Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Autopsie d'un cinglé

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Isaak Van Eyre
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Isaak Van Eyre

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MessageSujet: Autopsie d'un cinglé   Autopsie d'un cinglé EmptyJeu 13 Jan 2011, 02:05

    # Une curieuse mélopée entêtante...

    » Et vos regards seront éblouis d'un prodige capable d'ébranler l'incrédulité de Lucifer. «

    Il y a de ces hommes qui s’éveillent dans le Noir, ce chacal sournois qui attend l’heure du trépas en se pourléchant les babines, d’autres, les excentriques, préfèrent le Rouge au réveil. Oh oui, Isaak, savoure le Rouge, qu’il déteigne sur ta poitrine, qu’il recouvre tes yeux de son filtre sanglant.


    Tout a revêtu les contours d’un songe, l’insaisissable paresse de la conscience endormie. La vision en est toute faussée, floue, bafouée. Tes yeux osent te piquer, ce pigment carmin ose t’agresser. Tu écoutes l’écho de ton cœur s’ébattre dans le silence. Es-tu seulement vivant ? Tu doutes. Tu sais que tu n’es pas là, ou pas vraiment, juste de passage. Ou tu tentes de croire qu’il ne s’agit là que d’une grotesque mascarade. On te joue des tours, ne te laisse pas abuser. Ce corps, affublé d’une blouse blanche de scientiste véreux, un uniforme pour petits bouffons du roi Odd Gabriel, n’est pas le tien. Tu hésites. Tu te connais. Tu as l’air vrai. Il n’y a rien de toi là-dessous, pourtant. Des détails te gênent. Rien ne t’appartient vraiment dans ce monde gisant, en apesanteur. Mais à partir du moment où tu as décidé que tu n’existes pas en chair et en os, tu cesses de te questionner sur le pourquoi du comment. Tu attends, tu observes encore et encore. Certaines choses te dépassent et je sens ton irritation poindre. Le nerf sur ton large front palpite d’incompréhension mêlée à l’impuissance de ne pas pouvoir palier à ce déficit intellectuel. Non, non, tu ne peux pas tout saisir avec ton esprit retors. A ton tour d’être le cobaye, à ton tour d’incarner le sujet expérimental.

    Aujourd’hui tu subis, hier tu faisais subir et…demain ?
    Demain est un autre jour, mon ami.


    Notre sujet parcourt de long en large la salle dans laquelle il a atterri (Dieu sait comment) selon une rigueur mathématique et un ordre méticuleux et avec ce pas martial, discipliné, les mains sagement placées dans le dos. D’abord ceci, après cela. S’il avait été dans un musée ordinaire, il aurait agi de même, suivant une ligne directrice, sans divaguer ici ou là, sans flâner dans les allées et les galeries, en suivant les flèches scrupuleusement, comme un automate.

    Si tout lui semblait insolite en ce moment, il comprendrait bien assez tôt de quoi retournait la visite et son enjeu.

    Isaak Van Eyre se débarrassa nonchalamment de la blouse qu’il portait, il la plia soigneusement et la déposa dans un coin. Il n’avait pas pour habitude de se vêtir de cette vieille guenille qui lui imposait obligatoirement un statut parmi une caste d’intellos aux lunettes corrigeant une myopie persistante. Cela n’était pas pour lui. Il était le rare scientiste à ne pas porter le déguisement de lutin. C’était un marginal dans un genre bien particulier. Il n’avait, en outre, pas besoin d’un garde du corps collé à ses basques lors de ses déplacements, car il savait se défendre seul. C’était un électron libre dans la limite du possible. On ne pouvait guère le contraindre, c’était déjà trop tard pour ça.

    Sa chemise blanche impeccable et son pantalon lissé lui conféraient une douloureuse austérité qu'on aurait voulu faire chanceler par quelque pitrerie. Imposant et haut de taille, il appréciait infliger à autrui l’effort de lever les yeux. Cela le valorisait, il se sentait ainsi supérieur. D’ailleurs, son regard acéré vous faisait le même effet qu’un scanner. Ses pupilles bleu-vert de faucon vous scrutaient à la manière d’une pointe d’un rasoir explorant une plaie béante. Vous n’échappiez pas à ses radars, jamais. Il ne ratait aucun détail ; un pantalon rapiécé en divers endroits, une cicatrice sur un doigt, un tic, un lapsus, des rougeurs inopinées aux joues, des traces de boue essuyées maladroitement sur la chaussure…Vous étiez rapidement catalogués, jugés, pesés et condamnés.

