Time to teach (Rp Savannah)

Spoiler:

- Ici c'est bien.

- T'en es sûre, Luni ? C'est complètement pourrit comme endroit !

J'ignore royalement le commentaire de Kahn. Cela fait déjà un mois que je voyage avec les jumeaux et j'ai très vite appris que malgré toutes les corrections que je lui ai infligées, le garçon de douze ans continura de faire des remarques sans importance.

Cela a beau faire déjà un mois que j'ai pris les deux enfants sous mon aile, je ne leur ai encore rien enseigné. Il faut du temps pour s'habituer, je ne le sais que trop bien. Je me rappelle encore de la nuit où j'ai rencontré Kahn et Alexanarika. Le destin avait détruit le village natal des jumeaux et avait placé un bûcheron bourru et sa bonne femme a les adopter, les forçant à travailler pour eux. J'espère que la vie de misère de laquelle je les ai tirés ne leur manquera pas et qu'ils ne me tiendront pas responsable de leur futur, peut importe ce qu'il sera.

Mes yeux bleus azur se placent sur les deux enfants. Avec l'or qu'il me restait, j'avais acheté un autre cheval que Naït, ma fidèle monture depuis un an. La petite jument palomino que montaient les deux enfants était docile et portait une large selle sur son dos ainsi que tout l'arnachement nécessaire à l'apprentissage de l'équitation. Je tenais à ce que mes apprentis apprennent à monter à cheval, c'est l'une des compétences de base qu'il faut avoir dans ce monde. Nous avons eu le temps de nous entrainer un peu récemment, mais j'attendais toujours de franchir cette forêt afin d'arriver dans les plaines où toute la vitesse des bêtes pourra être exploitée.

Kahn et Anna ont tous les deux des cheveux noirs et des yeux foncés me rappellant que trop bien la nuit obscure que je chevauche. Malgré leur jeune âge, ils n'ont plus les rondeurs de l'enfance, mais pas encore les traits figés et inchangeables des adultes. Malgré le fait que j'ai demandé à la femme du bûcheron de leur fournir des vêtements convenables, j'ai moi-même du m'occuper de leur tenue une fois arrivé dans un village annexe. L'unique chose qu'ils ont gardé de là-bas sont leurs bottes pratiques dans toutes les situations.

Après une semaine de chevauchée, ils ont arrêtés de se plaindre des maux de fesse duent à leur premières expériences à cheval. Quant à moi, cela fait bien une bonne centaine d'années que je n'ai pas senti cette douleur. D'autres l'ont remplacée, beaucoup plus violentes et redoutables, me plongeant parfois avec un pied dans la tombe, pied que j'ai réussi à retirer avant que l'on ne lance de la terre sur mon cercueil, m'enterrant à jamais. Oui, j'avais frôlé la mort, oui je l'avais même profoquée, utilisée, pratiquée. J'ai tué, j'ai sauvé, j'ai fais sourire, j'ai fais pleurer, tant d'épreuves et de sang versé au cours d'une existence extrêmement longue. Mais c'est une autre histoire et aujourd'hui, une nouvelle page est tournée.

- Cet endroit n'est pas "pourri", il est pratique.

Je descends la première de cheval et flate l'encolure robuste de mon étalon noir. Naït est idéal pour la course, mais il possède aussi cette rare endurance qui en fait un excellent cheval de voyage, au même point qu'un fidèle compagnon. Je sais que je suis du genre à me déplacer partout et parfois mes itinéraires ne sont pas fait pour les chevaux ou autre monture, aussi je n'ai jamais vraiment voulu m'attacher à une bête. Pourtant cette fois-ci, je sentais que c'était différent. Après des dizaines d'années de mouvements brusques et périples parfois stupides, je me sens enfin capable de me calmer un peu. Je sais pourtant que je suis à jamais incapable de poser mes fesses définitivement quelque part.

Naït ne porte pas de selle ni aucun arnachement humain ou même elfique. Sa crinière est plus longue que celle de Bijou, la jument palomino (c'est Anna qui l'a baptisée) et il possède ces petits réflexes sauvages qui font de lui une monture à part. Si un jour je m'en sépare, il ne pourra pas retourner immédiatement chez les hommes. Une selle, c'est pratique si tu ne possèdes pas d'excellentes capacités de monte ou bien en cas de bataille féroce ou encore course poursuite déchantée.

Une fois pied à terre, je laisse Naït choisir sa place pour la nuit. Il n'y rien autour, que des arbres, mais une clairière suffisament grande nous permet d'avoir un confort minimal. Anna et Kahn décident ensuite de descendre tous seuls et le garçon se charge de s'occuper de la jument comme je le lui ai appris. Après une dizaine de minutes, nous nous asseyons en cercle et partageons un repas autour d'un feu de camp.

- Allez les garnements, il est temps de se coucher.

- Déjà ?

- Demain sera une longue journée et si vous voulez que je vous apprenne à grimper dans les arbres et à chasser, vous avez plutôt intérêt à être en forme à l'aube !

- Tu vas encore nous réveiller à l'aube ?

Sa voix mécontente et capricieuse titille mes oreilles pointues et ultra sensibles au moindre bruit.

- Dort Kahn !

Je lui enfonce la tête dans son oreiller improvisé avec son sac. Après quelques minutes de grognements, mouvements afin de trouver une bonne position, ils finissent par s'endormir. Je ferme doucement les yeux, laissant les flammes s'éteindre petit à petit, écoutant la nature autour de moi, attendant patiemment que le soleil me tombe dessus et m'emporte pour quelques heures au pays des rêves.

Spoiler:

L'air est agréable. Autour de moi s'élèvent des châtaigniers, des bouleaux et d'autres arbres où logent des centaines de petits rongeurs. Je les sens tous, je les entends presque. Il a plut récemment, et autour de moi s'élève cette bonne odeur de gazon mouillé. J'avance, faisant craquer les quelques feuilles mortes sous mes pieds, ignorant la boue et l'eau et me frayant un chemin à travers les herbes folles. Oui, c'est une belle journée, mais je ne pourrai pas en profiter. Je dois me nourrir, je dois me protéger, je dois m'abreuver, je dois trouver un endroit où dormir. Qu'il pleuvent ou que le ciel soit d'un bleu cyan, je ne peux jamais profiter de la beauté de la nature. De toute manière, je m'en fiche. Seules m'importent mes convictions.

