Qui suis-je ?...

Une sensation de flottement... Balsa ouvrit les yeux sur ce qui semblait entre le fond de l'océan teinté de rouge. Étrangement, elle ne fut pas surprise de pouvoir respirer sous l'eau. En suspension dans ce liquide chaud, elle n'avait apparemment d'autre choix que de reste allongée sur le dos, progressant lentement vers la lumière de la surface.
Mais en se rapprochant, elle réalisa que l'éclat lumineux au-dessus d'elle n'était que son propre reflet. Elle reconnaissait sa silhouette : grande et solidement bâtie. Ses longs cheveux noirs ondulaient doucement derrière elle.

Depuis quand je ne les ai pas coupés au juste ?...

Le teint chair du reflet suffit à la jeune femme pour comprendre qu'elle était nue. Sa peau bronzée était marquée en de multiples endroits par des cicatrices. Sur sa gauche se déroulait la longue queue que Balsa détestait voir. De couleur peau, elle arborait des taches rondes de tailles variables. La chimère la dissimula dans son dos, ne supportant guère l'image qu'elle lui renvoyait.

C'est mieux si je me vois de face... Ah ! Où est ma lance ?...

Balsa parvint à se retourner vers le fond, mais il était trop sombre pour que l'on y distingue quoi que se soit. En se tournant à nouveau vers la surface qui se rapprochait, elle distingua un instant et à regret les taches sombres qui couraient le long de son dos. Elle savait à quoi elles ressemblaient : aux dessins sur les fourrures de panthères.

Si encore ce n'était que ça...

La jeune femme était à présent suffisamment proche de son reflet pour distinguer les traits de son visage. Ce qui frappait le plus était les rayures sur ses joues et son cou. Ces dessins étaient les seuls que Balsa aimait chez elle. Peut-être parce qu'ils auraient pu être faits volontairement, comme des marques tribales. Quelques mèches de cheveux volaient devant ses yeux bruns et profonds.

Et si je ne peux pas m'arrêter ? Qu'y a-t-il derrière mon propre reflet ? Y a-t-il le vrai moi ou cette pâle copie que je prétend être ?

Alors qu'elle n'était plus qu'à quelques centimètres, elle tendit sa main droite vers le haut. Comme pour accélérer son mouvement. Comme si elle allait enfin parvenir à savoir qui elle était...



[J'espère que le fait d'avoir "zappé" les miroirs et photos au profit d'un reflet ne me portera pas préjudice... Et au fait c'est moi qui ai posté en tant que Kamiya sur le forum des invités ^^.]

- Qui es-tu ?

Balsa montait sur la berge de pierre volcanique quand une voix grave, froide, sans intonation, fit résonner cette question dans ses oreilles. D'où venait-elle ? La jeune femme regarda tout autour d'elle. Elle se trouvait dans une grotte sombre, sans issue. Seulement de la roche autour d'elle, à peine un mince filet de lumière qui filtrait depuis le plafond. Les vêtements qui venaient de la couvrir étaient humides, glacés. Une autre voix s'éleva, plus aigüe mais tout aussi monotone :

- Qui es-tu ?
- Je suis Balsa.

La voix de la jeune femme tremblait un peu. Son esprit rationnel ne pouvait s'expliquer la situation, ce qui engendrait un sentiment d'angoisse dans le cœur de la chimère. A genoux, elle cherchait le courage d'affronter la situation.

- Aurais-tu peur ?
- Non !
Quel mensonge... Comment serait-je sereine si je ne peux voir mon interlocuteur... Et s'il s'en prenait à ma vie ?...

La main droite que Balsa posa machinalement au sol trouva le haut de sa lance. Elle saisit l'arme et se releva, se tenant sur la défensive face à un ennemi invisible.

- Tu crois pouvoir nous vaincre ?...
- …
- Entre ta lance et ton cœur, en qui as-tu le plus confiance ?

Encore une fois Balsa ne pouvait que se taire. Celui qui s'adressait à elle soulevait un point sensible. La jeune femme avait rarement eu confiance en elle. Seule sa capacité à se battre, inhérente à son état de chimère, lui semblait fiable. Mais elle essayait de changer peu à peu, de se prouver qu'elle pouvait survivre sans faire couler le sang. Face à cette question, elle préféra alors garder le silence.

