Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]

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Iburo
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MessageSujet: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMer 06 Avr 2011, 04:45

L'air est encore moite... Le port est dépassé pourtant.. Le soleil n'est même pas encore levé, la matinée vient à peine de commencer, et il fait déjà moite et chaud, c'est insupportable pour un être à fourrure comme moi !
Peu importe ! Pense, une grande inspiration, une grande inspiration :
Une grande inspiration, et c'est à nouveau les bonnes vieilles terres de notre enfance que Mataro et moi sentons. Je suis bien heureuse d'être rentrée au bercail. Même s'il y a du monde, même si ces êtres puent, même s'ils me dévisagent ; même si cette moiteur m'agace déjà, même si je sens qu'il va faire si chaud que je risque de me liquéfier, même si j'ai si sommeil que je manque de tomber à chaque minute qui passe. Sans blague. pas un brin d'air ! Heureux sont les baigneurs fous qui mettent leur vie entre les vagues.
Être ici, c'est le pied ! C'est toujours mieux qu'être perdue en pleine mer au beau milieu d'une horrible tempête, à tenter de prendre sa respiration tandis que l'eau s'infiltre immanquablement dans la gorge, et de beugler le nom d'une connaissance qu'on ne reverra sans doute jamais ; c'est mieux que de se trouver dans la jungle, perdu, sans savoir où aller ! Maintenant, c'est décidé, je rentre !
A la maison ! La pauvre petite maison qui m'attend tristement, solitaire au bord du lac Olia !

Avec cette histoire... la tempête en mer ; la perte de Balsa, peut-être pour toujours, l'un des rares êtres qui auront marqué de façon positive la personnalité de Mataro ; la rencontre avec Gwen, l'adorable succube qui a rendu mon double complètement fou, et qui nous a finalement convaincu de faire ce que nous ferons une fois que le repos se serait chargé de nous rendre l'énergie perdue par tant d'agitation ; le retour à bord d'une petite barque de fortune, contre vents et marées ; la rencontre pour le moins étrange avec Ràna, que mon cher double mâle connait finalement mieux que moi...
Avec tout ce qui vient de se passer, je peux sentir le moindre caillou à peine plus gros qu'un bec de pigeon sous la semelle de ma chausse tellement mes pieds ont foulé les sols humides. Pendant une bonne dizaine de jours, je n'ai rien fais d'autre que tenter de ne pas perdre l'équilibre, observer toujours à l'horizon, essayer de pêcher les rares bestioles qui effleuraient la surface et espérer... espérer trouver enfin, ENFIN, la terre ferme !
Pourquoi ne pas avoir utilisé mes ailes ! c'est vrai ça, ça aurait été si facile ! FACILE MON OEIL OUAIS ! J'me serais vite fatiguée, je serais tombée comme une pierre, et je serais morte noyée ! Voilà tout ! Génial ! Quelle idée de génie !
Enfin. Je suis arrivée à bon port, et c'est le principal ! Après avoir passé dix journées d'affilée dans la moiteur la plus insupportable, les pieds constamment plongés dans de l'eau salée et puante, à voir des mouettes me passer sous le nez comme pour me narguer, je remercie tous les dieux de tous les peuples, peu importe qu'ils soient bons ou mauvais, de m'avoir enfin permis de rentrer saine et sauve chez moi. Maigre, faiblarde et agonisante, mais en vie ! Ca veut dire qu'il y a toujours de l'espoir !
Et l'espoir, il se trouve à Lan Rey Ouest !

Le port derrière moi, il ne me reste plus qu'à traverser la ville de Reilor et d'aller jusqu'au lac Olia. L'affaire de quelques heures... d'accord, de quelques dizaines, quelques dizaines de dizaines d'heures... mais franchement, au point où j'en suis, la notion du temps, elle sait où elle peut aller se faire cuire un oeuf. Après tout, je ne suis plus à ça près...

Tiens ?

Je sens quelque chose de différent... une odeur ténue, douce...
Amère ! J'en frémis à l'avance ! Odeur de grillé ? Par dessus cette odeur que j'avais adoré... rooh, attendez que je m'en souvienne !

Mais c'est bien sur ! C'est son odeur !

*BALSA !*
*Elle est en vie !*


Heureuse de retrouver enfin cette odeur si familière, même si elle semble accompagnée par cette odeur de brûlé, je ne peux retenir un sourire fier et me mets frénétiquement à chercher, peu importe si je fais tous les coins et recoins de la ville ! Je retrouverai Balsa, quoi qu'il m'en coute !
Enfin, je parviens à trouver... l'odeur est un peu plus forte dans ce petit coin abandonné...


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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMer 06 Avr 2011, 16:10

A la fraicheur de la nuit succédait ce qui s’annonçait comme une chaude journée de printemps. Les rayons du soleil pointaient à l’horizon, enveloppant la ville de chaleur et de lumière. Dans les rues, les premiers levés commençaient à s’activer.

- T’es en retard, Phil.
- Désolé patron, j’étais avec Aïsha et…
- Ouais ouais, comme tu dis ! Vas donc chercher la marchandise dans la réserve et aides moi à monter l’étale, dépêches un peu !
- Ok.

Le jeune garçon passa la porte d’un petit bâtiment et le plus âgé posa sur les tréteaux en place une planche de bois solide en soupirant. Il passa la main dans son dos apparemment douloureux, puis se gratta la barbe. Quelques secondes plus tard, le jeune homme réapparut, les bras chargés de deux caisses en bois empilées l’une sur l’autre. Il les posa sous la table de fortune et lança au vieux :

- Y’en a une que j’pourrais pas porter tout seul par contre…
- Arf. Des fois j’me d’mande vraiment à quoi t’es bon mon garçon.

Soupirant de plus belle, le patron suivit son jeune employé dans la remise. A ce moment, une silhouette encapuchonnée sortit de la pénombre. Silencieuse, solitaire, elle n’attira l’attention que des pigeons qui reculèrent à son passage. La silhouette glissa derrière l’étale, souleva le couvercle d’une des caisses et dissimula ce qu’elle y prit dans une des poches intérieures de la longue cape blanchâtre qui la recouvrait. Quand les deux hommes furent de retours, portant à deux un lourd cageot de pommes de terre, elle avait déjà disparue, ne laissant aucun indice révélant le larcin.


Le voleur, qui était une voleuse, se trouvait déjà loin, marchant à pas de loup sur les toits des habitations collées les unes aux autres. Elle avait retiré sa capuche et exposait son visage rayé de noir aux premiers rayons du soleil.
La chimère laissa sa longue queue glisser hors de son habit et la balança doucement derrière elle. Elle franchit quelques ruelles en sautant d’un toit à l’autre et fut bientôt arrivée à destination. Au-dessus d’une maison de pierres et de chaux, un petite tour ronde s’élevait à quelques deux mètres au-dessus des toits alentours. Il s’agissait d’un ancien pigeonnier, dont un pan de mur s’était écroulé et laissait filtrer la lumière du petit matin. La créature se faufila à l’intérieur.
Il n’y avait pas grand-chose dans ce qu’elle considérait comme son « chez elle ». A gauche de l’ouverture, un drap était étendu au sol. Dessus, il y avait réunis tous les biens de Balsa. C’est-à-dire peu : un bol, des allumettes, un couteau émoussé, un petit chaudron, un jeu d’habits de rechange et un morceau de filet de pêche percé en plusieurs endroits. De l’autre côté, deux peaux de mouton recouvraient la poussière. La chimère s’allongea dessus, croisant les bras sous sa tête et soupira.

- Miiiiou
- T’es là toi ?

Un chat minuscule, au poil barbouillé, venait de rentrer par l’une des étroites fenêtres taillée à l’origine pour les oiseaux. Il s’assit en face de Balsa, secouant la tête et frémissant de ses narines. Il tenta de ronronner mais sembla surtout se gratter la gorge.

- Mon pauvre, j’ai rien de bien intéressant pour toi…

Balsa passa la main dans sa poche intérieure et en sortit les deux pommes qu’elle venait de chaparder. Elle croqua dans l’une et jeta devant l’animal le morceau de chair découpée avec ses dents. Le ronronnement de chaton s’emballa et il colla son museau au-dessus du fruit. Bien que dubitatif, il était trop affamé pour cracher sur la nourriture et se mit à lécher, puis à mordiller la pomme. La chimère se redressa un peu, s’assis en tailleur et entama le reste de la pomme. Elle non plus n’avait pas l’air convaincue. Mais elle aussi avait passé le stade de faire la difficile. La bouche pleine, elle parla à l’animal autant qu’à elle-même.

- J’irais attraper un ou deux pigeons d’ici ce soir. C’est quand même mieux la viande.


Spoiler:


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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMar 12 Avr 2011, 12:11

Spoiler:

Je renifle, je me faufile olfactivement dans la moindre parcelle de cette ville de pouilleux, dans le seul et unique but de retrouver ma compagne d'un voyage ! Soeur de sang, puisque chimère comme moi, Balsa a toujours été mon signe ! Le petit quelque chose qui me dit de faire ceci ou cela. C'est son odeur qui m'a déjà guidée jusqu'à elle la première fois que je l'ai rencontrée. C'est parce qu'elle avait décidé de quitter ce continent que j'ai osé prendre le bateau. C'est à cause du naufrage que je me suis retrouvée sur une ile déserte.
C’est à cause de notre rencontre avec Gwen que Mataro et moi avons décidé d’accomplir cet acte. Il nous suffira de kidnapper un de ces savants ! tsss… cette ultime décision, nous l’avons eue grâce à Balsa ! C’est, je crois, ce que l’on appelle l’effet papillon. Celui-là est un peu tiré par les cheveux mais il tient la route. J’ignore si elle va être contente de savoir ce que nous projetons de faire, mon double et moi, mais j’espère en tout cas qu’elle sera heureuse de nous revoir. Cela semble faire si longtemps que je ne l’ai pas vue !

*ICI*
*Hein ?*
*Iburo ! Fais gaffe à ce que tu fais ! Elle est ici, je peux sentir son odeur, c’est bien elle…*

Je renifle mieux encore. Puis j’observe autour de moi.
La ruelle semble mal famée. Ce sont les boiteux et les gueux sans le sou qui foulent les pavés. Son odeur ici est très forte. J’ai comme une petite idée. Et si je lui offrais quelque chose à grignoter ?! Je ne pense pas qu’elle ait besoin de cela, mais ça fait toujours plaisir d’offrir aux êtres que l’on aime. Sourire en coin, je me dirige vers le marché, où je retrouve certaines créatures qui m’ont tant manqué durant mon retour à Reilor. Porcs, poules, poussins, oies, canards, veaux, chèvres… que de nourriture fraîche et alléchante… espérons que j’aie assez de sous pour acheter au moins une de ces bêtes !
Je fouille dans mes poches humides et en sors quelques pièces qui se battent en duels, c’est tout ce qu’il me reste… il faudra que je retourne chasser, bientôt… pas maintenant ! J’ai tellement hâte de retrouver Balsa que je serais incapable d’attendre plus longtemps. Je m’approche de la première fermière que je vois ; tout d’abord, elle semble sur le qui-vive, mais en voyant les sous que je lui tends en montrant du doigt l’une des petites poules bien grasses, elle semble se radoucir.
Alors elle soulève la grille sous laquelle se chamaillent ses bêtes, en saisit une par les pattes, et me la montre sous toutes les coutures.
_ C’t’une belle bête, hein ?! Ca vous f’ra que 10 sous.
Tandis qu’elle me sourit avec l’envie de se retrouver avec, dans les poches, ce que j’ai dans les mains, je me dis que ce n’est pas aujourd’hui que je pourrai offrir quelque chose à mon amie…
_ Euh… je n’ai pas assez d’argent. Il ne me reste que quatre pièces. N’auriez-vous pas quelque chose qi soit dans ces prix-là ?

La femme repose l’animal auprès de ses consoeurs, avant de se tourner vers une autre cage, tout en parlant de sa voix fracassante :
_ Mais oui, mais oui, ma… quoi que vous soyez, y’a toujours quelque chose qui puisse faire plaisir à nos clients ! J’vous propose une belle grosse caille pour ce prix ! R’gardez-la, elle est belle, elle est vigoureuse, elle est fraîche !
[color=red]_ Euh… oui, oui, je vois… elle est… elle est…

Petite ? Moche ? Pas vraiment du genre à remplir l’estomac d’une bête qui a vogué pendant dix jours ? Peut-être un peu trop maigre pour mon amie ?
Peu importe, c’est le geste qui compte. De toute façon, je ne me fais pas de souci pour Balsa, elle a sans dote de quoi se nourrir normalement, c’est juste un geste amical. Un peu pour me faire pardonner de venir chez elle alors que je n’y ai pas été invitée.

_ Elle sera parfaite !
_ Je l’savais !

La femme ferme la grille, se saisit d’une corde qu’elle lie autour des pattes de la bête, qui semble à la fois surprise et contrariée d’avoir la tête en bas, elle qui a l’habitude de l’avoir en l’air. J’échange mes dernières pièces contre sa caille, et tandis que cette dernière crie à ses compagnes qu’elle ne veut pas mourir, je m’éloigne, pour arriver devant chez elle.

A présent mieux éclairé par les rayons du soleil levant, le vieux pigeonnier semble appeler à la solitude et à la tranquillité. Je renifle une dernière fois. Oui. C’est bien elle. C’est bien son odeur. Mon ouïe fine perçoit également une voix. Je la reconnaîtrais entre milles. La sienne, bien évidemment !
Me recroquevillant un peu, j’écarte mes ailes et m’apprête à m’envoler pour la rejoindre dans son domaine sous le vide du reste de l’univers. D’un seul battement, l’oiseau en main, je me retrouve dans les airs, à me rapprocher de ce qui semble être la seule ouverture par laquelle on peut passer. Je m’accroche aux pierres qui forment le mur, replie les iles, et passe un coup d’œil à l’intérieur.

_ J’irais attraper un ou deux pigeons d’ici ce soir. C’est quand même mieux la viande.
_ Je plussoie ! D’autant que la viande de caille, c’est encore meilleur que la viande !

Ne prêtant pas attention à ce qui m’entoure, je brandis devant moi la créature fraîchement achetée avec un sourire vainqueur !

_ Bon appétit !


Spoiler:


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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMar 12 Avr 2011, 22:59

- Je plussoie !...

Balsa sursauta et se mit debout d’un bond souple et rapide. Le chaton quant à lui prit la fuite à la première seconde et disparut par l’ouverture d’où il était arrivé sans demander son reste.

De qui ? de quoi ? d’où ? Je suis rouillée ou quoi ? ça va pas de somnoler comme ça ! j’me disais bien j’avais entendu un bruit, un oiseau tu parles ! bon maintenant qui ? qui ose venir là et me faire peur comme ça hein ?...

Iburo. Car c’était elle qui, tout sourire et d’un naturel à toute épreuve, se tenait là juste devant elle.

- … viande de caille, c’est encore meilleur que la viande !

Hein ?... elle… fait de l’humour ?... hu… huhu… sérieux, elle est pas sérieuse... haha...

Un sourire béat était figé sur le visage de la chimère qui tant bien que mal se retenait de rire. Mais ses lèvres, à leur commissure, commençaient à frémir. Ses zygomatiques se contractaient d’elles-mêmes quand :

- Bon appétit !

Cette fois elle n’en pouvait plus, c’en était trop. Elle éclata de rire. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas rit si franchement et de bon cœur. Les secondes s'écoulaient sans que le temps n'affecte l’intensité de ce rire. Des larmes lui montèrent aux yeux. Elle en essuya une, du revers du poignet, qui tombait sur le noir de sa joue. Elle retrouva un peu son souffle, afficha un air un peu perdu puis chercha le regard de la chimère couverte de fourrure.

- Franchement, Bubu, t’es pas sérieuse, merde ! Tu m’as fais sacrément peur !

Elle laissa échapper un dernier rire. Et souffla un bon coup avant de reprendre, le sourire encore aux lèvres.

- J’ai bien cru que j’étais grillée, que c’en était finit de la planque et de la belle vie. Mais non ! Vous êtes là ! Si tu savais comme je me suis inquiété… Mais au fait, comment vous êtes revenus ?... Et aussi euh... Hey Mat' !

Balsa débordait de joie et elle avait l’impression qu’elle devait la faire sortir de son corps. Comme si ce bonheur qui grandissait en elle prenait trop de place et qu’il dégagait trop d’énergie. Il fallait qu’elle se dépense, qu’elle se vide de ces émotions.

Sérieux je fais quoi ? je saute partout comme une débile ? parce que franchement je sens que ça pourrait faire du bien ! Mais non ! Déjà je vais me cogner au plafond, et puis ya peut-être plus sympa comme réaction de démonstration...

Un instant elle eut l’envie de prendre Iburo dans ses bras, mais elle n’esquiva pas un geste. Elle avait apprit à vivre en fonction de cette distance qu’elle devait garder entre elle et les autres. Même si en ce moment cela lui fendait le cœur.
Pour extérioriser alors la force joyeuse qui semblait frapper chaque parcelle de son être, elle bougeait. Elle se mit à réorganisé rapidement son chez elle, en séparant les deux peaux de moutons et les installant face à face. Mais elle resplendissant encore d’énergie et la libéra dans les mots.

- Je suis tellement contente de vous revoir si tu savais ! Et tu sais quoi ? je savais que vous vous en sortiriez vivants ! Enfin… ça m’a pas empêchée de me faire un sang d’encre pour vous. Et toi, haha, tu débarques ici, avec une caille haha ! Vas-y... assis-toi !


Dernière édition par Balsa le Lun 23 Mai 2011, 04:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMer 13 Avr 2011, 01:07

Lorsque je prononce la première phrase devant la personne qui m’est la plus chère et que je n’avais pas vue depuis si longtemps, ma pauvre consoeur paniquée se met en position de défense, la peur dans les yeux… je n’aurais jamais cru lui faire aussi peur ! Si seulement j’avais eu de quoi immortaliser la scène !
Pendant que je parle, je vois son expression passer de frayeur à surprise, et de surprise à bonheur, car au vu de son sourire gamin incrusté sur ses lèvres ainsi que cette lumière si enfantine qui illumine ses yeux grands ouverts, il me semble bien qu’elle est vraiment ravie de me voir ! Ca fait plaisir ! Il n’y a pas que moi que ces retrouvailles touchent !
Et je crois bien que mes deux derniers mots ont terminé de tuer son mutisme étonné, Elle se met alors à hurler littéralement de rire, comme si toute cette bonne humeur, toute cette joie se tenait cachée là, au fond d’elle, au fond de son petit cœur pendant trop longtemps… un peu comme un Mataro qui soit plus de l’essence du rire que du mal. C’est beau !
Et pendant qu’elle rie, je ne peux pas me permettre de l’arrêter, de l’approcher. Alors je m’assoie sur les pierres qui forment encore le mur, tournée vers mon ancienne camarade de naufrage. Puis je la regarde. C’est étrange. Comme si elle m’enlevait ce rire, comme si elle m’enlevait cette joie qui pourtant nous soulève le cœur, à Mataro et moi. Mon corps est si épuisé de ce voyage qu’il a fait, contre vents et marrées, que je n’ai même plus la force de rire. J’affiche juste un petit rictus de gaieté.
Ma caille, elle, se tortille tant bien que mal, un peu comme si elle était secouée des mêmes sursauts de rire que mon amie chimère. C’est étrange. Oui, ça aussi, c’est étrange. Ma compagne semble si heureuse de ce qu’elle voit, elle en rie tellement qu’elle en pleure ! Là, je crois émettre un petit grognement saccadé en guise de rire propre…

_ Franchement, Bubu, t’es pas sérieuse, merde ! Tu m’as fais sacrément peur !

Je souris. Exactement la réaction que je voulais obtenir d’elle ! Elle est heureuse de me voir, je suis heureuse de la voir… et ne parlons pas de Mataro, il a tout simplement hâte de prendre le pas pour avoir un moment à lui pour serrer à son tour cette chère personne dans ses bras. Je vais pour répondre, mais elle a apparemment beaucoup de choses à dire.

_ J’ai bien cru que j’étais grillée, que c’en était finit de la planque et de la belle vie.
_ Voy…
_ Mais non ! Vous êtes là !

Peut-être que je devrais la laisser terminer, elle n’a pas l’air de vouloir écouter quoi que ce soit.

_ Si tu savais comme je me suis inquiété… Mais au fait, comment vous êtes revenus ?... Et aussi euh... Hey Mat' !

