"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| [Terminé] She's Lost Control Again! | |
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=Aïkologue=
Nombre de messages : 2326 Localisation : Lan Rei Ouest Métier/Fonction : Conteuse // Floodeuse Ceinture Orange // Juré du Tournoi
| Sujet: [Terminé] She's Lost Control Again! Lun 15 Mar 2010, 21:17 | |
| Isilwen était de retour sur Lan Reï. Retour au bercail, comme qui dirait. Ou « à la case départ ». Elle savait que ce ne serait pas son dernier retour sur Lan Rei, car elle allait devoir en partir, pour revenir, encore, et en repartir, encore […]
A peine arrivée au port elle avait pris directement la direction de la cabane de son vieux copaing pêcheur, Samy, qui lui avait fourni une barque à leur dernière rencontre. Barque perdue, évidemment. Isilwen allait encore se faire gronder pour son manque de soins envers le matériel prêté. Mais l’ancien n’était pas dans sa maison, ni dans les alentours. Rien de bien étonnant, c’était un homme en forme malgré son grand âge (enfin, elle le supposait âgé, mais elle ne savait pas son âge) et qui bougeait beaucoup. Alors elle retourna au port, non loin de là, où elle questionna les rares personnes qu’elle connaissait un peu, de vue, ou qu’elle savait en relation avec Samy. Personne ne put lui dire où il était. Elle put seulement tirer d’une jeune marchande de fruits et légumes qu’ il n’avait pas mis les pieds en ville depuis quelques semaines.
Avait-il changé de lieu d’habitation par précaution ? Il avait du se dire qu’Isilwen étant pourchassée, il y avait un risque que son traqueur suive son odeur jusqu'à la petite maison au bord de la mer… Si c’était le cas Isilwen était en quelque sorte heureuse de voir la prudence inédite de son ami. Elle retourna à la cabane en songeant qu’au moins, l’engueulade pour la barque était repoussée a plus tard.
«Je connais cet archipel comme ma poche, et c’est pas peu dire » lui avait dit Samy, voilà un moment. Alors il pouvait être n’importe où… Isilwen chercha dans ses souvenirs s’il avait mentionné une deuxième maison, un endroit où il aimait se rendre, quelque chose de ce goût là. Evidemment rien ne lui revint, ça aurait été trop facile. Elle se rappela leurs balades, notant mentalement quelques endroits à aller explorer au-cas-ou. Elle espérait au moins qu’il était toujours sur Lan Rei Est.
Désespérée d’être encore livrée à elle-même là où elle comptait trouver de la compagnie, elle décida de passer la nuit chez son vieil ami. Il ne lui en voudrait pas d’avoir investi les lieux en son absence, il l’avait lui-même dit, ils étaient à eux deux une petite famille, et si la semi humaine avait besoin un jour d’un abri, il serait là, avec sa maisonnette, ses bouillons de légumes réconfortants et ses paroles pleines de sagesse. Mais il n’était pas là. Elle entreprit de fouiller un peu la maison.
« Samy… Ah, Sam’ mon Sam, où te cache-tu, j’ai tant besoin de tes conseils… »
marmonna Isilwen tout en refermant un tiroir. Elle continua à fouiner un moment, arpentant les deux pièces de la petite cabane, ouvrant les placards, les tiroirs, à la recherche de quoi que ce soit la mettant sur une piste… Dépitée elle s’assit sur le rebord de la fenêtre donnant sur la plage. Elle devait se dépêcher de savoir quoi faire,, elle en avait bien conscience, mais c’était tellement mieux quand elle avait quelqu’un pour l’influencer dans une direction…Elle n’allait pas passer toute la semaine à attendre… Elle croqua dans le fruit, y laissant l’empreinte de sa dentition. Si elle restait trop longtemps au même endroit, il y avait fort à parier que quelqu’un de petit, puant et carnivore lui tombe dessus.
En détournant les yeux de la fenêtre, elle pivota vers l’intérieur, et son regard tomba alors sur le genre de documents qu’elle cherchait depuis son arrivée. Agréablement surprise elle en laissa tomber le fruit, qui roula par terre et alla se caler contre le pied de la table qui occupait le centre de la pièce. Elle s’avança pour ôter les clous qui retenaient la carte de Lan Rei à une grosse poutre de bois, et la tint en l’air à bout de bras. Sur cette carte étaient marquées diverses informations, on reconnaissait l’écriture maladroite caractéristique du vieux Sam. Il écrivait si mal qu’on confondait parfois ses « s » et ses « p ». On y voyait des repères bien à lui, comme « la colline en forme de sein », « le Rocher Phallique » ou « les lagons du sourire ». Ces lagons, qu’il avait déjà montrés à Isilwen, étaient disposés de telle sorte qu’effectivement, vu du ciel (ou de la montagne qui les surplombaient), on pouvait penser à un visage souriant. (Un smiley quoi =D . D’autres annotations toutes dignes du vieux pervers firent sourire malgré elle la prude jeune femme. Etaient annotés divers autres endroits, relativement variés, certains présentant un interêt géologique, d’autres un intérêt au niveau de la faune… Et puis, entouré en gris, il y avait un point situé dans les Monts d’El . Un sigle était dessiné à côté. Une lune. Isilwen comprit que ce point particulier lui était adressé, puisque Samy était une des rares personnes de sa connaissance à s’interesser au langage elfique, et donc à connaître l’interprétation du prénom d’Isilwen.
Un sourire soulagé se forma sur son jeune visage. Elle avait un endroit où aller. Pas une seconde elle ne douta de ce qu’elle croyait et c’est avec un soupir d’aise qu’elle choisit deux ou trois fruits qu’elle mis dans une besace pour l’expédition qui s’annonçait. Les Montagnes n’étaient pas si loin, mais elle n’y serait jamais avant la nuit, alors elle s’assit sur le lit moelleux, décidée à savourer sa nuit. Si elle avait su, bien sur, ce qui l’attendait, elle aurait pris ses cliques et ses claques, aurait sprinté jusqu’au refuge dans la montagne, pris Samy sous son bras, de la nourriture sous l’autre, et aurait rejoint la mer direction la jungle de Loïli. Mais elle ne Savait pas. Alors elle passa la nuit tranquillement dans la petite maison au bord de la plage, le cœur léger, sachant que dès le lendemain elle retrouverait son ami et que tout irait bien.
Il faut bien le dire, Isilwen ne réfléchissait pas réellement à ses actes. Si elle y avait songé un peu plus en détail, elle aurait réalisé que lorsqu’on est traqués par une créature bouffeuse d’hommes, on essaie d’éviter d’aller voir ses amis et de laisser son odeur chez eux. Mais si elle avait capté ça elle aurait sombré encore un peu plus dans le désespoir, alors moralement parlant, c’était aussi bien qu’elle soit impulsive et pas trop réfléchie. En bonne inconsciente, elle vivait sa nouvelle vie de presque-fugitive avec une sorte de plaisir, en fait. C’était un retour à l’aventure, de devoir aller de port en port, sans jamais se poser. Une vie monotone, avec une maison et une solitude de tous les instants, aurait surement signé sa fin et semblait ne pas être faite pour elle. Evidemment elle ne se levait pas chaque matin en se disant clairement « Ah, j’adore ma vie de vagabonde sans amis ni logement, que c’est bien de vivre au jour le jour =D ». Elle avançait sans trop s’attarder nulle part, sans se poser les questions essentielles « Suis-je heureuse ? » « est ce que ma vie me convient ? ». Et tout ce qui comptait, c’était d’être en vie.
Un coq célébra avec vigueur le réveil de l’astre du jour. Notre jeune héroine attendit que le soleil soit assez haut dans le ciel pour sortir de sous les draps. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait savouré un vrai matelas qu’elle n’allait pas se priver d’un peu de sommeil en trop. Elle ne traina pas trop dans la maisonnette et sortit sur la terrasse sans se douter qu’elle avait encore les plis du drap imprimés sur la joue. Armée de sa petite besace de nourriture et d’un bâton de marche solide et joliment orné de sculptures assez obscènes (ce Sam’ u_u) faites au couteau, elle pris le chemin des Montagnes. Elle n’emmena pas la grande et lourde carte. Le pêcheur lui arracherait les yeux avec un coton-tige si par malheur elle l’abîmait. Et en plus elle était trop encombrante. Isilwen n’avait certes pas un formidable sens de l’orientation mais elle avait pris de bons repères et elle était certaine de ne pas se perdre en route.
Chemin faisant (xD) Isilwen se mit à ressasser ses mésaventures dans les détails, pour bien les raconter à Samy, qui était toujours avide d’entendre les déboires de sa jeune amie. Ah ça, il était bon public le Sam ‘. La fois ou Isilwen avait voulu faire sa maline et s’était retrouvée enfermée dans des ruines près des collines, il avait bien rigolé.
Au bout d’une douzaine de kilomètres, soit quelques trois heures de marche et quelques milliers de litres d’eau évaporés, elle finit par apercevoir un rocher en forme de loup. L’apparition la fit tressaillir et cela lui remémora certaines horreurs liées à des loups… Vision fugitive d’un bateau couvert de sang et rempli de cadavres… Mais cette bizarrerie géologique était un signe qu’elle approchait du lieu ou elle trouverait le repos. Alors elle se secoua les puces et reprit son chemin, certaine d’être sur la bonne voie. Elle entendit des petits rochers rouler sur la pente à sa droite et les regarde s’écraser au fond du ravin qu’elle longeait avec appréhension et vertige. Et quand enfin elle trouva le buisson avec les fesses de Dona Seumeure (célèbre chanteuse de cabaret de Reilor), elle sentit son estomac faire des vrilles de bonheur. Après quelques mètres de zigzags sur un sentier rocailleux, un chalet de pierres niché au beau milieu des rochers apparut. Son cœur fit un immense bond et elle ne put que crier sa joie pour avertir le vieux shnock de sa présence.
« Youhouuuu, Saaaaaaaaamy !!!! »
Ainsi, toute la faune des Monts d’El de Lan Rei fut ravie d’apprendre qu’Isilwen était dans la montagne et cherchait un certain « Saaaaaaaamy ». L’écho était puissant dans cette région, et le cri de joie se répercuta longtemps entre les parois rocheuses (Isilwen sursauta en entendant le premier écho d’ailleurs). Bouquetins, oiseaux et yacks en rient encore. Et qui sait qui d’autre l’entendit, ce jour-là, tapi dans les rochers des montagnes…
Le dit Samy ne tarda pas à faire son apparition. Il affichait un air un peu renfrogné qui étonna Isilwen au plus haut point. Autre fait étonnant quelques mèches roussies ornaient sa chevelure relativement abondante. Il avait un air d’ermite fou. Elle ne se laissa pas décourager par ce manque de chaleur et courut se planter vers lui.
« Content dme revoir .. ? »
demanda-t-elle d’un ton dégagé, comme si c’était une banalité de se retrouver,comme ça, en haut d’une montagne. Il sourit un peu en se grattant le crâne et répondit
« Hé ma p’tite. Je suis ravii, bien sur. En vie, en plus. Jt’attendais pas avant des lustres, tu sais. »
Isilwen sauta sur cette perche tendue (elle voyait des occasions de parler partout.) et entreprit de lui raconter les derniers épisodes de sa vie. En effet, elle était en vie, mais elle avait frôlé la mort, rencontré des baleines, et un pirate, elle avait été au cœur d’une bataille, avait nagé avec un triton, rencontré des gens étranges… Et tellement d’autres anecdotes. Au bout d’un moment elle se tut, songeuse, réfléchissant à un evenement vital qu’elle avait peut-être omis.
«Il ne t’as jamais traversé l’esprit que le silence puisse être une bénédiction ? »
marmonna le vieux Samy, à la fois taquin et grognon, perturbant ses réflexions..
« Plus je vieillis et moins j’aime le bruit… »
Rougissante Isilwen se remémora ses nombreux pépiements, à toutes occasions. Et notamment cette fois-ci évidemment. Bruyante, ça oui, elle l’était.
« T’es méchant. Je n’ai personne d’autre à qui parler…Tu pourrais compatir un peu »
Elle était un peu vexée, elle n’aimait pas quand le vieux lui lançait des piques. Il n’y avait aucune méchanceté bien sur, mais tout d’même u_u
« Je me suis réfugié dans ces montagnes pour leur calme, leur silence, et pour me faire discret, tu le sais. Alors par exemple, quand tu parle si fort que toutes les montagnes vibrent de tes paroles, ça ruine un peu ma cachette, vois-tu…»
Isilwen soupira. Elle avait oublié ce détail : Il aimait l’écouter à condition de ne rien avoir lui-même à raconter, or elle avait oublié de le questionner sur ses aventures à lui. Erreur protocolaire fatale, il était très susceptible sur ce genre de choses. Les vieux parlent d’abord, voilà. Et maintenant il était contrarié du peu d’intérêt qu’elle portait à ses aventures à lui. Isilwen lui dit avec un petit sourire
« Alors racontes, pourquoi t’a quitté ta cabane, espèce d’associal rabougri ? »
Elle apprit alors que, tel un joueur de casino accro qui aurait replongé dans le jeu, Samy avait replongé dans la science et les expériences un peu explosives, en attestaient ses cheveux roussis. Il avait reprit ses travaux, ses expériences. Pourquoi s’en cachait-il, la science n’était pourtant pas illégale ? Parcequ’il n’avait pas envie que quiconque sache qu’il avait reprit ses activités pardi. C’était plutôt mal vu. Les petites expériences passent, mais quand on entre trop profondément dans un sujet d’études, les gens finissent toujours par en avoir vent, et ils parlent… Et notre cher scientifique ne voulait pas que certaines oreilles entendent parler de ses travaux du moment. Ayant assez de soucis comme ça Isilwen s’abstint de lui poser des questions trop précises sur son travail. C’était évident qu’il avait des secrets, mais elle ne tenait pas réellement à tout savoir… Après leur longue conversation, et le repas qui l’accompagnait, elle suggéra de passer un moment tranquille tous les deux, après quoi elle reprendrait la route, allant peut-être faire un tour à Rosyel. Sam approuva l’idée de la promenade mais sembla garder quelque chose en lui ; il avait clairement quelque chose à dire. Au cas ou ce serait quelque chose de déplaisant, Isilwen se retint de le questionner, sachant pertinemment que ça sortirait bien à un moment ou un autre. Ils passèrent l’après-midi dans la montagne, retrouvant le nom des fleurs, des arbres, et leurs vertus, parlant de la pluie, du beau temps et de politique, un peu. Après cette longue journée ils finirent par s’étendre sur des espèces de chaise longues en bois, admirant le coucher du soleil sur la mer, loin. Isilwen repensait à ses aventures maritimes, et Sammy, lui, pensait à voix haute, à la prendre comme assistante, cachés dans les montagnes elle ne devrait pas être retrouvée, et puis ils pourraient toujours partir un peu en voyage en mer de temps à autre pour brouiller les pistes. C’était pas une vie pour une jeune fille dediou, ça ne pouvait pas durer comme ça. Et ça serait pas tip top de jouer au sorcier et a son apprentie ?
