"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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Le Parjure
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| Sujet: Le récit d'un parjure Sam 26 Jan 2008, 17:22 | |
| Les grandes geôles de Ghurol renfermaient des créatures plus ou moins dangereuses venant des quatre coins du monde. Que faisaient-ils ici au juste ? Nul ne le savait précisément. On supposait qu’ils expiaient les crimes de leur passé. Pouvaient-ils être traités d’innocents ? Non, il n’y avait guère de place pour ce genre de titre qui paraissait bien trop insolite pour ce milieu où la vie s’échappait à petit feu. Les mouvements étaient lents, monotones, comme figés. Ici, tout était hors du temps, hors du vent. Ni maître, ni véritable esclave. Seulement une garde solide et impénétrable. Les prisonniers régnaient néanmoins sur leur sort décidé à l’avance, depuis les anciennes écritures. On ne leur promettait plus rien car ils avaient définitivement perdu la Foi et l’espoir. Seul le rêve les tenait encore éveillé, d’une activité qu’il valait mieux taire. Ces grilles de fer regorgeaient d’êtres en décomposition et quand bien même elles furent un jour hommes, on ne les reconnaissait plus. Ils se fondaient dans l’ombre de leur cellule suintant d’humidité mais aussi de mort, un parfum devenu tellement courant pour ces victimes de l’isolement. Ils affichaient tous cet air hagard et perdu dans leurs songes, si parfaitement conscient de leur fin.
Ces infamies, écoeurées par le compte à rebours au-dessus de leur tête, telle une épée de Damoclès prête à les empaler, faisaient de leur mieux pour s’éloigner de leur destin, sur une mer égarée, égarées dans un monde qu’elles seules redoutaient vraiment. Tout avait sombré le jour où ces « personnes » avaient mis les pieds dans cet endroit, véritable tombeau géant.
Pourtant, un jeune être se débattait malgré tout, cherchant à s’arracher à ses chaînes d’Andromède. Notre protagoniste se nommait Edward Gladstone. Et rien ne réussirait à stopper la force de sa Volonté. Il sortirait de nuit et retrouverait sa liberté. Celle qui le suivait depuis sa naissance. Il sentirait à nouveau le sang, délicieux met pour ce vampire assoiffé contre son gré. Les pupilles écarlates, il grattait continuellement le sol de sa cellule, comme s’il pouvait creuser un tunnel. Tous ses efforts étaient cependant voués à l’échec le plus complet. Qu’importe, il trouverait bientôt une autre manière de s’évader de ce trou minable et pestilentiel. Ah ! Si seulement il pouvait rassembler ses forces !
Être subliminal, fils de la nature, aux éclats marmoréens à l’image de sa mère, la Lune ; Edward montrait son essence immarcescible à ses voisins qu’il démolissait à la première insolence. Il les condamnait lui-même afin de contribuer à sa survie qui reposait sur quelques gouttes de sang...et il attendait impatiemment son heure qui viendrait, il en était convaincu. Ce jour-là de son éternelle souffrance, on avait enfin compris qu’il n’abandonnerait pas, pas maintenant. C’était trop tôt pour lui. En conséquence, on lui avait retiré ses vivres, son unique approvisionnement ! Malheur et damnation !
Bien qu’il avait mené un combat acharné contre ses colocataires, aucune trace de sueur ne se reflétait sur sa peau. Le jeune Gladstone avait encore quelques ressources...inespérées. Pour exister, notre vampire avait besoin d’hémoglobine et non l’envie qu’avait l’ensemble de ses congénères. Cela le répugnait même. Il n’avait plus de lien avec son peuple qui l’avait renié et banni en ces lieux désolés. Edward refusait de procréer, et alors ? Alors ? Il mourrait de soif. Le néophyte rechignait à se nourrir, il n’avait jamais décidé de devenir ce qu’il était : un monstre qui poursuivait des buts incertains. De survie peut-être...Un sale buveur de sang qui se laissait trop facilement tenté par ses instincts. Le vampire haïssait le côté incontrôlable de son espèce. La part d’humain qui lui restait s’entêtait à le gouverner, à lui insuffler des valeurs humanitaires, à lui dicter sa conduite.