Je suis incapable de lui répondre. Je ris, seulement. A mon avis, de toute façon, elle n’est pas tout à fait disposée à m’écouter pour le moment. Elle semble aussi survoltée qu’une ampoule, on dirait qu’elle va se mettre à briller, elle est devenue une véritable pile électrique. Et puis, cette vitalité, cette espèce de besoin qu’elle semble avoir de parler, parler… ça me fait quelque chose. Au creux de l’estomac.
Et pendant que je me dis que c’est vraiment bizarre ce vide dans mon ventre, d’un coup, je ne remarque pas vraiment qu’elle arrête de bouger, de parler pendant une toute petite seconde, puis repart tout aussitôt, regardant de gauche et de droite, farfouillant par ici, changeant de place ce truc et ce machin, allant de ci, de là… comme si elle était perdue dans son euphorie !
Et ces mots ! Ces mots qu’elle prononce, qui sortent de son cœur, cœur à vif, ces mots si gentils, si naturels, si doux… j’ai perdu confiance tant de fois, face aux éléments, durant mon retour. On a pas idée, mais dix jours, c’est terriblement long ! Et dix jours, perdu dans le froid, le brouillard, l’océan, parmi ces oiseaux de mer qui passant au dessus de la tête comme pour narguer, dix jours de solitude dans un environnement qui semble tuer à petit feu, ça ronge le cœur de tout être vivant. J’en étais venue à me laisser mourir, persuadée que Balsa était morte. Persuadée que je devais mourir aussi… et puis quoi, les trois seules personnes à avoir porté un tant soit peu d’intérêt pour moi, ce sont Zanack, Mataro… et Balsa.
Zanack est mort, Mataro est un sombre crétin infichu de penser finalement à autre que sa petite personne et Balsa… Balsa est là, face à moi. Elle semble aussi heureuse de me voir que moi de la retrouver. Cela faisait si longtemps que quelqu’un ne s’était pas rendu compte que ma présence change le cours de sa vie, ne serait-ce que pendant un instant ! Quel bien cela peut-il faire ! Quel bonheur ! J’ai comme l’impression de respirer de nouveau !

Je n’ai rien écouté à tout ce qu’elle vient de me dire, je devrais avoir honte, je n’ai entendu que la fin.

_ Vas-y… assieds-toi.

Je ne bouge pas. Je suis devenue muette. Elle se tourne vers moi, elle me regarde avec, encore une fois, cette étincelle dans les yeux. Balsa. Mon amie.
Sans ajouter un seul mot, je laisse tomber la petite caille sur le sol jonché de gravats, et prends la dernière seconde qui me sépare d’elle pour me jeter sur elle et la serrer dans mes bras…

Avant de me rendre compte de mon erreur !
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMer 13 Avr 2011, 18:07

Emportée dans son euphorie, Balsa en avait oublié les bonnes manières, ne faisant guère attention aux réactions de Iburo. Dans son esprit, le simple fait que la chimère ai débarqué ici, avec son « bon appétit ! » en brandissant un oiseau encore vivant, impliquait qu’elle soit aussi enthousiaste et excitée. Il lui sembla même à un moment entendre un léger rire s’échapper de la mâchoire de son amie.

Si Balsa avait été plus attentive, elle aurait surement remarqué son allure épuisée. Car Iburo restait silencieuse et s’était même assise sur un bloc de pierre. Ce qui rendit le « assieds-toi » de Balsa bien déplacé.
C’est à partir de ce moment-là que son énergie diminua et qu’elle put considérer la créature dans tout ce qu’elle laissait transparaître. Mais le faciès des animaloïdes est bien plus difficile à décrypter que celui des humanoïdes. Elle avait apprit cependant, avec Akin en grande partie, mais aussi avec Iburo et Mataro, à lire ces expressions particulières. Elle semble heureuse, mais aussi tiraillée…

Quoi ?... J’ai dis quelque chose qui fallait pas ? Il… Il est arrivé quelque chose à Mat ?... Il vous est arrivé quelque chose de grave ?... Ou alors c’est la faim qui te tord les boyaux, aaaaarf moi aussi j’ai la dalle… mais… Tu as l’air exténuée en fait… T’es pas blessée au moins ?...

Le fil qui retenait le petit oiseau glissa des mains d’Iburo. L’animal ouvrit ses ailes mais ne put que ralentir son approche au sol. Sa chute parut incroyablement longue à Balsa.

Aaaaah mais qu’est-ce que ? pourquoi t’as laisser le mangé partir ? va falloir lui courir après, quoi, c’est ça le jeu maintenant ? Un peu facile quand même, et puis bizarre comme humour, je préférais le « bon appétiiiiit » haha, je sais pas si je vais m’en remettre… A moins que… Non, mauvaise idée, pas malin du tout, j’ai oublié de te dire, fais pas çaaaaa !...

Quand la peur apparut à l’esprit de Balsa et se dessina sur son visage, il était trop tard : son amie bondissait déjà vers elle. Elle n’eut pas le temps de reculer et n’aurais pas eu la place de toute façon vu l’exiguïté des lieux. Les vêtements glissèrent les uns contre les autres et un instant après la fourrure toucha la peau.
Balsa voulut plier les bras pour repousser son amie, mais elle se fut pas assez rapide et ne put empêcher le contact. Le courant passa très bien entre elles, d’une grande tension malgré sa faible intensité. Car depuis le temps, la chimère savait contenir le courant et elle n’avait plus d’effort à faire pour qu’il soit constamment sous le seuil de la dangerosité.

Un éclair lumineux rayonna dans le pigeonnier. Le choc sépara les deux créatures, les éjectant par réflexe naturel quelques pas en arrière. Balsa amortit de la main son arrivée un peu brutale contre le mur derrière elle. Elle passa une mcèhe de cheveux décoiffée derrière son oreille et prit une mine confuse. Elle adopta une expression et un ton qui se voulaient apaisants et rassurants :

- Haaaaan… Désolée, pardon !... J’aurais du te prévenir, ça va tu n’as rien ? Si ça picote un peu ça va passer… dans pas trop longtemps. T’en fais pas, j’ai l’habitude, enfin l’habitude de voir des gens s’en remettre.

La petite caille voletait depuis un moment dans tous les sens. Ces oiseaux, peu malins, avaient la fâcheuse habitude de décoller tout droit à la verticale. Si bien que dans la panique, ils ne pensaient pas à fuir par les côtés. Car dans la nature, le ciel et les hauteurs sont leurs refuges. L’oiseau se cogna au plafond et au mur plusieurs fois, avant de calmer, épuisé, pétrifié dans un coin. Dire que même un pigeon aurait pu sortir de là...
Mais les pensées de Balsa étaient bien ailleurs et sn regard restait braqué la pauvre Iburo qui avait reçu cette décharge par sa faute. Elle se sentait coupable et s’obligea à s’expliquer :

- Oui euh… il m’est arrivé ça quand j’étais sur Rosyel. Ca le fait avec tout le monde, même les animaux d’ailleurs. Je peux vraiment pas m’en empêcher, je le fais pas exprès. Mais je crois que j’arrive à rester non dangereuse avec ce… cette malédiction ou je ne sais quoi. Mais dis-moi plutôt, comment vas-tu ? Tu veux qu’on mange un bout du piou-piou que tu as ramené ? Attends, je m'en occupe.

Elle fit un pas vers le petit animal encore tout apeuré, essoufflé et immobile dans son coin. elle tendit les mains au-dessus de lui et fit un autre pas. La caille décolla, tout droit dans les mains de Balsa qui se refermèrent sur elle. Un petit éclair secoua l'animal. Il avait à présent cessé tout mouvement et pendait, tenu par les pattes, la tête ballante sous son petit corps.


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Dernière édition par Balsa le Mer 20 Avr 2011, 03:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMar 19 Avr 2011, 11:14

Spoiler:


Malheureusement, mon envie irrépressible de serrer mon amie dans mes bras m’a supprimé les derniers neurones encore en vie dans mon cerveau épuisé. AU moment où sa peau entra en contact avec ma fourrure, je sens comme une immense décharge, un feu puissant qui me ravage de part en part, qui traverse la moindre parcelle de mon corps, qui le rend crispé, vidé de toute l’énergie qui lui reste.
Je comprends maintenant pourquoi elle semblait avoir si peur que je l’approche. C’est comme si je prenais la foudre, c’est horrible ! J’ai l’impression de mourir, à la fois de chaud et de froid ! Que se passe-t-il en réalité ? Suis-je morte ? Suis-je tombée dans un sommeil profond et peut-être irréversible ?
Je me retrouve heurtée contre le mur qui me servait de perchoir quelques secondes auparavant, on dirait que ça fait une heure que je me prends cette foudre ! Une heure que je tombe en arrière, que je frappe les pierres jointes les unes aux autres, que je brûle à l’intérieur. Si c’est ça « prendre le jus », je comprends pourquoi les gens ont peur de se toucher : Ils ne veulent pas mourir !

Mais, une fois que je percute, ENFIN, ce morceau de vestige laissé à mon amie, la réalité revient à moi, frappante comme une gifle ! Allez, un coup de plus, je ne suis plus à ça près ! Je me retrouve par terre, à quatre pattes, tentant de retrouver mon souffle. Je sais pas ce qu’elle m’a fait, mais ce qui est certain, c’est que vu mon état, une seconde de plus et j’y passais !
A moins que ça ne soit encore une simple impression, car à voir le reste de sa modeste demeure, qui se résume à une pièce, rien d’autre n’a bougé ici. Ni les objets, ni les ombres. Mon supplice ne semble pas avoir duré plus de quelques secondes… Je secoue la tête de gauche à droite, regarde si Balsa n’a pas souffert autant que moi… et il semblerait que non ! Ouf ! C’est déjà ça.
J’entends un étrange mur/mure lointain…

*… va ?*
*Hein ?*
*Est-ce que ça va ?*
La voix semble aller et venir dans ma tête… j’ai un peu le vertige… je n’ai pas très bien compris…
*Quoi ?*
*Iburo ! Arrête de jouer ! Relève-toi nom d’un chien !*
*Euh… Qui ? Moi ?*
*Y’a plusieurs Iburo ici d’après toi ?*

Mais c’est quoi ce délire ! Une voix dans ma tête ? Qui c’est ? Et pourquoi il me parle comme ça ? Bon, tant pis, c’est pas le plus important, cette voix a raison.
Je vois cette chimère… Balsa, c’est ça ? Elle tente de me parler gentiment, tout en prenant soin de ne pas me toucher.

_ Haaaaan… Désolée, pardon !... J’aurais du te prévenir, ça va tu n’as rien ? Si ça picote un peu ça va passer…

Ah ouais ? Ca va passer ? Mais là ça me picote pas, ça me brûle littéralement… j’ai l’impression de tomber en miettes, de me réduire à l’état de cendres… triste fin après avoir bravé tant de choses, mourir d’une mort, avouons-le, stupide !
Enfin… tentons de se concentrer sur ce qu’elle dit, cela semble assez important…

_ … dans pas trop longtemps. T’en fais pas, j’ai l’habitude, enfin l’habitude de voir des gens s’en remettre.

Euh… hein ? S’en remettre ? De quoi ? Je me remettrai jamais des cent ans que je viens de prendre dans les dents en quelques secondes ! Rooh, peu importe, de toute façon… Comme dirait Zanack, c’est fait, tu t’es excusée, il n’y a pas à revenir là-dessus…

*Oui, bien sur ! Encore ton Zanack !*
*Hein ? Mais t’es qui toi !*
*Laisse tomber ! Tu comprendras plus tard… *

Je sens soudain comme une forme de découragement, tout au fond de moi… c’est étrange. Comme si un autre moi venait de tomber au fond de… mais je perds la tête ou quoi ?!

*Mat’ ? Tu vas bien ?! Désolée, j’ai eu une absence, sans doute !*
*M’ouais, c’est ce qu’on dit !*

Et Balsa ? Que nous est-il arrivé concrètement ?!

*Elle vient de nous filer une bonne décharge, et t’as juste un mal affreux à t’en remette ! J’ai déjà mal au crâne à cause de toi !*

Je ne comprends rien… je regarde l’amie que j’avais perdu de vue avec un air à la fois surpris et perdu…

_ Oui euh… il m’est arrivé ça quand j’étais sur Rosyel. Ca le fait avec tout le monde, même les animaux d’ailleurs. Je peux vraiment pas m’en empêcher, je le fais pas exprès. Mais je crois que j’arrive à rester non dangereuse avec ce… cette malédiction ou je ne sais quoi. Mais dis-moi plutôt, comment vas-tu ? Tu veux qu’on mange un bout du piou-piou que tu as ramené ? Attends, je m'en occupe.

J’ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais je sais qu’il est inutile de rajouter quoi que ce soit à ce qu’elle vient de dire. Non seulement je ne peux pas lui en vouloir, mais en plus, elle a raison de prendre les devants, j’ai une faim de LOUP !
Sans la regarder, je décide de m’asseoir à l’endroit qu’elle m’indiquait quelques secondes avant que je décide de me jeter bêtement sur elle, et attends que… attends. Elle a dit qu’elle s’en occupait, et de toute façon, je n’ai plus aucune force pour l’aider à quoi que ce soit. Je me retrouve une dernière fois secouée par un petit spasme électrique, et me rends compte que la sensation si désagréable qui me rongeait se dissipe doucement ; il était temps !

Soudain, un bruit de friction accompagné d’une lumière vive et brève, suivis tous deux par une agréable odeur de grillé… d’un coup, je salive et me lèche les babines, tandis que mon estomac hurle sa joie de bientôt retrouver quelque chose à mâchouiller ! Mais je n’ai pas dis un seul mot depuis tout à l’heure, faudrait pas qu’elle croit que je lui fais la tête… Alors, juste après avoir senti ce doux fumet, je décide de prouver que je n’ai pas encore perdu ma langue malgré le son de ma voix légèrement enraillée…

_ Il est pratique ton pouvoir n’empêche ! Plus besoin de se faire un feu pour manger correctement !

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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMer 20 Avr 2011, 03:42

Quand Balsa se retourna, la caille pendant dans sa main droit, morte sous le l’intensité du courant, Iburo s’était sagement assise sur la peau de mouton qu’elle lui avait proposé dès le départ. Elle semblait encore souffrir un peu et la fatigue qui était jusqu’alors à peine visible se lisait maintenant clairement dans les plis de sa fourrure. Ou bien elle s’était blessée dans le recul provoqué par le choc et la chute face en avant qui l’avait suivit. Mais les chimères avaient cela de commun qu’elles étaient crées avec un souci de solidité, de résistance à l’épreuve.

- Il est pratique ton pouvoir n’empêche ! Plus besoin de se faire un feu pour manger correctement !
- Oh non, ça ne le cuit pas du tout. Juste ça le tue. Et c’est bizarre d’ailleurs, parce dès qu’il meurt, le courant ne passe plus, à moins que j’insiste, mais ça abimerais la viande.

Elle attrapa le couteau posé sur le drap et vint s’asseoir sur la peau en face de Iburo. Elle se mit en tailleur et déroula sa queue féline en un arc de cercle autour d’elle. L’extrémité bougeait sans qu’elle n’y fasse attention. Probablement la promesse de ce gibier qui allait ravir son corps et son esprit. Posant le petit oiseau devant elle, elle le tourna sur le dos et posa la pointe de la lame au niveau de son cou. Elle fit une petite entaille et glissa le couteau sous la peau, descendant doucement jusqu’au croupion. La découpe faite, elle tira de chaque côté sur la membrane qui se décolla des chairs, emportant avec elle le plumage de la caille. Elle trancha net les ailes et la tête, sur lesquelles il n’y avait rien à manger, ainsi que les pattes. Mais elle mit ces dernières de côté, car les cuisses portaient un peu de muscles qui promettaient d’être savoureux.

- On va pas pouvoir faire de feu ici. Je veux pas qu’on s’enfume et surtout, je voudrais pas qu’on nous repère… J’essaie de rester discrète pour le moment.

Balsa regardait ce qu’il restait de l’oiseau à présent. C’était vraiment peu, pas de quoi faire un festin, loin de là. C’était un encas tout au plus. Ce qui ne signifiait pas qu’il était futile et ne pouvait pas être savouré.

- Tu as mangé toi aujourd’hui ? Parce que moi je viens d’avaler un fruit et je peux encore tenir un moment alors…

Banalité affligeante ? Peut-être, mais c’était la preuve que Balsa était détendue, en total confiance, chose qui était rare dans sa vie. Elle posa la lame dans la longueur de l’oiseau, juste à côté du bréchet pour ne pas tomber sur la colonne vertébrale, puis elle le trancha en deux. Elle tendit la part un peu plus généreuse à Iburo. Mais avant que celle-ci ne l’attrape, elle modifia son geste et posa la demi-carcasse sur le sol.

- Oui euh… c’est quand même plein de flotte la viande, très conducteur donc… prenons pas de risque.

Elle sourit comme pour minimiser ce problème qui se posait à elle dans toute sa dimension. Comment avoir des relations normales avec les gens qui l’entouraient ? Certes, ceux-là n’étaient pas bien nombreux, mais elle tenait à ces amitiés forgées au fil du temps. Iburo en était le parfait exemple. Et elle l’avait déjà électrocutée, alors qu’elles venaient à peine de se retrouver. Savoir qu’elle ne pouvait pas se permettre de gestes tactiles avec elle lui faisait plus de peine qu’elle n’aurait voulu l’avouer.

Elle saisit enfin le morceau qui lui revenait, de ses deux mains, et croqua dans le magret. Cette bête n’avait pas dû bien courir dans sa courte vie. La chaire était tendre, savoureuse, encore chaude et palpitante. Balsa lécha le filet de sang qui commençait à couler de la commissure gauche de ses lèvres. Puis elle sembla penser à quelque chose, fronça les sourcils, avala et dit finalement :

- Ca te dérange pas de manger cru, au moins ?

L’odeur de la viande fraiche envahissait doucement la pièce. Des narines peut averties ne l’auraient pas remarqué, mais deux chimère dont le sang d’un animal carnivore coulait dans les veines ne pouvaient passer à côté. Ce n’était pas désagréable, au contraire. Balsa savourait ces parfums tout comme elle se délectait du gout ferreux du liquide rouge qui coulait dans sa bouche et sur ses doigts. Elle lécha ces derniers avant que les gouttes ne tombent sur le sol.

Bien caché dans l’ombre d’une petite porte autrefois empruntée par les pigeons, le chaton remuait son museau humide, saisissant au passage quelques molécules odorantes qui le firent saliver. Alors il brava sa peur et sa timidité, sortit la tête de la petite alcôve et le secoua doucement, les yeux rivés sur le morceau que la chimère aux joues rayées tenait dans sa main. Il déchira le silence d’un miaulement timide et Balsa posa ses yeux sur la petite tête.

- Ah ! te revoilà toi ?
Elle jeta sous l'ouverture par laquelle était arrivé le chaton l'une des patte qu'elle avait mis de côté au départ. Les narines de l'animal frémirent et il entama un long processus de réflexion quant au danger potentiel à descendre par terre.
- Je te présente Iburo ! Et Mataro aussi mais…

La chimère regarda ensuite sa compagne de voyage, cherchant au fond de ses yeux ce qui semblait s’y cacher. Car depuis son arrivée, Iburo était restée bien silencieuse. N’avait-elle rien à dire ? Ou pas le temps de parler ? Entre l’excitation envahissante de son comportement, son monologue d’apologie sur ce qui venait d’arriver et ses commentaires finalement peu utile, c’était Balsa qui passait pour une bavarde. Et son amie ne semblait pas avoir le temps d’en placer une. Quoiqu’en y repensant, elle avait eu l’occasion de parler, mais n’en avait pas profité. Et la grande question était : pourquoi ? C’était cette réponse, et tant d’autres, que la chimère espérait trouver en se plongeant dans les pupilles de sa camarade. Elle ne voulait pas réitérer ses interrogations à l’oral mais elle espérait bien qu’elles n’avaient pas quitté l’esprit de Iburo. Et Mataro, car Balsa savait qu’il entendait aussi bien qu’elle et vivait les mêmes choses, terré dans le silence d’un corps qui n’était pas vraiment le sien.
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyDim 15 Mai 2011, 01:03

_ Oh non, ça ne le cuit pas du tout. Juste ça le tue. Et c’est bizarre d’ailleurs, parce dès qu’il meurt, le courant ne passe plus, à moins que j’insiste, mais ça abimerais la viande.
_ Oh je vois…

La façon dont ma collègue chimère s’assoie face à moi et laisse sa queue se poser avec la même grâce comme un être à part entière me donne la force d’esquisser un léger sourire. Et tandis qu’elle exécute ce rituel que j’ai moi-même si souvent exécuté sans l’avoir jamais compris, j’observe à nouveau ses traits ; malgré son air fragile, que je lui ai étrangement toujours trouvé même si son regard féroce force à penser le contraire, j’ai comme l’impression qu’elle se sent plutôt bien ici.
Parfois, je me remémore avec nostalgie la première fois que je l’ai vue. Que nous avons parlé. Aussi la première fois que Mataro s’est montré à elle sans que ça soit pour en faire un plat de résistance.

C’est au moment où les cuisses de l’animal sont séparées du reste du corps que je reprends enfin mes esprits. J’espère qu’elle ‘a pas parlé pendant ce temps, parce que rien n’est passé !
La regardant faire, je croise lentement les bras et me penche en avant pour sentir l’odeur de la chair déchiquetée.
Me faisant comprendre que faire un feu maintenant et ici serait signe soit de folie, soit d’envie de suicide, Balsa semble hésiter en regardant la bête. Mais particulièrement avide de sa chair !
Elle se tourne vers moi à nouveau et me demande :

_ Tu as mangé toi aujourd’hui ? Parce que moi je viens d’avaler un fruit et je peux encore tenir un moment alors…

Je n’ai que la force de tourner la tête de gauche à droite, et de tendre la main vers elle pour lui faire signe qu’elle devrait prendre le gros morceau, elle en a plus besoin que moi, elle est plus fine, plus frêle. Je suis faite pour être résistante, plus qu’elle en tous les cas. Elle a plus besoin que moi de cette carcasse. J’aurai tout le temps de manger plus tard, de retour chez moi.
Mais elle ne semble pas faire attention et me tend la plus grosse part, avant de s’arrêter et de la poser sur le sol pour que je la prenne sans avoir ne serait-ce qu’un bref contact avec elle.

