"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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Invité
| Sujet: Raido Mer 13 Mai 2009, 00:58 | |
| Les battements de mon cœur font échos aux pulsations douloureuses de mon crâne. Je me masse les tempes pour chasser mon mal de tête. A travers mes paupières closes filtre une lumière douce. Que s’est-il passé cette nuit ? Je me décide à ouvrir les yeux. En fait de jour je me trouve dans une pièce entièrement close, ne disposant d’aucune source de lumière, mais pourtant illuminée comme si le soleil était à son zénith en plein air. Aucune ombre nulle part, comme si rien ne devait pouvoir être dissimulé dans les ténèbres en ces lieux. La salle est couverte de tableaux. Certains me montrent à tout âge. Là enfant jouant avec un lézard. Là dans les bras de ma mère. Là aidant mon père, ou plutôt mon père me faisant croire que je l’aide. Il y a aussi un tableau de moi dormant avec mes parents. Certains sont des gros plan sur une main, une oreille, le coin de la bouche, le mollet, le nombril ou encore une partie de l’anatomie que l’on ne nomme pas en publique. Des tableaux de moi sous toutes les coutures, et toutes les formes. Entre les tableaux on distingue une omniprésente couleur rouge, aussi vive que du sang frais sur un drap blanc. J’en sais quelque chose. Face à moi, un immense miroir enchâssé dans une arcade me renvoi le reflet de ma propre nudité. Je suis debout, pourtant je ne me souviens pas être arrivé ici, ni de m’être levé. Et j’aimerais bien savoir où sont passés mes vêtements. Dans le miroir le reflet d’un homme à la silhouette mince et à la peau légèrement hâlée. Sous sa peau se devine des muscles endurants plutôt que puissants. Un losange de poils au niveau du sternum, une ligne de poil remontant jusqu’au nombril, une barbe taillée en triangle et des sourcils épais traduisent son indubitable appartenance à la gente masculine. Le regard du reflet croise celui tout aussi mitigé entre vert et marron surmonté de sourcils épais de son propriétaire, moi. Ses longs cheveux châtain en train de s’emmêlés le feraient passer pour plus jeune qu’il ne l’est réellement s’il se rasait entièrement. Pas vraiment grand mais surement pas petit. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas regardé dans un miroir. Derrière le reflet de moi-même on distingue une autre forme. Un second miroir qui avec le premier donnent l’impression que je me trouve dans une galerie sans fin. Le second miroir semblerait mensonger à une personne qui pénètrerait dans la pièce. Et pourtant mon reflet dans celui-ci est tout ce qu’il y a de plus véritable. Le reflet de mon autre apparence. L’animal qui vit en moi. Ça ressemble à un loup, mais ça n’est indubitablement pas un loup. Ça a le poil grisâtre, une gueule allongée garnie de crocs ivoire, des griffes noires et acérées aux bouts des pattes, des pattes postérieures identiques à celles d’un loup et une queue touffue. Là s’arrête la ressemblance avec un loup. Ça a des bras, des mains griffues avec des coussinets sur les paumes mais des pouces inexistants, un poitrail large aux pectoraux visibles, des oreilles longues et en pointes sur le crâne, ça a des yeux entre vert et marron et c’est trop grand. Et cet animal qui se reflète dans le miroir, c’est moi. Mais ces constatations ne me feront pas sortir d’ici, déjà que je ne sais pas comment j’y suis arrivé. Cette pièce doit être l’œuvre d’un fou, ou d’une folle. Et visiblement je l’obsède. - Il y a quelqu’un ? J’exige qu’on me laisse sortir.Je ne suis pas vraiment en position d’exiger quoi que ce soit, mais au moins ça a rompu le silence pesant qui règne depuis mon réveil. La personne qui m’a enfermée ici doit pratiquer la sorcellerie. Une pièce ne peut pas être illuminée sans fenêtre ni bougie ni feu. Sans parler de ce miroir qui ne montrent pas ce à quoi on ressemble. Je fixe mon reflet animal des yeux. J’en ai marre je veux sortir d’ici. _________________
Dernière édition par Raido le Dim 17 Mai 2009, 07:12, édité 1 fois |
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Nombre de messages : 10629 Localisation : ¤ Là où la mer et le ciel se rejoignent, sur l'horizon, là où le Rêve existe encore ¤ Métier/Fonction : ~¤Maître du Jeu¤~ / ~*Conteuse*~
| Sujet: Re: Raido Mer 13 Mai 2009, 14:34 | |
| Dans le miroir qui faisait face à cet homme, moi, son reflet, je clignais des paupières, et lorsque les membranes se relevèrent, je n'étais plus sa copie conforme, mes yeux avaient pris place, sauvages et brûlés, ceux d'un félin infernal. Mes prunelles sur sa face devaient être dérangeantes, comme une tâche délibérément causée par un vandale sur un tableau. Apparaissant avec la brièveté d'un éclair, sorte d'images subliminales, des veinures sombres serpentèrent sur les murs écarlates, entre les portraits et les miroirs. Toutes ses artères gonflées se dirigeaient vers moi, droit sur la surface lisse de la glace. Enfin, j'eus la force d'agir par ma propre volonté, sans plus avoir à jouer son ombre. Je gardais son apparence toutefois, hormis pour les yeux. Une clé rougeâtre se dessina dans ma main, je la contemplais avec mes yeux, il la contemplait avec les siens. J'avançais doucement ma main vers lui, toujours plus près de la limite plane du miroir, comme pour lui offrir ce présent. Dans un dernier élan, je trouvais la force de me détruire pour lui. Mon poing refermé sur la clé heurta silencieusement la surface de la glace. Elle resta en place un instant, juste assez longtemps pour voir la clé s'évaporer, puis les éclats tombèrent, laissant le passage béant vers la prochaine salle. |
| | | Invité
| Sujet: Re: Raido Mar 19 Mai 2009, 05:24 | |
| Ce ne sont plus mes yeux que je vois sur mon reflet animal. Une clef rouge en main il frappe le miroir et dans un craquement cristallin celui-ci se fissure sous le choc. La clef s’évapore tandis que les fragments du miroir basculent et percutent le sol. Ou presque, les fragments continuent leur chute comme-ci le sol n’avait aucune consistance. Bientôt je m’avance entre les derniers fragments du miroir à tenir debout vers cette sombre sortie qui s’est ouverte devant moi.