Ses mains cessèrent enfin d’égratigner le sol. Edward voulut fermer les yeux mais tout ici le retenait dans le monde vivant. Le bruit des condamnés, leur mélopée enivrante et malsaine, les vagues se jetant à la rencontre des rochers de l’île... Des cernes agaçaient ses yeux d’ordinaire couleur terre, parfois saupoudrés d’étincelles dorées comme le miel. Ils brûlaient d’une substance irrésistible pour les Humains. En ce moment, toutefois, ses pupilles étaient savamment contaminées d’un bordeaux aussi moisi qu’un vieux vin. Son dernier combat contre l’Homme l’avait contre toute attente épuisé. Il en ressortait indemne mais l’autre...il s’était bien battu, robuste jusqu’au bout...paix à son âme désormais éteinte. Sa mort aura au moins servi une autre vie. Bref, l’humain avait compris qu’il se trouvait en tête-à-tête avec un vampire, en manque de surcroît. Il n’avait pas hésité et avait engagé les hostilités en premier au lieu d’attendre la nuit où ce vampire pourrait s’abreuver à sa source. Il s’était jeté sur le Sans Ombre, avait donné l’offensive. La meilleure défense est l’attaque. Il avait donc eu raison d’agir ainsi...pour un dernier combat de titans. A la manière de la petite chèvre de monsieur Seguin qui lutta contre le loup jusqu’à son dernier souffle, l’homme avait achevé sa tragédie. Ô souffrance, ô désespoir ! Edward Gladstone se souvenait vaguement qu’il avait été un jour élégant, promis à de grandes choses. Pour un vampire, il était jeune, un siècle seulement et il avait l’allure d’un jeune homme de dix-sept ans au teint pâle certes, mais à la figure parfaite, aux divines proportions. Il avait des sautes d’humeur et aimait courtiser les jeunes demoiselles. Il adorait se montrer aux humains malgré la menace qu’il représentait. Pourtant, il se lassait vite de son éternité. Il aurait tant voulu construire des projets...De nature ambitieuse, il désirait changer les mentalités de ceux qu’il maudissait intérieurement. Il en voulait à sa race d’accomplir ses méfaits et il se jura que, sorti de sa galère, il penserait aux siens et rallierait à sa cause le plus grand nombre de vampires qui songeaient comme lui à l’abolition du sang humain comme nourriture. Or, notre protagoniste n’était pas prêt de sortir, n’est-ce pas ? Patience... |
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Jeu 07 Fév 2008, 21:21 | |
| Un bruit de grincement plaintif se glissa parmi les autres dans la foule, le tintamarre de l'entrée des Gêoles. Aucun cliquetis de chaînes ni râles de mourants ne se tut pour lui laisser plus d'ampleur dans cette fosse de malheurs. Chacun avait sa place, chacun se l'était approprié sans trop de difficulté, à dire vrai. Tous ces râclements de métal rouillé et de gorges sèches, d'ongles déformés, composaient la mélodie de cet enfer. Une chansonette morbide, alanguissante, qui ne ferait que réveiller les morts si elle venait à se taire. Car le silence ici était terrible. Comment savoir si on était devenu sourd, si on était le dernier survivant, ou si on était le nouveau cadavre? Les escaliers crissèrent sous des griffes aux reflets terreux. Dans le petit éboulement des marches, un troll descendait lentement, de sa démarche pesante et malaisée. Lourdement, d'une main cahotant contre la paroi bosselée pour s'équilibrer. Quelle idée de les enterrer si profond si ce n'était pas pour les recouvrir de terre, alors que l'odeur se plaisait tant dans ce gouffre immonde qu'elle n'aurait pensé à subir moitié moins de marches pour s'exhaler plus haut. Enfin, arrivée en bas, la créature fit une pause pour s'habituer à cette charmante ambiance et commença à déambuler entre les cellules de ses hanches chaloupantes. La corne jaunie de son index se mit à chantonner un nouvel air en rayant les barreaux à son passage. Le troll regardait de ses yeux avides les moribonds étalés ci et là autour de lui, dans ces cages semblant pousser du sol. Oh pardon, d'elle, un délicat bracelet de phalanges ornait son poignet et sa pilosité faciale était quelque peu réduite. Dans son autre main se balançait un amas de fourrure inerte, qui fut probablement un Dori avant que la gardienne ne lui tombe dessus. Une de ces idiotes bestioles au museau applati et aux longs poils frisés, la langue pendante s'échappant sous une truffe rose. Jamais rencontré sur une île si accueillante, la créature avait dû amusé un moment les gardiens tandis que son maître entammait sa longue agonie ici bas, et puis, couic... Vraiment très couic.