- Oui euh… c’est quand même plein de flotte la viande, très conducteur donc… prenons pas de risque.
_ Oui, tu as raison. Evitons de nous électrocuter une fois de plus. Ca va me faire un mal de chien et ça devra sans doute te vider encore de ton énergie…

Elle semble si perturbée de ne plus avoir de lien… ne plus pouvoir toucher les gens qu’on aime, c’est terrible ! Je sais que cela me ferai du mal, moralement . Elle est forte pour supporter cela ; et elle sait que nous comprenons, Mat et moi, que ce n’est pas de sa faute.

*La pauvre* murmure Mat. *Elle restera vraiment comme ça jusqu’à la fin ?*[/color]
*Je ne sais pas. En tout cas, elle ne semble pas avoir le chois pour l’instant…*
*Tu nous laisseras un peu de temps, après ?*
*Si tu veux… *

Durant ce laps de temps où Mataro et moi parlons, j’observe mon amie croquer à pleines dents dans la chair de la petite chose qui nous sert de repas. Comme elle a l’air goûteuse cette pauvre petite créature !
Elle devait avoir faim ! Extrêmement faim. Pauvre Balsa.

_ Ca te dérange pas de manger cru, au moins ?

C’est à ce moment là que je me rends compte que je suis à nouveau perdue dans mes pensées.

_ Non ! Pas du tout !

Comme pur allier les actes à la parole, je me saisis d’un coup de la carcasse et mord dedans, en émettant sans le vouloir un petit grognement de satisfaction typiquement prédatrice.
Et tandis que je tire de toutes les forces qui me restent, quitte à briser les os de l’oiseau mort, quitte à les avaler aussi, quitte à m’étrangler, j’entends un tout petit bruit ; mes oreilles se dressent, mes yeux aux pupilles rétrécies s’ouvre d’un coup, et mon regard affamé, presque autant que le reste de mon corps d’ailleurs, se tourne vers ce qui vient de pousser ce tout petit miaulement.
Je stoppe tout mouvement, laissant même la liberté aux gouttes de sang de couler le long de mon cou.

Balsa semble le connaître, ce pauvre petit minou solitaire, perdu, sensible. Mes oreilles se tournent vers l’arrière, montrant la façon dont je fond devant lui. Je souris.

- Je te présente Iburo ! Et Mataro aussi mais…

Elle se tourne vers moi, et là, je vois dans son regard la même expression, le même petit chat perdu ; je ne suis pas vraiment la même personne qu’elle a pu côtoyer avant que notre bateau ne sombre dans la tempête. Je ne m’en suis pas rendue compte, mais ce silence qui n’est pas le mien l’a sans doute quelque peu troublée.

_ T’en fais pas, Mataro sera bientôt là. Il me laisse manger et savourer le peu de temps que je vais passer avec toi !

Ce disant, je souris et reprend une grosse bouchée de cette succulente nourriture. Puis je prends le temps de me lécher les babines, avant de reprendre.

_ Je suis vraiment désolée si je ne suis pas vraiment d’humeur à parler… Lorsque nous avons été séparées dans cette tempête, j’ai échoué sur une ile. Et il m’a fallu braver à nouveau les flots, mais dans une barque, pour rentrer sur le continent. Je viens à peine de mettre pied à terre, en quelque sorte. C’est la fatigue qui me rend si songeuse. Mais tout va bien. Je suis juste fatiguée…

Oui, je suis juste fatiguée.
Mais je n'ai même pas pensé à savoir ce qu'elle est devenue, comment elle a fait pour arriver jusqu'ici... En si bonne santé !

_ La fatigue ne semble pas être un plat que nous partageons, dis-je pour la pousser à me raconter sa vie en attendant que les forces, apportées par l'animal dévoré ne me reviennent...
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyJeu 19 Mai 2011, 18:02

Iburo s’était fait un peu plus bavarde, comprenant sans doute le désarroi de Balsa. Elle s’était mise à manger aussi et son expression se faisait de plus en plus attentive. Elle semblait se détendre et se remettre de ses émotions peu à peu. La chimère n’avait plus qu’une inquiétude, au sujet de Mataro, qu’elle glissa dans la remarque qu’elle avait lancée au chat. Ce que répondit Iburo, tout sourire alors qu’elle croquait sauvagement dans la viande, effaça cette inquiétude. Balsa eut un petit sourire soulagé et se fit toute ouïe aux propos de son amie.

Pendant ce temps, la petite boule de poils se mit à descendre le long du mur de pierre, pattes en avant et griffes sorties. Mais la surface était trop glissante et bientôt il tomba d’un coup sur le sol. Un peu sonné, il y avait eut plus de peur que de mal. Il secoua la patte avant droite qui avait frappé le bout de viande moite dans la fin de sa chute. L’odeur ainsi remuée reporta son attention sur l’objet de son expédition. Il se plaça entre le mur et la cuisse, gardant les chimères dans son champ de vision lorsqu’il reniflait le met délicat sous son museau. Il ne tarda pas à lécher, puis mordre la viande d’un air affamé, oubliant presque où et avec qui il était, entraîné dans une frénésie carnivore.

- Si ce n’est que la fatigue, je suis soulagée.

Elle n’avait pas perdu une miette du discours de son amie. Il n’avait pas été très long et Balsa aurait aimé en connaître les détails. L’pile dont parlait la chimère par exemple, ressemblait ici à un simple bout de cailloux désert. Mais peut-être s’agissait-il d’une région habitée, comme Rosyel, sur laquelle Balsa avait échoué. Elle aurait voulu raconter aussi tout ce qui lui était arrivé, partager ses doutes et ses interrogations. Mais…

- La fatigue ne semble pas être un plat que nous partageons.
- Tu viens juste d’arrivée, oui, tu dois être plus que fatiguée en fait…

Balsa se leva en croquant un morceau dans la viande qu’elle tenait toujours. Ce mouvement un peu brusque fit fuir le petit chat qui disparut en emportant la cuisse de caille entre ses dents. Elle mâcha et déglutit avant de poursuivre.

- Fais comme chez toi, installe-toi et dors un moment, tu as l’air d’en avoir bien besoin et je comprends.

Elle affichait un sourire doux. Au fond d’elle, elle luttait contre sa curiosité et son envie de bavarder avec Iburo et Mataro. Mais elle avait choisit de les laisser se remettre plutôt que de les fatiguer un peu plus en se lançant dans une discussion qui allait sans doute durer bien longtemps. Balsa engloutit le reste de la demi-caille qu'elle tenait, jeta les os là où elle avait laissée la cuisse pour la chaton, puis elle saisit son couteau et le filet de pêche qui se trouvaient sur le drap au fond de la petite pièce. Enfin elle se dirigea vers l’ouverture et se tourna une dernière fois vers sa compagne chimère.

- Je vais nous ramener de quoi faire un vrai repas ! D’ici là… bonne nuit !

La chimère glissa dans l’ouverture de sa cachette et plissa les yeux alors que le soleil du matin venait frapper de ses rayons son visage joyeux. Elle avait dit bonne nuit, sans vraiment réfléchir, et cela la fit doucement rire. Mais qu’importe que les gens normaux dorment la nuit, des chimères comme elles pouvaient bien vivre à l’envers, qui leur en voudrait ? Balsa était même fière de ne pas faire partie de la masse abrutie et plongée dans une routine morne qu’était le peuple humain. Elle fit quelques pas sur le toit où elle se trouvait, jusqu’au bord, penchant son regard sur la ruelle en bas. Une vieille femme passait à l’allure lente des personnes âgées. Une fois qu’elle eut tourné derrière un groupe de maisons collées les une aux autres, la chimère se laissa tomber sur les pavés au sol, passant de suite la capuche de sa cape sur sa tête. Puis elle se mit en marche.

Attraper quelques pigeons serait assez facile et ne lui prendrait certainement pas le temps d’une bonne sieste réparatrice. Elle décida de tuer le temps en se rendant hors de la cité. Elle déboucha sur une des grandes artères de Reilor et prit la direction de l’intérieur des terres. Elle marchait d’un bon pas, la tête baissée pour dissimuler ses marque noires au visage et attirer le moins possible l’attention sur elle. Elle était certes remarquable, car qui se promenait ainsi habillé ? Mais au moins personne ne saurait la reconnaître si elle se retrouvait visage découvert.

Elle fit une pause sur une petite place où les pigeons venaient se repaitre de miettes éparpillées au sol. Probablement un jeune apprenti boulanger avait-il laissé tomber une charrette et n’avait pas osé ramasser les miches de pains et les pâtisseries ayant touché les pavés boueux et couvert de crasse citadine. Cela faisait la joie des oiseaux opportunistes, ainsi que celle de Balsa qui jeta à plusieurs reprises le filet écarté qu’elle avait sur les volatiles se battant pour la meilleure place. Une fois capturés, elle leur liait rapidement les pattes pour qu’ils ne fuient pas. Quand elle en eut attrapé une petite dizaine, elle les entassa dans le filet plié tel un baluchon et se sauva vers la sortie de la ville.

Elle passa la matinée dans une clairière cachée au milieu de la forêt exploitée par les hommes, s’entrainant tant bien que mal à moduler le courant en elle. Les pauvres oiseaux faisaient de bons cobayes et elle n’en préserva que trois de sa foudre. Ses progrès n’étaient pas flagrants, mais le travail acharné lui permettait au moins de parfaire sa connaisse des propriétés de l’électricité. Cela la fatigua et elle rentra d’une marche calme et reposante, le petit filet dans une main, où les trois pigeons survivants se débattaient encore un peu, usant leurs dernières forces.

Elle fut de retour dans la petit ruelle en bas de chez elle, puisqu’elle l’appelait ainsi, aux environs de deux heures de l’après-midi. Son cœur battait d’excitation à l’idée qu’enfin elle pourrait retrouver Iburo et Mataro. En grimpant sur le toit, elle se demandait si elle avait laissé assez de temps à son amie pour dormir, si celle-ci était réveillée, ou encore assoupie. Une crainte vint serrer sa poitrine, celle que tout ne se soit pas passé comme prévu. Que Iburo soit partie, par choix ou par obligation. Que quelqu’un ait découvert l’endroit, qu’une bataille ait eu lieu, qu’elle soit obligée de trouver une meilleure cachette ou pire, de fuir pour de bon Reilor.
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptySam 21 Mai 2011, 03:57

A ma dernière phrase, Balsa répond par la compréhension de ma fatigue extrême, avant de prendre une dernière bouchée de son morceau d’oiseau, de se lever et de me proposer de rester ici pour me reposer, histoire de récupérer toutes ces forces qui me manquent…
Fais comme chez toi… quelle phrase merveilleuse. Moi qui ne me suis jamais sentie chez moi, excepté à l’époque où mon cher et tendre était encore en vie, moi qui ai toujours cherché en vain un foyer, et qui n’en ai trouvé un que près du lac Olia, loin de cet ancien chez-nous qui me fait si mal à chaque fois que j’y pense, un logis miteux, un toit sur quatre murs, à peine digne de porter le nom de « chez-moi », je me rends compte que l’idée de faire chez Balsa comme chez moi me rend heureuse. Pour la première fois depuis longtemps, je ne me dis pas « rêve, je ne serai jamais chez moi ici », je ne me jure pas de faire comme si de rien n’était et de quitter les lieux à la première occasion pour trouver un endroit plus convenable.
Je suis chez Balsa, je suis chez mon amie. Donc je suis chez moi. Et pour une fois, j’en suis heureuse et soulagée ; et tout à fait encline à répondre affirmativement à la proposition de mon amie.

_ Merci, Balsa. Pour une fois, je ne vais pas cracher sur ce qu’on me propose. Je te promets que cette sieste va me rendre les forces qui me manquent pour retrouver la parole !

Faire comme si j’étais chez moi est une chose, dormir carrément chez une amie et l’abandonner en est une autre. Je ne compte pas dormir, pas maintenant en tout cas… mais à peine ai-je ouvert la bouche pour lui annoncer que je refuse de la laisser avec la solitude de celui qui ne sait pas quoi faire parce que l’autre dort, qu’elle ajoute qu’elle part nous trouer un repas plus copieux…

_ D’ici là… bonne nuit !

Alors que je vais pour répondre, elle disparaît de ma vue, je regarde le ciel qui s’éclaircit à vue d’œil hors de cette modeste demeure. J’observe autour de moi. Le tapis fera l’affaire ! Tout ferait l’affaire pour moi.

*tu vas sortir ou tu comptes dormir aussi ?*
*Tu parles ! J’ai subi la même chose que toi, ne l’oublies pas ! Et quand tu dormais, je veillais à ce que notre barque ne chavire pas !*
*C’était pour savoir*
*Eh bien tu sais, à présent !*
*Bonne nuit, Mat’*
*Bonne nuit, Iburo…*


Je donne un dernier coup de dents à la carcasse de ma nourriture avant de m’allonger et de fermer doucement les yeux…

/ Un vent souffle abondamment sur la plaine. Un vent frais, un vent parleur. Comme s’il déblatérait tout un tas de belles choses à l’être assis là bas…
‘Qu’est-ce que…’
La chaleur et la lumière tapent fort contre la peau fragile, sans fourrure pour la protéger des UVs, heureusement que ce vent la sauve des coups de soleil. La plaine est envahie de coquelicots d’un rouge éclatant, qui libèrent dans les airs tourbillonnants leurs spores odorants.
L’être se retourne. Il regarde dans ma direction. Son regard… je le reconnaîtrais entre mille ! Je souris, je n’ose pas y croire.
Das l’éclat du soleil, il paraît briller de mille feux, mon mien ! A moi ! Mon homme, mon amour, la cage de mon cœur !

‘Zanack ? C’est bien toi ?’
Le soleil tape plus fort encore, et le vent cesse de souffler de son air enjoué, pour entonner un hurlement de bonheur ; l’homme de ma vie s’avance lentement vers moi tandis que je ne peux bouger, terrifiée par son regard. Il semble si… étonné !
Puis il marche plus vite, il court à présent, jusqu’à ce qu’il arrive à moi. Il me regarde. Serait-il effrayé ?

‘Que t’est-il arrivé ?’ demande-t-il.
‘Quoi ?’
‘Ta fourrure, tes cornes, tes ailes…’
‘Eh bien quoi ?’
‘Et Mataro ?’
‘Oui ! Quoi Mataro ?’
‘Tout a disparu. Tu es… ’
Ses mots se meurent avant qu’il n’ait terminé sa phrase. Je regarde à côtés de moi. Une flaque. Je m’approche, me penche.
Devant moi, le visage d’une femme. Pas de museau canin, pas de cornes dragonnes, pas de poils roux sur les côtés, blancs sous le menton, noirs sur les oreilles… pas d’oreilles animales d’ailleurs. Je suis une femme, tout ce qu’il y a de plus normal. Un être humain.
Je grimace, pour voir mes dents. Elles sont plates. Des dents de femme normale.

‘Qu’es-ce qu’ils t’ont fait, Iburo ! Qu’es-tu devenue ?’
Je le regarde, confuse… Longtemps, j’ai pensé qu’il ne m’aimait pas vraiment, qu’il me prenait juste en pitié… souvent, je me demandais si nous n’avions pas mieux vécu sans cette forme, sans Mataro, sans tout ce que m’avaient donné ces monstres, dans leur laboratoire.
‘Zanack…’
Il me regarde, avec une pointe de regrets mêlée à du dégout et du mépris. Peut-être m’aimait-il réellement pour ce que je suis ?
Le visage de Zanack commence à refléter les rayons du soleil, si fort d’ailleurs qu’il se met lui-même à luire, d’une force telle que bientôt, je ne peux que fermer les yeux pour ne pas être éblouie… Je ne trouve pas la force de dire un seul mot…

Lorsque j’ouvre les yeux, il fait nuit noire.

‘Zanack ?’
Pas de réponse. Autour de moi, rien d’autre qu’une vieille grange. L’herbe semble se mouvoir au rythme des cris des grillons nocturnes, et dans le ciel, aucune étoile. Il n’y a pourtant pas de nuage, ce soir. Enfin, il semble ne pas y avoir de nuage. Il n’y a pas le moindre filet d’air ; juste l’herbe, les grillons et la grange.
‘Hey’ appelais-je.
Les grillons sont les seuls à me répondre. L’atmosphère est lourde, pesante. Comme si j’tais en réalité dans une toute petite pièce, avec pour trompe-l’œil, ce dessin de grange, pour sol cette herbe, et pour musique ces grillons.
Il n’y a qu’une façon de savoir : m’approcher.
Je lève un pied, et à peine l’ai-je posé que je me sens soudain tomber, comme happée, tirée par une main invisible… Puis je tombe… enfin, disons que je lévite plutôt. Je ferme les yeux, je les ouvre. Rien. Le noir total.

‘Tu croyais m’oublier aussi facilement ?’
‘Quoi ?’
Un clic se fait entendre, avant qu’une petite flammèche de bougie n’apparaisse, entre… Mataro et moi ! Je reste incrédule.
‘Mat’ ? Pourquoi t’aurais-je oublié ?! Je suis incapable de t’oublier ! T’es dans ma tête, et j’suis dans la tienne !’
‘Tu ne comprendras jamais rien.’
Je ne comprends pas, effectivement. Je le regarde, hébétée, j’ouvre la bouche, la referme. Rien ne sort.
‘Tu as oublié, Iburo ! Réveilles-toi, crétine !’
Quoi ? Quoi ?
‘Réveilles-toi ! T’es sourde ?!’/

Quoi ?
Je me réveille en sursauts, observant tout autour de moi…

*Ah bah quand même !*
*Hein ?*
*Heureusement que je t’ai réveillée ! Faut se tirer d’ici vite fait !*
*Hein ?*
*Tu pourrais pas dire autre chose ?!*

Euh… je ne sais pas vraiment…

*allez, prends le plus d’affaires possibles et tires-toi d’ici !*[/color]

Je me lève d’un coup. Que prendre ?! Les affaires de Balsa, celles qui lui tiennent le plus à cœur ! Au plus vite !

*Regarde là bas, sur le drap ! On dirait qu’elle a déjà tout rassemblé ici au cas où ça tournerait au vinaigre !*[/color]

La meilleure idée serait de tout emballer dans le grand drap… J’entends du bruit au dehors, des murmures, des cris. Des aboiements de soldats… enfin, on dirait !

*Iburo ! Grouilles-toi, bon sang !*
*J’me grouille, j’me grouille !*

D’un coup, j’entasse les allumettes et le bol dans le chaudron, j’entasse les habits et je rejette les quatre coins du drap de part et d’autre de l’objet. Je fais un nœud, je serre, je jette le tout sur mon épaule, et m’apprête à quitter les lieux, lorsqu’un mouvement vif dans le coin de mon œil attire mon regard ! Le chat !

*Pas de temps pour le chat !*
*La ferme !*

Je me retourne et vois la petite boule de poils un peu abasourdie par tout ce remue-ménage, pourquoi l’étrangère, elle prend toutes les affaires à ma coupine ? Pourquoi elle est sur le point de partir ? Pourquoi elle a ce regard effrayé ?!
Je me jette sur lui et le prends dans mon autre main, avant de regarder par l’ouverture… En bas, un jeune homme me montre du doigt : « Eh ! Regardez ! Là ! »
D’autres cris succèdent à celui-là, des cris de rage, allez, massacrons-le ! Je le savais, y’avait une créature qui habitait ici ! C’est elle la voleuse ! Elle m’a piqué du pain ! Et moi de la viande, et moi du linge, quant à moi, elle m’a vidé les poches ! A mort !
Effrayée, je me jette dans les airs, écarte les ailes et laisse les manants dans le vent créé par leurs battements ! Il faut absolument que je trouve Balsa !

*Ce n’est pas une bonne idée ! Il vaudrait mieux les éloigner d’abord !*
*Tu as raison ! Mais où mettre l’attirail de notre amie ?*
*J’en sais rien moi, j’suis pas devin !*

Merci Mataro ! Tu m’es toujours d’une grande aide !
Je bats deux fois des ailes, et me pose non loin des hommes et femmes qui ont suivi du regard mon envol. Ils semblent tiraillés entre l’envie de me tuer et celle de décamper…

_ Alors, bande de fainéants ! Vous voulez ma peau, ou vous serez prêts à vous défiler comme des fillettes ?! Attrapez-moi si vous pouvez !

Sur ces bonnes paroles, je me retourne et commence à courir comme jamais je n’ai couru de ma vie. Voler n’aurait pas été d’une grande utilité ; ils auraient arrêté de me poursuivre et seraient retournés à la cachette de Balsa ! Si elle revient, il faut au moins qu’elle ne tombe pas entre leurs mains. Je ne sais pas si elle serait de taille à lutter contre tant de monde, même si elle possède la foudre dans ses poings.
S’ensuit une course-poursuite dans les rues de la ville, où les badauds s’écartent sur mon chemin et rejoignent mes poursuivants, avec leur hareng entre les mains, criant qu’à eux aussi, j’ai pillé des biens.