- Refuses-tu de me parler ?
- Non.
- As-tu déjà pris des vies ?
- Oui.
- Des vie innocentes ?
- … Oui.
- Le regrettes-tu ?
- Je suis rongée par le remord. Pour chacune des vies que j'ai prises, pas seulement celles des innocents.

Le silence. La voix s'était tue pour ce qui sembla à la jeune femme une éternité. Quelques secondes pourtant.

- Du voyage où de la sédentarité, lequel choisiras-tu ?
- Le voyage. Je vais là où mes pas me guident.
- Pourquoi ?
- Je ne veux pas m'attacher, ni à mes semblables, ni à un endroit. Je n'ai nulle part où aller et nulle part où revenir.
- Peux-tu faire confiance à quelqu'un ?
- Non. Plus maintenant, et peut-être plus jamais.

Cette conversation déjà intimiste tendait à le devenir encore plus. Balsa était mal à l'aise, et son regard scrutait la moindre fissure à la recherche d'une faille dans la roche. Mais la seule issue semblait être la légère ouverture au sommet qui laissait glisser un peu de lumière.

- Pourrais-je seulement l'atteindre ?...

[C'est long, je sais... Je me suis bien lâchée... et si ça me permet de me "venger" de mon post d'avant trop court, c'est avec plaisir !]




Un grondement sourd... Les parois de la grotte tremblaient, et des morceaux de la voute tombaient ça et là. Manquant de se faire écraser par les lourds blocs de pierre, Balsa sentait que son emprise sur le monde lui échappait.

Vais-je mourir ici ?...

Un craquement sec, comme une réponse tranchante, résonna dans le tumulte ambiant. Un rocher plus large que les autres se fracassa aux pieds de la jeune femme, soulevant un nuage de poussière blanc. Puis ce fut le silence.
Balsa avait fermé ses paupières, et baissé sa tête, la protégeant tant bien que mal de ses avant bras, sa lance toujours dans sa main droite. Alors que la poussière retombait, la chimère ouvrait doucement ses yeux. Elle se trouvait au centre d'un large rayon de lumière provenant de la surface. Et devant elle, un mince filet de sable blanc s'écoulait lentement.

On se croirait au fond d'un sablier géant...

Levant les yeux au plafond, elle dut les protéger dans l'ombre de sa main gauche tendue vers l'ouverture tant la lumière était éblouissante. Ses pupilles se contractèrent, et en découvrant son regard elle pu contempler le cercle qui s'était ouvert au-dessus d'elle. Elle pouvait sortir. Elle ne mourrait pas aujourd'hui. Les muscles de ses jambes se bandèrent, et d'un unique bond elle se projeta à l'extérieur.
L'éclat blanc qui régnait à la surface était presque aveuglant. Les paupières mi-closes, Balsa prenait peu à peu conscience du monde qui l'entourait. Ses pieds nus caressaient le sable fin qui s'écoulait dans la grotte. Sa douceur et sa chaleur étaient apaisantes. Il formait un îlot minuscule au milieu d'un océan couvert de brume blanche. Un courant d'air chaud faisait glisser le brouillard sur une eau à peine ridée. Le ciel était d'un ivoire pur, et on ne pouvait distinguer la ligne d'horizon, où que l'on porte le regard.

Il y a... quelque chose d'anormal...

Il fallut quelques secondes à Balsa pour réalisait que l'étrangeté qu'elle trouvait à ses lieux était l'absence totale de sons. Le vent ne sifflait pas, l'eau ne clapotait pas. Rien. Perte de repères. Alors que l'angoisse d'être perdue dans ce blanc infini la saisissait, la chimère remarqua que devant elle la brume s'écartait quelque peu. Et sous la surface tremblotante de l'eau, on distinguait un chemin de sable, à peine plus large qu'une coulée d'animal en forêt.

Je n'ai d'autres choix... que de le suivre... reste à savoir où il me mènera...

L'eau était aussi chaude que l'air, et Balsa sentait à peine l'humidité sur son pied lorsqu'elle le posa délicatement sur le fond sablonneux de cet océan de pureté. Le premier pas fait, les autres suivirent tout naturellement...
Comme à son habitude, elle se servait de sa lance comme d'un bâton de marche. Quelques enjambées plus loin, une étrange sensation poussa Balsa à baisser les yeux sur son reflet. Flou, ondulant, la jeune femme ne se reconnaissait pas tout à fait.

C'est moi mais... plus jeune...


