Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 À Bord Du Mary Céleste

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Shiya
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MessageSujet: À Bord Du Mary Céleste   À Bord Du Mary Céleste EmptyMer 24 Aoû 2011, 15:55

C’était une nuit comme les autres à Reilor. À cette heure ci les habitants dormaient profondément. Seules les tavernes vivaient encore, ça et les pauvres gens responsables de nettoyer les places avant l’arrivée des commerçants tôt le matin.

Si quelqu’un prenait la peine de lever la tête au ciel, il ou elle verrait une scène spectaculaire. Ce tableau noir était couvert de points blancs scintillants, formant des visages et des formes partout où l’on regarde. Certaines étoiles brillaient plus que d’autres, mais l’ensemble formait le plus beau des spectacles. À Reilor, personne ne prenait la peine de lever la tête. Ceux encore debout avaient ou la tête dans un verre, ou étaient occupés à balayer le sol. Quel gâchis.

Les oiseaux profitaient du calme de la nuit pour ramasser les graines par terre pour nourrir leur famille. Une ruelle en particulier était couverte de nombreuses espèces différentes. Un tonneau de graines s’est fait renversé par un homme ivre plus tôt dans la soirée, attirant ainsi les petites bêtes.

- Attrapez-le !

Le tapis d’oiseau s’envola pour laisser passer l’elfe qui courait aussi vite que possible. Il se cogna sur le tonneau renversé –faute de regarder derrière lui en courant- mais se rattrapa avec mal et continua de courir.

Il ne savait pas où aller. Il voulait juste semer les gens voulant sa peau. Depuis son arrivé à Reilor, Shiya passait ses nuits dans les tavernes, à boire, se battre, mais surtout, à faire des paris. Une nuit, il avait perdu un pari contre un chef de gang qui contrôle les tavernes de la ville, et il s’est attiré des ennuis quand il ne pouvait pas payer la somme. Il croyait avoir assez de problèmes comme ça, mais ce n’était que le début de ses soucis.

Il voulait garder un profil bas, mais l’appel de l’alcool était trop fort. Il n’avait même pas eu le temps de finir sa deuxième bouteille avant qu’ils le trouvent. Ils étaient cinq. L’elfe espérait seulement qu’ils ne couraient pas bien.

Le vent contre son visage l’aidait à se concentrer, même s’il avait du mal à courir en ligne droite. Il ne prenait pas la peine d’observer ses alentours pour voir où il était. Il courait. Sans jamais s’arrêter. De temps en temps il regardait derrière lui pour voir si les bras étaient là, mais il ne les vit pas. Paniquant toujours, il continua de tourner à chaque ruelle pour les semer.

L’elfe arriva à une place mais ne vit pas l’homme qui balayait. Le choc envoya les deux voler. Par terre, Shiya avait reçu un coup à la tête et voyait le monde en double. En frottant sa main à l’arrière de sa tête il y trouva du sang frais. Génial.

Après peu de temps, quelqu’un l’aida à se relever seulement pour lui envoyer un poing en pleine figure. De nouveau par terre, la bouche en sang, l’inconnu en profita pour lui donner un coup de pied dans le ventre qu’il reçut avec un cri. Le relevant encore une fois, Shiya vit l’inconnu, enfin, une forme floue devant lui. Se servant du peu d’énergie lui restant il envoya sa tête en avant et toucha sa cible qui le lâcha en tombant en arrière. À moitié assommé, l’elfe cracha du sang et tituba en direction du mur le plus proche. Il y trouva des caisses emboitées les unes sur les autres, montant jusqu’au toit.

Pourquoi pas. Se dit-il.

Avec beaucoup de peine, il escalada les caisses pour arriver sur le toit, en déchirant ses habits plusieurs fois en route. En haut, sa chemise pendait misérablement sur ses épaules, protégeant presque plus de peau. L’effort l’avait épuisé et il s’étala là, sur le toit, et s’évanouit en regardant les étoiles. Il eu juste le temps de penser que le ciel était magnifique avant d’éteindre les lumières.

Il faisait encore nuit quand l’elfe reprit ses sens, inconscient quelques heures au plus. Ses côtes et sa tête lui faisaient mal, mais il pensait pouvoir marcher. Personne n’était sur la place. Il descendit, près à chercher une meilleure cachette.

Après quelques virages, il vit au loin le port et des silhouettes de quelques navires. Il devait bien y avoir des endroits pour se cacher là bas. En s’aidant des murs il avança doucement jusqu’à arriver aux premiers quais. Des caisses et des tonneaux trainaient par terre. Quelques caisses étaient ouvertes, et il en vit une en particulier remplie de bouteilles. Il s’arrêta et regarda derrière lui pour s’assurer que ses poursuivants n’étaient plus là avant de prendre une bouteille. De l’hydromel. L’elfe sourit. Il ouvrit la bouteille et avala une grande gorgée. Le gout de sang était plus prononcé que le gout de l’alcool et il recracha le tout en s’essuyant la bouche avec un bout de chemise qui pendait.

Peut être plus tard…

Il referma la bouteille et partit avec. Cependant après quelques mètres, il s’arrêta et observa la bouteille. Il regarda une autre fois derrière lui. Personne. Le marin ne vit que le lendemain qu’il manquait deux bouteilles à la caisse.

La lune et les étoiles éclairaient assez l’eau pour que l’elfe puisse voir son reflet. Il n’était pas beau à voir. Ses longs cheveux blonds étaient couverts de sang séché, il avait un joli bleu sur la mâchoire, et sa bouche était encore pleine de sang. La place devait être pleine de boue, parce que son visage était sal aussi. Sa chemise ne ressemblait plus à rien, couverte de sang et de boue. Il ne voulait plus s’observer.

En se tournant, il se retrouva devant le plus gros navire qu’il n’avait jamais vu. Rouge et noir, portant le nom de « Mary Céleste », massive comme le plus gros des bâtiments de Reilor, ce navire était majestueux. Il caressa la coque et vit à sa gauche une planche menant au pont.