*Balsa possède une sacré réputation, dis voir !*
*Il faudra qu’on lui apprenne la discrétion, un de ces jours !*

Enfin, j’arrive dans le port de Reilor. Je prends appui sur un pied, m’envole et m’accroche à un mât avant de prendre un nouvel élan, le sac de mon amie dans une main, son chaton dans l’autre. Puis je m’éloigne dans les airs, loin de leurs épées, de leurs ustensiles de cuisine et de leurs poissons frais, les laissant sur leur faim… Ils m’observent m’éloigner, tristes et désappointés de ne pas avoir eu ma mort !
Je tourne le regard.
Ils s’éloignent, se séparent, s’éparpillent. Il ne reste même pas un petit groupe, un noyau qui aurait eu dans l’idée de retourner à la cachette… il faut que je prévienne Balsa ! Il faut que je la retrouve.

Malgré la force du soleil, au zénith, je m’élève dans le ciel, ma force quasiment retrouvée, et le besoin de renseigner mon amie plus fort que tout, je retourne vers la ville de Reilor.

Je retrouve enfin le petit logis de la jeune chimère, je le vois de loin. Le chat est presque mortifié dans ma main, terrorisé par ce vide dans lequel il ne tombe pas, puisqu’il ne répond plus à la loi de la gravité. Regard dans la ruelle, qui est cette fois totalement vide. Ils doivent parler avec les autres. Ceux qui ne sont pas au courant. Et bientôt, je serai pourchassée à travers tout Reilor, et Balsa devra se trouver un autre gîte. C’est sans doute parce que lorsque je suis entrée chez elle, quelqu’un m’a vue… Quelle imbécile !
Elle est là, elle est en train de s'approcher de l’habitacle, elle va croire que je l’ai volée, ou bien qu’on m’a emmenée ?! Il faut que je la prévienne, le coin n’est plus sur !
Je m'approche d'elle à tire d'aile et m'arrête à son niveau alors qu'elle jette un oeil à l'intérieur du pigeonnier.

_ Balsa ! Il faut fuir. Prends ce qu'il te reste d'affaires, et vas-t-en ! Tu n'es plus en sécurité ici !


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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyLun 23 Mai 2011, 04:33

Une fois perchée sur les tuiles usées du toit qui donnait sur le pigeonnier, Balsa jeta un regard autour d’elle. Personne en vue, seul l’écho de quelques voix lui parvenait depuis les quartiers plus animés. Elle renifla l’air et fut parcourue d’un frisson dont elle ne comprit pas l’origine : il ne faisait pas froid et rien ne l’effrayait… Un sentiment de mal l’être l’envahissait pourtant et elle fit les derniers pas qui la séparaient de sa demeure rapidement. Elle posa sa main libre sur l’encadrement de l’ouverture, l’autre portant toujours le filet contenant les trois pigeons, et alors son sang se glaça.

De ses affaires il ne restait que les peaux de bête, étalées sur le sol. Mais son attention était bien ailleurs : Iburo avait disparut. Un cambriolage qui aurait mal tourné ? Il n’y avait pas de traces de lutte, ni à l’intérieur du pigeonnier ni autour. Alors quoi ? Le cœur de Balsa battait à tout rompre dans sa poitrine, l’angoisse montait vivement. Heureusement la chimère avait une bonne dose de sang-froid : elle revint à la raison. Iburo et Mataro avaient survécu à une tempête et étaient parvenus à revenir sur Lan Rei par leurs propres moyens. Alors rien dans cette ville ne pouvait leur arriver de grave.

Alors qu’elle se persuadait tant bien que mal que cette pensée était vraie, faisant les cent pas sur le toit, Balsa entendit derrière elle un bruissement d’ailes. Demi-tour, elle porta son regard vers le ciel. Un certain soulagement l’emplit, car bien qu’elle se fût convaincu que son amie ne pouvait être qu’en vie et hors de danger, le voir de ses yeux était bien plus rassurant que de l’imaginer. Elle observa le vol rapide de Iburo, qui vint se poser juste devant elle avec une expression paniquée et les mains pleines…

- Balsa ! Il faut fuir. Prends ce qu'il te reste d'affaires, et vas-t-en ! Tu n'es plus en sécurité ici !

… Les mains pleines ? Dans l’une, sa comparse tenait le drap de Balsa, plié en un baluchon qui de toute évidence contenait ses affaires disparues. Dans l’autre, une petite boule de poil ouvrait grand les yeux dans une détresse effroyable. Pauvre chose apeurée, arrachée à son habitat habituel… Déjà qu’en temps normal il n’était pas des plus courageux, il était surprenant qu’il ait survécu à un baptême de l’air forcé. D’ailleurs pourquoi Iburo l’avait-elle embarqué avec elle ? Elle comptait le garder ? Se l’approprier et l’apprivoiser ? Ou pensait-elle que son amie considérait d’une quelconque façon cet animal comme lui appartenant ? Etrange venant d’une chimère… Comment pouvait-on souhaiter garder sous sa coupe la vie d’une créature qui n’avait rien demandé à personne ? La liberté était un bien trop précieux pour être ôté à un être animé, qu’il soit humain, neko, elfe, chimérique… ou même animal. Jamais Balsa n’aurait accepté de se faire le maître d’une autre créature. Mais le moment n’était pas à la digression, il fallait fuir, ce n’était pas un jeu, encore moins une blague, Iburo n’était pas de ce genre.

- Laisse tout ça là, ça ne vaut rien ! Et le chat surtout, bon sang !

La femme renard s’exécuta car les sourcils froncés de son amie, son ton sec et son regard dur étaient des plus autoritaires. Balsa posa à son tour ce qui allait l’encombrer par la suite, libérant les oiseaux du filet. Le chaton resta pétrifié un moment et quand il réalisa qu’il était libre, il courut se cacher avec la ferme intention de ne plus jamais se montrer devant celle qui lui avait fait gouter bon gré mal gré aux sensations du vol. Les pigeons quant à eux se regardaient d’un air ahuri, n’osant pas déployer leurs ailes et ne réalisant pas grand-chose de la chance qu’ils venaient d’avoir. Mais Balsa ne leur accorda pas la moindre attention. Dès que le chaton avait esquissé un mouvement, elle avait jeté un coup d’œil entendu à sa collègue et s’était mise à courir sur les toits.

Iburo n’aurait pas de mal à la suivre. Alors la chimère fonçait sans regarder en arrière, de temps en temps un battement d’ailes lourd lui rappelait la présence de sa comparse. Bondissant d’une maison à l’autre dans une souplesse et une agilité félines, Balsa avalait la distance en évitant les regards humains. Si certains apercevaient une ombre passer au-dessus de leur tête lorsqu’elle franchissait une rue, ils n’auraient aucune chance de pouvoir l’examiner au point de la reconnaître ou de pouvoir la décrire. Détestant cette sensation de faiblesse qui parcourait ses veines à chaque foulée dans cette fuite sans but, la chimère rageait.

Rage contre les hommes, ce peuple si intolérant qui était forcément responsable de ce qu’il se passait. Rage contre elle-même qui avait abandonné Iburo et ne comprenait pas encore ce qui lui était arrivé. Rage d’avoir perdu sa demeure si tranquille. Rage contre son amie... Elle voulait chasser cette pensée, mais la logique frappait son esprit de ce fait indéniable : se cacher, se fondre dans la masse et disparaître était impossible pour une chimère au corps recouvert de fourrure, portant des cornes et des ailes. Aucun vêtement et aucune allure ne seraient suffisamment discrets. Quitter la ville restait la seule option. Bifurquant soudainement vers l’est, Balsa s’était trouvé un objectif : emprunter les chemins traversant les quartiers résidentiels, espérant n’y croiser aucun garde, et filer droit jusqu’à la sortie de Reilor.
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyLun 23 Mai 2011, 05:37

Lorsqu’elle me voit arriver, Balsa écarquille les yeux… elle ne semble pas tout de suite comprendre la gravité de la situation et préfère reluquer ce que je tiens en main plutôt qu’écouter immédiatement ce que je viens de lui dire.
Me faisant alors un regard à briser une roche tellement il est empreint de froideur et de désappointement, elle me dit sévèrement de reposer la totalité de ce que je viens de prendre, surtout le chat. Je voudrais bien lui donner les raisons pour lesquelles j’avais fais ce choix mais le temps n’est pas vraiment avec nous en ce moment, et elle en profite pour faire exactement comme moi avec ses proies qui paraissent pourtant si appétissantes ! Elle ne m’écoute donc pas, elle est trop penchée sur la précipitation… et puis je ne crois pas être assez calme pour me faire comprendre comme il le faudrait. La petite créature à fourrure reste tremblante, tandis que les trois compères n’osent broncher ; même Balsa et moi semblons sur le qui-vive, dans l’attente que le premier d’entre nous tous bouge pour que chacun prenne ses jambes à son cou. Le petit chat est le premier à bouger, et tandis qu’il fonce se terrer dans un endroit d’où il est certain que je ne viendrai pas l’extirper, les trois mousquetaires s’envolent vers d’autres cieux et ma compagne et moi nous élançons contre le vent, à travers la ville de Reilor, Balsa en tête… je ne connais pas assez bien cette ville pour avoir la possibilité de choisir ma propre voie, sinon je m’enfuirais bien de mon côté, la laissant se débrouiller avec son corps plus humanoïde que le mien. Tu parles ! Pas la possibilité de fuir l’endroit par autre que le ciel à présent et pas un instant pour dire à mon amie qu’elle peut toujours rester dans la ville, que c’est après moi qu’ils en ont…

*Dis-lui de s’arrêter…*
*Bah ouais bien sur ! Comme si elle allait m’écouter, lancée comme elle est !*
Courant à en perdre haleine, je tente de ne pas me laisser distancer par l’autre chimère qui trace, telle une onde soutenue par le vent lui-même. Elle est rapide, la bougresse ! De temps à autres, je suis obligée de battre des ailes pour la rattraper par le même moyen de transport que ce qui semble la porter. De plus, impossible de faire quelques pas sans me prendre les pieds dans quelque brique mal placée !

*Bon, ça suffit, tu fais n’importe quoi !*
*Hein ?!*
*Je prends ta place…*
*Mais on a jamais fais ça pendant un trajet…*
*T’en fais donc pas, on la rattrapera vite !*

Happée à l’intérieur de moi-même, je laisse place à mon double, qui semble avoir dormi moins, et récupéré pus d’énergie que moi, puisqu’à peine a-t-il pris sa première bouffée d’air frais qu’il s’élance comme une bête à la poursuite de notre amie. Il court à la manière du loup en chasse, quatre pattes, truffe au vent, les oreilles en arrière, sans regarder en bas, les ailes à demi ouvertes pour donner un élan plus fort en frappant les airs, une fois la fin d’un toit franchie, la gueule entrouverte pour laisser passer le plus d’informations olfactives possibles, histoire de savoir où en sont nos poursuivants… il a perdu ce qui lui restait d’humain dans ses faits et gestes. Il est redevenu la créature originelle qu’il était dans ma tête. Par les pas de course rapide de Balsa, je ne comprends pas vraiment ce qui semble lui arriver. Elle n’est pas aussi souple qu’à l’habitude… ses gestes semblent quelque peu saccadés, comme si elle faisait tout ça avec une certaine colère dans l’âme, c’est abrupt, c’est brutal, c’est bestial. Elle ressemble plus à Mataro qu’à un être humanoïde dans ces mouvements, mais peut-être n’en a-t-elle pas conscience. Si seulement je pouvais trouver un moment calme pour lui parler, lui expliquer qu’elle ne risque rien à rester dans la ville, que c’est uniquement sa cachette qui a été découverte.

*Mat’, il faut lui parler*
*Ah ouais ? Et comment, tu peux me dire ? On dirait qu’elle a été piquée par un nid de guêpes !*
*J’en sais rien, comme tout le monde peut-être. Tu l’appelles et tu lui dis de s’arrêter un peu…*

Alors que Mataro s’apprête à la héler, elle tourne brusquement vers la droite, et continue de plus belle, vers ce que nous pouvons percevoir au loin comme étant la sortie de la ville… alors que nous parvenons vers les quartiers les plus riches semble-t-il, elle fait enfin une petite pause, ce dont profite mon double ; il observe autour de lui pour nous savoir en sécurité pour le moment, puis se rapproche d’elle. Pour qu’elle ne reparte pas immédiatement à fond de train, il va pour lui attraper le bras avant de se souvenir de ce que j’ai subi la première fois ; il parle seulement :

_ Balsa, tu peux rester en Reilor si tu le souhaites. C’est ta cachette qui n’était plus sure. Tu peux sans doute trouver un autre endroit où te cacher. C’est Iburo que des gens ont sans doute vue entrer à l’intérieur. C’est nous qu’ils recherchent…
*et les bonnes manières alors ?!*
*Ah oui, c’est vrai…*
_ Euh, salut au fait…


Liant les gestes à la parole, il lève la main en signe de salut, et tente le sourire le moins crispé possible.
Espérons qu'elle se calme un peu, espérons qu'elle réfléchisse et qu'elle ne fuie pas contre son gré. Espérons aussi que Mat' ait été bien clair...

J'ai comme l'impression qu'il lui arrive quelque chose... Mat est vraiment différent depuis qu'il connaît Balsa, je le suspecte de tomber doucement amoureux !
Mais à peine ai-je eu le temps d'envisager cette idée qu'un aboiement se fait entendre... un roquet nous voit sur le toît, et hurle tout son souffle contre nous, les étranges chats de gouttière...

*Mat, je crois que vous allez devoir filer au plus vite !*

Il n'a même pas écouté, sa descente a été si rapide que je n'ai rien compris. Il parvient à descendre en quelques secondes près du pauvre chien, dont il mord avec force la nuque... l'animal se tait...
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMer 25 Mai 2011, 01:24

Les toits défilaient sous les enjambées, les bonds et les foulées rapides de Balsa. Elle en avait l’habitude cependant… pas en pleine journée. Il était beaucoup plus difficile de se faire discrète et invisible. Sa cape volait derrière elle et sa jupe manquait à tout instant de révéler la longue queue qu’elle enroulait autour d’une jambe. Alors qu’elle pestait toujours intérieurement contre les éléments et les circonstances, elle réalisait peu à peu qu’elle n’avait peut-être pas choisit la meilleure option de trajet. Elle venait d’entrer dans des quartiers beaucoup trop fortunés à son gout. Les plus belles bâtisses étaient les plus surveillées. Elle s’arrêta sur un toit, considérant sa position dans la ville et en profitant pour retrouver son souffle.

On voyait bien d’ici la campagne qui entourait la ville, derrière une étendue de maisons toutes plus chiques les unes que les autres. Le pari était risqué, mais il n’était pas impossible que la traversée de cette dernière portion de Reilor se fasse sans encombre pour elle et Iburo. A cette pensée Balsa se tourna vers son amie, dont elle sentait la présence à ses côtés. Mais ce n’était pas elle qui se tenait sur le même toit. C’était Mataro. Un sourire commença à se dessiner sur les lèvres de la chimère quand il prit la parole. Elle n’écoutait pas vraiment, entendant ses mots sans y attacher d’importance, jusqu’à ce que :

- Euh, salut au fait…

Le visage de Balsa est tout à fait rayonnant cette fois.

- Oui, salut au fait !

Il n’en dit pas plus, agitant seulement une main timide dans sa direction. Alors que Balsa remuait les phrases dans sa tête pour trouver quelque chose d’intelligent à dire, un aboiement ridiculement aigu résonna entre les toits blancs des maisons autour d’eux. Tournant la tête par réflexe, la chimère tomba rapidement sur la source de cette nuisance sonore qui non seulement irritait son ouïe mais risquait en plus de les faire remarquer. Elle allait proposer de partir avant que le roquet n’ameute le quartier, mais déjà Mataro était sur lui, réglant le « problème » d’une façon bien plus radicale...

La mâchoire de l’homme-renard se referma sur les os du petit animal, dans un craquement que Balsa eut l’impression de sentir sous ses propres dents. Le chien lâcha un dernier cri d’agonie. Un instant après, le petit corps gisait dans une mare de sang et la chimère au-dessus de lui semble savourer le moment. Balsa eu un regard étrange pour cette créature dont le naturel était si inhumain, qu’elle dissipa quand elle vint à son niveau, ne prêtant pas attention au petit animal.

- Si on veut pouvoir parler, il vaut mieux disparaître d’ici. Hors de la ville, personne ne doit nous remarquer. Si tu dis que je ne crains rien, je vais passer par les rues…
Elle réajusta sa cape et repositionna sa capuche. Puis elle tendit le bras vers le nord-est.
- Tu vois la tour de garde là-bas ?
Le haut bâtiment se dressait sur le bord d’une forêt particulièrement dense, accrochée aux collines alentours.
- A cinq minutes de marche au nord, il y a un ancien chantier de bois, le long d’un ruisseau. Je suis sûre que tu y seras vite en volant… Fais juste un détour pour pas qu’on te voit aller dans cette direction. On se retrouve là-bas.

Balsa n’attendit pas son reste car elle n’accepterait aucune protestation. Il valait mieux qu’ils se séparent. Mataro pourrait se rendre n’importe où rapidement et à distance suffisante du monde des hommes pour passer inaperçu. Et elle aurait moins de mal à évoluer dans la cité si elle restait discrète, en marchant dans la rue comme tout le monde, pas en crapahutant sur les toits. Elle glissa dans l’angle formé par deux murs et se retrouva sur les pavés. Seule une petite vieille assise sur un banc se trouvait là et la regardait avec des yeux ronds. Mais elle ne bougea pas, même son expression étonnée, presque amusée, resta figé sur son visage. Balsa traça sa route sans se retourner. Elle prit à droite à l’angle et disparut de la vue de la vieille qu’elle n’en revenait toujours pas.

Les rues se succédaient rapidement, la chimère ne se concentrait que sur l’essentiel : ne pas croiser de garde. Elle dut bifurquer discrètement à plusieurs croisements pour éviter de rencontrer une patrouille. Des civils, il y en avait partout, beaucoup trop à son gout. Elle avait eu du mal à s’adapter à leur présence après avoir vécu seule dans la jungle de Rosyel. Bientôt, Balsa fut à la sortie de la ville. Deux gardes discutaient sur le bord de la route. Elle se faufila derrière les maisons, passant par les jardins pour éviter d’être vue et courut ensuite jusqu’au sous-bois.

Elle franchit la ligne des premiers arbres et s’accorda une pause. Pendant qu’elle observait scrupuleusement derrière elle pour voir si elle n’était pas suivie, sa respiration et son rythme cardiaque se calmèrent. Une fois convaincue que personne n’était après elle, soulagée, elle s’enfonça plus profondément dans la forêt. L’endroit qu’elle avait indiqué à Mataro, elle ne l’avait pas choisit au hasard. C’était un bâtiment désaffecté dans lequel elle s’était abritée plus d’une fois, surprise par le mauvais temps au milieu d’une partie de chasse ou d’un entraînement. Il était caché par les arbres de la vue des humains, mais une créature volante le trouverait facilement car il se tenait au milieu d’une clairière ouverte par les anciens exploitants.

Comme l’endroit n’était pas tout à fait à côté, et qu’aucun danger ne pointait à l’horizon, Balsa se contenta d’un pas rapide pour se rendre sur place. Elle apprécia même cette promenade au milieu de la nature. Elle s’y sentait tellement plus à l’aise qu’en ville, ici elle ôtait sa capuche. Les rayons du soleil qui filtraient à travers le feuillage pouvaient caresser ses joues rayées de noir. Elle arriva dans la clairière une demi-heure environ après sa séparation avec Mataro.
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyDim 25 Sep 2011, 01:43

[Comme je l’ai déjà dis, je suis affreusement désolée de ne pas avoir répondu plus tôt… ]

Le sang de la petite créature lui dégouline du museau…
*T’étais obligé de faire ça ?*
*Faire quoi ?*
*A ton avis… vous auriez pas pu juste partir ?*
*Oh, tais-toi !*
*Me parles pas comme ça !*

Balsa regarde Mat du haut du toit. Je vois dans ses yeux qu’elle a du mal à comprendre ce qu’il a fait, elle a la même impression que moi. Ca me donne une raison de plus de me séparer de mon double. Elle se jette du toit pour venir près de lui, et semble faire abstraction de ce qu’il vient de faire… pour penser à la suite sans doute. Mais au fond d’elle, je suis certaine qu’elle n’oubliera pas que Mataro est une bête. Un monstre…

_ Si on veut pouvoir parler, il vaut mieux disparaître d’ici.

Sans blague ! Avec ce crétin de Mat’ qui a eu l’excellente idée de faire en sorte que tout le monde se demande, lorsqu’ils la découvriront, ce qui a bien pu arriver à la ch’tite bête qui ne faisait finalement que son boulot de gardienne, on est vraiment pas tranquilles ici ! Pour de bon qu’il faut disparaître !

