"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
|
| Esquisse d'une aube... [en cours] | |
| Auteur | Message |
---|
Invité
| Sujet: Esquisse d'une aube... [en cours] Dim 15 Nov 2009, 07:11 | |
| Quelle ne fut pas son incompréhension lorsqu’il se découvrit dans cette vaste pièce à la robe écarlate ! Ses pupilles d’encre noire voletèrent de long en large sur ces murs de sang avant d’apercevoir ces photographies, ces esquisses de sa personne, ces captures de son être à un instant « t ». Une panique le saisit, des haut-le-cœur survinrent et s’emparèrent de sa poitrine alors que son regard s’affolait, les trajets des orbes sombres gagnaient en célérité jusqu’à un point de non-retour où les paupières pour rompre la cadence de ces derniers s’abattirent sans un bruit, le bougre d’homme s’effondra.
Lorsque les douloureuses cloisons s’ouvrirent de nouveau, à tâtons, la salle n’avait pas disparu, elle ne s’était pas volatilisée, laissant place à ce même fond uni aux éclats cramoisis. Etait-ce l’odeur, le décor grotesque ou les deux entremêlés qui produisirent cette sensation de dégoût du pauvre homme ? D’un pas chancelant, un arrière-goût dans la gorge, l’ombre masculine se rapprocha du papier. Lorsque Tomas ne fut plus qu’à quelques centimètres des clichés, son visage se figea, pétrifié d’effroi, il eut beau s’enquérir des autres murs, tournoyant sur lui-même telle une bête prise au piège, oui, l’étalage des photos qui lui faisaient face n’avaient qu’un seul sujet : lui ! La bête poursuivit son inspection dans une folle rage, prémices d’une terrible démence ; nervosité exacerbée, ses mouvements se firent secs, saccadés, brusques, diverses tirages furent arrachés, déchirés, violentés. Tornade ombrageuse, l’orage s’était abattu sur la pièce, pourtant malgré les amas de papier qui s’assemblèrent pour se joindre et tapisser le sol, les photographies demeurèrent. Il ne cessa ses efforts qu’à bout de souffle, quant aux images, figées dans leur mutisme, elles le narguaient, se croyaient-elles éternelles ? Tantôt, encadrées et travaillées avec minutie, elles étaient parfois prises a la dérobée, il était tantôt une simple silhouette, tantôt son visage lui faisait face, tantôt dans sa blouse de médecin, parfois nu…
Qui était le photographe, qui avait pu saisir son sourire lors de l’anniversaire de sa petite fille, qui avait pu voir sa hargne face à la souffrance d’autrui, son désir d’aider et son désespoir face à la mort de ses proches ? Rien n’avait échappé à cet œil inquisiteur, à ce regard extérieur, il était omniscient ; le pauvre Tomas avait été examiné sous toutes les coutures, l’avait-on disséqué, analysé, autopsié ? Etait-ce son sang qui entachait les murs ? Les clichés, des informations sur le damné ? Qu’en était-il justement ?
Particularité étrange, toutes les représentations de sa figure étaient en noir et blanc, volonté de contraste ou simple lubie de l’artiste ? Les portraits qui lui faisaient face n’étaient qu’un panel des émotions qu’on pouvait lire sur son faciès, brève esquisse de ses états de joie, de doute, de colère, ou de surprise ? Le travail du photographe se devait être salué pour la justesse des émotions retransmises, le filtre de l’appareil n’existait pas, l’engin n’était plus un simple et vulgaire monstre de technologie qui s’emparait de temps à autre d’un moment, il s’était vu devenir l’instrument du diable car capable de capturer une âme ! Qui était cet homme, cette personne qui se confrontait à lui ?