Vêtue d'un pyjama beige sale, il n'y avait sur son visage ni l'innocence ni l'insouciance de l'enfance. Son regard dur et froid n'avait jamais vu le bonheur. Elle n'avait jamais sourit. Et elle avait bonne mémoire, allant jusqu'à se rappeler, bien qu'assez vaguement, le jour de sa venue au monde.
Elle avait ressentie un mouvement sur sa peau : une bulle d'air dans un liquide visqueux. Ses yeux s'étaient ouvert sur un ensemble de silhouettes. La plupart portaient du blanc, mais celui qui se tenait au milieu, face à elle, portait un ensemble sombre. Il fut le premier à parler, en des mots que la petite fille compris sans jamais les avoir entendus.

- Tu es enfin réveillée... Nina, ma petite Nina.

Les « blouses blanches » appelaient l'homme Mr. Tuker. Mais il avait intimé à l'enfant de l'appeler Père. Sans repère, sans sens des valeurs, elle était parfaitement obéissante. La sorte de tube à essai dans lequel elle se trouvait se vida de son contenu., es câbles qui sortaient de son corps furent rompus, et on baissa la vitre qui la séparait du reste du monde. Les blouses blanches cerclèrent le cou de la petite fille d'un lourd collier d'acier portant son numéro, qu'on lui demanda de retenir : B4I54.

Comment aurais-je pu m'offusquer ?... Cela me semblait si normal.

B4I54 avait l'apparence d'un fillette de 5 ans aux cheveux rasés. Elle savait dès la « naissance » comment marcher, parler, s'habiller, se laver... Autant de programme qu'on avait implantés dans son cerveau lors de sa création. Cette partie de l'expérience avait fonctionné à merveille. L'autre partie consistait à hybrider plusieurs ADN dans le but de créer un être machine de guerre.

Mais ça... je l'ai compris que bien plus tard...

Les années suivantes furent constituées de journées entières à tester les limites des capacités de B4I54. Rapidité de cicatrisation, réflexes, vélocité, force... mais aussi la magie. L'enfant n'avait aucune aptitude pour cette dernière matière. Et cela semblait beaucoup décevoir les blouses blanches. Mr. Tuker ne participait jamais aux expériences. Il s'occupait de la fillette le soir, la prenait dans ses bras, lui racontait des histoires, se faisait son père.

- Père... je voulais vous demander quelque chose.
- Qu'y a-t-il Nina ?
- Pourquoi suis-je différente de vous et des autres ? Mon corps est... si anormal...
A cette question, qui devenait de plus en plus récurrente, Tuker répondait toujours en serrant l'enfant dans ses bras :
- Tu es si belle Nina. Je t'aime tellement.

L'amour. Ce sentiment était inconnu de la jeune fille. Dans son cœur grandissait au contraire la haine. Haine d'elle-même et de son corps. Haine de ceux qui la regardait telle une curiosité finalement décevante. Haine de son père, dans les yeux duquel elle ne voyait que l'ombre de son reflet.

Père... Tu ne voyais en moi que cet enfant que tu avais perdu... Je n'étais pas ta fille, et tu n'étais pour moi qu'un bourreau passif.

L'enfant avait était testé pendant trois longues années, modifiée, testée à nouveau, soumise à des conditions extrêmes... Mais les blouses blanches n'avaient pas trouvé ce qu'ils cherchaient, et le cobaye devenait une bouche de trop à nourrir. Le projet B4I54 touchait à sa fin. C'était un échec, comme tant d'autres.
Tuker aimait pourtant sa fille Nina. Et quand il appris sa destruction programmée, il décida de sauver cette vie qu'il avait créée. Peut-être comptait-il racheter de cette manière ses péchés. Étant un scientifique connu et respectée, alors chef du département de recherche des chimères, il lui était facile de passer les contrôles de sécurité dans l'ouest de Lan Rei. Ils franchirent les postes de garde en direction de l'est.
Si l'enfant ne comprenait pas la situation, et se désespérait peu à peu de réalisait qu'elle semblait en voie de passer le restant de ses jours avec un « père » qu'elle haïssait. Tuker n'avait jamais était aussi radieux. On aurait même pu dire que l'excès de liberté qu'il s'accordait le rendait fou. Sa richesse lui aurait permis de vivre comme un roi toute sa vie. Et son plus grand bonheur : sa Nina qu'il avait cru perdre, était bel et bien là, à ses côtés. Son cerveau, pris dans un cercle de démence, n'intégrait pas l'idée que l'enfant puisse être si malheureuse. Il parlait beaucoup à la fillette, comme si elle avait toujours cinq ans. Et il parlait aussi souvent seul, ou dans son sommeil, appelant Nina et sanglotant.