°°°°°°°°°°

Personne ne peut dire pourquoi il est monté à bord cette nuit là. Il y en a qui appelle ça le destin. Moi, j’en sais rien. Pourquoi ce bateau et pas un autre ? Sa vie aurait été complètement différente s’il avait choisi « L’Évasion » ou bien « Le Soleil De L’Océan ». Une simple décision comme ça. Aller à gauche, ou aller à droite. Le petit elfe ne le savait pas, mais c’est cette décision qui changera sa vie à jamais. Car il est monté à bord le « Mary Céleste » avec ses deux bouteilles en main. Il a trouvé une cachette, et il est resté là bien après le départ du navire. Il a même eu le temps de finir ses bouteilles d’Hydromel. Mais il fallait bien que quelqu’un le trouve non ?
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MessageSujet: Re: À Bord Du Mary Céleste   À Bord Du Mary Céleste EmptyJeu 25 Aoû 2011, 20:04

L’ombre a envahi la pièce. Plus personne ne bouge, plus personne ne parle. Mes doigts enserrent le cou de celui qui est le chef de ce petit gang. Je le maintiens à bonne hauteur du sol sans aucune difficulté. Je le regarde longuement dans les yeux, mais il préfère fuir mon regard et fixer le sol. Sage décision. Je sens qu’il commence à avoir du mal à respirer. Je ne veux pas le tuer, bien qu’il n’en sache rien. Je veux juste lui rappeler quelques règles. Ici il n’y a que moi qui commande, je suis le seul maitre à bord, il le sait, mais visiblement un petit rappel à l’ordre ne lui fait pas de mal.

« Tu vois ce que tu m’obliges à faire ? Nous n’en serions pas là si tu avais suivi les règles. »

Je le relâche et il chute sur le sol. Il se masse la gorge pendant quelques instants et recule vers le fond de la pièce. La noirceur a encore progressé, et tout le monde ici sait le danger que cela représente. Alors, je me calme et la lumière fait à nouveau son apparition dans la cave de cette taverne. Chacun semble enfin se détendre du mois, du mieux qu’il le peut dans une telle situation. Je fais signe à mon interlocuteur de se relever et le pointe de ma canne.

« Je ne veux plus de bordel dans cette ville. C’est pour cela que tu as ce poste. Si tu veux jouer aux malfrats, trouve-toi un autre endroit, Reilor est sous ma protection, alors on ne passe pas les gens à tabac ici. »


« Je..Oui..Mais cet elfe me devait de l’argent… »

« Ce n’est pas mon problème ! »

« Mais il avait perdu un pari…Il…il fallait bien qu’il paie… »

« Donc il t’a payé après que tu l’ai passé à tabac et qu’il t’ai échappé ? »

« Non…nous n’avons pas réussi à remettre la main sur ce petit magouilleur… »

« Donc ta méthode est inefficace ! À l’avenir, trouve mieux que cela pour te faire obéir. Et si tu n’es pas capable de te faire payer, ne prends pas de paris stupides ! »

« Oui…Très bien Monsieur Bélial »

Je pousse un soupir d’exaspération et m’assois sur une caisse dans un coin de la pièce. J’attrape une bouteille de vin et la débouche, avant d’en vider quelques gorgées. Le chef de ce gang ainsi que ces acolytes sont toujours au fond de la pièce, se tenant aussi loin que possible de moi. Comme si la distance allait les sauver si l’envie me prenait de me débarrasser d’eux. Stupide réaction qu’est la peur…

« Bon, écoute, je ne peux pas être partout. Tu le sais bien, moi, mon monde c’est l’océan. C’est pourquoi je t’ai placé à la tête de cette ville. Tu vois ce drapeau qui flotte, à l’entrée du port (le drapeau de Dante.) il signale, à tout le monde que ce patelin est sous ma protection. Quiconque voudrait s’emparer de Reilor se mettrait aussitôt mon équipage à dos. Et c’est ainsi pour de nombreux villages. C’est pourquoi j’ai besoin de gens de confiance pour assurer la bonne tenue de cet endroit lorsque je ne suis pas là. »

« Tu dois pouvoir assurer ce rôle. Sans faire d’incartade à nos valeurs. On ne tabasse pas les gens à travers les rues comme cela. Si tu veux faire parler quelqu’un ou encore le faire payer ce qu’il te doit, sois malin et attrape-le discrètement. Tu le conduiras ensuite dans une cave et vous réglerez vos comptes. Un peu comme maintenant. Les habitants de ce village ont connu pas mal de mauvaises périodes. Ils n’ont pas envie d’en traverser une nouvelle. »


Je me lève et fais quelques pas dans la pièce. Je lance la bouteille vers le chef, qui ne se fait pas prier pour avaler le restant de son contenu.

« Bon cet incident est clos pour ma part. Que cela ne se reproduise plus. Fais-toi respecter mais avec honneur. Ne te laisse pas aller à tes bas instincts. Je ne vous ai pas sortis de vos prisons et de vos vies de truands misérables pour que vous recommenciez. Je dois filer, on se reverra dans quelques semaines. Je compte sur vous pour maintenir ce village dans le bon ordre, sans quoi… »

Je remonte à l’étage supérieur de la taverne, les clients me saluent poliment et sans aucune crainte. Personne ne sait ce qu’il se passe dans le sous-sol. Tout ce qui les importe c’est d’être enfin en paix. Ce village en a vu de belles avant que je ne le redresse. C’est à présent un comptoir commercial fleurissant et un point stratégique pour tous les navigateurs. Une chance que ce petit gang soit sous mes ordres. Sans ça, j’aurais plus de mal à assurer la pérennité de ce village.

----------------

Me voilà de retour sur mon Navire. Nous avons pris le large il y a déjà quelques heures. Je repense à ce crétin de Pedro (le chef de gang). Il n‘est pas méchant, c’est juste une petite frappe. Il n’a pas vraiment l’art et la manière de faire les choses, mais bon, il écoute et retient les leçons, c’est déjà ça. Il ne comprend pas vraiment l’utilité pour moi de protéger Reilor. Je suppose qu’avoir la mainmise sur les échanges commerciaux ne lui parle pas vraiment. Il ne connait rien aux subtilités politiques et autres choses de ce genre.