À peine suis-je dans la nouvelle pièce dont j’essaye de percevoir les murs que la lumière dans mon dos s’efface, plongeant l’intégralité des lieux dans le noir. Je déteste l’obscurité. La vraie, pas celle illusoire de la nuit. La nuit les étoiles et la Lune illuminent le monde d’une manière tout aussi belle que le fait le Soleil le jour. Là je n’y vois pas mieux qu’un aveugle. Ne rien voir m’a de tout temps donné l’impression d’être impuissant, vulnérable. Je suis tendu, à l’affut du moindre bruit pouvant signaler un danger. L’obscurité totale me met sur les nerfs.
Le silence éclate. L’écho de voix hurlantes se fait entendre. Outrées, méprisantes, acariâtres ou coléreuses. La surprise fait battre mon cœur à une vitesse folle et me fait rater une inspiration.
- Vipère ! Tu mens comme tu respires. Tu caches ta nature à tous.
- La révélée ne m’apporterais que des ennuis inutiles. Je ne représente pas un danger pour les gens. Mais s’ils l’apprenaient, ils voudraient me causer du tord.
J’ai la voix un peu rauque,. Et ces voix qui m’agressent font chauffer mon humeur. Je suis calme et réfléchi normalement, mais si on m’énerve je cogne. Enfin pour ça il faudrait que je sache où sont ces êtres.
- Et que voudrais-tu qu’ils voient en toi à part un monstre? Tu n’est qu’une bête sauvage et asociale.
- En quoi la manière dont je gère mes relations sociales sont vos affaires ?
En vérité je ne suis pas asocial. J’ai surtout peur d’être rejeté. Mes ambitions dans la vie en resteront là à cause de ça, des rêves. Je n’ai pas particulièrement peur du reste, ou plutôt j’en ai une peur raisonnable. Mais rien à faire pour les relations sociales, je suis nul pour ça. Trop timide ou pas j’en sais rien, mais je n’arrive pas à allez vers les autres.
- Tu ne vis pas, tu te berces d’illusions.
- Je suis comme ça. Vous ne me changerez pas. Je suis têtu.
Si ce n’était que ça. Je n’aime pas l’échec. Je déteste me tromper ou commettre une maladresse. Ce qui dramatiquement amène des tensions avec les autres.
- Tu ne vaux pas mieux que ton frère.
- Mon frère est diabolique. Moi je ne suis plus humain, mais je ne suis pas malfaisant comme lui.
Mon frère se croit supérieur à tout le monde. Il est mielleux avec ceux dont il veut obtenir quelque chose et suffisant avec les autres. La seule chose qui lui importe c’est l’argent et le pouvoir. Et je refuse de devenir comme lui. |
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| Sujet: Re: Raido Mar 19 Mai 2009, 12:00 | |
| L'entrée dans notre antre ne se fait jamais sans dommage. Nos visiteurs ne devraient pas entrer avec tant de désinvolture et comme des harpies jalouses de leur territoire, nous le leur faisons comprendre. Nous sommes des oiseaux cruels qui s'acharnent sur leur victime et nous sommes toutes les douleurs du monde. Toutes les peines que ce lycan a créées. Je le haïs. Comme les autres, je me jette sur lui, le bec en avant, ma voix plus accusatrice que la plus outragée des victimes. J'ai la même voix qu'une femme trompée, la même intonation qu'un ami à qui on a volé, les mêmes inflexions que celles d'un enfant à qui on a promis la lune sans la lui donner. Et puis je hurle, de temps en temps. C'est l'expression pure de mon accusation. Toi qui te tiens au milieu de notre cercle, pourquoi as-tu abandonné? Nous ne sommes pas là pour trouver le pardon. Simplement pour comprendre. Trouver la vérité. Au fur et à mesure, les réponses bien que frugales suffisent à nous rassasier, nos cris se perdent, se font moins sûrs, hésitants, plus faibles. Une à une, on se tait, le noir se perce de ce silence alourdi par nos présences devenues lettres mortes. Les charognes sont repues. Un peu confuse de notre comportement toujours si emporté, le repentir apportant une sorte de honte, je viens mordre la peau de notre victime, une dernière fois. De mes dents tombe un objet qui émet à la rencontre du sol un tintement léger. Par terre, un carré de lumière se dessine. Nous sommes condamnées à toujours voir nos visiteurs disparaitre par cette bouche blanche. |
| | | | Sujet: Re: Raido | |
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