_ Hors de la ville, personne ne doit nous remarquer. Si tu dis que je ne crains rien, je vais passer par les rues…

Elle a raison. Pas besoin de répondre, elle a tout à fait raison. On n’a qu’à se séparer pour se retrouver un peu plus loin. Pendant que je me demande s’il va opter pour le vol ou la course sur toit, comme il a eu l’air d’y prendre gout, elle positionne sa cape correctement, met sa capuche sur la tête et observe au loin. Il ne bronche pas d’un poil… Il faut avouer qu’il s’échappe d’elle une aura particulière, surtout quand elle est couverte de ce voile noir qui la rend… énigmatique.
Son doigt se pointe vers le nord, elle me parle d’une tour de garde. Bien sur, que je la connais cette tour de garde. Combien de fois j’ai observé la fin de la nuit où le bâtiment parmi la végétation qui ressemblait à une fourrure ébouriffée, baignait dans la lumière apaisante et joyeuse d’un soleil levant ?!
Mataro fait oui de la tête. Cette image est une de celles qu’il préfère… avec le sang, et tous ces trucs dégueux qu’il a tendance à aimer bien sur…

Balsa ajoute qu’il faut que Mat’ fasse un détour, histoire de ne pas ameuter de monde… Mon double et moi sommes d’accord. S’il n’y avait eut que nous, ça ne l’aurait pas gêné, comme ça ne m’aurait pas embêtée de tracer, quitte à se faire repérer et pourchasser. Mais la vie de notre amie chimère est aussi en jeu, nous devons prendre des précautions. Mataro acquiesce donc et la laisse parler. Plus loin, un autre lieu d’exploitation des hommes. Hmm… Mat semble voir mieux que moi, je n’en ai pas eu connaissance.

_ On se retrouve là bas.

Sans en dire davantage, elle s’en retourne et disparaît, tranquillement. Mataro la regarde. Il ne bouge pas.

_ Ouais, fais attention à toi, dit-il une fois qu’elle a disparu.
*T’en fais pas, elle va faire attention. C’est une grande fille*
*On n’est jamais trop prudent…*
*dis voir, Mat’… tu n’as pas quelque…sentiment pour elle ?*
*QUOI ?! Comment ça ! T’es pas bien ?!*
*Calme-toi donc ! C’était juste une question…*

Sans répondre, il s’élance sur le toit qu’il avait quitté il y a quelques instants à peine, et se met à tracer un chemin à angle droit de celui emprunté par notre amie. Direction le sud-est, en faisant le plus de boucan possible, histoire de diriger les regards et les oreilles vers nous, pur laisser une chance supplémentaire à notre amie de filer sans être remarquée.
*Comment ça se fait que tu connaisses ce chantier dont parlait Balsa ?*
*qu’est-ce qui te dit que je le connais ?*
*me prends pas pour une bille !*
*Oh, j’ai eu l’occasion de prendre le pas quand tu dormais, de temps à autres, et de venir par ici… *
*tu sais qu’il y a plusieurs heures de marches jusqu’au lac Olia !*
*Eh bien j’ai su te subtiliser des morceaux de journée, on va dire ça comme ça*
*Des morceaux de journée ?! Qu’entends-tu par là ?!*
_ Il est là ! C’est lui, le monstre !

Il s’arrête, sur le rebord d’un toit, et plonge son regard dans l’amas formé par les habitants des lieux. En bas, dans les rues, un groupe d’hommes qui pointent Mataro du doigt.
*tu les reconnais, je suppose…*
*euh…*
*Mat’ ?! *
*euh… *
*Mataro, ce sont les crétins qui nous ont poursuivis quand on est allés chez Balsa ! *
*Ah, il me semblait bien aussi… *
* Tu comptes faire quoi ? *
*Comme d’hab’, improviser. *
_ Vous tombez bien
, leur lance-t-il. Je comptais faire un peu d’exercice !
_ Tu vas voir sale bête !
_ Suivez-moi si vous pouvez, mollusques !

Ce disant, il étend ses ailes, et plonge aux travers de la foule en délires, certains Reiloriens qui crient, d'autres qui applaudissent pour le spectacle, d'autres encore qui s’enfuient de peur qu’il ne les tue, tandis que le groupe de traqueurs se baisse pour le pourchasser alors qu’il s’envole et continue sa route dans la rue face à nous.
Sur son chemin, les badauds se bousculent, se jettent au sol, s’échappent, se plaquent contre les murs, pour ne pas se trouver sur son chemin ni celui de nos poursuivants. Après notre passage, je suis certaine qu’ils restent en place, interdits, cherchant à comprendre ce qui vient de se passer. Tentant sans doute de se persuader que cela ne vient pas de se passer. Que c’est un rêve. Trop terrifiant pour être réel.
Mataro trace, sans avoir à se soucier de cet élément qui semble être le sien comme il paraissait tout à l’heure obéir à Balsa, il avance avec grâce et agilité, mais toutefois pas assez rapidement pour distancer nos assaillants, qui tracent, eux aussi, en braillant comme des corbeaux.

*Tu devrais faire quelque chose, Mat’*
*Comme quoi ? Je fais déjà ce que je peux !*
*Comme quitter cette ville, t’envoler et les abandonner là ! *
*T’en fais pas, j’ai un meilleur plan…*
*eh bien justement, j’ai peur de tes plans, surtout s’ils sont « meilleurs » que ceux que je propose *
*Ouais mais ce sont mes plans qui ont été les plus probants à ce jour, Iburo !*
*Tss… évite de te faire choper avant de le mettre en œuvre, alors !*
*Comme je l’ai déjà dis, je suis le pied au plancher. Alors laisses-moi faire et tais-toi !*

Non loi, nous voyons enfin la sortie de la ville, la fin de notre calvaire. c’est le moment de dire adieu à nos collègues au filet, et de quitter les lieux définitivement. C’est dommage de ne plus pouvoir poser la patte ici, mais en attendant que notre nouvelle réputation s’atténue, il vaut mieux disparaître.
Mais, encore une fois, contrairement à ce que je me dis, Mataro s’arrête devant la dernière maison avant notre sécurité, et fait face aux hommes qui, troublés, s’arrêtent aussi, à une bonne dizaine de mètres de lui. Chacun a ses armes en main. Non loin, des gardes s’approchent aussi, prêts à faire appel à leur expérience si la situation dégénère.

[color=darkred]_ Je me disais une chose, annonce Mataro. Ça ne devrait pas être moi qui fuis. Ça devrait être vous. Vous tous qui ne m’aller pas à la cheville ! Vous tous qui vous croyez si surpuissants en nombre, face à moi, pauvre petite créature solitaire et fragile.
*Ca y’est, t’as fini ton discours ? Tu leur as bien fais peur, on peut y aller ?*
*laisses-moi m’amuser encore un peu !*
_ Et qu’est-ce qui te dis qu’on est si faibles ?
_ Un jour, je reviendrai. Et je vous tuerai tous ! Sans exception. TOUS !

Il explose alors d’un rire rauque et qui me fait frissonner. Je sais parfaitement qu’il n’est pas de taille à les tuer, pas tous en tout cas. Il y laisserait rapidement sa fourrure, avant de tuer la moitié d’entre eux. C’est du bluff, du pur bluff. Ce que je ne comprends pas, c’est la raison pour laquelle il fait ça !
Les hommes le regardent, ils n’osent piper mot. Est-il convaincu à ce point de ce qu’il avance ?

_ Prouve-nous ta puissance, l’oiseau rouge !
_ Rien ne m’aurait fait plus plaisir, l’insecte.

Ce disant, dans un ton des plus glacés, il ouvre la gueule et se tourne vers la maison à nos côtés. Et là, une gerbe d’un feu jaune or s’échappe pour aller lécher de sa chaleur les murs de la chaume. En quelques instants, la demeure est en prise aux flammes, les hommes hésitent entre la fuite, l’appel à l’aide et l’envie de secourir les gens prisonniers qui se mettent à hurler désespérément.

_ Je reviendrai, souvenez-vous en ! Et je vous tuerai tous !

Sur ce, il éclate à nouveau d’un rire morbide et s’envole pour la forêt face aux hommes, qui hésitent encore à bouger, eux aussi en prise à l’idée que c’est juste un terrible cauchemar !
Je suis choquée ! Je ne l’ai jamais vu comme ça. La violence gratuite, la haine aussi forte chez lui… je ne comprends pas.
*Mat… pourquoi t’es comme ça ?*
*Laisse tomber, tu comprendrais pas*
*Mat’ ! *
*Je te dirai rien, laisse tomber !*

Tu perds rien pour attendre, Mataro.
Je saurai, un jour.

Il se laisse porter par le vent, au dessus de la forêt, observe qu’au loin, il n’y a plus que les arbres. Il ne parvient même plus à voir les dernières maisons du village. C’est bon signe. Il forme alors un immense demi-cercle au dessus de la mer verte, profitant des courants chauds qui s’évaporent des feuilles tendues vers le soleil, et observe en dessous de nous, pour voir le bâtiment en question.
Il ne lui faut pas très longtemps pour le trouver, les airs étant un excellent moyen d’avancer de façon rapide et précise, et nous pouvons voir un trou entre les arbres, non loin de la tour de garde.
Il fonce vers ce qui me semble être un renfoncement, avant que je me rende compte qu’il s’agit de ladite clairière avec son chantier de bois. Il sait exactement où c’est, c’est qu’il a du venir souvent ici…

Se posant sur le toit, il arrête et regarde autour de nous. Il n’y a personne. Il renifle. Pas d’odeur. Pas encore.

*Tu peux m’expliquer maintenant ?*
*Laisse tomber.*
*Ca fait trois fois que tu me le dis, arrête !*
*Je te laisse la place.*
*Quoi ? Mais je…*

Il ne me laisse pas le temps d’ajouter quoi que ce soit et me balance dans la réalité. Tu vas voir, Mataro ! Je t’attends au tournant. En attendant, je décide de visiter ce petit chantier, vais me poser au sol et observe. Oui, enfin, petit chantier… il n’est pas si petit que ça !

Soudain, un bruit dans la végétation ambiante me tire de mes pensées. Je me cache aussi vite que je le peux, avant d’humer l’air, et de me rendre compte qu’il s’agit de Balsa. Je décide d’occulter ce qui nous est arrivés, à Mat et moi, dans les rues de Reilor. Je verrai ça avec lui. Et peut-être qu’après, elle pourra savoir.

Allez, calme-toi, Iby. Tout va bien, on s’en est sortis, c’est tout ce qui m’importe. J'arrive à sa portée visuelle, et tente de cacher ma colère envers mon autre.

_ Pas de problème pour arriver ici ?

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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMer 28 Sep 2011, 02:47

Une chouette hulula quelque part dans la forêt et Balsa leva les yeux en direction du cri. En avance celle-là… à moins qu’il soit plus tard que je l’imagine. Assise sur une souche, emprunte de l’exploitation de bois qui avait ouvert la clairière, la chimère patientait en attendant l’arrivée de Mataro ou Iburo. Patienter consistait pour l’heure à triturer un bout de bois, l’épluchant de son écorce avec grand soin, tout en écoutant les bruits animaux qui parvenaient à ses oreilles. Ses pupilles scrutèrent le feuillage des arbres mais ne trouvèrent pas l’oiseau, alors elles en revinrent au bâton, aidant les mains à le dépouiller d’un nouveau lambeau de sa peau végétale.

Cette tâche manuelle répétitive laissait libre cours à ses pensées. Et autant dire qu’elles avaient grand besoin d’être réassemblées, reconsidérées et étudiées plus avant. La journée avait été des plus mouvementée, changeant grandement de l’ordinaire qu’elle connaissait, routine d’une voleuse discrète et solitaire. De la veille et de la nuit, elle n’avait qu’un souvenir vague : rien d’important, c’était sûr. Tout avait basculé quand Iburo avait débarqué, comme une fleur, alors qu’elle mangeait tranquillement installée au pigeonnier. La revoir vivante si soudainement l’avait réjouie à la rendre survoltée… Un sourire s’imprima sur ses lèvres alors qu’elle grattait du bout des ongles un bout d’écorce particulièrement coriace. Il se décrocha finalement, éjecté du fait d’avoir été arraché si brutalement. Le sourire de Balsa retomba. Mais maintenant je dois trouver une autre planque…

Elle avait beau retourner le problème dans tous les sens, tout revenait toujours à ses camarades chimériques. C’étaient eux qui avaient attirés l’attention, eux qui avaient conduits les gardes sur leurs pistes, eux qui avaient anéantis le travail de discrétion de la chimère en quelques instants. Tout n’est pas perdu mais… à cause de ça, les toits vont être bien plus surveillés, les gardes et les rondes multipliées… Il fallait se rendre à l’évidence, elle devrait devenir invisible pour survivre en ville.

Pouvait-elle leur en vouloir ? A cette idée, ses entrailles se nouèrent. Non… vu l’allure… difficile d’être discrets pour eux… Cependant il y avait attirer l’attention pour son physique et attirer l’attention pour ses actes. Les humains avaient beau être bourrés de préjugés racistes, ils ne s’en prenaient à ceux qu’ils appelaient « monstres » que lorsqu’ils avaient de bonnes raisons. Mis à part les fous furieux de l'acabit de Octavia, bien entendu.

Son bout de bois tout nu, Balsa eut un rictus de satisfaction et bondit sur ses pieds. Saisissant le bâton comme une épée courte, elle mima quelques mouvements de combats, bottes et parades enchainées. Son expérience avec ce genre d’arme était limitée et il restait dans ses souvenirs des images de Kaleya chez qui cela semblait si naturel. Essayant de reproduire une de ses feintes, elle se lança face à un ennemi invisible et envoya l’estoc… avec bien moins de précision qu’elle n’avait espéré.

Abandonnant l’idée d’un entraînement, elle commença à tourner en rond, jouant avec son bâton, quand des bruits de pas lui firent lever les yeux sur Iburo qui arrivait tranquillement. Elle cessa de marcher et laissa son amie approcher, considérant avec soulagement qu’enfin elles allaient pouvoir parler, sans crainte des hommes et sans que la fatigue ne voile le regard de la femme-renard.

- Pas de problème pour arriver ici ?

Le sang toujours répandu sur Iburo lui donnait un air que Balsa ne lui avait jamais vu. Séché, le rouge était devenu noir et dégageait une odeur de mort. Ces visions ne la troublaient habituellement pas, pourtant les voir couvrir le visage de son amie la perturba. Rien à voir avec la Iburo qu’elle connaissait, celle qui était devenue une amie de comptoir, celle qui avait prit le bateau avec elle… Si ces derniers souvenirs avaient été altérés par ceux, plus tragiques, de la tempête, ceux de leur première rencontre étaient brouillés par l’alcool. La différence avec l’image que renvoyait Iburo cette après-midi était pourtant nette. Et à y réfléchir, même l’attitude qu’elle avait eut ce matin ne lui ressemblait pas. Y’avait pas que la fatigue…

- Pas de problème, non… vous ?

Sur l’un des arbres non loin de la clairière, la chouette sortait doucement de son sommeil. La nuit n’était pas encore là, il faisait toujours bon et la vie grouillait sur son territoire de chasse. Elle s’ébroua, laissant glisser l’air sous ses plumes et laisser la fraîcheur réveiller chacun de ses muscles. Elle cligna ses paupières et ouvrit grands ses yeux en poussant un hululement de plaisir bref. Bientôt elle prendrait l’envol silencieux du prédateur qu’elle était.

Balsa tourna le regard vers le feuillage, cherchant à distinguer l’oiseau. Puis elle avisa la plus haute pile d’arbres abandonnés et s’y dirigea tranquillement. Elle balaya l’air devant elle avec son bâton puis le jeta en haussant les épaules. S’aidant de ses mains par peur de glisser sur la mousse, elle grimpa tout en haut s’assit au sommet, à califourchon. Elle regarda vers le ciel, puis promena son regard sur la clairière et les bois autour.

- Alors… Pourquoi tu es revenue ?

La chimère avait elle-même du mal à répondre à cette question. Quelque part elle espérait que Iburo pourrait lui apporter une part des réponses qu’elle cherchait. Iburo, la chimère gentille, qui jouait de la musique pour amuser les humains… A cette idée, Balsa ne put retenir un petit rictus de dégout. Ce qui lui avait parut déroutant alors la révulsait aujourd’hui. Mais tout à changé… j’ai changé… Iburo aussi avait forcément changé. La preuve n’était-elle pas le sang qui la couvrait ? Mataro est le seul responsable ?... L’image du petit chien écrasé sous la mâchoire de l’hybride aux yeux rouges surgit dans ses pensées. Il l’avait tué, comme ça, parce que c’était le plus simple.

- Je me demande quand même… comment une musicienne et amuse-gens arrive à se faire détester par les gardes à ce point alors qu’elle vient de débarquer ?

Balsa regretta le terme « amuse-gens », mais pas la pointe de reproches qu’elle n’avait pu se retenir de placer. Pourtant elle avait un sourire complice quand ses yeux vinrent se poser sur Iburo. Elle était en réalité très curieuse de connaître le comment et le pourquoi de ce qui avait bouleversée leur journée. Alors que son amie cherchait les premiers mots de sa réponse, elle glissa :

- Quoiqu’on fasse, c’est pas malin de se faire remarquer.

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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyJeu 29 Sep 2011, 01:53

Elle me regarde comme si j’étais… Un monstre, c’est ce qui me vient en tête, la première chose à laquelle je pense. En me laissant la place, Mataro a laissé les marques de la mort du chien, ainsi que celle du feu qu’il a craché sur la demeure de la ville de Reilor sur mon corps… je ne me souvenais même plus que j’avais ces marques ! Oh merde ! Manquait plus que ça, que mon amie, la seule que j’ai eu après mon cher et tendre Zanack, me rejette parce que j’étais devenue une bête de sang, Mataro m’ayant entrainée dans son terrain dangereux !
Non, je ne peux pas expliquer ce qui nous est arrivé… elle ne comprendrait pas et nous regarderait, Mat et moi, avec plus de suspicion encore ! Le seul geste que l’ai alors, c’est celui de l’enfant pris sur le fait : je baisse les yeux pour regarder si au sol, on m’en veut moins…

_ Pas de problème, non, dit-elle. Vous ?
_ Oh, non plus…

Je ne peux pas le lui dire ! Mataro a décidé de faire un max de bruit pour attirer l’attention sur lui, il a failli y laisser la peau et il a terminé en brûlant des innocents ! Tout va bien, on n’a pas eu le moindre souci ! Non, je ne peux rien lui dire tant que je ne saurai pas ce que me cache mon satané double ! Mais la colère est bien présente, j’ai du mal à la mettre de côté. Espérons qu’elle ne s’en aperçoive pas.
Alors que je suis encore sur les nerfs à cause de ce qui est arrivé plus tôt, un bruit m’arrache un mouvement vif des oreilles. Ce n’est qu’un hibou. Balsa regarde tranquillement dans la direction du bruit, sans doute histoire de voir le rapace s’envoler pour sa chasse nocturne. Ce n’est rien. Ce n’est personne… juste un animal. Ce n’est rien ! Calmes-toi !

Mon amie décide de monter sur l’amoncèlement de bois devant nous, je n’avais même pas vu qu’elle avait un bâton à la main. J’aurais pu lui parler de ce bout de bois ! Tu fais quoi ? Tu t’entrainais ? Tu m’as attendu longtemps ? Tu n’as pas eu trop peur ? Tu n’as pas été embêtée ?
Elle s’assied sur le tas, et observe les alentours. Je la suis, incapable de faire quoi que ce soit d’autre. toujours comme un enfant qui ne sait pas comment se faire pardonner, un enfant qui a fait une énorme bêtise… les mains dans le dos, je scrute le pied de la pile de bois. Que dire, que dire ! Son bâton a été balancé là, je le regarde. J’hésite à la rejoindre en haut.

_ Alors… pourquoi es-tu revenue ?
_ euh…

La question est si vive, si brutale à mes oreilles, ma queue bat l’air frénétiquement… l’indécision est reine dans mon royaume intérieur.. j’espère que tu es content, Mataro ! Tu me forces à me taire, alors que tu as commis un acte immonde ! Je dois le supporter avec toi ! Moi qui déteste la violence, moi qui hais la vue du sang et tout ce qui va avec ! Et je dois faire comme si de rien n’était, devant notre amie qui ME demande des comptes à présent ! Tu as réussi à briser ma vie ! J’ai perdu l’homme de ma vie, je ne veux pas perdre une amie !
Il n’écoute pas mes hurlements internes, il boude dans son coin. Pas content que je me sois énervée contre lui, de qui se fiche-t-il, hein ?!

_ Eh bien, à la base, j’étais juste venue pour te voir. Je suis revenue à Reilor après un voyage qui m’a paru durer une éternité, depuis cette ile dont je ne veux pas me souvenir…

Je ne veux vraiment pas m’en souvenir ? J’ai pourtant rencontré là bas une charmante femme, une adorable créature, qui a manqué de nous dévorer, Mat et moi, mais néanmoins magnifique ! Et qui voulait… se faire notre amie… bien sur que si, je veux m’en souvenir de cette ile. C’est le voyage que je veux occulter. Tant pis, ce qui est dit ne peut pas être oublié.
Finalement, je monte sur le monticule pour la rejoindre.

_ Je te croyais morte. J’étais persuadé que tu y avais laissé ta peau dans ce naufrage. Mais quand j’ai si que tu étais là… tu comprends, je n’ai pas résisté à l’envie de rendre visite à une amie ! Et puis franchement, tu ne m’en aurais pas voulu de te savoir en vie mais de ne pas venir te voir ?