Je pousse un long soupir. Parfois cela m’exaspère de devoir sans cesse leur apprendre leur travail. Ils ne risquent pas de rejoindre un jour mon équipage, non, loin de là. Pour cela, il faut être doté d’un cerveau et savoir s’en servir un minimum. Mais bon, passons, je veux me changer les idées et Norui me manque. Elle doit se reposer dans sa chambre à cette heure-ci. J’irais bien la voir d’ici une heure ou deux. Elle aura sans doute terminé sa sieste.

J’entends subitement du raffut sur le pont. Des exclamations, des rires. Que se passe-t-il encore ? L’on frappe à ma porte et l’on entre. C’est Sytry. Il tient dans sa main un jeune homme en piteux état.


« C’est quoi ça ? Un ami a toi ? »

« Non, nous l’avons trouvé dans les cales. Visiblement il cuvait son vin, car il y avait deux bouteilles vides à ses côtés. »

J’observe la scène et ne peux réprimer un sourire. Sytry est une force de la nature. J’ai beau le savoir cela m’étonne toujours lorsque je le vois porter un homme par le col, d’une seule main comme un vulgaire fétu de paille. Je jette un coup d’œil sur le clandestin, visiblement il n’a pas l’air humain, enfin difficile à dire, il est dans un triste état.


« Il était seul d’après toi ? Tu estimes sa clandestinité à combien de temps à peu près ? »

« Oui, je pense qu’il est seul, et je dirais que c’est le petit fugitif de Pedro… »

« Oh oh ! Voilà qui deviens intéressant…Dépose-le sur le fauteuil en face de moi. Je crois qu’il va falloir qu’on cause un peu lui et moi… »

Sytry acquiesce et dépose ce qui semble être donc un elfe dans un large fauteuil confortable en face de moi. Je le regarde quelques instants, il semble assez inquiet à première vue, mais bon, il est mal en point et en plus je ne sais pas s’il est encore saoul…La discussion qui s’annonce risque d’être amusante.

« Alors, comment te nommes-tu et que fais-tu à bord de mon navire ? »
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Shiya
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MessageSujet: Re: À Bord Du Mary Céleste   À Bord Du Mary Céleste EmptyJeu 01 Sep 2011, 17:15

Shiya posa un premier pied sur la coupée et regarda timidement son extrémité pour s’assurer que personne ne l’observait. Petit à petit, il avança au long de la planche, s’arrêtant en grimaçant à chaque grincement du bois. En théorie, il pouvait monter à bord du bateau en courant et tournoyant sans faire le moindre bruit, mais il n’y croyait pas vraiment cette nuit là. Ne pas tomber à l’eau fut déjà l’exploit du jour. Il jeta un œil sur le pont rapidement et ne vit que les silhouettes des nombreuses poulies, de voiles et du mât éclairés sous la lumière blanche de la lune. Un premier pas sur le pont, et l’elfe oublia ses problèmes. Le pont luisait sous cette lumière singulière qu’offrait une nuit étoilée. Accompagné du doux bruit des vagues contre la coque et les goélands chantant au loin, cette scène surréelle pouvait apporter des larmes aux yeux à n’importe quel être vivant.

L’elfe se dirigea lentement vers l’arrière du pont, une main posée sur le balcon, les yeux posés sur les voiles, repliées pour la nuit. Cependant, les yeux au ciel, l’elfe perdit l’équilibre et finit par se concentrer sur ses pas. Il s’arrêta aux cabines, faites de bois sombre et gravés pour former de nombreuses formes et dessins différents. Il résista à l’envie d’y pénétrer et observer l’intérieur.

Il trouva les escaliers et son rêve s’arrêta aussi tôt. Il fallut à présent se concentrer d’avantage pour ne pas se faire repérer. L’elfe cherchait les cales, une grande pièce remplie de caisses et de tonneaux était la cachette parfaite. Il entama la descente dans le cœur du bateau, plus sombre encore que le bois y entourant. En s’aidant de ses mains et de son ouïe développé, il évita les catastrophes. Il ne vit ou n’entendit personne en se perdant dans le labyrinthe du navire. Avec plus de chance qu’autre chose, il trouva les cales au bout de peu de temps et l’elfe, épuisé de sa journée et de ses blessures, se laissa tomber derrière la première caisse à côté de l’entrée. La cachette ne fut pas idéale finalement, mais il en avait assez. Sa sobriété relative lui rappelait de mauvais souvenirs, et il ouvra la première bouteille et se noya dans le liquide brûlant du désespoir.

« Aller, réveilles toi ! »

Soudainement, Shiya se sentit très léger, car l’armoire à glace qui tentait de le réveiller s’était décidé de porter l’elfe d’une seule main. Il se retrouva donc à la même hauteur que l’inconnu, avec les jambes tombant dans le vide. L’homme se trouvant en face de lui n’était pas beau à voir. Etrangement, la première chose que l’elfe vit fut l’épée dans son dos. Ensuite, son regard tomba sur ses yeux, et un frisson traversa chaque parcelle de son corps. Ce n’était pas les yeux eux-mêmes qui le firent frissonner, mais le regard haineux et diabolique qu’ils abritaient. Son visage, couvert de cicatrices et de plaies, semblait pâle, mais peut être que cette sensation venait du manque de lumière dans les cales. L’elfe aurait mit de l’argent sur le fait qu’il aurait adoré l’assommer d’un coup de poing de sa main libre, mais il avait sûrement vu son état et s’était dit qu’il en avait assez vu pour l’instant.

Très aimable de sa part. Pensa-t-il.

