Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
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"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
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 Au bal des Vampires [Balsa]

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Nazj
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MessageSujet: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyLun 09 Avr 2012, 17:23

Aujourd'hui était un jour un peu…spécial. Et pour l'occasion, Nazj s'était installé tout à l'avant du navire, là où il n'allait jamais. Le vent y était un peu trop fort, et les vagues se brisant sur la coque avaient tendance à éclabousser quiconque se tenait là, et la dernière chose dont Nazj avait besoin, c'était bien d'une pneumonie. Aujourd'hui, cependant, Nazj était bel et bien là, et il n'y avait nulle vague ni souffle à lui arracher la robe…parce qu'ils s'approchaient de terre. Ils ralentissaient, et Nazj pouvait distinctement voir les côtes de cette île maudite. Et bientôt, ils allaient s'arrêter, et puis…ils allaient devoir partir, Balsa et lui, sur ce rocher aride. Ghurol…Si Nazj y allait, c'était bien parce qu'il était obligé, il abhorrait cette île au-dessus des autres ! Certains pourraient penser que cela était totalement illogique : comment lui, Nazj, qui exécrait toute vie, pouvait bien détester cette île désertique ? Mais à ceci, Nazj ne pouvait que secouer la tête et soupirer.

Sa haine pour le monde allait bien plus loin qu'une simple détestation de la vie. Si le sorcier détestait cette île, c'était précisément parce qu'elle était "presque" morte. L'on aurait pu se dire qu'il aurait été content de l'absence d'une abondance de créatures vivantes, qu'ils ne grouillaient pas comme partout ailleurs sur l'Archipel…Non, c'était pour ça qu'il détestait Ghurol : malgré la nature féroce, malgré le climat, malgré les horreurs qui s'y passent constamment, malgré les vampires, malgré les démons…la vie persistait TOUJOURS ! Ghurol était l'exemple vivant de ce que Nazj cherchait à arrêter, à éradiquer : la ténacité des espèces vivantes, et en y posant le pied, le nécromancien savait fort bien qu'à chaque instant qu'il allait arpenter cette terre, il allait y penser, et cela ne l'enchantait pas. Mais il avait un travail à faire, et rien ne pourrait l'arrêter.

Il était donc là, et son visage ne trahissait aucune émotion. Il pensait à toutes sortes de choses, il pensait bien évidemment au travail qu'ils étaient venus accomplir ici, mais aussi à son plus grand projet. Il pensait au passé comme à l'avenir, à son pouvoir, au monde entier, aux gens qu'il avait côtoyés, et aux tartes aux poires…il aimait la tarte aux poires. Il pensait aussi à Balsa. C'était suffisamment rare qu'il pense autant à quelqu'un de vivant pour qu'on le note. Le voyage, après ce fameux jour où Nazj avait dévoilé ses véritables motivations à la chimère, était devenu plus…agréable. Même si les progrès –ou plutôt l'absence de progrès- en magie de la jeune fille poussaient le sorcier au soupir, il n'y avait plus rage, plus autant de colère…Pourquoi ? Il s'était posé cette question un jour, il en avait vaguement conclu qu'à présent, il voyait peut-être la chimère plus comme une complice, une associée, qu'un vulgaire serviteur…Il trouvait cette théorie un peu tirée par les cheveux, bien qu'elle émanait de lui-même, mais il savait que l'esprit humain regorgeait de surprises dont ils n'avaient pas conscience.

Il n'y avait eu aucun progrès dans la magie élémentaire, ni dans la magie noire que Nazj avait proposé à la chimère…et cependant, la foudre de Balsa se portait mieux que jamais ! Les améliorations étaient maigres, certes, mais considérant l'apparente inaptitude de la chimère à provoquer la moindre étincelle de magie, c'était quelque chose qui méritait qu'on le remarque. Du coin de l'œil, Nazj avait plusieurs fois observé la chimère s'exercer…il espérait qu'un jour, le pouvoir de la jeune femme suffisamment puissant pour être d'une quelconque utilité au sorcier, mais il devait tout de même prendre garde, observer avec attention ! Il ne souhaitait pas la voir devenir plus puissante que lui, oh que non, et la perspective d'être transformé en carcasse incinérée depuis le ciel ne l'enchantait guère…si elle décidait de continuer à travailler de la sorte, il allait devoir garder un œil sur elle.

Mais aujourd'hui, il n'allait pas avoir à s'en inquiéter ! Car ils avaient du travail. Nazj sortit de sa rêverie et se rendit compte qu'ils s'étaient arrêtés. Il leva la tête vers le ciel…le soleil en était à son zénith, ils allaient devoir partir au crépuscule, cela leur laissait assez de temps pour décider de la marche à suivre. Bien sur, leur destination n'était pas juste à quelques pas de là, une bonne marche les attendaient, peut-être un jour ou deux ! Mais il leur fallait tout de même décider ici et maintenant de ce qu'ils allaient faire, il y avait certaines choses que Nazj ne pouvait sortir de ses manches et qui resteraient coincées sur le bateau. Nazj descendit sur le pont…à présent que le navire s'était arrêté, la plupart des membres de l'équipage se tenaient là, immobiles, le regard dans le vague, à attendre qu'on leur ordonne de préparer le départ. Le sorcier se dirigea vers la cabine de la chimère…il était étrange de ne pas la voir sur le pont, mais il ne pouvait attendre. Il tambourina sur la porte.


"Balsa, Ghurol est en vue ! Il est temps pour vous d'en apprendre plus sur les vampires."

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyLun 16 Avr 2012, 22:36

Au coup assené sur la porte les paupières de la chimère tressautèrent, ses sourcils se fronçant sur son visage endormi. Un gémissement, elle se tourna sur le côté, chassant ce qu’elle prit pour les dernières bribes d’un rêve. Mais la voix de son maître, étouffée par le bâtant de bois qui les séparait, parvint à ses oreilles et la réveilla. Sa main vint frotter ses yeux avant qu’ils ne s’ouvrent sur l’intérieur de sa chambre. Un effort de mémoire, qu’avait-il dit ? Ghurol était en vue… Ghurol était en vue !!! Ce voyage qui lui avait semblé interminable était achevé, enfin ! Et l’île désertique qu’elle avait rêvé de voir depuis si longtemps s’offrait à elle. Elle bondit hors du lit, passa négligemment les mains dans ses cheveux emmêlés, les noua en queue de cheval et se rua vers la porte qu’elle ouvrit tout d’un coup.

Le soleil, au plus haut, vint la frapper de sa lumière et l’envelopper de sa chaleur. Le temps que ses pupilles se rétractent pour s’adapter et elle ne tint compte ni de l’expression de Nazj ni du fait qu’il se trouvait sur son chemin. Car elle se précipita, souffle court, vers l’avant du navire. Elle voyait l’île, son immensité qui s’étalait à quelque distance d’eux. Parvenue au bastingage, elle s’y appuya et sourit. D’un sourire pleinement satisfait, tout émue qu’elle était. Ghurol… Elle se souvint de fragments d’histoire qu’Akin contait au sujet de l’île, ceux-ci défilaient à une vitesse fulgurante dans sa tête. Elle se souvint aussi de sa première tentative d’atteindre cet endroit, soldée par un échec qui l’avait entraînée sur Rosyel. Mais cette fois elle y était ! Ce n’était ni un rêve ni une projection dans l’avenir. Toute la réalité qui l’entourait le lui criait et son cœur bondissait dans sa poitrine. Elle embrassa du regard cette entendue rocheuse, aride, sur laquelle venaient s’écraser les vagues de l’océan. Au loin le désert se mêlait au ciel dans un flou né de la chaleur de l’astre frappant les reliefs. Il n’y avait aucune végétation en vue, seuls le gris, le jaune et l’ocre pour tout recouvrir.

Elle se rappela alors à quel point ce milieu était hostile. Et que s’ils étaient arrivés, ce n’étaient pas pour profiter innocemment des lieux. Les choses sérieuses allaient commencer. Nazj lui avait expliqué, car elle ne cessait de l’interroger sur leur tâche, qu’ils auraient à marcher un moment avant d’atteindre le territoire vampire. Cela ne lui faisait pas vraiment peur. La distance, elle savait l’avaler et son corps était plus qu’habitué à parcourir des lieux et des lieux sans s’arrêter. Mais ici il ne faudrait compter ni sur les ruisseaux et les eaux de pluie pour s’abreuver ni sur l’abondance de fruits et de gibier pour se sustenter. Le voyage avait été confortable jusqu’à présent, la faim et la soif ne s’étaient jamais fait ressentir. Mais il allait maintenant se faire des plus rudes. Le défi l’excitait pourtant, la découverte de ce monde nouveau lui redonnait une âme d’enfant et une soif d’aventure qu’elle ne se souvenait avoir eu qu’à son départ de la cabane où elle vivait avec l’anubite.

Combien de temps s’était-elle perdue dans la contemplation de Ghurol ? elle n’aurait pu le dire. Mais elle quitta ses rêveries pour se tourner vers Nazj. Elle s’en remettait en grande partie à lui pour la suite des évènements. Il était bien assez intelligent pour avoir conçut son plan dans les moindre détails. Mais sa magie pourrait-elle subvenir à leurs besoins de mortels ? Rien n’était vraiment sûr. Ils devraient sans doute se lancer dans la marche avec toutes les provisions nécessaires. Et la sueur naissant sur son front, sur sa nuque et au creux de ses mains pointait une autre évidence : la chaleur et la sécheresse seraient leurs ennemies. Et encore, ici ils jouissaient de la fraîcheur de l’océan. Une fois à l’intérieur des terres il n’y aurait que l’étouffante brûlure du soleil. Au mieux. Au pire, ils se trouveraient pris en pleine tempête de sable.

- Il vaut sans doute mieux partir à la tombée de la nuit, avancer le plus possible tant qu’il ne fait pas trop chaud… Et se préparer d’ici là.

Paroles bien peu utiles, elle en convint. Il n’avait sans doute aucune leçon à tirer d’elle. Et puis se préparer ne prendrait pas tout l’après-midi. Voyageuse dans l’âme, il ne fallait guère plus de quelques minutes à Balsa pour être prête à partir. Le temps de passer un vêtement qui protégerait sa peau et son crâne des rayons chauds, celui de fourrer ce qu’il conviendrait d’emmener dans un sac et elle pouvait se lancer sur la route.

- Est-ce que nous emportons tout le nécessaire avec nous ou vous pourrez invoquer les choses au fur et à mesure ?

Une chose était certaine : tout bientôt, Balsa n’aurait plus à supporter les odeurs nauséabondes du navire, la vue des cadavres déambulant stupidement devant elle et le bleu salé pour seul décor. Elle allait retrouver la terre ferme, adieux roulis, et rien ne pouvait plus l’enchanter en cet instant.

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyJeu 26 Avr 2012, 01:27

Nazj attendit quelques instants, patiemment, devant la porte de la cabine de la jeune femme. Il ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait dans cette cabine en plein milieu de la journée…peut-être la sieste ? Nazj, lui, trouvait aberrant l'idée de perdre son temps à dormir, il y avait tant de chose à faire ! Il dormait très peu, et uniquement lorsque la fatigue le terrassait. Mais il savait que nombre de gens pratiquaient la sieste en cours de journée, peut-être que dans le sommeil trouvaient-ils un semblant de paix, un oubli de la réalité et de la condition misérable de leur vie…Nazj, qui était toujours plus radical, trouvait la Mort plus efficace que les maigres limbes du sommeil. Mais rare étaient les personnes qui le comprenaient, rare étaient les personnes qui se laissaient faire. Alors il n'allait pas leur donner le choix.

Il était ainsi, plongé dans ses pensées, lorsque la porte de la cabine s'ouvrit. Il revint à la réalité, et eut un petit sourire lorsqu'il s'apprêtait à dire quelque chose à la chimère, mais soudain, celle-ci le dépassa à toute vitesse, manquant tout juste de le faire tomber ! D'ailleurs, c'était exactement ce qui se serait passé si Nazj n'avait pas exécuté un léger saut en arrière, et s'il ne s'était pas rattrapé à un cordage poisseux qui pendait tout près. Et la chimère ne s'était même pas arrêtée, elle ne lui avait pas accordé un regard, et avait foncé à l'avant du navire…et Nazj était bien trop surpris pour se mettre en colère. Il reprit l'équilibre, et essuya sa main pleine de moisissure prise de la corde pourrie sur sa robe. Il regarda autour de lui, il se sentait quelque peu ridicule…Mais il n'y avait personne, bien entendu, que des cadavres au regard vide ou pris par leurs tâches respectives. Il grogna et se renfrogna, et entreprit de rejoindre Balsa.

Etrangement, elle semblait…émerveillée, tout au contraire de Nazj. Elle semblait fascinée par le paysage désertique qui s'étendait devant elle, et par la perspective de le traverser, d'y poser les pieds. C'était plutôt surprenant, toute personne sensée souhaitait éviter cette île à tout prix, semblait-il, il n'y avait là que l'hostilité, des créatures prêtes à tuer, et des hommes tout prêts à faire de même, si l'on avait la malchance de les croiser dans ces étendues arides. Mais il semblait que Balsa ne voyait pas tout ça…Nazj ignorait, d'ailleurs, ce qu'elle voyait de si formidable dans cette île, il y avait probablement une histoire personnelle qui s'y rattachait, cela semblait être la seule explication plausible, mais cela n'intéressait nullement le sorcier. Peut-être aurait-il du être ravi, ou tout du moins content, de voir Balsa si enjouée et certainement prête à descendre et à arpenter l'île…mais en vérité, il ne souriait pas. Nazj avait tendance à être d'humeur massacrante quand tout le monde autour de lui était content, tout heureux, et à être en joie lorsque le monde était triste, déprimé et morne, il en avait toujours été ainsi, et il ne se l'expliquait pas.

Il avait enfin rejoint Balsa, et avant même qu'il puisse dire un mot, elle exprima une telle évidence qu'il haussa le sourcil. Allons donc ! Cette enfant pensait-elle vraiment pouvoir lui apprendre quelque chose ? Voila plus d'un demi-siècle qu'il parcourait le monde, il n'avait plus rien à apprendre de personne ! Mais il ne se mit pas en colère ; en vérité, Balsa avait l'air tellement excitée que Nazj doutait qu'elle était vraiment consciente de ce qu'elle disait, aussi ne fit-il que hausser légèrement les épaules. Sa question fut un peu plus pertinente, toutefois.


"Hum…je pourrais certainement invoquer certaines choses, mais le voyage qui nous reste à faire sera épuisant, je ne pourrais pas subvenir à tous nos besoins. Nous partirons au crépuscule, et marcherons toute la nuit, puis nous fabriquerons un petit abri si nous n'en trouvons pas un avant, et nous dormirons le jour, c'est préférable, et moins dangereux, il y aura moins de prédateurs qui oseront affronter la chaleur cuisante du jour, et il n'y aura certainement aucun vampire venant troubler notre sommeil lorsque nous nous approcherons, nous pourrons donc nous reposer en paix."

Il s'approcha encore et, désormais à côté d'elle, il continua.

"Nous discuterons alors divers moyen qui s'offrent à nous pour que notre travail aboutissent, à moins que vous ne vouliez en parler dès à présent. Mais dites-moi tout d'abord, Balsa, que savez-vous des créatures que nous allons braver ?"
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyDim 06 Mai 2012, 18:11

La chimère écouta son maître sans broncher. Rien ne la surprit vraiment dans sa réponse. Il était puissant, cependant assez malin pour économiser ses forces et ne pas compter uniquement sur sa magie. Car dès le dernier rayon de soleil disparu, ils entreraient en territoire vampire. Partout ils seraient vulnérables et partout ils pouvaient s’attendre à l’affrontement. Et Nazj aurait à ce moment là besoin de toutes ses forces. Elle se demanda un instant à quel point sa fatigue physique influait sur sa fatigue mentale. Et si tout au long du trajet il avait donné son énergie au bateau pour qu’il avance, aux cadavres pour qu’ils s’animent… Les rouages de ses sortilèges lui échappaient totalement, d’autant qu’elle pouvait renoncer à en maîtriser aucun un jour, elle ne cherchait plus vraiment à comprendre. Idée toujours déplaisante que son échec. Elle considéra Nazj et vit entre eux le gouffre immense, elle était si faible, si ignorante. Le mage semblait pourtant s’inquiéter de son éducation. Il lui demanda d’ailleurs ce qu’elle savait de leurs futurs adversaires.

- Des vampires ?...

Balsa savait surtout qu’il fallait les éviter, qu’ils étaient des prédateurs redoutables avec bien peu de pitié pour le vivant. Des histoires couraient bien, sur des vampires épris d’amour pour un mortel ou sur d’autres qui renonçaient à tuer. L’elfe Lunielle en avait évoqué un parmi ses amis… Mais Akin l’avait prévenue, l’instinct de ces créatures les poussaient toujours à s’abreuver de sang humain. Les pupilles qui fixaient Nazj vinrent se perdre sur les étendues de roche et de sable devant eux. Elle n’observait pas vraiment le paysage mais s’efforçait d’assembler en esprit les connaissances qu’elle avait de cette race.

- Ils sont réputés immortels, bien plus rapides et puissants que les humains qu’ils étaient. Ils gagnent leur force du sang qu’ils boivent… Leur morsure peut transmettre le vampirisme. A certains, beaucoup meurent des attaques. Ils craignent le soleil. On peut les tuer pour de bon, les chasseurs de vampire en savent long là-dessus… Pas moi.

Une petit sourire se glissa sur ses lèvres.

- Mais j’imagine qu’une tête tranchée devrait suffire à s’en débarrasser. Je me trompe ? Je crois que du bois dans le cœur les tue aussi… Mais j’aimerais en savoir plus. Vous devez connaître les astuces pour vous en débarrasser. Un peuple mort, j’imagine que vous avez un sacré nombre de bouquins sur eux… Bref, déjà, savoir s’il y a des astuces pour les piéger, des points faibles dont on peut se servir…

Elle hésita un instant et, accrochant à nouveau son regard au nécromancien, finit par lâcher ce qui lui trottait dans la tête depuis un moment.

- Je sais aussi que n’importe quelle race ne peut pas devenir vampire. J’aimerais savoir quelles races le peuvent… Et je crois pas qu’un animal puisse être vampire non plus. Alors, que pensez-vous pour moi ?

Au cours de leurs échanges, elle lui avait donné sa « recette » comme elle aimait le penser. Le mélange qu’un esprit humain inconscient, curieux, envieux, avait mit au point. L’ingrédient principal était humain, puisque le docteur Tuker voulait voir dans cet hybride un reflet de sa fille. Mais entraient dans la composition des éléments félins, lycanthropes et féés. Une maladie spécifiquement humaine pourrait-elle s’en prendre à elle ? Elle espérait sincèrement que non, car le combat se jouerait au corps à corps si elle voulait user de l’électricité. Et le risque de morsure serait immense. Elle s’était déjà imaginé la possibilité de devenir une créature de la nuit. Autant leur force et leur immortalité l’attirait, autant leur faiblesse contre le soleil suffisait à elle seule à ce que l’idée d’une transformation la répugne. Elle pourrait se nourrir sans culpabiliser de sang humain, mais elle ne supporterait pas de ne pas se contrôler. Déjà esclave de ce sorcier à ses côtés, elle ne voulait pas devenir celle du fluide rouge. Un peu inquiète de la réponse qui allait venir, inquiète aussi qu’il ne sache peut-être pas, elle le regardait de côté, toujours tournée vers cette terre qu’ils allaient pénétrer.

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Nazj
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptySam 19 Mai 2012, 23:14

Spoiler:

Nazj écouta attentivement ce que la jeune chimère avait à dire, il l'écouta déballer ses connaissance, comme s'il s'agissait d'un cours, qu'il était le maître et elle l'élève, cela l'amusa un instant. Etait-il vraiment un maître, comme quelqu'un qui en instruit un autre ? Il n'avait pas appris grand-chose à Balsa. Il avait essayé, tout le long du voyage ! Mais on n'était pas vraiment un maître si on ne pouvait rien inculquer, n'est-ce pas ? Quoique peut-être étais-ce la faute de l'élève…Quoiqu'il en fût, Nazj écouta Balsa, et tout en le faisant, il prit sa pipe, y bourra du tabac, l'alluma, et la mit en bouche…il remarqua que durant le voyage il avait repris la désagréable habitude de fumer. D'ordinaire il ne sortait sa pipe que lors des longues soirées d'études des textes occultes et des grimoires de sorcellerie. Il fit la grimace, il allait devoir y remédier…quoique dans les terres arides de Ghurol, il n'aurait pas vraiment le choix.

Il écouta donc Balsa parler, et acquiesça occasionnellement. Ce qu'elle disait était tout à fait correct…les vampires étaient des créatures que Nazj trouvait grotesques, des morts agissant de leur plein gré ! Voila qui était tout à fait ridicule, cela ne lui plaisait pas. Peut-être un jour trouverait-il un remède au vampirisme ? Peut-être un jour pourrait-il tous les éradiquer, mais pas maintenant, il y avait tant d'autres choses à faire, Nazj avait tellement de travail, et si peu de temps pour le faire. Mais un jour, peut-être un jour, il avait bien l'intention de rester parmi les vivants encore un temps, cela le fit sourire. Il reporta son attention sur Balsa, elle avait posé une question très intéressante, ou en tout cas soulevé un sujet qui valait la peine qu'on se penche au-dessus…

"C'est là mon enfant une question…difficile. Comprenez que vous êtes une créature unique, même si d'autres…monstres viennent de là où vous avez émergé, je me doute qu'ils sont bien différents de vous, aux proportions diverses, aux caractéristiques variées ; je ne peux vous donner une réponse catégorique….Mais je pense toutefois que oui, vous avez bien des chances de succomber au vampirisme, si l'une de ces choses vous infecte. Il me semble remarquer que la part dominante de votre être est bel et bien humaine, les autres…ajouts, ces morceaux qui font de vous un être exceptionnel sauraient difficilement stopper la maladie, à mon sens. Mais réfléchissez, des créatures aussi fières et vaniteuses que les vampires supporteraient-elles d'avoir un être…différent tel que vous dans leur rangs ? Je ne crois pas, ils préféreraient vous tuer, et à mon avis, c'est un sort bien plus enviable que la vie qu'ils mènent. Mais l'on peut difficilement en être certain avant d'avoir essayé, n'est-ce pas ? Cependant, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je préfèrerais rester dans l'incertitude sur ce point, je n'ai pas encore en ma possession de cure contre le vampirisme."