Puis elle demande comment je suis devenue la mauvaise bête des lieux. Comment je suis passée de barde à danger public. Tss ! Si elle savait, elle n’aurait même pas à poser la question et se retournerait contre moi… et contre Mataro ! Il l’apprécie beaucoup, je le connais comme si je l’avais fait et je peux dire sans connaître ses pensées qu’il l’adore.

_ Quoiqu’on fasse, c’est pas malin de se faire remarquer.
_ Oui, je sais. Je suis vraiment désolée. Je ne comprends pas moi-même ce qui a bien pu arriver pour qu’ils croient ainsi que je suis un monstre plus qu’un être qui ne cherche qu’à vivre.

Et si je lui disais tout ? Elle comprendrait, elle prendrait sans doute la fuite mais… elle saurait que ce n’est pas de MA faute ! Elle ne m’en voudrait pas. Et pour tout avouer, elle aurait raison de prendre ses distances. Finalement, je ne suis peut-être pas une relation à garder. Je ne fais pas partie de ces « bonnes personnes » que l’on doit garder dans ses relations.
*Et tu penses à quoi au juste ? Qu’on perde la seule amie qu’on ait ?*
*Si je veux la sauver de tes griffes, il faudra bien que je lui dise ton véritable fond, un jour ou l’autre. *
*Ne lui dis rien ! *
*Bon, je vais déjà lui dire ce qu’on a entendu juste avant de quitter son chez-elle. Elle comprendra mieux*

_ Ecoute, je crois qu’on m’a vue entrer chez toi, et on a sans doute associé quelques vols comme étant mes faits. Tu sais, quand on veut faire piquer son chien, on dit qu’il a la rage ! Tu as la chance de pouvoir te fondre dans le décor, moi pas. Et mon apparence fait de moi le monstre des contes de fée. Je n’y peux rien. Ils m’assimilent au mal.

Bien sur, je suis persuadée qu’ils en avaient surtout après Balsa, mais le fait qu’ils ne le sachent pas à Reilor lui donne l’avantage. Elle pourrait très bien y retourner. Et vivre comme tous les autres habitants normaux. C’est même la chose que je lui souhaite.

_ Tu peux très bien y retourner, tu sais. Je rentre à Olia, de toute façon. Je crois que j’ai besoin de rester seule un peu.

Enfin, mon regard de coupable disparaît pour laisser place à un autre, triste et nostalgique.

_ Et je ne veux pas te causer de tors.



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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyJeu 29 Sep 2011, 17:36

La chimère agitait nerveusement l’extrémité de sa queue en attendant la réponse de Iburo. Enfin, surtout sa réaction à vrai dire : comment elle allait prendre ces remontrances et si elle allait saisir le sous-entendu de sa dernière remarque. Le suspense ne dura pas longtemps et Balsa constata, déçue, que ce ne fut pas le cas.

Quelle était la réaction de son amie ? Etre désolée. Et regretter de passer pour un monstre. Comme elle semblait chercher ses mots, Balsa retenait les siens. Pourtant déjà ses lèvres brûlaient d’impatience de prononcer bien des choses... Cependant ce n’était pas plus mal qu’elle se taise, car les propos qu’elle aurait sur le coup seraient forcément blessants. Attendant la suite des explications, elle tortilla en elle ses pensées pour leur coller des mots qui n’auraient pas de connotation négative, elle bidouilla ses phrases pour qu’elles n’aient pas le parfum de violence qu’elles transpiraient dans son esprit. L’exercice lui faisait chauffer les méninges et elle fut bien contente d’être tirée de cet effort mental par Iburo qui reprenait :

- Ecoute, je crois qu’on m’a vue entrer chez toi… Tu crois ? Et la prudence alors ? Quoique si elle a rien à se reprocher… associé quelques vols comme étant mes faits… Association rapide chez le clampin humain… tuer son chien, on dit qu’il a la rage…

Un sourire s’étala sur le visage de Balsa. Intéressant, très intéressant même de choisir machinalement un animal pour parler de nous… Son rictus retomba bien vite, alors que Iburo concluait d’un ton navrée « Ils m’assimilent au mal ». Un mouvement de queue plus ample, un soupir et elle passa une main sur son visage, cogitant sur tout ce qu’elle venait d’entendre.

- Tu peux très bien y retourner, tu sais. Je rentre à Olia, de toute façon. Je crois que j’ai besoin de rester seule un peu… Et je ne veux pas te causer de tors.

L’espace d’une seconde Balsa eut l’idée de venir tapoter l’épaule de son amie pour se faire rassurante. Elle retint son geste, avortant le mouvement de tendre le bras qu'elle s’apprêtait à exécuter.

- T’en fais pas, je m’en sortirai j’ai vécu pire je crois… Et je comprends que tu veuilles rester seule. Sois prudente c’est tout.

Elle descendit de son perchoir sans vraiment y réfléchir, se laissant glisser jusqu’au sol, récupéra son bâton et ôta la terre qui en souillait l’extrémité. Non elle ne partait pas, mais ce qu’elle avait à dire à présent, parce qu’elle ne pouvait taire ses pensées plus longtemps, elle ne trouvait pas le courage de le dire en face, les yeux dans les yeux.

- Tu sais Ibu, je voudrais pas avoir l’air de te faire la morale mais… Tu as prit l’image d’un chien pour parler de nous. Et à raison. Nous ne sommes pas humaines. Certains diront que nous sommes bien moins, moi je crois que nous valons bien mieux. On devrait pas chercher à vivre en humain, en fait… cette idée même me répugne. Les loups tentent-ils de vivre comme des chèvres ?

Une botte en avant, frappe à droite, frappe à gauche, le bâton fouettait l’air en émettant des sifflements tremblants. Il fallait bien contenir la colère qui montait au fur et à mesure que les mots étaient prononcés et leur écho perçu dans toute sa virulence. Il fallait bien contenir la colère, avant qu’elle ne vrille ses entrailles et court dans veines vêtue d’un irritant grésillement électrique. Elle n’avait pas eut besoin de ça pour se sentir différente, cependant depuis qu’elle avait acquis cette puissance, elle se sentait plus que jamais autre chose, loin, très loin du genre humain. Elle s’arrêta soudain et fixa un point quelque part dans la forêt.

- Je comprend pas pourquoi tu veux oublier Rosyel, j’ai beaucoup aimé y vivre moi… Bien sur, les elfes sont tout aussi débiles que les humains et sacrément plus dangereux alors c’est impossible de vivre parmi eux. Mais dans la jungle…

A évoquer l’île, les images fusaient dans sa tête et elle retrouva en un instant le sourire. Se tournant vers Iburo, tentant de lui faire partager son enthousiasme, elle poursuivit :

- Plus besoin de s’habiller en humain, plus besoin de politesses et bavardages futiles ! Plus de lois, plus de bien ou de mal ! Plus besoin de vivre au rythme d’une société qui n’est pas la notre, plus besoin de se cacher ou de se déguiser. Plus d’argent aussi, donc plus de vols… Enfin ça servirait à rien : la jungle est remplie d’animaux de toutes formes, de fruits de toutes les couleurs et de cours d’eau. On est chez soi partout ! Même si rien ne nous appartient. On prend, sans rendre de comptes à personne. Et on devient alors ce que l’on est vraiment. Pas ce qu’on devrait, ou ce qu’on se force à être. Ce que l'on est vraiment, par nature, l'essence même de son être. Et tu sais quoi ?...

Elle serra le poing sur son bâton, brandit en direction de Iburo. Pour la suite, soutenir son regard serait plus difficile. Les pupilles brillantes, elle fit un effort infini pour ne pas ciller.

- J’ai appris à être moi là-bas. Je ne suis plus celle que j’étais avant. Je suis bien moins… humaine.

Donner des détails risquait sans doute de blesser son amie, pourtant la chimère se força à aller jusqu’au bout.

- J’ai souvent fait couler le sang. Pour me défendre, pour faire taire un témoin gênant, pour accéder à ce que je voulais… ou par dégout de certains individus. Un loup se moque du mouton qu’il sacrifie… Tu comprends ce que je veux dire ? Mataro qui mord un roquet pour le plaisir, c’est stupide vu les circonstances, mais ça me choque moins qu’une créature comme toi qui se satisfait de jouer les troubadours pour les péquenauds du coin !

C’était sortit tel quel. Fixant toujours Iburo dans les yeux, Balsa avait le sentiment que c’était sans doute la dernière fois que son amie – si le terme pouvait encore être employé – lui adresserait la parole. Cette idée l’attristait, sans qu’elle regrette pour autant le moindre de ses mots. Elle jeta son arme de fortune nerveusement et fit quelques pas dans la clairière, fuyant le regard de la femme-renard et calmant la tension qui montait en elle. Elle reconsidéra ce qu’elle venait de dire et le choc que cela avait pu être pour Iburo. Cela la fit doucement rire. Puis elle se rappela qu’il y avait un spectateur muet à toute cette scène, silencieux et invisible depuis le début, mais bien présent. Alors elle trouva le courage de faire porter sa voix une nouvelle fois, bien que la salive commençait à lui manquait, elle si peu loquace d’habitude.

- Mataro ! T’apprendras quand même que pour s’amuser comme ça, il y a l’art et la manière. Je sais pas… des heures et des endroits plus appropriés, des proies plus intéressantes aussi… enfin ce que je veux dire c’est : fais pas trop le malin. Ya toujours plus puissant que soi...

Elle se tourna vers la chimère et murmura dans un sourire :

- Quoiqu'on fasse, c'est pas malin de se faire remarquer...

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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyJeu 29 Sep 2011, 22:58

J’observe mes pattes, silencieuse. J’attends qu’elle me critique ou qu’elle appuie mes paroles. Nous avons toujours été quelque peu différentes, toutes les deux. Une façon différente de se voir, une façon différente de voir le reste du monde, et la vie.
Elle me demande de ne pas me faire de souci, qu’elle pourra s’en sortir. Qu’elle n’est pas en sucre, en somme. Elle veut juste que je sois prudente.
Moins de reproches que je me l’imaginais. Je souris, soulagée. Elle descend, et reprend son manège, avec ce bâton… comme pour s’occuper l’esprit, comme pour se donner une contenance.
Puis elle prend à nouveau la parole. Pour dire que nous ne sommes pas humaines. Que nous ne le serons jamais. Cela me fait penser à ce rêve. Si étrange, si désagréable. Une peau humaine, des oreilles petites, des mains, des pieds. Pas de cornes, pas d’ailes… et Zanack qui me regardait comme un monstre plus encore qu’avant. Pour Balsa, nous sommes plus qu’eux. Ces humains qui nous haïssent tant, qui nous pourchassent comme des bêtes. Nous vallons mieux que ces êtres sans gêne qui n’hésitent pas à chasser ceux qui ne leur ressemblent pas. Elle ne veut pas vivre en autre chose qu’elle-même. C’est compréhensible. Moi… je ne sais pas. Je voudrais avoir ma place au sein de ce vaste univers, qu’on ne fasse pas l’effort de réflexion, qu’on me prenne pour ce que je suis en me mettant au même niveau que les autres. Je n’ai rien à prouver, je ne veux être meilleure que personne. Je veux juste… vivre !
Elle continue son petit manège, jouant avec son arme en bois tel un véritable mousquetaire, et je sens dans ses gestes qu’ils sont vifs. Trop vifs. A moins qu’il s’agisse là de sa manière de combattre à l’épée ou au sabre. Je sais qu’elle veut me faire passer un message, mais nos deux chemins étant différents, je crois qu’il me manque ce quelque chose pour comprendre ce qu’elle veut dire.
N’ai-je pas le temps de continuer à décrypter son message qu’elle stoppe le manège qu’elle faisait, pour observer au loin. Rosyel n’était pas une si mauvaise île que cela ; pour elle. Loin de mon chez moi, loin de ce que je possédais et qui ressemblait grossièrement à la maisonnette de mon Zanack perdu, je me sentais si petite, si ridicule. Pour la plupart, les autres avaient une famille, une vie en communauté. Moi, je suis privée de cet avantage. Privée de cette vie ! C’est pourquoi je veux l’oublier. J’étais loin de ce que je considérais comme mon « chez-moi ».

Elle parle de la jungle. Redécouvrir son intérieur, retrouver ses racines animales, comprendre ce que l’on est réellement…
La seule chose sauvage que j’ai pu vivre était la chasse et la pêche, avec… enfin, je n’ai jamais vécu comme une bête à proprement parler.

_ J’ai appris à être moi là-bas. Je ne suis plus celle que j’étais avant. Je suis bien moins… humaine.

Que veut-elle dire exactement ? Elle se sent différente parce qu’elle a trouvé la part naturelle et bestiale en elle ?

_ J’ai souvent fait couler le sang. Pour me défendre, pour faire taire un témoin gênant, pour accéder à ce que je voulais… ou par dégout de certains individus. Un loup se moque du mouton qu’il sacrifie… Tu comprends ce que je veux dire ?

Ouais, euh… non en fait ! Elle me reproche quoi ? D’être trop gentille ? D’avoir un semblant de compassion pour un être que je tue ? De ne pas vouloir faire de mal ? De chercher à devenir autre chose ?
Bien sur que j’ai tué, moi aussi. Pour me nourrir exclusivement. Mataro l’a fait surtout pour le plaisir et par contrariété. Je n’ai jamais cherché à le faire pour autre chose que manger. Je n’aime pas tuer, je n’aime pas la vue du sang. C’est tout.
Balsa continue :

_ Mataro qui mord un roquet pour le plaisir, c’est stupide vu les circonstances…

Je sens soudainement mon double agité par une colère sourde, il se dresse et tend l’oreille, tout à coup prêt à rétorquer d’un ton qui lui est si familier.

… Mais ça me choque moins qu’une créature comme toi qui se satisfait de jouer les troubadours pour les péquenauds du coin !

Pour… quoi ?! Pour les péquenauds du coin ? Mais s’est-elle un instant demandé si ça ne me suffisait pas de vivre ainsi ? Ne s’est-elle pas dis une seule seconde « elle a l’air heureuse comme ça, jouer de la musique ça doit être son dada ». Non, pour elle, le fait de jouer les funambules dans les rues, ça fait de moi une moins-que-rien ? C’est plus stupide que de vivre comme un chat sauvage avec ses pulsions et ses instincts primaires ? Un rire sadique monte dans ma tête.

*Kes t’as ?* Dis-je intérieurement. *Ca t’fait rire ?*
*Tu n’imagines pas à quel point ! Elle semble plus proche de moi que de toi, cette amie si chère que tu as appris à aimer ! *

C’est si étrange. Cette discussion me laisse un goût… amer dans la bouche. On m’en veut de ne pas m’accepter ? On aurait raison. Mais je n’ai jamais vécu autrement. J’ai appris à attendrir gentiment le public, à le laisser parler de mes aspects, je l’ai dompté jour après jour. Je lui ai appris aussi. A me respecter pour ce que je suis.
Il semble qu’elle n’en ait pas terminé avec moi…

_ Mataro ! T’apprendras quand même que pour s’amuser comme ça, il y a l’art et la manière.

Oh non… Non, Balsa, tu t’aventures sur un terrain particulièrement glissant, là !
Je sens la fureur de mon double qui s’empare de mon crâne. Oh non ! Si je lui laisse prendre le pas, il risque de…

_ Je sais pas… des heures et des endroits plus appropriés, des proies plus intéressantes aussi…

Alors qu’elle nous tourne le dos et qu’elle continue son petit discours sur la meilleure façon de s’amuser en tuant, je lutte intérieurement pour garder le contrôle de mon corps. Mataro déteste qu’on lui dise ce qu’il doit faire ! Il déteste qu’on lui dise qu’il est petit et faible.
Je n’arrive plus à le contenir, il se précipite au dehors, me laissant seule dans ma salle obscure, avec pur seule fenêtre ses yeux.
Je le vois s’avancer le plus vite possible, porté par la haine ! Il arrive derrière Balsa, les oreilles en arrière, la queue battante. Les babines déjà retroussées…
*BALSA* hurlai-je vainement. *Balsa, arrête ! Tu joues avec ta vie ! Arrête ! Mat, elle ne fait que te donner des conseils, ne le prends pas mal… BALSA !*

Mais elle continue :

_ Enfin ce que je veux dire c’est : fais pas trop le malin. Ya toujours plus puissant que soi... Quoi qu’on fasse, c’est pas malin de se faire remarquer…

Disant cette dernière phrase, elle se retourne et voit un Mataro énervé par ce qu’elle vient de lui dire. On ne dit pas à Mataro comment se comporter. C’est risquer sa vie inutilement ! Surtout si l’on est en bon terme avec lui !

_ Tu te crois supérieure aux autres, avec tes remarques ?

Je tente comme je peux de reprendre le contrôle ! Je ne veux pas perdre cette amie ! Je ne veux pas perdre encore un être cher ! Pas Balsa !

_ Tu crois vraiment que tu es mieux placée qu’Iburo pour savoir ce qui est bon pour elle ? Mieux que moi pour oser me dire ce que je devrais faire ? Je crois bien que tu n’as pas saisi l’importance de tes paroles : je fais ce que je veux ! Tu n’as aucune leçon à me donner ! Ni à moi, ni à Iburo d’ailleurs. Elle n’a jamais vécu comme un animal, la musique c’est la seule chose qu’elle a gardé de son crétin d’amant crevé.
*Non, Mat…*

Il n’a pas le droit de parler de Zanack, je ne veux pas en parler !
Cependant, je dois avouer qu’il est très étrange, je n’ai jamais connu Mat comme ça… Il ne m’a jamais défendue… ou bien en de très rares occasions. Je m’arrête, interdite. Mais il continue, intarissable :

_ Iburo n’a jamais été éduquée comme une bête, ni par une bête. Elle pense humain, elle vit humain, elle rêve de pouvoir devenir humaine, pour avoir la chance de se fondre enfin, un jour, dans la masse, et ne plus avoir de compte à rendre à personne ! C’était déjà son rêve pour pouvoir être enfin comme lui ! Tu n’as pas ce qu’elle a ! Tu n’as pas une masse de poils en guise de pelage, tu n’as pas ces ailes immenses qui te gênent quand tu dors, tu n’as pas ce physique si particulier qui te rend intouchable par la crainte ou par le dégout des autres ! Tout ce qui te rend « anormale » c’est ta foudre, ta queue et tes marques. Tu n’es pas comme Iburo. TU N’ES PAS COMME NOUS !

Les paroles sont allées crescendo, il les a terminées presque en hurlant tellement sa colère est forte… serait-il finalement plus attaché à moi qu’il n’y paraît ?
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyLun 03 Oct 2011, 00:45

Tap tap, tap tap, les bruits de pas se rapprochaient rapidement. On courait vers elle. Iburo est trop calme pour ça… Elle se retourna et ses yeux plongèrent dans les pupilles de Mataro, rougeoyant telles deux feux de colère. Elle ne semblait pas surprise de constater qu’il avait prit la place de son amie. Elle l’avait plus que cherché, en le provocant ouvertement. Un rictus déforme ses lèvres alors que les babines s’ouvrent pour cracher cette phrase :

- Tu te crois supérieure aux autres, avec tes remarques ?

Non. C’est ce qu’elle aurait répondu si elle en avait eu le temps. Bien qu’au fond elle sache que si, sinon pourquoi donner ces conseils ? Mataro poursuivait, vidant son sac et exprimant tout ce que lui inspiraient les propos de la chimère. Il en avait des choses à dire… Tant et tant que Balsa ne trouvait pas le temps d’en placer une. Elle le laissa aller au bout de ses pensées, sans l’interrompre et sans même ciller. Elle avait besoin d’entendre ça, d’entendre ces mots si crus que Iburo n’avait pas eu le courage de prononcer. Ou peut-être cette dernière était-elle trop aimable pour s’opposer si brutalement à son amie. Lui au moins était entièrement franc. Un sourcil de la chimère se leva à l’expression « son crétin d’amant crevé ». Bien joué, sympa d’en parler comme ça alors qu’elle entend…

Cependant Balsa avait imaginé qu’il serait d’accord avec elle sur de nombreux points. Elle avait supposé que lui non plus ne supportait pas de voir Iburo jouer les bêtes de foire, vivre en humaine et lutter pour s’intégrer malgré ses différences. Un peu déçue d’entendre qu’elle avait tort, elle comprenait pourtant qu’il veuille la défendre. Ils avaient toujours vécu ensemble et même si c’était contre leur gré, ils avaient toujours tout partagé. A l’évidence cela faisait d’eux des alliés inséparables, respectant et acceptant les choix de l’autre. Elle se demanda quand même si Iburo était aussi prête à le soutenir, dans toutes ses actions aussi noires et violentes fussent-elles.

Finalement, Mataro en vint à souligner les différences qu’il existait entre eux et elle. L’apparence physique jouait beaucoup apparemment. Oui, se cacher dans la foule était plus facile quand on avait des traits humains. Mais que les ailes qu’ils portaient soient à regretter, Balsa n’était pas du tout d’accord. La possibilité de voler, la liberté suprême, ne pouvait être qu’un don des plus enviables.

