[Ce RP se situe avant l'arrivée de Rána à Reilor.]

A la surface de l'eau flottait un grand bouclier de bois sur lequel gisait une gamine. Dans sa robe sale, déchirée et rougie en de nombreux points, elles comatait, rêveuse, un large sourire allègre s'étendant sur son visage. Rána avançait lentement dans son radeau de fortune en contemplant les alentours. La rivière était bordée de mandariniers, le ciel fondait comme de la marmelade. Cela lui rappelait des temps anciens, où elle mangeait des tartines de confiture à la mandarine. Si toutefois elle en mangeait... car en réalité, elle n'avait pas le souvenir d'avoir un jour goûté à une mandarine. Elle préférait la viande. Pourtant, ce n'était pas de la viande qu'elle avait mangé ce jour là...

Ses yeux tombèrent sur une créature qui se muait dans l'eau. Il était difficile de définir sa couleur ; était-elle blanche ? Ou se décomposait-elle en spectres lumineux, telle un arc-en-ciel scintillant aux éclats kaléidoscopique ? Nul n'aurait su le dire. Le fait était qu'elle était présente et qu'elle brillait de milles feux. En se redressant sur son séant, la lycante put se concentrer davantage sur cet être et constater qu'elle était moitié femme, moitié cheval. Et c'était cool, pensa-t-elle intérieurement.

Décidément, Rána ne devait pas bien digérer les champignons. Elle avait eu tort de faire un écart de régime, elle qui était si stricte avec ses habitudes gastronomiques...

Béate, elle fixait la jeune centaure en tanguant dangereusement sur le côté, tant et si bien qu'elle finit par chavirer et plonger dans l'eau fraîche de la rivière, éclaboussant au passage la femme au corps de cheval – à moins que ce ne fût l'inverse. Elle resta sous l'eau un moment, frétillant comme un poisson dans l'air avant d'en ressurgir en inspirant bruyamment. Un long silence suivit durant lequel la petite fille resta muette, la bouche grande ouverte. Ce n'est qu'au bout de trente secondes qu'elle se décida enfin à émettre un son.

« Je suis... RANAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA. »

Elle ponctua sa phrase par un éclat de rire suivi d'un hoquet brutal.

La jeune Katell avait trouvé de la lessive de la saponine mordorée, plante aux vertus lavantes, moussantes et adoucissantes, idéales pour son poil (C’est son ancien ami nékotrope, surnommé Le Chat, qui lui avait fait découvrir les meilleures plantes pour se nettoyer.) Ainsi, Sa robe avait retrouvé sa blancheur éclatante plus blanc que blanc.
Alors qu’elle continuait à se lisser les crins avec les doigts tout en barbotant, Katell sentit soudain une infâme odeur. (Surprise, elle s’examina de haut en bas, supposant qu’elle avait du oublier un endroit x)
Regardant autour d’elle elle vit s’approcher une sorte d’embarcation relativement originale qu’elle ne put pas tout de suite identifier. Et une forme humaine était à bord. Et le tout se rapprochait dangereusement de notre immaculée centaure.

Sentant son instinct chevalin lui ordonner de fuir, Katell aurait en temps normal fuit au triple galop, rien qu’a cause de l’odeur, mais, il se passa un évènement qui attisa sa curiosité : La petite fille (car c’était ça le machin puant porté par le bouclier flottant) avait entrepris de se redresser. Ne tenant pas plus de quelques secondes, elle s’écroula et tomba à pic dans la rivière avec son sourire illuminé et ses yeux plein d’étoiles.
Notre créature mi-femme mi-cheval fit alors la moue caractéristique du cheval-qui-réfléchit. [Célèbre moue que jme ferais un plaisir de te montrer par webcam moyennant finances]
Elle n’arrivait pas à cerner à quel genre de bestiole elle avait à faire. CA avait l’allure d’une enfant d’Homme (enfin, plutôt de femme, fatalement), les manières d’un néko attardé, l’odeur de la mort et CA se prenait pour une sirène, maintenant.
Qu’était-ce donc, nom d’un hongre ?!

Katell connaissait du monde, tout ce qui se passait sur Rosyel finissait par atteindre ses oreilles, elle qui guettait sans cesse la nouveauté et l’aventure. Oui elle connaissait beaucoup de gens, des gens de Haut-Rang, entre autres. Mais jamais elle n’avait ne serait-ce qu’aperçu Rana. Intriguée et un peu angoissée, elle se pencha jusqu'à avoir la tête sous l’eau et regarda Rana quelques secondes pour se refaire une image plus récente de la créature. Ca l’aiderait dans ses reflexions. Après avoir pris un « cliché » de la petite en train de se noyer, elle « remonta » la tête à la surface et s’ébroua. Perdue dans ses réflexions elle lâcha un crottin qui continua à flotter, ballotée par le courant. Il irait se perdre en aval.

