après tout, elle ne savait pas, l'homme des tunnels étaient peut-être encore entrain de la chercher, en sortant elle risquait de lui tomber dessus, lui facilitant la tâche et retirant tout l'amusement du jeu. Elle décida de faire encore un tour avant de sortir au grand air. La couronne glissante s'improvisa bracelet de géant autour de son bras, puis cerceau de danseuse orientale lorsqu'elle commença à tendre son bras sur le côté en décrivant de grands ronds énergiques. Elle imprimait sa morsure en spirale autour de son avant-bras avant de crachoter comme un train qui déraille lorsqu'elle percutait les vrais bijoux de la déchue. Concentrée sur ce jeu d'adresse, Norui marchait en cercle dans la pièce sans trop se préoccuper de ce que ses pieds foulaient, montant et descendant sans ciller des buttes s'affalant sous ses orteils.
Mais si sa formidable chance l'avait préservée jusque là, lui laissant entendre que ce serait toujours le cas, elle l'abandonna au bout de plusieurs tour de piste. L'un de ses petits pieds gris butta subitement contre un coffret en bois, dont les coins étaient cernés de ceintures d'acier cruel. Ce fut un éclair qui écartela ses doigts de pieds. Sautillant un instant sur son pied valide, elle se laissa finalement tomber au sol en couinant. Assise en tailleur, elle baissa la tête vers sa blessure fatale, et c'est seulement son incroyable souplesse qui l'empêcha de baiser ses orteils meurtris. Elle resta longuement à réconforter ces pauvres petits malades, leur sussurant des mots d'infirmières rassurantes. Puis quand elle eut fini de se complaire dans sa douleur, elle s'approcha, méfiante et à quatre pattes, du trouble-fête. D'une main prudente, elle tata le dangereux criminel avant d'en ouvrir le loquet à moitié démoli. Une fois à l'intérieur, ses petites mains fouineuses rencontrèrent diverses bouteilles, toutes de la même taille, assez imposante, certaines vides, d'autres pleines, et quelques unes qui hésitaient entre l'un ou l'autre état. Elle les soupesa avant d'en choisir une. Celle-ci ne contenait pas trop de liquide et n'était donc pas trop lourde. Norui agita doucement la dame-jeanne pour en faire tinter le contenu. Le fluide clapota avec un bruit de fontaine. Ravie, elle entreprit de la délester de son large bouchon de liège, de manière à découvrir quelle entité mystérieuse se cacher au milieu des parois de verre. Ses petits doigts en pattes d'araignée bataillèrent longuement et ne purent crier victoire qu'après l'intervention des dents alliées. Elle le rejeta dans un plop et un vol plané parfaitement synchronisés puis pencha son petit nez au dessus de l'ouverture. Son museau se froissa. Elle ne savait pas ce que c'était, mais ça parvenait à lui picorer jusqu'à l'intérieur des poumons, rien que par l'odeur. Il n'était probablement pas prudent de toucher à cela, encore moins d'y boire. Elle tourna lentement la bouteille entre ses mains, y découvrant l'ombre d'une étiquette poisseuse. Ses yeux se plissèrent. Impossible de lire. Puis, mûe par une idée géniale, elle tâtonna pour retrouver sa couronne et s'en servi pour réfléchir le peu de lumière environnante. Sous le faible reflet, une devise accrocheuse apparue:


"Toutes les routes mènent au Rhum."

[i]Entre les murs de roche sombre, rebondissant sur l'or, sa voix résonnait comme une prière païenne, et cela lui plu. Ca ressemblait au "buvez-moi" impérieux d'Alice au Pays des Merveilles. Norui n'était pas contrariante. Elle porta le vaste goulot à ses lèvres et prise dans son élan, en but plusieurs longues gorgées avant de se rendre compte que le goût était plus abrasif que l'odeur, plus douloureux qu'une soupe à l'herisson. Posant hâtivement le flacon, qui resta droit par un miracle sans nom, elle crachota avec l'impression de chasser son âme. La toux fut longue à se taire laissant ses joues et son front brûlants. Elle avala de longues bouffées d'air comme pour noyer le mal. Sa gorge venait d'ingurgiter un incendie avec toutes ses salamandres et son estomac devenait l'antre d'un dragon farceur, s'amusant à chatouiller ses parois intestinales. L'odeur et le goût du rhum flattaient lourdement en elle, sans se dissiper. Elle dégagea une autre bouteille, espérant trouver de l'eau, la déboucha et renifla, sans rien sentir de plus que l'odeur violente qui ne la quittait plus. Elle but une gorgée prudente, mais quoi que ce fut, ce liquide là ne faisait qu'entretenir l'incendie. C'était peut-être de l'essence. Comme une naufragée échouée sur une plage, à demi-consciente et les poumons emplis de sel, elle se traîna, elle et ses entrailles rongées de l'intérieur, sur la grève, se hissant hors d'atteinte de cette mer alcoolisée. Elle avait gardé la couronne-lampe-torche dans une main et sans se poser plus de question, elle se laissa aller, le visage contre les pièces, exténuée par cette rencontre brutale, l'autre main sur sa sacoche. Pour la deuxième fois, elle s'endormit sans s'en apercevoir.

Elle fut réveillée par un impressionnant grincement de dents. Hagarde, elle se redressa avec un léger mal de crane et les idées un peu défaites, mais rien que ne saurait estomper sa joie de vivre naturelle. Une pièce d'or tomba de son front où elle s'était accrochée, y laissant son empreinte. Du côté droite, d'autres marques semblables apparurent sous ses doigts quand elle effleura sa joue. Assise à nouveau en tailleur, elle replaça la couronne sur sa tête avec un léger grognement. Il fallait maintenant savoir d'où provenait le bruit qu'il l'avait fait revenir à la réalité. Elle se dévissa la tête juste à temps pour voir apparaitre dans le mur derrière elle une ouverture circulaire. La pierre la fermant avait été repoussée dans un bruit de falaise qui s'écroule, et des hommes se tenaient là, leurs torches chassant les ténèbres, jetant de toutes parts des éclairs sur les objets précieux. Leur tournant le dos, son visage les observait pourtant, essayant de retrouver en l'un d'eux les traits de son partenaire de cache-cache. Mais il n'y était pas. Ses yeux se posèrent sur l'un d'eux, sans doute plus important, c'est du moins ce qu'il lui sembla quand les autres s'écartèrent pour lui laisser le passage. Il était grand et son visage était blanc et étrange, sans qu'elle puisse savoir si cela était dû à l'éclairage des flammes. Norui réprima un frisson. C'était... ça, qu'elle craignait dans ces cavernes souterraines, c'était contre lui que son esprit avait monté des barricades. Elle fit un pas en arrière, prête à partir en courant jusqu'au petit tunnel, mue par un instinct de survie qui vociférait "il t'a perdue, il t'a perdue!". Puis cette peur atroce s'envola sans laisser autre chose que le bruit d'un claquement d'aile. Cette homme semblait fasciné, incrédule. Et il la fixait, elle. Alors elle le dévisageait également.
Puis -était-ce l'évidence ou l'incertitude qui parla?- il prononça son prénom.
Bien qu'elle ouvrit de grands yeux ronds, elle ne s'étonna pas qu'il connaisse son nom. Après tout, tout le monde connait le Soleil, le contraire serait ridicule. Il semblait évident que Norui s'impose dans l'esprit de tous, inévitable, essentielle. Elle se remit sur ses pieds, se tournant pour leur faire face avec un grand sourire qui semblait dire "c'est bien moi!". Elle attrapa la couronne qui siégeait maladroitement sur son crâne et la tint au bout de son bras tendu lorsqu'elle effectua une petite révérence amusée. Puis elle se redressa, toujours souriante, s'approchant d'eux en pensant qu'il s'agissait peut-être des amis de l'homme jouant à cache-cache, des amis appelés en renfort. Elle tenait le diadème à deux mains, contre sa poitrine. L'homme face à elle était décidément beaucoup trop grand, elle devait lever sa tête pour le dévisager. Un nouveau tremblement l'ébranla en constatant la disparité de ses yeux, lui faisant perdre un temps son petit rire enfantin, comme un rocher disparaissant sous une vague. Puis il revint, satisfait mais près à vaciller à nouveau.

"Vous m'avez trouvée finalement!"