Au dernier cri de Mataro, la chimère baissa les yeux et se fit silencieuse. Elle voulait grâce à ce blanc permettre à l’hybride de retrouver son calme, qu’il soit plus à même de l’écouter. Et elle voulait aussi et surtout trouver quoi répondre, et dans quel ordre, pour se faire mieux comprendre cette fois. Qu’il ne croit pas qu’elle comptait lui dicter sa vie. « Je fais ce que je veux » bien entendu, c’est pas moi qui vais brider ta liberté… « Je fais ce que je veux » comme nous tous, et si moi je veux te donner un conseil, je le fais !... « Je fais ce que je veux »… c’est pas une preuve d’égoïsme de dire ça ? A cette pensée Balsa releva la tête, souriant sans malice.

- Désolée si j’ai pu paraître trop moralisatrice, c’était pas le but.

Balsa en aurait fait tout autant, peut importe qui se serait permit de lui donner des leçons. Même si sans aucun doute elle aurait été moins acharnée dans sa protestation face à une personne dont elle était aussi proche.

- C’est juste que j’ai pas envie de vous voir dans la merde…

Il n’y avait sur cette terre que peu d’êtres pour lesquels elle ressentait l’attachement nécessaire pour souhaiter leur bien. Elle les aurait comptés sur les doigts d’une seule main et encore c’était trop. Iburo et Mataro, c’étaient les seules chimères qu’elle connaissait, les seuls qui avaient connus les laboratoires de l’ouest et vu les horreurs qui s’y trouvaient. Sans qu’elle n’ait rien de commun avec eux, il l’avait bien souligné, ils étaient pourtant les seuls de son genre. Un genre unique pour qui il n’y avait ni famille, ni espèce ni aucun semblant de communauté.

Tout avait-il été dit ? Elle aurait put encore opposer ses arguments, lui faire réaliser que s'il souhaitait tant le bien de Iburo, il aurait mieux fait de se faire plus sage. Mais elle n'avait plus l'envie d'en discuter. Leurs avis divergeaient, c'était tout. Tous deux pensaient avoir raison, se croyaient dans le vrai. Ils l'étaient, chacun un peu, et chacun un peu dans l'erreur aussi.

Le sourire de Balsa s’était effacé et la voila qui recommençait à faire les cents pas dans la clairière. Elle trouvait cela dommage qu’en tant que chimères elle et eux ne puissent pas s’entendre d’avantage. Elle était solitaire dans l’âme mais l’idée de vivre avec l’un de ses semblables lui semblait naturelle. L’idée seulement, car concrètement, jamais elle n’aurait pu accepter de voir Iburo vivre aux côtés des humains. Dommage, vraiment dommage. Quant à Mataro, elle n’en savait que très peu sur lui comme il restait le plus souvent enfouit dans son double, silencieux et distant. Elle s’arrêta tout à coup, frappée par une interrogation qu’elle se surprit n’avoir jamais soulevée auparavant. Se tournant vers Mataro, elle osa :

- Mais toi alors ?... Iburo rêve de devenir humaine, aime jouer de la musique et amuser les gens, mais toi ? Qu’est-ce que tu veux au juste ? Par exemple…

Elle hésita un instant, ravala sa salive et trouva le courage de poursuivre :

- Si vous pouviez être séparés tous les deux, qu’est-ce que tu ferais de ta vie ?

Elle ne bougeait pas d’un poil, le regardait fixement. Sa curiosité s’était éveillée, bête avide de savoir, prédatrice aux sens tout éveillés, prête à noter la moindre expression sur le visage bestial de Mataro. Les yeux plongés dans les siens, cherchant à sonder la vérité au plus profond de lui, espérant y trouver mieux que celle qu’elle avait vu en Iburo, elle attendait en se mordant la lèvre inférieure.

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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMar 25 Oct 2011, 20:24

Spoiler:


Balsa, ma Balsa… si seulement j’étais là en face de toi, à la place de cet affreux double stupide et malsain ! Heureusement, elle a plus prêté attention à ce qu’il lui a reproché qu’à certaines remarques qui auraient pu découvrir mon petit jardin secret. Les seuls souvenirs que je garde de lui… je ne souhaite les divulguer à personne. Ils sont à moi, et jusqu’à ma mort, je refuse que qui que ce soit, excepté Mat puisqu’il sait déjà tout, en sache la moindre bribe.

D’ailleurs, je remarque que pendant toute la haine déversée de Mataro, elle ne bronche pas d’un cil. Elle m’étonnera décidément toujours ; si j’étais aussi calme en de telles situations, je saurais sans doute mieux gérer les moments de paniques et les prises de pas de mon double. Et au lieu de le sermonner sur ce qu’il vient de lui dire - de lui cracher au visage, oui ! - elle sourit, simplement. Avant de lui sous-entendre qu’elle tient beaucoup trop à nous pour nous voir dans de mauvaises situations.

*Mat, tu vois dans quels états tu te mets constamment ?! *
*M’ouais… j’aurais peut-être pas du… *

Et ça c’est une première ! Mataro qui fait mine de s’excuser, jamais je n’y aurais même cru. Les mots de Balsa semblent avoir fait leur effet, Mataro se sent coupable de lui avoir déversé ses quatre vérités aussi brutalement ; ce que je n’ai moi-même jamais réussi à lui faire dire, elle est parvenue en quelques mots à l’inciter au moins à le faire comprendre.

Mais avant que nous en pensions ou disions davantage, la voilà qui tourne, fait quelque pas, dans un sens, puis se retourne pour les faire dans un autre…
Et si elle avait quelque peu raison ? Et si le fait de vivre en compagnie des hommes ne m’apportait que des ennuis ? Et si je ne trouvais jamais le moyen d’avoir une forme normale ? Que ferais-je si je découvrais que mon rêve n’est, comme moi, que pure création ?

Balsa a toujours eu ce petit plus qui nous sépare ; elle réfléchit, ne semble pas se laisser transporter par les sentiments passionnels, comme nous le sommes Mat et moi. Peut-être devrais-je prendre exemple sur elle. Peut-être Mataro et moi devrions-nous tous les deux prendre un peu de recul face à tout ce monde qui nous entoure et apprendre à nous servir de notre tête avant de faire les premières choses qui nous passent par l’esprit…
Transportée de joie à cette idée, je me rends vite compte que Mat, même s’il a enfin fait, pour la première fois de sa vie, un semblant d’excuses, n’est pas de mon avis. Il la suit des yeux, les bras croisés et les mâchoires serrées. Généralement, c’est signe de colère…

*Mat ? *
*Tu vois, si tu n’étais pas là, la vie serait plus belle pour moi. Je n’aurais pas à justifier tes agissements constamment, je n’aurais pas à te protéger en permanence ! je n’aurais pas à faire le méchant pour le plaisir de t’emmerder ! *
*Quoi ? C’est de MA faute si tu as décidé de jouer les monstres et de nous coller une réputation horrible sur le dos ? J’étais là avant toi, je te rappelle ! *
*Si tu n’avais pas été là, j’aurais joué les monstres pour m’amuser de toute façon, mais je n’endosserais pas ce rôle à contrecœur… *
*Parce que tu l’endosses à contrecœur ? Tout à l’heure, quand tu as brûlé cette maison, tu l’as fias à contrec… *

Je saisis enfin le sens de ces paroles en me rendant compte qu’il reste toujours planté là, à observer Balsa marcher sans s’arrêter. Jamais elle ne sort de son champ de vision, jamais elle ne se trouve ailleurs qu’au centre de son regard.
Serait-ce à cause d’elle qu’il se trouve forcé d’endosser le rôle de « méchant » comme il me l’a si bien dit ? j’ai beau connaître mon double à la quasi perfection, il reste cependant certaines zones d’ombres que je ne suis pas capable même d’approcher.

Balsa s’arrête et se tourne vers nous.

_ Mais toi alors ?

je sens son cœur battre la chamade. Comment ne l’ai-je pas vu plus tôt, quelle sotte que je suis ! Il fait son gros dur avec elle, pour lui faire croire qu’il n’est pas capable de fondre, tel un iceberg sur sa grande banquise ; il tente de garder ce naturel mauvais qu’il a depuis toujours, il se force à rester méchant et bestial. Tant et si bien d’ailleurs qu’il en fait trop en sa présence à elle, alors qu’il n’attendait que ce soleil pour devenir une petite flaque comblée par la vie.
Balsa continue :

_ Qu’est-ce que tu veux au juste ? par exemple…

elle semble peu sure d’elle, tout à coup. Et Mat est pendu à ses lèvres, il n’attend que ça, qu’elle parle ! Qu’elle parle et ne le quitte pas du regard. Mais ses mâchoires toujours serrées…

_ Si vous pouviez être séparés tous les deux, qu’est-ce que tu ferais de ta vie ?

Si nous pouvions être séparés ?
Mataro a un mouvement de recul. J’ignore ce qu’il est en train de se dire, mais il y a sans doute un rapport avec ce battement de cœur aussi fort et rapide que celui que j’avais lorsque Zanack me parlait… il n’y a plus aucun doute. Et la voilà qui se mord la lèvre inférieure, comme si elle attendait plus que tout cette réponse.
Un instant, il hésite, il ouvre la gueule, semble vouloir se défaire de cet aspect animal qui lui a si longtemps collé à la peau, semble vouloir devenir plus humain tout à coup, je ressens ses paroles à venir comme un millier de chants d’oiseaux. Mais il s’arrête et se ferme à tout, comme à chaque fois que j’ai voulu me rapprocher de lui, comme à chaque fois que je voulais lui prouver qu’il n’y avait pas que du mauvais. Il redevient la bête sauvage que j’ai rencontrée la première fois qu’il est apparu…
Et ses mâchoires se serrent plus encore. C'est d'une voix cruelle qu'il répond :

_ Tu veux que je te le dise ? Je réaliserai mon rêve le plus grand : tuer, un à un tous les humains qui vivent sur cette terre.

... Non, là ça va trop loin... par pur esprit de contradiction, il pourrait en venir à utiliser la violence, pour le plaisir ou pour me faire du mal... et je refuse qu'il fasse du mal à Balsa. Alors je tente de reprendre le dessus, espérant qu'il ne va rien tenter pour l'instant...
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyJeu 27 Oct 2011, 19:25

Mataro eut un mouvement de recul, le coin des lèvres de Balsa se souleva presque imperceptiblement. Elle avait atteint sa cible, frappé en plein cœur et de plein fouet la bête qui l’instant d’avant grondait devant elle. Il y avait donc une faille, une façon de percer à jour les sentiments du dragon. Rien que le découvrir était une petite victoire en soit. L’attente faisait frémir Balsa, son impatience d’entendre la réponse ne semblait pas avoir de limites. Son cœur battait plus vite et il lui semblait que le temps s’étirait, s’étirait… lui laissant tout le temps d’analyser le comportement de l’autre, de décortiquer chacun de geste et chacune de ses expressions.

Elle avait brisé son assurance, réduit au silence l’arrogance et les certitudes de son interlocuteur. Les babines s’ouvrirent une première fois, sans qu’aucun son ne s’en échappe. Il avait ravalé ses mots, prenait le temps de les mâcher à nouveau. Sage décision, il avait donc tiré une leçon de leur discussion : mieux valait ne pas parler trop vite. Choisir ses mots, trouver le calme pour les prononcer d’un ton justement mesuré et ne pas ouvrir de nouvelles failles au sein des phrases qui seraient dites. Il y eut un éclair de détermination qui traversa les pupilles canines. Il sait ce qu’il va dire. Balsa remarqua alors que les crocs de Mataro s’étaient resserrés avant qu’ils ne s’ouvrent sur cette réponse au ton glacial :

- Tu veux que je te le dise ? Je réaliserai mon rêve le plus grand : tuer, un à un tous les humains qui vivent sur cette terre.

Pfiout ! Evaporée la sagesse qu’elle avait crut qu’il trouverait. Pccht ! Disparue l’illusion d’une réponse intelligente et sans faille. La déception passa sur elle comme un vent froid. Elle ne frissonna pas mais se raidit et son visage afficha une moue qui n’aurait su dissimuler son sentiment. Elle attendit un moment, quelque espoir en elle brûlait toujours d’avoir une suite à cette ouverture si fracassante que ridicule. Mais rien, rien ne vint. Il restait aussi figé que la glace et elle se retrouvait muette face à l’inacceptable.

Une seconde, elle eut envie de poser une main sur son épaule et de tenter de le raisonner, tel un enfant qui se méprend dangereusement sur le monde et à qui l’on montre ses erreurs. La seconde d’après, elle eut envie de l’étriper sauvagement. La deuxième solution aurait soulagé ses nerfs sur le moment, mais elle était assez intelligente pour imaginer regretter son geste que trop rapidement. Et puis, ya Iburo… Mais entre elle qui affectionnait le genre humain bien plus qu’il ne le méritait et Mataro qui ne savait pas pondérer sa haine, il y avait de quoi donner envie de mettre des claques. Balsa gardait en attendant le sang-froid nécessaire pour ne pas se lancer dans l’action, d’autant qu’elle n’oubliait pas qu’une simple pichenette provoquerait une décharge bien trop violente pour un simple recentrage d’idées. Si ces deux-la avaient des opinions plus que divergents sur les humains, force étaient d’avouer qu’à leur égard la chimère se sentait plus proche de Mataro.

Jamais Balsa ne supporterait de vivre parmi eux. Jamais non plus elle ne pleurerait la mort d’aucun d’eux. Elle gardait pour ces créatures faibles et stupides un mépris et un sentiment de supériorité qu’elle n’était pas prête de voir disparaître. Les observer grouiller dans leurs villes, rampant pour une vie misérable, insignifiante et monotone, lui retournait toujours l’estomac. Les voir s’entredéchirer pour une pièce d’or, comploter contre leur propre genre et s’utiliser les uns les autres pour atteindre un pouvoir chimérique, tout cela la révulsait et lui donner des envie de meurtre. Cependant, l’envie de tuer tous les humains était différente. Elle connaissait cette envie, l’ayant elle-même portée dans son cœur. Mais cela n’avait duré qu’en temps, à l’époque, au combien lointaine, où elle venait de trouver sa liberté, encore enfant balbutiant et tâtonnant à la recherche de sa vérité. Elle avait fait couler le sang, beaucoup de sang, et ôter de nombreuses vies sans jamais le regretter. Puis elle avait apprit : d’abord de Akin qui lui avait soufflé ses opinions à demi-mot, ensuite de son expérience qui avait affinées ses propres idées.

Les humains… il y avait beaucoup à dire à leur sujet. Beaucoup de points négatifs pour commencer, qui suscitaient en elle tout le dégout que lui inspirait cette race. Mais ceux-ci, Balsa en avait largement conscience. Et pour proférer de tels propos, Mataro aussi. Cependant il ignorait, ou avait oublié, qu’il y avait bien d’autres données à prendre en compte. Premièrement, toutes les espèces à la surface du globe avaient le droit d’exister, chacune avait sa place et sa fonction. S’il y avait des créatures qui n’aurait pas du être, c’était plutôt les chimères et les nekos, car elles avaient été crées par les hommes. Deuxièmement, il fallait bien reconnaître l’utilité des humains. Ils travaillaient la terre pour en tirer les plantes, fruits et viandes qu’une voleuse comme Balsa était bien contente de trouver sur les marchés. Dans la nature, survivre n’était pas si simple. Plus flagrant encore, il y avait les étoffes, outils et armes qu’ils fabriquaient. Pour tout cela, la chimère leur était quelque part reconnaissante, car elle aurait été bien incapable de faire sans. Même si tout cela n’est peut-être qu’illusoire pour Mataro… Enfin, même si c’était dur à admettre, il y avait du bon dans l’humanité. Une capacité, si enfouie soit-elle, à s’entraider, bâtir des civilisations brillantes, développer l’art et la technologie, au point de fabriquer des chimères… Puis une capacité à aimer. Un gout amer monta à la bouche de Balsa au souvenir de son « Père » créateur qui, au prix de sa carrière et sa vie, l’avait sauvée des laboratoires et d’une mort certaine.

Sachant tout cela, l’idée d’une élimination systématique de l’espèce humaine devenait non seulement inimaginable, mais burlesque de surcroit. De plus, de part leur population immense, dispersée sur tout un continent et plus, il était impossible d’espérer tous les mettre à mort. D’autant qu’ils avaient beau être faibles pris individuellement, ils savaient s’unir, spécialement contre ceux qu’ils appelaient monstres, et ne mettraient pas longtemps avant de trouver le moyen de mettre à mort une créature comme Mataro.

Dans le silence qu’avait plongé la réponse du dragon sur la clairière, seule la longue queue féline qui se balançait doucement derrière elle brisait l’immobilisme de Balsa. Elle s’était tu tout au long de sa réflexion, ses yeux restaient dirigés vers lui mais son regard s’était rapidement perdu dans le flou entre eux. Elle réajusta ses pupilles sur la face bestiale de Mataro, le scrutant comme si elle cherchait à voir en lui, au-delà de lui, ce qu’il était, ce qu’il allait ou pourrait devenir. Ses sourcils se froncèrent dans l’effort mental. Puis se relâchèrent, elle n’arriverait pas à le percer ainsi. Les mots et les réactions qu’ils faisaient naître étaient beaucoup plus probants.

- Si c’est par provocation que tu dis ça, c’est perdu d’avance. Pas moi que t’arriveras à choquer avec ces idées. Mais si tu le penses vraiment…

Sa gorge se noua. Tout ce temps à se plonger en elle-même, à réfléchir, et elle n’avait pas idée de la fin qu’aurait pu avoir cette phrase.

- Peu importe. Ce ne sont que des suppositions après tout. Espérons que d’ici à votre séparation, tu auras muri. Advienne que pourra, non ?

Elle se força presque à lui sourire, puis détacha son regard de lui dans un demi-tour léger, équilibré d’un mouvement de queue rapide. Comme ça, il ne verrait pas les larmes naissant au coin de ses yeux. Tu ne peux pas être ainsi Mataro... Elle observait négligemment l’épais feuillage de la forêt, plus ou moins en direction de la ville. Le soleil glissait ses rayons à travers la verdure avant de venir frapper sa peau. Il n’était plus au zénith et bien qu’il fasse encore grand jour, il déclinait doucement. D’un revers de la main la chimère arracha les gouttes salées à ses paupières.

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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptySam 10 Mar 2012, 02:38

Spoiler:

Mataro est grand, Mataro est fort. Mais Mataro est méchant. Mataro est stupide. Il aime faire du mal, il aime entendre des plaintes, il aime sentir la terreur, il aime comprendre, par un simple coup d’œil, qu’il a totalement embobiné l’âme dont il s’empare. Mataro est ce que je ne suis pas. Il ne rêve pas d’avoir une vie douce et tranquille. Il a besoin de sentir cette poussée d’adrénaline dan tout son corps. Et la seule qu’il aime, c’est celle qui accompagne la peur des autres, surtout des humains.
Moi, je veux avoir une vie simple, semblable à un long fleuve tranquille. Peut-être trouver une âme sœur, peut-être fonder une famille.
Je n’aime pas les hommes à proprement parlé, je ne les ai jamais aimés. Ce que je ressens pour eux pourrait être pris pour de l’amour. Éventuellement, de la tendresse. Mais en réalité, tout ce que j’éprouve à leur égard, ce n’est que de l’envie. Je suis jalouse de ce qu’ils sont. Peut-être sont-ils nombreux à ne pas vivre comme il leur plairait, mais au moins, ils n’ont pas ces tares que je porte. Ce qui me rend différente alors que je rêve d’être commune à tous. Mataro s’accepte mieux que moi ; pire : il utilise ce qu’il est pour faire ce qui lui plait le plus. Il a moins de scrupules que moi lorsqu’il ôte une vie. Je pense aussi que je leur suis reconnaissante, puisque s’ils n’étaient pas là, jamais nous n’aurions vu le jour, Mat et moi.
Mais lui est cette partie de moi qui leur en veut de nous avoir créés, nous sommes des abominations ; c’est pourquoi la Nature n’a fait aucun être comme nous. Nous n’aurions jamais dû exister. Balsa non plus. C’est Mataro qui veut les exterminer pour avoir eu l’idée ignoble de fabriquer des monstres. Il désire ardemment éradiquer ceux qui construisent des armes alors qu’ils pourraient faire de bien meilleures choses de leurs mains et de leur esprit. Et moi, je souhaite m’élever à leur niveau pour avoir l’honneur de vivre comme un être normal.
Je crois que c’est ce qu’il a tenté d’expliquer à notre amie. C’est une façon bien maladroite, et pourtant c’est la plus directe. Il a traduit son malaise par cette phrase affreuse. Mataro est un monstre. Il est la bête qui parle pour l’esprit humain que je suis.

Balsa ne bouge plus, il semblerait qu’il l’ait littéralement pétrifiée par sa réponse. Ce n’est sans doute pas ce à quoi elle s’attendait, pour sur ! Et ce qu’il m’a dit plus tôt me revient en tête. Bien sur, elle doit être plus proche de lui que de moi. Mais je ne pense pas qu’elle souhaite comme lui l’extinction de cette race sans laquelle les Chimères n’auraient même pas été imaginées. Mataro a tendance à retenir uniquement ce qui lui plait, et à omettre les aspects qui nuiraient à ses desseins sordides. Pour lui, le bon des hommes a été effacé par leur mauvais. Mataro est le mal que l’on m’a infligé. Parfois, c’est ce que j’aime à penser pour atténuer la douleur que je ressens lorsque sa haine envers eux se fait sentir jusqu’à moi.
Je ne sais même pas s’il compte réellement les tuer un à un, puisque je suppose qu’étant particulièrement nombreux sur notre monde, ils survivront quoi qu’il leur en coûte. Notre amie semble néanmoins prendre cette idée au sérieux, bien qu’elle soit plus réaliste que Mataro à ce sujet. Si elle comprend ses dire, intelligente comme elle est, elle ne pense sans doute pas que cela soit concevable. Néanmoins, elle garde ses mots pour elle, et seule sa queue battante me prouve que le temps continue sa course, et que le monde tourne encore, impassible face à notre désespoir.