La troll au regard de braise trouva enfin la cellule qu'elle cherchait et l'ouvrit sans ménagement pour balancer l'animal sur l'humanoïde semblant y dormir.
« Debout !»
Elle le vit lever la tête et eut la patience d'attendre qu'il inspecte le tas de poil. Apparemment ça devrait lui servir à vivre encore un peu pour atteindre le royaume des Succubes, mais il en ferait bien ce qu'il voudrait qu'elle s'en moquait. Sa paye pour le remonter la satisfaisait beaucoup plus que sa curiosité ne le pourrait. Avant que le vampire ne se relève elle se courba pour entrer dans l'enclos souillé et le câla sans effort sur son épaule avant d'effectuer le chemin inverse, ne le ménageant pas pendant la remontée.
Une fois là-haut, elle déposa le paquet devant l'incube costaud qui lui lançait des regards méfiants et lui réclama un petit supplément pour avoir dû porter. Tout était contexte à extorquer. Et avec une grimace le séduisant 'jeune' homme se plia à ses exigences avec un sac supplémentaire. Heureusement, il avait prévu le coup... Il ne valait mieux pas contrarier de tels guerriers. Bien qu'ils aient un point commun sur leurs goûts culinaires, leur entente n'avait jamais été... Il n'y avait jamais eu d'entente. Trop dangereux et pas suffisemment intelligents. Enrique secoua la tête de dégoût en regardant la troll s'éloigner et revint à son mouton.
« Dis-donc, t'es mignon toi! »
Il attrapa le menton du vampire et inclina sa tête à gauche, puis à droite, le dévisageant avec un sourire intéressé. Ses traits étaient tirés et malgré la saleté, très pâles. Sous les rayons de lune, ses yeux scintillaient d'une lumière rouge sombre peu vivace, pourtant un éclat très infime de vie ou de rage, ou des deux, y brillait encore.
« Si je veux te ramener vivant à la reine, j'ai pas intérêt à te fatiguer toi... » Une moue déçue remplaça son sourire aimable, tant pis.
« Tu peux marcher? » |
| | | Le Parjure
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Sam 16 Fév 2008, 21:26 | |
| Quelqu’un vient...Quelqu’un vient...qui ose troubler mon sommeil ?Les instincts du vampire étaient réceptifs à tous les bruits suspects, ici en l’occurrence des tintinnabulements de clés qui ouvrirent les portes de sa cellule. Une masse lui tomba dessus sans ménagement qu’il brisa d’une main habile. Et puis quoi encore ? Il ne se laissait sûrement pas marcher sur les pieds...Il sentit rapidement l’odeur du sang et ne résista pas malgré sa répugnance. Il tua l’animal de sang froid et après un furieux « debout ! » il tenta de se relever et d’apercevoir son sauveur parmi l’amas de poussière et d’obscurité, aussi épaisse qu’un nuage de pois. Le troll qui l’avait « délivré » de ses chaînes le portait désormais comme un sac à patates. On aura tout vu ! se dit-il entre deux secousses bien senties. Cependant, il fut rapidement conduit à ce qu’il appelait l’ « extérieur ». Et maintenant ?
Tout reposait apparemment sur un seul homme, enfin, rectification : un incube. Le jeune Gladstone fut surpris à la découverte de l’identité de son véritable sauveur. Il avait donc payé pour sa libération mais à quelle occasion ? Sa tête lui tournait sauvagement, toutefois, l’incube ne lui laissa pas une seconde de repos après cette sèche remontée des enfers. Quant au terme « mignon » qu’employa son interlocuteur, Edward leva les yeux au ciel. Décidément, il n’était pas encore sorti de l’auberge, que lui voulait ce démon ? Il sentit les doigts de la créature attraper son menton et son regard pesant, observant son captif. Apparemment, le vampire était à son goût... Des pupilles écarlates folles de frustration lui répondirent.