Au loin, devant moi, je distingue une clairière à travers le troncs poussant des tous les sens. Le soleil est bas dans le ciel, nous sommes sûrement en début de soirée. Je dois donc trouver mon dîner. Je fais quelques pas en avant, et m'arrête devant un petit ruisseau qui traverse l'étendue verte. Posant ma main sur un tronc robuste et humide, j'hume l'air, à la recherche d'un mammifère à me mettre sous la dent. Une curieuse odeur parvient à mon odorat, une odeur que l'on a pas l'habitude de croiser en forêt. Je la reconnais, c'est l'odeur caractéristiques d'un elfe. ''Alors comme ça, ça traîne dans les forêts, les elfe?'' me dis-je en avançant, curieuse de rencontrer cette personne qui ose reste seule en pleine forêt. Je ne pourrait pas la manger, mais peut-être pourrais-je m'amuser avec elle un peu? Apparemment elle n'est pas seule, deux autres senteurs me parviennent. Deux humains.

J'arrive juste devant la clairière, et je la distingue. Une elfe. Une femme accompagnée de deux enfants, tous trois assoupis. C'est mon jour de chance... Dommage que je ne puisse pas manger les races humanoïdes, cela m'aurait fait un bon repas. Je vais quand même passer le temps, à défaut de trouver quelques-choses à me mettre sous la dent, j'ai trouvé quelque-chose à me mettre sous la griffe. J'avance doucement, sans produire le moindre son car à ce qu'il paraît, les elfes ont l'ouïe extrêmement fine, même quand ils dorment. Je m'approche du premier rejeton. Une jeune fille, le visage calme et paisible, assoupie et sans crainte de ce qui peux l'entourer. Je m'approche d'elle, m'agenouille à ses côtés, me demandant ce que je pourrais bien faire avec ça. Quand je me décide à l'emmener autre part pour que ses congénères ne puissent pas lui venir en aide, je fais un faut mouvement et une branche craque, résonnant à travers la forêt.

L'elfe se redresse aussitôt sur ses deux jambes. Tirant une flèche de son carquois avec une rapidité impressionnante, elle me vise de son arc, ses yeux d'un azurs merveilleux me fixent durement. Elle a les traits fins, les cheveux fins, le corps fin... Comme les elfes. Sentant que si je fais le moindre mouvement, elle n'hésitera pas à décocher sa flèche, je me relève et recule, m'éloignant de la môme. Cependant, je ne la quitte pas des yeux moi non-plus. Pas la peine de sortir ma dague, l'allonge est trop courte pour faire face à un arc. Ce sera un duel de regard, celle qui craquera en premier sera celle dont le destin se brisera aujourd'hui, dans cette clairière. Nous ne faisons aucun bruit, si bien que les deux gamins ne se sont pas réveillés. Même la petite. Elle dort paisiblement, insouciante. Elle n'a jamais dû penser au risque qu'une lycanthrope traîne dans les parages...

-Ce sont tes enfants, ces mômes? C'est drôle il ne te ressemblent pas... dis-je, cynique
-Recule, me lance-t-elle, d'une voix froide et ferme, à moins que tu tiennes à voir mes côtés plus sombres.
-Une elfe peut être menaçante? Grande nouvelle!

À la remarque, elle se tend, je vois son regard devenir encore plus dur. Un sourire en coin apparaît sur mon visage. C'est qu'elle est susceptible, en plus...

Spoiler:

Je réalise que je suis dans le monde des rêves dès que j'ouvre les yeux. Tout ce qui m'entoure n'est que courbes d'argent. C'est comme si je n'avais pas bougé pourtant, tous les éléments de mon environnement éveillé se trouvent à leur place : Kahn et Anna qui dorment paisiblement près du feu dont les braises craquent dans le silence de la nuit, mon cheval bai broutant non loin, les abres et buissons de la forêt qui nous cachent aux yeux du monde, même ma propre silhouette est grise. C'est comme si le monde venait soudainement d'être recouvert d'une couche de poussière d'étoile. Tout est tellement brillant que s'en est douloureux pour ma vue trop sensible. Un vent léger souffle dans les frondaisons au-dessus de ma tête et je lèvre les yeux vers les feuilles bruissonnantes tandis que les anneaux de mes oreilles produisent un son cristallin au moindre mouvement de mes longues oreilles.

Alors que je m'apprêtais à refermer les yeux, une grande bourrasque balaie le feu de camp, chassant la poussière argentée, la transformant en papillons qui s'envolent immédiatement en quittant le sol. Avant que je n'ai le temps de réagir, une forme sombre qui n'a rien à faire là bondit sur moi depuis les fourrés en face. Quatre pattes ébènes, une fourrure d'un profond noir corbeau, des crocs luisants s'ouvrant afin de laisser passer un grondement terrifiant, des yeux aussi rouges que le sang. Je sais immédiatement que cette créature ne provient pas de ce monde. Ses bonds laissent une sorte de tache d'encre sur le sol et en moins de temps qu'il me faut pour vider un verre de rhum, la bête est déjà sur moi.

Le craquement qui résonne dans les bois m'extirpe de ce rêve étrange et me ramène à la réalité. Immédiatement, je suis sur mes gardes tandis que le craquement se prolonge, comme s'il m'avait suivi hors du monde de Morphée. C'est alors que je l'entends : une autre respiration, ressemblant à celle d'un humain, mais pourtant différente. L'odeur qui va avec harrasse mon nez en trompette et la conclusion de mon analyse apparait dans mon esprit avec la vitesse du tonnerre : loup. Ou plus précisément lycanthrope.

