"Ca alors "! dit Niel ,en se réveillant, la tête endolorie. Ces oreilles bourdonnaient comme si un essaim de guêpes y avait trouvé refuge et la comparaison ne lui était pas vraiment plaisante. "Ca alors" dit-il en distinguant à grand peine entre ses yeux demi-clos, un être avachi devant lui qui semblait tout aussi hagard . "Hé, toi ! Pourrais tu me dire ou nous sommes ?". N'obtenant aucune réponse, il continua "C'est que ... je ne voudrais pas t'ennuyer, mais je .. enfin ... je crois que je vais avoir du mal à me redresser seul" dit le lutin qui était allongé contre un coin de la pièce . "Humpf ... S'obstiner à garder le silence ne fera pas avancer les choses !". Toujours muet, l'inconnu le dévisageait.

Gêné de cette attention couate, Niel tenta alors de reprendre contact avec ses muscles, se tortillant d'une manière assez ridicule.Puis, comme poussés par une force invisible, ils mirent brusquement le lutin debout. "Hé je n'en demandais pas tant "dit Niel, surpris. Il se tourna alors vers l'inconnu , qui finalement, mériterait peut-être un peu de compassion s'il se décidait enfin à devenir loquace. Mais celui ci, dressé de tout son long semblait plus en forme que jamais.

L'atterrement de Niel ne l'empêchèrent pas de dévisager longuement l'inconnu. Long, mince et athlétique, il semblait taillé pour l'esquive, sa musculature laissant deviner sa souplesse malgré sa petite taille. Il ne devait pas dépasser quatre pouces. Son visage était allumé de deux grands yeux d'un noir d'encrier. Sa fine tête était surmonté d'une longue paires d'oreilles et ses longs cheveux bruns qui descendait en cascade le long de son corps lui donnait un air animal. Revêtu d'une large cape brouillard à capuche pointue, il aurait été invisible dans une clairière en plein après-midi.

Alors que Niel s'avançait, il remarqua l'attention avec laquelle l'inconnu copiait ses mouvements, ses expressions, et quand il fut tout prés, il ne put s'empêcher de rire de lui-même. "Quelle folie a bien pu embrumée mon esprit, sans nul doute, toi et moi ne faisons qu'un ! J'ignore le sortilège responsable de cette situation et je serais bien aise de discuter avec son mage qui me semble si doué. Moi-même, je n'aurais été capable de trouver farce plus coquasse"

Se retournant alors il contempla les murs qui l'entouraient, mais il ne riait plus. La pièce, rouge écarlate, lui semblait malsaine, étouffante, et les images qui la tapissait ne faisaient que renforcer son malaise. De fines larmes lui montèrent des yeux sans qu'il en su la raison et il éprouva le désir de se recroqueviller sur lui-même pour oublier où il était. Mais une dizaine de "lui-même" l'observait, les yeux froncés et il ne put qu'avancer pour échapper à ces funestes regards.

Peu à peu, ses yeux embués distinguèrent l'images qui recouvraient la pièce sanglante. Toutes le représentaient. Passant au crible 3 ans de sa courte vie. Il observait son petit corps au milieu de hautes fleurs et domptant ses oiseaux, grimpant aux arbres . Il se voyait médusé en contemplant l'océan pour la première fois, riant aux éclats sur les ailes d'un grand merle et hurlant de désespoir en comprenant que jamais, ils ne pourrait voler comme les fées . Les morts et les vivants défilaient sous ses yeux ébahis.

Les larmes creusaient de profonds sillons contre ses joues brulantes.
"Pourquoi ?"

hj: t'as pas rectifié l'âge du coup, tu changeras après si jamais ^^

*Oh, regardez qui voilà …*
*C'est Lui ! C'est Lui ! *
*Voyez comme il est disgracieux .*
*Hi hi hi , chut ! Cachons-nous, le voilà qui arrive *

On l'appelait. Une voix qui venait ne nulle part et de partout en même temps . Une voix légère et caverneuse, féminine et masculine, brûlante, charmante, berçant de son dard son âme et son esprit.