Le fatiguer, lui ? Il n’était donc pas au courant qu’un vampire était immortel et quasi inépuisable de surcroît ? Cette fois, Edward se sentit un peu hautain avec l’incube qu’il n’estimait pas franchement dans son cœur. Heureusement pour lui, son franc parler se tut. A contrecoeur cependant... L’avorton changea vite de position quand il vint sur le sujet de la reine...Oh non ! Pas elle ! Ce serpent vicieux s’occuperait de lui...et d’une façon telle qu’il pourrait bien se fatiguer. Il en avait la certitude...Pourtant, malgré son appréhension quant à cette rencontre prochaine, notre ami, dont les pensées tournoyaient sans interruption, se demanda pour quelle raison on le demandait...Lui.
Bref, l’incube se montra très aimable en se souciant de sa santé physique. C’était plutôt bon signe, n’est-ce pas ? Edward se doutait que c’était le genre de subterfuge pour l’amadouer et lui faire accepter tous les caprices d’une reine...pauvre esclave ! Marionnette étourdie ! Béotien...candide...Il pria en son for intérieur pour que cela ne soit qu’une rencontre de courtoisie...enfin, pour ça, il ne fallait guère y songer !
Notre protagoniste répliqua d’une voix enrouée qu’il se portait à merveille, merci bien puis il se mit enfin sur ses jambes qui reprirent du métier bien qu’elles eurent du mal à porter son poids pour les premiers pas. Un peu patraque, le vampire essaya de se montrer à son tour poli avec son hôte :« Où va-t-on si ce n’est pas indiscret ? » La réponse qu’il supposait ne tarderait pas à l’achever, autant que ce soit tout de suite et maintenant. |
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Dim 17 Fév 2008, 21:51 | |
| Les prunelles bleues de l'incube virent bien dans les rubis qui lui faisaient face tous le mépris que la bouche taisait à son égard. Oh, il n'y prêta pas attention, il était normal après tout pour un mâle de ce genre de renier tout ce à quoi il n'avait pas habitude de goûter. Les Vampires étaient si butés dans leurs régimes, sanglants et hétérosexuels... Dommage pour lui, il ne ressentirait jamais ce qui se nichait de plus intense bien au-delà de son bas-ventre. Et puis la reine lui avait promis une belle récompense pour exécuter ce boulot de troisième classe, bien qu'il fut plus agréable qu'il n'aurait pu. Enrique s'attendait plutôt à voir des traits tirés de maigreur et un nez aquilin, la soif de pouvoir marquant plus le visage encore que celle du sang. Cela aurait été plus logique de libérer un proche parent des tuteurs du Pacte de cette prison qu'un avorton tel que celui qui se remettait difficilement debout sous son nez. Qu'espérait-elle en tirer?
*La Reine a ses raisons que l'incube ne connaît pas...*
Il entamma la longue marche nocturne qui les attendait d'un pas enjoué, néanmoins lent, à présent que le jeune homme se tenait droit à ses côtés. Avec un peu de chance, il connaîtrait des chansons grivoises à partager, sinon... Le temps se montrerait long.
« Ne l'as-tu pas deviné? Tu me paraissait pourtant locace lorsque tu as suggéré de pouvoir aligner tes pieds tout seul. »
Il sourit, de ces lèvres sensuelles et charmeuses, et lui lança une oeillade curieuse.
« Chez la plus belle des démones. Sais-tu ce qu'elle te veut? Moi non... Je me nomme Enrique.» |
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Mar 26 Fév 2008, 12:28 | |
| Tout comme l’incube, le vampire ne cessait de se poser des questions auxquelles il n’avait aucun moyen d’y répondre. Il se traitait même de vampire mineur, traître à son rang...qui n’avait aucune raison valable de séjourner chez Elle...Quoiqu’il en soit, il se préparait psychologiquement à cette rencontre qui sous-entendait un amusement pour la reine et un calvaire pour lui. N’avait-Elle donc rien de mieux à proposer ? En tout cas, il craignait que mort s’ensuive après le « jeu » qu’ils engageraient ensemble. Et lui, quel comportement allait-il adopter ? Se laisserait-il faire à Sa guise ? Edward se faisait peut-être des illusions, se méfiait-il par plaisir ? Ses instincts lui disaient qu’il n’avait pas tort. Mais s’il se méprenait, c’était un bien meilleur sort qui l’attendait...Si seulement il savait lire dans les pensées, ça l’aiderait sûrement...