[Faut être indulgent pour la fin (enfin la seconde moitié...), comme j'ai pas arreté d'être coupée dans mon élan, c'est assez cahotant... Et je fais pas de chute. Et j'ai conscience d'avoir développé des choses dont on se fout, mais pas pu m'en empêcher. C'est long, mais jvoulais pas, jle jure! Bref je... j'ai honte... Je... Pardon! xD ]
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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyLun 27 Juin 2011, 12:35


Je ne suis pas quelqu’un qui croit aux miracles, qui rêve qu’un jour il lui arrivera quelque chose de bien, qui espère, qui traverse ce monde avec une imagination débordante. Je laisse cela aux faibles d’esprit. Les pauvres, après tout ils n’ont que cela pour oublier leur misérable existence. Pour ma part, lorsque je veux quelque chose je finis toujours par l’avoir. La preuve se trouve sous me yeux, en cet instant, dans cette grotte. Pourtant, je n’y suis pour rien. Aujourd’hui je ne la cherchais pas, aujourd’hui j’avais juste un dépôt à faire. Peut-on parler de miracle ? Je n’en sais trop rien, le hasard, pourquoi pas. Un coup de chance ? Cela me parait un peu gros. Bref, je ne sais pas par quel prodige elle se trouve ici, dans mon coffre, jouant avec mes trésors.

Combien de temps ai-je passé à arpenter toutes les mers de ce monde, à fouiller les océans, à visiter chaque recoin des innombrables îles qui nous entoure. Je ne compte même pas les centaines, les milliers mêmes de personnes que j’ai interrogées. Combien de temps s’est écoulé depuis qu’elle a disparu ? Je n’en sais foutre rien. Mais au final, tout cela m’importe peu, tout cela est derrière moi à présent. Mon avenir se tient sur un petit monticule de pièces d’or, jouant avec une couronne telle une enfant.

Je prends le temps de l’observer, d’analyser ses moindres mouvements, ses expressions, tous ses petits détails qui m’ont tant manqués. Je perçois quelque chose de différent en elle. Une certaine excentricité, mais je n’en suis pas sur. Cela dit, je ne suis peut-être pas le mieux placé pour juger de qui est excentrique. Je ne cesse de l’observer, je connais toutes ses mimiques. Son regard taquin, son petit sourire en coin qui me fait tant craquer. Pourtant, je vois bien qu’elle semble légèrement différente. Physiquement elle n’a quasiment pas changé, ou très peu, mais son attitude est totalement différente. Je me fais peut-être des idées, je ne sais plus. Cela fait tant de temps que je l’ai perdu. Peut-être ais-je oublié comment elle était vraiment ?

Je me tourne, donne quelques directives à mes commandants. Ils déposent le contenu du coffre dans un coin de la pièce et ressortent. J’ai besoin d’être seul avec Norui. Ils referment l’immense porte coulissante en granit et nous laissent enfin tranquilles. Lorsque nous voudrons sortir, ils seront toujours derrière la porte. La belle Norui n’a spas bougés. Elle se tient face à moi et m’observe avec de grands yeux ronds. J’esquisse un sourire, le premier depuis bien trop longtemps. Elle fait toujours quelques centimètres de moins que moi, je me baisse don légèrement et lui remets sa couronne sur la tête. Elle est dix fois trop grande et ne tient que positionné sur le côté, d’ailleurs, je me demande qui peut avoir une tête aussi énorme pour porter une couronne de cette taille. Mais bon, elle lui va si bien.


« Ne crains rien, je ne vais pas te la prendre, tu peux la garder »

Pourquoi je lui parle comme cela ? ce n’est pas une enfant, elle sait bien qu’elle peut garder tout ce qu’elle veut qui se trouve dans cette pièce. Nous avons vécu suffisamment longtemps ensemble, alors pourquoi ai-je le sentiment que je ne dois pas me comporter comme avant. Elle est bien la, elle est réelle et pourtant, au fond, quelque chose est différent, mais quoi. Je remarque une bouteille de rhum bien entamée à quelques centimètres d’elle. Au moins, elle n’a pas perdu l’attrait de l’alcool. Je ramasse la bouteille et en vide quelques gorgées rapidement. Finalement, je m’assois sur un tas de pièces dorées qui me semble assez résistant et l’invite à faire de même. Il va falloir que nous parlions, que nous abordions rapidement les sujets délicats. Il faut que je sache ce qu’elle a fait pendant tout ce temps, ce qu’elle est devenue après sa disparition, pourquoi elle a disparu. J’ai entendu diverses rumeurs disant que certains anges pouvaient être déchus. Cela dit, en copinant avec un démon, il fallait s’en douter. Mais bon, je ne me fis pas aux rumeurs, je veux connaitre sa version. Il faut également que je sache si elle se trouve toujours en possession du violon qu’elle maitrisait si bien. Il faut que je sache également si elle va reprendre la route avec moi, qui sait qui elle a pu rencontrer, peut-être s’est-elle liée d’amitié avec quelqu’un. Bref, trop de questions à poser, trop d’incertitudes et de supposition. Je dois l’interroger, mais ne pas l’effrayer. Il ne faut surtout pas la brusquer, et surtout, tenir compte de ses différences. Car elle me semble changée. Non pas que se soit quelque chose de mal, mais il faut que fasse attention, je ne sais pas comment elle peut réagir, elle n’a peut-être plus le même caractère.

Il faut que je me lance, que je la questionne, mais devant elle j’éprouve quelques craintes. Moi j’ai des craintes ! On aura vraiment tout vu, je vous le dis. Je prends une poignée de pièces que je fais tomber lentement, écoutant leur doux tintement pendant que je réfléchis. Je crois que j’ai trouvé comment aborder la situation. Je me bénis d’avoir voulu rester seul avec elle. Que diraient mes commandants s’ils me voyaient avec de tels doutes en ce moment. Je risquerais de perdre toute crédibilité. La dernière pièce touche le sol. Le compte à rebours est terminé. Dante, tu dois te lancer.


« Norui…Tu sais que je t’ai cherché partout…Où te trouvais-tu pendant tout ce temps ? »

On commence simplement. Il ne faut pas tergiverser, il faut aller droit au but. Pas de détour, pas d’agression non plus. Je dois choisir mes paroles avec le plus grand soin afin de ne pas la brusquer, ne pas l’effrayer. Pendant un instant je m’égare dans mes souvenirs, nos souvenirs. Je la revois jouant du violon magnifiquement bien, enchantant tout mon équipage. Ce que j’aimerais que tout reprenne comme avant. J’aimerais qu’à la fin de notre entretien, elle me dise que oui, elle possède toujours le violon, et que oui, elle repart sur les mers en ma compagnie. Pourtant, j’ai peur. Aussi improbable que cela puisse paraitre, je perds tous mes moyens devant cette magnifique femme aux cheveux nacrés.

Ah il est beau le Dante que tout monde craint. Celui qui a conquis les océans, le démon qui possède le plus grand équipage connu, celui qui dirige plus d’un millier d‘hommes, pers tous ses moyens devant une femme toute menue qui porte une couronne bien trop grande pour sa jolie frimousse. Pourtant, je me ressaisis. Je ne sais pas si elle m’a répondu, en fait je crois que j’ai pensé à tout cela bien trop rapidement, je perds la notion du temps en ce moment.


« Tu m’as manqué… »

Oups. Cela m’a échappé. Il est peut-être trop tôt pour lui avouer cela. Si elle prenait peur, si elle me prenait pour un fou j’aurais l’air malin. Je ne rajoute rien, je récupère quelques pièces et les faits glisser entre mes doigts, fixant le sol jonché de divers joyaux et pierres précieuses en tout genre. Oui, il vaut mieux que je me taise tant qu’elle ne m’aura pas répondu. Si je lui pose trop de questions, je risquerais de la brusquer. Ce n’est pas ce que je veux . Je l’ai enfin retrouvée, ce n’est pas pour la perdre à nouveau. D’ailleurs, je ne compte plus jamais la perdre.

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Norui Minai
~¤Luciole egarée¤~

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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyJeu 07 Juil 2011, 15:26

Une, deux, trois gorgées… Norui le fixait avec des yeux ronds, mi-fascinée mi-effrayée, s’attendant à le voir s’embraser d’un instant à l’autre. Quatre, cinq… Woah ! Et toujours pas de combustion instantanée ? Qui pouvait bien contenir autant de brasiers ? Quoi qu’il en soit, ce tour de force mettait Norui dans de bonnes dispositions, elle semblait hypnotisée par ce dompteur de feu, comme un papillon autour d’une flamme. Ainsi, totalement captivée, elle vint s’assoir bien sagement, oubliant totalement l’inexplicable crainte qu’elle avait ressenti tout d’abord. Son regard émerveillé ne le quittait pas, et sous son crane hérissait d’épis, un tas de questions se heurtaient les unes aux autres. Pouvait-il cracher du feu ? Etait-ce un dragon ? Mais oui, bien sur ! Il y avait une grotte, il y avait un trésor, il y avait un dragon ! Logique. Ses yeux se plissèrent, vaguement méfiante. Pas de serres, pas d’écailles, pas de grandes ailes pourtant. Bizarre, lui aurait-on menti ? Quoi qu’il en soit, même pour le Soleil, c’était un honneur de rencontrer un être aussi légendaire. Bah, il n’avait sans doute pas pu résister à l’envie de la connaître, c’était tout naturel. Elle esquissa un sourire radieux, son moyen de faire savoir à ce dragon qu’elle aussi, elle était ravie de faire sa connaissance.