    L’être à angles droits passa en revue les clichés et les miroirs, son image était éteinte, presque ternie par un temps inconnu. Il manquait des photos en de nombreux emplacements, car on voyait encore la marque plus claire qu’elles avaient laissée avant de s’échouer au sol vulgairement. Intrigué, mais sans le laisser paraître, ses traits émaciés restant de marbre, Isaak se pencha et ramassa au hasard l’un des rectangles épars. Il retourna la feuille plastifiée et découvrit…le néant. Cette photo était vide. Pris d’une panique toute relative, l’homme, dont le menton trembla d’une infime secousse confuse, saisit précipitamment un à un les clichés éparpillés et ne trouva rien de concluant. Pas de visage, pas de scène, pas d’histoire. Rien. Comme s’il n’avait jamais existé. Le patient, les sourcils froncés, ne comprenait pas, ne concevait pas qu’on puisse attenter à son image si absolument parfaite…(ce qu’il ne manqua pas de vérifier par un léger coup d’œil dans un miroir qui lui faisait face). Qui avait saccagé de si belles œuvres de lui-même ? Son ego ne s’en remettait pas. Un coup de vent semblait avoir balayé les feuillets, des cases demeuraient éternellement dépouillées de leurs âmes. Isaak déduisit rapidement qu’il manquait une bonne période de son enfance. Des clichés avaient presque perdu toute couleur et toute saveur d’antan, ils s’effaçaient, faisant songer à la mémoire qui s’amenuise avec les ans. Qui diminue, qui diminue, jusqu’à devenir un abîme impénétrable.

    Anéantissement…Dévastation…Naufrage.

    …La vérité qui dérange…
    Une tête brune apparaissait de temps en temps, la mine renfrognée, le solitaire né. Il avait un regard d’une telle intensité, qu’on le croyait capable de plonger au cœur de vous-même, vous disséquant l’esprit sans aucune pitié. On l’observait, concentré sur un oiseau par terre, à demi-mort. Celui-ci bougeait à peine, on aurait dit qu’il appelait à l’aide. Le jeune garçon qui le surplombait le contemplait d’un œil fasciné. Il avait la Mort en face pour la première fois de sa vie et il prenait un vilain plaisir à achever son travail bien entamé. Une dizaine d'images reprenaient par étapes chacun des mouvements exécutés avec impassibilité, tel le maestro donnant ses coups d'archet sans la moindre hésitation ; comment il prit la bête délicatement, l’écrasa lentement, fit craquer les os de sa petite tête sotte qui dodelina, inerte, dans ses mains de bourreau.

    La Mort était son amie.

    Et devint son métier…
    Genèse d'un monstre.

    Un adolescent, torse nu, fier comme un coq, portant à bout de bras une mitraillette aussi brillante que son sourire joyeux, était planté dans un décor nouveau, en plein air. La photo suivante le montrait assis dans un labo où il s’appliquait à mélanger des produits chimiques de toutes sortes afin de mettre au point une potion de son cru. Peut-être la création d’un acide capable de faire fondre en un instant le béton armé…?
    On l’apercevait plus tard, après une ellipse d’au moins dix ans, dans un smoking noir élégant, une coupe à la main et entouré de femmes qui riaient en sa compagnie. Était-ce un signe de sociabilité, voire de popularité mondaine ? Était-ce un faux charmant, un séducteur ?
    Tout était pourtant simulé. Il feignait d'être à l'aise, alors qu'il ne supportait pas ces pimbêches qui le reluquaient sans gêne et qui tournaient autour de lui en permanence à la manière des vautours sur leur proie à leur merci. Bien qu'il n'accordât aucune importance à ces gens, il avait des obligations, il se pliait aux règles de la société sans y adhérer. Il était au-delà de tout ce faste. Hors de toute convention.

    Notre sujet regardait ces doubles de lui-même avec une indifférence mesurée.


    Qui était véritablement cet homme ?

    Il paraissait aussi élégant que mystérieux. Une énigme insondable, une personnalité ambiguë, un faciès changeant. Il respirait le prédateur, sans morale ni loi. Il était doté de cette aura monstrueuse qui caractérisait ce genre d’hommes impitoyables, que toute fin justifiait les moyens. Sa lèvre frémit d’un mépris sourd-muet à la vue d’Hybris Odd Gabriel. Une femme insupportable qui lui faisait tant d’ombre. Une femme terriblement désirable au fond. Et il n’avait de cesse de se le reprocher chaque fois qu’il croisait son chemin. Il lui vouait une admiration en secret. Cela ne devait pas se savoir à la Firme. Il oscillait entre la honte qu’on découvre son intime inclination et la maladresse de l’homme qui n’avait jamais aimé complètement ou même partiellement un être de la force de ses petits atomes. C’est pourquoi il s’interdisait tout rapport direct ou indirect, tout fantasme ou pensée déplacée vis-à-vis d’Elle. Il devait l’exclure de sa vie. Il ne devait pas choisir d’aimer cette créature d’une beauté incomparable et d’un franc-parler déconcertant. Mais était-on seulement libre d’aimer ?