Ils atteignirent le dernier bastion de l'ouest contrôlé, à l'extrême sud de la Ceinture de Brendian, une nuit d'automne froide. Tuker n'avait jamais été aussi heureux, et la jeune fille jamais aussi malheureuse. Mais les choses ne se déroulèrent pas selon les plan du scientifique fou. Les gardes avaient reçu des ordres de Eon : Tuker était un traître, il devait être arrêté, et B4I54 abattue.

- Savez-vous qui je suis ?
- Oui. Nous avons un mandat d'arrêt contre vous. Veuillez nous rendre B4I54, et nous suivre je vous prie.
- Non !
Deux lanciers sous les ordres du chef du poste de contrôle vinrent alors se saisir de l'enfant.
- Cette chose doit disparaître.

Un instinct de survie, une lueur d'espoir... La mémoire de ses rudes entraînements refit surface dans l'esprit de l'enfant. Pour la première fois, elle allait utiliser ses aptitudes hors du laboratoire. Et son but serait de faire taire ceux qui la jugeait comme une chose que l'on utilise et dont on se débarrasse.
D'un bond, elle frappa la poitrine du premier lancier et se saisit de son arme qu'elle lui planta en plein cœur. S'en suivit un carnage, bain de sang où chaque garde venu en renfort tombait sous la lame foudroyante de la chimère, tranchant des membre, faisant jaillir le flot rouge qui anime chaque être. Quand tous furent tombés, emportés par la frénésie du monstre créé par leur société, il ne restait que Tuker, recroquevillé à terre, tremblant de tout son être.

- Nina... ma petite Nina... Qu'as-tu fait ?
- Vous m'avez sauver la vie. Je viens d'en faire autant. Nous somme quitte.
- Ma fille... tu es si belle... veux-tu poser cette arme à présent ?...
- Vous n'êtes pas mon père !

Lueur vengeresse dans les yeux d'une fillette de huit ans. Logique incompréhensible. Sa dette payée, l'enfant n'avait plus qu'une chose à faire, se libérer de son bourreau. La lance fendit l'air, et traversa le corps de l'homme de part en part. Le sang coula de sa bouche bée. Un râle d'où les mots sortaient déformés. Un regard terrifié. L'homme s'effondra dans la boue. Libérée de son passé, prisonnière de ses meurtres, l'enfant s'enfuit en courant vers le soleil levant.

Étranges souvenirs... pourquoi me reviennent-ils maintenant ?...

Le reflet de Balsa avait retrouvé son apparence adulte. L'esprit tourmenté par ses sombre pensées, la jeune femme avait continuée sa marche dans l'univers blanc dont elle ne voyait toujours pas l'issue. La soif la saisit. Elle s'accroupit et plongea ses mains jointes dans l'eau tiède. Elle les releva et les porta à sa bouche, quelques gouttes tombant en silence sur la surface. Mais cette eau avait un goût de fer... non, un goût de sang.


Personne ne se méfiait d'une fillette d'à peine dix ans, même si elle portait un lance sur son épaule. Dans les villages qu'elle traversait, les gens portait sur elle le même regard qu'il aurait eu sur un animal étrange.

- Tu as vu sa queue ?
- Elle me fait peur...
- Quelle genre de créature peut-elle bien être ?
- Elle n'a rien à faire ici !
- D'où vient-elle ?
- Vous avez vu dans quel état elle est... Sale ! Puante ! Répugnante !
- Hé ! Elle pourrait rapporter gros en bête de foire !