Assise en tailleur, machinalement, elle ramena l’étui du violon entre ses jambes comme on ferait avec un petit animal, et sans même y penser, sa main amie effleurait déjà le cuir râpé, faisant tinter les systèmes de fermeture ou jouant avec la lanière, les attaches où quelques guirlandes de perles avaient été nouées. Sa présence était rassurante, sûre, c’était l’élément le plus tangible au monde, et aussi loin qu’elle se souvenait vraiment, elle l’avait eu à ses côtés, vieux compagnon, un hybride, mi-violon de bois, mi-sacoche de cuir, espèce de poupées russes dont elle aimait autant le contenu que le contenant.
Les pièces d’or hoquetèrent une à une en touchant le sol. La jeune femme s’immobilisa, parcourue d’un frisson, avant de fermer les yeux en rigolant. Cette musique ! Elle l’avait toujours adoré. Une rivière d’or qui s’écoule, lumineuse tant dans l’œil que dans l’oreille. L’une après l’autre, les notes s’égrènent, il n’y a pas que la pièce qui tombe qui chante, mais ses jumelles sur lesquelles elle atterrit également, et la suivante qui essaie de la rattraper, qui dégringole sur le petit monticule, et s’immobilise enfin.
Comme en réponse, elle glissa un doigt le long des bracelets de ses chevilles, qui vibrèrent un instant, avant de s’arrêter, polis, pour laisser le dragon parler et Norui lui répondre.


« Oh oui, ce fut une longue partie de cache-cache ! J’étais trop bien cachetée pour toi ! Mais tu as quand même gagné la partie maintenant, tu m’as trouvée. La prochaine fois, ce s’ra mon tour de te chercherais ! Sûr que je trouverais vite ta cachette, jsuis très forte à ce jeu tu sais ? »

Elle avait eu un grand sourire fanfaron en débitant sa tirade. Son accent étrange, ses fautes de syntaxe et son débit, trop rapide, rendait son babillage adorable, mais assez incompréhensible. Elle ne semblait pas en avoir conscience, trop sûre d’elle pour se remettre en question une seule seconde, trop insouciante pour connaître la notion de doute.

« C’était rilogo... riglo… roh ! C’était rilgolo ! Faudra vraiment qu’on refasse ! »

Sa petite mine s’était froissée quand elle avait trébuché sur les mots, sa bouche refusant promptement d’obéir. Au même instant, l’estomac de Norui gargouilla bruyamment. Bien sûr, c’était sans doute pour cela que ses lèvres, sa langue et son palais gourmand protestaient et se mettaient en grève ! Ils réclamaient quelque chose à dévorer, ou sinon, ils refuseraient toute coopération avec les pensées de Norui, l’empêchant de se faire comprendre (déjà qu’en temps normal c’est pas gagné…). Elle soupira, pas moyen de négocier avec le trou sans fond qui constituait son estomac, elle ne gagnait jamais. Mais après tout, c’était normal, elle avait passé trop de temps dans sa cachette, et si tout les rêves de nourriture qu’elle avait formulé avaient pu suffire à contenter son imagination, il n’en allait pas de même avec son corps. Ses petites mains habiles entreprirent de fouiller les poches extérieures de l’étui lorsque le dragon parla à nouveau, une phrase que la déchue ne comprit pas vraiment. Tandis que ses doigts s’affairaient toujours, indépendantes, elle releva la tête vers lui, les yeux rieurs mais les sourcils dénonçant son incompréhension.

« Oh, c’est plus toi qui m’a manquée, jsuis sûre tu es passé plusieurs fois à côté de ma cachette avant de me trouver ! »

Elle eut un petit rire satisfait, convaincue d’avoir finalement bien interprété ses paroles, et d’y avoir bien répondu. Enfin, ses doigts de poupée se refermèrent sur le trésor qu’elle recherchait et elle extirpa quelques bais d’un rouge tirant sur le violet. Certaines étaient légèrement écrasées, le voyage n’avait pas dû leur réussir. Elle les observa, désolée de ne pas avoir un festin plus conséquent et présentable, avant de tendre sa main vers le dragon, lui offrant de bon cœur son butin s’il le voulait.

« Tiens, sinon ton estomac va faire la grève à toi aussi. »

Elle lui souriait avec franchise, mais espérant tout de même qu’il lui en laisserait deux ou trois pour apaiser la colère des grévistes. Puis de nouvelles interrogations vinrent masquer son sourire, voilà qu’elle recommençait à partir dans ses questions sans fin, mais cette fois-ci, elle le fit à voix haute, sans même s’en rendre compte.

« Mais pour de fait, ça mange des fruits les dragons ? Je croyais que ça mange que des aventuriers et des nains… Bah, les nains, ça doit donner pleins de sssseveux sssur la langue, avec leurs barbes… Dis, ça a quel goût, un nain ? »


[Voilà voilà, c'est pas très long, mais j'ai preferé ne pas trop trop avancer, et te laisser mener le dialogue, pour que ça se tienne Smile Tu me diras si ça te va.]

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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyMar 19 Juil 2011, 17:38

Sous mes yeux se joue une étrange comédie. J’ai en face de moi la femme la plus parfaite qu’il puisse exister, et pourtant, ce n’est plus celle que j’ai connue. Je ne sais pas combien de temps elle m’a été enlevée, mais visiblement elle a subi quelques changements. Sont-ce ses fichus êtres supérieurs qui lui ont fait cela ? Je suis quasiment sur qu’ils ont joué un rôle très important afin qu’elle ne me revienne pas. D’où son changement de caractère. A moins qu’elle n’a eu un accident et que son cerveau ait subits quelques séquelles ? Non, je n’en suis pas vraiment sur. Ma théorie sur ces fichus anges est bien plus plausible. Ils me l’ont prise pour me nuire et pour la punir, au passage ils m’ont ôté le violon, croyant m’affaiblir sans doute, et malgré cela, alors que nous parvenons à nous retrouver, elle n’est plus elle-même.

Je sens une certaine colère qui parcourt mon corps. Il n’en faudrait pas beaucoup pour que je sorte de mes gongs. Quel être peut faire cela à une personne de sa propre race ? Pourquoi ne pas venir m’affronter directement ? La nouvelle Norui me laisse perplexe. Je ne sais que faire d’elle. Je ne peux pas la laisser ici, toute seule. Mais si je la ramène à bord de mon navire, cela risque de créer quelques problèmes. Choix épineux, je dois me fier à mon instinct. Cet instinct qui m’a toujours poussé à vouloir la retrouver. Ce n’est certainement pas pour la laisser filer. Je vais devoir la convaincre de faire route avec moi sur mon navire. Mais elle semble avoir une âme d’enfant. Comment la convaincre ? Déjà qu’elle semble me prendre pour un dragon !

Et puis…Est-ce vraiment une enfant coincée dans un corps de jeune femme, ou alors y’a-t-il un moyen de faire ressortir la Norui originelle ? Quoi qu’il en soit, je vais devoir travailler sur ce point. Il va falloir que je fasse preuve de patience et que j’apprenne à la connaitre à nouveau. Elle aussi d’ailleurs, cela risque d’être une tâche ardue dans les premiers temps. Mais le jeu en vaut la chandelle. Elle mérite tous les efforts possibles. Nous le méritons tous les deux. Ne serait-ce que pour notre passé commun, notre histoire, ce lien que même les anges et leurs stratagèmes vicieux n’ont pas réussi a nous ôter.

Sa petite voix fluette au débit très rapide me tire de mes réflexions. J’esquisse un sourire, elle est touchante, adorable, attirante. Si je me laissais aller, je ferais les quelques pas qui nous séparent et je le prendrais dans mes bras. Mais elle ne comprendrait pas un tel geste. Son esprit semble trop embrouillé, je dois rentrer dans son jeu, jouer cette petite comédie inoffensive qui va nous permettre de mieux faire connaissance, de renouer ces liens qui sont enfouis au plus profond d’elle-même.


« Merci beaucoup, ces baies m’ont l’air délicieuses. »

Je croque deux ou trois de ces petites billes violacées et laisse le reste pour Norui. Je n’ai pas très faim, j’en ai pris pour lui faire plaisir. Il faut toujours accepter les cadeaux que font les enfants, enfin, je crois, je ne suis pas un expert à ce sujet là. Il faut dire que cela n’a jamais été ma préoccupation première. J’ai toute la vie devant moi et une multitude de problèmes avant de penser à avoir des enfants. La première Norui aurait faire une mère parfaite. D'ailleurs, je pense que si nous avions eu un enfant, elle aurait été exactement comme la nouvelle Norui. Belle, intelligente, gentille, espiègle…

D'ailleurs, cela est légèrement déstabilisant de voir que d’une femme, je suis passé à une enfant. Il y a quelque chose de malsain là-dedans. Non vraiment, on traite toujours les démons comme des êtres machiavéliques et pervers, mais les anges ne valent pas guère mieux. Oser enfermer une âme d’enfant dans un corps de femme sans lui demander son avis. Non vraiment, je crois que les anges sont bien loin d’être la race au dessus des autres, contrairement à ce qu’ils ont l’air de penser. Mais pour l’heure, je préfère ne pas penser à ce qu’ils ont osé faire à un être aussi doux que Norui. Il vaut mieux que je garde ma rancune et mon amertume enfouies en moi. Les anges paieront le moment venu. Je dois me concentrer sur l’instant présent, sur nos retrouvailles inespérées.


