Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Kalista Haïlian...

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Kalista Haïlian
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Kalista Haïlian

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MessageSujet: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptySam 11 Sep 2010, 15:07

Dormir, flotter à l'extrême limite qui sépare le sommeil de la réalité... et s'accrocher à mes rêves pour ne pas m'en échapper...

Je m'accroche, je m'accroche mais l'éveil, insidieux, frappe contre les barrières si fragiles de mes songes.
Les touches, noires, blanches, du clavier sur lequel mes mains courent dans la brume de mon sommeil se teintent progressivement de rouge, jusqu'à ce que la couleur efface totalement les derniers contours de ma rêverie...

...et j'ouvre les yeux, avec un soupire exaspéré. Je n'aime pas me réveiller...
Il n'y a que dans mes rêves que je peux percevoir le fil de ce qui a été moi, à une époque dont je ne parviens pas à me rappeler. Mais la réalité est toujours là pour m'empêcher d'atteindre mes souvenirs, de les tirer jusqu'à moi...

Ma déception s'efface aussi brutalement qu'elle est venue.
Je suis... mais je suis où, au juste ? Ce que me renvoie mes yeux me semble impossible et pourtant... La salle au milieu de laquelle je suis allongée est rouge, un rouge absolu, si absolu que je l'entends sonner à mes oreilles...
Machinalement, je songe que c'est un "ré". Un long "ré", assourdissant, qui n'en finit pas, un "ré" tranchant, bien plus tranchant que peu l'être le "do" du bleu du ciel...

Je me perds un instant dans l'écoute de cette mélodie qui n'en est pas vraiment une, je ferme les yeux... Mon corps me semble affreusement lourd, je devrais sûrement me lever tôt ou tard mais je me sens si épuisée que l'immobilité me semble la meilleure solution...

...jusqu'à ce qu'un ré dièse brise l'unité sonore de la salle. Je tressaille, rouvre mes paupières pour laisser le son atteindre ma rétine. Un léger sourire m'échappe lorsque je constate que je suis face à mon reflet. La salle a changé et cela ne peut signifier qu'une chose : je rêve. Peut-être l'étrangeté de ce songe me mènera-t-elle à la réponse que je cherche depuis que je suis née... ?

Je force l'engourdissement qui s'est emparé de moi à se dissiper et je me lève doucement, prudemment, pour faire face à l'image que me renvoie le miroir incrusté dans le mur.

Encore une fois, je ne parviens pas totalement à considérer mon corps comme... réel...
Pourtant, je le sais, c'est moi. Je me détaille rapidement, essayant de graver définitivement dans mon cerveau l'apparence qu'est la mienne : du haut de mon malheureux mètre quinze, un visage si... enfantin... s'en était désespérant. Il n'y a que mes yeux, d'un bleu si sombre qu'ils en semblent noirs, qui peuvent trahir ce que cache mon esprit... Mes cheveux, tout ébouriffés autour de ma tête, prennent des reflets rougeoyant sous la lumière de la pièce mais je me connais tout de même suffisamment pour savoir qu'ils sont d'un brun clair et presque chatoyant. Sûrement que je suis une petite fille tout ce qu'il y a de plus adorable, seulement, ce n'est pas ce que je veux. Du tout. J'aimerai retrouver celle que j'étais... mais qui étais-je donc ? Cette question me torture depuis trop longtemps déjà...

Je suis tirée de mes questions par une succession du perturbations sonores : un "la", un "fa dièse", un "sol"... doux, presque imperceptibles pour qui n'écoute pas le monde. Je me retourne doucement et, surprise, admire un instant la mosaïque de photos qui couvrent à présent le mur. Je m'approche lentement et observe, autant avec mes yeux qu'avec mes oreilles...

Les images qui constituent ma vie, si brève encore, dégage une mélodie douce teintée d'étrangeté...
Rien, en apparence, ne me différencie des autres enfants sur les photos. Le même sourire. La même joie apparente. Rien... et pourtant. L'étincelle qui danse déjà dans le regard du bébé que j'étais ne trompe pas.

Je n'ai jamais été comme les autres enfants.

Les images de ma toute petite enfance font progressivement place à des représentations de la périodes la plus importante de toute : celle qui m'a menée à mon présent. Celle qui m'a fait retrouver une part de mon passé, celle qui m'a fait rencontrer celui qui allait être mon meilleur ami : le piano. Je souris en voyant ma silhouette si frêle face à l'imposante majesté de l'instrument.