Ma main glisse jusqu'à mon arc automatiquement et une flèche est encochée avant même que je me rende compte de ce que je fais. Je tire la corde et l'amène directement à ma joue dans un geste poli par l'usage. Ce n'est qu'au moment où je suis entièrement prête à lâche le trait mortel que je fais face à mon adversaire. Bien entendu, toutes ses actions se sont déroulées en moins de quelques secondes.

Je lui fais face. Une fille ou plutôt une femme. Cheveux bruns, regard fier, allure posée, mais sur la défensive. Elle sait qu'elle a fait une erreur, mais la détermination de ses yeux ne me fais penser qu'à une seule chose : la confiance d'une potentielle victoire en cas de duel. Elle se relève, s'éloigne d'Anna de quelques pas et me fixent de ses yeux dont la couleur m'étonne grandement : caramel. J'en ai rencontré des personnes avec des couleurs d'yeux complètement farfelues en allant des simples nuances de gris aux abérations les plus extrêmes de jaune ou rose, mais jamais de caramel aussi profond.

Je ne la quitte pas des yeux et le duel change, passant de l'état physique à celui des regards. Telles des statues, nous sommes toutes les deux figées et un peintre pourrait presque nous dessiner à ce moment-là tellement nous sommes immobiles. Seules nos poitrines qui se soulèvent aux rythmes de nos respirations respectives indiquent que nous sommes vivantes et bien réelles.

Mon arc tremble imperceptiblement dans mes mains. Bèll' Bètt commence à s'exciter en demandant que je tire, je sens son impatience grimper au fur et à mesure que les choses se prolongent. La corde tendue près de ma joue vibre de temps en temps et je la caresse doucement avec mon index droit, faisant entrer ma peau en contact avec les plumes vertes et dorées de la flèche. Des trois différents types de flèches que j'ai dans mon carquois, j'ai choisi la plus basique et normale, celle qui n'a aucun effet particulier.

Kahn et Anna n'ont pas bougés, ils sont toujours endormis et j'espère qu'ils le resteront jusqu'à ce que je règle vite fait cette histoire. Ils sont loin d'être capables d'affronter un lycan et le simple fait de découvrir cette créature pourrait avoir d'importantes répercussions sur leurs personnes. Kahn s'en sortirait bien, il est plus malin et costaud que sa soeur, mais Anna n'est pas prête. Je ne veux pas que la plus grande peur de sa vie se passe ici dans cette forêt, même si je sais que ça finira par arriver un jour et que je pourrais pas toujours la protéger du monde.

- Ce sont tes enfants, ces mômes? C'est drôle il ne te ressemblent pas...

Son ton cynique me fais lever un sourcil. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle soit la première à rompre le lourd silence tendu qui s'était installé si vite. Mais il en faut bien plus que ça pour que j'affiche ma stupéfaction. De plus, de toutes les questions qu'elle aurait pu me poser, celle-ci était loin dans la liste que je m'imaginais.

- Recule. À moins que tu tiennes à voir mes côtés les plus sombres.

Simple avertissement suivi de ma corde qui se tend un peu plus. Je ne plaisante pas et mon visage fermé ainsi que le ton glacial que j'emploie le prouvent. Mes muscles crispés peuvent rester ainsi durant des heures, je ne me suis pas entrainée pour rien.

- Une elfe peut être menaçante? Grande nouvelle!

Mon regard se durcit davantage tandis qu'un sourire apparait sur ses lèvres. Alors comme ça, elle veut jouer au petit jeu de la provocation ? Très bien. Je calme les battements de mon coeur et les calque sur ceux de mon adversaire. L'exacte même position que comme lorsque je chasse. Peu importe la bête qu'il me faut abattre, mes flèches trouvent toujours leurs cibles. Mais je n'ai jamais aimé tuer des innocents. Je n'irai pas jusqu'à dire que cette femme est innocente, mais elle ne m'a encore rien fait pour le moment outre me provoquer.

J'expire et mes doigts s'ouvrent tandis que j'écarte mon arc de quelques millimètres, suffisamment loin pour que la flèche se fige dans le tronc qui se trouve juste à côté d'elle. Mon cheval relève la tête au bruit tandis que Kahn se retourne dans son sommeil. Mais heureusement, il reste endormi. Ma main prend automatiquement une autre flèche et l'encoche tandis que la corde est tout de suite amenée à ma joue.

- Je ne plaisante pas. Recule ou la prochaine sera entre tes yeux.

Il n'y a aucune colère dans ma voix, seulement une menace grandissante et pressante. Voyons maintenant si elle est suffisamment intelligente pour ne pas me provoquer. Je sais que j'ai l'avantage pour le moment avec la portée de mon arme, mais les choses peuvent très vite évoluer. Si cela devient trop confu, je sais que les deux sabres qui pendent à ma ceinture me seront très utiles...

Spoiler:

Je souris. Un rictus presque effrayant pour quiconque se retrouve sans défense. Et, en voyant mon sourire, elle semble se détendre un peu. Je perçois le très léger mouvement qu’elle fait. Elle baisse son arc, de quelques millimètres, mais elle l’a bougé. Je sens comme un coup de vent me frôler pour aller se planter dans l’arbre juste derrière moi. Sa flèche, rapide comme le vent, aurait bien pu me traverser. Si elle l’avait voulu, elle aurait pu me tuer sur place, elle a donc fait exprès de m’éviter. Pour m’avertir, sans doute. Droite, presque statique, elle me fixe de ces yeux durs qui semblent cacher tous les tourments du monde. Les plumes vertes de sa flèche se confondent avec les feuilles qui couvrent la forêt. Je comprends que ce sont sûrement les flèches qu’elle utilise pour chasser. Elle a un bon odorat, comme tous les elfes, elle a sûrement deviné que je suis une lycanthrope. Chasser du loup… C’est presque ironique quand on y pense. Le loup-garou est une créature sauvage, avide de chair, qui perd tout contrôle de ses émotions humaine quand il se transforme sous la lueur de la lune. Je me demande si elle a déjà fait face à d’autre de mes ‘’semblables’’ (je déteste ce terme, qualifier ces imbéciles comme mes frères me donne la chair de poule). Si oui, je n’ai pas à me cacher, et si non, j’ai tout de même l’avantage de la surprise.