Il entraina l’elfe dehors, ses jambes balançant dans le vide. Il le tenait par le col, et cela lui coupait la circulation du sang menant au cerveau. Rapidement, sa tête lui tournait, et ce n’était pas seulement à cause de l’alcool. Le manque de sang l’entraina dans un état second, les rires et moqueries que lui hurlaient l’équipage ne furent qu’un fond sonore pour l’elfe et, bizarrement, il n’entendit clairement qu’un sifflement aigu provoqué par son cerveau demandant de l’oxygène.

La bête arriva sur le pont et les rires se multipliaient. Pour Shiya, ce n’était que du bruit lointain. Il oublia même le sifflement… Car, il vit l’océan. Cette vaste plaine bleutée, infinie et pleine à craquer de vie. Bêtement, l’elfe se mit à sourire. Il ne pouvait jamais en avoir assez de regarder l’océan. Sa vision se brouilla, et l’elfe ne remarqua même pas qu’il entrait dans une pièce. Après un instant, l’ours le jeta sur un fauteuil en cuir, plus confortable encore qu’un lit en plumes. L’elfe revint assez rapidement à ses sens, même s’il restait confus et semblait perdu.

Il entendit au loin une voix lui demandant qui il était, et ce qu’il faisait à bord. Il tourna la tête vers la source des paroles et vit une boule rouge en face de lui. En se concentrant, il observa que la boule était en effet un homme, habillé entièrement en rouge. Il avait même un chapeau rouge. C’était à ce moment là que l’elfe remarqua qu’il était encore ivre. Il n’arrivait pas à penser clairement ou à se focaliser sur quelque chose. Il vit simplement des couleurs autour de lui. Ce fut des couleurs chaudes, principalement de l’or et du rouge. Il vit aussi les contours de quelques meubles extravagantes, et réussi à en déduire qu’il était en présence de quelqu’un de riche, et qu’il fallait donc être poli. Il essaya donc de regarder la boule rouge, mais avec tant de mal, il finit par simplement regarder ses pieds.

Ah oui mon nom !

« Je... -il avala sa salive en grimaçant, comme s’il venait de boire de l’alcool fort-...suis Shiya. »

Son nom de famille ne lui revint que plus tard.

Il secoua la tête et se concentra le plus possible.

« Je fuyais des gens… Et j’ai trouvé les bouteilles. -dit-il avec un sourire distant- Puis… me voilà. »

Comme s’il remarquait enfin qu’il avait beaucoup de problèmes, il cacha sa tête dans ses mains et soupira.

« Qu’allez vous faire de moi ? »

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MessageSujet: Re: À Bord Du Mary Céleste   À Bord Du Mary Céleste EmptyVen 02 Sep 2011, 18:31

J’observe l’intrus avec une certaine perplexité. Je ne sais pas si je dois rire ou me mettre en colère. Se fiche-t-il de moi ou est-il vraiment comme ça au naturel ? Comment peut-on dire que l’on fuyait des gens et que l’on a trouvé des bouteilles ? Cela n’a aucun sens. Je suis sceptique sur ce passager clandestin peu commun. Je l’observe, il est dans un sale état, mais si c’est effectivement lui qui se faisait poursuivre par la bande à Pedro, alors il serait moins idiot que je ne le pense.

Je fais quelques pas dans la pièce, je ne sais pas vraiment comment aborder cet homme étrange. Il me demande ce que je vais faire de lui. Il en a de bonnes ! En forçant bien, je pourrais le faire passer par un hublot et le renvoyer sur la terre ferme, mais je doute qu’il ait envie d’entendre ce genre de réponse. Cela dit, pour l’instant c’est la seule solution qui me vient à l’esprit.

Je vais devoir creuser et être patient avec cet intrus. S’il est là, ce n’est pas pour rien. Quelqu’un qui fuit a souvent une bonne raison. Même si je ne recommande pas la fuite, il faut reconnaitre que lorsque l’on est seul et en mauvaise posture, cela reste la meilleure des options. D’où mon intérêt pour cet homme. S’il a fui les hommes de Pedro, c’est donc qu’il est seul. S’il s’est embarqué sur mon navire, c’est donc qu’il n’a rien laissé derrière lui. Cela fait déjà deux bonnes raisons de lui donner une chance. Les navires pirates sont remplis d’alcooliques qui ont souvent fui une vie qui ne leur correspondait pas.

Il a la tête de l’emploi. Malgré qu’il soit un elfe. Je n’en étais pas bien sûr tout à l'heure, mais en le détaillant de plus près je m’aperçois que s’en est un. Décidément ! Mon navire semble les attirer ces derniers temps ! Sans rire, je pense que même cette peuplade autrefois bien trop arrogante semble se rendre compte que tout n’est pas forcément bon ou mal, qu’ils ne sont pas spécialement au-dessus du lot.

Je retourne m’asseoir dans mon large fauteuil de velours, une jambe croisée par-dessus l’autre, je joue avec ma canne en observant cet étrange petit homme. Il faut que je le mette à l’aise, qu’il se détende un peu, afin que je puisse voir ce que je vais faire de lui. Il doit forcément avoir des aptitudes pour réussir à fuir de la sorte. Dans un premier temps, je pense commencer par en apprendre plus sur son histoire, quelque qui fuit a forcément une histoire intéressante à raconter. Même s’il ne possède pas spécialement d’aptitudes, il peut avoir besoin d’aide. Je dois définir ce que cet homme attend. Je dois savoir ce qu’il en est, s’il va m’apporter plus d’ennuis ou s’il pourra me servir.


« Bon…Shiya…Que vais-je faire de toi ? Je vais t’avouer que l’idée de te balancer par-dessus bord m’a traversé l’esprit. Mais bon, je vais te laisser ta chance. Je suis de bonne humeur aujourd’hui.»