Et évidemment, la jeune femme, qui n’avait de toute façon pas tellement son mot-à-dire, accepta. Et ainsi les jours passèrent, se transformant en semaines de travail au cours desquelles Isilwen apprit avec difficulté quelques rudiments scientifiques. Il devint vite évident qu’Isilwen n’avait aucun talent pour la manipulation de produits en tout genre, et qu’elle était une sorte de danger public. Après avoir failli causer la destruction de leur maison, elle fut reléguée au rang de sous-assistante, c’est à dire en charge du rangement et du ménage, et aussi, selon le degré de dangerosité des composants, elle pouvait servir à les trimballer d’un endroit à un autre.
Un soir, ils riaient sur ces éternelles chaises longues . C’était le rituel du soir, de regarder le coucher du soleil. Paisiblement installés ils faisaient encore des projets. Partir pour Rosyel, pourquoi pas ? Il y avait la-bas des plantes rares qui apparamment intéressaient le scientifique.
Ils cessèrent de parler, partageant ce silence reposant. Sammy laissa même le sommeil le prendre. Isilwen n’allait pas tarder non plus à s’assoupir. Le coucher du soleil allait commencer d’ici un petit quart d’heure mais tant pis, ils se ressemblaient tous à force, peut-être devraient-ils trouver un nouveau rituel du soir.
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Lun 14 Juin 2010, 18:11 | |
| Ce qui n'était par le passé qu'une vague supposition invérifiée devenait maintenant une certitude. Hybris n'aurait jamais de chien. Ce genre de chose n'est mignon que de loin. Trop collant, trop baveux, et ça perd des poils. Et en cette instant, un surplus de poils était bien la dernière chose qu'il lui fallait. Voilà ce qu'elle pensait, au milieu des montagnes qu'elle traversait avec l'Unité Zéro, tout en écoutant bien malgré elle le babillage de l'intarissable Charlie. Charlie the Dog. Certes, ce jeune garçon était une perle qu'elle n'aurait cédée sous aucun prétexte, il était à elle et elle comptait bien le garder jalousement. Ne serait-ce que par orgueil, après tout, elle ne pouvait pas admettre s'être trompée en le choisissant. Mais un parfait bouclier n'est pas censé avoir la capacité de parler. En tout cas pas autant. C'est le genre de chose qu'il faudrait mettre en option sur cette catégorie d'accessoire, avec interrupteur on/off. Ah, pourquoi n'avait-elle pas opté pour un modèle plus sobre? Son incapacité à résister à un petit bijou finirait bien par causer sa perte... Quel caprice!
Pour résumer le personnage aux funèbres défauts canins, prenez un homme grand mais au corps souple plutôt que massif. Taillé pour aller chercher la baballe et la ramener joyeusement à sa maîtressetout en agitant la queue. Ajoutez à cela un visage dont la jeunesse toute adolescente jure avec l'ensemble de sa silhouette, une luxuriante chevelure d'un brun doré, toute en torsades chaotiques, retombant sur son front et ses oreilles et ayant la fâcheuse tendance de venir chatouiller le visage de notre dictatrice dès qu'il se penche un peu trop vers elle. D'une naïveté toute naturelle, surchargée d'une bonne volonté presque écœurante, il n'avait obtenu sa place dans l'unité que par son talent si utile, qui avait aussitôt fait briller la convoitise dans les yeux d'Hybris. Ce brave petit était pareil à un aimant, attirant à lui toutes les menaces possibles, balles, lames et coups en tout genre. En réalité le mécanisme était un peu plus complexe que cela. C'était une sorte de gardien capable de se dédier entièrement à l'objet de sa protection. Pleinement et uniquement à lui. Une fois la personne choisie, il était bien difficile pour lui de s'en détacher, tant l'attraction devenait quasi-obsessionnelle, ou plutôt irrépressible. Quoiqu'il en soit, le processus était inéluctable: il possédait dès lors une sorte de pré-science, tenant plus de l'instinct que de la vision, pour toutes les menaces pouvant atteindre son protégé. Il agissait donc en conséquence, rien n'était plus important que parer le coup. Il est intéressant d'avoir dans sa manche un être si peu inquiet pour sa propre vie. Et Hybris méritait bien ce genre de garde du corps amélioré non? Comme si cela ne suffisait pas, Charlie était, malgré son air débonnaire, une véritable muraille. Les lames n'arrivaient pas à s'enfoncer dans sa chair, rebondissant sur sa peau comme des jouets. Du moins, c'était le cas tant que l'attaque était destinée à son maître ou à lui, à condition qu'il se trouve à proximité du premier. Comme si l'influence de “l'être cher” démultipliait ses capacités (en même temps de le rendre quelque peu jaloux et exclusif, donc allez imaginer Hybris entrain de supporter un bouclier possessif, vous). Mais dès lors qu'il s'éloignait, ou s'il tentait de protéger un tiers, il devenait aussi vulnérable qu'un enfant. C'était donc un talent puissant mais très ciblé, répondant à des règles strictes. De plus, même auprès de la belle plante, sa résistance avait évidemment des limites, mais hormis pour les véritables assauts, c'était bien suffisant. Hybris n'avait jamais eu l'occasion d'être directement visée par un canon ou quelque autre arsenal du genre, et elle ne comptait pas commencer demain, alors jusque là, tout allait bien. Et puis pour des cas plus sérieux, il restait toujours le reste de l'unité. Les pauvres, ils auraient été bien inutiles sinon.
Hybris en était donc là de sa digression, et tout en retirant de sa bouche un énième poil provenant de la fourrure du col de sa veste, elle tentait, pour contrer les inconvénients, de trouver assez de raisons de supporter la proximité et la chaleur de Charlie. Leur faiblesse mutuelle, augmentant dès lors qu'ils s'éloignaient, leur imposait quand ils partaient en mission à l'extérieur de Lan Rei Ouest de rester ensemble, ce qui n'était pas pour déplaire au jeune homme qui se vautrait immédiatement dans des discussions amicales interminables. Avec le temps, il avait appris à ne pas se vexer de l'air las de la militaris, à faire semblant de ne pas voir son agacement. C'était l'une des rares personnes à ne pas la craindre et à sembler percevoir quelque chose, au delà de son apparence. De toute manière, il savait qu'elle ne se séparerait pas de lui, alors il en profitait pour en rajouter sans crainte, se délectant presque, mais toujours avec innocence, de la mettre sur les nerfs. Et après tout, peut-être se sentait-il réellement proche d'elle, cela faisait des années qu'il l'accompagnait, il n'était encore qu'un adolescent à ses débuts (qui a dit exploitation de mineur?!). Et puis son pouvoir avait tendance à créer inévitablement une relation privilégiée, rendant la jeune femme incompréhensiblement précieuse à ses yeux, cette dernière lui devant quant à elle une certaine gratitude, bien qu'Hybris se serait volontiers défendue de cette thèse. Mais il fallait bien avouer que c'était l'un de ses jouets préférés, alors elle veillait à ne pas le casser.
A l'instant précis où Charlie attaquait son troisième paragraphe argumenté sur l'importance de protéger les riffus à front large, ces bestioles qui sont, comme tout le monde le sait, dangereusement menacées par un braconnage trop intensif qui dura pendant des siècles et qui maintenant, risquent de s'éteindre, et dieu seul sait à quel point ça serait dramatique, puisque le riffus est particulièrement utile pour dévorer tout un tas d'insectes très nuisibles aux cultures, et puis c'est tellement mignon ces bêtes-là, à cet exact moment donc, la petite troupe se stoppa à l'unisson, et Hybris profita du silence soudainement imposé à son compagnon comme s'il s'agissait d'une bénédiction divine. Elle était partie avec un fragment de son équipe pour cette expédition depuis la veille, et elle savait qu'ils venaient précisément de terminer la partie la plus simple de leur voyage. Ils étaient en plein milieu des monts de Pan Rei, et ils savaient tous pertinemment que le plus grand danger des lieux et par la même occasion, de leur mission, se trouvait être les Géants. Hors, ils approchaient d'un de leurs lieux favoris. Traduction délicieuse: Charlie allait être obligé de garder le silence. Une muselière de choix. En cas d'affrontement, ils pourraient sans doute réussir à s'en sortir sans trop de dommage, mais inutile de prendre ce risque, mieux valait sagement les éviter. D'autant plus que pour cette mission, elle n'avait pas jugé utile d'amener tout le monde, il n'y avait que quatre de ses hommes en plus d'elle et de Charlie. Bien largement suffisant pour aller récupérer le vieux grincheux sur lequel elle lorgnait, mais sans doute pas pour affronter tous les géants de la région.
Le groupe avançait donc en une petite file silencieuse, l'inquiétant Anton en tête, suivi par l'improbable duo, puis venaient les autres. On n'entendait rien d'autre que la neige murmurant quelques secrets, des battements d'ailes semblant fuir, et des bruits étouffés venus de plus loin que le regard peut le voir. Tout en prenant mille précautions pour ne pas attirer l'attention d'éventuels géants dans les parages, elle décida de mettre à profit le calme du moment pour repenser aux circonstances qui l'avaient menées à cet instant et pour revoir le plan prévu pour la suite.
L'homme qu'elle cherchait comptait sans doute parmi les plus brillants spécialistes des plantes, de la flore, leur évolution, leur réaction. Bref, un vrai bouffeur de salade, le genre à avoir la main verte. Il avait travaillé un temps -très brièvement- pour la Firme. A une époque où Hybris n'existait pas encore. À vrai dire, juste quelques temps avant qu'elle naisse. Puis du jour au lendemain, il s'était éclipsé, à cette époque où les militaris n'existaient pas encore, pas plus que le Lan Rei Ouest de la Firme. Et depuis une dizaine d'année, depuis qu'elle avait découvert par pur hasard un vieux dossier sur cet homme, c'était un jeu du chat et de la souris. Elle avait de bonnes raisons de croire qu'il avait participé à sa “conception”, et inévitablement, elle avait besoin de l'avoir sous la main, de savoir, de disséquer ce qui pouvait d'une étrange manière ressembler à ses origines. De plus, peut-être qu'il pourrait mettre au point un système pour palier sa dépendance à la lumière, ce qu'aucun scientiste n'avait encore réussi jusqu'à présent. A vrai dire cette irrépressible envie de retrouver les chercheurs qui l'avaient mise au point avait quelque chose de totalement irrationnel. Qu'espérait-elle apprendre de plus que dans tous les rapports si consciencieux qu'elle connaissait sur le bout des doigts? Mais elle ne comprenait pas pourquoi ils avaient tous si mystérieusement disparus au lieu d'être simplement affectés à de nouveaux projets. C'était étrange, les dossiers de ces chercheurs mentionnaient tous subitement une disparition, diverses morts, des accidents qui ne leur permettaient plus de poursuivre leurs travaux, une brutale envie d'arrêter. Et aucun suivi, rien. Ils avaient été simplement... oubliés. Et ça ne ressemblait vraiment pas à son père, de laisser des scientifiques partir, arrêter, sans rendre de compte. Il était plutôt du genre à menacer, harceler, forcer. On ne quitte pas la Firme. Bien qu'elle n'ait pas de preuves tangibles, elle s'était donc persuadée qu'il y avait quelque chose de caché derrière sa création et elle savait que tout ces efforts de dissimulation avaient été faits à son égard. Son père ne voulait surtout pas qu'elle découvre cette chose. Et c'est bien pour cela qu'elle allait le faire.
Quelle vérité pouvait être assez dérangeante pour qu'Owen Odd Gabriel la craigne?
De tous les survivants, Samuel Rosen (J'ai pris des libertés pour son nom, j'ai mis ça un peu au pif, donc tu me dis si tu veux changer hein), était le seul dont elle ait pu trouver une quelconque trace, et ça n'avait pourtant pas été évident. A de nombreuses reprises, elle avait parcouru des fausses pistes, ou encore tenu des indices certains, mais trop maigres pour mener quelque part. Plusieurs fois, elle l'avait manqué de peu, mais elle n'avait encore jamais pu le rencontrer. Combien d'hommes pouvait se vanter de lui avoir donné tant de fil à retordre? De lui, elle ne connaissait que le dossier et la vieille photo qu'il comportait, si stricte, sur laquelle il ne devait même pas avoir trente ans, ainsi que ces lieux où il avait vécu, et sur lesquels elle était toujours arrivée trop tard. C'était comme trier les affaires d'un mort et essayer de se faire une image de lui d'après les objets qu'elle découvrait. Essayer d'imaginer les raisons de leur présence, reconstruire ses possibles habitudes, ses préférences. Elle courrait après un fantôme dont elle aurait voulu n'avoir qu'à dire trois fois le nom à minuit pour qu'il apparaisse. Le dernier échec du genre remontait à à peine plus d'une trentaine de jours. Après des mois et des mois au point mort, ils avaient enfin trouvé une nouvelle piste à creuser. Elle avait mis quasiment toute l'unité sur le coup, et en trois semaines, elle avait de nouveau l'insaisissable Samuel dans son radar.
Malgré son impatience, Hybris n'avait pas voulu bâcler la chose. Après toute une décennie à lui courir après, elle n'était plus à quelques jours près, et se sentant si proche du but, elle savourait avec une délectation certaine ce qu'elle savait être la dernière traque. Elle avait soigneusement vérifié ses informations, avait préparé le moindre détail de leur mission, envisageant la moindre éventualité. Elle avait même décidé de mobiliser plus d'hommes que nécessaire, juste pour être sûre, et pour le plaisir de faire ça bien, d'étaler sa puissance face à cette homme qui l'avait narguée si longtemps. Elle voulait qu'il réalise combien il était petit face à elle, et qu'il avait juste eu... beaucoup de chance. Et en même temps, il faut rendre à César ce qui est à César, il méritait bien une telle débauche d'énergie, presque un hommage. Pour tout dire, elle était tellement attentive au détail, pour cette chasse à l'homme, qu'elle avait même prit le temps de choisir avec soin la tenue adéquate. En principe, elle ne se serait même pas posé la question. Quoi que coquette, quand il s'agissait d'agir en tant que militaire, elle allait au plus simple, au plus pratique. Mais là, elle avait eu le temps de songer à la chose, plusieurs jours avant le départ. Un grand manteau doublé de fourrure aux extrémités, assez ample pour ne pas gêner les mouvements et pour donner plus de magnificence à son allure. Oh, elle serait terrible dans l'encadrement de la porte, sur fond de tempête de neige, laissant Samuel dans cette surprise mêlée d'incompréhension qui vous saisit lorsque vous croyez voir le destin vous rattraper. Des rangers savamment doublées pour résister au froid laissaient entendre qu'elle écraserait tout suivant son bon vouloir. Mais avant ce moment de triomphe où elle passerait la porte pour saisir l'insaisissable, il y avait tout ce damné périple dans les montagnes, et à cet instant, elle ne retenait de sa tenue de parade que les poils de sa capuche qui venait chatouiller ses narines et se perdre sur sa bouche.