Il sourit légèrement…il trouvait cela amusant, sans vraiment savoir pourquoi. Tout cela l'avait fortement intéressé, il nota cette idée saugrenue quelque part dans son esprit. Peut-être trouverait-il le temps, entre deux destinations, d'étudier la question ? D'un autre côté, s'il venait à bout du travail qu'il avait déjà commencé, toute autre étude deviendrait obsolète. Il fronça les sourcils, voila quelque chose à laquelle il n'avait pas pensé ! Mais peu importait sur le moment, il fixa la chimère.

"Pour ce qui est de vos connaissance de ces créatures, c'est tout à fait exact ! Ils sont immortels, ce qui est logique, bien plus forts physiquement que vous et surtout moi. Ils peuvent être tués cependant, et de façons plutôt simpliste dans la théorie. Il faut soit les brûler, soit les décapiter, soit réduire leur cœur ou leur cervelle en bouillie, le pieu ou le clou sont surtout pour le spectacle et les histoires, c'est bien moins efficace qu'un coup de hache en pleine tête. Je pense que votre pouvoir pourrait être fort utile, quel meilleur moyen de détruire un cerveau que de le faire frire directement dans le crâne ? Mais avec un peu de chance, nous n'aurons pas à affronter ces bêtes. Je remarque cependant que vous n'avez pas beaucoup parlé de leurs faiblesses…car oui, ces monstres sont peut-être bien plus forts et agile que vous et moi, mais êtes vous sensible à l'eau "bénite" ? Vous sentez-vous repoussés devant une bête croix de fer ? Il y a tellement de choses à propos des vampires que le commun des mortels ignore, j'imagine qu'ils ont eux-mêmes pris grand soin d'effacer toute trace de ces menues choses, mais il y a toujours quelqu'un qui détient un secret que l'on croit étouffé, toujours ! Devant une horde de vampires, cependant, vous imaginez bien que ces secrets nous seront inutiles."

Il eut un geste flegmatique du bras en direction de sa cabine, et quelques secondes plus tard, un cadavre en sortit, portant dans ses bras une petite malle en bois verni. Le mort se dirigea vers les deux passagers.

"C'est pourquoi nous devons agir avec finesse. Je ne suis pas un maître stratège, mais j'ai quelques idées toutes simples qui pourraient nous permettre d'entrer au manoir sans avoir à l'assiéger. Ce sera dangereux, bien entendu, mais vous deviez vous en douter. Ma première idée est d'entrer par les catacombes, il y a nombres tunnels de-ci de là autour du manoir qui nous permettent de rentrer, nous devons nous rendre au plus profond des cryptes, mais si l'un d'entre eux nous aperçoit, alors les choses vont se compliquer…Et quant à la seconde idée…"

Il claqua des doigts, et le mort–qui était arrivé jusqu'à eux entre temps- ouvrit la malle qu'il portait. Et ils purent voir une robe splendide, d'un noir d'encre serti de jais et veiné de fils d'or ! Nazj sourit, se procurer cet habit pour la chimère avait été très difficile, c'était un vêtement riche, d'une grande valeur, et il ne savait pas du tout si cela allait lui plaire ou non, bien que cela soit secondaire, tout compte fait. Pour ce qui était de la taille, il n'y avait pas de souci à se faire, un peu de magie pouvait resserrer ou relâcher les fils à sa guise.

"Nous pouvons tout simplement nous fondre dans le paysage, à nos risques et périls. A votre guise."
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyVen 01 Juin 2012, 23:36

Spoiler:


Arrivant au terme de son propos, le seigneur Nazj tendit le bras vers ses quartiers. Qu’un cadavre se montre dans l’instant suivant n’étonna pas Balsa qui s’était largement habituée à ces ordres silencieux et toujours obéis. Celui-ci portait dans ses bras décharnés une petite malle. Il approchait avec la lenteur de ceux de son espèce, alors que le nécromancien dévoilait à la chimère les premiers détails du plan qui devrait les faire entrer dans la demeure trop bien gardée des suceurs de sang. Passer par les catacombes ? Voilà qui serait parfait. S’enfouir dans le noir, viles créatures rodant autour de leur butin en devenir, l’idée était fort plaisante. Ni l’obscurité, le froid ou l’humidité ne dérangeaient Balsa, et l’étroitesse des lieux jouerait sans doute en sa faveur en cas d’affrontement. Mais comme le suggéra Nazj, tout pourrait très vite dégénérer si au lieu du combat un témoin de leur visite s’empressait d’aller répandre l’information à ses congénères.

Il y avait une autre façon de s’infiltrer. Laissant une phrase en suspend, le mage fit signe à son serviteur écervelé et celui-là révéla ce que renfermait son trésor. Les yeux ronds, la chimère découvrit un vêtement riche, à l’étoffe fine et d’un noir profond, orné des pierres et brodé de fil d’or. Les sourcils se froncèrent sur son regard emplit de doute. Elle n’était pas sûre de comprendre. La robe lui était à l’évidence destinée mais… D’une phrase toute simple il s’expliqua. C’était la ruse qu’il pensait employer, le déguisement pour tromper l’ennemi. La chimère se sentait bien moins à l’aise avec cette version de leur intrusion. Elle prit la robe délicatement, considérant dans un sourire qu’elle n’avait jamais rien porté qui ait autant de valeur. Cela ne lui correspondait tellement pas, elle qui se contentait de frusques pratiques, qu’importe leur état ou même leur propreté. Elle lui plaisait pourtant, cette ombre tissée avec soin, qui glissait entre ses doigts dans une caresse si douce. Elle reposa le vêtement, soupirant à réaliser qu’elle avait ce désir de le porter, désir de paraître, désir si humain.

- Elle est très jolie… Mais je ne suis pas sûre que se soit une bonne idée. Se faire passer pour vampire… Et bien, déjà, je ne crois pas en être capable. Il sera évident si je parle que je ne suis pas des leur. Et ça sera pire s’ils me testent…

Elle ne saurait en effet rivaliser de force ou de vitesse avec ces êtres. Et son jeune âge, sa façon de parler trop familière, feraient sans doute tâche au milieu de ces êtres aussi anciens que maniérés. Cependant ce n’était pas ce qui inquiétait le plus la chimère, non.

- Je veux remettre en cause votre plan mais il me semble qu’à tous vivre ensemble depuis aussi longtemps qu’ils sont vampires, il vont bien voir qu’on est pas des leurs. Deux visages inconnus, comment leur faire croire que nous sommes pas des intrus ?

Oui, ils pourraient jouer le rôle de deux nouvelles recrues. Mais là encore, ils s’exposaient à des questions et des vérifications que seuls des simples d’esprits pouvaient leur épargner. Plus elle y pensait, moins Balsa considérait cette idée comme un bon plan. Ils pourraient peut-être avancer un moment, s’ils jouaient le jeu avec assez de brio – ce qui ne serait pas gagné pour elle – mais le moment de la confrontation viendrait forcément. Et ils seraient alors à découvert, leurs visages connus de beaucoup.

- Et puis, je ne sais pas, je crois qu’ils nous repèreront dès qu’on les croisera. A l’odeur déjà non ? Enfin, si vous me laissez le choix, je préfère tenter par les catacombes. Nos chances me paraissent meilleures.

Elle ne porterait donc pas ce vêtement si soigné. C'était mieux ainsi, elle serait plus à l’aise dans ceux qu’elle avait déjà sur le dos. Les mêmes qu’à son arrivé, du moins avait-elle gardé cette robe noire que le sel avait ternit, où aucun éclat doré n’attirait l’œil. Quand la chaleur avait commencé à se faire sentir pendant la traversée, elle avait eut l’idée d’en couper les manches. Mais s’était bien vite ravisée. Car sur Ghurol, les nuits seraient fraiches et les journées d’autant plus brûlantes. Les rayons n’auraient guère de pitié pour les peaux exposées. C’étaient les récits d’Akin qui, refaisant surface à chaque fois qu’elle sentait le navire approcher de la destination, lui avaient rappelé les précautions que le voyageur devait prendre pour entamer un périple dans ce milieu hostile.

Accordés sur leur stratégie, Nazj et Balsa firent l’inventaire de leurs besoins. Sans se presser, ils avaient toute l’après-midi pour débarquer. Comme ils devraient tout transporter avec eux, ils devaient faire au plus léger, aller à l’essentiel. Leurs vivres étaient maigres, suffisant pour trois jours, et l’eau serait à boire avec une grande parcimonie. Il avait de quoi constituer un abri en toile pour se reposer sous le soleil et cela constituait le gros de leur paquetage. Bien entendu, ils s’étaient entièrement reposés sur l’assistance des cadavres pour tout préparer. Ils allaient bientôt se séparer de ces auxiliaires ressuscités et la chimère savourait ces derniers instants où elle n’avait qu’à dire les choses pour qu’elles soient faites.

On embarqua finalement les affaires à bord de la seule chaloupe encore en l’état de naviguer. Il y avait deux sacs, un pour chaque marcheur. Celui de Balsa était ostensiblement plus lourd, mais elle n’y voyait pas d’inconvénient, ce n’était là que logique, sa constitution étant bien plus solide que celle du vieillard. Ils montèrent à bord, suivit de deux gaillards en décomposition qui rameraient jusqu’au rivage, leurs derniers serviteurs. Car ils ne s’encombraient pas de porteurs qui les ralentiraient. Ahanant, deux autres cadavres déroulèrent les cordages rongés par le temps qui retenait la petite embarcation. Elle tangua sous les pieds des voyageurs et entama doucement sa descente vers l’écume. Un moment la chimère crut que le lin allait céder, et le bois venir s’écraser sur les flots. Mais ce fut tout en douceur que le bois vint se poser sur l’eau, calme à cette distance de la côte. Aussitôt la barque à flots, les serviteurs la détachèrent et se mirent aux rames. Tour à tour Balsa regarda le navire s’éloigner et la côte approcher. Dans quelques minutes, dans quelques coups de rames, elle allait enfin poser le pied sur la terre ferme.

Elle en savait d’avantage sur les vampires. Et si l’idée d’une transformation l’effrayait toujours, le raisonnement de Nazj était juste. Pourquoi voudraient-ils offrir leur puissance aux nuisibles qui venaient les voler ? Elle décida de compter là-dessus et se concentra sur le positif. Déverser sa foudre serait plus que jamais utile. S’ils venaient au contact, elle pourrait s’en débarrasser. Enfin, si il n’y en a qu’un… Nazj était là aussi. Elle l’avait vu invoquer des créatures redoutables et d’une façon comptait sur lui. Même si elle savait pertinemment qu’elle n’était qu’un serviteur de plus, seulement vivant, une arme et un bouclier pour son maître. Il lui avait pourtant demandé de choisir la voix de leur intrusion. Sous leurs pieds, la barque chevauchait les crêtes et à tribord le soleil rejoignait l’océan. La curiosité de la chimère pointa.

- Vous auriez choisit le déguisement pour entrer ?

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMer 20 Juin 2012, 04:05

Nazj observa Balsa en souriant tandis qu'elle examinait l'habit qu'il lui offrait…elle semblait très surprise, ce qui était logique, et même…choquée, lui trouvait plutôt ça plutôt amusant. N'avait-elle donc jamais porté d'autres vêtements que les frusques dont elle s'affublait ? Même Nazj, bien qu'il soit difficile de le croire, s'habillait de manière très riche quand il le fallait, une grande robe de bure en tissu de qualité, noire et décorée d'or, et quelques glyphes d'un vert sombre qu'il avait ajoutées pour choquer et effrayer ceux qui arriveraient à les reconnaître, mais qui ne feraient rien…qui donc oserait troubler un rassemblement de gens de la haute société ? Lorsqu'il pensa à cette catégorie de personnes, Nazj frissonna presque de dégoût, les côtoyer avait toujours été une épreuve difficile qui le laissait toujours en rage, il était bien content d'avoir délaissé cette partie de sa vie, bien qu'il sentait qu'il allait devoir y retourner très bientôt…peut-être même sur cette île qu'ils accostaient ? Il écouta la réponse de Balsa.

Non…pas à Ghurol, la jeune en avait décidé autrement…le sorcier ne lui avait-elle pas laissé le choix ? Il ne savait trop s'il devait se sentir rassuré de ne pas avoir à jouer les crétins pompeux –car il doutait que les vampires soient si différents des humains sur ce point- ou déçu de ne pouvoir se fondre dans la masse pour agir discrètement, peut-être aurait-il préféré cette manière…mais il le ferait une prochaine fois , et il n'allait pas argumenter, la chimère avait tout à fait raison : si lui, Nazj, savait comment se comporter parmi ces créatures, elle serait bien trop dépaysée pour être crédible, et tout tomberait à l'eau. Les catacombes étaient plus sur, pourquoi n'avait-il pas pensé à ce détail ? Il avait du oublier un moment que Balsa n'était pas une élève très expérimentée et que toutes ces choses que Nazj avait vu lui échappaient complètement…il eut un rictus un peu moqueur ; le poids de la connaissance était lourd à porter, comme les vieux séniles dans leur bibliothèque aimaient à marteler à qui voulait bien l'entendre. Leur connaissance n'était rien face à ce qui se vivait et s'expérimentait.


"Nous pourrions passer pour des invités de marque ou des membres oubliés d'une branche d'une petite famille, les histoires les plus simples sont les meilleures, quelques illusions auraient couvert nos différences physiques. Mais soit ! Nous passerons par les catacombes, avec prudence."

Il claqua à nouveau les doigts, et le cadavre referma le coffret, fit volte-face, pour se diriger vers la cabine de Balsa.

"Le vêtement est vôtre cependant, je n'en ai aucune utilité…la seule personne à qui je voudrais l'offrir est morte depuis si longtemps…"

Ils allèrent donc préparer leurs affaires pour le trajet qui les attendaient…et il y avait fort peu de choses utiles à bord, Nazj grimaça légèrement en voyant la maigreur de leurs paquetages, mais en vérité, qu'auraient-ils pu apporter d'autres ? Il doutait que jeter un lire de cuisine à la face d'un vampire soit très efficace, et porter trop de poids sur le dos ne ferait que compliquer un voyage déjà très éprouvant. C'était surtout le manque d'eau qui le chagrinait, cependant, il est facile d'oublier que l'on peut manquer d'eau alors que l'on a l'océan aux pieds, mais les réserves du navire étaient plutôt maigre, Nazj savait qu'il allait devoir faire appel à la magie…tant qu'il ne s'évanouissait pas, tout irait pour le mieux !

Ils s'installèrent enfin dans la chaloupe, qui fut mise à flots, et les morts qui faisaient office de rameur commencèrent à amener les vivants vers la terre ferme. Nazj ne renfrogna encore un peu, dans quelques minutes, il allait à nouveau poser les pieds sur l'île maudite de Ghurol, et il n'y avait là rien qui pouvait l'enchanter. Mais cette fois, il savait où aller, et il savait ce qu'il avait à faire…Il commença à réfléchir, à penser aux vampires…combien étaient-ils dans cette demeure gigantesque ? Des centaines, probablement, et Balsa et Nazj allaient ramper sous leurs pieds comme des insectes, et si la moindre petite chose n'allait pas comme prévu, tout pourrait dégénérer très rapidement…que faire alors ? Contre des dizaines de vampires en furie ? Nazj allait devoir déchaîner des forces auxquelles il n'avait pas touchées depuis des décennies, il allait bien être obligé…et un éclat de crainte fit naître une sueur froide dans son dos. Cependant, Balsa le fit revenir à la réalité.


"À vrai dire, oui. Cela aurait été une occasion formidable d'étudier les vampires de très près, et chez eux ! De nombreux secrets pourraient être révélés, de formidable connaissance. Mais en vérité, nous n'aurions pas eu le luxe de nous offrir le temps de rester très longtemps pour tout découvrir, et vus avez tout à fait raison, vous nous trahiriez trop facilement, je le crains. J'étudierais ces monstres une prochaine fois…A condition qu'aucun d'entre eux ne voit mon visage profanant les tombes de leurs congénères"

Il eut un bref sourire complice à l'attention de Balsa, puis il prit son sac ; ils étaient arrivés, la barque n'irait pas plus loin. Nazj mit les pieds hors de l'embarcation, dans quelques pouces d'eau froide qu'il remarqua à peine. Il regarda la terre plongée dans l'obscurité qui s'étendait devant lui, puis il soupira, et se mit en marche avec Balsa, chaque pas les enfonçant un peu plus dans l'île damnée de Ghurol.
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyLun 09 Juil 2012, 00:07

Balsa l’avait deviné, Nazj aurait choisit l’intrusion par la grande porte. Elle aussi aurait aimé pouvoir le faire. Evoluer au sein des vampires, les observer, se faufiler dans leur demeure avec la satisfaction de les berner. Mais le risque était trop grand et son seigneur le reconnaissait, avec elle, ils feraient mieux de passer par les catacombes. La barque glissa sur l’écume jusqu’à ce que sa coque vienne gratter contre le gravier. Alors Balsa décida de débarquer, juste à la suite du nécromancien. Sentir l’eau fraiche engloutir son pied et sous lui le sol ferme du continent ravit la chimère. Le sac déjà sur les épaules, elle passa l’autre jambe dans l’eau et se mit à marcher, quelque pas derrière son maître, jusqu’à s’extraire de l’océan. Elle prit le temps de se retourner vers le navire. Elle avait pensé le voir disparaitre à leur arrivée, apparemment il les attendrait bien sagement et l’équipage aussi. Elle examina les alentours, la découpe de la côté, puis leva les yeux vers le ciel, les premières étoiles de la nuit, et les rabaissa vers Nazj. Comment se guidait-il ? Il avait l’air suffisamment assuré pour lui donner confiance cependant et elle se mit en route pour le rattraper.

Les dernières lueurs du jour ne se répandaient plus que dans le ciel, jouant de rouges et d’ors, alors que la terre était déjà plongée dans le noir. L’ombre dévorait Ghurol et ne restait qu’un croissant de lune pour les éclairer. La végétation étant rare et l’horizon plat – du moins pour l’instant – la nuit n’était pas si sombre. Balsa du moins pouvait marcher sans problème. Ses yeux cherchaient sans cesse à fouiller les ombres, mais dans le silence qui s’installait entre les voyageurs, c’était surtout son ouïe qu’elle avait toute attentive. Il n’y avait pas de vent, juste quelques courants épars qui tous ensemble murmurés rappelaient le souffle de la vie. Et la chimère écoutait cette vie. Car les mots étaient tous inutiles et leur respiration toute appliquée à suivre le mouvement de leurs muscles. Cela faisait du bien de marcher, d’avoir un but. Balsa aurait voulut aller plus vite, mais elle suivait le rythme du mage et économisait ses forces.

Ils marchèrent toute la nuit sans croiser âme qui vive. Quelques chuchotements faisaient penser à de la vie animale, mais ils n’avaient rien vu. Et pas de vampires non plus. Le silence était roi sur le trajet, en dehors de leurs brèves pauses chacun s’attachait à maintenir le pas. Balsa observait l’île avec une avide curiosité. Les roches, les contours, les odeurs. Mais dans l’immensité du désert leur marche était bien lente et la contemplation aboutie la chimère se perdait dans ses pensées. Elle se surprit à se demander qui pouvait être cette femme à qui était destinée la robe. Nazj avait eut une longue vie cela ne faisait aucun doute. Cet être purement malfaisant avait-il ressentit l’amour pour une femme ?

Ils réalisèrent que le jour se levait quand le ciel s’éclaircit à l'est et ils commencèrent à chercher un abri naturel. En longeant une falaise à son pied ils trouvèrent une faille qui entrait dans le bloc de roche. Ouverte face au nord, assez étroite et longue d’une dizaine de pas, elle leur promettait de l’ombre pour la journée. Ils dormirent tout le matin mais le soleil au zénith la chaleur les sortit de leur sommeil. Reposés, ils mangèrent et reprirent la route, ménageant leurs efforts et se glissant dans chaque ombre du relief pour se rafraichir.

Le jour tomba de nouveau et avec lui la tension monta. Ils avaient fait du chemin, perdu le moins de temps possible. Ils approchaient et s’il était peu probable qu’ils trouvent les catacombes cette nuit, leurs chances de croiser des suceurs de sang grandissaient. Et le vent s’était levé. Il soufflait sur leur flanc, portant des nouvelles de l’ouest et des poussières à leurs yeux. Le souffle du désert s’accélérait et les sons devenaient confus, l’horizon se troublait. Dans les histoires d’Akin, des vagues de sable s’abattaient sur les chasseurs égarés, le désert mangeait des villages en une nuit et les étrangers ne survivaient pas à une tempête. Pour l’instant, le vent restait calme. Mais la nuit ne faisait que commencer.


- Oh, mon amour, sais-tu que tu as les plus beaux yeux de cette terre ?
- Mon cher et tendre Gabriel, n’es-tu pas un peu jeune pour présumer de tels faits ?
- Grâce à toi, oh oui mon éternelle, j’ai devant moi un temps infini pour m’en assurer… Embrasse-moi...