J’observe le petit elfe pendant quelques instants, il n’est pas armé, il ne possède pas une grande musculature, et s’il avait un quelconque pouvoir il ne serait sans doute pas dans une telle situation. Il me faudrait un moyen pour le faire réagir, pour voir un peu ce qu’il sait faire. Mais en même temps, il n’a pas l’air en super état…La situation est délicate…

« Donc, tu fuyais, t’as piqué des bouteilles et tu t’es embarqué clandestinement sur mon navire…Tu fuyais la bande de Pedro à Reilor je suppose ? C’est pour t’attraper qu’ils ont retourné la moitié de la ville. Et malgré cela, ils ne t’ont pas eu. Comment tu expliques ça ? Ils sont mauvais ou c’est toi qui es une véritable anguille ? »

Personnellement je pencherais plus pour la deuxième option. Surtout qu’il a réussi à monter sur mon navire sans se faire remarquer. Quoique, vu la taille du bateau, il est tout de même assez simple pour un être si frêle de se glisser à bord en pleine nuit. Mais le problème n’est pas là. Il doit de l’argent à Pedro d’après ce que ce dernier m’a dit, et par conséquent, il me doit de l’argent. Il va falloir que je l’informe de la situation critique dans laquelle il se trouve.

« Bon, nous allons mettre les choses au point. Pedro m’a dit que l’homme derrière qui il courait lui devait de l’argent. Je pense que cet homme en question c’est toi. La coïncidence serait trop grande. Tu aurais perdu un pari contre Pedro et ne pouvant le payer, tu aurais pris la fuite. »

Je marque une petite pause, même si je résume assez bien les faits, il risque de s’affoler lorsqu’il va savoir que je suis son usurier à présent.

« Mais le hic c’est que tu es monté sur mon navire. Et qu’en plus je suis l’employeur de Pedro. Donc tu me dois de l’argent. Tu comprends la situation ? Je ne peux pas te laisser partir comme cela, sans aucun paiement. Il va falloir que tu te mettes à mon service pour rembourser ta dette, je ne vois pas d’autre choix. Sinon il y a toujours l’océan qui nous entoure… »

Je me lève à nouveau, je sors deux verres et une bouteille de vin. Je me retourne vers mon interlocuteur et me ravise, non, l’alcool ne lui réussit pas on dirait. Je change de bouteille, un thé glacé fera l’affaire. Je dépose le tout sur la table et sers mon intrus.

« Il faudrait que tu me parles de toi. Raconte-moi un peu comment tu en es arrivé là ? Tu sais, travailler pour moi ne veut pas dire être esclave. Si tu m’en disais plus sur toi, je suis sur que l’on pourrait trouver un arrangement, pour que tu éponges ta dette et que tu ne sois plus poursuivi. »

Certains dirons prisonniers de luxe, moi je ne trouve pas. Bon nombre de pirates ont commencé comme cela. Après tout, basculer dans la piraterie cela ne se décide pas comme ça. En règle générale il y a tout un cheminement, une ligne de conduite spéciale qui nous guide jusqu'à la piraterie. Peut-être que ce garçon a besoin d’être encadré ? Nous verrons bien, dans un premier temps, je suis curieux de voir comment il va réagir à tout cela.
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Shiya
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MessageSujet: Re: À Bord Du Mary Céleste   À Bord Du Mary Céleste EmptyLun 05 Sep 2011, 01:12

L’elfe observait ses pieds. Il trouvait qu’il avait de beaux pieds. Avec tous les malheurs qui lui arrivaient, ses pieds en sortaient toujours sans égratignures ou blessures. Il portait des belles…

« Bon…Shiya…Que vais-je faire de toi ? Je vais t’avouer que l’idée de te balancer par-dessus bord m’a traversé l’esprit. Mais bon, je vais te laisser ta chance. Je suis de bonne humeur aujourd’hui.»

… chaussures aussi. Du cuir.

Ouais, elles ont du couter cher à la personne qui les avaient achetées. Fallait pas les laisser trainer par terre de toute façon.

Il y avait un trou dans la semelle de sa chaussure gauche. Il s’amusait…

« Donc, tu fuyais, t’as piqué des bouteilles et tu t’es embarqué clandestinement sur mon navire…Tu fuyais la bande de Pedro à Reilor je suppose ? C’est pour t’attraper qu’ils ont retourné la moitié de la ville. Et malgré cela, ils ne t’ont pas eu. Comment tu expliques ça ? Ils sont mauvais ou c’est toi qui es une véritable anguille ? »

… à faire passer un doigt de pied dans le trou et à le faire tournoyer dans l’air. Il aimait bien son doigt de pied, même s’il devait peut être s’occuper de…

« Bon, nous allons mettre les choses au point. Pedro m’a dit que l’homme derrière qui il courait lui devait de l’argent. Je pense que cet homme en question c’est toi. La coïncidence serait trop grande. Tu aurais perdu un pari contre Pedro et ne pouvant le payer, tu aurais pris la fuite. »

... ses ongles. Il observa le sol autour de son pied. C’était un joli sol. Des planches en bois bien vernis. Il suivit la ligne que traçaient les planches et son regard tomba sur…

« Mais le hic c’est que tu es monté sur mon navire. Et qu’en plus je suis l’employeur de Pedro. Donc tu me dois de l’argent. Tu comprends la situation ? Je ne peux pas te laisser partir comme cela, sans aucun paiement. Il va falloir que tu te mettes à mon service pour rembourser ta dette, je ne vois pas d’autre choix. Sinon il y a toujours l’océan qui nous entoure… »

… la porte. C’était une jolie po… Le bruit de verres en cristal s’entrechoquant réveilla l’elfe. Il regarda en direction de sa source et vit la boule rouge ramasser une bouteille. Du vin surement.

Ah… la personne qui a inventé le vin est un génie.

Il prit machinalement le verre que lui proposait la boule rouge avec les yeux toujours fixés sur la bouteille. Il porta le verre à ses lèvres et but un peu du liquide y contenant. Il s’avisa contre recracher la boisson et avala le tout avec beaucoup de peine, un rictus s’affichant sur son visage sal. Ce vin n’était vraiment pas bon ! Presque pas de gout ! L’elfe regarda son verre. Le liquide y contenant était un peu trop clair pour du vin. Il porta le verre près de ses yeux pour mieux observer le breuvage quand la boule pris la parole. Surpris par entendre une voix, il baissa le verre pour regarder la personne qui lui parlait.