Grâce au petit génie mécanique de son équipe, ils avaient pu faire la première partie du trajet sur des engins motorisés, le genre de véhicules capables de passer partout, dans n'importe quelles conditions. Mais impossible de continuer aussi facilement sous peine d'alarmer tous les géants du coin. Ils crapahutaient donc depuis pas mal de kilomètres avec de la neige jusqu'aux cuisses, devant lutter pour avancer. Seul Anton ne semblait pas souffrir de cette contrainte, avançant pareil à un bulldozer, ne se posant pas de question, ne se laissant ralentir par rien. C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Élevé parmi les Fendrocs pendant une bonne partie de sa jeunesse, sa volonté affrontait aujourd'hui encore la neige de la même manière que sa peau sombre contrastait avec ces étendues immaculées. Cette incapacité à se fondre dans le paysage ne faisait que le rendre plus féroce. Voilà encore une autre force de la nature qu'elle avait recrutée, Hybris avait le nez pour ça. Et lui au moins, ne jacassait pas, ne cherchait pas à faire copain-copain avec tout le monde et surtout, il n'avait pas cet épuisant besoin d'amour et de reconnaissance. Dans l'ombre de sa capuche, elle jeta un regard mutin vers le trottinant Charlie qui, du haut de tous ses efforts pour avancer avec autant d'entrain, prit cela pour une marque d'approbation alors qu'il s'agissait plutôt d'un “Regarde le chef de meute et apprend, jeune chiot.”. Malgré leur avancée rapide, ils durent passer une première nuit dans l'immensité neigeuse, se logeant aussi bien que possible au cœur d'un amas de rochers qui les protégeait partiellement. Impossible de faire un vrai feu par ici, sinon ils auraient été repérés à coup sûr. Ils établirent des tours de garde, et à plusieurs reprises, des géants dans leur patrouille passèrent tout près, les obligeant à ne dormir que d'un œil, près à se battre ou à fuir. Puis une nouvelle journée de marche commença, et à la neige s'ajouta la difficulté de la pente devenant plus raide, forçant la prudence pour éviter de glisser et d'aller se briser la nuque plus bas sur le roc. Ah, ils n'avaient quand même pas de chance, ils auraient pu découvrir la nouvelle planque de Samuel à une autre saison, quand il y a moins de neige malgré le manteau éternel. Plusieurs jours passèrent ainsi, le jour blanc de cet excès de neige et les nuits, presque aussi blanches. Puis ils eurent passé le premier col, le plus difficile, le plus élevé de leur trajectoire. Après, ce n'était que des montagnes de plus en plus basses, descendant progressivement vers Lan Rei Est. La neige se retira également peu à peu, jamais tout à fait absente, mais elle ne les entravait plus désormais. Hybris pouvait donc replacer la férocité qu'elle avait du consacrer à leur pénible ascension vers le but de leur expédition, et elle n'en était que plus enragée et pressée de trouver Samuel. C'est sans doute cela qui sauva la vie de Charlie quand il entreprit de reprendre son babillage. Elle était trop excitée pour ne serait-ce que songer à lui donner une tape sur le museau.
Et puis enfin, ils le trouvèrent. Le chalet de pierre était là, accroché à la roche, exactement comme ils s'attendaient à le trouver. Hybris ne retint pas son sourire de satisfaction. Elle aurait pu foncer et ouvrir cette porte, la dernière qui la séparait de sa proie, à coups de pied, pour faire l'entrée fracassante qu'elle avait fantasmée, mais elle se régalait trop pour abréger ce plaisir avec tant d'empressement. Elle allait savourer. Ils s'installèrent donc aux alentours de la maisonnette, bien à l'abris des regards. Ils firent un repérage des lieux, étudiant le terrain pour ne pas être pris au dépourvu en cas de besoin. Et puis surtout, ils observèrent les habitants de cette cabane, cherchèrent à repérer le moindre signe de méfiance ou d'arme. Mais les innocents se sentaient seuls au monde, profitant pour un temps encore de leur liberté. Pour la première fois en dix ans, Hybris découvrit enfin le visage vieilli de l'homme sur la photo. C'était presque décevant, après tout ce temps, toutes ces recherches, de découvrir que le trentenaire du dossier était devenu un vieux, avec tout ce que ce mot implique. Certes, il avait l'air encore vif et gaillard, mais comment savoir s'il n'avait rien perdu de la belle époque? Était-il toujours aussi brillant qu'autrefois, ou n'était-ce plus qu'une ombre diluée de lui-même? Et puis il y avait cette fille qu'ils ne s'attendaient pas vraiment à trouver, et dont ils ne savaient rien. Quoi qu'il en soit, elle ne pesait pas vraiment dans la balance, elle avait l'air relativement gourde, rien qui ne puisse nuire à la mission. Ils passèrent deux jours encore sans se montrer, en profitant pour observer, mettre au point leur offensive et puis surtout pour se reposer. Inutile de se précipiter, mieux valait prendre son temps et être au maximum de ses capacités, surtout qu'après avoir capturé le vieux fou, il faudrait encore faire le trajet en sens inverse.
Hybris dictait les tours de garde et les ordres, réclamant qu'un piège soit posé dans tel endroit en cas de fuite, qu'un autre soit mis en place ici et ainsi de suite. Mais elle, elle préférait épier, encore et encore. Tout cela lui semblait maintenant trop facile, et elle regrettait déjà d'avoir dépensé tant d'énergie pour si peu. Le summum de l'agacement était atteint chaque soir, quand elle les voyait s'installer sur des transats. Hybris était encore trop imprégnée des jours passés dans la neige pour tolérer que l'on puisse par envie s'alanguir devant ce paysage. Certes, le soleil cherchait à réchauffer l'atmosphère de ses pâles rayons, mais est-ce que ça valait la peine de lui sacrifier de si longues minutes? Avec dépit, la jeune femme vit le vieil homme somnoler sur sa chaise. Le capturer avec la bave au coin de la bouche, ou entrain de ronfler... Elle avait rêvé mieux. Les hommes, toujours à vous décevoir... Malgré son dégoût face à cette facilité presque vexante, c'était le meilleur moment pour en finir. Pas d'arme autour d'eux, à vrai dire, rien qui puisse les aider. Ils étaient tranquilles, ne se méfiant de rien, attendant d'être cueillis. Et c'est ce qui allait arriver.
“Sid, tu t'occupes de la fille, elle ne devrait pas te poser de problème. Si elle devient vraiment chiante, n'hésites pas. Mais garde-la si possible, et essaye de savoir qui elle est et ce qu'elle fait là. Anton et Léo, vous vous assurez que le vieux reste avec nous et ne nous fausse pas compagnie. Et attention, je ne veux pas qu'on l'abime, le premier crétin qui lui tire dessus pourra dire adieu à ce monde. Alors vous gardez vos joujoux au chaud, c'est compris? On est entre gens civilisés après tout. Manu, toi tu restes là pour nous couvrir et si par une inexplicable merde il arrive à nous échapper, tu l'arrêtes comme tu peux. Et dans ce cas-là, tu peux tirer, mais juste dans le genou, ou à n'importe quel endroit qui l'empêchera de courir sans risquer de le tuer. Enfin c'est ton boulot de maintenir les gens en vie non? Et dès que la situation est sous contrôle, disons dès qu'on les aura attaché, Léo viendra prendre ta place et toi tu nous rejoins. Pas avant. Ah et Charlie, tu connais ton job, pas besoin de te faire un dessin. Bon, tout semble okay. On devrait pas avoir de soucis sur ce coup là, vous pouvez vous estimez heureux, c'est de l'argent facile que vous vous faites. Mais enfin, vous me baiserez les pieds plus tard, on y va!”
Et c'est ainsi que le plan se déroula, ils tombèrent en même temps que les ombres du soir sur le duo somnolant. Le sourire était carnassier, après tant de temps, voilà qu'elle pouvait enfin se faire les crocs sur un os trop longtemps attendu.
“Réveille-toi Samuel! On peut dire que ça fait un bail. Tu me reconnais? Je suis l'une de tes plus grandes fans...” |
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Lun 06 Sep 2010, 21:38 | |
| Pourtant tout avait bien commencé. Des retrouvailles, une retraite paisible, un chalet dans la montagne… Ces moments de partage, Isilwen les avaient savourés, bien consciente qu’ils ne dureraient pas toujours. Et elle avait eu raison car leur tranquillité venait de toucher à sa fin. Notre jeune fille et son air « relativement gourde » étaient donc sur le point de s’endormir paisiblement lorsqu’une équipe d’hommes armés jusqu’aux oreilles avait débarqués sans préavis pour les encercler et, à l’évidence, avoir une entrevue avec eux. Ils étaient accompagnés d’une femme d’où émanait un charisme impressionnant. (Ou peut-être était-ce plutôt eux qui accompagnaient la femme…). Isilwen poussa un glapissement de frayeur avant d’être arrachée à son transat et maintenue fermement pas une Monsieur-Gros-Bras qui ne devait pas briller par sa délicatesse. Sam devait sentir que quelque chose n’allait pas puisqu’il remua et gromella un peu-tout en gardant les paupières closes. Mais ce n’est que lorsque la belle inconnue prit la parole que le sommeil le quitta. Ah, qu’avait donc t-il fait, encore, pour se retrouver la proie d’un commando militaire…soupira Isilwen.
Oser interrompre de la sorte une si belle soirée, quelle manque de savoir-vivre ! Coincée dans les bras de ce tas de muscles, notre jeune femme se serait cru dans un de ces rêves, si réels et en même temps, si absurdes. Mais ce n’en était pas un, à l’évidence. Car dans un songe, toute situation quelle qu’elle soit est facilement réglée : Un souci ? On siffle son Dragon magique et hoplà, quelques jets de flamme et battements d’ailes plus tard, on est sauvé. Ou alors, c’est un Prince charmant qui déboule. Or, ici la situation s’annoncait mal, et il était inutile de siffler sa licorne ailée pour partir loin. Non. Il allait falloir ruser. Elle se débattit quelques instants, sans grande conviction, mais pour garder un minimum de dignité. Après quelques minutes d’intense réfléxion, Isilwen avait déjà acquis une certitude : Il faisait trop nuit pour s’enfuir. Et de toute façon, la fuite ne paraissait pas être une stratégie fort judicieuse. Ces Gens étaient trop effrayants et rien qu’à les voir on pouvait s’entendre penser « Pff, si je cours, obligé ils courent plus vite que moi. » Comme à son habitude (car oui, à ce stade de malchance récurrente, on peut parler d’Habitude), elle choisit de Laisser Venir et d’Attendre. Quoique, « choisir » est un bien grand mot, au vu du contexte. Elle était plus ou moins obligée de rester immobile et d’attendre, hein, au fond. « Sam trouvera bien un moyen de nous sortir de là », décréta t-elle intérieurement. La foi peut faire tomber tous les obstacles…
Isilwen, rappelons-le, pouvait prétendre à une certaine experience des personnalités inquiétantes et des créatures malfaisantes qui peuplaient l’Archipel. Ayant pas mal baroudé, et ayant à chaque fois trouvé une bonne occasion de se retrouver dans des situations périlleuses, elle avait une sorte de « tableau de chasse » des emmerdes. Aussi pouvait t-elle prétendre les classer. Et ce, sur son échelle personnelle. L’échelle de méchanceté des gens, voui. Or donc, 10 réprésentant la jeune lycantrope rencontré quelques temps plus tôt, et 1 représentant cette murène qui l’avait électrocuté lors de ses péripéties en pleine mer (méchante, la murène, mais c’était surement involontaire, et Isilwen était sûre qu’elle aurait voulu s’excuser u_u). Or donc, Le commando effrayant auquel elle avait à faire atteignait pour le moment l’humble note de 4. L’effet de surprise combiné à leur apparence jouaient contre eux mais peut-être n’étaient-ils pas si hostiles que ça, esperait naïvement la jeune semi-humaine. S’ils n’atteignaient pas la moyenne c’est qu’ils avaient l’air d’être de banals humains. Quand on a vu des Lycans, des démons, des castors, ou les trois en même temps, on a plus tellement peur des Hommes, avouons-le.
« Vous êtes qui .. ?» marmonna ce brave Sam, tête haute, et faisant preuve de plus de courage que sa jeune amie...Allez savoir pourquoi, savoir l’identité de leurs agresseurs n’était pas du goût d’Isilwen. Elle n’avait jamais vu de films d’espionnages a l’américaine, mais pourtant elle savait du fond de son être que moins on en sait, mieux on se porte, dans la vie. Et Vivre, c’était tout ce qu’il restait à notre jeune femme, aussi hésitait-elle a soutenir Sam en cet instant précis. Elle continua d’haleter d’angoisse, tandis que le silence laissait La Question résonner dans les cerveaux de l’assistance.
***
Ellipse. Je te laisse le loisir de raconter ce qui s'est passé durant cette courte période de quatre minutes et quarante-deux secondes.
***
Respirer, c’est la clef ! Songea notre semi-humaine, qui pour le coup se demandait comment étaient répartis ses 50% de sang elfique puisqu’à l’évidence, ce n’était ni dans la souplesse ni dans l’endurance. En effet elle venait de tenter sa tentative d’évasion numéro 1. Oui. Parfaitement. Allant a l’encontre de tous ses principes récemment énoncés. On appelle cela l’impulsivité. Isilwen anticipait rarement ses actions. Elle aurait été vraiment mauvaise aux Echecs, si elle avait eu l’occasion d’y jouer. Ainsi, tandis que l’attention autour d’elle se relachait, pour se concentrer sur la Dame et sa proie, et leur conversation, elle avait Dieu sait comment plus ou moins réussi à fausser compagnie à son coupain Monsieur Biceps, mais pour aussitôt aller se jeter sur une paroi rocheuse relativement abrupte et difficile à gravir. Ridicule.