Les mômes dorment encore. Leurs traits paisibles sont presque attendrissants, mais je n’ai pas le cœur à me perdre dans ce flot d’émotion inutile. J’ai un but, j’ai des principes, et admirer des enfants ne fait pas partie de mes préoccupations. La seule chose que j’apprécie de ceux que je qualifie comme des sous-créatures, c’est leur goût. Du sang frais. Je me demande quel goût a le leur…

Je vois l’elfe tressaillir. Elle ressaisi une autre flèche, une fraction de seconde après que l’autre se soit plantée dans l’arbre, et amène la corde tendue de son arc jusqu’à sa joue. Puis, ses lèvres s’entrouvrent, et elle me lance d’un ton glacial :

-Je ne plaisante pas. Recule ou la prochaine sera entre tes yeux.

C’est bien ce que je me disais, la flèche précédent n’avait servi qu’à m’avertir du danger que j’encourais. Une montée d’adrénaline se fit sentir dans mes veines. Sans vraie raison, je me sentais grande, capable de tout, et plus affamée que jamais. Je remarque deux sabres pendus à sa taille. Comment se fait-il que je ne les avais pas vus avant? Leur lame semble tranchante, prête à couper peau, bois et pierre autant que l’elfe le voudra. Si je m’approche d’elle avec ma dague, elle sera forcément obligée de s’en servir. Et si… Si je m’élançais vers elle, si je sentais le vent contre ma peau, si j’entendais nos lames s’entrechoquer, si je sentais le sang frais émaner de nos deux peaux…

De la main gauche, je caresse l’étui qui recouvre mon arme. Si elle ne fait pas le premier mouvement, alors je m’en occuperai. Je fixe ses iris, profonds, envoûtant, mais je ne me laisse pas faire. J'ai mon objectif, et j'ai cette soif de sang nouvellement éveillée en moi. Le métal froid de ma lame me fait envie. Le cuir de mon étui également. Un sourire carnassier apparaît sur mes lèvres, donnant à mon visage une allure sombre. Je vois que l'elfe a remarqué cette émotion nouvelle en moi, je vois qu'elle prépare discrètement son arc. Et je m'en réjouit, car ça veux dire qu'elle veut se battre, elle aussi. Et de toute façon, ce n'est pas comme si j'allais lui laisser le choix...

N'y tenant plus, je m'élance vers elle, je sens le vent qui travers mes cheveux et qui repousse mes mèches rebelles. Ma lame sortie, je lui assène un coup violent qui me fait extérioriser toute ma rage et toute mon envie, qu'elle pare d'un habile mouvement de son arc. Elle me repousse à quelques mètre. Apparemment, elle a une assez bonne force physique. Je vois qu'elle effleure une de ses épée de la main. Un combat de dague contre épée. La longue portée contre la courte portée. Je vais devoir user de stratégie et de rapidité pour l'avoir, et j'en suis bien capable. Je me jette sur elle, et effleure ses cheveux de ma lame, faisant voler quelques cheveux blonds au sol mais ne la blessant pas. Elle dégaine une épée et fonce sur moi, et je pare son coup de mon poignard. Les lames s'entrechoquent, une plainte s'élève entre les arbres, faisant fuir quelques oiseaux.

Les deux enfants se réveillent. Se frottant d'abord les yeux, à cause du sommeil, ils remarquent ma présence et leurs yeux s'écarquillent d’effrayamment. Le garçon se jette sur celle qui semble être sa sœur, protecteur, et les deux se serrent l'un contre l'autre, spectateurs muets d'un combat muet. Nous ne faisons presque aucun bruit, et ça m'étonne. Les deux enfants semblent choqués, je lis la peur dans leurs yeux, et je m'en délecte. Chaque once de leur peur nourrit ma colère et ma folie, et je devient de moins en moins lucide.

Je me retourne vers l'elfe et plongent mes yeux dans les siens, mélangeant l'azur et le caramel. Mes lèvres bougent d'elles-même, je ne contrôle plus ce que je dit, la folie du lycanthrope a pris le dessus sur ma personnalité. Je m'en réjouis. La lune sera presque là, et alors, je pourrais me transformer et profiter pleinement de cette vie sauvage. D'une voix forte, dominante, je lui crache au visage :

-Fait bien attention à tes mômes, avec moi ils risquent gros!

Spoiler:

Dès qu'elle s'élance sur moi, je découvre que je n'aurai pas le temps de la tuer. Elle est trop rapide et l'effet de surprise est de son côté. Je ne pensais pas qu'elle serait aussi impatiente d'entamer le duel et cela m'a coûté l'occasion de la tuer définitivement même si ma simple flèche en bois ne l'aurai sans doute pas achevée, aussi bien placée soit-elle. Pour les lycanthropes et les loups-garou, c'est tout une autre catégorie.

J'aurai le temps de tirer, mais même si je le fais, je suis presque certaine de la manquer oou de frôler sa peau ce qui ne la ralentirai même pas. Heureusement pour moi et même si cela déplait grandement à Bèll' Bètt, mon arc est suffisamment resistant pour supporter l'assaut et je réussit à user de toute ma force physique pour la faire reculer de quelques pas, me laissant ainsi l'opportunité de changer d'arme.

Sans hésiter une seconde, je lance mon arc près des enfants, toujours à portée de main, mais inutile dans la tournure des évènements. Mes doigts se referment sur le manche de mon sabre droit et immédiatement le crissement de la lame argentée contre son fourreau perce la nuit silencieuse. Trop silencieuse à mon goût. On dirait que les animaux alentours se sont tu rien que pour nous regarder combattre. Et ce genre de silence n'indique jamais rien de bon, croyez-moi.

Les enfants se réveillent alors que nous échangeons quelques coups bien placés, mais futiles, comme si nous parlions de la saison et du beau temps. Simple introduction musclée. Kahn se jette immédiatement sur Anna pour la protéger et je ne peux m'empêcher de penser qu'il a bien retenu les leçons que je leur ai enseigné et surtout qu'il a un bon instinct. Il fera un grand guerrier. Je tourne ensuite toute mon attention sur le combat, sachant pertinnement que si je suis déconcentrée par les enfants, je risque d'y laisser bien plus que les quelques cheveux blonds que je viens de perdre.