« Des nains ? Rho, tu n’y penses pas voyons, ces petites bêtes ne sont pas comestibles ! Quelle drôle d’idée tu as là ? »

Je lui dit cela en riant a moitié. Sa naïveté m’amuse, elle semble si insouciante que je me sens presque coupable de devoir lui proposer de quitter cet endroit pour venir avec moi affronter les divers dangers qui nous entourent. Cela dit, je ne peux la laisser seule, de mauvaises personnes pourraient la manipuler à leur guise.

« Désolé de te décevoir, mais je ne suis pas un dragon. Tu trouves que j’y ressemble ? »

Je me décide finalement à me rapprocher d’elle pour lui murmurer quelques mots supplémentaires.

« Ne le répète pas, mais en réalité, les dragons sont de grands froussards qui ne quittent jamais leurs cavernes »

Je m’écarte aussitôt, me relève d’un bond et fait quelques pas dans la pièce, allant d’un monticule de pièces d’or a un monticule de joyaux, jouant avec un rubis ou un diamant avant de me laisser glisser sur l’un deux et faire s’effondrer le tout sous le regard médusé de la jeune femme.

« Je suis bien mieux qu’un dragon. Je vais te dire pourquoi. D'abord, je ne mange pas les jeunes filles, ni les nains, ensuite, je suis plus fort que les dragons, et en plus, j’ai un très grand bateau pour aller où je veux. »

Une petite gestuelle avec mes bras a accompagné ces quelques mots, extravagance quand tu nous tiens …Oui, mais pour une fois, j’ai une bonne raison den faire trop ? En fait, j’ai deux bonnes raisons. La première, est évidente, je dois donner envie à la jolie Norui de grimper à bord de mon navire et de parcourir les mers en ma compagnie. La deuxième raison, vous auriez dû la trouver tout seul. Si je fais preuve d’extravagance, et bien, c’est tout simplement parce que j’adore ça, voyons !

Je me lève à nouveau, oui, j’ai beaucoup de mal à rester en place. J’aime occuper les espaces, que voulez-vous, c’est ma touche personnelle comme on dit. J’attrape ma canne et la fait tourner en tout sens, (le premier qui dit comme une majorette risque d’énormes souffrances) d’une main a l’autre alors que je reprends a nouveau la parole.


« En plus, tu sais quoi, je suis le capitaine, le chef si tu préfères. Donc, je peux aller ou je veux et quand je veux. Ça te dirait de venir avec moi ? On découvrirait des tas de choses magnifiques tous les deux ! »

Je pense avoir bien géré la situation. Ce n’est pas évident pour un démon froid comme moi, de se comporter comme si tout le passionnait, et surtout de parler a un enfant. Même si je sais qu’elle n’est pas une enfant, son corps me le rappelle à chaque instant, elle a cette naïveté enfantine qui vous force à vous adapter. Lorsque l’on parle à Norui, c’est à nous de nous adapter. Cela dit, je crois que cela n’a jamais été très différent, même à l’époque où elle était elle-même.

« Alors moussaillon que décides-tu ? Une petite virée en mer, ça t’intéresse ? »

Je penche la tête sur le côté et observe cette magnifique jeune femme. Je pense avoir mis tout en œuvre pour qu’elle accepte, après, je ne peux jamais être vraiment sur, mais je me suis comporté comme on le ferait pour appâter un enfant de cinq ans. Certains diraient que c’est mal, mais dans le cas présent, ça ne l’est pas. Bien au contraire, j’ai besoin d’elle, mon équipage a besoin d’elle, ma flotte entière se calme par sa seule présence. Norui est indissociable de l’équipage de Dante. Elle apporte cette stabilité dont tout démon a besoin s’il ne veut pas mal finir.

[Ne t'en fais pas, c'était parfait Wink ]
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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyVen 22 Juil 2011, 23:48

Norui le regardait soigneusement tandis qu’il se servait dans les baies qu’elle lui tendait. C’était une épreuve du feu, le meilleur moyen de connaître la tournure que prendrait leur relation, de savoir s’ils pourraient réellement s’entendre. Malgré toute sa bonne volonté et une âme honnêtement généreuse, elle n’aurait pas pu devenir amie avec un Dragon qui aurait mangé toutes ses baies. Physiquement impossible. Si son esprit bienveillant et désintéressé aurait largement accepté ce sacrifice, son corps, égoïste lui, aurait protesté de toute sa force, provocant sans doute crampes, fourmis dans les jambes et démangeaisons pour affirmer son désaccord total. Mais la créature légendaire remporta ce défi haut la main en ne grappillant que quelques fruits. La jeune fille eut un franc sourire, pleinement satisfaite. Elle referma sa petite paume sur les baies restantes, bascula la tête en arrière et les laissa tomber entre ses lèvres entrouvertes, toutes d’un coup. Les petites billes rouges éclatèrent sous les dents qui les pressaient, déversant leur précieux jus. Les mâchoires de la déchue se crispèrent sous l’acidité de certains fruits, moins mûrs que les autres ; ses yeux se plissèrent. C’était là tout le plaisir, ce goût électrique qui venait hérisser son corps jusqu’à ce qu’elle s’abandonne. Son estomac n’était certes pas satisfait par une offrande aussi frugale, mais elle n’y prêta pas garde, déjà, son attention toute entière revenait sur les paroles du Dragon.
Ainsi, les nains ne se mangeaient pas ?! Norui n’en revenait pas, tout ce qu’elle avait toujours cru était donc faux ! Il fallait vraiment qu’elle profite de cette rencontre pour mettre ses informations à jour. Hum… A bien y réfléchir, c’était plutôt logique, quel goût pouvait bien avoir une créature qui avait passé toute sa vie sous terre, sans voir le Soleil ? Pourtant, les pommes de terre vivaient bien sous terre elles aussi ! Et les carottes ! Et les ostra ! Hum, bizarre. M’enfin il y avait d’autres choses sous terre que l’on ne mangeait pas. Les vers de terre. Les taupes ? Est-ce que quelqu’un avait déjà essayé de goûter une taupe, pour voir ? Norui finit donc par accepter le fait que les nains ne soient pas comestibles, mais elle restait tout de même confuse, ne trouvant pas de réelle logique dans cette information.

Mais déjà, une nouvelle découverte en poussa une autre. Pas un dragon ? Cette idée la laissa sans voix, dans l’incompréhension totale, un peu déçue également. Elle qui se faisait une joie de cette rencontre, s’imaginant déjà entrain de raconter à qui voudrait bien l’entendre comment elle avait discuté avec un Dragon, fort aimable soit dit au passage. Elle se rembrunit un peu, comme un enfant à qui l’on vient de révéler que le père noël n’existe pas. Elle tentait de se montrer brave, de faire celle qui n’est pas touchée par la nouvelle, la grande, la presque adulte. Mais elle n’était décidemment pas prête à ce qu’on remette en question tout ce qu’elle croyait. Un peu plus et elle aurait commencé à se boucher les oreilles en criant « LALALALALA je entendre pas ! ». Mais non, elle se mordilla juste la lèvre inférieure, en signe de profonde confusion. Elle balbutia, comme prise en faute.


« Mais c’est que t’as avalé l’eau-qui-brule là ! Comme c’est possible si t’es pas un Dragon ? Moi j’papu ! Mais t’es quoi alors ?!»

Norui suivit du regard ce mystère ambulant, le regardant virevolter dans ce qui était il y a encore peu son terrain de jeu à elle. Alors qu’elle était toujours assise en tailleur, il lui semblait tellement immense ! Un géant ? Pas possible, ça a des barbes, les géants. Mais la révélation arriva enfin, interrompant toute nouvelle hypothèse. Et décidemment, ce personnage là était plein de surprises ! La réalité était mieux que tout ce qu’elle aurait pu imaginer, même mieux que du sirop d’egrat et de la mousse de lavande ! Il avait un bateau !

« OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOHHHHHHHHHH! Cépavrécépavrécépavrécépavrééééééé !!! »

Le cri de surprise et d’émerveillement était sorti, fougueux et incontrôlable, caracolant sur les murs de la caverne, et il se prolongea jusqu’à ce qu’elle fut forcée de reprendre son souffle. L’étrange petit oiseau lunaire s’était relevé d’un bond, trépignant sur place. Trop de choses se précipitaient sur le bord de ses lèvres, trop de questions à poser, trop d’exclamations, trop de vieilles histoires, ses précieux souvenirs de quand elle aussi, elle avait un bateau. Tout cela créait un fameux embouteillage qu’il fallait réguler avant d’espérer pouvoir articuler la moindre phrase. Ses petits pieds nus frappaient le sol avec frénésie, véritable séisme sur la mer de piécettes. Tout son corps s’agitait, et la voila qui applaudissait, qui tournait sur elle-même, rigolant sans retenue, ses bracelets et tout son bric-à-brac se joignant à elle dans un joyeux tintamarre. Même la petite clochette dorée, qui était fièrement agrippée à la fine tresse qui ressortait du reste de la chevelure, s’était prise au jeu, retombant dans la nuque de la déchue, frappant ses épaules nues avec entrain. On aurait dit le réveil d’un homme-orchestre, tout le corps de Norui semblait faire de la musique.
La petite ne lâchait pas des yeux la canne qui tournait, butait et repartait en sens inverse. Elle était comme hypnotisée par ce ballet, mais malgré la fixité de ses pupilles, tout le reste de son corps se maintenait dans un état de perpétuelle ébullition. Mais ce spectacle entêtant lui permettait tout de même de garder une certaine attention sur Dante, sans quoi, elle n’aurait sans doute jamais entendu les phrases suivantes, trop occupée à s’esclaffer et à virevolter encore.

Capitaine ? Venir avec lui ? Alors là, il venait carrément de dire les mots magiques ! Les yeux incandescents de la jeune femme s’écarquillèrent un peu plus, quand bien-même ils semblaient déjà être à leur maximum.


« OuiOuiOui ! On part quand ?! Dis, t’es un pirate ? Dis que t’es un pirate ! »

Réalisant soudain qu’elle venait peut-être de trouver son sésame pour retrouver sa vie d’avant, elle s’immobilisa brutalement, comme choquée par cette possibilité.

« Moi aussi j’avais un bateau… »

Elle qui avait harcelé à peu près tout les passants qu’elle avait croisés au cours de ses tribulations, demandant au moindre propriétaire de barque s’il était un pirate, elle restait pétrifiée devant la facilité avec laquelle la situation semblait se régler, finalement. Elle n’avait pas eu à demander, à fouiner, on lui offrait un Capitaine de navire sur un plateau d’argent, on l’avait envoyé juste pour elle, exprès. Mais au final, c’était plutôt logique. Elle était le Soleil, et le monde entier tournait autour d’elle. Le monde entier voulait la voire heureuse, souriante, rayonnante, éclaboussant de sa lumière tout ce qui l’entourait. L’univers se pliait pour servir ses envies, il lui fallait juste un peu de temps, parfois. Réalisant à peine, elle commença à rêvasser, se perdant comme si souvent dans sa mémoire factice, comme pour revoir tout ce qu’elle était sur le point de retrouver. Sa voix était chantante mais douce, pleine de vibrations et de couleurs passées.

« Et j’étais Capitaine, tout pareil que toi. Une fois même qu’on a été jusqu’à l’îlot aux singes ! Et puis on avait peur de rien, être sur mon bateau, c’était comme avoir une armure, tout mes hommes étaient courageux et fiers de faire partie de mon équipage. C’était bien…
Et puis le mat, il était tellement beau ! C’était un grand arbre, un saule-qui-pleure je crois. On n’avait pas besoin de hisser notre pavillon, c’était lui, notre drapeau, notre étendard, avec ses grandes feuilles presque bleues et puis tous les oiseaux qui tourbillonnaient autour ! Les matelots dormaient, le dos contre son tronc puissant, et il y avait toujours des fruits dans ses branches. Les racines se perdaient dans la cale, le long de la coque, et parfois, on se prenait les pieds dedans, sur le pont, mais sinon, ça allait. On avait jamais le mal du pays grâce à lui.
Oh, et il y avait toujours de la musique, lalala lala…aaaaaallongééée dans les touuuurnesooleuuuh… la vie m’étioooole mais daaaaaaaans mes rêêêves je danseuuuh je voleuuuuh… et j’oublie que je suis… »


Norui fredonna encore un moment, comme cherchant à se souvenir d’une vieille chanson qu’elle aurait adorée dans son enfance, puis elle s’arrêta brutalement. Malgré les absurdités de son discours, quelque chose dans son ton était différent, comme si ce n’était pas tout à fait elle qui parlait. L’accent était toujours présent, mais plus sobre, plus effacé, et le rythme quant à lui était serein, les phrases prenaient leur temps, ce qui ne ressemblait guère au phrasé de Norui d’ordinaire, plus virulent qu’un torrent de montagne après l’hiver. Même la construction des phrases semblaient correcte, délestée des habituelles fautes intempestives de la bohémienne.
Elle secoua soudainement sa jolie frimousse, comme pour se remettre les idées en place, et à nouveau, une immense joie vint chasser les derniers restes de sa rêverie. Elle se précipita vers son nouveau meilleur ami, se pressant contre lui, montée sur la pointe de ses petits pieds nues et venant agripper un pan de sa veste, tirant dessus comme une gamine capricieuse tout en levant son visage suppliant vers lui.


« Oh diiiis, on y va ?! »

A peine avait-elle fini de formuler sa réclamation que déjà, elle se précipitait vers le lourd bloc de pierre qui bouchait l’entrée, la tapotant énergiquement de ses paumes. Malgré les chocs répétés, le bruit était ridicule, et ça faisait un peu mal, aussi entreprit-elle de claironner.

« Ouhouuuuuh, on veut sortiiiiir ! On va au batooooOOHHOooH ! »
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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyJeu 28 Juil 2011, 18:40


Pendant de longs instants, je la regarde s’agiter en tout sens, parler à tout-va. Elle boit mes paroles sans l’ombre d’une quelconque méfiance. C’est mignon et inquiétant a la fois. Elle a de la chance d’être tombée sur moi. Allez savoir ce que certaines personnes mal intentionnées auraient exigé d’elle. C’est étonnant qu’avec une telle naïveté il ne lui soit rien arrivé de mal pendant sa longue absence. Je sais que dès a présent, mon rôle consiste a veiller sur elle, je ne peux en aucun cas la laisser errer seule dans ce vaste monde. Je crois que s’il lui arrivait quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais.

J’esquisse un sourire lorsque je l’entends me dire qu’elle se souvient avoir été capitaine sur un bateau. Elle parle sans aucune faute d’ailleurs. Cela me surprend, elle qui, depuis tout à l'heure parle comme une enfant, ne commet ici aucune faute de syntaxe. Son discours par contre n’a ni queue ni tête. Mon sourire s’estompe quelque peu. Je me rends compte que même si je l’ai retrouvée, même si une part de l’ancienne Norui erre quelque part dans son corps, je l’ai tout de même perdu. Soit elle parle comme une gamine, avec tellement de précipitation qu’il faut être très attentif pour tout comprendre, soit, comme là, alors qu’elle semble se souvenir avoir vécu à bord d’un navire, son esprit divague dans un imaginaire digne des plus grands contes de fées.

Je sais que lorsque cette porte sera ouverte, je vais devoir apprendre à vivre avec elle. Tout réapprendre. La tache ne risque pas d’être simple. Je vais également devoir veiller à ce que mon équipage la respecte autant que moi. Je pense que cela sera le cas, mais tout de même, il faudra que je prenne garde dans les premiers temps. Et puis, il va falloir que j’affronte Crystella… Je n’ai pas hâte d’y être. Si elle sait que Norui est à nouveau à bord, je peux m’attendre à voir débarquer son bateau dans les prochains jours. Sa folie risque de faire surface. Elle s’était plus ou moins calmée depuis la disparition de Norui, enfin, surtout depuis que nous avions fini par nous rapprocher.

Quelques frissons me parcourent le corps. L’idée de cette rencontre me donne envie de ne surtout pas ouvrir cette immense porte de granit. Je vais devoir veiller à ce qu’elle ne fasse rien à Norui. Surtout lorsqu’elle aura remarqué sa différence. Je ne veux pas que toute cette histoire vire au mélodrame. Je comprends Crystella. Elle a longtemps cru que nos coucheries nous mèneraient à une belle union. Mais c’était sans compter sur l’apparition de mon ange. Je me souviens ensuite de son départ, de ses crises de folies. Pourtant, j'ai réussi à la retrouver et à la persuader de me rejoindre et d’avoir sa propre division. Elle n’aurait jamais pu cohabiter avec Norui de toutes les manières.