Evidemment elle n’alla pas bien loin. Et évidemment il n’y eut besoin que d’un seul homme pour la rattraper, notre petite chose. Mais au moins, se consolait-elle, elle aurait tenté.
(Vu que c’est Toi qui kidnappe et qui Commande, je te laisse prendre les grandes initiatives, genre Ou est ce qu’on va et Quand est ce qu’on y va =D)
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Lun 01 Nov 2010, 19:18 | |
| Un homme mesure sa valeur à l'aune de ses ennemis. C'est une source inestimable de motivation, qui vous maintient en vie et vous pousse vers l'avant. Un homme en quête de vengeance est increvable, même avec une balle en pleine tête, il est capable de se relever, ne serait-ce que pour cracher trois gouttes de sang sur son ennemi. Et Hybris était du genre à prendre soin de ses ennemis, rivaux et autres adversaires. Elle les choisissait avec soin, et ils étaient du genre nombreux. Ainsi, elle n'était jamais à cours de proie à traquer. Quand l'un cédait, disparaissait, décevait, elle n'avait qu'à se rabattre sur un autre. Elle se souvint de l'une des premières missions qui était devenue une affaire personnelle pour elle. Elle se souvint surtout de la discussion qui avait suivi la balle atterrissant dans la poitrine de ce premier ennemi vaincu. Il n'était plus qu'un tas de chair sur un mélange de terre et de goudron, rien qu'un corps vide, bien loin de l'image qu'elle s'était faite de lui durant leur adversité. Même les plus grands hommes deviennent pathétiques dans la mort. Autour, le calme résultant du devoir accompli. Adrian s'approcha finalement, rechignant à baisser son arme, quand bien même il ne restait plus rien à abattre. Lui d'ordinaire peu loquace, face au visage fasciné et dépité d'Hybris, n'avait pourtant pas pu s'empêcher de la questionner.
“Alors... Quel sentiment est le plus fort en toi ? Le soulagement... Ou le regret ?”
Hybris n'avait d'abord rien répondu, ne semblant même pas entendre cette intervention, son regard ne décollant pas du mort. Puis se détournant avec un dégoût proche de la colère, elle lâcha, méprisante:
“Rien que de la déception.”
La scène semblait se répéter. Chaque ennemi en moins n'était que déception, jamais de regret, aucun qui ne fut digne d'elle, aucun qui ne lui donna la fin qu'elle méritait. Tout le respect qu'ils avaient pu gagner aux yeux d'Hybris, pendant les affrontements, la traque, la fuite, tout cela était balayé dans la mort.
Hybris était pareil à un chat qui joue avec une souris, cruelle, la laissant s'échapper pour mieux la ramener vers elle d'une griffe, mais qui se détourne dès que le pauvre rongeur cesse de s'agiter, de se débattre et de fuir, abandonnant le cadavre sans même faire semblant d'y goûter. Le plaisir est dans la chasse.
“Qui je suis...? Ah, il ne reconnait même pas sa plus grande œuvre... ! Ceci dit je ne peux pas t'en vouloir. J'ai pas mal changé depuis la dernière fois que tu m'as vu, je crois. Quant-à toi... J'aimerais pouvoir te dire que tu n'as pas vieilli d'un trait, vraiment... Mais ça serait odieux, comme mensonge.”
Son regard traquait le moindre détail chez Sam qui aurait pu le faire regrimper dans son estime. Mais, des cheveux épars aux chaussures rétamées, il n'y avait rien. Une légère crispation était apparue au coin des lèvres de la belle. D'un geste dédaigneux, elle épousseta les épaules du pauvre homme, remis sa veste droite, comme quelqu'un qui cherche à donner meilleure allure à un vieux bibelot retrouvé dans le grenier, quand bien même on sait que ce n'est pas la poussière qui rend cet objet irrécupérable. Non c'est sûr, personne ne voudrait de lui dans une brocante, même bradé. Quoi qu'il en soit, il était sa propriété. Le message était claire. Son regard semblait le plaindre, mais plus encore, elle se lamentait sur son propre sort, sur cet ennui dont personne ne la délivrait. Cependant, tant que tout n'était pas fini, elle attendait encore cette surprise, ce défi qu'elle espérait trouver. Il pouvait s'agir d'une simple étincelle de compréhension chez le vieux, réalisant soudain à qui il avait à faire. Oui, en ce jour, ça lui aurait suffit.
“Y a pas mal de temps -disons une trentaine d'années- tu étais... un des jardiniers de mon père, disons. - Toi... -Hum... Je vois que tu commences à saisir. Et oui oncle Sam -je peux t'appeler oncle Sam non? A moins que tu préfères tonton, c'est vrai que c'est plus chaleureux. Après tout, nous sommes une grande famille... Je suis sûre que tu n'as pas oublié Hybris, ta petite préférée! Je vois que ça te fait plaisir de me voir!”
L'humeur de notre prédatrice s'éclaircit visiblement. Pas besoin d'être fin psychologue pour déceler chez Sam des émotions contradictoires: la colère, la peur, et l'indignation se heurtaient à un émerveillement et une fascination qu'il tentait de contenir entre ses sourcils froncés. Mais malgré toute sa volonté pour ne garder que de la rage sur ses traits, il ne pouvait qu'admirer ce qu'il avait créé. Attirance et répulsion. Il la dévorait des yeux désormais, cherchant à retrouver dans cette plantureuse jeune femme la chétive créature végétale qu'il avait engendrée. Il superposait ses deux images de prime abord si opposées, et trouvait de plus en plus de similitudes qui le laissaient sans voix. Il ressentit une pointe de fierté qui lui fit mal. Elle semblait parfaite, terrible. Exactement comme il l'avait rêvée durant les mois de recherches et d'expériences précédents sa “naissance”. C'était indéniable, elle était ce qu'il avait fait de plus grand durant toute sa vie de chercheur. Agacé et troublé par cette espèce d'orgueil paternel déplacé, il se contenta de cracher sans conviction:
“J'aurais mieux fait de crever plutôt que de donner le jour à une chose comme toi!”
Un sourire irrité et mielleux passa sur les lèvres pourpres d'Hybris, cachant une irrépressible envie de lui enfoncer la tête dans la neige, pour voir si l'on peut mourir noyer ainsi.
“C'est trop gentil de ta part, toi aussi tu m'as manqué! Mais maintenant, nous allons rattraper tout ce temps perdu, je te ramène à la maison!”
Elle lui adressa un clin d'œil méchant, savourant toute la crainte que cette idée inspirait au brave Sam. Retourner à la Firme, c'est ce contre quoi il s'était battu toute sa vie. Plus jamais il ne voulait avoir à faire aux Odd Gabriel. Et voila qu'il n'avait plus le choix. Il semblait se résigner, à mesure que sa tête s'incliner, imperceptiblement, comme abattue.
C'est à ce moment que la jeune fille -à qui Hybris n'avait pas accordé la moindre attention durant la conversation- tenta sa chance. Pauvre idiote, si elle savait ce qu'elle risquait, à briser ainsi le moment de victoire de notre Chimère... Pendant que Sid, vexé de sa mise en échec, sortait son arme pour canarder la gosse et ainsi laver son honneur, Anton avait déjà laissé Sam au soin de Léo, couvrant en un rien de temps la distance le séparant de la fuyarde. Il lui suffit d'une main pour aggriper l'humaine et la traîner derrière lui, la ramenant vers le groupe sans un commentaire, l'exécution était impeccable, implacable.
“Merde Sid, une gamine...! Tu peux faire une croix sur ta prime de Noël...”
Comme un gamin que l'on réprimande, Sid se plaça sans mot dire près de Sam, retenant toute son humiliation derrière ses lèvres pincées, essayant de se concentrer sur son nouveau prisonnier. Hybris, suivie de son ombre Charlie, s'approcha de la captive enserrée par la poigne d'Anton. Le regard était méchant, la gifle qui suivit, du dos de la main, siffla. Mais ce n'était rien.
“Vilaine fille... C'est très malpoli ce que tu viens de faire, tu sais? Interrompre les adultes pendant qu'ils parlent...”
Elle se détourna, hocha la tête en direction d'Anton:
“Plutôt jolie... mais pas très maligne apparemment. Garde-la moi, mieux vaut en avoir trop que pas assez. Et puis qui sait, elle sera peut-être utile pour convaincre de vieux singe de coopérer. N'est-ce pas Sammy?”
Regard par dessus l'épaule pour son vieil ennemi, avec un goût de "je sais où ça fait mal". Nouveau sourire doucereux pour la pauvre captive.
“Ah... Être au mauvais endroit, au mauvais moment...! Dis toi que tu as de la chance, ton joli minois, c'est tout ce qui te sauve aujourd'hui. Charlie, tu as les colliers?”
Aussitôt, le brave garde du corps s'était mis à fouiller dans sa besace avec empressement, ne voulant pas faire attendre sa maîtresse. Il en sortit plusieurs larges colliers faits d'une espèce de lourd métal noir, la tranche était épaisse, saillante. Hybris en saisit un qu'elle fit tourner entre ses mains, activant le système d'ouverture, dit à Charlie d'en apporter à Léo, pour le mettre au vieux, puis elle fit à nouveau face à sa prisonnière.
“Bon, comme il serait dommage d'abîmer ce si joli petit cou, je t'explique le concept, ça t'évitera de te faire mal. C'est simple: plus tu t'éloignes de moi, plus le collier se resserre. Fini les petites escapades comme tout à l'heure, donc.”
Tout en exposant le mécanisme, elle s'était penchée vers l'humaine, glissant ses mains dans son cou pour attacher l'étrange bijou. Penchée ainsi sur elle, leurs visages se frôlaient, le sourire d'Hybris était plus radieux encore, imaginant comme le moindre contact devait être agaçant. Elle exagéra son souffle contre sa peau avec délectation, et ses doigts s'attardèrent sur sa nuque, caressant légèrement le duvet brun avant de refermer avec un claquement le collier.
“Tu serais terrible en animal domestique tu sais... Il ne manque plus qu'une plaque avec ton nom.”
Elle lui lança un regard qui ne pouvait être plus clair: elle l'autorisait à répondre, et surtout, elle exigeait qu'elle se présente. Lorsque Manuel les rejoignit enfin, Hybris frappa dans ses mains pour signifier qu'il était temps de reprendre la route. Léo et Sid firent rapidement le tour de la maison pour voir s'il n'y avait rien à prendre. Ils amenèrent quelques notes que le scientifique avait soigneusement prises, les manteaux de leurs prisonniers. Après cette traque, pas question qu'ils leur claquent entre les doigts à cause du froid. Le groupuscule s'organisa autour des deux captifs, qui même sans cette garde, ne pouvaient aller bien loin. On se mit en route, et Hybris ne pouvait s'empêcher d'être plus joviale qu'à l'aller, s'imaginant déjà toutes les possibilités, montant des plans quant à l'avenir de ses deux proies.
[Bon, j'ai hésité à m'arrêter là ou à continuer, sachant que j'ai une idée pour la suite, mais que c'est déjà assez long comme ça, jme suis dit que ça serait pour le prochain message. Ceci dit, comme y a pas tellement de rebondissement, si tu sais pas trop quoi répondre, hésite pas à me le dire, je rajouterais la suite à ce moment là.]