Enfin, elle centre à nouveau le regard, qu’elle avait doucement laissé dérivé à travers lui pour peser sa réponse, sur Mataro, fronce un instant les sourcils, et ouvrit la bouche :

_ Si c’est par provocation que tu dis ça, c’est perdu d’avance.

Mat a un bref mouvement de recul, comme s’il venait d’être giflé ; il faut dire que notre amie a les mots pour le déstabiliser. Ses oreilles ont une légère secousse vers l’arrière, puis se retournent vers elle, pour capter la moindre vibration de l’air aux alentours de la chimère à forme humaine. Il semble qu’il y ait comme un peu de tristesse, ou de déception dans sa voix. Je ne sais pas vraiment de quoi il s’agit exactement, mais c’est ce que j’ai cru percevoir. Elle entame une nouvelle phrase, dont la fin se laisse attendre, et finalement ne vient pas. Comme si elle ne voulait pas envisager cette possibilité. De toute façon, je ne pense pas que Mataro ait envie de l’entendre, cette fin de phrase. Notre cœur s’est serré à l’entente des premiers mots, puis se relâche doucement à mesure que les secondes défilent.

_ Enfin, ce ne sont que des suppositions, après tout.

Cela clos un débat que Mataro regrette d’avoir ouvert, malgré le fait qu’il ait été court. Les flèches de Balsa sont plus douloureuses que celles de mon autre. Sans avoir à hausse le ton, elle donne une puissance phénoménale à ses mots, et à ses silences. Il règne autour d’elle une odeur froide, comme celle que laisse un cœur brisé. Elle a beau être plus proche de lui que de moi, ils ne sont pas semblables pour autant sur tous les points. Peut-être saura-t-elle réussir là où j’ai échoué.
Puis, dans une dernière phrase qui laisse deviner à Mataro qu’il a encore tant à apprendre, de ce monde qui nous entoure et de ses erreurs ainsi que des miennes, elle nous tourne le dos et semble observer ce qui nous fait face. Avec le même esprit que…

*Elle leur ressemble tellement, dans le fond. *
*A qui ?*
*Aux scientifiques. Regarde-la. Elle ne cherche pas à vivre en tout premier lieu. On dirait qu’elle cherche à voir d’abord.*

Mataro s’approche lentement d’elle, et nous percevons une grande pression sur elle. Elle passe la main sur son visage ; sans le voir clairement, nous le savons tous les deux. Notre cœur se serre à nouveau. Il s’approche encore, assez près pour voir, d’un coup d’œil, qu’une partie de sa joue est humide. Il préfère ne pas en tenir compte. Un instant, il lève la main, sans doute pour la poser sur l’épaule de notre amie, mais se ravise ; c’est pourtant pas l’envie qui manque. Et s’il n’y avait eut que cette idée de foudre qui le frapperait, je pense qu’il ne se serait pas gêné pour autant.

_ Tu sais, dit-il, si je n’aime pas les hommes, si j’aspire à leur destruction définitive, c’est dans le but que nul autre ne souffre comme nous avons souffert, Iburo et moi. Nous n’aurions jamais du être parce qu’ils n’auraient jamais du nous penser. Tu devrais le comprendre mieux que quiconque.

Je sens dans sa voix une douceur que je ne lui connaissais pas. Ce n’est pas un ton de reproche qu’il emploie. Bien sur, il y a là une certaine envie de vengeance. Mais Mataro semble vouloir prouver que ses envies sont justifiées.

_ Je suis le poison qu’ils lui ont insufflé. Je suis la haine qui n’aurait jamais été s’ils avaient su garder leurs envies malsaines de jouer avec la vie. Si l’un d’entre eux peut avoir de telles idées, ils le peuvent tous.

Aurait-il un fond que je n’avais pas soupçonné jusqu’à maintenant ? Ou vient-il de dire cela uniquement dans le but de convaincre Balsa de le croire moins mauvais que ce qu’il est ? Toujours est-il que cette déclaration me laisse coite.

_ Je sais que je ne suis pas parfait. Je sais que l’idée de détruire la race qui est à l’origine de notre vie te répugne. Je ne m’attends pas à ce que tu comprennes.

Son regard est tourné vers le sol ; au fond de lui-même, Mataro sait qu’il est seul au monde : la seule créature qui lui ressemble physiquement est l’opposé de lui, et la seule autre chimère qu’il connaisse n’est même pas du même avis que lui sur le genre humain. Je pense que dans un sens, il est jaloux de l’amour que j’ai pu éprouver envers Zanack, et qu’il a éprouvé envers moi jusqu’à sa mort.
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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyLun 12 Mar 2012, 23:39

Une brindille craqua puis une autre. Mataro approchait dans le dos de Balsa. Elle aurait préféré qu’il reste loin, qu’il ne voit pas ni ne devine ses larmes si empreintes de faiblesse. Pourquoi pleurer ? Pourquoi se soucier du sort d’un autre ? Etait-ce leur race commune qui faisait ressentir à Balsa tant d’empathie ? Elle s’en voulait de s’être laissé aller et sa main passée sur sa joue les larmes se tarirent. Mataro fut vite à son niveau et la chimère sentit la patte de son ami se tendre vers son épaule. Non… Il la retint, sagement, et un gout amer monta à la gorge de Balsa. Sa malédiction n’avait jamais été aussi violente qu’en ce jour. Ne pas pouvoir établir le moindre contact sous peine de blesser l’autre, alors qu’elle aurait bien eu besoin d’un peu de chaleur en cet instant… Elle maudit sa foudre et se maudit elle-même, et la colère prit la place de la tristesse alors que Mataro reprenait la parole.

Elle comprit vite qu’il était en train de se justifier. D’une voix douce qu’elle ne lui connaissait pas il poursuivit, d’un ton calme et bienveillant, complice car elle « devrais comprendre mieux que quiconque ». Pourtant elle n’était pas sûre de comprendre. Si on poussait la logique du dragon au bout, il n’aurait pas du avoir vu le jour. Un sourcil froncé elle se tourna vers lui, voulant voir quelles lueurs pouvaient bien danser dans ses pupilles. Et elle se trouva un peu surprise. Car dans le regard de Mataro elle ne voyait qu’une sincérité profonde et aucune trace de mensonge, de politesse forcée ou de faux-semblants.

Il continua, se laissant aller à une pointe de poésie que Balsa n’aurait pas pu attendre. Il était plein de haine envers les scientistes et le qualificatif qu’il employa pour les envies de leurs créateurs était tout à fait juste. Malsaines. La science du vivant était malsaine. Car ils ne créaient que pour essayer, voir, analyser, décortiquer. Et détruire, une fois leurs expériences achevées. Cependant Mataro semblait oublier un détail important. Il n’y avait pas que l’esprit humain pour jouer avec les corps. En fait, toute entité pensante pouvait très bien imaginer une chimère et, avec la technologie ou la magie appropriée, créer une vie artificielle. Alors quoi ? Détruire toute vie de la surface de l’archipel ? Balsa ferma les yeux un instant et les rouvrit pour entendre la dernière tirade du dragon.

Une pointe de modestie et il conclut par ce qui lui semblait évident : il ne s’attendait pas à ce qu’elle comprenne. Il baissa alors les yeux, n’osant soutenir le regard de Balsa. Pourquoi ? Avait-il honte de ses propres mots ? Il y avait de quoi certes, mais pourquoi alors les avait-il prononcés ? Et n’était-il pas censé être plus fort ? Il avait des opinions tranchées, extrêmes, qu’il les assume ! Qu’il la regarde droit dans les yeux et lui fasse le récit de sa soif de vengeance. Elle comprendrait. Elle avait tué de ses propres mains son père créateur et plus tard un autre membre de l’équipe. Elle avait prit bien d’autres vies aussi, humaines le plus souvent, pour diverses raisons. Ils partageaient la même haine, indéniablement, mais n’y trouvaient pas la même réponse.

- Regarde-moi Mataro !

Les babines se soulevèrent, non il ne voulait pas. Pourtant sa tête se redressa, tout doucement, jusqu’à ce que ses pupilles jaunes plongent dans celles de Balsa. La douceur qu’il avait dans la voix s’était estompée dans son regard. Mais il était attentif et ne pouvait plus cacher ses émotions dans les herbes qu’il avait fixées. Et c’était à elle de parler à présent. Elle l’avait interpelé sèchement, avec une foule de choses à lui dire… Mais par où commencer ? Par les erreurs qu’il commettait dans son raisonnement ? Par la folie de son ambition ? Par la perte à laquelle il courait ?... Tout cela ne servirait à rien. Il était bien trop résolu pour qu’un avis le fasse changer. Et ce forcément, en passant le plus clair de son temps à penser en l’esprit de Iburo, il ne pouvait qu’avoir remué ces idées dans tous les sens, s’être persuadé de leur bien fondé et convaincu qu’elles étaient ce qu’il y avait de mieux à faire. Et qui était Balsa pour juger ? Ses propres valeurs n’étaient pas universelles, celles de Mataro non plus. Et lui ne la critiquait pas. Il reconnaissait et acceptait même leur différence. Elle devait parler à présent, clore ce débat sur lequel ils ne s’entendraient pas, jamais.

- Tu peux faire ce que tu veux. Grâce aux scientifiques, tu es en vie. Ce sont peut-être des salauds mais au moins ils nous ont offert ce cadeau. Notre liberté, c’est nous qui l’avons prise et…

Elle réalisa qu’elle ne savait pas du tout comment Iburo et Mataro avaient quitté l’Ouest. Dès leur première rencontre, Balsa avait comprit que le sujet était sensible. Mais qu’importe. L’histoire devait être écrite en rouge sang, en os brisés et dans la douleur. Comme la sienne.

- Maintenant on peut faire ce qu’on veut. Ils nous ont fait au-dessus des hommes, alors vivons comme tels. Leurs lois, leur morale, leur… humanité : rien n’est bon pour nous.

Elle s’entendait parler comme si c’était une autre qui prononçait ces mots. Elle les avait pourtant toujours pensés, avait toujours vécu ainsi. Mais jamais cela n’avait été aussi clair. Elle écouta l’écho de ses dernières paroles et ajouta :

- Nos propres lois, nos propres valeurs… Voilà ce qu’il nous faut ! Et si ta loi est de détruire l’humanité toute entière alors… alors…

Chié ! Elle n’aimait pas hésiter ainsi, oh non ! Mais tout cela était bien trop dur à formuler et elle avait l’impression de n’être plus sûre de rien. Alors elle le laisserait faire ? Non, car sa morale lui intimait de réduire au silence les ennemis de la Vie. Alors elle l’arrêterait ? Non plus, ils étaient amis et partageaient une expérience qui les liait trop fortement. Alors…

- Alors nous n’avons plus rien à faire ensemble. Toi et moi on peut pas suivre la même route. Et Iburo non plus.

Son cœur se serra mais elle savait qu’elle avait raison. Elle quitta le regard animal pour glisser le sien dans l’océan de verdure, se perdant dans des pensées tristes. Quel dommage. Quel gâchis. Les seuls êtres qui étaient si proches d’elle par leur histoire, les seules chimères qu’elle connaissait, ne pouvaient pas vivre avec elle. Elle dévisagea à nouveau Mataro, considérant ce qu’elle allait abandonner. Sa gorge se noua. Changer de sujet !

- Vous devriez partir maintenant. Vu le bordel que vous avez mis en ville, vaut mieux pas vous attarder ici.

Pour elle ce serait plus simple, enveloppée dans sa cape, dissimulée sous sa capuche, elle saurait se faire discrète. Surtout qu’elle n’avait ni ailes ni fourrure ni cornes pour attirer l’attention. Ce qui ne l’empêcherait pas de vivre quelques temps dans l’ombre de la nuit, s’efforçant de se faire oublier, disparaître et n’exister qu’à la faveur des ténèbres. Ses amis ne pourraient pas en faire autant, elle les plaignait pour ça. Mais ils pouvaient voler et fuir bien plus efficacement. Elle ne s’inquiétait donc pas pour eux.

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MessageSujet: Re: Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa]   Parce que finalement... non rien ! DANS MES BRAS ! [Balsa] EmptyMar 13 Mar 2012, 01:24

Choquée par les propos de mon frère corporel, je ne dis mot… que peut-on bien dire dans une situation pareille ? Balsa aussi, semble touchée par ses paroles. Elle ne l’a pas lâché du regard pendant sa tirade, silencieuse et à l’écoute, comme à son habitude. A présent qu’il a les yeux fixant le sol comme s’il pouvait s’y enterrer du regard, comment va-t-elle répondre ? Il se sent si seul. Il le sait, que même notre amie ne partage pas son opinion. C’est cette solitude, sans doute, qu’il veut enfoncer dans un sol herbeux qui continue de vivre malgré tout. Vouloir être différent de ce qu’il est devenu à force de puiser son énergie dans la haine de ceux qui l’ont fabriqué. A présent, je suis totalement convaincue qu’il ne mentait pas, tout à l’heure. Balsa l’a cru. Je dois faire de même.
Alors, j’ai beau ne pas le connaître assez, je sais néanmoins que ses regards écartés sont signes d’une fuite de la solitude qui ne le quitte jamais. Sa fierté lui interdit d’en parler.

_ Regarde-moi Mataro !

Les mots de Balsa sont cinglants, ils claquent dans l’air comme un coup de fouet. Elle ne comprend pas que les yeux tournés vers le bas est un signe de tristesse. Mataro n’est pas uniquement seul au monde : c’est le monde qui est littéralement contre lui. Il n’aime pas qu’on lui adresse ainsi la parole, mais il aime assez Balsa pour lui pardonner. Alors tandis qu’il replonge son regard dans les yeux marrons de notre amie, elle semble chercher ses mots pour savoir que dire à un être aussi têtu et hargneux que Mat. Je crois qu’elle a compris que certaines choses en lui sont arrimées trop profondément pour qu’une âme comme elle parvienne à les extirper en quelques phrases.
Balsa a beau ne pas aimer les scientistes de l’avoir fabriquée, elle leur est tout de même reconnaissante de lui avoir donné la vie. Cependant, elle lui fait comprendre qu’elle a, elle aussi, arraché sa liberté aux mains trop orgueilleuses de ces hommes. Mais elle ne termine pas la phrase qu’elle a commencée. Elle sait que cela me fait du mal d’y repenser, je le lui en ai parlé la première fois que nous nous sommes rencontrées ; je suis incapable d’aimer la violence, cela me répugne au-delà de tout. C’est moi que l’idée dérange, plus que Mataro. Si j’avais pu le choisir, je crois que j’aurais préféré rester là-bas plutôt que de les tuer, tous. J’aurais subi mille fois ce que j’ai enduré pendant dix années de ma vie, mais je serais restée moi-même, fidèle à mes principes… et je sais que malgré mon envie irrépressible d’être aimée par l’un d’eux au moins, je sais au fond de moi que je n’aurais été qu’une expérience parmi tant d’autres, refourguée dans un coin voire exterminée. Je dois ma vie à ces scientifiques. Je dois ma liberté à Mataro. Dans un sens, je le comprend de vouloir les éradiquer comme ils ont voulu nous créer.
Elle passe outre l’idée de l’échappée de Lan Rei Ouest. Elle ose même parler de supériorité par rapport à ceux qui nous ont faits. Sur ce point, je dois reconnaître qu’elle n’a pas tors, mais elle n’apprend rien de neuf à Mat, qui était déjà de cet avis. Il s’est toujours senti et pensé largement au dessus de la grande majorité des créatures intelligentes dans ce monde. Les hommes ne sont pas les seuls à devenir des insectes à ses yeux. Bien des races ont l’apparence de fourmis qu’il se plait à écraser.
Bien sur que rien de ce que les hommes font n’est bon pour des êtres tels que nous, qui ne devrions pas en dépendre. Je souffre du syndrome de Stockholm. Je les aime, c’est plus fort que moi. Mataro est paranoïaque ; excepté Balsa et moi, le reste du monde lui veut du mal.

_ Nos propres lois, nos propres valeurs… Voilà ce qu’il nous faut !

Des lois pour toutes les Chimères ? Des valeurs que nous seules connaîtrions et suivrions comme les hommes bafouent les leurs ?

_ Et si ta loi est de détruire l’humanité toute entière alors… alors…

Alors suis-la ? Gardes le cap que tu t’es donné au risque de briser ton rafiot sur le premier rocher un peu trop large pour que tu puisses l’esquiver ? Non, je sais que ce n’est pas le genre de Balsa, de dire des choses pareilles. Comme elle l’a dit quelques minutes plus tôt, elle ne veut pas nous voir dans la merde, et le fait de faire comprendre à Mataro qu’il a raison de suivre ses convictions stupides est en totale contradiction avec ce qu’elle raconte à présent.
Mon cœur se serre par avance à l’idée de ce qu’elle va dire. Mataro ne se doute de rien, il sait qu’elle a un pied dans son camp uniquement pour le fait qu’elle n’aime pas les hommes et ne les pleure pas, même s’il y a entre eux quelques divergences d’opinion. Il est persuadé qu’elle lui propose de suivre son chemin ; je le sens à notre cœur qui bat plus fort et à toute son attention absorbée par l’image de Balsa.

Les mots viennent frapper mon double au visage, et moi-même, au cœur.

_ Alors nous n’avons plus rien à faire ensemble.

Durant quelques millisecondes, qui semblent durer une éternité, j’ai l’impression que mon autre me force à reprendre le pas, tant il est décontenancé par les dires de notre amie aux traits presque humains. Une fois de plus, il retrousse les babines, mais c’est surtout à cause du goût amer qu’il a dans la gueule, il n’ose pas y croire, il ne veut pas y croire. Il est figé mais il se brise, tout son être se craquelle en des milliers de petits fragments…

*Mataro ?*

Il ne répond pas. Sa solitude est revenue. Sa seule amie au final, je crois.

_ Toi et moi on peut pas suivre la même route. Et Iburo non plus.

Il me semblait bien que j’allais entendre ce genre de paroles. Mais à présent, c’est moi qui suis déçue. C’est moi qui n’ose pas y croire. Je pensais qu’une amitié n’était pas basée sur des valeurs semblables. J’espérais qu’une amitié ne s’embourbe pas dans des idées de différences et d’intérêts distincts. Je croyais qu’un ami devait nous accepter comme nous l’acceptons tel qu’il est. Avec ses idéaux, ses différences, ses qualités et ses défauts. Le fait que Balsa préfère passer sa route, plutôt que de nous aimer comme nous sommes, me chagrine beaucoup.
Je ne compte pas changer pour Balsa. Si elle refuse de me garder telle que je suis, alors je dois me rendre à l’évidence qu’elle ne cherche pas des amis, mais une famille de semblables. Je tourne le dos à cette fenêtre géante qui me fait voir par les yeux de mon double.

Mataro n’est pas du même avis que moi. Etrangement, alors que j’ai toujours fais des efforts considérables pour me faire accepter par la population normale, alors que j’ai toujours cherché à me radoucir plus encore pour être aimée des hommes, lui n’a jamais fait mine de vouloir changer. A présent, tout est différent. Je ne veux pas changer, et lui est prêt à faire tout ce qu’elle lui dira pour rester dans son cœur.

C’est à elle de tourner lâchement le regard pour observer le sol. Mais cela n’est que de courte durée. Elle regarde à nouveau Mat, et décide de lâcher ces derniers mots, comme on coupe une corde pour l’envolée d’un dirigeable vers de nouvelles aventures. Mais il a les oreilles tournées vers l’arrière, il n’entend que le vent qui joue avec les branches derrière nous. Seules quelques bribes parviennent jusqu’à nous, trop floues pour être comprises. Il aurait pu lire sur ses lèvres. Mais il ne l’a pas désiré.
Je crois qu’au fond, il est aussi déçu que moi. Il cherchera sans aucun doute à se faire meilleur pour elle, mais il souffre de ce qu’elle nous a dit.
Tandis qu’un torrent de larmes déverse mes joues duveteuses, il garde son regard tendre et calme vers elle. Il sait que nous devons partir.

_ J’espère que tu seras agréablement surprise de me revoir, si un jour, nos chemins se croisent à nouveau.

Je sens qu’il hésite à faire une énorme bêtise, un instant, deux, il tangue imperceptiblement.
Mais il ne tient plus et s’élance sur Balsa, tout en sachant ce qui l’attend. Son étreinte a tout juste le temps de se faire qu’un immense courant nous transperce tous deux, crispant les muscles de ses bras enlacés autour les épaules jusqu’au dos de notre amie. Ses mâchoires sont serrées par le choc, tout comme ses yeux. Nous sommes plongés dans le noir…
Comme s’il s’agissait d’une punition qu’il avait décidé de s’infliger pour ses idées.
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