Puis, il y a eu la disparition soudaine de ma bien-aimée et par ricochet le retour en fanfare de la jolie rousse. Et même si mes recherches se tournaient toujours vers mon ange, je ne peux cacher que ces derniers mois, un certain renoncement s’était instauré. De fait, Crystella et moi-même nous étions rapprochés, redevenant les amants d’autre fois. Pourtant, elle savait que mon cœur ne lui était pas destiné, mais elle s’en contentait. Je crains le pire a présent. L’histoire va se répéter. Elle sait qu’en compagnie de Norui, il n’y a qu’elle qui compte. Je ne peux pas me diviser pour deux femmes. Mon cœur vibre pour Norui, et ce, quelque soit son apparence ou son âge mental. Je suis lié à elle pour toujours.

C’est peut-être cela que je devrais dire à Crystella. Lui expliquer une bonne fois pour toute. Mais je redoute sa réaction. Je sais qu’elle est incontrôlable. Si son double apparait, elle pourrait bien créer un vrai cataclysme à elle toute seule. Je vais devoir jongler entre ces deux femmes aux réactions différentes et essayer de faire en sorte que personne ne souffre, quitte à souffrir à leur place.

Je jette un œil à la jolie jeune femme aux cheveux blancs qui tambourine inutilement contre l’épaisse masse de granit. Visiblement, elle a l’air très motivé à l’idée de rejoindre mon navire. Je n’aurais pas crû qu’il serait si simple de la convaincre. En fait je n’ai pas eu d’effort particulier à fournir, le simple fait d’être capitaine a suffi à la convaincre. Tant mieux cela m’arrange, il vaut mieux que cela vienne d’elle, je n’aurais pas aimé avoir à la forcer. D'ailleurs, je ne sais pas si j’en aurais été capable.

Je prends sa main et lui fait signe de ne pas continuer. Elle pourrait se faire mal inutilement. Je vais me charger de l’ouverture de la porte. Je pose ensuite ma main contre l’immense porte et me prépare a envoyer une vague puissante, mais la porte se met a coulisser avant que je n’ai eu le temps de faire quoi que se soit. Je m’écarte, entrainant Norui avec moi, attendant de voir qui ouvre cette porte sans mon autorisation. Devant moi, se tiennent Derek et Sytry, deux de mes commandants. Je m’apprête à leur demander ce qui ne va pas, mais Derek prend déjà la parole, jetant quelques coups d’œil interrogateurs envers Norui.


« Dante, on a un problème. Un navire inconnu vient d’apparaitre et se dirige vers nous à grande vitesse. Ils ont commencé à faire feu en direction de la crique. Ils ont l’air d’être assez nombreux, une dizaine de canots se dirigent vers nous. Nous sommes venus te prévenir le plus vite possible »

« Vous avez bien fait, mais y’a-t-il des blessés ? Comment vont les gens sur la plage ? Ce navire en question, quel est son pavillon ? »

« Il y a quelques blessés, mais Khalos s’en occupe déjà. Et le navire ne porte aucun pavillon. »

« D’accord. Donc, soit nous avons à faire a de vulgaires bandits qui croient s’attaquer aux elfes marins qui vivent ici, soit a quelqu’un qui sait que l’on se trouve ici. Mais je ne vois pas qui serait assez fou pour nous attaquer, mis à part la Marine. Mais eux ne seraient pas venus avec un seul navire… Sortons, il faut éviter qu’ils soient trop nombreux à accoster. »

Alors qu’ils partent devant, je me tourne vers Norui et la fixe longuement. Peut-être en ont-ils après elle ? Peut-être souhaitent-ils utiliser son violon ? La coïncidence me parait grande, mais je ne peux écarter une telle éventualité. Avant toute chose, je dois la prévenir de ce qu’il se passe et lui faire comprendre le danger qu’elle encourt à l’extérieur.

« Nous allons sortir, mais il faut faire attention. De méchantes personnes nous attendent, il risque d’y avoir une grosse bagarre lorsque nous serons sur la plage. Mais ne t’inquiète pas, je te protège. Je te demande juste de rester à mes côtés. D’accord ? Allez, suis-moi. »

La jolie femme aux cheveux blancs a mes côtés, nous parcourrons rapidement les galeries souterraines peu hospitalières. Nous ne prenons pas le temps de détailler les différentes alcôves qui semblent riches d’histoire. Ici bon nombre d’elfes marins s’y trouvent entreposés. Des guerriers disparus au combat sans doute.

En quelques minutes seulement nous arrivons sur la plage. Quelques petites embarcations ont finalement réussi à arriver. Mes hommes les combattent tout en veillant a ce qu’aucun elfe ne soit blessé. Ce n’est pas que nous soyons spécialement de grands défenseurs de cette peuplade, mais avec les elfes marins nous avons un point commun qui nous unis, nous avons cette même passion pour l’océan, ce même sens de l’honneur que tout marin quel qu’il soit devrait avoir.

Je parcours la foule du regard. Khalos se tient en retrait, il se sert de son arbre de vie pour guérir immédiatement ceux qui sont blessés au combat. Sur ma droite se tient Sytry. Avec son épée il fend les airs et les ennemis à grande vitesse, a lui seul il parvient a éliminer une bonne partie de nos assaillants. Derek se tient en première ligne. Il lance au loin des éclairs de givre qui bloquent peu à peu chaque petite embarcation. Norui est toujours scotché à moi. Je ne sais pas si elle a peur ou si elle se contente d’écouter mes ordres, mais je suis rassuré de voir qu’elle ne court pas partout. Elle a beau avoir l’âme d’une enfant, elle semble comprendre la gravité de l’instant et par conséquent, m’écoute attentivement.


« Tu vas bien ? N’aie pas peur. Ils ne te toucheront même pas tant que je serais là. »

Je passe une main dans ses superbes cheveux blancs et lui adresse un large sourire avant d’appeler Derek et Sytry pour qu’ils me rejoignent. Une fois à mes côtés, je leur donne mes directives pour la suite des événements.

« Bon les gars, il va falloir en finir et vite. On ne sait pas qui ils sont et ce qu’ils nous veulent. Peut-être même qu’ils ne s’attendaient pas à nous trouver là. Mais tant pis pour eux. Je propose que l’on fasse un tir groupé. Je vais m’occuper d’encercler leur navire avec d’immenses vagues. Lorsque je recouvrirais la totalité du bateau, toi tu congèleras le tout. Je veux que tout le monde sur le bateau soit congelé. Ensuite Sytry tu me trancheras tout ça afin qu’il n’en reste plus rien. »

Mes deux commandants acquiescent et partent se mettre en position, lorsqu’ils seront prêts, ils me feront, un signe. Je me tourne à nouveau vers ma douce protégée afin de la rassurer encore une fois.

« Ce sera bientôt terminé. Je vais m’en occuper personnellement. Tu me fais confiance ?»

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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptySam 17 Sep 2011, 18:52

Norui tenait du papillon, les antennes en moins. Outre ses jupons aussi bariolés que certains de ces insectes, elle faisait partie de ces quelques personnes incapables de tenir en place, sautillant de partout, portant leur attention là où leur regard se pose, toujours à aller et venir, changeant d’avis en permanence, ébahis par une fourmi avant de l’oublier totalement l’instant d’après. Pire qu’une balle rebondissante. Ainsi, si ces fines jambes blanches avaient du mal à suivre la cadence quasi militaire de l’ex-dragon-nouveau-capitaine-pirate dans les tunnels troglodytes, ce n’était pas par manque d’endurance ou de rapidité. Elle n’était simplement pas habituée à cette notion abstraite de nécessité ou de but à atteindre, et marcher de manière aussi décidée, pour aller à un endroit précis, voilà qui était bien trop nouveau pour elle.
C’est donc malgré toute sa bonne volonté et son excitation à l’idée de rejoindre le navire qu’elle ne put s’empêcher de s’émerveiller devant une statut mortuaire ornant une niche et que l’ardeur des torches ramenait à la vie, ou devant le martèlement hasardeux de toutes ses paires de jambes qui avançaient sans se douter de cette oreille attentive étudiant leur rythmique. Mais toujours, la pression délicatement ferme de cette main autour de la sienne la ramenait à la réalité, la tirant doucement en avant, comme le collier d’un chiot vient lui boudiner le cou quand son maître le rappelle à l’ordre. Alors elle se remettait à trotter pour combler son retard, se promettant de rester concentrée pour vite arriver au bateau, avant de finalement tout oublier à nouveau en écoutant le « ploc ploc » d’une goutte d’eau dévalant la roche et s’écrasant dans un lit de lichen.

Si Norui avait eu besoin d’une raison supplémentaire pour suivre l’inconnu au chapeau, sa manière d’ouvrir la lourde porte de pierre aurait suffit. A peine avait-il posé la main sur le roc que celui-ci avait basculé, et c’est l’entière admiration de Norui qui était gagnée dès lors. Il n’avait même pas eu l’air de faire le moindre effort, il avait même paru surpris que ça soit aussi facile. Un homme capable de se faire passer pour un dragon, qui est capitaine d’un bateau, et qui, en plus, sait commander aux cailloux ?! Elle allait pouvoir apprendre pleins de trucs avec lui, c’était certain !