Chacune de ses remarque plongeait la chimère dans une colère noire. Et cela se finissait toujours en massacre. Hommes, femmes, enfants. Tous gouttèrent de sa lame. Et périrent, sans comprendre comment tant de force et d'habileté pouvaient émaner d'un si petit corps. Ceux qui survivaient n'étaient pas humains, et la jeune chimère compris qu'en ce monde les êtres intelligents pouvaient entrer dans des « catégories ». Les humains semblaient les plus faibles, et de ce fait, elle n'hésitait pas à les tuer à la moindre offense. Les autres, plus ou moins bien intégrés à la société, elle les évitait.
Vivant des pillages des dépouilles qu'elle engendrait, l'enfant faisait peu à peu connaissance avec le sentiment de culpabilité. Mais elle ne pouvait encore l'exprimer clairement. Et elle ne pouvait envisager d'autre moyen de survie que ces nombreux meurtres. Car elle avait rapidement comprit que si elle voulait manger, se vêtir, se laver, se loger ou faire réparer sa lame, il lui fallait de l'argent.
Allant de village en village, fuyant les représailles des paysans, elle se devait de se diriger toujours dans un endroit inconnu, où on ne la reconnaîtrait pas. Mais il n'était pas facile pour elle de passer inaperçue. Et quand elle tombait sur quelqu'un ayant déjà croisé sa route, elle frappait son visage marqué par la peur avant que celui-ci ne répande alentours sa réputation.


Triste époque... On ne peut pas revenir en arrière hein ?...

Sa soif épanchée, Balsa repris la route. Si elle avait pu se vider l'esprit plutôt que de replonger dans un passé qu'elle aurait préféré oublier. Si aujourd'hui elle vivait bien différemment de cette époque, elle ne pourrait jamais se séparer de la culpabilité qui la rongeait. Jamais son sommeil ne serait tranquille. Jamais ses cauchemars ne disparaîtraient. Une larme coula sur sa joue, et sa gorge se resserra. Non, on ne pouvait pas dire que son enfance avait été heureuse.
La brume s'était épaissie, et Balsa avait maintenant du mal à distinguer le chemin de sable sous l'eau. Sans repères, elle était attentive au moindre de ses sens, guettant un indice. Car dans son cœur, elle sentait qu'elle ne pouvait rester ici éternellement, murée dans sa propre mémoire. Finalement, ce fut son odorat qui fut sollicité. Une odeur de chien mouillé venait d'atteindre ses narines. Un sourire timide se dessina au coin de ses lèvres.

Ce pourrait-il que ce soit... son odeur ?


Presque six mois après le meurtre de son « père », la jeune fille marchait toujours vers l'est. Peut-être parce que de cette manière elle s'éloignait du lieu où elle avait pris vie. Peut-être aussi cherchait-elle des lendemains meilleurs en se dirigeant vers l'horizon où se levait le soleil.
L'astre diffusait un douce chaleur en ce début de printemps. La jeune fille tuait moins souvent, et uniquement lorsqu'elle n'avait plus de ressources. Ce qui était le cas ce matin-là. Squelettique, malade, affaiblie, elle était pressée de rallier le prochain village pour trouver de quoi se nourrir et un endroit confortable où se reposer.

Je me rappelle très bien ce jour... Quand j'ai vu cet épervier danser dans le ciel, j'ai su que la chance allait me sourire... enfin...

Alors que l'oiseau glissait derrière un nuage, la jeune fille entendit résonner des bruits de sabots. Un cavalier arrivait face à elle. Elle se décala sur le bas-côté, enroula sa queue autour de sa jambe et baissa le visage pour dissimuler sa condition inhumaine. La monture avait un pas rapide et léger, et l'homme qui la chevauchait arborait un costume fait de tissu brodé d'or. Il s'agissait certainement d'un noble en déplacement. Quelle folie de voyager seul. Il ne sembla d'ailleurs pas rassuré de voir qu'elle était sur la voie. La chimère interpréta son allure ralentit et le regard de l'homme braqué sur elle comme un sentiment de crainte. Cette parano qu'ont en commun les hommes fortunés.
Quand il passa au niveau de l'enfant, celle-ci fit basculer la lance sur son épaule, et lui donna un mouvement circulaire horizontal qui frappa les genoux du cheval. Ce dernier s'écroula, entraînant la cavalier dans sa chute. L'homme n'eut pas le temps de comprendre la situation : une lame venait d'ouvrir largement sa gorge.

- Écartes-toi de ma proie !

La jeune fille fit volte-face. Elle n'était donc pas seule. Quelqu'un d'autre surveillait le cavalier. Qu'importe, il allait périr comme sa « proie ». Mais quand ses yeux se posèrent sur celui qui avait crié, l'enfant fut si surprise qu'elle ne put esquisser un mouvement. Cette homme avait le visage d'un animal... un homme-chien.