Elle finit par réaliser que le temps passait et que la ptite pouliche étrangère ne remontait pas.
N’écoutant que son courage (et sa conscience, surtout), Katell allait se pencher pour essayer de retrouver le corps de l’enfant et le ramener à la surface, quand celui-ci emmergea violemment de l’eau, faisant tressaillir la jeune centaure et lui arrachant un hennissement surpris [que je m’abstiendrais de vouloir écrire en onomatopée. Nous nous comprenons.] et un deuxième crottin.(C’est le stress).

Les naseaux écarquillés et les yeux grands ouverts, Katell attendit. L’enfant ne disait rien, restant immobile (autant qu’elle pouvait avec le courant de la rivière) et ne pipant mot. La centaure n’avait pas l’intention de prendre la parole en premier. Elle se contenta de renâcler un peu en avançant d’un pas vers la petite, qui finit par s’exprimer en déclarant, d’une voix enfantine accompagnée d’une haleine chargée qu’elle s’intitulait Rána aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa.

Katell retint le rire qui tentait de sortir de sa gorge [mais ne put retenir quelques postillons et un pouffage étrange] et se contenta de laisser un large sourire s’épanouir sur son visage. Elle pris alors la chose à bout de bras, supposant qu’elle n’était pas vraiment en état de marcher, et la maitint en l’air, tel Rafiki tenant Simba lors de son premier jour. Elle la trimballa ainsi jusqu'à la rive, 2 mètres soixante plus loin, et la lâcha sur le sol sans grand ménagement, car Katell n’était guère réputée pour sa délicatesse x)


« Et bien Rana, je suis Enchantée. »

répondit-elle avec un sourire dévoilant sa blanche dentition.

Un rayon de soleil perça la voute des arbres qui abritait la rive et fit briller Katell de mille feux, éblouissant une panthère non loin qui loupa son colibri et alla se planter dans un énorme chêne centenaire, s’occasionnant une fracture du crâne. Le colibri ramassa la loupe au cas ou il aurait besoin de faire du feu par la suite, ou de fumer des pipes en terre déclara « Panthère 0 – Colibri 1. Colibri Rocks. ». Puis il alla à reculons jusqu'à sa fleur d’ibiscus la plus proche, où il se fit gober par une vile créature malfaisante mangeuse de ptit zozios : un chat sauvage. "Chat sauvage 1 – Colibri 0. Les chats assurent" miaula t-il avant de se lécher goulument les babines.

Mais revenons en à nos protagonistes initiaux.
Katell venait d’ajouter d’une voix joyeuse bourrée d'enthousiasme, tout en tournant sur elle-même pour se faire admirer (je sais pas si vous avez déjà vu un centaure tourner sur lui-même mais c’est très dangereux et ca prend du temps x)


« Et moi c’est Katell ! Bon dis moi d’où tu viens, petite ? je t’ai jamais vu par ici! »

Tout en gardant un œil sur sa nouvelle coupine, la centaure en jeta un au fond de sa besace, en quête d’un truc a grailler. Elle avait presque épuisé ses stocks de nourriture et allait bientôt devoir retourner a la cueillette, réalisa son estomac.
Alors elle sortit une bouteille d’eau-de-vie de poires faite maison (l’eau-de-vie, pas les poires).
Elle adorait ça. (Les poires.)
Alors elle en but une gorgée. (de l’eau de vie). Parcequ'elle adorait ça.
Elle n’en proposa pas à la petite qui avait déjà l’air un peu partie et qui semblait bien jeune pour boire ce genre de boissons trop sucrées pour elle u_u

« Quoi quoi ? Aujourd’hui sur Yelli le soleil Brille brille BRIIIILLE ! Cependant gare aux petits nuages annonciateurs de rafraichissement. Dans l’après-midi le ciel sera clair car le vent l’emporteraaaa et la température remontera. Pas de vagueuh pas de vagueuh… »

L’affrabuleuse comptine qui s’échappait d’un chêne fit une pause, et on entendit un crissement de branchounette à l’agonie. Sur son arbre, une goule se redressa, aspirant tout l’air de l’atmosphère à pleins poumons avant de le recracher en diffamation à tout son répertoire musical en si bémol majeur :

*sur l’air de Mexico*

« MétéooOo… MétEéEéOOoOOooo »