L’incompréhension et la terreur laissaient leur place à la curiosité, au désir d’en savoir plus. Monsieur Creo commença donc son inspection telle le chirurgien qu’il était, détaillant cette galerie de figures qui lui faisaient face, ce n’est qu’alors qu’il se rendit compte que l’étude dont il était l’objet ne s’était pas seulement échelonnée sur une courte période de sa vie mais qu’elle couvrait l’essentiel de son existence. Les visages le suivaient dans sa ronde de leurs yeux inquisiteurs, pourtant, lorsque le songeur se stoppait face aux occupants de ces toiles, leurs habitants reprenaient leur mimétisme : leur mimiques, leurs moues se figeaient inaltérables aux billes d’encre noire de Thomas. Malgré l’âge, des constantes demeuraient : ce visage aux traits finement ciselés, ce regard sombre, cette chevelure couleur d’ébène... L’artisan qui s’était plu à sculpter ce modèle l’avait préservé du temps ou du moins en avait retardé les effets et les quelques rides qui s’étaient installées au coin de ses yeux, n’étaient rien d’autres qu’un art décoratif, une peinture de guerre, pour accentuer sa virilité. Le visage creux et osseux de l’adolescent avait conservé la même structure de base mais avait gagné en épaisseur et en profondeur, une barbe de deux jours se poursuivait pour encadrer la chevelure couleur ébène, la bête sait se faire attirante. Ses lèvres masculines et fines s’étirent en un léger sourire moqueur, dévoilant l’espace d’un moment, une dentition de porcelaine, ivoire parmi l’ébène. Crinière de ténèbres, chevelure hirsute, amas de poils dressés finissent d’encercler son visage léonin…
La bête se déroba à ces instantanées pour se focaliser sur les autres clichés…. Beauté enivrante, terrible, violente. Mâle bâti dans un bois sauvage et viril, son individualité n’en ressort qu’avec plus d’éclat. Stature imposante, musculature agréable, cicatrices éloquentes. Le maintien est fier et le port altier. Il n’en avait pourtant pas toujours été ainsi pour preuves les illustrations de son enfance et de son adolescence.. Mais déjà, l’homme en a assez et s’effondre de nouveau à même le sol… |
| | | ¤Admin¤
Nombre de messages : 10629 Localisation : ¤ Là où la mer et le ciel se rejoignent, sur l'horizon, là où le Rêve existe encore ¤ Métier/Fonction : ~¤Maître du Jeu¤~ / ~*Conteuse*~
| Sujet: Re: Esquisse d'une aube... [en cours] Lun 30 Nov 2009, 13:30 | |
| Paisible reflet, j'observais cet homme au centre de mon royaume. Tranquille et caché, je le regardais découvrir mon empire qui, pour un temps, lui était consacré. Il semblait dérangé par ce qu'on lui avait volé: son apparence. Il était peut-être offusqué, mais cela se voyait peu: on trouvait avant tout de l'inquiétude, de la peur même. Et puis enfin, il me dévisagea, moi qui l'attendait sagement dans le miroir. Je gardais un temps son visage, ses mimiques, ses expressions, puis des larmes perlèrent à la marée haute du regard que je lui avais pris. Avec un petit sourire, le reflet que j'étais se fit rebelle, décidant de garder la tête droite. Les yeux bruns que je lui avais empruntés commencèrent à changer, devenant mes prunelles d'émeraude et de turquoise. Ils étaient aussi vifs que les siens étaient froids, son visage sembla soudain percé par deux soleils aqueux. Sans attendre qu'il me regarde, je plaquais mes mains contre la surface insensible de la glace. Aussitôt, mon côté du miroir commença à être envahi par l'eau. La montée était régulière: les chevilles, les genoux puis bientôt les hanches. Sur le liquide, une clé d'un rouge blasphématoire flottait bien qu'elle sembla taillée dans un métal pesant. Mon torse fut noyé, puis mon menton. Je fermais les yeux avant de les rouvrir sous l'eau. Puis enfin, le miroir entier fut saturé d'eau. La clé se mit à couler, et plus elle s'enfonçait plus elle semblait se désagréger. Quand il ne resta rien de l'objet rouge, le miroir éclata, dispersant seulement quelques gouttes d'eau. Là où je me tenais l'instant d'avant, le passage noire attendait la venue de mon jumeau. |
| | | Invité
| Sujet: Re: Esquisse d'une aube... [en cours] Mar 23 Fév 2010, 17:46 | |
| La pièce était noyée dans la pénombre, de ce noir profond et insondable, de cette absence de couleur totale. Impossible de dire si la salle était vide ou pleine, l’homme se risqua tout de même à naviguer dans ces eaux troubles avant d’abandonner par exaspération et par peur de tourner en rond. Mais alors que Tomas stoppa sa course, les esprits de ce lieu se manifestèrent ; non, ces mânes illusoires ne s’incarnèrent pas dans des corps faits d’os et de chair mais choisirent de hanter leur nouvelle victime par un brouhaha. Un déluge de mots siffla à ces oreilles parmi lesquels il put en reconnaître certains « Abandonne… » « Sauve nous ! » « Pap..a ». Impossible de les identifier toutefois, les voix se faisaient monocordes et leur intonations similaires. Simple délire ou hallucination notable ? Soudain elles se turent un court moment, désireuses de le faire sombrer dans la folie, puis reprirent mais cette fois de façon intelligible.