- Ne me dis pas que tu l'as... tué.

La jeune fille ravala sa salive. La vision de cet être si différent, si inadapté à la vie avec ces humains bourrés de préjugés... Elle découvrit alors le sentiment d'empathie qui lui était inconnu jusqu'alors. Elle comprenait en un regard les souffrances d'un autre, et les partageait. Elle éclata en sanglots et s'effondra.

J'étais si faible...

Elle se réveilla au son des passereaux qui chantaient le retour du printemps. Elle distinguait même au loin le bruit d'un ruisseau libéré des glaces. Elle ouvrit les yeux sur l'intérieur d'une cabane en bois aux meubles sobres et fonctionnels. Elle se trouvait sur une planche un peu en hauteur qui devait servir de lit. La porte, ouverte, se trouvait à l'opposé de la pièce. A droite, il y avait quelques étagères couvertes d'objets dont elle ne connaissait pas la moitié, et à gauche, des morceau de viande et de poisson fumés répandaient une odeur qui la fit saliver. Au centre de la pièce, un foyer était disposés dans un trou carré au-dessus duquel se trouvait deux chaudron au contenu bouillonnant.
Un ombre se dessina sur le seuil et l'homme-chien entra dans la pièce. Vêtu d'un simple pagne orangé, il avait un corps particulièrement bien proportionné. Grand, musclé, peut-être un peu maigre... Mais son visage avait toute l'attention de la jeune fille. Une fourrure d'un noir de jais, des yeux jaunes perçant, un museau finement ciselé, et de grandes oreilles triangulaires portées haut et bien droites.

- Tu as faim ?
La chimère ouvrit la bouche une première fois sans pouvoir sortir un son.
- Alors ?
- Oui... et soif.

L'inconnu pris un bol sur l'une des étagères, et le remplit du contenu de la plus grande marmite. Il détacha ensuite la gourde à sa ceinture, et tendit les deux à la jeune fille. Celle-ci se redressa difficilement et saisit la gourde. Lui posa le bol à côté d'elle. Elle but à grand gorgées, et sentit son corps revivre, ses sens se réveiller.

- Tu ne me remercie pas ?
- Hein ?
- Dis juste « merci ».
- … Merci.

La jeune fille ne savait pas que les chiens pouvaient sourire. Elle l'appris à ce moment là. Il lui demanda quel était son nom. La jeune fille aurait préféré mourir que de répondre : Nina. Devant son silence, l'inconnu se présenta lui-même.

- Je m'appelle Akin, je suis un Anubite... Alors, puis-je connaître ton nom ?
- Je n'en ai pas.
- Huummm...

L'Anubite s'approcha d'elle, s'accroupit pour être à sa hauteur et tendit la main vers la cou de la jeune fille. Elle eu un mouvement de recul, mais il la rassura en ralentissant son mouvement. Ses doigts glissèrent sur le collier d'acier qu'elle portait. L'inscription B4I54 était bien abîmée à présent.

- Balsa ?... C'est ce qui est écrit, non ?
- Non, ça c'est... Je... n'aime pas beaucoup ce collier.
- Ah... Désolé...
- « Désolé » ?...
- Je ne voulais pas t'offenser.
- Euh... non... C'est bon. Vous pouvez m'appeler Balsa.
- Ok, Balsa. Mais, s'il te plait, ne me dis pas vous, ça me vieillit.

Elle hocha la tête. Akin lui fit signe de manger, ce qu'elle fit volontiers. Des pensées confuses, des interrogations nouvelles, des sensations étranges... tout cela fusait dans la tête de la jeune fille. Mais par-dessus tout, l'idée qu'on lui avait donné un nom, comme le droit à une existence dans ce monde, lui procurait un sentiment de légèreté qu'elle n'avait jamais connu.
Elle lui demanda pourquoi il l'avait amené ici. Il répondit simplement qu'il n'allait pas attendre qu'elle se réveille dans le chemin où il y avait bien trop de passage. Ce souvenir précis revint à l'esprit de Balsa.

- Ah ! Le cavalier...
- Son corps est retourné à la terre.
- Et... ma lance ?
- Elle est dehors... Tu devrais te reposer, ne t'inquiète pas, je ne partirais pas. Après tout, j'habite ici !