Evidemment, dans la fascination éperdue qu’elle ne cachait guère et que même la curiosité de se trouver face à deux nouveaux individus ne parvint à masquer, son cerveau à moitié enfumé ne put qu’intercepter une version quelque peu dilatée de la conversation qui s’était tenue devant elle à cet instant.


« Dans ton âne un pro blême. »

Norui tenta en vain de trouver une traduction à cette première phrase, passant totalement à côté du reste de la conversation. Son nouveau grand copain avait donc un âne… dans lequel on pouvait mettre des trucs… en l’occurrence un professionnel pâlichon ? Mais un professionnel de quoi d’ailleurs ? La jeune déchue avait beau tourner cette affirmation dans tous les sens, il n’y avait qu’une seule conclusion à tirer : ils venaient de tomber sur deux joyeux drilles un peu dérangés. Mais son compagnon avait l’air habitué à ce genre de raisonnement quelque peu original et il semblait amadouer les deux hurluberlus avec diplomatie, si bien qu’ils finirent par partir devant tandis que l’ex-dragon-nouveau-capitaine-pirate mettait la jeune demoiselle en garde.
Les bagarres, elle connaissait ! Evidemment, elle n’avait jamais donné le moindre coup de poing à personne (et elle aurait été capable de se faire mal en essayant), mais elle en avait vu des affrontements, plus ou moins viriles, plus ou moins impressionnants. La plupart du temps, au premier coup porté, il y avait toujours l’un des opposants qui déclarait forfait en appuyant sur sa mâchoire endolorie ou en tenant son pauvre ventre. Norui aimait bien regarder, déjà, parce que ça faisait des bruits rigolos –spoush ! bam ! crack !-, et puis pour ce frisson inconnu qui venait souffler dans les frisotis de sa nuque, sans qu’elle sache vraiment ce que ça voulait dire.
Il n’y avait donc pas de quoi s’inquiéter, elle serait trop accaparée par le spectacle pour désirer se mêler à ses protagonistes. Et après tout, qui peut prétendre faire du mal au Soleil ? Elle acquiesça donc sagement, comme un adulte accède avec condescendance à la requête d’un enfant quand celle-ci correspond de toute manière à ses intentions.

Après quatre cent soixante trois pas, vingt quatre ploc-ploc de gouttes d’eau et leurs nombreux échos et autant de couinements de divers rongeurs dérangés dans leur sieste, ils débouchèrent à l’air libre. Une brusque rafale de vent leur confirma la nouvelle, faisant se froncer le nez de la jeune déchue. La bourrasque salée emmenait avec elle une violente envie d’éternuer, et Norui eut beau se frotter le nez du plat de la main, rien à faire, le chatouillement désagréable ne semblait pas vouloir être délogé. Ainsi, trop occupée à tordre son petit nez dans tout les sens et à retenir sa respiration tout en suivant le capitaine sans regarder où elle mettait les pieds (et en trébuchant à quelques reprises), elle ne se rendit pas immédiatement compte de l’étrange scène qui se déroulait sur cette plage.
De toute façon, même quand elle releva enfin son museau rougi par les frottements répétés, la bataille qui faisait rage devant elle était inintelligible pour la jeune demoiselle. Entre incompréhension et fascination, elle décida à nouveau d’ignorer la conversation entre son compagnon et les deux illuminés croisés plus tôt. De toute façon, pour ce qu’ils avaient à dire… En réalité, elle ne remarqua leur présence qu’au moment où l’un deux lui gâcha la vue, se plaçant juste devant elle, masquant la conclusion d’un duel acharné. Elle étira son cou pour continuer d’observer le combat par-dessus l’épaule des importuns.

Des bagarres, elle en avait vu, mais ça, c’était autre chose. Les épées et les sabres tournoyaient comme l’avait fait plus tôt la canne du capitaine-dragon. Le baiser du métal contre le métal résonnait comme le son issu d’un triangle assourdissant, celui du métal contre la chair se perdait dans les basses rugueuses des plaies qui s’ouvrent et des os qui s’opposent puis se brisent. Des trainées pourpres zébraient le sable et des corps étendus là se faisaient caméléons, vermeil sur carmin. Norui ne reconnaissait pas cet endroit. Elle avait quitté une crique paisible et qui sentait bon le soleil, s’était engagée dans ses tunnels bizarres et maintenant qu’elle en ressortait, elle se retrouvait dans un lieu méconnaissable. Assurément, ils n’avaient pas dû ressortir du bon côté, le bout de rivage flemmard était sans doute resté quelque part à l'opposé de ces grottes. Mais ce n’était pas grave, cette agitation soudaine n’était pas pour lui déplaire, elle était consciente que quelque chose de grandiose prenait place sous ses yeux, et qu’il fallait bien tout observer, tout retenir, pour mieux pouvoir le raconter et le déformer par la suite.

Obnubilée par le déferlement de coups sur la plage, elle ne réalisa que trop tard que l’on venait de s’adresser à elle. Mais impossible de relever les yeux vers son interlocuteur. Même l’envie d’éternuer avait été totalement oubliée. Elle fit un effort de concentration pour essayer de remonter quelques secondes en arrière pour décrypter la phrase en fond sonore qu’elle avait entendue sans la comprendre. En un geste inconscient, ses doigts firent tinter les perles de bois accrochées à la sacoche du violon. Tu me fais confiance ?


« Hmmm… »

La confiance. Encore une de ses nombreuses valeurs dont Norui avait du mal à comprendre le sens. Pour elle, il y avait le bien et le mal, et même ça, c’était assez souvent flou. Il y avait les gens que Norui aime, soit à peu près tout le monde, et les gens qui n’aiment pas Norui, soit personne à sa connaissance. Les gens étaient foncièrement bons, spécialement envers elle, elle en était convaincue. Du coup, si c’était ça, avoir confiance, croire en la bonne foi de toutes les personnes qu’elle rencontrait, alors oui, Norui avait sûrement confiance en lui.
Cette question lui rappelait étrangement quelque chose, mais impossible de se souvenir exactement quoi. Un truc qu’il fallait toujours demander aux gens… Quelque chose qu’on lui avait appris… Que quelqu’un « de confiance » lui avait appris. Mais elle ne se souvenait plus qui. Ca devait remonter à très très longtemps. Puis soudain elle se souvint, choquée même d’avoir pu oublier quelque chose d’aussi important. Demander s’il était un ami ou un ennemi. Et accessoirement, lui demander son nom, parce que « Monsieur l’ex-dragon-nouveau-capitaine-pirate », ça risquait de faire un peu long dans les conversations, sans compter qu’elle risquait de ne pas réussir à l’articuler correctement une fois sur deux.

La petite luciole s’apprêtait donc à se tourner vers son camarade avec son air le plus sérieux pour lui poser ses questions (oubliant totalement qu’elle l’avait elle-même laissé sans réponse), mais son regard rougeoyant s’arrêta sur un détail de la fresque épique qui se poursuivait. Elle avait reconnu un endroit précis. Le petit cercle de palmiers serrés où elle avait élu domicile, y abandonnant sa récolte de fruits gardée par une veste trop grande pour elle, obtenue durant ses pérégrinations, sans doute donnée par un inconnu inquiet et attendri. Ils avaient débouchés non loin de son petit sanctuaire privé autour duquel plusieurs assaillants se déchainaient. Une moue d’indignation et d’inquiétude passa comme un nuage sur les traits de Norui. Mais son angoisse augmenta encore d’un cran lorsqu’elle aperçut un petit tourbillon de plumes brunes s’abattre sur un combattant quelconque avant de remonter vers le ciel pour reproduire l’opération. Ami ou Ennemi de son nouveau compagnon? Cela n’avait guère d’importance, si Féa s’en prenait à lui, c’est qu’il devait bien y avoir une raison !
Ses doigts trop fins glissèrent prestement hors de la main du capitaine et elle se mit immédiatement à courir en direction du faucon et de son combat. Après quelques débuts difficiles, elle eut la bonne idée de remonter ses jupons d’une main, libérant ses guiboles qui purent prendre plus d’élan, faisant jaillir des éruptions sableuses à sa suite. Sa main libre effectuait des moulinets dans un but obscur, peut-être pour équilibrer ce petit corps frivole sans cesse heurté par les cahots de l’étui de cuir à sa hanche. Silhouette fantomatique mais bruyante, elle zigzagua entre les divers protagonistes en direction du nid de palmiers. Ses sourcils barraient son visage de deux traits obliques quasi invisibles faute de couleur.