Et dans la rupture d’anévrisme des tympans de la forêt, le silence fut troublé par le craquement soudain de son perchoir et sa chute lourde dans la terre. C’est alors que quiconque n’avait pas succombé à ce funèbre éloge aurait pu constater qu’il s’agissait en fait d’un perroquet fort crasseux qui suintait l’hydromel croupi et la fiente. Heureusement pour lui, il avait le bec bouché, malheureusement pour les autres sa voix n’en était que plus nasillarde. Il se dégagea d’une racine tant bien que mal, tituba sur ses pattes, fit rouler ses yeux à la recherche de ses orbites, et toussota. Rien de cassé. Avec une force fébrile, il tenta de décoller les plumes de ses ailes à celles de son ventre et s’en arracha quelques unes avant de pouvoir écarter ses élytres. Il fit quelques essais de battement avant de prendre un envol titubant vers une branche plus épaisse, dont la vue plongeait sur la croupe sexy d’une centaure à l’heure du bain. Vue panoramique, donc.

« Hey, Katell mon amie ! »

Lança-t-il d’une voix éraillée. Car il connaissait tout le monde, mais personne ne le voulait le connaître. C’est pourquoi elle ne lui répondit pas. Une chenille passait par là au même moment, et il se mit en quête de l’attraper avec ses trois doigts mal dégourdis emmêlés de on-ne-savait-quelle-substance-mais-il-valait-mieux-ne-pas-y-toucher. Le temps qu’elle se transforme en papillon, il avait déjà chuté deux fois et sué toute sa salive (effet luisant provoqué par des coulures de bave sur son plumage durant l’effort intense qui l’empêche de fermer le bec, mais le rafraichit fort bien). Il revint donc à son belvédère et constata que l’albinos centaure avait trouvé de la compagnie. Une alléchante bouteille de liqueur ! C’est alors qu’il fit un demi-tour sur lui-même, enfin sur la branche, non sans difficultés vous imaginez, avant de se laisser retomber par-dessous la branche, en y restant agrippé par les pattes. La position du chat perché.

Tendant ses ailes vers Katell, il supplia :

« Oh, de l’eau-de-vie de poires, j’adore ! En plus j’ai le gosier bien sec… »

Une ombre se faufile discrètement et dégaine sa super agrafeuse, pour accrocher ça:

Rána eut un long instant de flottement après avoir refait surface. Des voix parvinrent à ses oreilles, pêle-mêle, changeant constamment de vitesse et de fréquence.

« Et bien Rána, je suis enchantée et moi c'est Katell bon dis moi d'où tu viens petite je t'ai jamais vue par ici quoi quoi aujourd’hui sur Yelli le soleil Brille brille BRIIIILLE cependant gare aux petits nuages annonciateurs de rafraichissement dans l’après-midi le ciel sera clair car le vent l’emporteraaaa et la température remontera pas de vagueuh pas de vagueuh météooOo métEéEéOOoOOooo hey Katell mon amie oh de l’eau-de-vie de poires j’adore en plus j’ai le gosier bien sec. »

C'est cette étrange tirade qui lui fit prendre conscience que, décidément, quelque chose n'allait pas. Il fallait reprendre les choses en main. La petite fille rassembla toutes ses forces et se concentra pour se rappeler comment elle faisait pour parler. Elle se donna une claque. Alors, un mot s'échappa de sa bouche :

« Hey ! »

Oui, c'était ça ! Elle devait continuer sur sa lancée ! S'assénant un violent soufflet sur la joue gauche, elle sentit l'inspiration affluer.

« Parce que faire le mal, ça fait du bien ! »

Béate, la jeune fille éclata de rire. Assoiffée de parole, elle se tapa la tête contre le bouclier et s'écria :

« Oooh ! Je viens d'un pont près d'une fontaine où des gens sur des chevaux à bascule mangent des gâteaux à la guimauve. Dans la cour, les troncs d’arbres font comme des corps décharnés. Y’a un peu de soleil qui perce, c’est joli, ça dessine une tâche blanche sur le goudron éclaté... J’ai envie d’une madeleine ! Y’a une odeur de serviette mouillée... Une odeur... de brûlé... persistante ! »

La gamine bondit hors de l'eau pour aller s'asseoir en tailleur sur son bouclier et redevint silencieuse. Elle fit le point. Bon. Okay. Elle rouvrit les yeux et vit un perroquet coloré. Elle aimait les oiseaux. Elle tendit un doigt vers le petit animal et l'appela en émettant un bruit de bouche :

« Mvzzui ! Mvzzui ! Vient là, petit perroquet. »