Il s'excusa, ce que Balsa ne compris pas, et sortis poser des collets, autre chose que Balsa ne comprit pas. Mais lorsqu'il revint, à la nuit tombée, la chimère avait vidé deux autres bols de la soupe qu'elle trouvait délicieuse, et se sentait beaucoup mieux. Ils parlèrent toute la nuit, naturellement.
Akin lui raconta son histoire. Il avait fait partie d'une meute auparavant, mais il avait choisit de la quitter pour explorer le monde. En route, il avait rencontrer les hommes, et ne les portait pas dans son cœur. Il s'était fait assassin, puis avait arrêté car le sentiment qu'il était devenu un chien des humains lui déplaisait. Il avait alors entendu parler de la pierre philosophale, qui changeait la plomb en or et offrait la vie éternelle. Balsa ne le crut pas lorsqu'il dit l'avoir trouvée puisqu'il ne pouvait la lui montrer. A présent, il avait renoncer à la richesse et à l'éternité. Il vivait de chasse, de pêche et de cueillette. Parfois, il « décrassait ce monde d'un homme dangereux », et en profitait pour récolter un peu d'or. Le cavalier que Balsa avait attaqué était l'une de ses cibles.

Dès que Balsa fut sur pied, Akin s'appliqua à lui apprendre tout ce qu'il savait de ce monde, mis à part l'alchimie qu'il considérait comme une science dangereuse. Il fit aussi enlever le lourd collier d'aicer qu'elle portait. Il lui enseigna l'art de la chasse, la géographie, l'histoire, la lecture et l'écriture du langage des hommes et les règles et usages de la société. Il lui parla aussi d'Aiklando, un île sur laquelle il se promettait d'aller un jour.
Il comprit que Balsa avait besoin de savoir qui elle était vraiment. Il lui dit qu'elle ne pourrait trouver la réponse qu'en elle-même, mais il pouvait l'aider, en partie du moins, grâce à l'alchimie. Il prépara un bouillon dont il garda les ingrédients secrets, et y ajouta un cheveux de la jeune fille.

- Hummm... Il ne fait aucun doute que tu es ce qu'on appelle une chimère, un être artificiel créé dans un but précis.
- Mais lequel ?
- Vu la dominante humaine de ton esprit, tu possède sans doute une grande part d'ADN humain femelle.
- Nina...
- Ils ont voulu te donner la force du lycanthrope aussi... et l'agilité du félin...
- Comment dire ?... Je m'en doutais un peu.
- Chut ! Laisse moi me concentrer...
- Il y a autre chose ?
- Des gènes de... fée ?... tu peux utiliser la magie ?
- Non.
- Hum... Ces gènes là sont en toi mais ne s'expriment pas du tout. Une erreur de leur part...
- Tu dis que je suis une erreur ?
- Pour eux oui... et pour moi l'erreur fut de te prendre à mes côtés.
- C'est ça , fous-toi de moi !

Il éclatèrent de rire de bon cœur. En réalité, Akin et Balsa vivaient ensemble les plus beaux moments de leurs vies. Ils avaient souffert chacun dans leur coin de la solitude, mais à présent ils étaient deux. Il vécurent ainsi dans les montagnes, à l'abri des hommes et de leurs folies, pendant de longues années. Balsa, dont l'enfance avait été maudite, goutait maintenant au bonheur.


Comme j'aimerais revivre ces moments.

Balsa avait retrouvé le sourire. Marchant d'un bon pas, elle sentait que la sortie était forcément devant elle. Baignant dans la lumière, elle se sentait purifiée après avoir revécu et survécu à son passé. Elle glissa la main au fond de sa poche et sentit sous ses doigts un petit bout de papier froissé. Elle savait ce que c'était...