Quand elle arriva enfin à destination, Féa venait de se faire reculer par un coup quelconque, prenant de l’altitude le temps de se remettre. Mais Norui ne laissa aucun répit à son adversaire, se jetant sur lui avec ses petits poings, frappant du genou, du coude, avec une conviction inversement proportionnelle à sa force physique. Aucun doute, aucune peur. Elle avait foncé dans le tas, convaincue de se battre pour une cause juste, et puisqu’elle avait raison, rien de mauvais ne pouvait lui arriver. D’un mouvement plus ou moins conscient, elle passa sa main dans son dos et défit de deux doigts le jeu de sangles qui retenaient ses ailes collées contre ses omoplates. Attributs angéliques presque toujours cachés, discrets, on ne soupçonnait guère leur envergure ni la vigueur avec laquelle ils pouvaient se déployer. Souvent encombrantes et de toute manière inutilisables, Norui avait pris l’habitude de les maintenir repliées sur elles-mêmes contre sa colonne vertébrale par des liens souples mais solides. Ainsi retenues et légèrement rétractées, elles ne représentaient qu’un léger relief blanc et duveteux que l’on pouvait assez facilement ignorer.
Trois ailes furent donc délivrées brutalement, faisant siffler les sangles qui lâchèrent sous cette tension libérée. Deux ailes du côté gauche, une seule du côté droit, complétée par une excroissance coupée nette où s’accrochaient encore quelques plumes. Pas vraiment adapté à un équilibre déjà précaire.

Son opposant était resté surpris par cet adversaire invraisemblable puis par l’apparition incompréhensible de ces appendices immaculés quoi que quelque peu poussiéreux. Cette stupeur laissa tout juste le temps à Norui de mêler à ses coups de poings enfantins ceux de ses ailes, qui s’abattaient désormais sur leur victime, claquant dans l’air en semant quelques plumes, produisant plus de bourrasques qu’autre chose.

Mais déjà, son ennemi commençait à se remettre de son incompréhension, s’apprêtant déjà à riposter, sans doute avec bien plus de violence que Norui n’en serait jamais capable.
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MessageSujet: Re: A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé)   A nouveau réunis ...[Pv Norui] (Terminé) EmptyJeu 20 Oct 2011, 18:27

J’adore quand les choses se passent comme prévu. Lorsque l’on donne des ordres à ses subalternes, qu’ils obéissent au doigt et ont l’œil. J’aime me servir de la compétence de chaque membre de mon équipage, exploiter toutes leurs forces pour ne jamais perdre une bataille. Je me vois comme un chef d’orchestre, dirigeant ma troupe à la baguette. Enfin, ça, c’est sans compter sur elle. Si nous étions une armée, je ne l’aurais pas recruté, je ne l’aurais sans doute pas conduite sur un champ de bataille. Mai s pourtant elle s’y est retrouvée, malgré moi, et pour la conduire en sureté nous devons régler la bataille rapidement. Donc naturellement, le mot d’ordre pour elle consistait à rester à mes côtés en me tenant la main. Simple non ? C’est hélas ce que j’ai cru moi aussi.

Oui j’y ai cru, l’espace d’un instant. Mais à présent je la regarde déambuler au milieu de la bataille. Je mets quelques instants à me remettre de cette vision. Ce n’est plus la Norui que j’ai connue, celle-ci ne semble pas réfléchir une seule seconde aux conséquences. Cela m’inquiète, je vais devoir la surveiller de plus près, veiller sur elle comme un père qui protège sa progéniture. Merci les anges, ils m’enlèvent la femme la plus parfaite qui soit et me renvoient la même, mais en version juvénile. Ais-je une tête à vouloir fonder une famille ? Pourtant, je suis ravi de l’avoir retrouvée, peu importe sous quelle forme, sous quel âge mental, sous quelles excentricités, au fond, elle reste toujours elle, celle que j’aime et qui m’aime.

Mes commandants…Je les ai oubliés. Ils attendent que je donne l’assaut, mais je dois changer mes plans. Hors de question de risquer la vie de Norui. Je la vois qui déploie ses ailes. Deux d’un côté, une de l’autre. La deuxième manquante semble en piteux état. Il est rare de voir un ange et cela lui donne un avantage sur son assaillant. Je la vois le frapper de toutes ses forces (qui doivent égaler celle d’une mouche). Son ennemi se remet de sa surprise et comprends qu’elle ne lui fera pas grand mal avec ses petits poings. Il riposte rapidement d’une droite bien placée dans son estomac.

Je vois mon petit ange virevolter dans les airs avant d’amorcer une chute rapide sur le sable. En un éclair je me téléporte vers elle pour vérifier qu’elle aille bien. Elle a juste perdu connaissance. Je la dépose derrière moi et jette un regard noir sur l’homme qui a osé la toucher. Je ne lui liasse pas le temps de réagir, je plaque ma main sur sa gorge, je le sens déglutir tant bien que mal, alors je presse plus fortement, son visage prend une teinte violacée, ses yeux s’injectent de sang et bientôt il n’oppose plus de résistance. Je le lâche et son corps s’écrase sur le sol, lamentablement. Je pose un regard sur le corps endormi de mon petit ange. Je ne tolère pas que l’on s’attaque à un être si pur. Cela me met hors de moi.

Changement de plan. Il n’y aura pas de quartier pas de stratégie. Je tends les bras et ferme les yeux un court instant. Une épaisse fumée noire s’échappe de mes paumes de mains. La fumée se répand sur le champ de bataille, elle choisit ses cibles avec précautions, ne sélectionnant que ses stupides assaillants. Les uns après les autres elle les enroule et les absorbes, en seulement quelques minutes, il n’y a plus d’ennemis. Je rouvre les yeux, je sens que quelque chose ne va pas. Sytry me secoue et me demande de me calmer, il crie que Norui va bien. Je regarde autour de moi. La fumée s’est épaissie et il n’y a que quelques personnes qui tiennent à peine debout. Les autres sont couchés sur le sol, comme morts.


« Dante reprend toi ! Elle n’a rien…mais si ça continue, tu vas tous nous tuer, regardes dans quel état tu te trouves ! »

Je ferme mes paumes de mes mains et la fumée se dissipe aussitôt. Peu à peu les membres de mon équipage reprennent conscience. J’ai beaucoup de mal à maitriser ce pouvoir. Il prend sans cesse le pas sur moi, lorsque je l’utilise c’est lui qui me dirige. C’est d’ailleurs pour cela que je refuse toujours de m’en servir. Mais là, voir mon ange à peine retrouvé se faire agresser ainsi, je n’ai pas pu me contenir. Une chance qu’elle n’ait pas assisté à cela. Qu’aurait-elle pensé de moi ? Elle m’aurait pris pour un monstre ou pire…

« Merci Sytry. Sans toi … »

« C’est bon, je suis là pour ça, je serais un piètre commandant si je ne venais pas en aide à mon capitaine. »

Une tape sur l’épaule et je le vois qui file aider ses compagnons. J’esquisse un sourire. Cet homme n’est pas un simple commandant, c’est avant tout un ami. Nous nous comprenons parfaitement. Nous avons le même problème lorsque nos nerfs prennent le dessus.

Quelques minutes s’écoulent, je tiens Norui dans mes bras, elle reprend conscience lentement. Évidemment, je n’ai laissé aucun rescapé et par conséquent je ne sais pas qui a commandité cette attaque. Encore une preuve qu’il faut qu’à l’avenir je sois plus tempérée. Je passe une main sur le front de mon ange qui m’observe sans mot dire. Je lui adresse un sourire et avance en direction du bateau.


« La prochaine fois, écoute-moi, cela éviteras que tu tombes sur plus fort que toi, je ne veux pas qu’il t’arrive malheur. »

Elle acquiesce de la tête, elle semble toujours dans le gaz, comme d’habitude je ne suis pas bien sûr qu’elle m’ait complètement écouté. Enfin, à présent je l’ai retrouvé, même si techniquement c’est plutôt elle qui m’a retrouvé. Mais qu’importe, je dois prendre ma tâche très à cœur, je sais que je vais devoir protéger cet être qui m’est si cher. Je sais qu’elle est différente que celle que j’ai connue, mais cela ne change rien à mes sentiments pour elle.

Lentement nous avançons en direction du bateau, elle est à présent totalement éveillée. Je la regarde, lui adresse un clin d’œil et désigne mon navire, notre navire.


« Un petit tour en bateau ? »

Son sourire se dessine sur son visage, illuminant cet être parfait. En un éclair elle bondit hors de mes bras et commence sa course en direction du navire. Je l’observe déambulant sans aucun sens, tintant au gré de ses nombreux bracelets et autres clochettes dont elle est recouverte. Je suis les traces laissées sur le sable par ses petits pas, je ne sais pas où cela va nous mener, je ne sais pas comment vont évoluer les choses entre nous, mais je peux être certain que quoi qu’il arrive, plus jamais je ne laisserais qui que ce soit me la reprendre.
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