Les regards se croisèrent, l’émeraude plongea dans le noir profond et la plus grande des silhouettes se pencha presque imperceptiblement vers la plus frêle. Celle-ci se hissa sur la pointe de pieds, faisant onduler la cascade de jais de ses cheveux, et posa ses lèvres sur celles de l’amant. Les vampires restèrent enlacés un moment, confondant leurs corps froids comme la mort, puis se séparèrent doucement. Alors la femme eut un sourire. Dans sa main elle tenait une corde épaisse, sur laquelle elle tira légèrement. A l’autre bout de la corde, un garçon d’une quinzaine d’année, le regard vide, fut amené par la traction vers les vampires.

- Notre premier repas partagé mon amour. Il est jeune, innocent, son sang est pur…
- Il n’a pas peur ?
- Il vient des élevages, il est trop stupide pour avoir peur, mais…

La vampire délaissa le regard de son amant pour plonger dans celui de l’humain. Elle approcha ensuite ses lèvres tout près de l’une de ses oreilles et murmura quelques mots. Alors les pupilles du jeune homme se dilatèrent, il se mis à trembler et la corde nouée à son cou se tendit, il essayait de fuir.

- Non, non ! NOOOONNN !!!
- Haha, excellent !
- Si facile…

Les vampires se contemplèrent un moment, puis éclatèrent d’un rire malsain qui résonna sur les roches du désert.

Balsa s’était figée, Nazj aussi. Immobiles, ils s’interrogeaient du regard, gardant le silence. Ils avaient entendu crier, il n’y avait aucun doute. Un cri de désespoir, qui leur était parvenu porté par le vent. L’ouïe toute aux aguets ils attendirent un instant et bientôt l’écho de rires leur parvint. La vie était toute proche et quelque chose se tramait non loin de là. S’il s’agissait de vampires, il ne faudrait pas longtemps avant que leur présence ne soit trahie. Le cœur de la chimère battait fort.

Le sourire qui barrait le visage de la vampire s’effaça tout à coup et son compagnon cessa de rire dès cet instant. Le jeune humain était pétrifié, ne sachant plus à quoi s’en tenir.

- Un problème ?
- Nous ne sommes pas seuls…

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMer 22 Aoû 2012, 02:19

Le voyage, si court fut-il, fut assez éprouvant pour le sorcier. La nuit n'avait pas vraiment été un problème, elle avait tout simplement été ennuyeuse, le paysage de Ghurol était morne et vite lassant pour quelqu'un qui s'y rendait pour la première fois, et Nazj n'en était pas à son premier séjour. Lors de la marche nocturne, le sorcier observa les constellations, et regretta brièvement de ne pas pouvoir prendre le temps de les étudier, c'était un sujet qu'il avait délaissé depuis très longtemps. À part cela, il avait compté les pas qu'il faisait d'un rocher à un autre, compté toutes les apparitions de lézards aux aspects exotiques, il avait beaucoup compté les choses les plus banales et ennuyeuses, et cela l'irrité. Il avait aussi ressassé de nombreuses pensées, mais toujours les mêmes, des souvenirs et des réflexions qui le taraudaient depuis vingt ans, et parfois bien plus…cela n'avait rien de nouveau pour lui, et dans cette atmosphère, ça n'avait fait qu'ajouter à son ennui et à sa morosité. Peut-être aurait-il du parler à Balsa, mais lorsque cette idée l'avait effleurée, il était déjà de mauvaise humeur, et il trouvait des plus inutiles de rendre le voyage plus désagréable qu'il ne l'était déjà en passant son irritation sur la jeune chimère. Ainsi garda-t-il le silence.

Mais cela, ce n'était que la nuit, lorsque tout était encore assez frais, et lorsque l'air lui-même ne brûlait pas. Lorsqu'il s'était réveillé dans cet abri qu'ils avaient trouvé, après un peu de sommeil, Nazj eut un choc ! Cela faisait quelques années qu'il n'était allé à Ghurol, et il semblait que depuis lors, le climat avait empiré ! Ou peut-être était-ce lui qui s'était décrépi. Le nécromancien pouvait se targuer d'être un des sorciers les plus puissants au monde, d'être au-dessus de tous, la nature aimait à lui rappeler qu'il était avant tout un vieillard décati, au corps frêle et vulnérable…Et à Ghurol, la nature était plus impitoyable et cruelle que partout ailleurs. D'aussi loin qu'il pouvait se souvenir, Nazj n'avait jamais aimé la chaleur, le vent froid et la fraîcheur, la bruine et les nuages gris l'avaient toujours accompagnés depuis la naissance. Reprendre la marche ce jour là fut donc difficile, mais il ne se plaignit pas, il savait parfaitement qu'il allait survivre à l'épreuve, après tout, on ne jouait pas sans cesse avec la mort sans apprendre à tricher un peu, et cette seule pensée améliora un peu son humeur. Cela ne l'empêcha pas cependant de suer et de respirer comme un bœuf, et de chercher le moindre coin d'ombre avec avidité. Ce fut une longue journée, et il fut heureux de voir le soleil se coucher de nouveau, il en profita pour maudire l'astre…Mais ils n'étaient pas au bout de leurs peines, car le vent se levait, et si d'ordinaire Nazj aurait remercié il ne savait trop qui pour une simple brise, le vent de Ghurol était une mauvaise chose, charriant du sable chaud et douloureux qui pouvait facilement les engloutir ! Il allait peut-être devoir user de magie pour qu'ils puissent survivre.

Mais soudain, un cri retentit ! C'était, à n'en pas douter, le cri de quelqu'un qui vivait quelque chose de fort désagréable, pour ne pas dire abominable. Pas un cri d'agonie, Nazj connaissait trop bien ce genre de choses et il était certain que l'auteur du hurlement ne venait pas de mourir, mais le trépas était tout proche. Il s'était arrêté, et Balsa également, elle avait entendu quelque chose aussi, et cela signifiait que ce n'était pas le fruit de l'esprit du sorcier qui commençait à basculer. Il resta immobile encore un moment, les sens en alerte, attendant quelque chose, un autre cri qui signifiait la fin d'un être vivant peut-être, mais rien ne vint. Tout cela ne lui disait rien qui vaille, il y avait quelque chose devant eux, et sur cette île, cela pouvait être n'importe quoi, un animal errant affamé par exemple, mais si proche de la demeure des vampires, il y avait de fortes chances pour qu'il s'agisse d'un des représentants de cette détestable race, si l'on pouvait appeler ça comme ça, le terme le plus approprié qui venait à l'esprit de Nazj était plutôt "engeance". Des rires retentirent, assez proches, beaucoup trop au goût de Nazj…il était certainement trop tard pour reculer, des rires ici signifiait qu'il s'agissait de vampires, ailleurs il aurait pu s'agir de genre de brigands, de hors-la-loi, mais bien peu de gens étaient assez stupides pour s'aventurer ici. Il regarda Balsa, et murmura :


"Préparez-vous au combat."

Ils ne pouvaient pas faire autrement, les vampires étaient de bons chasseurs, et se faire passer pour l'un deux demandait de la préparation, et ils n'avaient pas le temps. Mais il était inutile de penser à ce qu'ils ne pouvaient plus faire ! Lui aussi avait quelques préparatifs à faire, Nazj était loin d'être inoffensif. Il fouilla dans ses manches, et en sortit trois vertèbres vieilles et craquelées. Le sorcier écrasa les os dans ses grandes mains, les réduisant en poussière. Il garda les mains fermées l'une sur l'autre, laissant une petite ouverture entre les deux pouces, et une autre petite ouverture de l'autre côté, entre deux doigts. Il murmura quelques mots brefs, et souffla dans ses mains ; un mince filet de poussière s'en échappa, et tourbillonna devant eux, contre le vent, se mêlant un peu au sable. Trois minces tas de poussière d'os dansants se séparèrent, et bougèrent plus lentement, plus proche du sol…des formes apparurent, des fils blanchâtres se tissèrent entre les grains de poussière, et bientôt, il apparut que c'étaient des os qui se formaient progressivement, raccordées par des fils de chair et de peau desséchés, trois cadavres à la peau parcheminée et à la chair presque réduite en poussière. Autrefois, ces créatures avaient étés de puissantes bêtes majestueuses, des sortes d'énormes chats aux dents comme des sabres qui vivaient dans la jungle. Nazj fit un peu la moue, ce n'étaient pas exactement les créatures qu'il cherchait, lui comptait plutôt libérer quelques loups, mais faire la différence entre une vertèbre craquelée et une autre était assez délicat, ceux-ci feraient l'affaire, et il était bon de diversifier sa ménagerie de temps en temps.

Il regarda Balsa à nouveau, et pointa une direction du doigt.


"Allez par-là, ils doivent se douter que quelqu'un est là, mais les prendre tout de même par surprise nous faciliterait les choses, je vais les occuper assez efficacement pour qu'ils ne vous remarquent pas. L'heure n'est pas à la fuite, nous allons guérir le monde de quelques unes de ces horreurs. Allez !"

Nazj se pencha un peu, et gratta la tête d'un des cadavres, qui répondit avec un bruit fort étrange sortant de sa gorge pourrie et de ses poumons déchirés…peut-être le spectre d'un ronronnement ? Le sorcier se releva, et d'un ordre silencieux, dit à ses bêtes d'avancer. Il les suivit, un peu accroupi, marchant lentement, et elles avançaient avec la grâce d'un prédateur…les vampires devaient savoir que Nazj arrivait, mais il était inutile de s'annoncer en grandes pompes. Il se prépara au dur combat à venir…peut-être était-il un peu téméraire de se jeter ainsi à la rencontre de créatures aussi redoutables que les vampires, mais la chaleur et l'ennui du voyage, à la fois sur terre et sur mer, l'avaient fortement irrité, il devait se défouler, déchaîner son pouvoir, et il se rendit compte que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas tué quelqu'un pour le simple plaisir de la chose, et cela lui manquait ! Il sentit la magie affluer dans ses veines, et son cœur commença à battre plus fort, il sentait l'extase monter, et il était heureux de pouvoir enfin à nouveau charrier la mort.
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyDim 26 Aoû 2012, 16:29

Nazj ne se fit pas attendre quant au choix de sa stratégie. Balsa se prépara donc au combat : jeter bas son sac et se sortir de l’étoffe qui la protégeait ne lui prirent qu’un instant. Elle voyait le nécromancien s’affairer, elle entendait le crissement de ce qu’il broyait dans sa main. Un peu de magie et tout changeait. Le rituel et l’incantation avait mut quelque poussière en cadavres entiers. Ce qui était mort vivait de nouveau et l’inoffensif devenait létal. Le vieillard se révélait : un mage puissant, flanqué de trois félins décharnés. Cela avait quelque grâce, ces tours morbides. Les créatures, toutes crocs qu’elles étaient, n’avait rien d’amical.

La chimère suivit la direction donnée, planqua ses affaires dans un creux et considéra sa distance avec Nazj. Le sable se soulevait jusqu’aux épaules, bien qu’irrégulièrement, et la silhouette était déjà bien confuse. Ce vent qui leur brouillait la vue jouait à leur avantage : il camouflait l’odeur de la chimère qui se glissa peu à peu contre lui. Allant même jusqu’à effacer ses traces, il serait un bon allié dans ce piège. Doucement, Balsa suivit le sorcier, gardant largement ses distances.

A travers les volées de sable elle distingua bientôt deux individus en approche. Deux formes humaines mais il était fou d’espérer autre rencontre que des vampires. La chimère s’accroupit. Etait-elle repérée ? Les sens de ces créatures étaient connus pour être développés. Plus animaux qu’humains, taillés pour chasser, en cela elle se trouvait un lien avec eux. Mais la différence était immense : ils étaient immortels. A cette pensée un rictus souleva le coin de ses lèvres. Immortels si on les laisse tranquille… Elle serra son poing, pressentant l’arrivée de la foudre. Et se demanda si le courant coulerait naturellement au contact des vampires ou s’il faudrait le forcer de la manière dont elle s’y prenait pour achever les zombies. S’ils n’étaient vraiment que deux, si elle pourrait les atteindre et s’ils pourraient s’esquiver. Elle redoutait la morsure, craignant la mort tout autant que l’infection.

Les vampires s’arrêtèrent brusquement et presque aussitôt l’un d’eux fit demi-tour pour se mettre à courir. Balsa faillit bondir, cependant elle avait déjà du retard sur lui et elle comprenait qu’elle ne prendrait pas un vampire de vitesse. Elle risquait aussi de se découvrir à l’autre qui attendait Nazj immobile ; la sagesse lui souffla de reste cachée. Le sable allait lui interdire cette chasse de toute façon, il avait déjà engloutit le fuyard dans son trouble et effaçait ses empreintes derrière lui. C’était frustrant, mais elle ne pouvait rien faire. Pas de doute, le vampire allait avertir ses semblables. Etaient-ils loin de leur demeure ? Peut-être en se débarrassant de l’autre témoin assez vite ils pourraient à nouveau se cacher. La chimère observa devant elle. La nuit baignait de noirceur la tempête en devenir, même une vue perçante peinait à scruter le décor. Il y avait le nécromancien, arrêté à son tour, gardant une distance raisonnable avec sa cible. Il devait parler, il avait toujours beaucoup à dire et Balsa devinait sans peine qu’il savourerait le son de sa voix en s’adressant à ce qu’il allait faire mourir.

La chimère recula doucement. Elle s’accroupit, posant une main au sol et observa. En restant à cette hauteur, elle devait être invisible, du moins ne la remarquerait-on pas à telle distance. Alors, sans se redresser, elle entama l’approche, suivant un arc de cercle qui quittait doucement le champ de vision du vampire. Elle aurait voulu rester contre le vent, seulement elle n’était plus trop sûre de sa direction. Elle fit quelques pas de cette manière, les silhouettes se discernaient mieux… Un effluve de sang surprit ses narines : qui saignait ? L’odeur disparut, ne restait que les poussières qui encombraient les poumons. Mais elle ne l’avait pas rêvée, non ! Elle chercha autour d’elle, dans toute les directions, tentant de faire fit des nuages de sable et de l’obscurité. Le sang venait de quelque part… Rien, rien qu’elle ne puisse repérer autour, ce devait être le vampire lui-même. Elle s’approcha encore, audace et confiance regagnée mais quelque chose clochait : l’un des tigres de Nazj avait disparut. Quand elle fut assez proche elle put voir sur le menton, la gorge et la poitrine de l’immortelle le rouge sombre qui demeurait. Toute dame qu’elle se présentait, elle gardait les traces d’un repas tout juste pris. Au flot d’adrénaline qui courra dans ses veines, Balsa ressentit la peur. Elle vient de boire, elle est trop assurée, elle est immortelle, le tigre parti, c’est elle !... Une seconde passa. Du calme, je sais pas où sont les tigres, ils peuvent aller bien… Encore une seconde, puis seul le mugissement du vent eut de l’importance. Car il portait avec lui les premiers mots de la vampire.

- Quel être répugnant vous faites…

Les sons se mêlaient aux courants d’air mais la voix se discernait. Balsa quitta la frayeur qu’elle s’était faite pour avancer de nouveau, toujours au raz du sol, elle contournait l’ennemie plutôt que l’approcher, gardant trente bon pas de distance.

- Encore humain ? Mortel en tout cas. Et vous êtes loin de chez vous, sur le domaine des vampires où seule la mort vous attend.

Intimidation banale ou était-ce la vérité ? Etait-il insensé de vouloir s’aventurer plus loin ?

- Ils ne vous donneront pas la vie éternelle, nous choisissons les élus. Ils ne vous boiront même pas croyez moi… Vous mourrez, tout simplement, ici ou ailleurs.

Mais elle allait mourir la première. Balsa le croyait, certainement Nazj aussi, même cette vampire semblait l’avoir comprit. Pourtant elle ne fuyait pas, elle se tenait là et la chimère avait la désagréable sensation qu’elle souriait.

- Puis-je savoir, pure curiosité, ce que vous êtes venu chercher, nécromancien ?

Approcher encore était dangereux, la panthère restait à l’affut. Fixant sa proie et rien d’autre, elle attendait le moment opportun, la faiblesse ou l’inattention… La réponse de son maître aussi, auquel elle jeta un rapide coup d’œil.

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyDim 02 Sep 2012, 05:07

Nazj avançait dans le vent et le sable avec détermination. Les souffles qui lui balayaient le visage l'irritaient un peu plus à chaque instant, mais il n'en faisait pas grand cas, un peu de poussière tourbillonnante n'allait pas sauver la victime à venir. Il fit un geste désinvolte du bras, ordonnant silencieusement à une de ses bêtes mortes de s'éloigner, de contourner leur cible…toujours un peu plus de surprise pouvait aider, tout aussi puissant soit un vampire, tout aussi développé soit son flair, il lui serait difficile de prédire la venue d'adversaires de plusieurs fronts à la fois. Mais allons ! Tout ceci était ridicule, Nazj n'était pas un fin stratège, il se sentait idiot de planifier toutes ces choses alors qu'il savait parfaitement que le hasard allait s'en mêler, il faisait simplement ce qui lui semblait logique, voila la vérité ! Et il avançait encore dans les sables tourbillonnants. Il ne savait pas vraiment s'il allait dans la bonne direction, mais il sentait qu'il y avait quelque chose droit devant…ce n'était probablement pas un vampire, car il lui semblait que c'était quelque chose de bel et bien vivant, mais la créature ne devait pas être loin.

Nazj ferma les yeux un instant tout en marchant, et tenta de trouver Balsa…Ces semaines passées avec elles en mer, en plus de l'étrange amulette que le sorcier avait donné à la chimère, rendirent la chose très simple…Elle faisait très bien les choses, mais Nazj ne s'en étonnait pas, il avait toute confiance en elle pour ce qui concernait le combat et la chasse, il voulait simplement s'assurer que les suceurs de sang ne lui étaient pas tombés dessus…La possibilité que la chimère s'enfuie n'effleura même pas l'esprit de Nazj. Il rouvrit les yeux, satisfait de ce qu'il avait "vu"…Et enfin, dans le vent et le sable, le nécromancien distingua une figure, une grande forme humanoïde, qui n'était qu'une ombre au départ, mais il se rapprocha un peu plus, et malgré la tempête qui se levait toujours un peu plus, il put voir son adversaire…une vampire, et elle était seule…cela ne lui plut pas, car il lui semblait bien que plusieurs voix s'étaient élevées un peu plus tôt…et le sang qu'il vit sur le corps de la créature lui déplut un peu plus ; il réprima une grimace, la chose était-elle tombée sur la chimère quand Nazj ne la regardait pas ? Ou étais-ce une de ses créatures qui était tombée entre ses griffes ? Le sorcier ne pouvait vérifier, un moment d'inattention pouvait signifier sa perte. Il savait simplement que des créatures étaient présentes, mais combien ? C'était difficile à dire. Mais enfin, il devait se concentrer sur l'instant…il eut un sourire mauvais à l'attention de la créature.


"Et dire que je me portais fort bien jusqu'à maintenant, avant que vous ne surgissiez dans le noir, avant que votre chair morte ne se meuve sans qu'aucun seigneur ne le lui ordonne. Vous êtes la risée du royaume des morts, et à présent je comprends pourquoi : toute la puissance de la nuit éternelle, du sommeil sans réveil, et vous choisissez d'ouvrir les yeux, et de vous lever dans une pâle parodie de vie que vous gâchez jour après jours, à chaque battement de cil. Je me ferais une joie, ma Dame, de vous arracher le cœur avec mes dents s'il le faut, de le brûler, et d'en disperser les cendres dans les vents furieux de l'île, afin que tous vos petits camarades sachent qu'il est temps de retourner chez vous, là où la chair est moquée, et le souffle méprisé."

Il fit une piètre imitation tout à fait moqueuse d'une révérence, puis se releva. La vampire resta immobile un instant, et elle ne semblait pas ravie, quoi qu'elle avait l'air confiante. Puis elle toisa les bêtes de Nazj, et fit une grimace dégoût.

"Quel répugnant personnage vous faites…"

"Répugnant, ma Dame ? Mais se sont les êtres répugnants que le monde récompense ! Et d'aucuns diraient que mon art est le plus répugnant qui soit…mais l'art dépend de l'artiste, et celui-ci n'est qu'humain, après tout, un répugnant humain, comme il y en a tant."

"Encore humain ? Mortel en tout cas. Et vous êtes loin de chez vous, sur le domaine des vampires où seule la mort vous attend."

"La mort est partout où je vais, ma chère, c'est une vieille compagne. Elle m'attend, certes, mais pas pour ce que vous imaginez…après tout, on ne joue pas avec la mort sans apprendre à tricher, et si l'on est assez fort à ce jeu, on peut vivre très, très longtemps. Et vous allez me permettre d'aller encore plus loin, oh oui !"

"Ils ne vous donneront pas la vie éternelle, nous choisissons les élus. Ils ne vous boiront même pas croyez-moi… Vous mourrez, ici ou ailleurs."

"Ici ou ailleurs, maintenant ou plus tard, la mort nous attend tous, tout doit disparaître, et vous girez très bientôt sur ce sable, enfin libéré du joug d'une vie trop longue. La vie éternelle ? Voila ce que moi j'appelle répugnant ! Une insulte, un blasphème ! Non ma Dame, je ne cherche pas l'immortalité…et en vérité, ce serait même tout à fait le contraire. Et, ironie du sort, c'est vous, des créatures qui avez choisis de défier la mort qui en détenez la clé !"

"Puis-je savoir, pure curiosité, ce que vous êtes-venus chercher, nécromancien ?"

Un sourire cruel apparut sur les lèvres de Nazj, et il se frotta les mains avec avidité.