« Il faudrait que tu me parles de toi. Raconte-moi un peu comment tu en es arrivé là ? Tu sais, travailler pour moi ne veut pas dire être esclave. Si tu m’en disais plus sur toi, je suis sur que l’on pourrait trouver un arrangement, pour que tu éponges ta dette et que tu ne sois plus poursuivi. »

Travailler pour lui ? La boule veut que je travaille pour lui ?

Il voyait mieux à présent, et il put voir plus de détails chez la boule. Il était entièrement habillé en rouge, ça il le savait déjà. Mais il remarqua aussi quelque chose de bien choquant. Il n’était pas humain ! Il ne pouvait l’être. Il avait un visage très pâle, avec un œil vert et l’autre violet. Il semblait assuré, même hautain, il se tenait droit et dégageait un air de fierté. Naturellement, l’elfe prit instantanément peur, et l’expression de son visage imita ce qu’il ressentait. Plutôt comique sûrement… Après autant de temps dans la pièce, ce n’était qu’à ce moment qu’il commençait à prendre peur.

Il réfléchit enfin sur les paroles de son interlocuteur. Il voulait que l’elfe lui raconte son histoire, et Shiya voulut bien obéir, mais il buvait pour oublier son passé. Et ça avait marché. L’elfe essaya de trouver quelque chose d’intéressant à dire pour ne pas énerver l’inconnu. Sa mémoire était floue, mais il connaissait quelques faits qui pouvaient l’aider à rester en vie.

« Je m’appelle Shiya. Je suis arrivé ici parce que… je fuyais une bande à qui je devais de l’argent. Pedro… Oui voilà Pedro ! Il s’appelait Pedro ! Mais, comment saviez vous que je suis poursuivi ?»

L’elfe arrêta de parler. L’expression de l’homme lui fit penser qu’il avait mal choisit ses mots. Shiya ne savait pas qui ou quoi il était, mais il voyait clairement qu’il ne fallait pas l’énerver. Trop tard peut être. Il toussa, puis ajouta :

« Et euh… J’aimerais trouver cet arrangement maintenant. Je peux vous être utile. Mais j’aimerais savoir… Qui êtes vous ? Et quoi ?»

Il ne lui restait plus qu’à prier.


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MessageSujet: Re: À Bord Du Mary Céleste   À Bord Du Mary Céleste EmptyJeu 08 Sep 2011, 18:49


Alors que j’avais pris la peine de lui expliquer la situation très délicate dans laquelle il se trouvait, ce jeune elfe semblait plus préoccupé par l’état –lamentable- de ses chaussures, la décoration de ma cabine et tout un tas de choses. Si bien que lorsqu’il ouvrit la bouche il me questionna sur les réponses que je venais de lui fournir. Bref, il n’avait rien écouté !

Comment peut-on être aussi distrait lorsque se trouve dans sa situation ? Sur quoi suis-je encore tombé ? Les nerfs me montent peu à peu, j’essaie de rester calme, il ne mérite pas la mort, mais je crois qu’un petit rappel à l’ordre lui ferait le plus grand bien. Le temps est venu que je lui fasse un peu peur, que je tente quelque chose pour le faire réagir.

Je décide alors d’user de mon pouvoir des ombres pour assombrir la pièce et capter ainsi son attention. Je lis dans ses yeux –un peu embrumés- une certaine inquiétude sur le phénomène qui se passe actuellement. Toute la cabine s’assombrit, la lumière semble disparaitre, un froid de mort se répand à travers toute la pièce. Je me lève lentement et m’avance jusqu'à mon intrus. Je le fixe un long moment pour être bien sûr d’être écouté. Il m’observe, ce coup-ci il semble enfin concentré.


« Bon, je vais t’expliquer ce qu’il se passe, et ce coup-ci tu as intérêt à m’écouter attentivement, sans quoi voilà ce qu’il t’arrivera ! »

Une ombre se détache du verre dans la main du jeune elfe, elle flotte un instant dans les airs avant d’enrouler totalement le contenant et de le faire disparaitre comme par enchantement. L’obscurité, les ombres, tel est mon pouvoir, tout ce que je désire peut entièrement disparaitre dans le néant, il n’y a aucune résurrection possible, aucun retour en arrière. Lorsque quelque chose ou quelqu’un disparait de cette manière, il sombre définitivement dans les limbes.

« Tu vois ce qu’il risque de t’arriver ? Je suis sur que tu n’y tiens pas. N’est-ce pas ? Tu ne tiens pas à disparaitre dans les abimes ? »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je dois reprendre la parole rapidement, ne pas lui laisser le temps de réagir, le temps de se comporter étrangement, car oui, cet elfe se comporte vraiment d’une drôle de manière.

« Donc, je te résume la situation. Les hommes que tu fuyais au port travaillent pour moi. Tu as perdu un pari, tu leur dois de l’argent, donc tu me dois de l’argent. Je te propose de te mettre à mon service pour rembourser ta dette. Tu ne seras pas un prisonnier, disons qu’il faut que tu vois cela comme une réhabilitation dans la société. Tu ne peux pas avoir sans cesse des gens à tes trousses, ce n’est pas une vie. »

Je marque une pause, je me souviens qu’il ne sait toujours pas qui je suis. Je suis sûr qu’une fois qu’il le saura, tout ce que je lui dirais aura bien plus d’impact. Cela a toujours plus d’impact…

« Mais avant de continuer, je me présente, Dante Bélial, prince des démons et des océans, capitaine de la plus grande flotte pirate existante, et tu te trouves dans ma cabine, sur mon navire, le Mary Céleste. »

Là, le ton était donné. Qu’il ne vienne pas me dire qu’il n’a pas compris ou qu’il n’a pas écouté, sans quoi je crois que je l’étranglerais de mes mains. Mais bon, je pense que depuis tout à l'heure j’ai réussi à capter son attention. Le numéro des ombres, la présentation qui en jette, en règle générale, les gens ont plutôt tendance à vous écouter après ce genre de choses.

