Bang.

Ta encore trop bu, petite sotte. Regarde ce que cela te fait. Ta la tête comme un melon, près à éclaté au moindre petit coup. Ça t’apprendra. Une créature comme toi mérite pas d’exister de toute manière. Tu m’écoutes quand je te parle? Les bêtes dans ton genre, ça fait à sa tête! C’est ça, va dévorer des villageois, tue moi en plus, comme ça je pourrais arrêter de me dire que j’ai enfanté un putain de monstre sans cervelle. Ça te ferait plaisir, hein, de me tuer? Figure toi que c’est déjà fait. Mais je partirais jamais de ta tête. Oh non, pas avant que tu crève, salope.

Bang.

Un grognement traversa les lèvres de Lyra. Étendue sur un sol dur et très peu accueillant, elle releva lentement la tête, mais du la reposer immédiatement. Son corps lui donnait l’impression d’avoir été écartelé, une vraie torture. La voix de sa mère se tut lentement, la jeune femme lui sommant intérieurement de retourner dans sa cachette au fond de sa tête. Laissant un long soupir s’échapper de son pauvre corps meurtris, elle se releva avec une lenteur presque exagérée et c’est avec soulagement qu’elle reçue une réponse positive de chacun de ces membres malgré leur engourdissement. Lyra, à quatre pattes, leva la tête une deuxième fois, réprimandant son envie de gerber sur le plancher. Ces pupilles se dilatèrent de surprise. Ça ne se pouvait pas, était-elle morte? Pas avec une douleur comme celle-là. Elle pouvait se croire au moins dans la pièce des horreurs. N’étant pas vraiment sûre de ce qu’elle voyait, la bête trouva la forme de se hisser sur ces pieds nues. Elle c’était rendue compte avec le temps que les chaussures ne lui servaient pas à grand chose, ces vêtements c’étaient pas difficile à recoudre, mais les souliers quand ils éclatent, faut pas chercher à les réparer. Toujours un peu embrumée, la louve traîna des pieds vers le premier mur. C’est avec surprise qu’elle constata que c’était bel et bien des photos d’elle même qui était placarder sur les murs comme des trophées. Ça lui donnait le frisson. Comme si l’homme invisible l’avait suivi avec son projecteur toute sa vie. Bof, elle était bien une loup-garou, pourquoi pas un homme invisible, tant qu’on y était?

« J’avais vraiment l’air idiote avec ce pull. »

Tu as bien raison chérie, je faisais exprès que pour que tu ne porte que des vêtements pleins de laideurs, ils représentent bien ce que tu es, pas vrai?

« Ta gueule Maman. »

Entonna Lyra pour une 1000ème fois. En plus d’être une alpha sanguinaire la nuit, elle était capable d’entendre la voix de sa mère comme si elle était juste à côté. Le remord est un sentiment qui ne s’enlève malheureusement pas facilement. Tuer toute sa famille lors d’un réveillon, ça reste marquer un bon bout de temps. Une grimace tordit les minces lèvres de la jeune femme, celle-ci passant son regard sur une photo lorsqu’elle avait à peine deux ans. Le petit bouchou qui souriait à la caméra était bien différent de maintenant. Elle avait déjà les cheveux blancs, à cette âge là. À l’école, on la surnommait la petite vieille. Au loin dans son coeur, un orage tonnait. Passant à une autre, elle observait chacune des photos qui étaient accrochées. Ce fut finalement l’image du miroir qui fut la plus éprouvante. Restant tranquillement devant son reflet, ce fut comme si une main tentait de pincer son coeur.

« Tu devrais peut-être te couper les cheveux, ma grande..» Murmura t-elle.

Ces plus longues pointes atteignaient ces genoux. Ces cheveux immaculés comme la neige brillaient dans le peu de clarté de la pièce. Sous sa franche carrée, elle pouvait voir ses deux yeux. Eux ils avaient changés. Elle avait toujours eu les yeux bruns avant sa première transformation, maintenant ils étaient verts. C’étaient les yeux d’un fauve, une bête sans foi n’y loi, une créature sans sentiment. Ceux qui croisaient ce regard en avait peur, c’était comme regarder la rage à l’état pur. Ces joues se rosirent sous l’effet de cette colère, un feu s’alluma dans les prunelles de la loup-garou. Son teint allait parfaitement avec ces cheveux, quand on la voyait passer, on se demandait par deux fois si c’était vraiment une jeune fille ou un fantôme qui venait de se glisser devant. Blanche comme un drap propre, elle paraissait ne dégager aucune chaleur, aussi froide que le plus haut pic d’une montagne. C’était le cas. Ça petite bouche pulpeuse en forme de coeur se tordit une deuxième fois, cherchant à échapper à une de ces grimaces menaçantes qui lui prenaient lorsque quelque chose ne faisait pas son bonheur. En fait, très peu de chose faisait son bonheur.

« Hum, elles n’étaient pourtant pas aussi longues la dernière fois... »

Ouvrant la bouche, la jeune femme constata que ces canines étaient énormes. On aurait dit un vampire. Même plus. Et qu’elle minceur! Elle pouvait au moins ce consoler en ce disant qu’elle avait la taille d’une guêpe et une poitrine du moins acceptable. Lyra était plutôt grande, presque deux mètres en fait. En se penchant un peu vers le miroir, elle ajusta le pull gris qu’elle portait. Il découvrait toujours une de ces épaules, un peu grand pour elle. Son jean - un short foncé - semblait en bon état, quoique un peu déchirer. Après cette inspection, la louve regarda autour.