Après une minute ou deux de cet intense combat, je sens mon adversaire commencer à jubiler et à prendre confiance, comme si elle n'attendait plus qu'une seule chose pour se lâcher complètement. Si elle se transforme entièrement, je vais avoir de grands problèmes pour la mettre hors d'état de nuire, car je n'ai pas envie de tuer un aussi bon combattant, aussi cruel soit-il.

- Fait bien attention à tes mômes, avec moi ils risquent gros!

Comme si je ne l'avais pas déjà remarqué ! Je n'ai pas besoin de leur dire de ne pas bouger, la peur qui les fige s'en ai chargée pour moi.

- Tu ne sais pas à quel point j'étais liée à plusieurs des tiens !

J'espère que cette réflexion la fera réfléchir durant quelques secondes, mais j'en doute. Je me rend malheureusement compte que si je veux la blesser, je vais devoir me sacrifier en premier. Les leçons de combat que j'ai appris il y a plus de 50 ans me reviennent en mémoire.

"Fais un faux pas afin de donner l'impression à l'ennemi qu'il a le dessus. S'il gagne en assurance, sa vigilance sera fragilisée et tu pourra retourner la situation."

Mais là il ne s'agit pas uniquement de confiance et de prudence. Pour parvenir à la toucher, je dois effectuer un mouvement bien précis et cela nécessite mon immobilité pendant quelques secondes, ce qui lui laisse le temps de me toucher. À moi maintenant de décider où et quand attaquer. Ma lame déchainée et d'argent est la seule chose qui puisse blesser cette créature et même la tuer.

Je plante soudain mes deux pieds fermement dans le sol et la laisse finir le mouvement qu'elle avait si bien amorcé comme s'il était poli par l'usage. Sa dague se plante dans mon bras gauche et le sang gicle juste au dessus du coude. J'entend Kahn et Anna retenirent leur respirations, mais je vois bien qu'ils essaient de ne pas crier afin de ne pas me déconcentrer. Maintenant que sa lame est occupée, je peux aisément placer la mienne.

D'un geste rapide, je dirige mon coup vers son épaule dans le but d'ouvrir une profonde plaie, suffisament profonde pour la blesser et la calmer un peu, suffisament pour la faire souffrir, mais sans qu'elle ne meurt en se vidant dans son sang.

Nous allons maintenant voir si mes années de pratique sont encore valables.

Spoiler:

Obliquer, éviter la lame. Donner une puissante impulsion des mollets et foncer à nouveau sur son adversaire. Entendre le métal s'entrechoquer contre celui de l'elfe. Jubiler de ce contact faisant rougir ma lame, qui n'attend plus que je l'enfonce dans la peau si parfaite de cette enfant des forêts. Mais soudain, elle semble faiblir. Son avant-bras s'affaisse, elle semble sans défense, elle esquisse un bref mouvement, comme si elle tombait. Et saisir sa chance, foncer, malgré les muscles brûlants de nos cuisses, planter son arme directement dans le bras de son adversaire pour ensuite la ressortir, rouge de sang, et voir la plaie qui se forme et le sang qui se met lentement à couler. Jouir de cette vue, voir cette elfe qui semblait se croire si douée au combat se prendre un violent coup et saigner, saigner...

Mais qu'est-ce que cette douleur qui me traverse l'épaule? Et pourquoi son visage est-il maintenant si proche du miens? Elle m'a... touchée? Comment? Je ne l'ai pourtant pas laissée faire. Je l'avais frappée, j'ai vu l'hémoglobine s'échapper de la blessure laissée par mes soins. Elle aurait dû avoir mal, son bras aurait dû s'immobiliser quelques instants, juste le temps de finir ma tâche. Mais non, elle a bondit vers moi et elle a enfoncé son propre métal dans mon épaule.

Attendez un instant, ce n'est pas du métal ordinaire. La sensation est bien différente, la douleur est bien plus grande, sa lame n'a pas été forgée chez les hommes qui se contentent des métaux les plus vulgaires. Non, cette femme est une elfe, et sa lame a été forgée selon des coutumes bien plus traditionnelles et elle est bien plus prestigieuse que la mienne. Elle réveille en moi une douleur profonde et aigu, qui fait trembler mes membres et se hérisser mes poils. Elle provoque une sensation d'aversion, de vertige, d'étouffement. Comment n'ai-je pas pu m'en rendre compte plus tôt?

Sa lame est en argent.

Je dois vite rompre le contact, je ne dois pas la laisser trop m'affaiblir par ce métal maudit. Cette chose que je craint tant depuis que j'ai découvert ma nature, il y a longtemps de cela. Et la lune qui apparaît... Avec son coup si bien placé, elle aura réussis à stopper ma métamorphose. Je ne me transformerai pas, ou en tout cas, pas maintenant. Maudite soit-elle...

''Toi, tu... tu... avec ta lame... de l'argent....'' je bégaye, incapable de trouver mes mots au travers de la rage qui s'empare soudain de moi

La colère me traverse les membres, et j'essaie de lui sauter dessus, mais ce n'est qu'une légère impulsion qui émane de mes jambes affaiblies. Et je m'écroule, face contre terre, mordant littéralement la poussière, ma dague rougeoyante toujours à la main. Mes membres sont engourdis, surtout mon épaule qui a été enfoncée par cet argent si répugnant. Je dois me relever, je ne peux pas rester ainsi, je suis à sa merci, elle va me frapper et sans doute me tuer, d'un nouveau coup de sa lame elfique. Allez, Savannah, un petit effort. Un peu de force dans tes bras et tes jambes, relève toi! Allez, allez, ALLEZ!

J’entends une feuille craquer, juste devant moi. Elle s'approche, je le sait, sa répugnante odeur et sa répugnante personne éveillent mon odorat. Et je suis impuissante. Rien qu'à cette pensée, je me sens si petite, alors que j'ai l'habitude d'être si grande et menaçante. Je ne la laisserai pas faire, mais comment m'en sortir si elle est déjà si proche?