Le doute s'insinue cependant lentement en moi. Si je suis dans un rêve... comment est-ce possible que ces photos soient si précises ? Je n'ai jamais vu ces scènes autrement qu'à travers mes propres yeux, alors comment donc pourrais-je avoir dans ma mémoire des images de moi-même... ?

Ce rêve en est-il vraiment un ? Mais si ça n'en est pas un... où suis-je ?

Je ne parviens pas encore à avoir peur... pourtant, un "la" jouée simultanément à un "la dièse" se dégage de mes émotions... son discordant... inquiétude.




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Ether
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyDim 12 Sep 2010, 19:46

Kalista Haïlian... Oeilmain


Elle me dévisageait sans gêne et sans pudeur alors j'en fis de même. Après peu de temps, la petite créature me troua de son regard bleu abysse, elle croyait peut-être se percer elle-même à jour. Je la laissais me vaincre sans bouger, sage reflet pacifique et interrogateur. J'étais ravi et agacé de voir une frêle créature dans son genre, tranquille face a moi. J'aurai sans doute voulu lui soutirer un peu plus de panique. Et puis franchement, me retrouver réduit à cette taille, c'est plutôt... frustrant. Biensur, j'ai connu pire, me voyant parfois contraint à la taille d'un insecte, d'une fée...!
Comme une dernière mise à l'épreuve pour voir si elle était réellement prête, je laissais apparaitre sur son visage, dans le miroir, mes yeux étranges. Il y avait une sorte de défi et de menace séduisante, j'étais vexé qu'elle ne soit pas plus impressionnée que cela. Peut-être aurais-je voulu la garder un peu plus, jalousement? Dans un clignement de paupière, mes cils se refermèrent et quand je rouvrit les yeux à nouveau, le feu était partout. Les photographies s'embrasèrent, la chaleur montait, insoutenable et pourtant épargnant miraculeusement la femme. Je plaquais ma main contre la paroi, y appuyant la clé rouge, aussi grande que moi et ma jumelle, qui commençait à fondre, magma de métal en fusion. L'objet rougeoyait comme une braise, un petit soleil qui se serait mis à couler entre mes doigts. Les miroirs commençaient à se gondoler, changeant de teintes comme des tâches d'essence sous le brasier. Je souriais à la jeune femme avec provocation et bienveillance, puis je m'embrassais soudain, sans un bruit, mon miroir en cendre et bris de verre, dévoilant un passage menant à une noirceur froide.



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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 15 Sep 2010, 13:57

Inquiétude... de plus en plus discordante à mesure que l'attente se prolonge. Il dois se passer quelque chose, maintenant... mais quoi ? Je fixe mon reflet, à la recherche d'une réponse à mes craintes. J'essaie de me persuader que je rêve, que je ne risque rien... Et la mélodie de ma peur ne fait que croître, pour atteindre un paroxysme lorsque mon propre reflet change... de regard. Illusion ou réalité ? Quoiqu'il en soit, le sourire malicieux qui apparaît sur mon... enfin, sur son visage, ne m'appartient en aucun cas.

Je n'ai pas le temps d'avoir un peu plus peur encore qu'auparavant, des flammes monumentales s'élèvent autour de moi. Même mon calme habituellement admirable se fissure et je pousse un cri de surprise qui flotte dans l'air quelques instants... Un "sol", d'une pureté remarquable... Cette simple constatation, mêlée à mon apparente invulnérabilité aux flammes, adoucissent les notes de mes émotions pour ne laisser plus que la curiosité sonner dans mon esprit.

Rien ne vient ternir mon harmonie intérieure, à présent, pas même lorsque mon reflet s'anima une bonne fois pour toute sous mes yeux, me présentant une immense clé qui fond lentement derrière la frontière qui sépare ma réalité de celle de mon double. Lorsque le miroir éclate, je ne ressens même plus de surprise : tout se passe de façon incompréhensible, certes, mais tout doit se passer comme tel et je n'ai qu'à suivre la voie qui s'ouvre devant moi pour me mener au... néant. Ce n'est certainement pas le mot le plus rassurant qui soit mais c'est le seul qui me vient lorsque je plonge mon regard dans ce noir absolu. Je n'ai pas envie d'y entrer, mais après tout je dois aller de l'avant si je veux que mon rêve aie le moindre sens.