    Le fou eut envie d’arracher un à un les morceaux de pellicule restants par révolte ; tous ces débris, ces fragments, ces bouts de lui. Il n’aimait pas se voir décortiquer de cette manière crue, voire barbare. Il se retint de tout commentaire intérieur ou de geste impulsif. Il avait ses raisons. L’une d’elles était...

    Qu’il sentit une présence indécente.



Dernière édition par Isaak Van Eyre le Dim 03 Juil 2011, 20:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Autopsie d'un cinglé   Autopsie d'un cinglé EmptyVen 14 Jan 2011, 15:27

Autopsie d'un cinglé O_o-k-22059027e3


L'envie de meurtre se propage. J'ai faim, j'ai tellement faim! Je reste plaqué contre la paroi de mon miroir, comme derrière la vitrine d'une alléchante patisserie. Quoi que ma préférence va plutôt aux boucheries et leurs étalages, leurs abats si parfaitement tranchés.
Ahah, et ce grand nigot, tout imbu de lui-même, si calme, si plein de contrôle et de suffisance, il ne se rend même pas compte qu'il est comme un boeuf qu'on traine à l'abattoir. Un porc? Oui, peut-être un porc en fait.
Il ne sent même pas la panique de tout ceux qui sont passés ici, certains pareils à lui, naïfs, inconscients de leur avenir funèbre, d'autres au contraire totalement terrifiés par ce qui se présentait à eux. Plus je le regarde, et moins j'ai envie de le croquer, malgré mon appetit grandissant. Un être pareil, ça ne doit être que des nerfs, des nœuds, du cartilage. Rien de tendre, rien de savoureux et à vouloir goûter son cœur, on ne trouverait sans doute qu'une protubérance avariée. J'ai beau avoir faim, je ne me rabaisserais pas à rogner des os, tel un clébard ou une charogne. Je prefère attendre une fraiche et jolie jeune femme, ou un de ces grands hommes des montagnes, tout en viande musculeuse.

Les photos se détachent une à une, flottant étrangement, sans jamais chuter réellement. Elles se transforment en essaim, sans cesse grossissant, enflant jusqu'à occuper la salle entière d'un nuage iconographique. La tempête se lève, les feuillets gagnent en vitesse, tourbillonnent autour du pauvre diable au milieu de la salle. Les bords des feuilles viennent entailler sa peau de coupures ridicules. Ces quelques gouttes de sang suffisent à m'attiser. Mais je me contrôle, mieux que la ménagère et son régime weight watchers face à un paris-brest. Tout s'assombri au corps de l'ouragan de clichés...

Celui-ci, je préfère le laisser aux autres, aux suivantes, qu'elles le dévorent si elles en veulent. Mais bonne chance pour percer le cuir...



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Isaak Van Eyre
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Isaak Van Eyre

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MessageSujet: Re: Autopsie d'un cinglé   Autopsie d'un cinglé EmptyMer 23 Mar 2011, 23:42

    ~ Le jugement dernier

    Découvrez la playlist Into the fire avec Thirteen Senses

    Prenait-il ses désirs pour des réalités ?
    Les photos se détachèrent d’elles-mêmes, comme s’il les eût soumises à sa volonté – oh belle illusion...Des oiseaux de papier tranchants comme des couteaux l’entourèrent, lui brouillant la vue. Ils l’emportèrent dans un maelström qui l'étourdit au point même d'oublier l’observateur impudique qui avait heurté son sixième sens et provoqué vraisemblablement ce déchaînement des passions. Les moucherons le piquèrent ça et là, griffant, écorchant son visage éternellement figé dans une espèce de colère sourde et la peau de ses mains osseuses qui repoussaient les bestioles frétillantes tant bien que mal. L’épiderme de son cou fut également victime d’une multitude d’éraflures qui firent cependant à peine couler le sang.

    Rouge trempa fièvreusement ses lèvres carmines dans le goudron et la suie.
    Rouge séducteur & Noir tentateur. Face à face. Deux semblables qui se reconnaissent...
    La transition était prévisible, rejeton des deux empires.

