Où suis-je ? Je ne sens plus la puanteur du port, les relents des égouts, je ne sens plus le vent contre ma peau. Où suis-je ? La mer ne fait plus de bruit, les ordures me servant d'oreiller ainsi que de matelas ont disparues, ne restant que le sol dur et froid. Où suis-je ? Je ne peux rien voir, un noir insondable me rend aveugle. Je me lève doucement, j'ai l'impression d'être nu, laissant à des observateurs invisibles tout le loisir de me détailler, de chercher la moindre petite cicatrice sur mon corps, le moindre défaut. Cette sensation est dérangeante, je suis de plus en plus stresser. Ma gorge laisse échapper un râle que nul ne pourrait entendre à cause de mon handicap.
A peine ai-je fait quelques pas qu'une vive lumière apparait, elle semble venir de nul part et de partout à la fois. Je porte mes mains à mes yeux pour éviter d'être éblouis, enfin je peux détailler la pièce dans laquelle je me trouve. Je suis entouré de quatre murs rouges sangs couvert de photo, le plafond, également rouge, semble être à des kilomètres du sol. Je m'approche d'une des photos et la décroche délicatement du mur, un hurlement muet sort de ma bouche tandis que je lâche l'image, elle me représente, moi, enfin je crois ! Je la ramasse lentement et la détaille plus longuement. Dessus est représenté un enfant à la peau extrêmement blanche, un blanc pur, il à une expression triste sur le visage, autour de lui ce trouve des dizaines d'enfant le pointant du doigt et le raillant.
J'attrape une nouvelle photo, une expression d'horreur sur mon visage, une autre photo de moi ! Qui avait put faire ça ? Qui était assez cinglé pour faire ça ? Qui m'avait suivi durant toutes ces années ? Sur la nouvelle photo j'étais représenté plus vieux, des tatouages ressemblant à des vagues de larmes noires étaient poussés sous mes yeux, mes lèvres aussi étaient noires, une jeune femme se serrait contre moi. En la voyant mon cœur se serra tandis que des taches humides se déposèrent sur le clichés, mes joues étaient désormais trempées, mon esprit semblant lointain, perdu dans ce qui fut peut être l'unique période heureuse de ma misérable vie.
Je secoue la tête, tachant d'éloigner toutes pensées négatives de mon esprit, je me tourne vers un miroir, en voyant mon reflet je suis submergé par l'horreur, ce n'est pas moi, c'est l'autre ! Il est là ! Avec son nez rouge et son expression joyeuse, cet enfoiré qui partage mon corps ! Celui qui a la même peau blanche, celui qui est heureux de voire souffrir les gens, de sentir du sang coulé sur ses mains, le clown !
A peine ai-je cligné des yeux que le reflet a disparut, ne laissant que mon reflet pathétique, j'ai maintenant l'occasion de m'observer, ma peau est toujours aussi blanche, pur, sans défaut ni grain de beauté, mes lèvres toujours aussi noires, mes tatouages sont toujours en places eux aussi. Je porte mon éternel chemise noir à bouton et col blanc, ainsi qu'un pantalon en toile noire, des chaussures blanches et un haut de forme noir.
Je n'ai plus qu'à attendre que quelqu'un vienne me chercher, avec toujours cette sensation d'être observé...