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Sam 13 Nov 2010, 18:13 | |
| Les mésaventures de Rána avec le nékothrope et son amie la fée l'avaient plongée dans une fureur si intense qu'elle avait massacré tout un hameau en une nuit. A l'aube elle s'était mis en tête de retrouver son gibier à n'importe quel prix. Elle s'était donc mise en traque de la jeune femme en commençant ses recherches par l'endroit où elle l'avait vue disparaître de son champ de vision : le Port de Reilor. Il était difficile de repérer une odeur vieille de plusieurs jours dans un endroit aussi fréquenté et empestant le poisson ; de plus, la compagnie de ses trois loups était hors de propos en pleine journée. La jeune fille ne trouva rien. Aussi étendit-elle ses recherches dans toute la ville, entreprise qu'elle abandonna bien vite pour se concentrer sur les sorties. Isilwen avait erré, transpiré, son odeur était plus facile à trouver que celle de la plupart des humains ; la meute finit donc par trouver une piste en élargissant leur cercle de recherche. Leur proie fuyait la civilisation et partait vers l'est. L'odeur et les traces décrivaient un itinéraire incertain, impulsif. Cela signifiait que la fugitive ne savait pas où elle allait et qu'elle n'avait pas de refuge défini. Elle fuyait, simplement. Le trajet allait en zigzaguant vers la côte est de l'île ; Rána espérait que la jeune femme n'aurait pas eu l'idée contrariante d'aller se tuer dans l'océan, pour s'offrir à un assassin plus rapide en besogne. Ils suivirent sa trace pendant plusieurs jours ; la nuit, la meute rattrapait le retard causé par la lenteur d'une marche d'enfant et à l'aube du quatrième jour de traque, ils tombèrent face à une cabane de pêcheur délabrée. Isilwen n'était pas là ; la maison semblait fraîchement abandonnée. Tout était en désordre. La gamine et ses trois loups inspectèrent les lieux. Aucun doute possible ; Isilwen s'était attardée plusieurs jours ici ; la cabane était imprégnée de cette odeur si particulière : le parfum à la fois résineux et amer des elfes de Rosyel se mêlant aux relents sanguins et âpres des humains, le tout enrobé d'un arôme sucré de jeune femme mariné dans la sueur. Rog fouina dans un coin et revint déposer aux pieds de la petite fille une pomme entamée qui commençait à pourrir. Rána la ramassa et l'examina. Une dentition humaine, adulte, plutôt petite. Elle renifla le fruit et le lança dans un coin. Il était possible qu'Isilwen ait mordu dans ce fruit ; cela signifierait qu'elle n'était partie que récemment. Comme elle ne pouvait pas en être certaine, l'enfant-loup chercha encore et s'intéressa à une carte pleine d'inscriptions. Rána l'étendit à bout de bras, droit devant elle en écartant les mains autant qu'elle put et examina la pièce de papier. Les trois loups se réunirent devant leur maîtresse et attendirent de nouvelles directives. Finalement, au bout d'un long moment de silence, Rána reposa la carte et demanda : ― L'un d'entre vous saurait-il lire ?Si, dans un lointain passé, la fillette avait été une élève attentive, elle n'avait plus mis les pieds dans une école depuis ses sept ans et n'avait par conséquent que de maigres notions de lecture et d'écriture, aussi se trouvait-elle bien en peine face à ses inscriptions brouillonnes remplies de mots dont elle n'aurait au reste pas saisit le sens. Quoiqu'il en soit, la gamine ne savait pas non plus lire les cartes. Elle déchira cet indice complètement inutile et jeta les morceaux sur le sol. C'est alors qu'elle vit ce symbole. Se figeant soudain, elle ramassa le bout de carte et l'observa. ― Une Lune...Elle réfléchit un moment. ― Vous savez ce que ça veut dire ? Isilwen m'a laissé un message pour me narguer ! Elle doit savoir que je sais pas lire alors elle a dessiné une lune à l'endroit où elle veut que j'aille ! Elle veut m'attirer dans un piège ! Alors, vous savez quoi ? On va juste chercher une nouvelle piste.C'est ainsi que les quatre prédateurs se remirent en route. La piste d'Isilwen était plus fraîche qu'auparavant, ce qui facilita leur avancée. Ils n'avaient qu'à suivre. Par moments, dans les zones humides, ils trouvaient même des traces de pied nus. La jeune femme filait vers les Monts d'El et sa marche était bien plus assurée, beaucoup moins hasardeuse. Que comptait-elle donc faire là-bas ? Allait-elle se réfugier chez une connaissance ? Quelle idiote ; c'était la condamner à mort. La meute progressa à bonne allure ; Isilwen émettait une très forte odeur corporelle et le doute était impossible. Rána était même persuadée qu'ils gagnaient du terrain. Peut-être finiraient-ils par la rattraper avant qu'elle n'atteigne son but ? Comme cela aurait été jouissif ! La pauvre devait se dire qu'elle était hors de danger là où elle était... ~•~ Finalement, alors que la nuit approchait à grands pas, ils arrivèrent sur un petit sentier de pierres qui zigzaguait vers un toit. Un chalet. Enfin ! Isilwen était là, Rána le savait ! Elle se mit à courir en direction de la maisonnette, les loups sur ses talons. Prêts à faire une entrée fracassante. Un timing parfait ; le Soleil disparaissait derrière les montagnes et la Lune était déjà bien visible dans le ciel. Un sourire dément s'élargissait sur son visage ; personne n'échappait à l'Enfant Loup. Soudain, Rána se figea. Ses loups firent de même. A quelques mètres, devant le chalet de pierre, se trouvait un petit attroupement de personnes. Ils s'apprêtaient à prendre la route dans leur direction. Du côté gauche du sentier, une pente escarpée montait à trois ou quatre mètres de hauteur. La fillette fit signe à ses loups de grimper au sommet et elle fit de même. Elle glissa à deux reprises sur des graviers mais finit par se hisser tout en haut où elle put se dissimuler derrière un des nombreux conifères qui poussaient là. Il était plus difficile d'observer le groupe à travers les branches et les rochers, mais la fillette distingua sept personnes : un vieillard, une femme, quatre hommes... et Isilwen. Rána ragea ; Tout ce chemin pour trouver son gibier en compagnie de sept personnes en plein milieu des montagnes. Sept individus à éliminer. C'était probablement jouable, s'ils n'étaient pas armés. Rána se pencha en avant pour mieux voir. Les cinq hommes paraissaient dangereux. Un pour chaque loup, et deux pour Rána si elle se transformait à temps... Le groupe se mit en marche. Elle chuchota : ― Ils arrivent... Une idée, vite.Le chef semblait être la femme au col de fourrure. Peut-être pourrait-elle lui sauter à la gorge et la prendre comme monnaie d'échange ? Non, trop risqué. Les cinq hommes semblaient plus inquiétant à mesure qu'ils avançaient. La meute ne pouvait pas attaquer de front. Pas tant que la nuit ne serait pas complètement tombée. L'escouade n'était plus qu'à quelques mètres. Et la nuit qui n'en finissait pas de tomber ! Rána remarqua une sorte de collier serré autour du cou d'Isilwen. C'est alors qu'elle se demanda qui pouvaient bien être ces personnes. Il avaient l'air d... ― Hein ?Le cœur de Rána fit un bond dans sa poitrine tandis qu'elle sentait le sol se dérober sous ses pieds. Un petit éboulement la fit tomber en avant pour aller heurter la pente de plein fouet. Son visage racla les cailloux et elle fit une semi-roulade qui la fit descendre plus bas. Elle finit sa chute en tonneaux pour arriver sur le sentier de pierre, à quelques pas du groupe. Raté pour l'effet de surprise. La fillette se releva aussi vite qu'elle put. Son visage et ses bras nus était écorchés et ses cheveux pleins de poussière tombaient sur la moitié de son visage. Elle resta silencieuse et croisa le regard d'Isilwen avant de se focaliser sur la meneuse, l'air menaçant. Quand elle avait choisi, à bord du bateau elfe, de prendre pour proie cette âme esseulée errant sur la plage, elle n'aurait pas pu se douter qu'elle lui poserait autant de problèmes. Cette fille portait la poisse.
Dernière édition par Rána le Mer 09 Mar 2011, 18:30, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Lun 21 Fév 2011, 05:16 | |
| La jeune humaine savait bien qu’elle n’avait aucune chance de s’échapper, mais en se rebiffant elle s’était attendue à leur donner un peu plus de fil à retordre que ça. Notre chère rebelle se sentait pathétique. Et pour cause : une tentative d’évasion de 3 secondes chrono, c’était surement un Record.
La situation semblait claire, à première vue : Le commando voulait Sam, Isilwen était l’imprévu, l'inutile, le petit grain de sel qui rend la journée plus piquante… ou le petit bout de piment qui rend la journée plus salée, mais elle allait faire partie du voyage quand même, parce que, comme on dit souvent : « ça peut servir. »
Si Isilwen n’avait pas eu la cervelle d’un oiseau, elle se serait rendu compte que la situation était tout de même un peu plus complexe que cela, et que bien des aspects de l’affaire lui étaient inconnus. Mais nous n'allons pas nous étendre sur le sujet. Pour le moment.
Être un otage, selon la logique erronée d’Isilwen, c’était une bonne chose. On aurait du l'embaucher au gouvernement depuis longtemps, je vous le dit u_u Cela lui garantissait un certain statut social dans le groupe, déjà. Et de plus, elle savait qu’elle avait moins de chances d’être maltraitée. En tout cas elle le souhaitait de tout son ptit cœur de ptite chose fragile. Ainsi, tant que Sam ne faisait pas des siennes, elle pouvait espérer profiter encore un peu du paysage.
Oh, mais pendant que je raconte des détails dont on se fiche, l’histoire avance, me direz-vous. Revenons-en donc à l’action en elle-même.
Isilwen se retrouvait avec un collier autour du cou, telle un jeune labrador un peu fou auquel on tente d’inculquer quelques notions de discipline. Elle grimaça et glissa un doigt entre l’instrument de torture et la peau fine de son cou, tandis que la cruelle femme qui se dressait devant elle lui lançait une pique, surement dans une tentative de la provoquer, de la faire parler… Mais l’angoisse serrait tellement la gorge de notre jeune semi-humaine qu’elle n’était pas sure d’arriver a s’exprimer.
« …Mais… »
Elle referma la bouche, se rendant compte qu’en plus de la peur panique qui s’était étrangement emparée d’elle, elle n’avait aucune répartie cinglante à lancer à sa ravisseuse. Pas de quoi en faire un scoop, après tout il est de notoriété publique qu’Isilwen est plutôt de ceux qui subissent que de ceux qui lancent des réparties de fous…
L'air de rien, son cerveau était toujours en ébullition et elle réfléchissait beaucoup. Elle choisit de se taire, sur le coup, prenant une résolution qu’elle pensait ferme et résolue. (Une résolution résolue, OUI, ça existe.) Et puis, en parallèle adjacente, elle analysa le regard d’acier qu’elle avait rencontré, et changea d’avis dans la minute, (CE FUT TRES RAPIDE) préférant opter pour une stratégie de Surprise. Celle qui consiste à faire le contraire de ce que les gens s’attendent à ce que vous fassiez. .
Une volonté de coquelicot dans un corps de kréma ? je vous présente Isilwen, si vous ne la connaissiez pas déjà…
« … Jla voudrais en cuir d’Earan, et dessus-vous graveriez Isilwen »
répondit-elle d’un ton enfantin exagéré en s'arrachant un sourire.
Avec elle, on pouvait rarement s’attendre à une réaction dictée par le bon sens, comme elle en montrait la preuve jour après jour.
« j'étais déjà une sorte d'animal de compagnie pour mon Sam, quelque part... Alors vous n'êtes pas loin de la vérité... " ajouta-t-elle tandis que la troupe se mettait en marche.
Tandis qu'ils avançaient, Isilwen jeta un regard plein de regrets derrière elle, songeuse ...
Et puis, alors qu’un avenir radieux se profilait à l’horizon, une apparition vint tout gâcher. Et puis, alors qu’Isilwen avait complètement oublié l’affaire Rána, occupée qu’elle était à songer à son kidnapping, voilà que la petite horreur refit soudain surface.
Le léger éboulement qui révéla la présence de l’enfant surprit bien sur tout le groupe, mais la plus choquée fut sans conteste notre jeune semi-elfe, qui reconnut instantanément son fléau personnel, et fit un bond de surprise, paniquant à l’idée de voir les compères de la petite lycanthrope faire irruption, tous les tuer et les manger un par un en finissant par Isilwen. Après avoir joué un spectacle de marionnettes avec les membres du commando, en plus. Elle laissa donc échapper un cri (et un mot) « ..TOI !?! O.o » avant de reculer vivement, fuyant ce regard haineux…
Soudain Isilwen vit le commando sous un nouvel angle. Ils pourraient servir de protecteurs… Pourvu que le petit démon ne réussisse pas à les berner. Car si l’on pouvait lire en Isilwen comme dans un livre ouvert, il n’en était pas de même avec la terrible et manipulatrice Rána. |
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Mar 08 Mar 2011, 11:28 | |
| [Petite précision, Hybris a cinq hommes avec elle (Charlie, Léo, Sid, Manu et Anton), mais jsais pas si c’est juste que Rana en a vu que quatre ou quoi… mais bref.]
« … Jla voudrais en cuir d’Earan, et dessus-vous graveriez Isilwen. -Oh trésor, tu ne sais pas ce que je peux faire, si tu le demandes gentiment… »
Vague sourire, et déjà, elle ne s’occupait plus d’elle. D’un pas décidé et quelque peu triomphal, elle s’était mise en marche, ne se souciant guère de savoir si Sam et sa petite protégée suivaient. De toute manière, c’était dans leur intérêt, alors elle n’en doutait pas vraiment. Elle ne se préoccupait même pas de la traversée qui les attendait à nouveau, ces sommets enneigés où il faudrait encore patauger tout en surveillant leurs captifs. Non, désormais elle ne pensait plus qu’à son succès, bien qu’un peu fade, à ce qu’elle allait enfin apprendre, obtenir, et aussi, et c’était presque le plus délectable, elle pensait à la tête qu’allait faire son père en découvrant qu’elle avait mis la main sur un de ceux qu’il avait tant essayé d’effacer. Elle se demandait quelle réaction il allait avoir. Sans doute tenterait-il quelque chose pour faire taire Sam, le tuer, peut-être. Mais Hybris connaissait bien les manipulations de son père désormais, et elle avait au moins autant de pouvoir que lui à Lan Rei Ouest, bien que ce fut moins officiel. Alors elle prendrait des mesures. Elle cacherait le vieil homme un temps, pour procéder aux retrouvailles dans les règles de l’art, sans risquer d’être dérangée. Il resterait sous bonne garde, sa nourriture ne serait préparée que par des gens de confiance pour ne pas risquer l’empoisonnement. Et une fois qu’elle saurait l’essentiel, il serait trop tard, Owen ne pourrait plus rien faire. Echec et Mat.
Toute occupée à ses rêves de batailles victorieuses, elle en oubliait Charlie, qui, évidemment, ne la lâchait pas d’une semelle, tandis qu’Anton et Léo se placèrent chacun d’un côté, légèrement en avant. Le duo de prisonniers, puis enfin, Sid et Manu fermaient la marche. En bon éclaireur et homme de montagne, Anton s’immobilisa à l’instant même où le premier gravier dévala la pente. Tout le groupe l’imita, pour voir avec étonnement débouler un petit bout de gamine cradingue et écorchée comme un poète maudit. Passé la surprise, Hybris lâcha un petit soupir.
« Encore une de tes filles cachées Sam ? Ma parole, tu fais un élevage… En tout cas, celle-là à encore plus l’air d’un chien. Un peu galeux si tu veux mon avis. »
Elle ne s’était pas encore décidée. Une fille en rabe, ça va, et ça peut servir, mais deux, c’est encombrant et inutile. Cependant, Sam ne semblait pas avoir tiqué, peut-être ne la connaissait-il pas. Que ferait une gamine seule dans le coin alors ? Perdue ? A une telle hauteur, ça semblait peu probable. Quoi qu’il en soit, si c’était le cas, elle n’était pas là pour faire la charité, la gosse n’aurait qu’à se débrouiller avec le chalet soudain libéré.
Mais non, il y avait cet air, cette posture d’attente, prête à l’attaque. Et puis d’autres réactions étranges la mirent en garde : Charlie tout d’abord, qui se raidit perceptiblement et vint se placer plus près de sa maîtresse, guettant de tout son instinct le moment où il devrait s’interposer. Et son instinct le trompait rarement, pour réagir ainsi, il devait pressentir une menace. Miss Odd Gabriel se fit donc plus prudente, après tout, elle savait qu’il ne fallait pas sous-estimer un ennemi potentiel, même lorsqu’il a l’air aussi inoffensif. Mais ce qui l’alerta plus vivement, ce fut la réaction de la semi-elfe, toute son attitude criant la terreur. Certes, elle devait être de nature impressionnable, mais tout de même. Plus important, elle connaissait la gamine, sa présence n’étant désormais plus un hasard, c’était certain. Sans détourner son regard de la petite sauvageonne en travers de leur chemin, elle questionna Isilwen avec une voix dans laquelle perçait toute sa froideur tactique. Pour ses hommes, se fut un signal de plus pour se mettre sur leur garde et sortir leurs armes.
« Tu peux me dire qui est cette fille ? Si je dois savoir un truc, c’est le moment. »
Au tour d’Anton de confirmer la menace. Il semblait plus animal qu’humain désormais, tout en tension musculaire, flairant l’air, scrutant les alentours. Son regard s’était arrêté sur le sommet de la pente d’où la môme avait déboulé, et avait du y capter un mouvement, sans discerner de quoi il s’agissait précisément.