Akin n'avait jamais promis à Balsa qu'ils resteraient toujours ensemble. Et la chimère savait qu'un jour son compagnon reprendrait la route. Il en parlait souvent. Et jamais elle n'avait demandé à le suivre. Elle aussi avait sa propre vie à mener.
Elle était de plus en plus indépendante, et arrivait même à se débrouillait en société humaine. Parfois, lorsqu'ils manquaient d'une denrée qu'ils ne pouvaient se procurer dans la nature, c'était elle qui partait en ville et troquait des peaux, des herbes rares ou de la viande contre du tissu, de la corde, des lames... Par rapport à Akin, elle était beaucoup plus discrète au milieu de la foule. Sa queue dissimulée sous une robe, une capuche sur la tête, elle pouvait presque se faire passer pour humaine.
A l'aube de ses vingts ans, alors qu'elle revenait d'une ville de pêcheurs où elle avait échangé des peaux contre de l'or, avec lequel elle avait fait réparer sa lame, elle eut ce sentiment que si elle se retrouvait seule, elle saurait se débrouiller. Elle était devenue adulte. Elle ne trouva pas Akin à la cabane. Toutes ses affaires avait disparues. Et sur le lit, ce morceau de parchemin :
Elle sourit. Il aimait se nommer ainsi : Akin, Anubite. L'un et l'autre était tellement liés. A côté du parchemin, il y avait une bourse contenant une grande quantité d'or. Elle savait d'où il provenait : c'était celui du cavalier qu'elle avait tué le jour où elle avait rencontré Akin. Les larmes coulèrent sur le visage de Balsa, sans pour autant que son sourire ne s'efface. Elle fit ses bagages, plia soigneusement le parchemin et le mit au fond de sa poche. Elle mit le feu à la cabane, et pris la route vers le sud.


Vivre seule hein ?... j'en suis capable, grâce à lui...

Balsa ne sortit pas le mot d'Akin de sa poche, le simple fait de l'avoir sentit la rassurait et lui donnait du courage. Même l'univers blanc dans lequel elle baignait ne lui faisait plus peur.
En plantant sa lance dans l'eau qui couvrait ses pieds, Balsa réalisa qu'elle venait de faire de bruit. Elle donna un coup de pieds dans le liquide, et chaque gouttelette retombante fit un ploc. En tendant l'oreille, elle pu même entendre le murmure du vent qui poussait la brume au-dessus de l'eau.

- Je suis Balsa, Chimère ! Et je suis vivante !

Elle se mit à courir, sûre de la voie à suivre. Sa propre voix résonnait, le son du futur, la symphonie d'un rêve d'avenir l'appelait, loin au-devant...

C'est Tuker ton créateur ? Tu es fan de FMA ? mdr

Merci pour la validation et les petits messages de bienvenue

Haha je suis démasquée ^^
Et oui... FMA, en tant que mon premier manga, restera à jamais gravé dans mon cœur.

Sa doit être le deuxième ou troisième manga que j'ai terminé =) et j'adore aussi ! Ta petite ruse était basique, le créateur de chimères de FMA s'appelle Tucker avec un "c" avant le "k" ^^

Allez, Bon RP à toi et puis si tu veux on peut faire un RP ensemble pour que tu commence, je suis actuellement sur Lan Rei =)

(bhuuu pas fait exepré d'avoir enlver le "c"... juste un oubli, je suis aps subtil à ce point ^^)

Héhé c'est une bonne idée un RP (on est là pour ça non ?). Balsa aussi est sur Lan Rei, côté Est. Tu veux commencer ?

Je suis aussi sur le côté est en plein "débat" avec Ràna mdr...

Je veux bien commencer mais faut que je prévienne Alisia (la fée qui m'accompagne). Et j'ai des RP que j'écris sur d'autre fofo donc si tu n'as rien à faire n'hésite pas à commencer sinon je le ferais =)

Ok, ben écoute, je me tâte, je temporise un peu... Et si d'ici j'ai pas de tes news, je commence un sujet. On se tient au courant par MP ?

Ok, si tu veux je peux te passer mon adresse msn également =)

Au plaisir de RP avec toi ^^

*Sort le balais et commence à épousseter le sol*

Pardon madaaaaaame, pas fait exprès de discutailler à foison
*fait son plus beau sourire, yeux innocents*

Et Aymas, c'est gentil, mais j'ai tellement pas MSN.

Bon je me tais promis...

Bienvenueuh.

Je te dirais bien de pas hésiter à venir flooder au rez de chaussée mais c'est pas la peine je crois^^

Je te prète Aymas pour RPer x)

Et Alisia, n'oublie pas mon moustique à moi ><

Non, elle j'ai décidé d'la bouffer.

T'as pas le droit sinon je t'étripes, te torture, t'écartelle, te répand, te crame, te déchiquette et j'en passe...

Et moi jte mets mon balais au c... derrière è.é

Allez ouste!

Pardon au grande Reine de Succube adoré de ce forum magiquement excellent... Ceci est mon dernier message dans cette section...

(Et ce n'est pas du lèche bottisme >< je le pense vraiment)