"Oh, rien qu'une vieille momie…"

Et soudain, les traits de la vampire se déformèrent par la rage ! Elle fit mine de se jeter sur le sorcier, mais les bêtes mortes bondirent en avant, et la femme dut esquiver en sautant en arrière ! Les deux bêtes effectuaient des pas de côtés en arc de cercle, chacun d'un côté de la vampire qui était aux aguets, toujours furieuse. Nazj sentit le pouvoir affluer dans ses veines ; il prononça quelques mots étranges dans une langue glaciale, et soudain, son corps tout entier se cambra violemment, dans un spasme fulgurant ! Il n'y eut qu'un souffle rauque alors qu'il tentait de respirer, et il semblait que sa peau se resserrait encore plus qu'elle ne l'était déjà sur ses os…plus que jamais, il ressemblait à un cadavre. Et il émit tout à coup un hurlement bestial, son corps se détendit brusquement, et il jeta ses bras en avant, comme s'il voulait étrangler la créature ! Si l'on pouvait voir l'ombre de Nazj, on aurait pu constater qu'elle s'était considérablement allongée…et soudain, elle se détacha des pieds du sorcier, et du sol derrière la vampire, l'ombre se détacha !

Elle émergea, dominant la créature comme un fantôme plus noir comme la nuit, et aux yeux d'un froid glacial. Ce qui ressemblait à une main griffue se tendit vers la femme, qui esquiva encore, mais déjà on voyait qu'elle ne savait plus trop où donner de la tête, car les deux bêtes s'approchaient encore. Nazj respirait comme un bœuf, et il mourrait de froid. Mais au creux de ses mains qu'il venait d'entailler à l'aide de ses ongles et de ses dents, du sang s'écoulait, et se changeait en huile noire et collante…qui prit feu et se maintint dans ses airs comme deux orbes lorsque Nazj les fit couler vers le sol. Il n'en avait pas encore terminé ! Mais il attendait aussi de voir Balsa, il était curieux de voir ce dont elle était capable, peut être même ses créations lui laisseraient-elle la chance de tester ses capacité seule…contre une vampire.
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMar 04 Sep 2012, 15:17

Le mage avait longuement répondu aux remarques de la vampire, jouant avec les mots et s’amusant à démonter son adversaire pour ne se taire que sur le mystère de ce qu’il venait chercher. « Une vieille momie ». Balsa s’était interrogée là-dessus, seulement elle n’était pas sûre de comprendre même s’il expliquait et, si sombres que les projets de Nazj puissiez être, elle acceptait de se ranger à ses côtés. Loyale. L’attaque vint presque de suite : la vampire se jeta en avant. Les tigres du sorcier la repoussèrent pour la tenir en respect, trottant autour d’elle, ce qui sembler parfaitement l’agacer. Cette distraction suffisait pour que la chimère achève de contourner la vampire. Du corps de Nazj qui s’étirait et se déformait elle ne vit rien, si près du sol qu’elle était, vision brouillée par le sable. Ses paupières plissées, elle s’efforçait de ne voir que le combat, squelettes dansants avec la créature de la nuit. Elle entendit cependant les murmures de son maitre, puis le cri, terrible, qu’il poussa.

C’est à cet instant seulement qu’elle le vit, le dernier cadavre félin, à quelque pas dans la sable, à l’affut tout comme elle. Le temps était figé dans ce corps mort depuis longtemps, sans battement de cœur ni respiration, la bête était parfaitement immobile. Elle n’avait d’yeux que pour la proie devant eux, aussi Balsa ne sut pas si elle l’avait vu ou non. Le fauve courba l'échine et se mit en route, ventre à terre pour se fondre dans le sol. La chimère regarda à nouveau devant elle vit une ombre immense frappant la vampire… qui s’échappa de nouveau, vent insaisissable. Une invocation du sorcier, plus surprenante et effrayante que les cadavres. Le tigre était parti en l’appercevant, le moment de bouger approchait. Puis le feu rayonna en deux sphères au milieu de cette obscurité, attirant le regard de la proie sur cette nouvelle menace. Parfait.

Balsa devinait facilement la trajectoire du tigre devant elle. Il avait beau être mort, cet animal chassait en meute à l’évidence, ses mouvements étaient assez prévisibles. Il attaquerait par la gauche, là où il était parti. S’allongeant sur le sol, la chimère rampa sur la droite. Elle ne voyait rien, pensait donc ne pas être vue. Elle entendait seulement, aux milieux des souffles et des sifflements. Des pas qui couraient, huit : les fauves tournaient autour de leur proie, toujours plus proches d’elle, ce qui permettait de la situer dans cette tempête. L’ombre attaquerait bientôt, peut-être même les tigres avec… La vampire sortirait du cercle, reculant pour s’éloigner des flammes de Nazj. Et le dernier tigre l’attendait là, prêt à bondir… Encore quelques brasses dans l’océan de sable et la chimère se recroquevilla, pieds et mains contre le sol. Elle écoutait. Un choc lourd, un choc léger et deux pas courants, puis six. La chimère bondit en avant. La vampire cria, des crocs venaient de se planter dans son mollet. Elle voulut se retourner mais son regard accrocha celui de Balsa, noir et cruel, alors qu’une main saisissait la sienne. Une main qui portait avec elle une foudre brûlante et dévorante. Une main qui accrochait fermement sa prise, jusqu’à ce que la vie quitte l’un des corps. Alors le courant disparut et la vampire s’effondra, vêtements fumants, peau noircie et visage déformé par la douleur.

Le cœur de la chimère frappait fort : elle venait de tuer. Elle fixa le cadavre, n’entendant du reste du monde que le vent qui soufflait toujours plus fort. Le sable volait au-dessus du corps et déjà l’effaçait. Balsa releva la tête pour balayer du regard ce qu’il restait de morts vivants autour d’elle. Puis s’approcha de Nazj pour lui parler, laissant le désert dévorer les restes et effacer le crime commis. Arrivée devant son maître, elle constata la mine affreuse qu’il avait, horriblement vieillit et amaigrit. Le sacrifice nécessaire pour utiliser tant d’invocations à la fois sans doute. Il était puissant, brillant et terrifiant, mais son corps était une relique, vieillesse et fragilité. Pouvait-il tromper la mort si elle arrivait à le frapper de plein fouet ? Car au final, n’importe qui pouvant l’approcher aussi prêt que Balsa se le permettait pouvait lui passer une lame au travers du corps. Survivrait-il ? La chimère se gardait bien de montrer tant de curiosité ouvertement et quelque fut la vérité, il avait intérêt à répondre qu’il survivrait de toute façon. Elle parla pour en venir directement au sujet, gardant son calme malgré l’urgence grandissante.

- Ils étaient deux. L’autre est soit à l’affut quelque part, soit parti avertir les autres. Avertir les autres je dirais…

Elle fit un tour sur elle-même, scrutant avec application les volées de sable. Sa nervosité grandissait. Le terrain et la météo avaient joué en leur faveur ici, leur adversaire était seule. Deux avantages, auquel s’ajoutait encore l’élément de surprise. Maintenant, les chasseurs se levaient, tous affamés de sang qu’ils devaient être, et venaient à leur rencontre. Ou peut-être n’affronteraient-ils pas la tempête ? Mais il était fou de parier là-dessus. Balsa commençait à s’agiter, sentant que le temps allait compter, chaque minute, chaque seconde, dans la partie de chasse à venir. Un jeu qu’elle affectionnait en temps normal, seulement cette fois elle devenait la proie et la sensation était détestable.

- Je suis pas sûre de pouvoir retrouver nos vivres dans cette tempête, mais on doit partir d’ici ! Au retour peut-être on cherchera… Laissez une amulette comme la mienne là, non ?

Un peu surprise de s’entendre le conseiller, la chimère fuit son regard.

- Il faut partir, maintenant. Et se taire j’imagine…

C’était aux sons qu’elle s’était repérée dans la bataille après tout. Quand le sorcier fut prêt, ils se mirent tous deux à courir. Elle suivait et s’alignait sur le rythme de son maître, bien que trop lent à son gout, toute impatience et adrénaline qu’elle était. Le vent atteignait des vitesses impressionnantes. Les vêtements claquaient sur la peau au rythme des rafales et il s’en fallait parfois de peu qu’ils ne perdent l’équilibre. Leur course dura de longues minutes, pendant lesquelles tout le sable du désert semblait entrer en eux, agressant les yeux à en pleurer et envahissant des poumons lacérés par l’effort. Ils étaient pourtant toujours en vie lorsqu’ils se trouvèrent face à un mur d’enceinte immense dont la roche noire se fondait dans la nuit. De l’une ou l’autre de ses extrémités, on ne distinguait rien. Le sable engloutissait tout à quelques cinquante pas alentours. Ils s’en approchèrent et sur un mot de Nazj ils prirent à gauche pour le longer. Leur allure diminua alors un peu et Balsa retrouva son souffle. Parler dans ce vent était déjà difficile et compte tenu du risque d’être repérés, elle préférait se taire et tendre l’oreille, toujours. Etre à l’écoute du moindre son et prête à discerner la moindre odeur. Il y eut des dizaines et des centaines de blocs de pierre sur lesquels leurs regards coururent. Il en fut un cependant sur lequel le sorcier s’interrompit…

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyLun 10 Sep 2012, 20:37

Le combat fut confus pour Nazj, le vent, la colère, et la fatigue soudaine due à une invocation à laquelle il ne s’était pas correctement préparé rendirent les choses brumeuses, mais il sut très vite qu’il avait le dessus…non pas qu’il en ait jamais douté, mais il était bon de savoir que la victoire approchait à grands pas ! Il tenait devant lui des globes d’un feu très spécial, collant, dévorant, il était presque vivant, et avide de chair, un feu qui allait ramper jusqu’à la créature qui n’aurait jamais du rouvrir les yeux, et il allait consumer tout ce qui pouvait l’être, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une carcasse carbonisée, puis des cendres, et enfin, plus rien, plus une seule trace de cette abomination buveuse de sang, tout allait rentrer dans l’ordre. Et il comptait bien, un jour, faire subir ce sort à tous ces monstres qui se terraient dans leurs manoirs, et à tous ceux qui étaient éparpillés dans le monde entier, il allait pleuvoir des cendres sur Ghurol pendant des jours, des semaines ! C’était là l’une des nombreuses tâches que Nazj devait accomplir…mais il n’allait pas faire cela aujourd’hui, et puis après tout, grâce à son travail actuel, il allait également se débarrasser de se problème…alors il ne devait pas échouer !

Nazj allait laisser son feu dévorant s’élancer librement vers la vampire, lorsque le nécromancien perçut quelque chose, derrière sa cible, un éclat de vie, une chasseresse…Balsa ! La voila qui se montrait enfin, et il n’aurait jamais pu percevoir sa présence si elle n’était accompagné du troisième minion du sorcier…la bête avait survécu, tout rentrait dans l’ordre, la victoire serait totale ! Et il allait laisser l’honneur à la jeune chimère de se débarrasser de la vampire, comme il l’avait prévu. Alors, Nazj prit ses orbes de feu dans les mains, une dans chaque, et referma ses doigts dessus, comme des serres, et il observa. Les flammes ne le brûlèrent pas, elles savaient reconnaître leur maître. L’éclat du feu se terni, quelques flammèches se débattirent, mais elles finirent par mourir, il ne resta bientôt dans les mains de Nazj que des amas d’une matière qui ressemblait à de la glaise noire, et étrangement huileuse, luisante. Il observa le jeu de ses bêtes et, sans la voir, il suivit les mouvements de Balsa…Elle ne bougeait pas beaucoup, mais il y avait là tout de même la grâce d’une chasseresse que Nazj trouva admirable, cette jeune fille était véritablement un trésor, un bon atout…Il aurait probablement pu se débarrasser de cette menace seul, mais un jour, certainement, ce ne serait pas le cas, et Balsa serait l’as dans sa manche.

Un petit coup de pouce ne pouvait pas faire de mal, cependant, aussi le sorcier ouvrit-il ses mains, et laissa tomber les amas étranges qu’il tenait…il s’écrasèrent dans un bruit flasque, et semblèrent se liquéfier…et ils coulèrent comme des serpents, comme animés d’une vie propre, vers la vampire, qui esquivait si soigneusement les attaques des bêtes cadavériques du nécromancien, et de son ombre glaciale, plus dangereuse encore…Arrivés à une certaine distance, tout proches, les serpents huileux s’arrêtèrent…et soudain, l’un d’eux se jeta, tout élastique, vers le poignet de la créature, tandis que l’autre s’agrippa à sa cheville ! La vampire réagit au quart de tour et usa de ses mains pour trancher les liens visqueux qui la retenaient…mais trop tard, elle avait été déconcentrée. Un premier tigre s’élança, et percuta la vampire à l’épaule, et un second bondit, et planta ses crocs immenses dans son mollet ! Et enfin, du vent portant les sables, Balsa surgit, et Nazj esquissa un rictus mauvais…Il assista avec la plus grande surprise à la mort de la vampire, par la foudre semblait-il… Et le résultat fut spectaculaire, pas tout à fait ce que Nazj comptait faire, mais la fumée et le corps noircit s’en rapprochaient suffisamment pour qu’il soit tout à fait satisfait, et un sourire fendit son visage laid…Tout se passait à merveille, le pouvoir de Balsa grandissait, et la valeur de l’as ne cessait donc de grandis, pour un peu, Nazj s’en serait frotté les mains d’excitation !

Mais à présent que c’était terminé…il se rendit compte qu’il tenait à peine sur ses jambes ! Il tomba à genoux, se retenant au sol de justesse à la force de son bras désespérément maigre…une quinte de toux le secoua, la magie avait cessé de bouillir dans ses veines, il n’en avait plus besoin pour l’instant, et la nature avait donc repris ses droits, et à ses yeux, Nazj n’était qu’un vieillard, un cadavre vivant. Il se releva avec effort, et évita soigneusement le regard de Balsa, il n’avait pas vraiment envie de savoir ce qu’il pouvait y découvrir, pitié ou dégoût, il n’avait pas besoin de cela, il était encore le Seigneur Nazj, et elle ne verrait pas la faiblesse dans ses traits. Il respira profondément, et l’ombre invoquée plus tôt sembla s’enfoncer dans le sol, et reprendre la forme du sorcier, puis une taille plus raisonnable, avant de retourner à sa place, aux pieds de Nazj. Il sembla tout à coup regagner un peu de chair, ainsi que le peu de couleurs qu’il avait auparavant…il ne se sentit pas particulièrement plus fort qu’auparavant, cela dit…Il se dit que remédier à ce problème serait la première chose à faire lorsqu’il en aurait terminé ici.

Nazj écouta la chimère avec attention, et tiqua lorsqu’elle fit mention d’un second vampire qui s’était enfui…C’était bien ce qu’il craignait, mais il n’y avait plus rien à faire à présent, il fallait continuer, et redoubler de prudence…et surtout se préparer à verser le sang. Il haussa un sourcil lorsque Balsa lui dit de laisser une amulette….c’était presque un ordre ! Il la fixa avec des yeux durs…puis il grogna et fouilla dans ses manches…après tout, ce n’était pas une mauvaise idée. Il sortit de sa manche un objet semblable à celui qu’il avait donné à Balsa, mais plus petit, moins puissant, c’était tout ce dont ils avaient besoin. Il cacha la chose sous quelques pierres, sans s’inquiéter, car nulle bête ne viendrait la déterrer, et ils se mirent en route…et ils coururent ! Dieux et démons, ils durent courir, et Nazj crut qu’après tout ce temps, c’était cet effort qui allait faire lâcher son cœur, il n’avait pas couru ainsi sur une telle distance depuis…plusieurs décennies ! Mais il ne mourut pas, il s’y refusa, malgré le vent et les sables étouffants, il courut…et ils arrivèrent à destination ! C’était un mur, qui semblait gigantesque, et à partir de là, la confiance de Nazj refit surface. Il désigna la route à Balsa, et ils longèrent le mur, il cherchait quelque chose…qu’il trouva enfin ! Il s’arrêta, et esquissa l’ombre d’un sourire fatigué en posant le bout d’un long doigt sur une pierre qui ne se distinguait des autres en rien.


"Il n’y a là que sable, un mensonge que le crédule fait vérité" dit il en faisant crisser son ongle cassé sur la roche…puis le doigt sembla s’y enfoncer, et bientôt, tout le bloc de pierre se changea en sable et fut porté au loin par le vent. Il y avait à présent devant eux une ouverture assez grande pour que trois hommes côte à côte s’y engouffrent…Nazj laissa échapper un bref cri de triomphe ! Il scruta l’obscurité du tunnel qui s’ouvrait devant eux…et il grogna.

"Tout obscur, je n’aime pas ça, et nous n’allons pas allumer une lumière qui n’est pas naturelle…vous pouvez vous diriger dans le noir ? Moi non, certainement pas, j’ai quelques petites choses cependant qui pourraient nous aider, mais j’aimerais n’en avoir recours qu’en cas de nécessité absolue, ce n’est…pas encore tout à fait au point. Néanmoins, tenez, sait-on jamais."

Il fouilla dans ses manches, et en sortit un bandeau en toile grise, sur lequel étaient grossièrement dessinés deux yeux simplistes…il tendit la chose à Balsa.

"Attention avec ça, votre perception de la réalité risque d’en prendre un sacré coup, vous pourrez probablement voir des choses qui ne sont plus, ne paniquez pas, et vous n’aurez pas envie de vous arracher les yeux avec les ongles. Bien, allons-y, ce ne doit pas être un véritable dédale là dedans, mais j’aimerais ne pas me tromper de chemin pour me retrouver nez à nez avec les compagnons de la jeune dame que vous avez frit…cherchez les catacombes, vous devriez pouvoir vous repérer à l’odeur des vieux ossements et des parchemins craquelés. Allons, en route !"

Et il s’engouffra dans le noir…
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptySam 15 Sep 2012, 02:59

Quelques mots glissèrent entre les lèvres du sorcier, que la chimère suspecta d’être une incantation. Car sous l’ongle du vieillard la pierre s’effritait, se changeant en sable que le vent se chargeait d’emporter avec lui. Le bloc entier fut bientôt réduit à son simple souvenir et à sa place béait à l’ouverture d’un tunnel. Noir, bien plus noir que la nuit, il ne dévoilait rien de ses secrets à qui se refusait d’entrer. Mais la chimère n’avait pas peur de ce noir, contrairement à Nazj qui à peine sur le seuil s’en plaignait déjà. Elle avait peur des vampires, à l’évidence, et se demandait comment ils pouvaient ignorer ce passage qu’elle et son maître allaient emprunter. Cependant Balsa refusait de laisser envahir par l’angoisse et elle savait qu’elle ne trouverait son salut que dans le calme qu’elle pouvait garder. Et le temps qu’elle pouvait gagner.

Pour parer à cette obscurité qui les attendait un pas devant, Nazj avait déjà pensé à l’un de ces artifices. Il tira de sa manche un petit morceau de tissu qu’il tendit à la chimère. Elle inspecta ce qui se révéla être un bandeau, grimaçant légèrement en trouvant le regard dessiné grossièrement sur l’étoffe. Même si Nazj ne l’avait pas mise en garde contre cette magie, Balsa se serait méfiée. Et voir des choses qui n’existaient plus ne l’enchantait guère, elle avait bien assez à faire de se préoccuper de ce qui vivait encore. Comment pourrait-elle savoir, voyant par ces yeux ensorcelés, ce qui était une menace et ce qui ne l’était plus. Elle serra l’étoffe dans sa main et leva son regard vers Nazj, qui achevait de lui indiquer quoi faire une fois à l’intérieur. Il conclut en disparaissant d’un pas, happé par l’inconnu. La chimère attendit un instant, oreille tendue vers les échos qu’elle pourrait recevoir de l’intérieur. Nazj du se taire car elle n’entendit rien et devina qu’il devait tout bonnement avancer, la voie était ouverte. Elle se demandait si elle serait capable de déceler le subtil parfum des vieux os qui les mèneraient aux catacombes. Mais elle ne comptait pas que sur son odorat pour se repérer à l’intérieur… Elle caressa d’un dernier regard la tempête et s’engouffra dans le noir.

Au premier pas la lumière sembla disparaître, mais déjà sa pupille se dilatait, recueillant les faibles lueurs de la nuit qui venaient se refléter sur le sol. Le deuxième pas fut surprenant, car il trouva le vide, et l’espace d’un instant Balsa se sentit tomber. Instant très court, son pied retrouva le sol une marche plus bas et elle devina un escalier qui amorçait sa descente. Elle posa sa main contre le mur et sentit l’incurvation de la pierre. Sa vue avait atteint le maximum de ses capacité et elle ne voyait rien. Son autre main tenait toujours le bandeau mais un accès de fierté lui fit prendre la décision de ne pas le mette encore. Elle entama la descente, trouva le rythme des marches et tendit l’oreille : son maître n’était pas loin, elle entendait ses pas tout proches. Ce n’était pas si difficile, pour l’instant, de s’accommoder de cette obscurité dévorante. Le sorcier devant elle, elle n’aurait qu’à le suivre à l’oreille… Non, ça ne pourrait pas durer. Balsa devait voir s’ils tombaient sur quelque ennemi. Et si elle espérait trouver les catacombes, elle devait pouvoir compter sur sa vue. Sauf que sa vue serait faussée, altérée… Elle s’arrêta, cracha sur sa peur et passa soudainement le bandeau autour de son crâne. Et les formes lui apparurent, les marches sous ses pieds et la roche taillée dans cette spirale qui les entrainaient sous terre. Oh, les contours qu’elle voyait n’était pas aussi fixes qu’ils auraient du l’être, et l’image lui rappelait des souvenirs éthyliques confus, mais elle choisit d’ignorer ces détails qui n’entravaient en rien sa progression. Reprenant sa descente, elle accéléra le pas dans l’intention de rattraper le sorcier.