Le jeune Gladstone suivit son « compagnon », la mine sombre et légèrement usée par le temps si long qu’il avait passé dans les Geôles. Après tout, il s’en était finalement bien sorti même s’il courrait vers le diable en personne, il n’en avait cure. Il avait eu un sacré coup de chance et qu’importe ce qu’il adviendrait ensuite, il aviserait le moment venu, comme toujours dans ces situations impossibles, il garda un sang-froid remarquable... Lorsque son camarade répliqua enfin d’une manière qu’il jugeait un tantinet insolente, le vampire haussa les épaules, las de ces gamineries. Puis l’incube sourit et prit la peine de le dévisager curieusement...
Impassible, Edward répondit avec franchise :« Je n’en ai pas la moindre idée, je pensais (mal apparemment) que tu aurais éclairé ma lanterne...Bref, passons...On m’appelle Edward Gladstone. » Il se retint pour une fois de rajouter un « enchanté » car notre ami ne l’était pas suffisamment pour l’énoncer. Sa lèvre se crispa légèrement puis redevint calme et harmonieuse. Le buveur de sang croisa les bras et poursuivit sa marche, étirant la foulée afin de se tenir à la hauteur de son interlocuteur. Celui-ci n’avait d’ailleurs aucun intérêt apparent puisqu’il n’avait rien à lui apprendre sur les raisons qui poussaient la reine à le délivrer de son enfer. Au lieu de se confronter constamment à un mur de pierre, notre protagoniste interrompit sa mélopée intérieure qui répétait : « pourquoi, pourquoi... » et tenta de se dégager adroitement de ses angoisses. Il arrêta de réfléchir et essaya d’engager à nouveau la conversation...par pure obligation morale je souligne.« Je présume que tu vas beaucoup y gagner à achever ta mission...je me trompe ? » Edward se dit à l’instant même où il prononçait ces paroles courtoises que s’il réussissait à le corrompre, ne serait-ce qu’un peu, il ferait sans doute un allié et...Enfin quoi, il était bête et naïf ; qui oserait corrompre un démon ? Avait-on déjà vu faire une telle bêtise ? Ce n'était pas vraiment réel, n'est-ce pas ? Il cauchemardait encore enfermé dans sa cellule...Le vampire soupira, agacé par les événements qui lui tombaient sur la tête. |
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Jeu 06 Mar 2008, 21:50 | |
| « Edward Glastone... »
L'incube répéta ce nom dans un chuchotement, comme si ces sons pouvaient l'aider à deviner les sombres pensées de sa maîtresse. Etait-il afilié à une grande famille de vampires dont il ait entendu parler? Avait-il put séduire une soeur ou une cousine, peut-être une tante? Non, non, cette espèce laissait aux incubes des marques amères sur leurs corps sublimes difficiles à effacer. La reine se moquait bien de leur sort tant qu'ils satisfaisaient les exigences de ces êtres froids assoifés de sang. Le Pacte en décidait ainsi. Et Enrique, tout comme ses frères, n'avait pas l'honneur de connaître quels bénéfices gagnait sa race en échange. Ils savaient simplement tous que cela leur profitait aussi tous les jours. On ne se rend compte de la valeur d'une chose qu'une fois qu'elle est perdue, n'est-ce pas?
Pendant sa réflexion mine de rien, le séducteur forçait l'allure doucement, jetant des regards de côté au faiblard qu'il traînait. Si cela le génait, il serrait bien les dents. Enrique était déçu de ne pouvoir l'aider, le toucher. Cependant, tandis qu'il ruminait en silence sur le fait de ne pas pouvoir ne serait-ce qu'en profiter un peu, sa chaleur naturelle se ranima sous le relancement de conversation soudain. Etait-ce lui qui, en fait, avait pris des distances? Ou bien le bonhomme cherchait-il incidieusement à ralentir le pas? Innocemment, sans chercher un sens supplémentaire à cette question puisqu'il songeait qu'Edward ne pourrait rien trouver de plus adéquat en cet instant, il lui répondit sur un ton guilleret:
« Oh oui, la reine m'a promis une belle récompense! Elle n'a rien précisé mais ce sera sûrement une nuit avec un jeune homme tendre, comme je les aime. Tu sais, c'est rare les hommes qui préfèrent la compagnie des leurs à celle des femmes. C'est un très grand présent pour moi. Vas savoir, finalement, c'est peut-être de toi qu'il s'agit! »
Il le regarda avec des yeux luisants d'envie et une bouche entrouverte sur sa faim, puis éclata d'un grand rire avant de poser sa main sur l'épaule de son captif.