« Elle n’est pas seule… »
[C’est bref, mais Hybris n’a pas de raison d’attaquer tant qu’Isil ne lui a rien dit ou que Rana n’a rien fait de plus menaçant.]
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Mer 09 Mar 2011, 22:28 | |
| [Nan nan désolé pour le nombre, c'est juste moi qui sait pas compter^^' J'ai édité mon texte]
Comment peut-on être aussi stupide ? Rána se sentait comme une canaille prise en faute. Elle détestait cette situation d'échec sur laquelle on revient en se disant « il suffisait de faire plus attention. » Une erreur de débutant, de celles que l'on ne devrait faire qu'une seule fois, et qui pourtant refont surface aux moments les plus inattendus. Lorsqu'on prévoit les choses, on omet toujours l'hypothèse d'une faute d'inattention. La fillette se sentait nulle, si nulle, elle qui se plaisait à rappeler au monde qu'elle n'était pas une enfant comme les autres, qu'elle savait réfléchir comme les grands. Mais même le cerveau le plus illuminé ne peut faire fi des lois de la gravité.
L'Enfant-Loup se retrouvait donc face à l'escouade, prise au dépourvu. Ses yeux sautaient d'un individu à l'autre, scrutant machinalement tous les détails qui s'offraient à eux. Le type qui s'était rapproché de l'alpha paraissait très tendu. Il ne fallait pas espérer toucher cette femme, sa réaction serait immédiate ; Rána pouvait le voir et le sentir. Un autre homme, qui paraissait tout aussi tendu, prit la parole.
― Elle n'est pas seule...
Argor, Rog et Anca, qui avaient appris au fil du temps à prévoir les réactions de leur maîtresse, savaient que se jeter avec elle dans la gueule du =D était la chose la plus idiote à faire. Rána comptait beaucoup sur la surprise, et la présence reclue de ses armes diurnes était une assurance qui laissait toujours entrevoir une once d'espoir dans les situations critiques. Mais là, si on décelait leur présence aussi aisément, c'était pas du jeu. Tout le monde à présent se tenait prêt à appréhender les renforts. Cependant, il restait encore la carte du bluff. La seule en dehors de Rána qui connaissait le nombre et la nature de la menace, c'était Isilwen. Il suffisait qu'elle ouvre sa petite bouche pour minauder toutes les informations dont la femme avait besoin et c'était terminé. Car oui, il était maintenant clair que cette garde rapprochée était plus dangereuse qu'espéré, et la meute n'aurait certainement pas le dessus.
Il fallait se dépêcher. Quelques secondes auparavant, Rána se plaignait du temps que le soleil mettait à disparaître ; à présent elle aurait aimé ralentir le temps, afin de trouver un moyen de s'emparer d'Isilwen et de déguerpir en vitesse. Si elle se transformait, elle n'aurait plus le contrôle. Sous sa forme humaine, elle aspirait déjà tant à lacérer le visage de cette femme en fourrure que son alter bestial n'hésiterait pas une seconde à la démembrer, au prix de sa vie. Quelque chose, vite. Voyant que la semi-elfe ne s'empressait pas de tout déballer, Rána tenta de régler cette affaire de façon diplomatique. Elle laissa la déclaration de l'homme dans un suspens tendu et pointa vers sa proie un petit doigt fin à l'ongle crasseux.
― Tout c'que j'veux, c'est elle, M'dame.
Elle essayait de ne pas trop sur-jouer, puisqu'il semblait évident que personne ne se laisserait berner par son numéro habituel. Foutue Isilwen ! Elle l'avait vraiment entraînée dans une sacrée mouise. Les mots suivants sortirent d'eux-mêmes.
― C'est ma grande sœur. Elle est stupide et folle à lier. Elle ne vous causera que des ennuis, croyez-moi.
Quand elle l'aurait récupérée, elle allait la faire souffrir comme jamais personne n'avait souffert dans l'archipel tout entier. Rána s'en fit la promesse.
― Laissez-la moi et...
Une montée d'adrénaline la coupa en plein phrase.
― Laissez-la moi... et...
Non ! Trop tôt ! La fillette posa une main sur son front et recula d'un pas. L'éclat argenté de la Lune irradia son visage. Trop tôt, trop tôt ! C'était trop dangereux. Elle recula encore, trébucha sur une pierre et tomba à la renverse. Ses pensées s'embuèrent et elle ferma les yeux.
Une bête bondit du haut de la pente pour atterrir avec souplesse auprès de l'enfant à terre. Deux ombres plus minces la suivirent. Argor, le gros loup borgne au poil grisonnant, se posta près de Rána qui s'efforçait de contenir une rage montante. Rog et Anca se placèrent face au groupe, prêts à sauter à la gorge du premier qui oserait s'avancer.
Puis, finalement, la gamine se releva, se retourna et plongea son regard dans celui de la femme en fourrure. Ses iris s'élargirent. Son visage angélique s'allongea vers l'avant pour former un museau. Ses dents grandirent et s'affûtèrent, dépassant de sa bouche entre-ouverte de laquelle s'échappaient des bouffées de vapeur à un rythme croissant. Ses cheveux se rétractèrent et se mirent à descendre sur son front, ses joues, son nez. Des poils poussèrent également sur son dos dont les os se déformaient en émettant des craquements sonores. Ses mains se raidirent et ses phalanges s'agitèrent de spasmes ; au bout de ses doigts, les ongles s'allongèrent et se courbèrent. La fourrure envahissait tout le corps de la petite fille qui bientôt tomba en avant, se rattrapant sur ses pattes avant. Une queue velue dépassa derrière elle.
Les craquements d'os cessèrent. Rána respirait bruyamment, comme épuisée par un intense effort. Quand la métamorphose sembla terminée, elle s'étira, pris son élan et poussa un cri qui ressemblait plus à un rugissement de fauve qu'à un hurlement.
Prise d'une fureur démente, la bête s'élança en direction de la proie qu'elle avait déjà désignée. Non pas l'alpha, comme elle l'avait prévu plus tôt, mais l'homme qui semblait vouloir la protéger. L'autre ne l'intéressait plus. Son odeur était désagréable ; on aurait dit celle d'une plante. Il n'y avait pas de sang sous cette pâle et froide enveloppe charnelle. Ce garde, par contre, qui semblait complètement dévoué à la survie de sa fleur blanche, avait l'hémoglobine bien chaude et la chair bien épaisse.
Alors que la lycante fusait vers sa cible, Rog et Anca bondirent sur le type qui les avait repérés tandis qu'Argor s'était jeté sur Isilwen pour lui agripper la jambe et la traîner à l'extérieur du groupe.
En cet instant, chaque loup avait oublié les risques qu'il prenait. C'était l'effervescence de la meute, celle qui la changeait chaque nuit en une vague de ténèbres qui ne laissait derrière elle que des monceaux écarlates.
[Paye ta fin pourrite] |
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Mer 16 Mar 2011, 03:44 | |
| Tu peux me dire qui est cette fille ? Si je dois savoir un truc, c’est le moment.
Isilwen hésitait à expliquer à Hybris tout ce qu’elle savait au sujet de la petite psychopathe qui leur faisait face, car après tout, elle ne mesurait pas vraiment quel groupe était le plus néfaste vis a vis de son avenir. Les loups et l’enfant qui voulaient la torturer, ou le commando, qui l’avait gardé en vie dans un but absolument inconnu, et donc assez effrayant.. ? Elle ne voyait pas en quelle honneur elle donnerait sa confiance, et ses informations. Et de plus, n’était-ce pas un mauvais calcul que de crier quelque chose comme «Y’A TROIS LOUPS AVEC ELLE ET C’EST UNE PSYCOPATHE QUI MANGE LES GENS ET APRES MARIONETTES ET PEUR ET OMG, AU LOUUP!! » ? A vrai dire elle redoutait de déclencher la fureur de Rana et sa meute. Ses kidnappeurs n’allaient peut-être pas avoir le dessus… Elle avait une fois de plus à choisir entre deux options peu agréables, et elle détestait ça. Mais la jeune femme se trompait, en croyant être la seule à connaître la situation exacte. Car comme vous le savez, si les féroces compagnons de la fillette ne s’étaient pas encore montrés, l’un des hommes du commando perçu leur présence très vite. Ravie de voir son ennemie préférée dans une aussi délicate position, Isilwen songea alors que le moment était bien choisir pour révéler la nature de l’enfant, mais Rána ne lui en laissa pas le temps, clamant un mensonge particulièrement crédible qui eut pour effet d’attiser l’effroi de notre jeune semi-humaine, lui clouant le bec et transformant sa peau en chair de poule. Une question terrifiante se mit à tourner en boucle dans sa tête : Et si Rána est assez convaincante, comment vais-je m’en tirer ?
Au lieu de se défendre en rétorquant que toutes ces paroles n’étaient qu’odieux mensonges, et qu’elle n’était absolument pas folle, elle préféra opter pour un repli stratégique. Lentement, un pas après l’autre, "d’un pas algébrique" , elle se décala rapidement de manière a se réfugier derrière Léo, le militaris. Ainsi elle gardait l’illusion d’être « protégée ». En même temps qu'elle effectuait cette petite manœuvre elle parla, tout d'même, pour montrer qu'elle n'avait pas perdu sa langue. Oh bien sur, ce qu'elle dit était absolument inutile, elle en était parfaitement consciente. (Mais faire sortir un son de sa bouche était déjà dur, alors ne lui en demandons pas trop non plus)
"Elle s'appelle Rána..."
Elle jeta un œil en direction de Sam, qui cachait mal la curiosité et la fascination mêlées de crainte que lui inspirait la situation et les protagonistes. Elle avait pour plan d’attirer son attention, et qui sait, peut-être trouveraient-ils un moyen de s’éclipser… C’est alors que les yeux de son ami s’agrandirent de surprise. Isilwen suivit son regard, et ses yeux se posèrent sur la petite lycanthrope qui était tombée a terre. Et voilà que les loups entrèrent en scène. Isilwen s’aperçut que Rána avait commencé a muter. Horreur. Elle aurait bien aimé se jeter dans les bras de l’homme derrière lequel elle se tenait, mais elle était tétanisée. De toute façon son geste aurait certainement manqué de dignité, c’était aussi bien qu’elle s’abstienne de bouger.
La fête commença sans préavis. Enfin bien sur on pouvait considérer que la mutation de l’enfant était une sorte de préavis, mais Isilwen avait besoin de paroles pour réaliser les choses. Ainsi, avant d’attaquer, il était pour elle évident qu’il fallait crier « A l’attaque. » ou au moins pousser un rugissement… Mais là, ce déchainement soudain, elle ne l’avait pas prévu.
C’est vrai quoi, comme si c’était le moment. Évidemment, Isilwen eut l’honneur d’être la proie privilégiée du plus gros et effrayant des trois loups. Son chouchou =D . J’ai nommé Argor.
A noter, dans Argor, il y a GOR. Comme dans Gore.TRUC DE FOU La bestiole voulu lui choper la jambe, comme tout bon canidé qui se respecte. Mais la semi-elfe esquiva et tomba à la renverse. Le loup revint très vite a la charge. Dès lors, Isilwen fut attirée dans un autre espace-temps. c’est une image Un endroit ou elle était seule face à la bête, et où Sam et les membres du Commando étaient loin, très loin, si loin qu’ils n’étaient que des ombres. Un lieu où les bruits étaient étouffés par les battement affolés de son cœur. Isilwen était seule contre le loup, et une fois de plus, elle ne pourrait compter que sur elle-même pour se tirer de là.
Alors, fidèle a ses habitudes, elle attrapa un gros bâton qui trainait par là. Car oui, un bâton est une arme redoutable entre les mains d’une jeune femme. Lorsque les mâchoires du prédateur s’approchèrent a nouveau d’elle, elle prit tout l'élan qu'elle pouvait et frappe de toute sa force sur la tête du loup… ce qui eu probablement l’effet d’une pichenette, soyons honnêtes. Mais il restait l’effet de surprise, un peu comme lorsqu’on est pincé gentiment par un petit crabe, ou piqué par un gros moustique. Ça ne fait pas si mal, mais on a toujours un temps d’arrêt, ou une sorte de « WTF » plane dans l’air.
Et donc, Isilwen voulu profiter de cette diversion pour se relever. Aussitôt dit, aussitôt fait. Mais partir en courant comme elle le fit était loin d’être l’idée du siècle, puisqu’elle ressentit soudain une violente pression au niveau du cou ! elle déglutit péniblement en tentant de passer un doigt entre sa peau et le collier , mais celui-ci était trop serré. Cette Maudite Femme… Isilwen n’avait pourtant pas le choix. S’éloigner d’Hybris était aussi douloureux que vital puisqu’il lui fallait s’enfuit pour grimper dans cet arbre qu’elle voyait non loin. La jeune femme devait a tout prix s’éloigner pour se mettre en sécurité, c’était son idée fixe, même si pour vous et moi cela semble le comble de l’imprudence. Mais plus elle avançait et plus elle s’étouffait. Elle tomba a genoux a terre, et bien sur, Argor ne traîna pas a se jeter de nouveau sur elle. le choc fut d'une telle violence qu'elle s'étala sur le sol en lâchant "son arme". Cette fois, le loup ne l’avait pas raté, et ses crocs tranchants qui s'apprêtaient à s'enfoncer dans sa chair confirmaient à Isilwen que c’était le début de la fin.
Le bourdonnement revint a ses oreilles. ce bourdonnement familier qui accompagnait toujours ses moments de frayeur ultime ou elle croyait voir la mort arriver. Les bruits du combat qui avait lieu a côté revinrent l'agresser, un peu comme si on avait rallumé le son d'une télévision après un long moment de silence. Tous ces grognements, ces mouvements, tout revint d'un coup et paradoxalement, Isilwen, même si elle avait mal, chochotte comme elle était aussi, se sentit soudain plus vivante que jamais. De sa jambe valide elle envoya un violent coup de pied dans l'entrejambe du loup. Alors oui, là comme ça, ça peut paraitre assez ridicule mais je suis sure et certaine que ça doit faire mal.