Les escaliers débouchaient sur un tunnel qui filait tout droit devant eux. Les yeux du bandeau permettaient à la chimère de voir clairement jusqu’à quelques pas devant elle mais à plus grande distance, le sortilège ne parvenait pas à traverser le noir opaque dans lequel elle évoluait. La sensation que ce sens altéré lui procurait était étrange, nouvelle, mais pas désagréable. Elle aurait certainement préféré la lueur rassurante d’une torche pour s’éclairer ici mais Nazj en avait décidé autrement. Elle ne le remettrait pas en cause, se souvenant de l’impertinence qu’elle avait eut au dessus du cadavre vampire. Elle était toujours très prudente avec lui, malgré le temps passé, elle savait se tenir à sa place d’asservie. Pour la chimère, il en était ainsi : la puissance devait être reconnue et respectée. Et puis, il y avait l’engagement auquel elle s’était tenue envers lui. En acceptant l’accord elle gagnait aussi le droit de rester en vie. Car il aurait pu en finir avec elle dans ce manoir, s’épargnant le hasard de ce que ferait le témoin de son crime.

Ils avançaient dans le tunnel et Balsa cherchait du regard les apparitions morbides annoncées. Il n’y avait pourtant que le silence depuis des dizaines de foulées. Mais il y eut bientôt un croisement : un tunnel s’ouvrait sur la droite, plus étroit et plus noir, devant lequel ils s’arrêtèrent. La chimère y fit un pas et découvrit une volée de marche qui tout en bas semblait rejoindre une nouvelle galerie. Elle huma l’air… Rien. Qu’est-ce qui pouvait bien être enterré plus bas encore qu’ils ne l’étaient ?

- Je sens rien mais je veux voir où ça mène.

Et elle dévala les marches, agilité et souplesse, jusqu’à découvrir la pièce sur laquelle elles débouchaient. Il y avait là les reliques d’un cercueil inachevé, disposées sur une table à côté de quelques outils. La rouille avait rongé le métal, l’endroit n’était plus utilisé depuis longtemps. Mais quoique fut cette pièce, ce n’étaient pas leur destination. La chimère soupira, pesta : elle venait simplement de perdre du temps. Elle se retourna vivement vers les escaliers et c’est là qu’elle le vit. Elle aurait choisit fantôme pour nommer ce qui était en train de s’extraire du mur, chaire translucide et vapeurs d’un jaune saumâtre, fumées floues sans expression aucune. Le corps était réduit à une matière visqueuse flottant au centre du nuage et cette matière dégoulinait sur le sol. Chaque goutte s’évaporait aussitôt et la vapeur rejoignait le spectre. Balsa fit un pas vers la sortie, il ne réagit pas. Il avançait d’ailleurs avec une lenteur surprenante et il ne semblait pas se diriger vers elle, seulement passer pour aller s’enfoncer à nouveau dans la terre. Elle sourit et grimpa les marches en vitesse, jusqu’à rejoindre son maître.

- Rien. Sauf un fantôme, on doit pas être l…

Qu’était cette étrange expression sur le visage du sorcier ? Pourquoi souriait-il ? Souriait-il seulement ou étaient les yeux de l’étoffe qui lui dessinaient ces traits ? Balsa suivit le regard de Nazj et vit dans le couloir une lueur du même jaune que le spectre tout juste aperçu. L’informe chose progressait en s’éloignant d’eux doucement.

- Ils ne nous entendant pas n’est-ce pas ? Ils sont dans un autre temps, pour eux nous n’existons pas… Et il se pourrait que d’autres nous observent depuis un autre temps.

Elle eut un petit rire et progressa dans le tunnel, amusée de se retrouver à suivre les pas d’une vie effacée depuis longtemps.

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Nazj
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyVen 19 Oct 2012, 02:27

Les vieux yeux de Nazj s'habituèrent peu à peu à l'obscurité…mais cela n'arrangea pas vraiment les choses ; plus que de les voir, il devinait vaguement les tournants qui s'offraient à lui, et il préférait se fier à son sens du toucher, aussi tâtonnait-il les murs comme un aveugle. Comme il l'avait prédit, ce tunnel qu'ils empruntaient n'était pas l'entrée d'un labyrinthe diabolique, le chemin était droit, il lui semblaient cependant que quelques entrées s'ouvraient çà et là, mais peut-être étais-ce un tour que ses yeux lui jouaient, il ne chercha pas à le savoir, et de toute façon, l'écho de ses pas ne changea pas lorsqu'il passa devant ce qu'il croyait être des entrées vers il ne savait trop quoi, et surtout, il n’y avait aucune logique à poursuivre un tel chemin, c’était les catacombes qu’ils cherchaient, pas une vulgaire salle de torture ou une antique chambre, voire un tombeau unique, ou tout autre chose encore ! Il était assez sensé de penser que le long tunnel qu’ils suivaient les menaient à destination, et tout autre déviation devait être évitée Certes, il avait peut-être raté certaines choses qu’il aurait trouvé fortes intéressantes, telle une bibliothèque contenant des livres ancien, mais tant qu’il ignorait ce qu’il pouvait bien rater, il ne lui viendrait pas à l’esprit de poursuivre des chimères, il était assez satisfait de sa présente façon de faire.

L'escalier avait été traître, il avait raté certaines marches, convaincu d'avoir enfin atteint le sol, et il avait failli se briser le cou à plusieurs reprises ! Cela n'arrangea nullement son humeur, et il retint des grommellements acerbes, préférant faire tourner en boucle dans sa tête toutes les insultes et injures qu'il avait apprises au cours de sa vie…il n'aimait pas vraiment les escaliers, ils lui rappelaient constamment qu'il était vieux. Cette série d'invectives mentale lancée contre toutes les volées de marches du monde faillit le faire passer à côté de la petite escapade de Balsa ! Il ne l’avait pas remarqué jusqu'à lors, mais la chimère avait mis le bandeau qu'il lui avait donné, aussi voyait-elle relativement bien le chemin qu'ils empruntaient ! Et il semblait qu'elle avait repéré quelque chose que le sorcier avait manqué…Un nouveau chemin ? Nazj tenta de rejoindra la chimère à petits pas, tentant de ne pas trébucher. Il ne la voyait pas, il ne distinguait qu’une vague forme, mais il y avait un lien entre eux, et il pouvait la percevoir, savoir où elle était avec une certaine précision. Il finit par la rejoindre, mais il ne la suivit pas dans les ténèbres, il y avait apparemment un escalier, et Nazj voulais éviter ces sales bêtes autant que possible ! Il attendit patiemment, inutile de s’y enfoncer s’il n’y avait rien au bout du chemin…

Il entendit, à une distance qu’il n’aurait pu estimer, la chimère marcher, s’arrêter, puis lâcher un chapelet de juron, ce qui fit apparaître un léger rictus sur le visage de Nazj. Il nota ceci dans un coin de son esprit : il était fort possible que non content d’altérer la perception, le bandeau pouvait, indirectement, altérer le comportement ; ainsi, sans ce bandeau, peut-être que Balsa n’aurait pas choisi de descendre cet escalier dans les ténèbres, l’objet rendait-il plus téméraire ? Plus curieux ? Ou peut-être embrumait-il l’esprit, il lui faudrait étudier la question. Les jurons, eux, ne faisaient pas partie de l’étude : ils semblaient tout à fait authentiques. Il était content d’avoir comme…assistante ? Cobaye ? Bah, peu importait le terme, il se félicita encore d’avoir choisi d’épargner Balsa et de la garder à ses côtés…Mais les choses devinrent encore plus fascinantes : la chimère ne revenait pas, elle s’attardait dans la salle qu’elle avait trouvé ; était-elle tombée sur quelque chose d’intéressant ? Nazj attendit encore, hésitant à descendre, mais il n’eut pas le temps de faire le moindre pas, car la chimère remontait les escaliers à toute vitesse, avant de s’expliquer.

Un fantôme ? Nazj haussa le sourcil, il n’avait rien perçu, rien ressenti ! Il se concentra un instant…oui, il y avait quelque chose…on pouvait qualifier la chose de fantôme, mais pourtant ça semblait différent, la chose ne semblait pas les remarquer. Nazj tique, il s’agissait là d’un genre d’esprit errant, tout à fait inoffensif…lorsqu’on ne le remarquait pas. C’était là la raison pour laquelle Nazj évitait instinctivement de ressentir la présence de ces apparitions, lorsqu’elles savaient qu’on remarquait leur présence, elles avaient une fâcheuse tendance à vouloir vous arracher les yeux, sans doute leur esprit dérangé et flétri pensait-il que la clé de leur réapparition se trouvait dans le regard…après tout, si les vivants pouvaient les voir, c’était bien grâce à leurs yeux ! Si on les arrachait les yeux, une certaine logique tordue voulait que cela leur permette de revenir sur le monde. Nazj tourna subitement la tête, il y en avait un autre, là ! Lui ne pouvait pas les voir, mais ces choses ne feraient pas la différence. Et Balsa reprit la parole…la petite sotte ne semblait pas comprendre la situation !


"J’ignore s’ils ne nous entendent ou pas, il est impossible d’étudier ces créatures, mais ne tentons pas le Diable, taisez-vous !"

Mais trop tard, la chimère reprit la route dans le tunnel en riant ! Nazj jura entre ses dents…Allons, l’objet qu’il lui avait donné avait-il aussi le don de ramollir la cervelle du porteur ?! Le sorcier alla la rattraper, en notant cependant quelques petites choses intéressantes ; tout d’abord, il y avait le fait même que l’objet permettait de voir ces apparitions, ce n’était pas prévu dans la création. Et puis, surtout, il y avait le fait que ces choses ne se jetaient pas sur eux, les seuls êtres vivants aux alentours, et les seuls qui pouvaient percevoir leur présence…C’était étrange, Nazj ne savait trop quoi en penser, et il détestait ne pas savoir ! S’était-il trompé, n’étaient-ils que des fantômes ? Ou, comme Balsa l’avait suggéré, n’étaient-ils que des esprits d’un temps passé ? De simples souvenirs errants ? Difficile à croire, mais par expérience, Nazj savait que tout était possible. Il se dit cependant qu’il fallait être prudent, aussi rattrapa-t-il la chimère, et lui prit le bras aussi fermement que ses vieux muscles flétris le permettaient.

"Taisez-vous ! Essayez de faire comme si vous ne les remarquez pas ! J’ignore d’où vous est venue cette idée de choses d’un autre temps, mais nous ignorons si vous avez touché juste ou si ces fantômes sont capables de nous éventrer, alors un peu de prudence ! Je crois que vous allez avoir besoin d’un apprentissage des monstres de l’autre monde…"

Puis il lâcha la chimère, et se retint de regarder à droite et à gauche…de toute façon, il ne pouvait rien voir. Il était bien possible que Nazj se trompait et que la chimère avait vu juste, mais il n’allait pas se l’avouer, ça serait trop humiliant…Il grogna et se dit qu’il devait étudier ces dangereuses créatures…la liste de ses projets ne cessait de s’allonger et il avait si peu de temps ! Il se concentra sur la situation présente, les catacombes ne devaient pas être bien éloignées, ils n’allaient pas parcourir plusieurs lieues sous terre, il n’avait pas évalué la distance qu’ils avaient pu parcourir, mais ils devaient être proches. Il marcha aux côtés de Balsa, il ne jugea pas sage de lui laisser l’occasion de partir batifoler dans tous les recoins des sous-sols de la demeure des vampires, quoiqu’à bien y réfléchir, il lui serait difficile de l’en empêcher…Ils marchèrent pendant un moment, le temps était difficile à évaluer, aussi Nazj ne put-il savoir s’ils n’y étaient restés quelques minutes, une heure, ou même plus, il savait juste qu’ils avaient tourné à droite, puis continué à marcher, puis ils avaient tourné à gauche, et ils avaient continué ainsi sur une certaine distance, jusqu’à ce qu’enfin, ils atteignent la destination ! Nazj le sut immédiatement, l’odeur était inimitable, il y avait de la moisissure, du parchemin, mais aussi des os humides, tout ceci étaient les caractéristiques qu’il recherchait, et l’écho de leurs pas qui grandit à mesure qu’ils approchaient d’une grande salle ne fit que le confirmer. Il s’arrêta.

"Essayez de trouver une torche » chuchota-t-il à Balsa « Et vérifiez qu’il n’y a rien qui nous attende dans le noir…Les vampires ignorent peut-être ce que nous cherchons, mais ils savent assurément que nous arrivons, nous avons fait face à un silence de mort depuis que nous sommes là, et cela ne me dit rien qui vaille, ne vous mettez pas trop à l’aise…"

Il était probablement inutile de donner de telles instructions à une chasseresse telle que Balsa, mais après tout, peut être que le bandeau avait bel et bien la capacité d’influer sur la débilité du porteur…Il avança avec prudence, aux aguets, prêt à user de son pouvoir, espérant de tout cœur, pour une fois, qu’il se trompait…lui, après tout, ne pourrait pas voir un vampire approcher pour mettre fin à sa vie.
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMar 06 Nov 2012, 02:50

Nazj semblait, aussi étonnant que cela puisse paraître, craindre ces fantômes apathiques. Il ne les voyait pas, non, son étonnement était assez clair. Mais il ne doutait pas de leur présence, tout en ignorant s’ils pouvaient ou non entendre les vivants. Il intima d’ailleurs à la chimère de se taire et celle-ci s’y employa. Peut-être avait-elle agit imprudemment à l’égard de ces spectres. Pourtant elle avait porté son regard sur l’un d’eux, marché à ses côté et elle n’avait pas ressenti le frisson de la menace. En repensant les choses avec du recul, elle voyait son imprudence. Rien en ces lieux ne devait être épargné par sa méfiance. Alors qu’elle avançait en suivant l’esprit à quelque distance devant eux, elle se tint d’avantage sur ses gardes.

Rompant le silence qu’il avait exigé, le nécromancien vint attraper Balsa par le bras et malgré le tissu elle s’appliqua à retenir la foudre qui pourrait couler à son insu. Elle fronça un sourcil d’étonnement – mais pouvait-il la voir dans l’obscurité ? – quand il remit en doute l’appartenance au passé de cette chose évoluant avant eux. L’idée venait de lui ! N’avait pas parlé de voir des choses qui n’étaient plus ? Cela revenait à dire qu’elles avaient été dans une époque passé. Un autre temps dont le futur était leur présent. On ne pouvait pas voir le futur, non ? Sentant une fois de plus que l’étude des phénomènes magiques échappait à sa raison, la chimère se renfrogna. A entendre son maître évoquer des leçons sur les monstres de l’autre monde, elle se demanda pourquoi il ne les lui avait pas dispensées plus tôt. Ce n’était pas comme si le temps leur avait manqué à bord du navire. Contente que les doigts osseux lâchent son bras, elle accéléra doucement le pas, menant la marche dans ce tunnel sombre.

Balsa était surprise aussi que Nazj n’ait pas porté le bandeau. Si elle avait du mal à percer l’obscurité, comment lui pouvait évoluer dans ce noir épais, toute lumière absente ? Sans doute se servait-il d’elle justement, se référant à sa présence, bruit, odeur, aidé d’une main qui tâtait le mur… Peut-être sa vue était plus perçante que la jeune chimère le concevait aussi ; elle chassa cette interrogation vaine de son esprit et darda ses pupilles sur la masse jaunâtre devant eux. Non, ce machin-là avait beau être dégoutant, informe, improbable, nulle crainte ne serpentait sur l’échine de la chasseresse. Son instinct lui avait toujours soufflé quand il fallait se méfier d’une créature et elle ne ressentait rien de tel. L’apparition n’avait qu’à se retourner pour les attaquer, mais elle poursuivait sa route d’une allure monotone, indifférente à l’écho des pas derrière elle. Aucune agressivité, pas l’ombre d’une réaction quant à la présence de deux vivants.

Comme le fantôme n’allait pas bien vite, ils en vinrent à le dépasser. Balsa le contourna, par principe de précaution, mais comme elle l’imaginait il les ignora totalement. Leur marche se poursuivit dans le tunnel qui de temps à autres s’ouvrait sur le côté. Le sorcier fit comprendre à Balsa que vérifier chaque recoin était inutile, aussi elle s’en tint à avancer d’un bon pas. Elle vit un nouveau spectre sortir d’un mur et traverser le couloir au devant, mais elle ne releva pas l’apparition et ne ralentit pas le moins du monde. Le temps passait, difficilement quantifiable, et chaque minute voyait la probabilité de croiser des vampires augmenter. Ils tournèrent à droite quand les boyaux souterrains les y forcèrent, puis à gauche quelques temps après. Le silence pesait aussi lourd que l’obscurité et la tension montait à chaque pas. La chimère n’avait aucun mal à discerner chaque dalle sur le sol et chaque détail dans la roche des murs. Mais tous ces traits ne cessaient de se mouvoir, lentement, ondulant à travers le bandeau, inscrivant des mensonges sur sa pupille. Et ces remous constant fatiguaient la vue, hypnotisant le regard dans un bercement incessant. Ils avançaient toujours et avec la distance parcourue la sensation était de plus en plus désagréable. Ou bien était-ce ce silence morbide et ambiance oppressante des souterrains.

Quelques nouvelles odeurs atteignirent les narines de Balsa et elle sut qu’ils approchaient des catacombes. Au bout du tunnel elle discerna les parois d’une grande salle, longue d’au moins vingt pas, cependant d’ici elle n’avait aucune idée de sa largeur. Quelques foulées dans ces couleurs troubles, faux noir autour d’elle, et elle jeta un coup d’œil rapide au sorcier. Elle comprit à son air qu’il avait lui aussi remarqué. D’ailleurs il s’arrêta. A voix basse, il lui donna quelques instructions. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Balsa. Evidemment qu’elle partait en éclaireur, c’était là tout le sens de sa présence ici. Elle inspira une bouffée de cet air froid qui sentait les vieux os et la poussière. Elle décelait aussi les parfums de la roche autour d’eux, celle de la sueur et du sable qu’elle et Nazj dégageaient. Et parmi les relents de parchemins qu’exhalait la salle, des effluves discrets de chair fraîche. L’endroit était parfait pour une embuscade et c’était ce qui les attendait.

La chimère ne prononça pas un mot mais elle eut un regard très insistant pour son maître et montra d’un geste la pièce qui les attendait en hochant doucement la tête. Il y avait tout à parier que les vampires soient là, oreilles tendues vers leur conversation. Mieux valait qu’ils ne sachent pas révélés. Doucement, Balsa avança sur la portion qu’il restait du tunnel, mesurant son pas alors que son pouls s’accélérait à chaque foulée. Laissant un maximum de temps au nécromancien pour ses préparations, elle feignait de chercher cette torche qu’il avait réclamée. Elle se trouverait pourtant bien vite devant la porte grande ouverte… Dans la salle, elle discernait à présent des étagères comblées d’os empilés, assemblés, alignés, ici rangées de fémurs et de tibia, là file de crâne fixant le mur d’en face. C’était dans les coins de la pièce, là où elle ne pouvait pas encore voir, que se terraient leurs ennemis. Elle les sentait parfaitement à présent : à quelques pas d’elle, cinq vampires étaient à l’affut.

Juste avant de franchir le seuil, elle saisit le couteau de sa ceinture, accéléra brusquement et bondit le plus loin possible au cœur de la salle. Dans son saut elle vrilla, s’aidant d’un mouvement de bascule de la queue, afin d’atterrir face à ceux qui l’attendaient, espérant provoquer le moindre des éléments de surprise.

L’attaque ne se fit pas attendre, à peine avait-elle touché le sol qu’une silhouette drapée de violet – du moins était-ce la couleur que le bandeau rendait – s’était jetée sur elle. Le bras de la chimère fit un quart de tour en arrière qui l’immobilisa alors que des crocs venaient se planter dans son cou. Ils déchirèrent la peau, ouvrant la chaire sur un filet de sang, mais ce geste entrainerait la perte de celui qui l’effectuait. Déjà le courant se déversait en lui et lors de cet instant si fugace Balsa n’avait de pensée que pour sa main libre qu’elle jeta à la face de l’ennemi crocs dans sa gorge. Elle y enfonça les doigts de toutes ses forces, n’ayant cure des yeux, narines ou lèvres qu’ils trouveraient. Index et majeur finirent d’ailleurs dans les orbites du vampire choqué, le pouce appuyait sur la gencive au dessus des canines ensanglantées. Fermant le poing comme un rapace ferme les serres sur sa proie, la chimère laissa le flot d’électricité couler de longues secondes. Puis elle calma cette magie qu’elle maîtrisait mieux que jamais et jeta le cadavre sur le côté.

Déjà ses pupilles étaient braquées vers les autres, deux sur sa droite, deux sur sa gauche. Mais ceux-là ne se jetteraient pas sur elle car ils avaient vu le résultat : l’un des leurs gisait sur le sol, emporté dans une mort définitive. Ils jaugeaient à présent la créature devant eux, évaluant sa dangerosité, imaginant les moyens de l’atteindre à distance, craignant peut-être qu’elle leur montre une magie plus puissante. Seulement il ne restait à Balsa que ses compétences de guerrière à présent. Elle devrait les attraper pour les vaincre et ils étaient plus rapides. Ses réserves étaient déjà bien entamée par la marche, la course, la foudre amplifiée… Mais elle n’était pas seule. Nazj avait-il eut le temps d’invoquer ses revenants de guerre ? Elle se força à ne pas regarder vers le couloir, ne voulant pas révéler la présence de son maître, et attendit, sur la défensive, prête à recevoir une attaque mais refusant de s’épuiser à en porter une en vain.