Niel s'avança, la porte qui était apparue se referma brusquement derrière lui et le sang laissa place aux Ténèbres. Une voix s'y mélangeait. Noire. Si noires. Voix vibrantes dans la profondeur infinie.
"Où vais-je ?" s'interrogea-t-il.
*La question appropriée serait qui suis-je …*
"Alors réponds, toi qui sembles perdu dans les Ténèbres"
*Je suis ton doute*
"Je n'ai pas de doute"

*Regardez comme il rampe…*
*Alourdi de peur…*
*Petit animal craintif…*
*Jaloux.*

"Qui êtes vous ?"
*Tes doutes, ta peur, ta haine, ton dépit. TOI "
"Vous n'êtes pas moi, je n'ai ni peurs ni haines, je ne suis jaloux de personne. Si vous affirmez être moi, prouvez -le moi"

*Le petit oiseau s'est cassé l'aile en tentant de s'envoler
Il ne pourra jamais plus que sauter
Mais celui qui n'a même pas pu essayer
Que lui reste-t-il si ce n'est un endroit où pleurer ?*

"Je … je ne veux pas. Pourquoi ? Pourquoi elles et pas moi, pourquoi je ne peux pas ?"
*Ah, tu étais pourtant heureux au début*
*Ouiiiiiii ! Mais-elles-l'ont-qui-ttés !!!*
"Pas un adieux …"
*Tu n'étais qu'un jeu.*
*Les fées sont infidèles tu le savais pourtant, non ?"
"Je pensais qu'elles m'emmèneraient, ELLES M'ONT TRAHIS"
* Hihihi, noooon, c'est TA faute !*
*Asticot qui ne sait que ramper, ton esprit n'est régi que par la jalousie."
*Regardez, il se traîne, se recroqueville, tu abandonnes ? Tu n'es pourtant pas défaitiste ?*
*Nooooon ! Il n'abandonnera pas. Il ira jusqu'au bout du monde pour les retrouver.Le courage et la bravoure ne lui manque pas, mais à quoi bon ?*

"Je ne veux pas … Revenez …Ne me laissez pas seul.."
*Tu n'es pas idiot mais tu ne sais rien faire.Tu n'es rien .*
*Rien.*
*Rien.*
*Rien.*

"Si ..."
*Quoi ?*
*Qu'à-t-il dit ?*
*Un murmure ...*
*Il sussure ...*
"Je suis libre … J'ai cessé de les pourchasser. Je veux vivre de moi-même. Je ne les crains plus ni ne les hais. Je ne pleure plus depuis longtemps car j'ai épuisé les larmes de mon corps qui se mêle aux mousses et à la boue des chemins. La jalousie s'est changée en mépris . Il n'appartient qu'à moi d'apprendre à m'envoler et vous n'êtes pas Moi. Tu n'es que l'ombre d'une obscurité que tu ne comprends pas .
Je ne suis plus l'ombre.
Je suis Niel.
Et un jour, je m'envolerai.

Niel émergea des ténèbres. Sa conscience s’était tue et du silence était né la lumière. Il s’était faufilé et venait de pénétrer dans une large salle blanche.

*plouf*
Il releva le pied, le sol était complètement immergé. C’était tiède, presque chaud mais surtout, l’eau vibrait et semblait avoir une conscience propre. Et alors qu’il observait l’espace immaculé qui l’entourait, elle se mit à trembler, une onde se propagea et du sol émergèrent des troncs qui se divisèrent en branches puis de multiples bourgeons jaillirent et formèrent la ramure du profonde forêt. L’onde se rassembla au centre de la clairière où se tenait Niel, l’eau façonna un corps.
Svelte, ses grandes ailes battant l’air, la fée le regardait.