Je pense que le petit numéro a assez duré. Je libère les ombres et la lumière reprend aussitôt sa place dans la cabine. Le petit elfe alcoolique semble se détendre légèrement. Je retourne m’asseoir sur mon siège et observe cet intrus quelques instants.

« Avant de savoir si tu veux nous rejoindre, il va falloir éclaircir certains points. Et pas de mensonges, sinon, je t’envoie valser avec les ombres. »

Mes yeux bicolores le fixent intensément, j’aperçois qu’il s’apprête à parler, mais d’un geste de la main je lui fais signe de se taire. Ici, pour parler il faut attendre que j’ai fini. Je ne suis pas un de ses amis de beuverie. Enfin, s’il en a, car vu sa situation, je ne pense pas qu’il puisse garder des amis très longtemps.

« Il faut donc que tu me racontes un peu ton histoire. Quel est le chemin qui t’a conduit jusqu'à moi. On ne se retrouve pas poursuivi, clandestin dans un bateau pirate par hasard. Tu as forcément un but, quelque chose ou quelqu’un que tu recherches. T vie ne se résume pas a boire et a prendre des paris, du moins, je l’espère. »

Ce que j’espère aussi, c’est qu’il a bien compris ma métaphore avec le chemin. J’ose espérer qu’il ne va pas me dire avoir suivi le chemin du port, j’ose espérer qu’il a compris qu’il s’agissait de son cheminement personnel, de son parcours. Sans quoi, je pense que je lui ferais avaler ma canne.

« Ah, oui, et tant que tu y seras, j’aimerais savoir ce que tu sais faire. Sur ce navire tout le monde a un pouvoir ou une particularité quelconque, c’est comme cela que nous nous sommes forgé une si grande réputation. Bon, j’ai assez parlé, j’espère pour toi que cette fois-ci je n’ai pas parlé dans le vent et que tu vas me fournir des réponses claires et précises. Ma patience a des limites… »

Jusque-là, je ne me suis pas montré méchant envers lui, je vois bien que j’ai un jeune homme un peu perdu en face de moi. Je veux tout de même lui mettre la pression, je veux qu’il réagisse, qu’il s’affirme, qu’il me dise qui il est, d’où il vient, ce qu’il sait faire, quel est son but personnel . Ensuite, et seulement ensuite nous trouverons, ou pas, un arrangement. À présent son avenir réside entre ses mains. S’il fait l’idiot à nouveau, je ne donne pas cher de sa peau.

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MessageSujet: Re: À Bord Du Mary Céleste   À Bord Du Mary Céleste EmptySam 26 Nov 2011, 03:35

Il y a des événements dans la vie qui peuvent avoir un effet unique et instantané sur une personne. Par exemple, quelque chose peut rendre une personne heureuse ou triste, gentille ou cruelle voir même hystérique ou silencieuse. Ou il existe l’événement qui a le don de nous rendre complètement sobre en quelques secondes. Ce qui se passa par la suite reflétait ce dernier cas.

La nuit tomba dans la cabine. La lumière qui passait à travers les fenêtres disparut pour laisser place au néant. Malgré le noir absolu derrière les vitraux, la pièce fut éclairée par une faible lueur bleutée sans source visible, permettant à l’elfe de voir les silhouettes des meubles et de son interlocuteur.

Puis vint le froid, un froid surnaturel traversant tout son être. L’elfe frissonna. La mort était présente dans cette cabine, ses victimes restaient piégées dans ce navire dirigé par cet homme pour hanter les passagers pour toute l’éternité.

La silhouette se leva et avança vers l’elfe. Elle s’arrêta devant lui fixa des yeux, visibles et brillants comme en plein jour. Un vert, un violet, les deux d’une intensité et d’une colère à glacer le sang.

« Bon, je vais t’expliquer ce qu’il se passe, et ce coup-ci tu as intérêt à m’écouter attentivement, sans quoi voilà ce qu’il t’arrivera ! »

Malgré le sombre de la pièce, Shiya vit une boule noire, comme une ombre, se détacher du verre et flotter dans le vide. Il regarda le contenu de son verre, comme si le liquide était la source de cet événement étrange. Par la suite l’ombre engloba le verre, et en quelques secondes à peine l’ombre disparut, le verre avec. L’elfe passa sa main dans l’air pour ne pas être dupé par cette illusion, mais il ne toucha rien. Il ne pouvait croire en ce qu’il voyait. C’était impossible, et l’impossible devrait le rester. Toujours. Le verre n’était plus, et si l’elfe ne faisait pas attention, dans quelque instants lui aussi ne serait plus.

L’elfe attendait que l’homme prenne la parole, s’il pouvait le qualifier d’homme bien sûr. Il se prépara autant que possible à la vague de colère qui allait l’écraser, mais son interlocuteur changea de ton, et choisit la voie de la diplomatie et de la patiente plutôt que de la terreur et de la folie. Tant mieux.

Il lui expliqua que le gangster à qui l’elfe devait de l’argent travaillait pour lui, et que par conséquent Shiya lui devait donc cet argent, qu’il n’avait pas et qu’il n’aura jamais.

Évidemment ! Le plus chanceux de tous les elfes moi ! Je me réfugie dans le bateau du patron. Je suis fini !

« Je te propose de te mettre à mon service pour rembourser ta dette. »

Quoi ?

Il ne croyait pas ce qu’il entendait. Travailler pour lui ? Il voulait pourtant le tuer non ? Une flamme d’espoir réchauffa son cœur quand d’habitude l’alcool occupait ce rôle. Le froid glacial et la nuit de la pièce ne lui faisaient plus aucun effet. Vivre sur ce navire et voyager à jamais ? Était ce vraiment ce qu’il proposait ? L’elfe pouvait réaliser son rêve grâce à un pari perdu et une situation désastreuse ? La vie arrive toujours à balancer les plus étonnantes des surprises, et l’elfe n’était pas contre.

