Elias Ryesil

Invité

Réveil...

Les lumières dansaient... Bercées par une mélodie inaudible au commun des mortels... et des immortels. Elias s'éveillait peu à peu d'un sommeil perturbé comme à son habitude. Mais ce qui le troublait en cet instant c'était la luminosité inhabituelle de sa chambre. Ecarquillant brutalement les yeux, il poussa un cri et se releva vivement. Le jeune homme courait en tout sens, pris de panique à la vue de cette incandescence.
Il finit par se réfugier dans le coin le plus sombre de la pièce et étudia celle-ci de ses yeux larmoyants. Il s'agissait d'une rotonde octogonale aux murs de pierre rouge. Sur chacune des façades était accrochée une lanterne à la flamme oscillante projetant d'obscures ombres dansant sur un sol de marbre. La pièce entière était emplie de miroirs et images.
Peu à peu, Elias reprenait le contrôle de son corps et de son esprit. Il commençait enfin à se poser des questions plus essentielles. Où se trouvait-il? Comment avait-il atterri là? Pourquoi?...

Le plus choquant pour ce vampire, car il s'agissait bien là d'un de ces êtres buveurs de sang, fut de voir quelqu'un se refléter dans les glaces qui l'entourait. Le ventre prit par la peur, il scruta sauvagement les moindres recoins de la rotonde. Personne...
Une pensée pétrifiante frappa alors son esprit en ébullition.

-Serait-ce... moi?

Figé sur place, Elias se retourna lentement vers le miroir le plus proche... L'homme qu'il voyait était assez grand (environ 1m 85), son corps mince et musclé avait des courbes gracieuses et finement sculptées. Sa peau était douce, assez inhabituellement colorée (pour un vampire) et sans imperfections. Ses cheveux étaient d'un brun terne, quelques mèches dispersées étaient pourtant couleur nuit. Le jeune homme qui lui faisait face avait tout pour lui, un nez aquilin, des sourcils et une bouche fine, ainsi qu'un visage et un corps bien proportionnés.
Mais les yeux perçant qui le contemplaient dans le miroir d'argent étaient saisissants, presque félins. Situés entre le orange et le jaune, leur finesse était telle que quiconque aurait put les comparer aux purs joyaux taillés grâce aux plus antiques savoir-faire nains. Et croyez le ou pas, de ces mêmes yeux coulait une eau translucide au goût salé...

*Cela ne se peut...*

Le vampire détourna le regard de ce qu'il avait maintenant compris être son reflet. Mais par quelques malchances, celui ci se posa sur une série de photos le représentant. Les larmes sur ses joues ralentirent peu à peu plus il détaillait les images, jusqu'à s'assécher. Une des photos le représentait en pleine danse, une autre sautant d'un toit, encore une autre mordant un homme...
Poussant un cri d'effroi, Elias détourna vivement la tête, les yeux écarquillés.

-NON! Non! Arretez ça! Laissez moi!, s'écria-t-il en sanglotant.

Pourquoi le torturaient-ils? Que leur avait-il fait? Pourquoi lui rappeller? Le sang... le sang!
Lentement, ses canines acérées se dévoilèrent à la pensée du liquide sombre et chaud.

-NON! rugit l'homme.

Les signes démoniaques se retirèrent peu à peu, laissant un homme effondré.

Sujet: Re: Elias Ryesil Dim 08 Mar 2009, 18:49

Je ne bougeais pas, observant avec bienveillance ce vampire. Suivant son instinct, pareil à la majorité de ceux qui étaient passés ici, il paniquait comme une guêpe qu'on emprisonne dans un verre. J'aurai voulu le rassurer, mais les Yeux ne sont là que pour observer. Caché, je le regardais donc découvrir l'ampleur du carnage, ces dizaines de vision de lui-même qu'il n'aurait jamais cru voir. Il ne sembla pas se reconnaitre immédiatement. J'étais un peu attristée qu'il ne soit pas plus expressif, plus fantasque en observant l'eau de mon miroir. Il aurait pu s'y voir en mouvement, j'aurai pu lui montrer ce qu'il était en ce moment même, dans la vérité de l'action. Mais il semblait totalement extrait de lui-même, comme face à un inconnu. Il était dérangé. Le vampire ne se complaisait pas, il n'était pas du genre à se mirer. Tout cela était trop illogique. J'attendais patiemment qu'il ait fini le tour d'elle-même. Si jusque là je m'étais tenu hors de vu, il était maintenant tant que j'agisse. Apparaissant dans le grand miroir, sur son visage, mes yeux agrandis d'effroi planaient comme une ombre. Je restais immobile et droit, tenant simplement la clef rouge dans ma main. La mécanique était lancée. Le chuintement était à peine perceptible, un murmure. Les murs, ou plutôt la peinture sembla se mettre à couler paresseusement. De longues trainées carmins, semblables à du sang, entrèrent en exode. Les rigoles rouges glissaient contre les parois et recouvraient peu à peu les clichés. Dans ma main la clé devenait elle aussi de plus en plus molle, et elle coulait lentement, goutte après goutte. Le liquide commença à dévorer le miroir comme de l'acide, il le recouvrait d'abord puis la glace semblait s'affaisser sur elle même. Les murs étaient désormais entièrement rouges, oubliant quelques gouttes sombres sur le sol, on ne voyait plus que le bas de mon corps dans le reflet, et dans ma main, la clé s'échappait. Bientôt le fluide vermeil eut fini son oeuvre, dévorant entièrement mon antre. Là où s'était dressé le miroir restait une bouche béante et noire menant à la prochaine étape.

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