« Nos corps sont les prisons… de nos âmes. Toute chair pourrie, la mort réduit tout en poussière. Tu n’y peux rien, ni toi, ni toute ta science. »
L’homme s’immobilisa tout d’abord dans le silence. Les mots proférés semblèrent revêtir tout leur sens et le corps resta inerte, tourmenté, incapable de réagir pendant quelques instants, la voix l’avait envouté, l’avait commandé de se stopper net. Il ne put se libérer de ce sort qu’avec un peu de temps… Ses pupilles sondèrent de nouveau cette obscurité aveuglante, les orbes chocolat y cherchèrent un point d’appui avec fébrilité, essayèrent de s’accoutumer à ce nouveau jour, en vain. Les billes d’encre noire se levèrent finalement vers le ciel y cherchant peut-être un quelconque réconfort avant de s’abattre sur le sol de rage face à cette Voix qui s’élevait de nouveau.
« Montrez-vous ! Qui êtes vous ?! Dévoilez-vous ! »
« Tu te trompes, Tomas. Tu ne pouvais pas les sauver, toutes les vies n’ont pas le même prix, nous ne devenons égaux que dans notre mort. »
Les mains cherchèrent à agripper alors la bête tapie en vain. Les bras eurent beau gesticuler, s’agiter, tourbillonner afin de déchirer le manteau des ténèbres, les membres retombèrent inertes et pire le principe de réaction s’appliqua et le médecin s’écroula au sol, à bout de souffle. Les poumons en feu, la poitrine douloureuse, il ne put affronter ce monstre de noirceur que par la parole, même procédé qu’il employait pour se manifester.
« C’est faux ! J’étais à deux doigts de les sauver, je…Je pouvais les sauver ! Nous avions…trouvé le vaccin… Je vous interdis de parler d’elle… Je vous l’interdis, vous m’ENTENDEZ ?!» Les vociférations premières, indignations maladroites face à un adversaire serein, furent bientôt entrecoupées de sanglots, son torse fut ponctué de secousses saccadés, des larmes dévalèrent ses joues creuses et arides, les eaux se tarirent rapidement comme si pleurer était devenu un exercice difficile, trop de larmes furent déjà versées, gaspillées en vain.
« Il est vrai que tu n’as pas ménagé tes efforts et cela même au plus fort de l’épidémie. Mais tes choix sont discutables, non ? N’aurais-tu pas du rester auprès d’elles au lieu de t’époumoner à chercher un remède ? Tu gis au sol comme tu l’as fait après leur mort. Tes blessures ne guériront pas, abandonne toi à nous, la mort n’est que délices, tu t’endormiras à nos côtés du sommeil du juste et du tendre et rejoindras le néant… Mais…c’est vrai, tu n’as pas réussi à franchir nos portes… Depuis, tu es obligé d’aller chaque semaine dans ce centre psychi…thérapeutique, c’est bien cela ? »
« Je.. j’y ai été forcé… par mes collègues, ils souhaitent que je consulte. »
« Et tu penses en avoir besoin, tu penses que c’est utile qu’on décortique ton caractère, toi le savant médecin, le génial docteur Cren ? Bien sûr que non, doc ! Tu as peur d’affronter tes démons et tu t’aimes trop. »
Et la voix prit des accents féminins pour reproduire la voix de la psychologue. Manipulation parfaitement orchestrée ou simple divertissement, les intonations de la rigide spécialiste se voyaient imités avec perfection.