« Sois pas si timiiide! »
Il se tint le ventre, hilare devant le visage du vampire, puis reprit la marche qu'il avait interrompu agité par les relents de sa blague. Devant eux se rapprochait la Crête des Fous, cat tels étaient ceux qui pensaient pouvoir la franchir vivant et tels le devenaient ceux qui parvenaient à l'autre côté. Elle était abrupte et grouillante de pièges de la nature ajoutés à ceux des Trolls gardant les geôles. Si vous vous y essayiez le jour le soleil s'appliquait à vous couvrir de cloques et essorer vos tissus de toute leur eau, tandis que plus confiant la nuit vous vous retrouviez planté sur un des charmants stalagmites que l'on peut apercevoir du haut des failles. Oops, vous n'aviez rien vu.
Ghurol est, Ghurol est, Ghurol est une îîîîle paaaarfaaaite o/`
Mais l'incube ne se faisait guère de soucis, il avait repéré son chemin au crépuscule et s'était laissé des indications. Sur cette pente mi sableuse mi rocheuse, où les blocs de pierre saillants émmergeaient du terrain comme des épines sur une tige de chardon, scintillaient des dépouilles d'insectes aussi grosses que des phalanges. Dans les temps! Des puprills, scarabés particuliers du désert dont la carapace luisait particulièrement à la lumière lunaire une fois morts, malheureusement à court terme. Ces bestioles accentuaient l'état hallucinatoire des perdus du désert lorsqu'à la nuit tombée ils ne savaient plus s'ils marchaient sur du sable où touchaient au ciel. Bienvenue chez nous...
« Eh bien, j'espère que ça ne te gêne pas de progresser à quatre pattes, je peux toujours rester derrière pour te rattraper mais il va falloir faire très attention. »
Enrique sourit avec ravissement à cette idée et envoya un clin d'oeil au vampire pour le taquiner.
« Sois rassuré, de l'autre côté nous attendent des Taroo, tu pourras te reposer en chemin. » |
| | | Le Parjure
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Dim 09 Mar 2008, 22:41 | |
| Le nom du vampire ne devait pas importait à l'incube étant donné qu'il était né dans une famille de parfaits inconnus et qu'il n'avait jamais accompli une grande action pour la monter au rang supérieur de la hiérarchie. Edward n'avait jamais eu d'avis, positif ou négatif, sur les incubes mais il se dit que plus il apprenait à les connaître et plus ils lui faisaient horreur. C'étaient des êtres obsédés et aux orientations sexuelles que lui ne partageait nullement. Bref, il restait légèrement perplexe face à son interlocuteur apparemment dévoué envers sa maîtresse. Une succube qui n'avait cure de ses pions, ses esclaves fidèles qui se laissaient manipulés à son bon gré. Le jeune vampire en avait eu vent une fois, mais cela remontait à loin et les réminiscences de ses souvenirs ne l'aidaient en rien pour rappeler l'image à lui. Il abandonna et se consacra au moment présent, comme il se devait.
Il avait failli oublier Enrique qui déballait son champ de patates avec brio. D'ailleurs, Edward fut trente secondes interloqué par la réponse du fou furieux qui l'accompagnait, puis il se contenta de lui lancer un regard méprisant lorsque l'incube le désigna. Lui ? Une récompense ? Il valait mieux que "ça" quand même ! Un peu vexé, il se referma dans son cocon...poursuivant sa marche forcée. Le paysage défilait, ténébreux et peu intéressant pour lui. Il l'ignora purement et simplement et se tourna à nouveau vers son interlocuteur qu'il dévisagea avec fermeté et animosité :« Timide ? Moi ? Ne me touche pas ! » feula le vampire à fleur de peau. Comment osait-il poser la main sur lui ? Une main qui en avait bien touché d'autres...Edward tenta de se raisonner et stoppa net ses mauvaises pensées. L'incube essayait seulement de "jouer" avec son captif, de le mettre à bout...ou de l'enfoncer davantage dans la honte qui sait ? Cela ne convenait en rien à notre protagoniste qui se concentra à lui envoyer toute sa haine envers le peuple du démon.