Voilà, le ton était donné : Elle allait mourir et elle le savait, mais cette fois, elle arracherait quelques poils à son bourreau avant qu'il ne l'achève è_é
Dernière édition par Isilwen Loendë le Ven 18 Mar 2011, 02:19, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Ven 18 Mar 2011, 01:47 | |
| Laissez la moi et… et quoi ? Etait-ce des menaces, de la part de cette gamine échevelée ? Tout dans ses propos, son attitude, appelait la méfiance. Mais peut-être Hybris aurait-elle pu y croire, si seulement il n’y avait pas cette tension irradiant de Charlie. Il faisait un bon baromètre, et là, le temps était clairement à l’orage. Malgré toute l’impatience que le jeune gardien pouvait provoquer chez elle, il ne s’était jamais trompé, et notre chimère avait appris à lui accorder son entière confiance, du moins, sur ce genre de questions.
"Elle s'appelle Rána..."
Oh diable, merci bien, maintenant qu’on sait son nom, on est sauvé ! Mais Hybris était trop concentrée, dans l’attente de la suite, pour se donner la peine d’articuler son mépris à voix haute. D’autant plus qu’au même instant, le basculement qu’elle guettait se présenta. Dans un rayon de lune métallique, le corps enfantin se déforma, craqua, se distordant comme modelé par une main cruelle. Rapidement, ils surent à qui ils avaient à faire, leur hypothèse vite confirmée par l’apparition de trois loups. Ils eurent à peine le temps de se préparer que déjà, ils subissaient la première attaque. Pendant un instant, Hybris cru que la louve fonçait sur elle, et confiante, elle attendait presque avec un sourire de la voir se heurter à la muraille Charlie. Mais elle comprit vite que c’était lui, sa cible. Ca ne changeait pas grand-chose, tant qu’il était au près d’elle, il ne risquait rien. Mais elle était si persuadée qu’elle s’en prendrait à elle que ça en était presque vexant. Comme prévu, l’enfant-loup fut stoppée net par les reflexes hallucinants et la résistante improbable du jeune garçon. Ses mains s’étaient coulées comme du béton autour de la gorge puissante de l’animal, juste à la bonne fraction de seconde. Son genou fusa, s’abattant contre le flanc de la bête avant de la laisser retomber au sol. Qu’elle revienne à la charge, peu importait, elle recevrait le même accueil.
Mais si pour notre duo de tête, la menace ne semblait pas réelle, la situation était plus critique pour les autres. Le plus massif des loups avait pris en chasse celle qui semblait être le réel but de la meute, à savoir Isilwen. Hors d’atteinte, Hybris eut tout le loisir de voir la jeune écervelée tenter un home run improbable avant de filer en courant, vite rappelée à l’ordre par sa laisse invisible. Notre Militaris retint un mouvement d’emportement. Elle n’avait vraiment pas besoin d’une empotée pareille. Mais déjà, Léo se précipitait pour venir en aide à la semi-elfe. Grand cœur me direz-vous ? En réalité, même s’il était conscient que sa patronne ne tenait pas tellement à cette gamine, il savait aussi qu’elle avait décidé de l’emmener avec eux. Si elle s’échappait ou se faisait dévorer, Hybris pourrait bien s’en prendre à eux. Simplement par esprit de contradiction, par frustration. Alors il avait foncé sur le loup alors même qu’il se trouvait au dessus de la fille. Et il réussit son coup, détournant l’animal de sa proie. Ce qui n’était pas une bonne chose pour lui. Trop près de la captive, il ne pouvait pas prendre le risque de tirer. En un instant, il se retrouva à son tour écrasé sous la bête.
De son côté, Anton, malgré sa carrure de lutteur, pouvait difficilement affronter deux loups à la fois. Son entraînement de militaris n’avait pas su effacer son instinct, et il avait gardé une âme de chasseur et un orgueil qui lui interdisait de recourir à la facilité d’une arme à feu. Il esquivait, tentait de se trouver dans le dos d’un des loups pour pouvoir l’attraper par l’échine et lui administrer quelques coups. Mais ils étaient rapides, et à deux, il devenait quasiment impossible d’en contourner un sans avoir le deuxième par les pieds. Malgré tout, il tenait bon, adversaire résistant et presque aussi bestial qu’eux. Sa force explosive était effrayante, et durant un instant, Hybris en oublia la situation et se prit à l’admirer. Mais elle savait qu’il ne pourrait pas résister indéfiniment…
C’est ce moment que Rana choisit pour tenter à nouveau sa chance. Sa première tentative l’avait clairement échaudée et un peu étourdie, la laissant dans l’incompréhension. Comment un gringalet pareil avait-il pu la saisir ainsi au vol, la stoppant net avant de la rejeter en arrière ? Mais si elle s’y prenait autrement, peut-être avait-elle une chance ? Le prendre par surprise aurait été une solution, mais Charlie ne la lâchait pas des yeux, attentif et d’un calme plein de retenu. Alors elle bondit à nouveau, tentant une nouvelle percée en y mettant toute sa force et son intelligence, dans l’idée de feindre au dernier moment. Mais notre jeune garçon n’eut même pas l’occasion de la repousser une nouvelle fois. Une fléchette, minuscule, jaillit sous la lune, s’enfonçant dans l’encolure de la lycan, disparaissant totalement dans sa fourrure. La sensation dut être infime, mais tellement inattendue que l’animal en oublia son attaque, retombant presque maladroitement. Près de Sam, Manu abaissait prudemment son pistolet à injections, gardant toujours la bête touchée dans sa ligne de mire. Il avait réagit vite, avec une précision si posée qu’elle dénonçait un professionnalisme hors normes et un sang-froid à vous glacer un vampire (ouai, ah.ah.ah). Déjà, le produit se répandait dans son organisme. Des veines à la chair, les agents chimiques cristallisaient tout. Lentement, lentement, elle n’allait plus pouvoir bouger. Encore plus lentement, elle allait sombrer dans un sommeil comateux et sans rêve. Mais pas encore, non, il y avait encore des choses à voir…
Hybris voulait en finir. Elle en avait marre d’être spectatrice, de sentir les choses si subtilement glisser hors de ses mains gantées. Et hors de question qu’elle perde l’un de ses hommes durant une mission pareille, pas à cause d’une gamine et de ses clébards. Elle adressa à Manuel un hochement de tête d’approbation avant de lui faire signe de s’occuper de Sam et de surveiller la louve. Pas besoin de mot, il avait compris. Aussitôt, il avait saisit le collier du vieillard et d’un geste plein d’habitude, avait appliqué son pouce sur une zone rugueuse. Aussitôt, c’est à lui que le collier fut lié. Pendant ce temps, notre plante carnivore avait couvert la distance la séparant de la fugitive, de son gardien et du loup. Inutile de préciser que son cerbère était sur ses talons. L’attitude d’Hybris avait changé. Elle semblait toute en rage et en menace, un Némésis en marche. Elle allait leur apprendre qu’ici, le prédateur, c’était elle.
Le loup devait sans doute être trop excité par la promesse de la chaire, si proche, toujours est-il qu’il réagit trop tard. La militaris avait fondu sur lui, méconnaissable. Elle abattit sa botte comme une forcenée dans les côtes de l’animal, qui se retournait juste pour lui faire face. En pleine rotation, il fut déséquilibré, glissant sur le flanc. Son grognement mua en jappement avant de se reprendre. Mais elle ne perdait pas une seconde, mortellement efficace. De tout son poids, elle s’assit sur le ventre de la bête qui se débattait dans un rodéo désespéré. L’un de ses genoux bloquait ses pattes avant. Elle ne craignait rien, aussi dangereux que cet animal pouvait être, elle savait qu’elle n’aurait rien. Charlie lui, bien que persuadé de son don, ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter comme une mère poule en voyant sa maîtresse si sûre d’elle. Mais malgré son angoisse, quand les machoires fusèrent vers la gorge blanche d’Hybris, ses mains furent là pour bloquer cette gueule avide. Hybris ne connaissait pas l’anatomie des loups, mais approximativement… Oui, ça devait être là. Elle enfonça la pointe de ses doigts quelque part sous les côtes de l’animal. Aussitôt, un gémissement bref et rugueux. En réponse, un glapissement étouffé. Rana, pourtant à une certaine distance, tentait vainement de se redresser. Mais ses pattes ne soutenaient pas suffisamment son corps. Elle se traina, claudiquant pesamment. Mais Emmanuel plaqua son pied sur son dos, la maintenant au sol. Elle ne pouvait que regarder. Clouée comme un insecte que l’on tue pour sa collection.
Léo, bien qu’amoché, le bras pendant, inerte, s’était relevé en hâte, heureux d’être débarrassé du carnivore. Il resta hagard un moment, son regard bloqué sur la diablesse brune. Il était toujours mi-fasciné mi-effrayé quand il la voyait passer à l’action. La plupart du temps, elle se contentait de rester en arrière, aux commandes, bien protégée derrière eux. Tellement bien qu’il en oubliait à quel point elle pouvait être dangereuse. Il se sentait un peu honteux de n’avoir pu essuyer ne serait-ce que la première attaque, quand il voyait cette femme mettre l’animal à terre avec une fulgurance pareille. Il se reprit malgré tout, saisissant Isil pour la relever. Il ne la regardait même pas. Bien qu’ayant retrouvé ses esprits, il ne pouvait lâcher ce spectacle des yeux. Elle n’était jamais aussi belle que quand elle s’apprêtait à tuer quelqu’un. Et même si aujourd’hui il ne s’agissait que d’un animal, oh, elle était belle…
L’animal semblait avoir compris ce qu’il allait lui arriver. Il ne devait pas avoir l’habitude de se retrouver ainsi dans le rôle de la proie. Il ne semblait pas résigner, non, il guettait une faille, peut-être un moyen de se libérer, de croquer le bras de ce type ou la cuisse de cette femelle. Mais pour l’instant, il le savait : il ne pouvait rien faire. Alors il la vit. Le geste était ample, serein. Le genre qu’elle avait déjà du faire mille fois. Tout l’air de ses poumons s’échappa de sa gueule fumante dans un long souffle haletant. On lui plaqua la tête sur le côté. Juste dans cet angle où il pouvait voir Rana.
Hybris avait rejeté son bras en arrière, le passant dans le bas de son dos pour en retirer son bon vieux Glock. Le genre d’ami qui ne vous laisse jamais tomber. Il n’y eut pas d’hésitation, elle ne retint pas son souffle. Pourquoi avoir de la pitié pour un cabot ? La gueule de l’arme embrassa l’échine du loup. Le coup de feu ne fut pas étouffé par la fourrure, pas plus que le craquement des vertèbres qu’une balle traverse. Toute la tension bloquée dans leur lutte se dissipa. Charlie s’était reculé. Hybris inspira cette paix soudaine à pleins poumons, satisfaite, avant de se relever et de faire demi-tour sans plus d’égard, ne remarquant même pas le corps de la louve anesthésiée mais encore consciente, mais pour si peu de temps. Les yeux s’embuèrent, battirent avec lenteur. Puis il n’y eut plus rien qu’une ombre noire sous ses paupières.
Pendant cette scène, Sid n’était pas resté sans rien faire. Très vite, il avait reperé Anton et sa situation délicate. Le titan semblait s’essouffler progressivement, mais les déplacements et les feintes incessantes ne lui laissaient aucun répit. Sid n’était pas aussi balaise que son collègue, et il n’aurait probablement pas fait le poids dans un combat pareil, à mains nues. Tirer comportait des risques, bien sûr. Mais il était bon, et surtout, il était patient. Il se campa, bien immobile, et attendit. Son arme suivait la danse de ce trio étrange, sans se presser. Attendre qu’un loup s’écarte juste un peu plus, juste un peu trop… Là ! La balle fusa, fauchant le plus mince des deux loups en plein jarret. Son arrière train s’affaissa. Une autre balle, plus haut sur le flanc, à peine au dessus de la cuisse. Mais il était trop tard pour achever l’animal, Anton ayant du se rapprocher de lui pour éviter le second. Il y eu un instant de flottement, le loup valide hésitant sur l’attitude à adopter. Il n’était pas habitué à ce que l’un des leurs souffre. Il n’en fallut pas plus à Sid, qui lâcha trois nouveau traits, mortels ceux là. Anton pu enfin abandonner le combat et revenir vers le groupe. Le loup encore vivant tentait de fuir, paniqué par l’odeur du sang, ce sang qui était le sien, le leur. Il rampait pitoyablement, jappant de douleur à chaque fois qu’il essayait de s’appuyer sur sa patte touchée. Sid n’estima pas nécessaire de perdre une balle de plus pour celui-ci. Il se viderait de son sang, et même si ça prendrait du temps, il mourrait, lui aussi.
Hybris couva d’un regard sa troupe, tous vivants, certains plus abimés que d’autres. Sid, Manu et Charlie n’avaient rien. Léo boitait et s’était confectionné une écharpe de fortune pour retenir son bras. Manu lui injecta un anti-douleur, tâta son épaule avant d’affirmer que ça pouvait attendre d’être de retour. Anton, malgré sa façade impassible, semblait visiblement épuisé. Mais il préférerait crever plutôt que de montrer la moindre faiblesse au groupe. Sam n’avait rien, et c’était ce qui importait. Ah, et il y avait Isil également, miraculeusement intacte. Impossible de savoir si cette fille portait la poisse ou avait une chance indécrottable. La chimère jeta un regard sur le corps de la lycan. Elle hésita à la tuer. Elle l’aurait mérité, après lui avoir fait perdre un temps pareil, et des forces précieuses. Mais après tout, quel interêt ?
« Ne nous attardons pas. »
D’un pas décidé mais las, elle s’était mise en marche, ne se souciant guère de savoir si Sam et sa petite protégée suivaient. De toute manière, c’était dans leur intérêt, alors elle n’en doutait pas vraiment. Elle ne pensait même plus à la traversée qui les attendait à nouveau, ces sommets enneigés où il faudrait encore patauger. Non, désormais elle ne pensait plus qu’à rentrer chez elle. [Jsuis fatiguée, y a sans doute des erreurs, et j'apporterais peut-etre des corrections demain, mais là, je vais me coucher. Rana, tu sais que jsuis pas trop sûre de mon coup, donc je change tout ce que tu veux, tout ce qui te semble pas crédible. Mais c'était dur à écriiiire Y.Y] |
| | | =Aïkologue=
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| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Ven 18 Mar 2011, 17:51 | |
| Tandis que Léo sauvait la vie d’Isilwen en deux temps trois mouvements, à sa grande surprise d’ailleurs, la meute se trouvait en mauvaise posture. La jeune femme passa ses mains partout sur son corps, convaincue qu’elle allait rencontrer une zone poisseuse de sang, ou une énorme balafre… mais non, elle n’avait rien. Toujours allongée sur le sol elle entendait des grognements a la fois humains et canins. Elle tourna la tête et poussa un cri d’effroi quand elle constata qu’Argor s’en était prit au militaris. Alors tout le peu de courage qu’elle possédait lui dicta qu’elle devait à son tour sauver la vie de son sauveur/kidnappeur. Oh yeah ! Elle s’empara d’un caillou, qu’elle comptait jeter sur la bête, avant de recevoir un signal d’alerte émanant de son cerveau, ce qui la stoppa dans son élan. Le message était clair : « Tu risque de faire mal au militaris, espèce d’abrutie. REPOSE CE CAILLOU DE SUITE ! et ne fais RIEN. » Frustrée, Isilwen choisit de s’incliner, et lâcha sa pierre, boudeuse. Il était vrai que blesser l’homme plutôt que le loup serait stupide. Mieux valait les laisser se battre comme les grosses brutes qu’ils étaient. En plus, sauvé par une jeune femme, Léo serait sans aucun doute vexé. Alors notre semi-elfe s’écarta un peu et tourna la tête vers les autres combattants.