« Reparlons de votre parcours professionnel… Ainsi, vous avez fini premier de la faculté médecine…C’est impressionnant. Ce sont des études difficiles, n’est-ce pas ?...Hum, vous vous obstinez dans votre mutisme comme de coutume, Monsieur Cren, comment voulez-vous donc que je vous aide ? Ces séances ont été inefficaces, vous vous obstinez dans votre solitude. On m’a parlé de vos tentatives de…Pfff…. Laissez-moi donc-vous lire le bilan que je dresse de tout ceci… L’obstination dont vous avez fait preuve pour trouver un remède est certes admirable… mais vous vous acharnez avec la même détermination dans votre détresse. Votre femme et votre fille ne reviendront pas. Même si vous ne l’avouez pas, je sais que vous êtes tourmenté par votre égoïsme, vous vous en voulez de ne pas avoir profité de leur compagnie dans leurs ultimes moments….Nous avons tous perdus des proches au cours de cette épidémie… Laissez-moi-vous aider… Faites taire cette rage intérieure qui vous ronge, cette colère qui vous détruit et cette tristesse qui anime votre cœur. Vous n’avez plus goût à rien…. Je sais, je sais, vous venez toujours faire des recherches à l’institut.. Mais peut-être pourriez vous voir d’autres personnes dans le même cas que vous ? Je suis là à vos côtés…Reprenez le fille de votre vie, c’est que ce que voudraient votre fille et votre femme Constance… » |
| | | =Aïkologue=
Nombre de messages : 2326 Localisation : Lan Rei Ouest Métier/Fonction : Conteuse // Floodeuse Ceinture Orange // Juré du Tournoi
| Sujet: Re: Esquisse d'une aube... [en cours] Jeu 25 Fév 2010, 04:37 | |
| Nous sommes les Seigneurs de ce monde. Nous sommes les Gardiens des molécules. Nous sommes les Maîtres de cette créature et de toutes les autres. Nous savons tout, infini est l'étendue de notre conscience. L'araignée en tissant une toile ne fait que plagier une infime représentation de notre omnipotence. Tels des sondes, tel un courant de force, une entité intouchable. Nous sommes les Juges et les Coupables.Nous sommes la voie que choisit de suivre une cellule naissante, Nous sommes un courant de sodium dans cette cellule, Nous sommes la contraction de cette cellule, Nous sommes le spasme de l'homme.
Nous existons. Dans le choc parfois, le dénie, le refus. Et la colère souvent. Mais cette créature là ne se braque pas contre Nous, ni contre Elle. Il n'y a que sa colère et on chagrin étroitement mêlés. Nous nous en contenterons.
Alors seulement se tisse la Clef. Lentement, dans des faisceaux lumineux faibles et peu nombreux d'abord. Ils tournent, ils éclatent, ils claquent. La consistance se fait, les rayons baignent bientôt l'endroit, une eau limpide accueille en son sein, sans une onde, l'objet de la libération de l'esprit. Mais le plus dur est devant. Nous voulons disséquer le coeur, Nous vouloir le voir à l'intérieur... Alors le passage vers La Salle Blanche lui est ouvert… |
| | | Invité
| Sujet: Re: Esquisse d'une aube... [en cours] Jeu 25 Fév 2010, 18:45 | |
| L’obscurité fut bientôt délaissée au profit d’un blanc étincelant, insolant. Ce désert lumineux l’aveugla en premier lieu tel un flash encore crépitant. Et malgré la rapidité de ses paupières pour échapper à l’agression de cette lumière vive, il fut confronté à ce tableau vide de sens et de couleur, à cette sensation désagréable qui s’accompagnait chez lui de douleurs au niveau du crâne. Ses doigts massèrent ses tempes douloureuses alors que ses yeux s’hasardèrent à un nouvel essai. La tentative fut plus concluante, les contours se dessinèrent puis vinrent les détails et il remarqua aussitôt cette eau stagnante à ses pieds. Intrigué par sa provenance, il s’y pencha, nouveau Narcisse, et y observa son reflet. Ce ne fut pas lui qui lui répondit, au contraire, face à la triste mine du docteur se dressait un garnement moqueur. L’adolescent rieur semblait pourtant lui dire. Tu ne te rappelles pas ? Tu ne te souviens donc pas de cette partie de baseball, tu adorais pourtant cela le baseball, non ? Les images défilèrent dans sa tête ; le médecin se voyait de nouveau dans cette tenue bariolée de traits continus et ponctuée par des teintes