Niel perdit pied avec la réalité et s’effondra sur le sol.
" Na… Nael ? Imp…impossible… tu as disparu, tu es partie… "
Soudain, l'eau l'engloba , il se sentit rapetisser, ses membres tendus tiraillés en tout sens. Puis après quelques secondes qui lui parurent des heures, le supplice cessa et l'eau le libéra. Intrigué il se regarda dans le miroir limpide, à côté de lui se tenait un autre reflet, tel qu'il avait été 3 années auparavant, dans la forêt de Yelli.

Tout à coup, l'autre éclata de rire et vint se jeter dans les bras de la fée mais celle-ci s'envola de quelques pouces, suffisamment pour faire perdre son équilibre au jeune lutin qui vint s'écraser contre le tronc le plus proche.
"Nael, t'es pas drôle quand tu fais ça ! " dit-il en se massant le nez.
"Tu m'avais promis que tu m'apprendrais à voler aujourd'hui ! Tu as encore menti, hein ?"
La fée ne répondait rien mais elle le regardait avec un mélange d'amusement et de pitié.

Tout à coup, l'eau tourbillonna, la forêt redevint vague puis clairière.
A sa lisière, tapi dans un tronc humide au centre de la nuit, une petite forme accroupie regardait le monde. Derrière ses cheveux emmêlés, on ne distinguait que ses grands yeux noirs. Une lueur apparut au centre de la clairière, puis une deuxième, dix, vingt, les fées se rassemblaient. Apeuré, il se recroquevilla une main contre sa bouche. Trop tard. Une des fée l'avait repéré et se tenait devant lui. Il fuit. Sortant à toute vitesse de sa cachette. Les fées l'encerclèrent. Elles se rapprochaient. Il hurla et s'évanouit. Alors que la scène disparaissait, Niel vit l'une d'elles se saisir de son alors jeune corps et s'envoler.

Niel n'eut pas le temps de réfléchir sur ces apparitions car soudain, un cri retentit . Mélange de désespoir et de douleur, le lutin reconnut immédiatement la scène. Elles l'avaient quitté. Nael et ses semblables qui l'avait élevé, et gravé son nom dans l'écorce d'un arbre. Il se souvint que jamais l'une d'entre elles ne lui avait adressé la parole . Traité ainsi par mépris par celles qu'il appelait ses sœurs, il en avait toutefois ressenti une grande joie, tirant l'espérance, qu'un jour, il deviendrait leur égal. Mais lors de sa quatrième année, elles étaient parties, le laissant seul, sans un mot comme toujours. Agrippé à son l'arbre, impuissant, Niel effaça son nom et déchira ses ailes factices faites de feuilles.

L'eau éclata sous l'envol d'un grand merle . Il se posa devant Niel, maintenant allongé dans l'eau. L'oiseau vint lui picorer la main .
"Aïe ! Qu'est ce que … " dit Niel en tournant brusquement la tête. Mais reconnaissant le grand merle qu'il avait élevé jadis, il se jeta sur lui comme pour l'embrasser.
Il se nommait Iskaël. Après le départ des fées, Niel l'avait recueilli et élevé, puisant dans cette tache l'espoir de pouvoir un jour parvenir à voler. Il avait été son premier oiseau, d'autres avaient suivi car Niel n'avait désiré jamais l'allégeance d'un oiseau plus de six lunes. Préférant leur rendre la liberté.
Mais le merle éclata en gerbe d'eau à son approche et Niel du s'arrêter.
"Une illusion …" dit-il, visiblement déçu par la disparition soudain du merle "Ce n'était que des illusions alors …"

"Il est temps d'y aller" murmura Niel…

Bienvenue petit Lutin ^^

Bienvenue chez toi

Bienvenu petit casse-croute Lutin, j'espère que tu vas te plaire ici

Bienvenue chez les fous ! Mais de gentils fous, tu as de la chance !

En espérant que tu t'amuseras bien ici... ^^