    L'enfer c'est la haine qui luit dans ton œil…
    On dit que la Haine et l’Amour n’ont que l’Amer pour partage, car la Haine se nourrit de tout, elle absorbe le cosmos, elle puise dans tes peurs et elle fait un malheur.
    On ne lutte pas, on s’abandonne.
    L’obscure délétère s'insinua dans les veines de notre homme. Celui-ci se défonce volontairement au vice, se shoote à la cruauté et se dope à la duplicité. Notre compagnon d’infortune n’a rien de ce qu'on appelle communément un sain d'esprit.

    Un claquement de doigts. Et hop ! Plus de lumière, pas même de pénombre.

      En effet, la plus haute et la plus grande des instances en a décidé ainsi...

    Il n’émit pas même une plainte ni un cri de surprise ou d’effroi lorsqu’il sentit son centre de gravité s’inverser, tournoyer et puis chuter. Il semblait pouvoir tout supporter ; l'intolérable n'avait pas d'emprise sur lui. Qu'est-ce qui pouvait bien l'ébranler au plus profond de son être ? Qu'est-ce qui pouvait lui tirer rien qu'un sourire sincère ? Tout est faux faux faux. Il avait vu la nuit au bout du tunnel sans la moindre émotion s'imprégnant sur sa figure en clair-obscur. Il s’était laissé happer par sa propre nature coupable, Monseigneur. Coupable ! J'argue que cet être a les mains sales, c’est un impur, un mammifère abject. Il mérite un procès. Qu’il comparaisse devant la Cour !

    Pourquoi ces voix cinglantes et insultantes autour de lui à donner la migraine et le vertige ? Qu’est-ce qu’elles gémissaient, les abruties ? Fermait-il toujours les yeux pour qu’il n’y ait que ténèbres devant lui ?

    Une voix caverneuse, un timbre grave et guttural :

    ‘Isaak Van Eyre ?’
    Hochement de tête affirmatif.
    ‘Vous êtes accusé de…crime contre l’humanité.
    Rejetez-vous ou confirmez-vous l’accusation ?’

    ‘Je la conteste, votre Honneur.’
    ‘Vous allez être soumis à un interrogatoire.
    Vous devez prêter serment ; jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité ?’

    ‘Je le jure.’
    ...ça restait encore à prouver.
    Il se mentait souvent à lui-même, c'est pour dire !

    Les Voix s'exécutèrent.

    Tu.eur..men.teur..mé.chant..sans..coeur..ni..loi..in.fâ.me..bel.li.queux
    .in.sen.sible..exé.cra.ble..ty.ran..es.croc..vi.lain..mau.dit.
    Le scientiste resta de marbre, affrontant la clameur du néant sans mot dire. Il croisa les bras pour signifier l'ennui mortel qu'on lui infligeait. Ne croyez pas qu'une parole pût seulement l'affecter, il n'y avait rien d'inchangé dans son attitude placide, légèrement désinvolte et maître de lui-même.
    Un soupir las vint ponctuer les propos décousus du Choeur qui se tut.

    ‘C'est bon, vous avez fini ? Sont-ce vos seules réclamations ? J'avais le choix dites-vous ?’
    Rire laconique.
    ‘C'est si facile de parler lorsqu'on ne sait pas. J'ai été déterminé à la naissance, le saviez-vous ? Aussi aisément qu'on programme un logiciel informatique. Si j'ai l'esprit aussi borné et analyste, c'est qu'on l'a assujetti, conditionné sans demander mon avis.’
    Un temps.
    ‘Pourquoi tuer lorsqu'on peut sauver, Monsieur Van Eyre ?’
    ‘C'est...plus rentable, peut-être. Enfin, je tue avant qu'on ne me tue en général. C'est simple. C'est humain. Vous me pardonnerez sans doute d'avoir un instinct de survie.’
    ‘Pourquoi haïr lorsqu'on peut aimer ?’
    ‘A défaut de savoir...’
    Avait-on déjà serré cet enfant fragile dans ses bras ? Assurément pas.
    Aucune mère digne de ce nom n'aurait pu avoir un élan de sympathie pour ce beau Diable.
    ‘Pourquoi s'enchaîner lorsqu'on peut se libérer ?’
    ‘Libérer c'est ne pas contrôler. Libérer c'est la porte ouverte aux erreurs de calculs, tout simplement.’
    ‘Pourquoi préférer la guerre à la paix ?’
    ‘Au moins, on ne s'ennuie pas. La passivité et l'indolence me répugnent.’
    ‘Pourquoi choisir le mensonge à la vérité ?’
    ‘Vous voulez vraiment le savoir ?’
    ‘Pourquoi adopter le silence à la confession ?’
    ‘Je ne vois vraiment pas de quoi vous voulez parler...Non, vraiment !’
    ‘Pourquoi jalouser au lieu de se réjouir ?’
    ‘Je ne cherche pas à flatter l'ego de quiconque.’
    Enfin, il consentit à abdiquer, non pas parce qu'il était au pied du mur, mais parce que cela ne finirait jamais.
    Il fallait mettre un terme à ce débat stupide.
    ‘Mais pour vous faire plaisir, je ne nierai pas mes soi-disants crimes.
    A quoi bon ? Il y a toujours un bon et un méchant dans l'histoire...’