fades, cet uniforme grotesque qu’il se plaisait à revêtir avec le même sourire idiot, sourire qui lui montait jusqu’aux oreilles. Pourquoi s’adonner à un tel passe-temps ? Par bêtise, pour impressionner les filles, pour imiter les autres, le garnement était doué pour ce sport. Et du haut de ses quinze ans, il était bon batteur et courrait vite. C’était par une belle après-midi ensoleillée, le char d’Appolon était haut dans le ciel et des enfants de tout âge s’étaient réunis derrière le lycée de la ville pour pratiquer un peu leur loisir favori. La ravissante Constance Flander était même venue pour l’occasion… Ce sourire, ce regard pétillant et cette longue crinière brune en avaient fait fondre plus d’un… Ce fut la première fois qu’il l’aperçut. Bien entendu, elle capta son attention, lui aussi d’une certaine manière… Positionné à son poste de batteur alors qu’il l’observait, la balle fonça sur lui et le heurta de plein fouet au niveau du front…Ce fut leur première rencontre. Soudain les images se figèrent, l’eau se troubla et la pellicule comme enrayée sauta de nombreux passages… Il eut beau brasser de ses mains le fluide pour tenter de remonter le cours du temps, rien n’y fit et les zones d’ombres restèrent muettes. Mais déjà un autre moment se dévoilait et s’il ne put détacher son regard lors des premières minutes, les ombres sombres se détournèrent de la surface de l’eau dans une vélocité folle alors que les ricochets s'esquissaient...
« Tomas…Reste un peu avec moi…Tu ne peux pas prendre un jour de congé ? Ils se débrouilleront bien sans toi…Une journée à nous… rien que toi et moi… »
Le ton se fit suppliant, les lèvres féminines quoique menues soufflèrent ses quelques notes avec difficulté. C’était la même jeune femme, on devinait qu’elle avait été somptueuse mais sa mine fatiguée, ses traits tirés et ce sourire triste étaient des signes qui ne trompaient pas. Une menotte fragile, nerveuse et empressée avait attrapé le médecin par le manche de sa chemise.
« S’il te plait…Tomas.. »
La lourde silhouette avait daigné consentir à cette requête, pivota sur elle-même pour faire face à cette femme vieillie par la maladie qui était étendue sur le lit. En silence, l’ombre s’installa sur le bord de la couche, laissa courir une main dans cette chevelure disparate, cette crinière amoindrie par l’effet de traitements successifs, il la détailla avec ce même amour, les larmes aux yeux, la berçant de ses caresses et de ses mots.
« Mon ange… »
« Dis moi que tout ira bien…que tu t’occuperas de notre enfant… »
Les larmes ne coulèrent pas, furent retenues par ce visage de marbre dont les traits s’étaient crispés face à cette demande toute particulière. Un soupir douloureux se joignit à ce sourire qui se voulait convaincant, les mains avaient quitté le parcours de ces cheveux pour rejoindre leurs homologues féminines, pour se nouer à elles, avant de les amener tout contre son visage. La voix se fit défaillante…avant de prendre plus cette assurance vengeresse…
« Tout ira bien…Tou..tout ira bien.. Je te promets que je te sauverai…»
"Je le sais…Je te crois.. » « Dis-moi que tu m’aimes… »
« Je t’aime… »
Le cours d’eau se poursuivit et lui imposa à nouveau une ellipse. Il se retrouvait dans l’institut de recherche médicale de la ville, attablée à son bureau, scrutant son microscope avec attention. Pourtant il dut reporter à plus tard son tête à tête avec des germes de virus alors que l’une de ses collaboratrices venaient d’entrer dans son bureau.
« Docteur Cren, vous êtes encore là ? »
« Oui….Oui Docteur Shepard, je suis encore là…Je vais rester travailler un peu ce soir… »
« Pensez vous que l’on trouvera un remède à cette épidémie… ? La moitié de la population de la ville est atteinte..Les pertes sont déjà nombreuses…Je.. »
« Je sais tout ça…Il me faut pourtant continuer, à chaque problème, il y a une solution, il faut que je trouve…le vaccin.. »
« Comm…comment va-t-elle ? Elle se remet de la mort de votre...bé..bé ? »
L’homme se stoppa net dans son travail, son corps fut animé de quelques convulsions alors que son visage meurtri de larmes s’était tourné vers le docteur Shepard.