Je fais un pas. Un autre. Et lorsque je me retourne... il n'y a plus rien. Mais au-delà de l'obscurité, absolue, ce qui me choque est le silence profond de la pièce, si c'en est une. Il n'y a que mon souffle, oppressé, qui résonne... Je n'ai pas le choix, je dois avancer, même si je ne sais pas où je vais. Je n'ai pas peur, non, et si je n'ai pas peur, les ténèbres et le silence ne peuvent rien contre moi.

J'avance donc, d'un pas décidé mais priant secrètement pour que le salle ait une fin, et surtout pour que rien n'entrave ma progression. À chaque instant, je m'attends à sentir... quoi ? Un mur ? Autre chose, de bien plus terrifiant... ?

Mais ce n'est rien de cela qui me fige, d'un coup... une voix... douce, certes, mais j'y décèle une note en décalage avec ce qu'elle veut bien laisser entendre. Quelque chose de si vaste que c'en était incompréhensible pour une simple humaine. Je frissonne malgré moi...


" Petite prétentieuse... "

Le sens des mots ne m'atteint qu'après en avoir analysé le son. Je fronce les sourcils, m'apprête à répliquer mais déjà la voix reprend.

" Tu crois pouvoir défier le néant comme tu défies sans cesse ta propre ignorance... "

Je hausse un sourcil qui se veut méprisant : qui parle d'ignorance ? J'en sais plus que n'importe quel enfant de mon âge, et je sais tout de la musique. Tout ! Et Elle ose me parler d'ignorance !

" Petite prétentieuse ! " répète-t-elle, accompagnée cette fois-ci par un écho étrange qui m'emplit d'un léger malaise...

Combien sont-ils donc... ?

" Tu es si sûre de toi... Mais qui te dis que tu n'es pas folle ?
- Je ne suis pas folle ! Je sais qui je suis... "

Ou presque. Mais ça, ils n'ont pas à le savoir...

" Mais tu doutes, Kalista. Tu doutes... tu n'es qu'une gamine qui te croit au-dessus du reste du monde, intelligente et arrogante, peut-être, mais tu as peur...
- Je ne doute pas ! "


Le silence qui me répond me laisse un bref instant espérer que c'en est fini, qu'elles ont compris que rien ne me fera plier, mais elles reprennent bien vite :

" Quelle est la différence entre le savoir et la croyance ? "

Je fronce les sourcils, encore une fois et demeure silencieuse un long moment. Les conséquences de ma réponses me semblent de la plus haute importante. Avec lenteur, je finis par dire :

" Le savoir est basé sur des certitudes, scientifiquement reconnu... la croyance sur des certitudes que... nous avons accepté comme telles... "

Définition pitoyable. Je hausse les épaules comme pour en balayer la médiocrité.

" Sais-tu, ou crois-tu savoir, Kalista ?
- Je... "

... suis incapable de répondre. Mais je déteste, non pire que ça, je hais être mise au pied du mur comme ça... Oh non, je ne vais pas les laisser faire... je...

" Sais-tu, ou crois-tu savoir ?
- JE SAIS !
- Tu es si sûre de toi... Les autres ont toujours tort n'est-ce pas ?
- Pas toujours.
- Tu ne penses pas ce que tu dis...
- Ils ne me comprennent pas. "

Je grimace. À mes propres oreilles, mes derniers mots sonnent comme la plainte de la gamine que je prétend ne pas être.

" Alors ils ne méritent pas ton attention, n'est-ce pas ? Tu traces ta route seule, indépendante, tu penses n'avoir besoin de personne... Tu as toujours été ainsi... "

Je m'immobilise. Un sourire victorieux aux lèvres.

" Vous savez qui j'étais !!
- Nous savons tout. Peut-être le savons-nous... si tu as existé, avant aujourd'hui.
- Je sais que j'ai existé. "

Les voix.. rient ? Elles se moquent de moi ! Une rage sourde grandit en moi et je leur crie :

" Je trouverai ! "

Détermination. Qui résonne longtemps dans l'air alourdi par les voix et le doute qu'elles veulent insinuer dans mon coeur. J'attends un réponse, mais rien ne vient. Ont-ils compris que rien ne briserait ma volonté ?

Je trouverai. Oui, je trouverai, et personne ne pourra rien contre ma décision.