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyVen 16 Nov 2012, 21:48

Nazj attendit patiemment, se frottant avidement les mains…le but de leur voyage était là, tout près ! Caché dans les catacombes, il suffisait de fouiller un peu, et pour cela, il suffisait de renvoyer quelques vampires minables au silence, et il allait prendre grand plaisir à le faire. Balsa lui avait fait comprendre qu’il y avait effectivement quelque chose dans le noir, et il se prépara, sa magie prête à surgir, de façon spectaculaire ! Oh, ici il ne craignait rien, parmi la moisissure et la pourriture, le froid et les os, il était chez lui, il était roi ! Et ces quelques créatures qui pensaient pouvoir lui barrer le chemin allaient le découvrir à leurs dépens, et c’était tout juste si le nécromancien ne trépignait pas d’excitation ! Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait été en présence d’une telle source de pouvoir, des catacombes toutes entières, rien qu’à lui ! Il se sentait la force de conquérir le monde. Mais pour l’heure, il ne pouvait rien faire, il n’y avait devant lui que les ténèbres dans lesquelles la chimère venait de s’enfoncer, et il attendait…il attendait que quelque chose se passe, avant de pouvoir agir, frapper en aveugle ne servirait à rien, à quoi bon avoir l’effet de surprise si l’on ne pouvait en user ? Peut-être les vampires, dont les yeux pouvaient percer le noir, le voyaient-ils, mais imaginaient-ils que Nazj était autre chose qu’un vieil érudit se cachant derrière une jeune femme combative ? Tout indiquait que non.

Soudain, depuis les ténèbres, des bruits de combat retentirent ! Et un large sourire couvrit le visage de Nazj, enfin les festivités pouvaient commencer ! Il était galvanisé par toute la force que lui conférait ce lieu, il avait l’impression que sa propre magie allait éclater, qu’il serait incapable de se contenir ! Mais il se concentra, et il y arriva…Il n’attendait que cela, que les hostilités commencent, qu’un son lui indique ou chercher, il le son avait été plus que satisfaisant. Il étendit sa perception, et trouva ce qu’il cherchait : un crâne orienté vers le combat qui faisait rage. Nazj ne voyait rien dans le noir, et il ne pouvait pas jeter des sortilèges à l’aveuglette, alors il devait avoir recours à quelques artifices. Il ouvrit grand les yeux, et plaça deux doigts de sa main gauche –le majeur et l’index- directement sur ses yeux, et tout à coup, il vit ! Il vit par les yeux du crâne qu’il avait choisi…la vision du monde par les orbites vides du cadavre changeait du tout au tout, mais il ne fallut que quelques secondes pour que Nazj s’y habitue à nouveau, c’était un petit tour de passe-passe auquel il avait souvent recours…et il étudia la scène. Il y avait déjà un cadavre étendu par terre, et Nazj remarqua avec délice qu’il s’agissait d’un vampire et que Balsa se tenait triomphalement au-dessus…À en juger par l’état du cadavre, c’était la foudre qui avait eu raison du vampire, et Nazj ressentit un étrange élan de…fierté ? La chimère semblait légèrement blessée, mais cela n’avait pas l’air de la déranger…en revanche, cela entama imperceptiblement l’enthousiasme de Nazj.

Mais l’heure n’était pas aux inquiétudes puériles, l’heure était à la mort, au froid et aux ossements dansants dans les cliquetis cacophoniques, l’heure de renvoyer ces abominations dans leur tombes, vers la paix qu’ils refusent si obstinément. Nazj rompit le lien avec le crâne, et se concentra…Il ne put s’empêcher de lâcher un petit rire caquetant avant de prendre une grande inspiration, de s’immobiliser…Et enfin d’expirer, lentement. Son souffle était terriblement froid, et semblait attirer tout l’air des tunnels derrière le sorcier, apportant des vents glacés qui firent légèrement virevolter les pans de sa robe…et ce souffle fut accompagné d’un son rauque et grave, qui s’amplifia, encore et encore, jusqu’à remplir les catacombes d’une voix sépulcrale ! Nazj tendit les bras, et tordit étrangement ses mains, comme des serres malformées…Et des cliquetis se firent entendre, partout depuis les murs…les choses sérieuses commençaient. Lorsque l’air eut totalement quitté ses poumons, Nazj reprit sa respiration, mais le vent froid continuait à venir, et l’écho de sa voix rauque emplissait encore les lieux…Le bruit d’un choc se fit entendre, suivit d’un cri ! Nazj ricana, et reprit le lien avec le crâne qu’il avait choisi un peu plus tôt…Il vit qu’un squelette formé à partir de divers os des catacombes avait sauté d’une alcôve, directement sur le dos d’un des vampires, et que le cadavre décharné essayait de planter ses dents antiques dans la gorge du vampire, tandis que ses longs doigts tentaient de lui déchirer la poitrine pour atteindre le cœur…Et, dans les ténèbres, Nazj vit d’autres squelettes avides arriver, et d’autres cherchant encore des os pour les compléter. Les vampires, qui semblaient d’abord perdus, reprirent leurs esprits, et se défendirent contre les serviteurs du nécromancien ! Le vampire pris dans le dos par un squelette, cependant, était tombé à terre, pris par les chevilles par un autre cadavre, et était à présent dévoré vivant, si l’on pouvait dire une telle chose, et ses hurlements donnaient des frissons de plaisir au sorcier.


"Allez-y Balsa, faites votre compte, amusez-vous !"

Conscient que l’un des vampires au moins allait tenter de fuir, Nazj décida de prendre une précaution. Il déchira un bout de sa robe, murmura quelques mots étranges, et trempa le tissu de bave, puis il jeta le tout derrière lui, dans les ténèbres. Quelques instants plus tard, l’abominable bête que Nazj avait invoquée lors de sa première rencontre avec Balsa vint en trottinant aux côtés de son maître, qui lui gratta le crâne nu, avant de lui ordonner silencieusement d’aller garder la sortie. Puis le sorcier avança dans la grande salle, à pas surs et déterminés…pourquoi ne devrait-il pas, après tout ? Ici, dans les catacombes, des hordes de morts à ses pieds, il était le roi ! Son sourire mauvais ne le quittait plus.

"Oh, et n’oubliez pas la torche, ma chère."
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMer 21 Nov 2012, 15:42

Il y eut un petit rire que Balsa reconnut de Nazj et les vampires identifièrent l’origine du son à n’en pas douter. L’un d’entre eux tourna la tête vers le tunnel, les autres gardaient leur regard rivé sur la chimère prête à bondir. Un vent se leva alors, berçant leurs tympans d’ondes rauques, glaçant le sang en plus d’un sens. Balsa frémit, puis déglutit sans ciller : elle savait quels pouvoirs le sorcier était capable d’invoquer et le frisson qui lui parcourut l’échine n’était du qu’au froid caverneux que le sortilège déversait sur elle. Et elle ne lâchait pas des yeux ses quatre adversaires quand soudain… un squelette jaillit dans le dos de l’un des vampires et tous ensemble ils comprirent quel assaut leur était mené. Une armée d’ossements défunts se levait contre eux. Ils se défendirent toute agilité et réflexes qu’ils étaient ; il leur était assez facile de briser les os animés. Cependant ils ne purent sauver la première cible, prise par surprise, dont les chaires étaient à présent creusées par des mâchoires aux dents tranchantes. Il serait détruit, il n’était plus une menace.

Il restait trois vampires, luttant contre les serviteurs de Nazj. Un mot de ce dernier résonna, invitant Balsa à s’amuser. Elle sourit : oui, elle allait s’amuser. Elle jouait avec la foudre, dansait avec la mort, pariait sur sa propre vie… Elle bondit vers le vampire le plus proche. Il la vit venir et esquiva sans difficulté. Là où il recula il trouva un nouveau squelette agressif mais le brisa d’un coup de poing dans la nuque, sans aucun égard pour cette chose ressuscitée. Dans le coin de son regard aux visions troublées Balsa vit son maître s’avancer dans la pièce. Il avait une assurance royale dans le pas et l’impertinence familière dans les mots.

- Sergen, Finn !

Le vampire qui venait de parler était celui que Balsa avait tenté de saisir. Il désigna le sorcier à ses compagnons et ceux-ci progressèrent au milieu des squelettes en tentant d’approcher le nécromancien. Mais les terribles invocations étaient partout à présent et résolument décidées à défendre leur maître. Tout comme l’était Balsa… Mais elle ne pouvait approcher Nazj, le vampire qu’elle avait provoqué lui barrerait la route, elle le lisait dans ses yeux. Il eut un sourire mauvais et après avoir fracassé un énième squelette, sans vraiment quitter des yeux sa proie vivante, il se rua contre un mur d’où il arracha une torche.

- Excellente idée le vieux…

Puis se jeta sur Balsa, frappant du bout de bois qui l’isolerait de la foudre. Malin. La chimère esquiva au dernier moment, échappant au choc. Lui ne s’arrêta qu’une seconde, frappant de nouveau, atteignant l’épaule derrière laquelle elle se réfugia pour parer, dernier recours. Elle recula, titubant un peu, le souffle court. Les muscles du vampire, toute force surhumaine qu’ils étaient, fatiguaient un peu et son pas devenait plus gourd. Il manqua sa cible à l’assaut suivant. Il ne se lassa pas pour autant et se jeta en avant une fois de plus. Et Balsa ne bougea pas cette fois-ci : tenant ferme elle encaissa un choc lourd dans le bas-ventre. Son visage se tordait en une grimace de douleur mais ses pieds ne reculaient pas… elle se poussa contre l’agresseur, jetant une main en avant qui agrippa un pan de veste sombre. Son ventre faisait terriblement mal, le coup avait fait jaillir quelques larmes au coin de ses yeux, rendant sa vision déjà trouble encore plus floue. Mais elle ne lâcha pas prise et tira de toutes ses forces. Sa main libre n’attendit pas un instant pour se ruer au visage du vampire, ignorant crocs et pupilles flamboyantes, agrippant ces parcelles de peau pour établir le contact. Puis ce fut du nouveau la tension, le courant, rage et colère déversées dans ce corps de non-mort, achevant d’arracher cette âme à l’existence terrestre. Le cadavre s’écroula, elle le retint jusqu’à ce qu’il touche le sol, définitivement éteint. Elle le lâcha alors et considéra le reste de la bataille.

Les deux vampires encore debout étaient assaillit de squelettes, les os devaient se réassembler une fois qu’ils avaient volé en éclats. Nazj, triomphant, se pavanait au milieu du carnage, petit sourire et assurance parfaite. La chimère ne voulut pas perdre une seconde. Elle se faufila entre les cadavres réanimés – qui la laissaient en paix à l’évidence – puis se glissa dans le dos de sa cible. Elle attendit là une ouverture et quand un squelette tenace saisit le vampire qu’elle surveillait elle vint par derrière attraper sa nuque froide. La foudre lui semblait brûler sa main, était-ce parce qu’elle déployait ses dernières réserves à la tâche ? Elle recula et le corps s’effondra.

Le dernier vampire eut le réflexe le plus censé du monde et battit en retraite, profitant de sa vitesse pour s’extirper de la bande de squelettes qui le cernait. Balsa se lança aussitôt à sa poursuite mais elle vit au-devant une forme bestiale étonnamment familière… La créature était aussi majestueuse et horrible qu’à leur première rencontre. Tout aussi dangereuse aussi : sa mâchoire saisit au passage la poupée de chiffon que l’immortel parut être une fois entre les crocs. Le corps fut secoué violemment, fracassé au passage contre le mur le plus proche, pour enfin être déchiqueté entre les mâchoires dégoulinantes.

Balsa contemplait ce spectacle en retrouvant souffle et rythme cardiaque normaux, un sourire ravi aux lèvres. Elle en aurait presque oublié la douleur dans ses entrailles, sur son épaule, au creux de sa nuque. Son sang avait souillé sa robe, mais qu’importait. Ils avaient éliminés tous leurs adversaires, ils avaient gagné cette partie contre la mort. Elle avait dansé entre les cadavres, rayonnante de la foudre qui grondait en elle, et elle survivait une fois de plus. Bien sur, seule, elle n’aurait pas eu la moindre chance. Elle se tourna vers le sorcier. Ah oui, la torche ! Elle alla se saisir de la plus proche qu’elle vit, accrochée au mur non loin de là où le vampire s’était procuré la sienne. Puis elle l’apporta à Nazj.

- Tenez.

Elle ne comptait pas l’allumer elle-même. Du moins ce serait un jeu d’enfant pour lui que de créer la première flamme.

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyJeu 10 Jan 2013, 02:56

Nazj observait la scène avec délice, un grand sourire cruel aux lèvres, en se pavanant comme un roi dans cette sale qui résonnait des cliquetis macabres de ses serviteurs, une douce symphonie qu’il n’avait pas entendue depuis tant de temps…oui, ses voyages l’avaient éloigné des tombes, des cryptes, sépulcres et catacombes. Ici et là, il invoquait des cadavres égarés en bord de route, fraîchement jetés dans une fosse, mais il n’avait que trop rarement eu une foule de serviteurs à ses pieds…et les figures squelettiques étaient ses préférés. La chair morte, parcheminée, rappelait l’existence mortelle passée, et quand à la structure blanche, fantomatiques, glaçait le sang des victimes ; l’absence d’un trop plein de chair permettait la fluidisait de mouvement, et leur sourire figé était…captivant, fantastiques…ils étaient les soldats parfaits. Il ne voyait toujours rien de ses propres yeux, mais il était bien loin d’être aveugle : un léger instant de concentration, et il pouvait voir par les yeux des dizaines de cadavres décharnés…Non, à proprement parler, il ne pouvait pas «voir», tant d’yeux à la fois, tant de regards, si son esprit aurait pu les soutenir, il n’aurait jamais pu comprendre ce qu’il aurait vu…pas immédiatement en tout cas. En vérité, il « percevait » tout ce qui se trouvait dans la salle, ce n’était ni de la vision, ni de l’ouïe, c’était…de la connaissance, il savait exactement ce qui se passait en ces lieux, et comment la situation évoluait, et il était très satisfait.

Il aurait été préférable, bien sur, que les vampires tombent comme des mouches devant l’assaut implacable des créatures cliquetantes relevées par Nazj, mais les voir se débattre pour s’accrocher à leur parodie de vie était tout aussi délectable, peu à peu, il semblait que l’expression sur leur visage, d’abord féroce, se métamorphosait, vers la crainte, puis vers la panique, à mesure que les vagues d’ossements se brisaient violement sur les vampires, et se reformaient pour repasser à l’assaut. D’ailleurs, ils n’auraient jamais du faire cela, l’incantation de Nazj ne le permettait pas, il aurait fallu qu’il y passe beaucoup plus de temps, aussi drainait-il un peu de son énergie à chaque fois qu’un soldat squelettique était réduit en miettes…ils étaient nombreux, mais peut-être pas suffisants pour submerger les vampires sans un peu d’aide de la part du nécromancien, et les os sans artifices n’étaient pas aussi efficaces qu’une lame et pas aussi robustes qu’une armure, bien entendu. Il espérait donc que ce combat ne s’éternise pas pour l’heure il était encore plein d’énergie, galvanisé par le pouvoir ! Mais on ne pouvait prédire quand est-ce qu’il allait sentir sa force fléchir, et finalement sa vie s’échapper petit à petit.

Grace à cette connaissance acquise par le biaise de ses serviteurs, Nazj vit deux des vampires tenter de se tailler un chemin dans sa direction, et le sorcier haussa un sourcil amusé…Allons, qu’espéraient-ils faire, qu’espéraient-ils accomplir…l’abattre ? Vaincre le Seigneur Nazj ? Eux ? Deux abominations paniquées au cœur du royaume du Nécromancien ? C’était risible, tellement risible que Nazj ne leva pas le petit doigt pour les arrêter, il les fixa, défiant, un petit rictus moqueur déformant le coin de ses lèvres…et eux le voyaient parfaitement, et tandis que les squelettes se ruaient sur eux, la couleur de la peur apparut sur leur visage, et à travers la conscience partagée des cadavres animés, Nazj voyait la terreur dans les yeux des vampires…Oh comme c’était plaisant, ces créatures arrogantes, ces monstres qui pensaient vaincre la mort, afficher une peur panique devant un vieillard laid qui lui semblait rayonner de force ! Finalement désintéressé par ces créatures condamnées à une seconde mort, Nazj tourna son attention vers Balsa.

Son visage tressaillit légèrement : au premier coup d’œil, la chimère ne semblait pas en mener bien large, elle avait en effet l’air de souffrir et le vampire avait trouvé un moyen d’empêcher son pouvoir d’agir…Mais, dans un élan de volonté et de force qui surprit agréablement le nécromancien, Balsa retourna la situation, et Nazj vit le vampire mourir à nouveau, tout semblant de vie dévasté par le pouvoir de la jeune Balsa, qui semblait avoir considérablement grandi de façon insoupçonné…étrange, et fascinant, peut-être l’instinct de survie ou la furie du combat, l’échauffement du sang, la colère, peut-être que quelque chose s’apparentant à tout ceci apportait l’étincelle nécessaire pour que la magie se décuple…oui, fascinant, il lui faudrait conduire des expériences…nul doute qu’il pourrait trouver un moyen de forcer Balsa à se battre pour sa survie. Nazj se tourna alors vers un des vampires restant, celui que la chimère semblait fixer, et le sorcier lui adressa un dernier regard moqueur, un genre d’adieu auquel la créature n’eut pas le temps de réagir, elle s’effondrait déjà sur le sol froid, morte.

Le dernier vampire se crut plus malin que les autres…et n’eut probablement pas le temps de comprendre ce qui lui était arrivé, il gisait déjà, brisé, sa chair se déchirant sous les crocs de la bête monstrueuse, et il n’y eut qu’un bref cri avant que sa gorge ne s’ouvre en grand, lâchant un dernier râle inaudible. Nazj frappa dans ses mains comme pour applaudir, une seule fois, et il rayonnait, il était si heureux ! Chaque vampire qui succombait était une insulte en moins lancée à son visage, et si le coup fatal était provoqué par le sorcier lui-même, il n’en était que plus satisfait ! D’un geste absent, il s’empara de la torche que lui tendait la chimère, et hocha légèrement la tête dans sa direction, en guise de remerciement. Il agrippa l’embout de la torche dans sa main, et se concentra un petit instant…une maigre étincelle apparut rapidement, et lorsque Nazj retira vivement sa main, le feu jaillit ! La lumière si soudaine aveugla le sorcier qui ferma brusquement les yeux tout en détournant la tête, lâchant un grognement de douleur…voila un détail qui lui avait échappé.

Il rouvrit les yeux et prit un peu le temps de s’habituer à cette clarté si soudaine…et lorsqu’enfin il put y voir clairement, il étudia de ses propres yeux les catacombes. Il n’y avait là rien d’extraordinaire, tout était de pierre froide, et quelques piliers ici et là soutenaient un plafond que deux hommes, l’un sur les épaules de l’autre, auraient pu toucher. Des alcôves de diverses tailles garnissaient les murs, et elles étaient pour la plupart à présent vidées de leur contenu, mais certains ossements isolés n’avaient pas bougés, sans doute parce qu’il était impossible de trouver un quelconque os sur lequel s’assembler. Par terre, il y avait les cadavres, les cinq vampires qui pensaient mettre fin à l’existence du Seigneur Nazj, deux d’entre eux étaient terriblement déchiquetés, et un sang mort depuis longtemps avait éclaboussé sur les murs et les dalles. Et, debout, les squelettes, immobiles, ils n’avaient plus aucune mission à remplir à présent, ils attendaient, le regard dans le vide. D’un geste rapide accompagné d’un ordre silencieux, Nazj leur ordonna de monter la garde, et, comme un seul homme, les corps décharnés se tournèrent vers la sortie, et attendirent à nouveau. Le chien monstrueux, lui, trottinait librement dans la salle.

Le sorcier captura une petite flamme de la torche, qui dansait entre trois de ses doigts, et tendit nonchalamment le bras vers une autre torche accrochée au mur. La petite flamme s’envola, et serpenta dans les airs quelques instants, avant de s’enrouler autour de l’embout, et d’embraser la torche !


"Prenez celle-ci et suivez moi. Ce qui nous intéresse est au fond, et nous devons faire vite, cinq vampire n’ont pas posé problème, mais lorsque toute une horde se précipitera vers nous, les choses pourraient se compliquer…j’aimerais que certains sortilèges restent à jamais imprononcés."

Etrange réflexion qu’il avait faite pour lui-même…venant de lui, cela ne semblait pas normal, lui qui ne reculait jamais devant rien ! Mais il était vrai que certains secrets qu’il oubliait lui-même parfois devaient rester cachés, et oubliés, jusqu’à disparaître ! Mais ces secrets étaient si…envoûtants, fascinants, si puissants ! Les étudier était fantastique, la connaissance et les réflexions qu’ils apportaient était immense, en user…c’était tout autre chose, Nazj les gardaient jalousement. Il se dirigea vers le fond de la salle, vers un tournant. Il passa sous une arche de pierre...Et déboula dans une autre salle. Elle était en tout point semblable à la précédente, avec des colonnes qui soutenaient le plafond, et des alcôves dans les murs…celles-ci, en revanche, n’étaient pas remplies d’ossements en pagaille, mais de cadavres embaumés qui y étaient soigneusement déposés, en position allongée. Embaumé était un bien grand mot, en vérité, ce qui faisait office de bandelettes ressemblait plus à des rubans de papier craquelés et jaunis…mais c’était là exactement ce que Nazj recherchait. Quatre sarcophages de pierre étaient disposés dans les coins de la pièce, ils devaient contenir d’autres corps.

"Voila ce que nous cherchons ! » s’exclama le sorcier, avec un léger sourire, « D’autres cadavres sans noms que les vampires gardent pour une raison que j’ignore…peut-être de simples objets de collection. Quoi qu’il en soit, nous allons les dépouiller de leurs bandelettes, quelqu’un a laissé des informations sur les « habits » de nos amis ici présents, cherchez un langage incompréhensible écrit en pattes de mouche, cela vous donnera probablement mal au crâne. Nous brûlerons le reste des corps, et nous devons faire vite, chaque instant qui passe nous approche d’une confrontation avec ces monstres. Allez !"