Il y avait un grand tas de muscles qui affrontait tout seul deux loups. Elle fut quelque peu hypnotisée par le spectacle avant de se rappeler que son inquiétude principale, c’était l’enfant-loup. Un peu plus loin se trouvait la meneuse de la troupe et celui qui semblait être dévolu à sa protection. Et Rana. Même transformée, il n’y avait pas d’erreur, on ne pouvait la confondre avec aucun des membres de sa meute. Isilwen frémit en la voyant bondir vers le jeune homme. Là se passa une chose à laquelle elle ne s’attendait pas. En effet, elle fut stoppée net dans son attaque et s’écroula sur le sol. La jeune louve non plus ne s’y attendait pas, by the way.
Isilwen n’avait pas vu la fléchette, et ne comprenait donc pas comment cela était possible. Elle aurait presque été jalouse (parcequ’elle n’avait jamais pu mettre Ko qui que ce soit dans sa vie, et surtout pas Rana.), si elle n’était pas trop occupée à être complètement fascinée et aussi terriblement effrayée. Isilwen s’assit par terre dans l’idée de mieux apprécier le spectacle mais elle n’eut pas le loisir d’admirer les hommes d’Hybris se débarrasser des deux autres loups, puisqu’elle s’aperçut que la terrifiante femme marchait droit vers elle, et vers Argor et Léo qui luttaient toujours.
Ce fut très rapide… Hybris eut raison du loup le plus terrifiant qu’Isilwen avait jamais vu. Le coup de feu la fit tressaillir, mais pas autant que la plainte émanant de Rana.
Cette scène semblait tellement irréelle… Même dans ses rêves les plus cauchemardesques, notre jeune semi-elfe n’aurait pas imaginé une telle chose. Elle était sonnée, un peu hagarde, maintenant. Quand le militaris la remis sur ses pieds, elle tituba presque.
Elle avait ressenti une certaine joie, quand elle avait réalisé que la meute avait trouvé un adversaire à sa taille, et quand chaque loup s’était retrouvé en position de faiblesse… Mais là… Cette tuerie avait fait disparaitre son euphorie. Certes, ses pires ennemis étaient criblés de balles, a priori morts, donc. Mais cela engendrait une sorte de… Non ce n’était certainement pas de la peine, mais peut-être une sorte de pitié ? Ils avaient été abattus un par un, et voilà, c’était réglé. Comme ça.
Isilwen, parfaitement consciente de sa malchance légendaire, s’attendait presque à un faux-départ, et ça ne l’aurait pas surpris qu’Argor se relève d’un bond dans un grognement de haine, c’était pourquoi elle avait choisir de se positionner le plus loin possible de toute bestiole à fourrure présumée morte. Tant qu’on n’aurait pas dit à haute voix "ce loup est mort" , il y avait toujours un danger qu’il soit vivant. Si.
Elle pensait avoir attendu ce moment toute sa vie, mais voilà qu’elle ne ressentait aucun soulagement…Tout ce qu’il y avait, c’était un grand vide. Quand la menace qui vous poussait à avancer s’envole, que reste-t-il ? Sans raison de fuir, qu’allait-elle faire de sa vie ?
Le pauvre Sam devait être aussi perdu qu’elle, voire encore plus. IL avait pris une retraite paisible, et voilà qu’elle était venue troubler son repos, amenant avec elle ses démons… Bon, et il y avait aussi les démons d’Hybris, ça elle n’y était pour rien. L’avenir semblait quelque peu agité, pour le vieil homme comme pour la jeune femme.
Isilwen réalisa rapidement qu’elle n’avait aucune raison de se poser de questions sur le sens de sa vie sans les loups. Si la terrible meute avait été éliminée, ça ne faisait pas d’elle une femme sauvée et libre. Non, il y avait toujours ce commando effrayant, plus terrifiant encore après cette bataille sanglante. Une fois de plus, elle n’allait pas avoir son mot à dire. Et puis l’hypothèse de la fuite n’était absolument plus à l’ordre du jour, non, elle avait envie de connaître la suite. Rana avait été épargnée après tout. Pourquoi ? Rana en vie, c’était une plus que bonne raison pour ne pas rester dans la nature sans défense. Et plus on est près du danger et plus on est protégé, paraît-il. Aussi était-il évident à notre jeune semi-elfe que sa survie était lié a cette femme en fourrure.
Elle regarda longuement son ennemie préférée, a terre. Un frisson la parcourut tandis qu’elle repensait à certains moments vécus ensemble. Cette terreur qui ne l’avait jamais quitté se ravivait à chaque fois qu’elle laissait ses souvenirs l’envahir.
Tu veux jouer au loup ..?
…A ce propos…Avait-elle gagné ?
Cette question lui brulait la langue. Ô comme elle avait envie d’aller la murmurer au creux de l’oreille de la louve…
Mais Rana était complètement dans les vapes, ce qui enlevait toute sa saveur au fait de lui dire maintenant cette simple phrase : On dirait bien que j’ai gagné…
Tandis qu’Isilwen s’était perdue dans la contemplation de la louve vaincue, Hybris avait passé ses troupes en revue, et elle déclara finalement qu’il était temps de partir.
Les yeux de la jeune femme mi humaine, mi elfe se posèrent sur la femme fatale qui l’avait débarrassé du plus gros fardeau de sa vie. Cette terrifiante créature était devenue sa sauveuse. Sa protectrice ? Avait-elle une sorte de dette envers elle, maintenant.. ? Et qu’allait-il bien pouvoir se passer a présent ?
Dans toutes ces questions et doutes qui s’amoncelaient depuis quelques temps, une seule certitude apparut à Isilwen. Son destin, c’était Hybris.
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| | | =Aïkologue=
Nombre de messages : 2039
| Sujet: Re: [Terminé] She's Lost Control Again! Dim 20 Mar 2011, 16:54 | |
| La bête fondit sur le jeune homme à une vitesse prodigieuse. Se délectant de l'odeur de sa chair, déjà convaincue de faire un massacre grandiose, elle fut surprise de se faire agripper par le cou et projeter violemment sur le sol. Sonnée, la lycanthrope mit un moment avant de se remettre de l'étonnement et du choc physique. Qui aurait cru qu'une personne de ce gabarit pouvait posséder autant de force ? Cela devait relever du surnaturel ; la bête, rageuse et primaire, ne poussa toutefois pas bien loin le raisonnement. Quand elle fut en mesure de revenir à la charge, elle le fit avec un peu plus de méfiance, cherchant une faille. Ce maigrichon avait forcément un point faible. Le talon? Le dos? S'il était impossible de l'attaquer de front, il faudrait ruser. La bête bondit donc vers le garçon et choisit de changer de cible au dernier moment, pour s'intéresser à la proie qu'elle avait plus tôt rechigné à attaquer : la femme-plante, que le gringalet avait l'air de vouloir protéger. Cependant, elle fut de nouveau arrêtée en pleine course, non pas par le jeune homme mais par un projectile fin qu'elle sentit très nettement pénétrer sa chair, lui arrachant un jappement aigu. Elle tenta de l'ôter d'un coup de patte, sans résultat. Quelques secondes plus tard, elle tomba lourdement au sol. Son corps s'engourdit et elle sentit le sommeil arriver au galop. Incapable de bouger et luttant contre l'endormissement, elle suivit des yeux ses deux proies qui s'éloignaient pour rejoindre l'homme qui se battaient avec Argor, en compagnie d'Isilwen. Avec effroi, la lycanthrope vit le puissant et redoutable Argor se faire écraser au sol par cette humanoïde végétale. Il paraissait lui-même surpris par cette situation soudaine ; à dire vrai, le loup borgne n'avait jamais été maîtrisé ainsi par qui que ce soit. La femme-plante lui arracha un gémissement de douleur. C'était dur à supporter, même pour la bête gisante et impuissante qui tentait de ramper sur le sol pour rejoindre son congénère. Elle poussa un cri peiné qui sans doute voulait dire « Tiens bon » et tenta de se relever, retombant aussi sec. De son unique œil jaune, Argor fixait sa maîtresse, plein de peur et d'incompréhension, se demandant ce qui lui arrivait. Il n'y eut pas de cérémonie. Un coup de feu retentit et Argor se raidit. Un long soupir s'échappa de sa gueule entre-ouverte et ce fut le dernier son qu'il émit. Alors, le monstre rampant libéra toute l'énergie qui lui restait dans un hurlement d'une rare violence. A l'intérieur du loup, une petite fille sanguinaire pleurait, criait de rage et à l'intérieur de cette petite fille s'en trouvait une autre, roulée en boule et sanglotante, qui venait de perdre un père, un frère et son seul ami d'une simple pression de gâchette. La bête était trop faible pour émettre un son de plus, mais la gamine à l'intérieur s'égosillait à plein poumons : « Ne t'en vas pas ! Pitié ! Ne t'en vas pas ! Reste avec moi je t'en supplie ! J'ai besoin de toi ! Réveille-toi ! RELÈVE-TOI ARGOR ! »Les ténèbres envahirent les yeux humides de la créature et elle sombra dans le néant, étalée sur le sol, une patte étirée vers la dépouille inerte du vieux loup. « Tu ne peux pas mourir ! Relève-toi ! Ne me laisse pas... »Le loup-garou tomba dans un sommeil monolithique et sans rêve. ― • ― Rána ouvrit les yeux. Son sommeil avait été lourd et profond. Le soleil était déjà haut dans le ciel. Où était-elle déjà ? Son visage traînait dans la boue et son corps nu était étendu au milieu d'un sentier de pierres. Le chalet. Isilwen... Argor ! La fillette, prise d'une montée brusque et violente d'adrénaline se releva vivement pour retomber lourdement sur le sol. Ses muscles étaient à peine remis du poison qu'on lui avait injecté. A tâtons, elle chercha le projectile qu'elle avait reçu et l'arracha sans ménagement ; une fléchette. Qui étaient ces types ? Où étaient-ils partis ? Elle se releva de nouveau et eut un vertige qui la fit transpirer. Sa tête lui faisait terriblement mal. Elle plaqua une main sur son front, ferma les yeux et attendit de retrouver l'équilibre avant de les rouvrir. Lorsqu'elle le fit, elle découvrit avec un haut-le-corps les cadavres de Rog et Anca gisant dans une grande flaque de sang noirci. Plus loin, dans une autre direction se trouvait Argor. La fillette s'élança vers lui et le serra contre son corps dénudé. Une explosion de larmes jaillit de ses yeux. C'était les larmes de toutes ses tristesses et de toutes ses déceptions contenues au cours de sa vie. C'était les larmes qu'elle n'avait pas pu verser en voyant son père pour la dernière fois. C'était les larmes d'une enfant orpheline qui avait perdu sa famille toute entière. Rog. Anca. Argor... Secouée de spasmes, le nez coulant et la voix brisée, Rána poussa un cri monstrueux qui résonna dans les Monts d'El en une multitudes d'échos interminables. Elle frappa violemment le cadavre d'Argor à plusieurs reprises puis se roula par terre enfonçant ses ongles dans la terre humide. Elle poussa des gémissements, des « Non » et des « Pourquoi », elle insultait le monde entier et hurlait de plus belle. Cette scène pathétique dura une longue heure à la suite de laquelle Rána se terra dans un silence complet. Assise contre l'à-pic d'où elle était tombée, les genoux serrés contre elle, elle se balançait nerveusement d'avant en arrière, fixant un point vague dans l'espace. Qu'allait-elle devenir ? Sans sa meute, elle n'était plus redoutable et avait tout à redouter. Devait-elle venger la mort de sa meute ? Voulait-elle venger la mort de sa meute ? Qui fallait-il traquer ? A qui fallait-il en vouloir ? A Isilwen ? A cette femme étrange ? Au monde entier ? Valait-il mieux disparaître à jamais et oublier le passé ? La gamine était complètement perdue. Elle alla ramasser la robe en lambeaux qu'elle portait avant sa transformation et l'enfila sans chercher à la faire tenir correctement. Elle réunit ensuite les trois carcasses et les serra contre elle tour à tour, en terminant par celle d'Argor. Puis, s'emparant d'un caillou pointu, elle commença à entailler la peau du vieux loup et à la découper du mieux qu'elle put. Au bout de quelques heures elle était parvenue à lui retirer toute sa fourrure qu'elle étendit sur le sol. Le loup ainsi dépouillé offrait une carcasse rose et rouge à l'anatomie seyante. Rána entreprit alors d'arracher un à un les organes de son ancien compagnon qu'elle dévora imperturbablement, au delà de sa propre faim. Elle se força aussi à manger les corps de Rog et Anca, vomissant à trois reprises, mais continuant avec opiniâtreté à avaler chaque morceau comestible des cadavres canins. Ainsi, ils ne pourriraient pas dans la terre, en proie aux insectes et aux vers, ils ne serviraient pas de vulgaires casse-croûte aux charognards errants. Ils seraient toujours là, quelque part, dans le cœur ou peut-être dans l'âme de la fillette – elle n'était pas très familière de ces choses. C'était pour Rána le meilleur moyen de leur rendre hommage et de les garder auprès d'elle. Le soleil commença à disparaître à la cime des montagnes. Le crépuscule approchant, l'enfant-loup termina son long et fastidieux repas et alla ramasser la fourrure découpée d'Argor. Elle en recouvrit son corps et forma un nœud autour de son cou avec la peau des pattes avant. La longue découpe traînait sur le sol derrière elle. Ainsi vêtue, elle prit le chemin qu'elle avait emprunté pour venir et disparut dans les montagnes. Quelque chose en elle était mort avec sa meute. A partir de ce jour, Rána était seule. [FIN DU RP et d'une ère] |
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