Rien, peut-être, mais à présent qu'elles se sont tues... où suis-je censée aller ?


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Ether
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptySam 18 Sep 2010, 10:34

Kalista Haïlian... Lvresfh2

Nous sommes les Seigneurs de ce monde. Nous sommes les Gardiens des molécules. Nous sommes les Maîtres de cette créatures, et de tout ses semblables. Nous savons tout, infinie est l'étendue de notre conscience. L'araignée en tissant une toile ne fait que plagier une infime représentation de notre omnipotence. Tels des sondes, tel un courant de force, une entité intouchable. Nous sommes les Juges et les Coupables. Nous sommes la voie que choisit de suivre une cellule naissante, Nous sommes un courant de sodium dans cette cellule, Nous sommes la contraction de cette cellule, Nous sommes le spasme de l'homme.

Nous existons. Dans le choc d'abord, le dénie, le refus. Puis la colère. La créature se braque contre Nous, contre Elle. Ici elle n'a point de corps, son expression n'a pas d'enveloppe, ses coups de dents anéantis dans les échos inlassables de sa frustration. Nous approuvons ça. Ensuite elle détourne, elle négocie. Elle s'entête... Et dans Notre immensité elle s'abandonne, elle accepte, même si elle ne le reconnait pas. Mais nous le savons aussi bien qu'elle. Et Nous approuvons ça.

Alors seulement se tisse la Clef. Lentement, dans des faisceaux lumineux faibles et peu nombreux d'abord. Ils tournent, ils éclatent, ils claquent. La consistance se fait, les rayons baignent bientôt l'endroit, une eau limpide accueille en son sein, sans une onde, l'objet de la libération de l'esprit.



Kalista Haïlian... Clnoireyv6

[Désolée du temps de réponse, j'avais un peu zappé ton entrée, excuse moi]
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyDim 19 Sep 2010, 13:50

Je peux au moins affirmer avoir fait une découverte ce jour-là : le noir absolu est silence. À présent que les voix s'étaient tues, j'en ai la confirmation et j'essaie de demeurer parfaitement calme face à cet effacement complet de mes sens. Je n'entends rien. Je ne vois rien. Je ne sens rien. À croire que je n'ai même plus de corps.

J'entends la perturbation lumineuse avant même de la voir, devant moi. Des éclats, infimes tout d'abord, qui croissent rapidement jusqu'à devenir éblouissant. L'obscurité se dissipe peu à peu pour faire place à une blancheur aussi absolu que l'était le noir auparavant.

Je demeure un bref instant sonnée par l'intensité avec laquelle le blanc sonne à mes oreilles, si bien que je ne remarque pas immédiatement l'eau qui a envahi la salle en même temps que la lumière, si douce qu'elle en est imperceptible. Cette constatation brise le vertige qui s'est emparé de moi et j'observe avec curiosité la surface quasiment parfaite de ce miroir liquide. Pour dire vrai, la limite entre l'air libre et l'eau serait invisible si je n'en brisais pas l'harmonie.

Derrière-moi, soudain résonne une succession de notes légères et je pivote brusquement... pour apercevoir des irisations infimes courir sous la surface de l'eau... Intriguée par le phénomène, je n'ose bouger de peur de l'interrompre et j'attends de voir ce que veut apparemment me montrer la salle.

Peu à peu, l'image se précise mais il demeure un flou intriguant, comme si... comme si la salle ne se souvenait pas bien... J'esquisse un sourire moqueur : voilà que je me mets à parler d'une pièce comme d'un être vivant. ça ne va pas du tout...

Les couleurs, ondoyantes, me montrent... un homme ? Oui, c'est cela. Une voix retentit avec douceur dans la salle, grave, mais légèrement assourdie à la manière de l'image...


" Regarde, Kalista... C'est un piano... "

Je comprend soudain ce que je vois : mes propres souvenirs. Ce qui explique leur apparence brumeuse : je n'avais qu'à peine deux ans.

Mais à présent que j'ai pris connaissance de ce qu'il se passe, tout se précise : face à moi, un piano. Immense. Le clavier, noir, blanc, dansait devant mes yeux... Je me rappelle de mon regard fixé, comme emprisonné par l'alternance du noir et du blanc... Hypnotisé...

L'homme qui me tenait contre lui, c'est mon oncle. Il s'était assis, me maintenant tendrement contre lui d'un bras, avait commencé à jouer.