    Oh l'insolent ! Le mauvais garçon !
    Balançons lui ses quatre vérités. Mais qu'il se taise !

    ‘Tu ne connais pas la douce caresse d'un amour de Printemps, tu es bourré de connaissances, mais les choses simples, les choses de la vie, tu les ignores totalement et tu évolues dans un monde brut, à ton image. Il n'y a rien de tendre dans ton âme. Aucun sentiment ne t'effleure. Tu es froid, une pierre en acier rouillé. Tu n'es qu'une chair avariée qui survit, on ne sait guère. Tu es né avec la ferme résolution de surpasser tous les autres, ceux qui t'ont opprimés, ceux qui ne reconnaissent pas le génie en toi. Qui voudrait d'un être excité par une telle ambition ? Mon pauvre, je te plains. Je comprends aisément pourquoi Elle ne s'intéresse pas à toi. Au fond, tu n'es qu'un raté. Tu n'es qu'une vieille charogne qui se cache derrière sa perversion. Une carcasse en décomposition qui s'arme de haine car il ne lui reste que ça pour se fabriquer une contenance acceptable. Tu t'enivres d'orgueil et de jalousie...mais cela ne te mène nulle part. Tu éructes seul dans le noir, mais tu es incapable de dépasser ces bassesses de gamin. Tu as beau râler, soupirer dans ton coin, on ne t'entend pas, t'es invisible aux yeux des autres. Personne ne s'intéresse à tes plaintes, mon grand. Que tu es ennuyeux...que tu es pathétique, que tu es rabat-joie, tu me fais pitié, Isaak. Tu te protèges derrière une vitre, un tube à essai. En attendant, tu es toujours seul...définitivement et inexorablement seul avec toi-même.

    Inhumain.’


    Silence.
    Les paroles scandées, imitant la pulsion d'un homme cardiaque, se perdent.
    Nous avons enfin atteint notre but : touché coulé.
    Qui ne dit mot consent.

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MessageSujet: Re: Autopsie d'un cinglé   Autopsie d'un cinglé EmptyJeu 24 Mar 2011, 00:23

Autopsie d'un cinglé Lvres2db7

Nous aimons les oppresser, les piétiner, les faire se recroqueviller contre la paroi dans un réflexe enfantin.
Mais celui-ci à la bravoure du lion orgueilleux cerné par le feu.
Il se bat jusqu’au bout, totalement impuissant, mais fier et enragé, insoumis.
Au début nous sommes surprises par cette maîtrise de soi que notre victime semble avoir.
Nous reconnaissons là la marque de ceux qui se croient forts, les puissants de ce monde où nous n’avons pas de place.
Nous n’aimons pas les orgueilleux qui tiennent tête, nous préférons les soumis aux oreilles tendues à l’écoute de leurs fautes, terrorisés.
Celui-ci aura aimé partager ses fautes avec nous, comme si cela l'amusait.
Mais nous avons fini par le calmer, ce fauve. Il nous a provoqué, sur de gagner encore cette bataille, mais l’adversaire du jour était trop fort.
Étranger dans le royaume des ombres, qui se sera battu en vain pour finalement se soumettre, perdant son sourire en se sentant percé à jour.
Car ça y est, nous savons. Nous avons révélé la pierre froide qui compose son être tourmenté. Il s’est vue mis à nue et n’a rien pu faire.
Nous savons tout a présent de ce concentré de glace empoisonnée et de haine.

Ah, nous aurions aimé le garder encore, mais le choix ne nous est pas proposé.
Alors dans un petit ricanement, nous retournons dans nos limbes, en attente du prochain.
Auparavant nous laissons tomber la Clé sur le sol de la pièce…qui est soudain envahi de lumière, révélant le Passage…


Autopsie d'un cinglé Clnoireyv6
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