« Mais avant de continuer, je me présente, Dante Bélial, prince des démons et des océans, capitaine de la plus grande flotte pirate existante, et tu te trouves dans ma cabine, sur mon navire, le Mary Céleste. »

La flamme s’éteint après avoir entendu ses mots, telle une rafale de vent sur une bougie. Le froid et la nuit revinrent à lui. Un démon ! Bon, ça explique beaucoup de choses, mais le petit elfe ignorait l’existence de cette race avant ce jour, comme celle de la chimère, la race de Balsa. Il avait encore beaucoup à apprendre sur ce nouveau monde. Il se sentait toujours aussi perdu. Mais un démon ! Les légendes disaient que les démons prenaient les vivants comme esclaves et tuaient pour le plaisir ! Mais ce n’était que des légendes ! Pas la réalité ! Comment était-il encore en vie ? Et le prince des démons lui précisa bien qu’il était capitaine d’une flotte pirate ! La plus grande des océans ! L’elfe ne savait pas être pirate, et il ne voulait même pas en fréquenter, alors en devenir ne lui avait jamais passé par la tête !

Soudainement la nuit devint jour, et la cabine retrouva sa chaleur d’autre fois comme si rien ne s’était passé. L’elfe n’avait pas remarqué qu’il se tenait au bord du fauteuil, crispé et contracté. Il relâcha donc ses muscles et se laissa glisser au fond du siège pour être plus confortable et se décontracter.

« Avant de savoir si tu veux nous rejoindre, il va falloir éclaircir certains points. Et pas de mensonges, sinon, je t’envoie valser avec les ombres. »

L’elfe était plus confiant sans les artifices que lui jouaient le démon. Il se sentait capable de parler et voulait prendre la parole pour montrer qu’il avait bien écouté cette fois, et qu’il était près à rejoindre l’équipage, mais Dante lui fit signe de se taire, et continua son discours.

Ne pas parler jusqu’à qu’on te le dise Shiya. Un elfe sait être poli. Tu es un elfe non ? Non…

« Il faut donc que tu me racontes un peu ton histoire. »

Pourquoi faut-il toujours raconter son histoire ? Y’en a marre !

« Quel est le chemin qui t’a conduit jusqu'à moi. On ne se retrouve pas poursuivi, clandestin dans un bateau pirate par hasard. Tu as forcément un but, quelque chose ou quelqu’un que tu recherches. Ta vie ne se résume pas a boire et a prendre des paris, du moins, je l’espère. »

La suite allait se compliquer. Comment lui expliquer son passé ? Déjà qu’en temps normal il avait du mal à organiser son histoire dans son esprit, alors là, sans les ombres volantes, le froid de la mort ou une lumière menaçante, son ivresse lui revint et brouilla ses sens petit à petit. Il ne pouvait plus différencier le rêve de la réalité. Et même s’il le pouvait, il ne savait pas si la réalité l’était vraiment. L’envie d’oublier était trop fort peut être. Il était bien parti le petit elfe.

« Ah, oui, et tant que tu y seras, j’aimerais savoir ce que tu sais faire. »

S’il lui restait une lueur d’espoir avant, il n’en restait plus que des miettes à présent. Un gros problème venait de se présenter à l’elfe… Il ne savait rien faire ! Il avait appris les bases de combat sur Rosyel afin de protéger son peuple en cas d’attaque, mais il n’avait pas la prétention d’affirmer de savoir mieux se battre que des pirates qui en faisait leur profession ! Les qualités standards d’un elfe ne s’exprimaient pas chez lui à cause de son état physique et mental. Et de toute manière, savoir parler à un arbre ne servirait pas à grand-chose dans le vaste bleu de l’océan.

Il fallait donc parler. Son état encore raisonnablement stable lui permit de réfléchir un minimum sur ses prochaines paroles. Son histoire était bien trop complexe. Il espérait que le minimum allait suffire.

« Mon histoire, elle est compliquée. Très compliquée… Trop, compliquée… Je peine aussi à m’en souvenir après quelques verres de trop. Mais je peux vous raconter quelques détails. »

Il inspira profondément et commença à parler dans son plus beau français, et malgré quelques moments de déconnexion, il était fier de son comportement et de ses paroles sous l’influence de l’hydromel.

« Je venais d’un petit village tout au centre de la plus graaaande forêt de Rosyel. J’aimais mon peuple, mais il nous cachait presque tout sur le monde extérieur. On avait accès à la culture et à la connaissance à travers des livres bien sûr, mais je vois aujourd’hui qu’il manquait beaucoup d’informations dans les… les… les pages… de ces livres… Oui. »

Il regarda dans le vide un instant, comme s’il reprenait ses forces après tant d’efforts de concentration, puis il reprit.

« Il y avait une fille aussi. La plus belle des filles. Mais un jour il s’est passé quelque chose, et j’ai fuis. Le plus loin possible. Et après j’étais là, enfin, à Reilor. J’ai bu pour… pour… Je ne sais plus pourquoi j’ai bu… Et j’ai parié pour… euh… la même raison. »

Il se frotta les yeux, sa mémoire peinant à faire surface.

« Donc je fuis encore, et je me suis caché ici. Je ne peux pas parler du pourquoi de la fuite. C’est… Compliqué. »

Assez parlé de mon passé, l'hydromel me monte à la tête, maintenant il faut régler mon avenir en vitesse. Je sers bien à quelque chose… Je sais faire des choses. Des bonnes choses qui peuvent aider ! Faut juste les trouver...

Son entourage se mit à se brouiller, et les meubles ne voulaient plus rester à leur place. C’était mauvais signe…

« Pour mon avenir… Mon futur. Oui je veux travailler pour vous ! Bien sûr que je le veux ! Je peux même vous être très utile, je sais… je sais… faire des choses oui ! Par exemple… Je peux… Oh et puis zut. Vous pouvez refaire votre truc là, avec le froid et le noir ? Je me concentre mieux quand j’ai peur je crois. »

Après quelques instants il constata qu’il avait peut être vexé le démon. Pour se rattraper il ajouta :

« Seulement si vous le voulez bien sûr. Sans vous vexer bien sûr… »


Et il regarda ses pieds.
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