Je me souviens de chaque seconde qui constitue ce moment. Chaque note. Chaque note, qui résonnait dans mon esprit, de plus en plus fort, fissurant peu à peu la muraille qu'avait construit la mort entre ma naissance et mon passé...


" Tu veux essayer, Kalista... ? "

Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait en moi-même. J'étais trop jeune, encore. Je me rappelle simplement avoir regardé mon oncle, longuement. Puis je m'étais tournée vers l'imposante et... curieusement rassurante masse de l'instrument. Mes mains, si petites, s'étaient posées sur les touches... Et j'avais commencé à jouer.

Je ne savais même pas d'où venait la musique que faisait naître mes mains, ni comment je faisais ça. Mais je dois dire que je n'y songeais même pas. Seule comptait la mélodie, qui me faisait vaciller à la limite de la réminiscence. Et les notes dansaient dans l'air, se mêlaient à la surprise de mon oncle, à ma joie, au silence que je brisais.

Lorsqu'enfin j'avais achevé et que les sons se taisaient peu à peu, j'étais demeurée immobile. Longtemps. Mon oncle était émerveillé. Je m'en fichais. J'avais retrouvé une partie de ce que j'étais. Une pianiste. Une pianiste hors pair...

L'image s'efface lentement et me laisse avec mes propres pensées. À partir de ce jour, j'avais recouvert le langage. Un langage d'adulte, qui ne correspondait absolument pas du tout à la gamine que j'étais. J'avais également retrouvé ma capacité à marcher convenablement. Et surtout, j'avais redécouvert une foule de connaissances sur les sujets les plus divers.

J'étais ravie. Et mes parents... ne l'avaient pas bien pris. Du tout.

À nouveau, la surface de l'eau change de couleurs, en réponse à mes songeries.

Le visage de ma mère se dessine lentement et avant même que les contours soient bien net, j'entends l'inquiétude qui marque son visage.


" Kalista... s'il te plaît... Je ne sais pas de quoi tu parles, ce passé que tu prétends avoir vécu mais... reste dans le présent, oublie tout ça... s'il te plaît...
- Tu ne comprends pas, maman. "


Ma propre voix me fait sursauter. Un bref instant, je ressens une pointe de culpabilité en constatant à quel point j'avais pu être glaciale.

" C'est mon passé qui fait mon présent. L'oublier reviendrait à oublier de vivre. "

Combien de fois nous étions-nous disputés à ce sujet ?
Tout leur avait semblé si parfait, au début. Tous étaient émerveillés. J'étais si fantastique, n'est-ce pas ? Je m'étais si souvent moquée de leur joie...

Une joie qui d'ailleurs était très vite devenue... empoisonnante. Ils voulaient m'envoyer dans je ne sais quelle grand école... me faire prendre des cours de piano... Des cours de piano ! Non mais franchement, comme si j'en avais besoin !

Je ne supportais pas d'être si petite, de dépendre d'eux... je ne voulais pas dépendre d'eux, ni de personne. Je n'avais besoin de personne, personne...

Tout s'était précipité. Je n'allais pas tarder à fêter mes six ans...

... et l'image suivante complète mes pensées. On y voit un chemin de terre qui défile sous les yeux de cette gamine qui court... court loin de chez elle. Elle ne regarde pas en arrière, non... Son choix était fait... mon choix était fait.

La route avait été longue. Je ne savais pas où j'allais. J'avais soudain pris conscience que je n'avais qu'un corps d'enfant et que fuir ainsi était une pure folie. Mais j'étais allée trop loin pour revenir en arrière. Oui, j'avais douté ce jour-là.

Mais j'avais eu de la chance. Sur le bord de la route, une charrette s'était arrêtée et l'homme qui la conduisait avait cru mon mensonge selon lequel de la famille m'attendait à Reilor. Je n'y étais jamais allée, je n'en avais même jamais entendu parler, pourtant je savais tout de cette ville.

La suite n'avait été qu'une succession de chances, de coïncidences et de manipulation avisée. Mon oncle connaissait un certain nombre de gens, à Reilor, il m'en avait suffisamment parlé pour que je connaisse même leur nom. Je m'étais servie de son nom à la fois comme d'un bouclier et comme d'un tremplin à mes ambitions. À savoir, jouer du piano, et retrouver l'identité qui avait été la mienne.