OH NON, AU SECOURS, NON, NON...!!

Faisant taire la voix de sa mère qui hurlait, la jeune fille arracha la photo qu'elle venait de voir. Elle l’observa un moment et la glissa dans sa poche arrière, son regard redevenu fauve. Avec le souffle bruyant, elle se mit à grogner, cherchant la sortie avec un désespoir qui se voyait.


La photo représentait Lyra en forme de loup-garou, le nez vers la lune, son poils blanc maculé de sang, hurlant comme la bête qu’elle était.

OH SEIGNEUR DIEU, DOUX JÉSUS, RAMÈNER MOI !!

Laissant la voix de ça mère hurler au fond de son crâne, Lyra observa le miroir qu’elle avait quitter des yeux il y a peine deux secondes. Elle avait presque eu l’impression que quelque chose bougeait là, dans son dos. En fait, elle avait bien eu raison de se retourner, il avait été transformer en un gouffre peu accueillant. La louve aurait voulu partir, tout faire pour ne pas s’y rendre. Son instinct animal émettait des alarmes, sa bête intérieure glapissant d’une frayeur nouvelle. Mais ces pieds glissèrent et la jeune fille fut happée dans le noir absolu avec un petit cri, sa gorge étant si serrée qu’elle ne pouvait hurler à la manière de sa très chère mère. Ça y est, là elle était vraiment morte. Elle n’entendait que son souffle saccadé, les yeux grands ouverts. À dire vrai cela ne changeait pas grand chose, il faisait aussi noir que dans le cul du diable. À genoux, elle tâta le vide et fut presque déçues de ne rien sentir. La jeune femme pouvait sentir son corps se battre intérieurement contre la créature, cherchant à la contenir. Étouffant un grognement, elle tenta de ce mettre debout, mais fut arrêter par une voix.

« Le vieux Loup est Malin.»
« Les jeunes louves sont toujours têtues au début. »

Bon, il manquait plus que ça, elle avait maintenant une véritable communauté dans sa tête. Cela lui prit un moment pour ce rendre compte que les voix venaient de l’extérieur, quelque part dans ces ténèbres. Elle en aurait bien égorgée une, mais Lyra avait l’impression que même si elle tentait de trouver quelqu’un ici, elle ne ferait que rencontrer du vide. Toujours à genoux, la louve se mordit la lèvre inférieur, guettant une nouvelle parole. Et elle ne tarda pas à venir, ça non. La lycanthrope se mit en position assise, les oreilles grandes ouvertes.

« Vous êtes irréfléchie. »
« Bravo pour la déduction. »

Ça commençait à bien faire. Elle ne savait même pas où elle était, des photos d’elle partout, des voix de toute sortes murmurant au beau milieu de nul part... C’était loin d’être normal. Mais était-elle normale? Des phénomènes comme ceux ci pouvaient-ils vraiment la surprendre? Lyra était une loup-garou depuis 4 ans maintenant, c’était difficile de ne pas croire qu’il existait ailleurs d’autres trucs surprenants.

« Quel sale caractère. »
« Dit donc, vous êtes chiants, mais est ce que je vous le dis, moi ? »
« Vous êtes tellement orgueilleuse que si je vous disais que vous n’êtes pas capable de vous jetez d’un pont, vous le feriez juste pour me prouver le contraire. »
« Pas à ce point là quand même, faut pas exagérer...»
« Vous n’avez aucune patience. »
« Les gens ne méritent pas que je l’étire. »
« Vous êtes une force de la nature. Derrière votre mur de béton, vous avez un coeur en or. C’est si difficile de croire que tout ces défauts vous viennent du fait que vous êtes incapable de contrôler vos émotions. Vous seriez une bonne personnes. »
« Les loups sont méchants, point. »
« Mais vous non. Vous êtes une chiffe molle entourée de piquants. »
« Je... Qu’est que vous venez de dire? »

Lyra pouvait sentir la colère brûler ces joues. D’un coup, elle était debout, les jambes tremblantes. À l’intérieur d’elle, la créature mordait ces barres de fer, cherchant à se libérer avant son heure. Elle respirait rapidement, les larmes qui lui montaient aux yeux lui était désagréable.

« Je ne suis PAS FAIBLE! » Hurla t-elle, la rage déformant sa voix, presque de manière animale.

« Hum.... À l’intérieur, tu l’es.
Tu ne donne qu’une image.
Pour cacher ta faiblesse.
Tu te montre forte, fière,
Têtue et irritable.
Mais c’est pour camoufler
Très au fond de toi même
Ta peur. »

Elle se laissa tomber sur les fesses avec un bruit mât. Des larmes coulèrent doucement sur ces joues et elle ne fit pour les contenir. Ces yeux cachés sous sa franche, Lyra respirait bruyamment, la rage ce mélangeant à une sorte de désespoir. La bête arrêta de bouger, retournant se tapir dans la noirceur de sa cage. Le silence ce fit dans la pièce. Un silence pesant, pleins de remords et de reproches. À son grand bonheur, sa mère ne dit rien. Enfin seule avec elle même. Pour la première fois de sa vie, la jeune femme aurait voulu se mouler au plancher, disparaître. Elle avait envie qu’un gouffre comme celui de tout à l’heure l’envoie loin, très loin.