Il posa sa torche à terre devant lui puis fit volte-face vers l’entrée qu’ils venaient de franchir…son ombre s’était allongée, jusqu’à aller sous l’arche de pierre. Il écarta légèrement les bras et ferma les yeux, en se concentrant…il prononça une étrange incantation dans une voix grave, puis laissa un mince filet de bave couler de sa langue tendue jusqu’au sol, sur son ombre…qui sembla s’assombrir plus encore, jusqu’à devenir d’un noir d’encre. Elle s’élargit, et s’allongea encore, et, enfin, s’arrêta. Aucune lumière à présent ne pouvait s’échapper de l’entrée, les vampires ne verraient pas la lueur des torches, tandis que Nazj et Balsa, eux, verraient les créatures arriver, et s’ils ne faisaient pas de bruit, cela était parfait. Cela n’allait probablement pas être d’une grande aide, mais savait-on jamais, peut-être leurs ennemis étaient-ils assez stupides pour penser qu’ils s’étaient déjà enfuis ? Il en doutait, mais pourquoi se refuser un petit coup de pouce ? Il se tourna à nouveau, prêt à chercher ce qu’ils étaient venu récupérer ici. Cela ne devrait pas prendre trop de temps. Il alla vers un cadavre allongé pour en étudier les bandelettes…une nouvelle ombre était accrochée à ses pieds.

"Au travail…"

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMar 29 Jan 2013, 01:03

Comme prévu, il ne fallut qu’un instant au sorcier pour embraser la torche et répandre dans cette vaste pièce un peu de lumière naturelle. La chimère en profita pour retirer aussitôt son bandeau, bien heureuse de retrouver une vision stable et nette qui soulagea son mal de crâne. Elle noua l’étoffe à sa ceinture et examina d’un regard nouveau les environs.

Les cadavres vampires, chaires brulées inanimées, avait perdu tout leur splendide redoutable maintenant qu’il gisaient sur la pierre. L’un d’entre eux avait disparut dans le couloir, brisé en un cri d’agonie sous les crocs du monstre invoqué par Nazj. Les autres, Balsa les passa en revue, cherchant la moindre étincelle de vie qu’il pourrait rester en eux : tremblements, râles, cœur battant… mais rien, ils étaient mort et pour de bon cette fois.

Les squelettes au service du magicien avaient cessé tout mouvement lorsque la bataille était arrivée à son terme. Ils se tenaient bras – ou reliquats de bras – ballants à l’endroit même où ils se trouvaient au dernier sang versé. Le nécromancien ne tarda cependant pas à leur donner l’ordre d’aller garder l’entrée de la pièce et ils se hâtèrent, tous os s’entrechoquant, vers l’ouverture de la grande salle. D’un nouveau geste parfaitement mesuré, Nazj déplaça ou petite boule de feu de la torche allumée vers l’une de celles accrochées au mur. Puis rendit à Balsa celle qu’il tenait en expliquant la suite des évènements.

Avait-elle bien entendu ? Un sourcil levé, la chimère saisit la flamme tendue par son maître, toute interloquée par les derniers mots qu’il avait prononcé. Elle s’était jusqu’alors représenté le mage comme un être sans limite dans la noirceur et la cruauté, sans remords et sans respect pour tout ce qui l’entourait. Pourtant, il sous-entendait là avoir un brin de conscience, une certaine définition du mal dans laquelle il incluait les sortilèges en question. Autant que cela surprenait Balsa, cela éveillait sa curiosité et elle n’aurait pu mentir sur le désir qui envahissait son cœur à cet instant : elle voulait voir ces sortilèges interdits. Une magie si noire qu’elle effrayait le Seigneur Nazj devait relever du grandiose, du terrifiant, du dévastateur. Ces redoutables perspectives et dimensions insaisissables surpassaient l’horreur que la chimère ressentait pour la nécromancie. Car la puissance pure et implacable restait pour elle la magnificence absolue, bien qu’elle ne puisse l’admettre clairement.

Ces réflexions honteuses se dissipèrent alors qu’ils franchissaient le seuil d’une nouvelle pièce aux dimensions tout aussi impressionnantes que la précédente. Elle était différente pourtant et si la chimère avait du l’expliquer, elle aurait avancé l’hypothèse que les cadavres disposés ici avaient de leur vivant un statut social plus élevé. Point d’os en vrac et de dispositions de corps impersonnelles, là les défunts avaient été embaumés avec soins et l’on ressentait tout le respect qui leur était du. Respect dont le nécromancien se moquait éperdument à l’évidence et cela ne dérangeait en rien la chimère. Elle ne voyait là que des cadavres, de la viande en décomposition, de la matière inerte qui ne valait plus rien. Profaner ces sépultures ne lui posait aucun problème de conscience.

C’était d’ailleurs ce qu’ils allaient faire, comme l’expliqua le sorcier. D’un tour sur elle-même, qui fit vriller la flamme au bout de sa torche, Balsa mesura l’étendue de leur tâche. Il y avait des dizaines de corps reposant dans les creux de la roche et quatre tombes en lourde pierre dans les coins de la pièce promettaient encore quelques individus à ausculter.

Puisqu’il fallait bien attaquer d’une manière ou d’une autre, la chimère se dirigea vers l’un des murs aux alcôves creusées dans la pierre. Elle se pencha vers le corps étendu le plus en bas à droite et le baigna de la lumière de sa torche vacillante. Les bandelettes enveloppant le cadavre étaient soigneusement installées, serrant la dépouille au plus près de ses chaires mortes. Balsa posa sa torche à même le sol, cela ne risquait pas de l’éteindre, et prit une longue inspiration pour se lancer dans la tache qui l’attendait. Elle attrapa les pieds du défunt et le tira le plus délicatement possible vers elle, amortissant sa chute sur le sol où elle comptait le dépouiller. Elle se trouva un peu stupide de prendre tant de précautions et se promit de gagner quelques secondes et prenant moins de soins à retirer le prochain. Puis elle tira un petite lame de sa ceinture et la glissa sous les bandelettes, trancha d’un coup sec plusieurs épaisseur de tissu et commença à dépouiller ce cadavre. En quelques minutes elle eut retirer tout l’embaumement et elle se mit à inspecter les vêtements ainsi découverts. Rien. Elle retourna le corps pour en inspecter le dos : toujours rien.

Alors elle se redressa et attrapa les pieds du cadavre dans l’alcôve au-dessus, sans une once de délicatesse cette fois, et celui-ci vint s’écraser à moitié sur le premier, sa colonne vertébrale formant un angle bien peu naturel. Le mouvement un peu brusque que la chimère venait d’effectuer avait attisé la douleur à son épaule, provoqué par l’agression du vampire quelques instants auparavant. Elle se fendit d’une légère grimace mais ignora de son mieux la chaleur vive qui lui rappelait le combat. D’un coup de pied elle écarta ce corps du premier, puis s’agenouilla pour le dépouiller. Elle ne trouva rien sur celui-ci non plus.

Elle poursuivit ses fouilles, sourde à la plainte de son épaule amochée, amoncelant les restes humains sur le sol dans le plus grand désordre. De temps à autre elle jetait un coup d’œil à son maître, espérant à chaque fois lire sur son visage la victoire de la découverte. Il n’en fut rien et ce fut elle qui, au quatorzième cadavre embaumé, découvrit l’écriture illisible attendue. Elle ne chercha pas une seconde à la déchiffrer.

- Seigneur Nazj.

Alors qu’il approchait elle retirait les dernières bandelettes du cadavre, découvrant chaque caractère inscrit sur l’étoffe du mort. Elle ne contempla le résultat qu’un instant.

- Je vais m’éviter ce mal de crâne…

Et elle poursuivit ses opérations de profanation et trouva quatre autres dépouilles couvertes de symboles incompréhensibles dans les alcôves tout autour de la pièce. Puis vint e moment de déplacer les lourdes dalles de pierres recouvrant les tombeaux des angles de la pièce. Un brin de quelque chose que la chimère supposa être un muscle se déchira lorsqu’elle déploya ses forces à mouvoir la pierre massive. Trop fière pour se plaindre, elle inspecta les corps découverts sans évoquer jamais la douleur qui grandissait avec l’effort. Elle ragea tout de même lorsqu’elle en eut finit avec ces fouilles et qu’elle n’avait rien trouvé de valeur dans ces tombeaux annexes, aux corps superposés sans grande considération. Sa voix était un peu tremblante et son ton quelque peu empressé quand elle demanda :

- Vous avez tout ce qu’il vous faut ? On peut partir d’ici ?

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMar 16 Avr 2013, 22:12

Nazj s'attela à la tâche avec une précision et une rapidité toute professionnelle. De sa manche, il avait sorti un petit scalpel rouillé, il n'avait aucune envie de souiller et abimer ses autres instruments pour quelques corps desséchés dont il n'avait cure. N'importe quelle lame, si rouillée soit-elle, devrait faire l'affaire pour quelques bandelettes antiques. Là où l'état des instruments comptait vraiment, c'était lorsque Nazj étudiait de très près un sujet qui n'était pas encore mort…il serait malheureux que l'infortuné tombe trop promptement victime d'une maladie issue de la rouille. Il étudia les bandelettes fraîchement coupées du premier cadavre avec beaucoup d'attention, mais il n'y trouva rien, seulement de la crasse et de la peau parcheminée. Nazj grimaça…bien évidemment, il ne pouvait jamais tomber directement sur les choses qu'il cherchait ! Cela serait bien trop facile, et nul ne voudrait que Nazj s'en tire avec trop de facilité, n'est-ce pas ? C'était un peu comme si le monde entier voulait stopper son avancée, ses travaux, ses rêves…eh bien soit ! C'était une raison de plus pour avancer, et pour persévérer !

Sans un regard de plus vers le cadavre, Nazj passa au suivant. Il jeta un petit coup d'œil en direction de la chimère…Etrange, elle ne semblait pas être en grande forme, était-ce la présence de ces cadavres soigneusement embaumés qui la mettait mal à l'aise ? Le fait qu'un de ces corps gisait brisé aux pieds de Balsa poussa Nazj à penser que ce n'était pas là le problème…Fort curieux, mais il décida de ne pas s'y attarder, il y avait des affaires plus pressantes qui nécessitaient toute son attention ! Il tira vers lui sans aucune délicatesse un autre cadavre, qui s'écrasa sur le dallage avec un craquement sec, puis Nazj s'accroupit et trancha méthodiquement les bandelettes, des pieds à la tête…mais il n'y avait rien, bien sur, il n'y avait jamais rien. Il continua ses fouilles et recherches inlassablement, passant de cadavre en cadavre, se marmonnant à lui-même sans vraiment s'en rendre compte…de temps en temps, il jetait des coups d'œil à la sortie, et à Balsa, dont le visage semblait étrangement crispé…quelque chose allait vraiment de travers, mais il n'avait pas vraiment le temps de s'en soucier. C'était lorsqu'il étudiait un énième cadavre qui ne recelait aucun secret qu'il entendit la voix de Balsa rompre le silence.

Nazj releva brusquement la tête, et il ne put retenir un léger tressautement du coin de la lèvre, un rictus carnassier à naître. Enfin quelque chose ! Le silence qui régnait dans cette crypte allait finir par lui faire croire qu'il y était lui-même enterré. Il essuya machinalement son scalpel sur sa robe, et la rangea dans l'obscurité de sa manche, avant de se diriger vers la chimère. A peine fut-il arrivé à ses côtés qu'elle s'éloigna en maugréant quelque chose que Nazj ne parvint à saisir…Il la suivit du regard quelques instants, puis s'en désintéressa, il y avait quelque chose de bien plus important sur lequel il devait se pencher ! Il saisit avidement les bandelettes que Balsa avait habilement coupées, et les étudia en les approchant tout près de son visage…et un léger rictus fendit son visage. Voila, ils avaient trouvé ! Les symboles, cette écriture ancienne dansait devant ses yeux à mesure que son regard les parcourait, ils semblaient changer de forme, se brouiller sur le tissu parcheminé, et pourtant lorsque le regard se fixait ils étaient immobiles, comme si l'écriture jouait au jeu des statues…c'était hypnotisant, un esprit simple qui s'y attarderait pourrait en perdre la raison, mais Nazj côtoyait cet alphabet oublié depuis des décennies, il l'accueillait comme on accueil un vieil ami. Il n'allait pas déchiffrer ceci maintenant, cela allait prendre du temps ! Il enroula les bandelettes sur lesquelles se trouvait l'écriture, puis les plaça soigneusement dans une poche.

Il reporta son attention sur Balsa…et son sourire se perdit, il fronça les sourcils. Elle avait trouvé autre chose ? Il se précipita à sa rencontre alors qu'elle s'éloignait vers un autre cadavre, mais il ne lui prêtait plus aucune attention ; il s'empara du tissu et contempla l'écriture qui s'y trouvait, et grimaça…bien sur…un imprévu. Peut-être étais-ce simplement un "texte" qui réclamait une certaine longueur ? A dire vrai, Nazj ignorait ce que les écritures allaient lui révéler, il n'avait qu'une vague idée de la direction qu'il aurait à prendre une fois le travail ici terminé, et cela lui déplaisait fortement, il suivait une maigre piste, allant d'un bout à l'autre de l'Archipel, sans savoir où cela allait s'arrêter, ni ce qu'il allait rencontrer par la suite. Il était mené par le bout du nez avec de maigres indices, et cela ne lui plaisait aucunement. Mais ce qu'il allait trouver à la fin du voyage méritait amplement tous ces efforts, et cette humiliation ! De ces épreuves, Nazj allait ressortir victorieux, et plus fort, plus puissant qu'avant.

Ainsi perdu dans ses pensées, il n'avait pas remarqué que Balsa avait déjà trouvé trois autres cadavres dont le léger habit mortuaire était couvert d'écriture…Il rangea les bandelettes qu'il tenait encore dans sa main, et s'empressa d'aller chercher les autres, tandis que la chimère s'efforçait à ouvrir les sarcophages…avec un peu plus d'efforts, semblait-il, que ce qu'elle montrait habituellement, et son visage trahissait un certain malaise…allons, la redoutable Balsa faiblissait-elle ? Ici, perdu au milieu de nulle part, au cœur des terres des vampires, allait-elle tomber ?...Et Nazj allait-il devoir la relever, d'une façon ou d'une autre ? Le sorcier fixa intensément la jeune chimère, ne sachant trop quoi attendre, quoi espérer…La mort de Balsa mettrait certainement fin à l'éventuelle menace qu'elle représentait pour Nazj, son cadavre ferait un serviteur féroce, un parfait bouclier, un garde redoutable…néanmoins…Il avait besoin d'elle vivante, et il n'aurait su dire pourquoi.

La voix de Balsa le ramena à la réalité…voix qui se faisait faiblarde et tremblante, il l'entendant bien, et il fronça les sourcils. Il réalisa qu'elle ne serait sans doute pas capable de tenir tête à un nouvel assaut des vampires, si ceux-ci venaient en force, et ça c'était une fort mauvaise nouvelle. Nazj grogna en rangeant les dernières bandelettes dans une poche.


"Partons ! Nos chances de survie maigrissent un peu plus à chaque instant."

Le nécromancien récupéra une torche, et pressa le pas vers la sortie…Ils revinrent dans la salle où le combat avait eu lieu, et les squelettes restaient là, fixant là d'où les vampires pouvaient arriver à tout moment…ils étaient parfaitement immobiles, attendant l'heure où leurs vieux os allaient pouvoir protéger leur maître. Nazj les dépassa sans leur accorder un second regard, se précipitant vers les sombres couloirs qui les mèneraient vers la sortie…Ils n'avaient plus le temps de faire dans la subtilité. A peine étaient-ils sorti de la salle où gisaient les corps que Nazj ressentit quelque chose d'étrange, un dérangement quelque part dans son esprit…il se concentra quelques instants, retrouvant la parcelle de pouvoir qui le liait aux squelettes…et vit par leurs sens que quelque chose descendait vers eux, il y avait des frottements, des voix, des bruits de pas !

"Pressons, les voila ! Espérons qu'ils arrivent trop tard…"
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyMar 14 Mai 2013, 21:29

La blessure sur l’épaule de Balsa lancinait toujours, quoique la douleur s’estompait doucement. La chimère s’accoutumait à cette gêne, ajustant ses mouvement et ménageant les muscles concernés. Au moins ses jambes étaient en bon état et elle pouvait fuir de concert avec le nécromancien qu’elle accompagnait, remontant leur piste jusqu’aux escaliers menant à la surface. Un retour au pas de course, pour autant que le vieillard en était capable. Balsa avait saisi une torche elle aussi – deux lumières valaient mieux qu’une – et appréciait de ne plus subir les nausées du bandeau enchanté porté à l’aller. Le ton de son maître avait été clair : il ne s’agissait plus d’agir dans le feutré mais de déguerpir au plus vite : on était à leurs trousses. Et ils avaient ce pourquoi ils étaient venus. Quelques bouts de tissus manuscrits, arrachés aux momies profanées…

Dehors, le vent soufflait encore de ses bourrasques abrasives. Le sable fouettait leurs visages et confondait l’horizon : le ciel nocturne et le désert se mêlaient, à quelques foulées au-devant. Il ne fallait pourtant pas hésiter et fuir. Balsa jeta sa torche, éteinte sous le vent et devenue inutile. Puis elle avança à tâtons, paupières plissées, tandis que ses vêtements claquaient sous l’onde violente.

L’amulette du nécromancien les guida dans ce trouble jusqu’aux affaires qui assureraient leur survie pour le trajet du retour : réserves d’eau et nourriture principalement. Cette tempête formidable qui les enveloppait avait au moins cet avantage qu’elle perturbait leurs poursuivants autant qu’eux. Les vision nocturne et odorat affuté des suceurs de sang n’avaient plus guère de valeur ici. Mais puisqu’il fallait mieux prévenir que guérir, il ne traînèrent pas un instant, bravant les éléments sans ménager leur allure. Leur salut serait bientôt trouvé, quand la lumière s’abattrait de nouveau et chasseraient ces créatures des ténèbres.

Bien qu’ils aient passé longtemps dans les tunnels et catacombes vampires, ce qu’il restait de nuit paraissait interminable. La tempête s’apaisa peu à peu et finalement ils virent les premières lueur du jour teindre le ciel de violets et d’oranges. Aucune trace des poursuivants évoqués par Nazj et si ceux-ci cherchaient toujours, ils devaient à présent s’en retourner se terrer dans le noir. Car ils étaient faibles sous les rayons de l’astre solaire, malédiction qu’ils portaient comme un constant rappel de leur nature sombre et mauvaise. L’un d’entre eux serait-il prêt à risquer sa vie par vengeance ? Les intrus, quelques dégâts qu’ils aient causé, avaient disparu à leurs yeux, quitté sans doute leur territoire, leurs empreintes et odeurs balayées dans le vent et le sable.

Quand le premier rayon pointa à l’horizon, la voute céleste était d’un rouge sanglant, adieu symbolique aux combats de la nuit. Du vent ne restait que quelques doux courants qui faisaient danser les grains à leurs pieds, formaient de petite tornades éphémères et, complice de leur fuite, effaçaient leurs traces en quelques minutes. Ils étaient saufs, Balsa se dit. Enfin ils franchissaient ce seuil au-delà duquel ce qu’ils leur restait à accomplir ne semblait plus être qu’un jeu d’enfant. Alors que le cœur de la chimère s’emplissait d’apaisement, elle considéra en esprit tout le chemin parcouru jusqu’à cette victoire. Depuis son départ, loin dans les montagnes de Lan Rei jusqu’aux chaleurs écrasantes du désert et vampires meurtriers : ils avaient réussi. A l’apaisement s’ajouta un sentiment de fierté, une sensation de force et de pouvoir dont la chimère aimait à se repaitre. La vie et la mort s’étaient mêlées dans l’absurde d’une quête à laquelle elle ne trouvait guère de sens, mais sa seule victoire suffisait à rendre cette quête légitime. Elle, chimère, hybride contre nature, créature des hommes sans éthique, venait de prendre quelques vies, marquant l’archipel d’une entaille certes infime, mais signifiante. Au moins pour elle, ces vampires et sans conteste pour son maître.

Elle pensa alors à l’avenir, pour la première fois depuis longtemps. Elle n’avait plus l’objectif fixé par le nécromancien, devant elle mille et un chemins se dessinaient et elle ne s’était pas encore demandé lequel elle allait emprunter. Que peut-on avoir de but dans la vie lorsqu’on est le seul représentant de sa race ? Iburo et Mataro avaient été créés tout comme elle, mais leurs différences interdisaient de les voir comme appartenant à la même espèce, à la même famille. Sans amis, restait à compter ses ennemis. Le genre humain en général la rebutait et les scientifiques de l’Ouest avant tout. Cependant elle n’oubliait pas l’échec cuisant qu’elle et Kaleya avaient subi en tentant de s’en prendre à cette nation trop avancée technologiquement. Un soupir glissa entre ses lèvres et cet air expiré lui rappela à quel point sa gorge était sèche. Elle fit un signe au sorcier – les mots semblaient trop épuisant à prononcer avec cette langue pâteuse – et s’arrêta. Des affaires sur son dos elle prit une gourde, la remua pour s’assurer qu’un liquide l’emplissait toujours et, cela confirmé, s’empressa de l’ouvrir pour y boire trois longues gorgées. C’était bon, si salvateur, et pourtant assez surprenant et étourdissant pour forcer une pause. Elle but encore un peu et tendit la flasque à Nazj. Savourant cette eau qui coulait en elle, pleine de force et de vie, elle embrassa du regard l’immensité désertique qu’ils traversaient.

- Alors… c’est fait.

Son regard quitta cette nature aride pour se planter sur son nécromancien de maître.

- Ma dette envers vous est-elle payée, seigneur Nazj ?

Elle lui laissa le temps d’être surpris, mais pas de répondre. La requête qu’elle allait formuler lui demandait un courage qui menaçait de s’évanouir à tout instant.