Encore une fois, l'eau se trouble et un immense paquebot se trace sous mes yeux. Le capitaine était une connaissance de mon oncle, il avait besoin d'un pianiste. Lorsque je lui avais fait ma démonstration, il m'avait aussitôt acceptée, les yeux brillant d'une cupidité ostensible mais dont je ne me souciais pas : qu'il se fasse du fric sur mon dos m'importait peu, j'avais simplement besoin d'un piano, d'un logement, de quoi me nourrir, et le bateau m'offrait tout cela.

Cela fait à présent plus d'un an que je joue pour les gens les plus fortunés de l'archipel. L'équipage m'a acceptée depuis longtemps, malgré mon étrangeté manifeste. Je crois que je peux même prétendre qu'ils se sont attachés à moi, et je dois admettre que c'est réciproque.

Bien. Toute cette rétrospective est bien belle, certes, mais cela ne m'apprend rien de nouveau. Les images s'effacent doucement mais je continue à fixer l'eau, comme si elle pouvais me montrer mon passé... et le blanc reste désespérément muet.

Je pousse un profond soupir, ferme les yeux. Et maintenant ? Où allez-vous donc me mener... ?

Spoiler:

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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 22 Sep 2010, 20:54

Kalista Haïlian... Coeur4vh5

Rude est la tâche de la rétrospection. Douloureuses ont été les premières étapes. Dans Notre infini, Nous concédons un bref instant de repos. Dans la clarté du firmament, dans la quiétude des eaux tièdes, tel un foetus à l'abri du ventre protecteur de sa mère. Nous sommes une femme enceinte, Nous sommes le cordon, Nous sommes le placenta. Nous le nourrissons, Nous le protégeons et le faisons grandir.

Nous le berçons en Notre sein.

Mais alors les souvenirs se peignent, des aquarelles s'étirent sur l'onde et dansent. Les images pénètrent un coeur encore aveugle. En Notre ventre elle bouge, se débat encore. Ce sont des scènes violentes, c'est un passé difficile. Elle souffre encore un peu, se tortille et Nous adorons ça. Elle a mal, elle s'extirpe puis s'emmêle à son cordon. Mais Nos mains l'empêchent à ce geste désemparé. Nous la retenons face à face avec elle-même. Il faut qu'elle se regarde, il faut qu'elle s'accepte à présent, avant de renaître en Nous.

Nous la tenons en Notre main.

Elle voit. Elle sent. Elle ne pleure plus, notre enfant...
Balayés les tableaux sanglants, ne reste qu'elle maintenant. Son coeur, sa vie peut lui être rendue. Elle est prête. Dans Notre soupir naît la clef, immaculée, ouvrant la porte à sa nouvelle existence. Nous n'aurons plus besoin de lui tenir la main, elle marchera, fière. Mais Nous pourrons veiller sur elle, toujours. Car Nous adorons ça....


Kalista Haïlian... Clnoireyv6


[Et Voilà, soit la bienvenue! Encore désolée de l'attente pour la validation. Bon Jeu!]


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Eyniem Somara
*Succube*

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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 03 Aoû 2011, 00:54

Kal'!! C'est magnifique! Transportée, voilà ce qu'est ta petite Nat'.
Et paf un point! Que tu ne mérite pas bien entendu! =P
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Lunielle Elwindor
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 03 Aoû 2011, 12:42

Bienvenue à toi patite humaine
Amuse-toi bien ici Wink
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Kaleya Lhil
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 03 Aoû 2011, 13:25

Si jamais Luni, Kalista, c'est moi hein ! xD Et elle existe depuis septembre dernier ! Razz

Mais merci ! Wink
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Lunielle Elwindor
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 03 Aoû 2011, 13:45

Ah ok Kal XD (^^')
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Eyniem Somara
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 03 Aoû 2011, 17:42

Ohhhh Kal'! Hate de RP avec toi.
Se rend compte qu'elle a un concours. Un jeu. Et deux Rp a préparer.

Deaddddddd!!!!!!!!!!
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Kaleya Lhil
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MessageSujet: Re: Kalista Haïlian...   Kalista Haïlian... EmptyMer 03 Aoû 2011, 19:51

Moi aussiiiii ! Very Happy Me réjouiiis ! Faudra qu'on organise qui commence quand ! ^^

Courage pour toute cette écriture ! Wink
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