Dans le lointain, un bruit retentit soudain. J'entends les deux môme sursauter bruyamment, et je sens que l'elfe se retourne, probablement les sens en alerte, tout comme moi. Je ne discerne aucune odeur, juste un son désagréable qui se rapproche de moi rapidement. La menace a changé, mais est toujours présente, apparemment.

La louve s'effondre en grimaçant et je peux lire la pronfondeur de sa haine envers moi se refléter dans ses yeux caramel. Elle me méprise toujours autant si ce n'est plus, mais elle n'est pas en état de me tuer. Elle pourrait me blesser davantage, mais ma lame d'argent est une menace encore plus grande pour elle et je ne pense pas qu'elle sera stupide de se lancer de nouveau dans le combat.

J'effectue un rapide mouvement du bras droit, ce qui éjecte les gouttes de sang collées à la lame. Telles des gouttes de pluie, le sang tache les feuilles et brins d'herbes au sol. Je m'approche ensuite de la louve après avoir placé ma lame dans ma main gauche afin d'évaluer l'étendue de ma propre blessure. C'est relativement profond, mais sa lame avait l'air propre donc je ne pense pas que je risque une infection. Il faudra pourtant que je nettoie tout ça. Cela permettra à Anna de s'essayer à faire des bandages, chose qu'elle voulait faire depuis plusieurs semaines, mais n'avait jamais eu l'occasion de pratiquer pour de vrai.

Je regarde rapidement les deux mioches : ils n'ont pas l'air terrorisé par la vue du sang, ce qui est une bonne chose. Mon attention retourne ensuite à mon adversaire qui lèche toujours la poussière. Je ne compte pas l'achever. Sa blessure est déjà suffisamment grave et elle la met hors jeu pour quelques jours au moins, même en comptant sur sa guérison surhumaine. Comme pour me rappeler la véritable nature de mon adversaire, la lune ronde éclaire de ses rayons argentés une partie de notre zone de combat avant de disparaitre de nouveau sous une masse de nuages.

Soudain une chose me frappe alors que je m'apprêtais à donner un simple coup de pied à la louve pour lui couper l'envie de me chercher des noises de nouveau. Il n'a presque aucun bruit autour de nous. J'entends uniquement nos quatre respirations respectives et celle de mon cheval. Aucun crissement d'insecte nocturne, pas le moindre son d'animal dans les alentours, aucun bruissement de feuilles. Seul le vent qui souffle en provenance du nord secoue les lourdes branches d'un chêne septentrional se trouvant plus loin sur la colline et le glougloutement d'une rivière dérapant sur des pierres plates au sud de notre position parviennent à mes oreilles.

Un long craquement retentit derrière les jumeaux et ceux-ci sursautent.

- Et merde !

Je range ma lame d'argent, ignore la douleur de mon bras gauche et m'approche à grands pas rapides et silencieux de Kahn et Anna. Mes oreilles résonnent des nouveaux bruits que je perçois et cela ne signifie rien de bon. Nous devons nous dépêcher.

- Debout ! Kahn, Anna, grimpez vite dans cet arbre !

- Qu'est-ce que c'est Luni ?

Je les prends par la main et les place devant un tronc noueux qui posède de nombreuses branches. Ils commencent à grimper.

- Des loups.

Je ne concentre durant trois infimes secondes.

- Six. Ils se dirigent vers nous. Le sang va les attirer. Grimpez aussi haut que vous le pouvez et trouver une branche solide afin d'y rester.

Le sang va les attirer. Autant le mien que celui de la louve. Mais au moins pour mon propre fluide vital, je peux faire quelque chose.

Je récupère mon arc que je place dans mon dos et je m'approche de mon cheval. Je le caresse doucement, puis peint son chanfrein avec le sang qui s'écoule de ma blessure.

- Je suis désolée, mais nos chemins s'arrêtent là. Essaie de les attirer. Peut-être que tu t'en sortiras malgré tout. Je murmure dans son oreille.

Puis je récupère les rênes que je défais afin de garder uniquement la longue lanière de cuir que j'enroule autour de ma main et la range dans mon sac de voyage. Je pourrais tirer un excellent prix pour le cuir de la selle, mais je n'ai pas le temps pour ça. Je lui retire tout l'arnachement afin de faciliter sa fuite, puis claque ma main sur sa croupe. Il s'élance au galop en poussant un petit hénissement et disparait dans les fourrés. Je sors ensuite une bouteille de rhum de mon sac et en vide la moitié sur ma blessure en serrant les dents de douleur. De cette manière je désinfecte et nettoie la plaie tout en chassant un peu l'odeur de l'hémoglobine.

Je jette un coup d'oeil à Kahn et Anna : ils sont hors de portée. La louve se trouve non loin. Je ne sais pas du tout ce qu'elle compte faire, si les loups l'attaqueront, mais je suis sûre d'être leur cible principale. C'est pour cette raison que je grimpe trois branches afin de me placer à quelques mètres du sol, encore relativement bas pour tirer à l'arc sans trop d'effort, mais suffisamment haut pour être hors de portée des crocs puissants.

Si la louve est vraiment menacée, je lui viendrait en aide, je devrais avoir suffisamment de flèches pour cela, mais je me demande bien ce qu'elle va faire.

Des loups.

Pas des lycanthropes, non, de vraies bêtes sauvages qui s'approchent de notre petite réunion avec appétit. Sûrement l'odeur du sang qui les a fait venir. En même temps, je les comprend un peu : qui résisterai à l'alléchant appel d'une coulée d'hémoglobine fraîchement versée? Pas moi, en tout cas.