- Soyons réalistes, je ne pourrais jamais apprendre votre magie. Peut-être ne sommes-nous pas fait des mêmes choses, ou peut-être je n’ai pas l’intelligence… En tout cas, votre apprentissage m’est inutile. Mais votre anneau m’a été d’une grande aide, je le reconnais, et il le sera toujours. Seulement vaut-il tant qu’une vie entière de services ? Attendez, ne vous méprenez pas…

Elle déglutit et chercha ses mots avant de reprendre, l’air le plus déterminé qu’il lui était possible d’avoir.

- Je veux simplement reprendre ma liberté. Que nous traitions d’égal à égal. Venez me trouver si vous avez besoin d’aide un jour ou l’autre. Je pourrais bien vous prêter main forte. Surtout si – elle eut un sourire plein de malice – il vous prenait l’envie de nuire aux hommes de Lan Rei Ouest. Oh, à ce sujet… D’égal à égal, j’aimerai vous demander un service. Si votre navire pouvait me laisser sur les rivages de Rosyel, je m’éviterai quelques… ennuis.

C’était audacieux, le mage pouvait même y voir de l’impertinence. Seulement pour autant qu’il lui inspirait le respect, Nazj ne faisait plus peur à Balsa comme autrefois. Ils auraient pu se tuer l’un l’autre des dizaines de fois, pourtant ils se trouvaient toujours du même bord, alliés. Peut-être même que cela était une forme d’amitié, mais la chimère ne pouvait définir ou accepter cette idée pleinement. Elle espérait seulement, le cœur battant dans l’attente d’une réponse.

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyJeu 23 Mai 2013, 16:48

Le voyage de retour passa si rapidement que Nazj pensa un instant qu'il s'agissait d'un rêve. Il était porté par les vents de la victoire, et la poussée d'adrénaline que cette fuite in extremis lui avait procurée. Un grand sourire carnassier était né sur son visage, et ne le quitta pas, de même que des yeux écarquillés qui baignaient dans la folie ! Il avait pensé ne jamais ressentir, ne jamais succomber à ces émotions animales, primales ; il était si vieux, brisé maintes et maintes fois, son âme était morcelée, ses yeux voilés par les horreurs qu'il avait perpétrées, mais il semblait cependant que jamais l'animal humain ne le quitterais, il était soudé à cet être monstrueux, pour toujours et à jamais. Nazj grimpait les collines avec de grands pas, il dérapait sur la pierre qui écorchait ses jambes, mais il se relevait à chaque fois et reprenait sa route, victorieux à chaque fois.

Nazj ne se souciait plus des vampires, le premier rayon de soleil annonça qu'ils étaient sauf, la chimère et lui, et si certaines de ces créatures étaient prêtes à les poursuivre sous l'astre doré, ils seraient faibles, et Nazj était fort, ils seraient pulvérisés ! Il jeta un coup d'œil à Balsa…la chimère semblait avoir souffert d'une blessure dans les cryptes des vampires, mais semblait déjà aller mieux…Il devait reconnaître qu'elle avait été fort utile, et que cela avait été une bonne idée de l'appeler à lui pour ce dangereux travail. Il n'était pas certain qu'il aurait pu triompher dans l'antre des vampires, ses sortilèges qui lui auraient servi à s'en débarrasser nécessitaient un peu de temps pour l'incantation, un temps précieux que Balsa lui avait offert…Il aurait pu user de sortilèges de grande puissance et réduire ces charognes en charpie, mais il n'aurait alors été qu'une carcasse avec à peine la force de bouger, il avait besoin de pentacles, d'objets canalisateurs pour que sa toute puissance soit révélée sans qu'il en souffre, mais il n'en disposait pas dans ses cryptes, et aurait été vaincu par la deuxième vague de vampire, écrasé probablement sous le talon méprisant d'une de ces créatures souriantes. Un jour, la fureur de Nazj allait terrasser ces monstre, sa magie noire allait souffler un vent de mort et de maladie, un jour, son corps et son esprit allaient être en parfaite harmonie, et rien ne l'arrêterait.

Mais cela n'allait pas être aujourd'hui ; déjà cette disparité se faisait sentir. Alors qu'ils traversaient les terres arides de l'île, sans le moindre murmure d'un vent côtier, Nazj sentait la part animale en lui s'estomper, s'effacer, l'adrénaline et l'excitation avaient disparus, pour ne laisser qu'un corps brisé par l'effort de ce voyage à travers les terres désolées de Ghurol. Sa respiration était rauque, et il devait s'appuyer sur les rochers pour ne pas s'effondrer, et s'évanouir. Fort heureusement, sans qu'il ait à s'humilier pour lui demander de s'arrêter, Balsa fit signe qu'ils allaient prendre une pause…Nazj la regarda boire à une gourde et saliva…l'ombre de l'animal humain. Il prit le récipient qu'elle lui tendait, et but quelques gorgées, il ne fallait pas beaucoup d'eau pour hydrater ce corps cadavérique. Et puis, elle parla. Sa voix était fort étrange après des heures de silence, les oreilles battues par le vent et les battements de son cœur desséché…il ne put qu'écouter, sa gorge ressemblait encore à du parchemin craquelé.

Il but encore une maigre gorgée alors qu'elle énonçait le fait que le travail était terminé…oui, c'était fait, ils avaient triomphé, et un rictus fendit le visage de Nazj. Mais Balsa continua sur une toute autre voie…Dette ? Il n’était pas question de dette, qu'est-ce que…La chimère continua encore, et le nécromancien étrécit les yeux, sans savoir à quoi s'attendre. Oui, il devait reconnaître que son apprentissage avait été un terrible fiasco, cependant, peut-être avaient-il simplement emprunté la mauvaise route, il y avait tant d'angles avec lesquels prendre la magie, peut-être n'était-elle pas faite pour la magie noire, mais il y avait un tel potentiel…il ne put continuer à réfléchir à cela, cependant, elle continuait…

Nazj s'était redressé de toute sa hauteur, sourd aux plaintes de son corps, et ses yeux blancs étaient plantés dans ceux de la chimère, et ils brûlaient de rage ! Egal ? EGAL ?! Comment osait-elle ! Cette idiote, cette expérience avortée osait se poser sur la même marche que Nazj ? Le Seigneur Nazj ?! Oh quel plaisir il prendrait à la détruire, bout par bout, d'abord la peau, puis tendon par tendon, nerf par nerf, et il brûlerait la chair, il la ferait pourrir, suinter de pus corrosif, et il briserait ses os, encore et encore et encore jusqu'à ce qu'elle ne soit qu'une poussière hurlante qu'il retiendrait prisonnier dans ce monde pour qu'elle voit, pour qu'elle contemple la grandeur de Nazj alors qu'il réduirait la chair en bouillie, que l'air se chargerait de maladie, que la poussière naisse des os broyés, que les arbres pourrissent, que les cités s'abattent, que des océans les cadavres affluent pour noyer les vivants, que la vie devienne la mort, que le monde reste froid et figé comme une gigantesque crypte, en paix et silencieuse. Alors la poussière hurlante qu'était Balsa comprendrait qu'ils n'étaient pas égaux, non, que Nazj était infiniment plus grand, infiniment plus puissant que cette rature mal raccommodée par des amateurs.

Il avait laissé tombé à terre la gourde qu'il avait machinalement refermée…Ses poings étaient refermés si forts que ses ongles lui rentraient dans la peau. Par où commencer, par quel bout ? Allait-il fait fondre ses yeux ? Danser ses os ? Déjà le chaud environnant laissait place au froid émanant de la magie de Nazj, des petites bêtes sortaient de leurs rochers, il pouvait les laisser la dévorer, une masse grouillante qui arracherait la chair, bouchée par bouchée. Mais il eut une soudaine réalisation, qui le frappa en plein visage ! Non…elle n'allait pas mourir ici…il avait un travail à accomplir, tant de choses encore à faire, qui mèneraient certainement à une chose, aussi certainement qu'un fleuve mène à l'océan…Et c'est là qu'elle allait souffrir, plus que n'importe où ailleurs. Nazj se détendit, et laissa même un sourire cruel naitre sur son visage.


"Vous verrez la terre de Rosyel, et nous nous reverrons certainement, mais nous ne serons jamais des égaux."

Il ramassa la gourde, qu'il garda, et reprit la route. Il n'était plus si faible, si fatigué, mais il n'était pas non plus porté par l'adrénaline…il était simplement content, car il pensait à l'avenir.

"Parlez-moi de Lan Rei Ouest…"
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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyLun 27 Mai 2013, 18:46

Quelque chose changeait dans l’air tandis que Balsa énonçait sa requête. La légèreté de la victoire faisait place à l’oppressante lourdeur du malaise, qui enveloppait les deux êtres au milieu du désert. La chimère savait qu’elle prenait un risque, elle savait que chacun de ses mots allait compter et elle réalisait à quel point elle avait été maladroite dans ces propos. Du moins elle le devinait, à la tension qu’elle voyait parcourir son maître. Les poings fermés à s’ouvrir les paumes il écoutait cependant sans l’interrompre, et elle lui sut gré de cet effort qu’il faisait. Seulement la colère du mage se passait bien de mots : l’air s’était fait froid et sec et bientôt des dizaines d’insectes et rampants semblaient jaillir qui de sous une roche qui de sous le sable, venant encercler Balsa.

Devait-elle avoir peur ? La menace était claire, quoique la chimère n’eut pu dire si son maître contrôlait l’émotion qui lui avait fait invoquer les bêtes. Pourtant, même si cette magie respirait la grandeur et la puissance, Balsa ne pouvait trembler pour si peu. Quelques insectes venaient la menacer de leurs mandibules ? Rien qui ne l’effrayait. Et surtout, le marionnettiste qui menait la danse semblait ne pas réaliser sa propre faiblesse. Car il suffisait d’un bond pour que Balsa soit à son niveau et d’un contact, un seul, pour que la foudre le conduise à la mort.

Un instant qui parut l’éternité passa. Nazj et Balsa se jaugeaient, sans esquisser le moindre mouvement, leurs regards braqués l’un vers l’autre dans un silence que seul le sable balayé par l’onde brisait. Tout semblait ne tenir qu’à un fil, à une infime partie d’eux-mêmes qui retenait les monstres en puissance qu’ils étaient, bridant leur instinct qui commandait d’attaquer pour les parer d’une civilité raisonnée. La chimère était immobile, retenant même les mouvements de sa queue qui auraient trahis sa nervosité. Elle bouillonnait pourtant à l’intérieur, parcourue des pieds à la tête de ce frisson électrique qui lui était propre.

Finalement, Nazj dissipa ses sors, les insectes retournèrent se terrer dans le noir et les rayons de l’astre parvinrent à réchauffer leurs peaux. Balsa, trop méfiante, ne put réduire l’intensité du courant qui la traversait, pas encore, et elle écouta son maître avec toute l’attention que la situation exigeait. Son ton était d’un calme surprenant et plus surprenant encore, il acceptait la demande de Balsa d’accoster sur Rosyel. Mais il précisa bien, aussi froid que ferme, que non, jamais il ne seraient égaux.

Ah… c’était donc cela qui l’avait mis dans tous ces états. La chimère regretta le choix de ses mots, se fustigeant en elle-même d’avoir été si peu soigneuse dans l’élaboration de sa requête. Elle ne voulait pas l’offenser, juste s’affranchir de son statut de serviteur… Qu’il ait comprit ou non cette simple intention, cela ne lui plaisait guère. Ils n’étaient pas égaux et ne le seraient jamais, ça, la chimère l’entendait bien et ne pouvait le détromper. En revanche, tout magicien qu’il était, elle n’était pas sûre qu’il lui soit si supérieur. Car il était humain, tellement humain malgré ses efforts pour devenir plus. Alors qu’elle était humaine, animale, bestiale, magique. Mais cela, elle se garderait bien de l’énoncer tout haut.

Alors que le sorcier ramassait la gourde qui, dans la colère, lui avait échappé des mains, il changea de sujet comme pour dissiper la tension. Et celui qu’il choisit surprit la chimère, la prenant un peu au dépourvu après l’intense échange silencieux qu’ils avaient eu. Car il voulait qu’elle lui parle de l’Ouest… Balsa ouvrit un première fois la bouche de surprise, sans qu’aucun son n’en sorte. Puis la referma. Que savait-elle au juste de l’Ouest si ce n’était la haine qu’elle leur portait ? Elle fit un tour dans ses souvenirs, les tria au mieux et tenta de les restituer clairement tout en reprenant la marche qui les ramenait vers l'océan.

- C’est un pays totalement fermé. Preuve qu’ils ont des choses à cacher déjà. Un mur immense traverse Lan Rei du nord au sud, gardé par des hommes armés. J’ai essayé de passer cette frontière l’année dernière… Et faillit y laisser la vie.

Parler de Kaleya n’était que superflu. Mentionner une amitié, face à un maître agacé et cruel, pouvait même s’avérer dangereux. Car quelle faiblesse plus grande que la faiblesse affective ? Avouer un lien amical, c’était ouvrir les portes de la manipulation, du chantage, créer une brèche dans laquelle il était trop facile de s’engouffrer lorsqu’on était plein de mauvaises intentions.

- Ils ont ce qu’ils appellent la technologie. Ils peuvent voir sans yeux, entendre sans oreilles et parler sans bouche. Tout cela sans le moindre effort, contrairement à la magie… Ils ont des armes qui tuent d’une simple pression du doigt, des balles qui explosent avec violence, à grande distance et sans aucune chance d’esquiver. Je crois qu’ils sont très bien gouvernés, dans le sens où ils sont organisés, hiérarchisés. Ils jouent avec la vie aussi, sinon je ne serais pas là. Et je suis pas la seule… Ils sont à l’origine de toute une race, les neko, qu’ils ont fait naître, abandonné et pourchassé ensuite. Ils voulaient ma mort lorsqu’ils ont eu finit de m’étudier…

Elle commençait à hésiter, réalisant à quel point Nazj pouvait se moquer de pauvres créatures artificielles vouées à disparaître. Elle termina sur une note qui devait être plus pertinente.

- Ils se croient supérieurs à tous, à toutes les races, à tous les peuples. Ils croient que leur technologie fait d’eux les maîtres du monde. Et bien sûr, encore une fois, ils ont beaucoup à cacher je n’en doute pas. Reste à savoir quoi, je me le demande, sans doute de puissants artefacts et des connaissances qu’ils gardent jalousement. Les en priver, les voir souffrir et réduits à supplier qu’on les achève… rien ne me plairait d’avantage.

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MessageSujet: Re: Au bal des Vampires [Balsa]   Au bal des Vampires [Balsa] EmptyLun 10 Juin 2013, 20:33

Nazj écouta la chimère sans l'interrompre, sans articuler le moindre mot…il avant entraperçu l'air de surprise qu'elle avait affiché, la bouche ouverte d'étonnement, cela le fit légèrement sourire, sans qu'il sache réellement pourquoi, pourvoir décontenancer quelqu'un d'une simple phrase avait le don de faire jaillir une petite pointe d'un sentiment de victoire, avait-il découvert, et bien qu'il trouvait cela quelque peu stupide, il l'était tout autant de rejeter ce sentiment si plaisant…ainsi, puisqu'il ne pouvait rien n'y faire, il s'y abandonna…cela ne dura pas longtemps, mais c'était suffisant. Il assimila les informations que Balsa lui donnait, et les ajouta à celles qu'il avait glanées de lui-même. Oui, ces hommes se cachaient à l'Ouest, Nazj le savait, il avait vu la frontière de loin, mais il ne s'y était pas intéressé à l'époque, il avait bien d'autres choses à faire, il avait un autre travail en cours…toute sa vie il avait travaillé, voyagé à travers l'Archipel pour ses expériences et travaux, pour se cacher de poursuivants qui n'appréciaient pas qu'il touche à ce qu'ils considéraient comme "sacré". Tant de projets avaient été laissés de côté pour des œuvres plus grandes…aurait-il le temps de tout accomplir ? Il fallait y réfléchir…il avait un tel désir de tout découvrir, mais l'accomplissement de son présent travail rendrait tout ceci totalement obsolète…mais pouvait-il mourir toujours ignorant ? C'était là un débat interne qu'il allait le dévorer pendant des jours, mais pas maintenant.

Il nota le fait que Balsa faillit perdre la vie là où elle avait vu le jour…curieuse ironie, mais cela voulait aussi signifier que ces hommes de l'Ouest n'étaient pas à sous-estimer, car tout humain qu'ils étaient, ils avaient été capables de mettre à mal une chasseresse de talent tel que Balsa…peut-être que lui pourrait les vaincre ! Lui était un sorcier puissant, la magie était à ses côtés ! Et eux, qu'avaient-ils ? Technologie…La science tentant de dépasser la magie, c'était si risible ! La magie était en tout points supérieure, et la science la servait, rien de plus, Nazj ne fut nullement impressionné par ce que Balsa lui décrit, voir sans yeux, entendre sans oreilles, parler sans bouches, sorcier mages et enchanteurs en étaient tout aussi capable ! Il trouva cependant fort intéressant cette arme dont elle parla…cela pourrait s'avérer dangereux, certes, mais ces balles pouvaient être réduites en poussière, qu'importe leur célérité, le temps dépasse en vitesse toutes les choses de ce monde…lui n'avait pas besoin "d'esquiver", un simple voile suffirait…mais il devait tester tout cela, ces armes ne semblaient pas autoriser la moindre erreur.

Mais ce qui intéressa vraiment Nazj, c'était lorsque Balsa lui parla de leur jeu avec la vie. Ainsi, eux aussi étaient des créateurs ! Mais de maigre talent, c'était certain…des nekos ? Qu'avaient-ils de si extraordinaire ? Des hommes croisés avec des félins puants…Nazj frissonna légèrement, à cause d'une histoire vieille de plusieurs décennies, il avait une extraordinaire horreur des chats, et bien qu'il ne voulait pas l'admettre, cela pouvait s'apparenter à de la crainte. Toujours était-il que les nékos n'étaient qu'une excentricité ridicule, des humains extravagants qui ne pouvaient pas même être tenus en laisse ! Nazj, lui créait des monstres bien plus fascinants, comme sa splendide créature au crâne de cheval, crocs de loup, rire de hyène, et autres morceaux de divers animaux qui en faisait une créature fantastique…avec les ressources nécessaires, il pourrait faire des merveilles ! Mais on ne lui avait jamais laissé le temps, il avait toujours été chassé des domaines qu'il infectait de ses expériences jugées trop morbides.

Mais…oui…il pourrait trouver un lieu de paix, là où personne ne le dérangerait, là il créerait une véritable cour des horreurs, toutes plus monstrueuses les unes que les autres, et ainsi il prendrait d'assaut la forteresse de l'Ouest, il leur montrerait la véritable puissance de la force créatrice, il leur montrerait qu'elle ne résidait pas dans la vie, mais bien dans la mort ! Ses créations sèmeraient la destruction, c'était ainsi que les choses fonctionnaient. Et, oui, ainsi que le disait Balsa, un haut lieu de science devait recéler un certain nombre de puissants artéfacts qu'ils cachaient des pratiquants de magie, leurs véritables maîtres. Il nota que Balsa souligna bien qu'ils se croyaient supérieurs à tous, elle parlait de souffrance et de supplications, tant de mots susceptibles d'attirer Nazj vers cette contrée à la fois dangereuses et si attirante…La chimère essayait-elle de faire en sortes que le sorcier se tourne vers l'Ouest ? Pour l'aider à prendre sa revanche ? Astucieux…et cela pouvait marcher, il devait y réfléchir, mais il semblait dors et déjà certain que Balsa l'y accompagnerait, qui pourrait cracher sur une occasion de châtier ceux qui vous ont crées, rejetés, puis qui ont tenté de vous écraser ? Nazj garda le silence, incertain de la réponse qu'il pouvait donner à l'instant…il continua à marcher…et à réfléchir.

Bientôt, ou peut-être étais-ce des heures plus tard, Nazj sentit le vent changer, il était à présent chargé de cet air marin qui annonçait la fin de leur exode dans ce désert étouffant. Ils grimpèrent une haute colline, et à son sommet, au loin, ils purent apercevoir l'océan, enfin ! Il y avait encore beaucoup de marche à faire, mais ils en voyaient le bout. Il regarda derrière lui un instant…le grand désert s'étendait à perte de vue, et il n'y avait pas un seul poursuivant qui avait osé braver l'astre du jour, aucun de visible tout du moins. Il descendit la colline, et parla enfin, malgré sa gorge qui se trouva être toute parcheminée.


"Vous m'avez intrigué, Balsa…l'Ouest…est une contrée fort intéressante, où la science se croit libérée des contraintes de la magie, où les hommes croient créer des merveilles alors que ce ne sont que d'erreurs sans extraordinaire particularité, à quelques maigres exceptions près…peut-être un jour irais-je passer leur muraille, et ce jour là, peut-être viendrez-vous pour prendre votre revanche, si faire couleur leur sang vous intéresse toujours. Votre aide est précieuse et toujours appréciée…mais il y a tant de choses à faire avant, pour l'heure l'Ouest connaîtra la paix, sans savoir que le Seigneur Nazj viendra un jour à leur rencontre. Allons, pressons ! Nous somme presque arrivés et il me tarde de rentrer, cette île me répugne."

Et en vérité, il en avait assez de cette marche incessante, ses jambes étaient meurtries, ses poumons brûlaient, et entre ses tempes battait un mal de crâne déchirant. Il voulait retrouver la mélodie de l'océan, et des os caquetant sur le navire, la paix de se grand vide autour de lui, se perdre dans la contemplation des flots, à imaginer les horreurs abyssales qui les peuplaient…peut-être d'ailleurs devrait-il se pencher sur les abysses, peut-être y trouverait-il de nouveaux serviteurs, et dans les ténèbres au fond des océans, nul doute que vivaient là des créatures au visage de cauchemar ! Vivant, ils étaient sans doute monstrueux…morts, ils seraient merveilleux. Mais pour l'instant il devait marcher, il ne fallait pas grimacer, il ne fallait pas tomber, l'océan était tout proche, et ils pourraient enfin s'échapper.
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