« Elle…elle a des pertes de mémoire…Elle…elle ne s’en souvient pas.. Ces pertes de mémoire sont de plus en plus fréquentes…Elle perd peu à peu ses cheveux..Le temps m’est compté pour la sauver… »
« Docteur Cren….écoutez moi… »
Les murmures des voix lui parvinrent, flous et si loins…Et décidé, il se déroba à la contemplation de son passé.. Mais s’il avait su que tout ceci n’était qu’une machination des scientistes, une expérience de plus à grande échelle, il n’aurait demeuré dans l’obscurité… |
| | | =Aïkologue=
Nombre de messages : 2326 Localisation : Lan Rei Ouest Métier/Fonction : Conteuse // Floodeuse Ceinture Orange // Juré du Tournoi
| Sujet: Re: Esquisse d'une aube... [en cours] Ven 26 Fév 2010, 03:03 | |
| Rude est la tâche de la rétrospection. Douloureuses ont été les premières étapes. Dans Notre infini, Nous concédons un bref instant de repos. Dans la clarté du firmament, dans la quiétude des eaux tièdes, tel un foetus à l'abri du ventre protecteur de sa mère. Nous sommes une femme enceinte, Nous sommes le cordon, Nous sommes le placenta. Nous le nourrissons, Nous le protégeons et le faisons grandir.
Nous le berçons en Notre sein.
Mais alors les souvenirs se peignent, des aquarelles s'étirent sur l'onde et dansent. Les images pénètrent un coeur encore aveugle. En Notre ventre il bouge, se débat encore. Ce sont des scènes violentes, c'est un passé difficile. Il souffre encore un peu, il se tortille et Nous adorons ça. Il a mal, il s'extirpe puis s'emmêle à son cordon. Mais Nos mains l'empêchent à ce geste désemparé. Nous le retenons face à face avec lui-même. Il faut qu'il se regarde, il faut qu'il s'accepte à présent, avant de renaître en Nous.
Nous le tenons en Notre main.
Il voit. Il sent. Il ne pleure plus, notre enfant... Balayés les tableaux sanglants, ne reste que lui maintenant. Son coeur, sa vie peut lui être rendue. Il est prêt. Dans Notre soupir naît la clef, immaculée, ouvrant la porte à sa nouvelle existence. Nous n'aurons plus besoin de lui tenir la main, il marchera fier. Mais Nous pourrons veiller sur lui, toujours. Car Nous adorons ça.... So, welcome Home Tomas =D Tu viens d'être officiellement validé, tu fais partie de la communauté Aiklandienne. Tu peut donc démarrer le RP. Pour cela, tu peux aller chercher un coupain pour jouer dans la partie dédiée aux demandes de Rp, dans l'espace Membres/admin (ou tu peux envoyer des Messages Privés si tu préfères.) Ensuite, tu es bienvenue (et impatiemment attendu) dans le flood, la chat-box, et si tu veux te présenter, pareil, y'a une partie dédiée. Tu peux aussi partager tes talents d'écriture ou de graphisme, etc, jte laisse explorer notre archipel ! Enfin, si tu as des questions, suggestions, coup d'bouches, on est dispo alors hésite pas. |
| | | ¤Admin¤
Nombre de messages : 10629 Localisation : ¤ Là où la mer et le ciel se rejoignent, sur l'horizon, là où le Rêve existe encore ¤ Métier/Fonction : ~¤Maître du Jeu¤~ / ~*Conteuse*~
| Sujet: Re: Esquisse d'une aube... [en cours] Ven 26 Fév 2010, 15:21 | |
| Le voila enfin, notre tout premier vrai cobaye Contente de te voir enfin ici, à bientôt |
| | | | Sujet: Re: Esquisse d'une aube... [en cours] | |
| |
| | | | Esquisse d'une aube... [en cours] | |
|
Sujets similaires | |
|
Page 1 sur 1 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|