Les gosses ont sursauté et l'elfe s'est vite retournée. Pour l'instant, son attention ne devrait pas être sur moi, puisqu'elle s'élance en direction des deux petits et les fait monter dans un arbre. Ce qu'elle compte faire d'elle-même m'importe peu, je dois surtout me concentrer sur comment sortir de cette situation quelque peu délicate. Il faut que je me relève. Mais je ne peux pas à cause de cette fichue blessure à l'argent qui bloque mes muscles et m'empêche de me tenir sur deux jambes. Mon épaule saigne toujours, mais pas si abondamment que ça, puisque je cicatrice incroyablement vite. C'est surtout les effets du métal maudit qui m'empêchent de bouger, plus que la blessure en elle-même. Donc, techniquement, ce n'est pas mon sang qui attire la meute mais celui de cette stupide elfe. J'entends soudain un hennissement et des sabots. En relevant un peu la tête, je ne vois ni les mioches, ni l'elfe. Ils ont fuit comme des lâches... Malgré tout, les loups s'approchent encore, je peux sentir leur odeur et je peux entendre leurs grognements, bien que discrets, ce qui veux dire que c'est après moi qu'ils en ont? Puisque je suis maintenant toute seule, ce serait l'option la plus logique.

Il faut que je me relève.

Puisant toute l'énergie que j'ai, je parviens à me hisser sur mes deux bras, et ma tête est maintenant à une trentaine de centimètre du sol. Je tente de bouger mes jambes mais celles-ci sont obstinées à rester immobiles. Poussant sur mes avants-bras, je commence à ramper, d'une certaine manière, pour essayer de trouver quelque-chose sur quoi m'appuyer. Même si cela ne sert pas à grand chose, je suis toujours plus dangereuse assise que couchée sur le ventre, le nez dans la boue. Un dernier effort... Je m'appuie contre une pierre qui s'élève du sol, et je me rend soudain compte que j'ai laissé tomber ma dague plus loin et qu'elle m'est hors de portée. Les loups sont très proches, je le sais, je les sens. Je ne peux pas aller la chercher, je suis tellement affaiblie que je me porterai beaucoup mieux en restant ici. Et dire que tout ça, c'est à cause de cette stupide lutine aux oreilles pointues... Sans elle j'aurais déjà sauté sur les prédateurs et on n'en aurait plus jamais entendu parler, c'est sûr et certain. Qu'elle soit maudite!

Une des bêtes sort d'un buisson, tous crocs devant, et semble renifler le sol encore empreints de nos traces de pas, à la recherche d'un piste. Je suis pourtant bien en évidence devant lui. Je n'y comprend plus rien, que cherchent-ils? Il relève la tête et me voit. Puis, il semble renifler autre chose et je vois la lueur d'agressivité dans ses yeux se transformer en quelque-chose d'encore plus sauvage, presque démoniaque, à mesure qu'il s'approche de moi, les griffes sortis et les crocs prêts à croquer ma chair. De toutes les façons de mourir, jamais je n'aurais cru devoir périr dépecée par un de mes ''semblables'' alors que j'ai été blessée et affaiblie par une elfe. C'est presque honteux. Le loup s'approche, et je vois les autres membres de la meutes venir à sa suite. Ils grognent, ils sentent, ils se délectent déjà du goût de ma chair et de mon sang.

Et merde.

Je ferme les yeux, prête à ressentir une énorme douleur. Puisque je dois mourir... Je n'aurais jamais cru être capable de me résigner si vite, mais la folie du lycanthrope en moi s'est effacée, partie en même temps que mes forces à cause de cette lame en argent. Même si la lune brille dans le ciel, éclairant un peu le lieu où nous nous trouvons, je ne me transformerai pas. Je serais morte à cause d'une elfe et d'une meute de loup. Pathétique. Le loup rugit et je l'entend s'élancer. Allez, viens, je suis prête.
Mais il ne vient pas. Cinq, six, sept, huit... Il s'est envolé? Non, c'est impossible. Lentement, j'ouvre mes yeux à nouveau et ce que je vois à côté de moi n'a aucun sens.

Le loup gît, mort à côté de moi. Et les autres loups fixent au-dessus d'eux, comme si la menace venait des arbres.

Sujet: Re: Time to teach (Rp Savannah) Lun 03 Mar 2014, 23:55

Ils arrivent. Je jette un rapide coup d'oeil à Kahn et Anna. Ils ne bougent pas. Bien. Tant qu'ils ne feront rien de stupide, je n'aurai pas à m'inquiéter pour eux. Une chose en moins à surveiller. Donc plus de concentration sur ce qui s'annonce.

Les loups ne mettent pas longtemps à arriver. Je sens leur odeur bien avant que le premier d'entre eux ne bondisse hors des fourrés. Cet animal splendide et majestueux, fier chasseur que j'ai souvent admiré et qui m'a tellement inspiré et tant appris, se trouve aujourd'hui devant moi en différentes copies. Mais il n'a rien à voir avec la fabuleuse créature qui parcourt ces bois d'habitude. Non, le monstre qui se trouve à mes pieds n'a que le sang à la bouche.

La louve qui m'a blessée n'arrive pas à se lever complètement. Elle n'arrivera jamais à s'enfuir, encore moins à se battre et si je ne fais rien, elle se fera déchiqueter par les crocs éguisés du premier loup sur sept qui se jette sur elle. D'ici quelques secondes, je deviendrai la dernière personne qu'elle aura vue et probablement celle qu'elle détestera le plus durant ses derniers instants si seulement elle pense à moi.

Je ne me sens en rien responsable, je n'ai aucune pitié, la vie m'a retirée cette capacité il y a bien longtemps, mais je ne suis pas cruelle et je sais pertinemment que je peux faire quelque chose.

J'ai vingt-cinq flèches dans mon carquois, une dizaine qui sont spéciales et que je n'ai pas envie d'utiliser. Mais je dois faire quelque chose. Lorsque le premier loup s'élance sur elle tous crocs dehors, je me décide et ma concentration entre dans la danse.

Main gauche solidement refermé sur le bois vibrant de mon arc. Index pointé vers l'avant, parallèle au trait mortel que je m'apprète à laisser voler. Regard fixé sur la proie mouvante. Instint de chasseur qui s'éveille. Index et majeur droit accrochant la corde rigide en crin de licorne. Corde tendue jusqu'à la joue, caressant doucement celle-ci. Respiration qui se calque sur celle de la proie. Sentir le moindre de ses mouvements, les courants d'air sur les poils, les gouttes de bave impatiente qui s'échappe, la faim et soif de sang qui brille dans les pupils sombres.

Enfin, vient le moment tant attendu et mes doigts s'ouvrent. La flèche est libérée avec tellement de force et d'énergie qu'elle siffle presque. Elle n'émet pourtant aucun bruit en se fixant dans la tête du loup, juste au-dessus de l'oreille, fracturant le crâne, tuant la bête sur le coup et la faisant s'écraser sur le sol comme un vulgaire moustique. Un grand silence accompagne sa chute et les autres loups s'arrêtent brusquement comme s'ils étaient surpris.

J'en profite pour descendre un autre carnivore avant que les autres ne s'y mettent de nouveau. Un troisième est abattu avant qu'une vague d'hésitation ne se propage entre les canidés surdéveloppés. Il en faut un quatrième pour les dissuader complètement et les forcer à s'enfuir. Mais, même s'ils ne commettent pas la stupide erreur de s'approcher de mon arbre ou de la louve, je les entends poursuivre vers le sud, dans la direction de mon ancienne monture.

J'attends quelques secondes avant de descendre et de récupérer les jumeaux et de vérifier qu'ils n'ont rien. Je m'approche ensuite de la louve, mais place tout de même un bon mètres entre nous, juste au cas où.

- Je suggère que chacun parte de son côté. Ta blessure semble cicatriser assez vite et tu devrais être en état de bouger à ton aise d'ici une heure ou deux. Je n'ai aucune raison de te donner des conseils ou te faire la leçon, mais tu devrais mieux choisir tes adversaires. Je sais que l'adrénaline est l'une des meilleures drogues au monde, mais crever comme un chien à cause d'une connerie pareille, ça ne vaut pas la peine. La vie est trop précieuse pour la jeter de cette manière.

Je tourne les talons et prend Anna par la main tandis que Kahn marche à mes côtés. Je lève ma main dans un geste de salut sans me retourner d'un millimètre.

- Si nous nous voyons de nouveau, j'espère que ce serait dans d'autres conditions et que nous ne nous sauterons pas à la gorge.

Spoiler:

Sujet: Re: Time to teach (Rp Savannah) Dim 16 Mar 2014, 21:49

Il y a une flèche plantée dans la tête de l'animal. Et, si je ne me trompe pas, l'elfe avait un arc avec elle lorsque nous nous battions. Elle n'est donc pas partie. Fait encore plus ironique : elle vient de me sauver la vie. Je vois le loup abattu qui gît devant moi, le sang commençant lentement sa course sur l'arrière de sa tête pour peindre ses poils d'une teinte presque noire. Un bruit sourd retentit, signe qu'un deuxième d'entre eux viens de rendre son dernier souffle. Je n'ai aucune idée de pourquoi elle fait ça, mais je sens maintenant que je lui dois quelque-chose, et je déteste ça. Je me sens si impuissante.

La flèche siffle et viens se planter dans la poitrine d'une autre bête, qui gémit de douleur et titube avant de s'effondrer. Elle en a tué quelques uns, et les autres sont partis. J'entends les branches d'arbres qui craquent et les feuilles qui crissent. Puis j'entends des pas, ses pas.

- Je suggère que chacun parte de son côté. Ta blessure semble cicatriser assez vite et tu devrais être en état de bouger à ton aise d'ici une heure ou deux. Je n'ai aucune raison de te donner des conseils ou te faire la leçon, mais tu devrais mieux choisir tes adversaires. Je sais que l'adrénaline est l'une des meilleures drogues au monde, mais crever comme un chien à cause d'une connerie pareille, ça ne vaut pas la peine. La vie est trop précieuse pour la jeter de cette manière.

Je ne me sens pas l'envie d'affronter son regard azur, alors je garde la tête baissée pendant tout ce discours. Me faire faire la morale par une elfe, non mais... Cependant, j'ai le sentiment que, aussi répugnante cette perspective soit elle, ses paroles sont justes et n'ont rien d'une provocation. Je n'ai jamais su me contrôler, encore moins les soirs de pleine lune, mais cette fois je réalise que mes idioties vont peut-être me coûter plus que quelques gouttes de sang. Je hais cette elfe, cet air moralisateur, mais surtout, et par dessus tout, le fait que je réalise pleinement qu'elle a raison et que je ne veux pas l'admettre.

Quand je sens qu'elle s'en va, je relève enfin les yeux et je vois seulement sa main levée qui me salue et sa silhouette fine s'éloigner, les deux mioches flanqués à ses côtés.

- Si nous nous voyons de nouveau, j'espère que ce serait dans d'autres conditions et que nous ne nous sauterons pas à la gorge.

Croit-elle vraiment que si je revois son sale visage de lutine, je vais me retenir de lui sauter à la gorge sans me retenir? Dans tous les cas, je me suis bien fait humilier ici et j'ai le sentiment que je devrais moi aussi m'éloigner, de plus que je sens les effets de l'argent s'estomper très légèrement. Une heure ou deux, a-t-elle dit? Je tente de me relever, mais je reste appuyée sur la roche, puisque je n'ai effectivement pas encore la liberté de me mouvoir. Je la vois encore qui disparaît au loin, entre les arbres, pour finalement ne plus la distinguer du tout. En plus de me retirer mon repas et ma dignité, elle m'a empêché de me transformer.

- Sales elfes...

Je m'assois dans la même position où j'étais à peine quelques instants plus tôt, et je souffle un peu, relâchant la pression qui monte en moi et qui menaçait d'exploser pendant le combat. Puis, mon regard dérive à travers la clairière et tombe sur les quatre cadavres couchés devant moi. Les loups sont de bonnes tailles et, malgré que la nourriture se fasse plutôt rare, ils sont bien en chair. Je déteste manger les créatures qui me ressemblent tant, mais puisque j'ai tellement faim que j'y ai presque mit ma vie en jeu, pourquoi pas? À quelque-chose, malheur est bon.

Ça m'apprendra à me jeter sur le premier inconnu que je vois.

Spoiler:

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