D'un seul coup, ils parvinrent à la Crête des Fous. Edward en avait déjà entendu parler ainsi que toutes les rumeurs qui courraient sur elle. Mouais, pas fameux... Edward dut grogner à nouveau pour que l'autre le respectât un tant soit peu. Il rétorqua avec hargne mais une certaine retenue :« Tu me prends pour qui ? Bon...je...te suis. » Ensuite l'être froid soupira sans soulagement aucun. Se reposer ? Connaissait-il l'existence de vampires immarcescibles ?! Ah la bonne blague ! Tous les vampires avaient le droit incroyable à l'éternité ! Sans rechigner, notre ami suivit son compagnon bien qu'à contrecoeur...il se demandait toujours ce qui l'attendait de "l'autre côté" justement. La peur de sa vie ? Son pire cauchemar ? Bien, il envisageait l'enfer, celui qu'il connaissait nuit et jour mais décuplé par dix. Absolument charmant !
Dernière édition par Edward Gladstone le Sam 29 Mar 2008, 12:54, édité 1 fois |
| | | ~¤ Mille-Visages ¤~
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Mer 26 Mar 2008, 19:22 | |
| La réponse de son captif fit froncer les sourcils à l'incube. L'idée de l'avoir dans son dos ne l'enchantait pas, s'il cherchait à fuir il en mourrait très vite et la Reine tuerait ensuite le pauvre mâle qu'il était. Et puis, même s'il le suivait scrupuleusement, comment être sûr qu'il ne se blesserait pas dans son état de faiblesse dû à la faim et la fatigue.
*Oh, il a dû avoir tout le temps pour se reposer dans sa cage...*
Enrique acquieça d'un signe de tête alors, avant de préciser au vampire de surtout bien suivre ses pas et ne pas poser ses mains n'importe où. Puis, les doigts soulageant une démangeaison crânienne, il entama la côte franchement abrupte, agile comme un Donra. Vous savez, ces petits batraciens très communs dans les terres de Rosiel, déployant une splendide crête nucale colorée à l'origine des épines venimeuses lacérant vos mollets. Oui, il ne faut pas trop s'en approcher, malgré leur petite taille la menace est réelle. Ceci dit ces créatures à corps long et souple ont une manière de se déplacer très fluide, comme si la matière du sol qu'ils touchent n'avaient pas la moindre incidence sur les efforts fournis par leurs pattes griffues, comme si leur langue pointant sentait la moindre ligne de tension de tous les obstacles avant leur ventre rampant et calculait le meilleur stratagème pour ne pas en être gené. Des génies de la randonnée...
L'incube plaçait une main, levait un pied, s'aggripait à un pic poussé de la terre, soupirait et s'envolait gracieusement au-dessus d'une faille de la roche. Des mouvements à la fois répétitifs et spécifiques à chaque danger naturel posé en travers de leur chemin. Son front se recouvrait d'une luisante fatigue et sa liquette plus tôt ouverte au vent s'accollait à sa peau au fur et à mesure qu'une rivière de sueur dévalait son dos soyeux. Parfois il prenait le temps de jeter un coup d'oeil derrière et de tendre son aide au vampire. Celui-ci semblait décider à ne pas montrer ses difficultés, il suivait sans trop de peine l'allure sportive que lui imposait Enrique. La nuit était déjà bien avancée, les Taroo seraient bientôt affamés et la Reine impatientée.
Presque à quatre pattes, les genoux éraflés sur les cailloux tranchants, on pouvait voir la moitié restante devant soi. Mais on ne la regardait pas, la pause et le désespoir étaient interdit. Le sommet des Fous contentait de se rapprocher lentement, et avec lui une brise plus mordante et glaciale vengeresse sur ce territoire ardent, empirique de ce royaume bleu et noir que la nuit impose à Ghurol lorsque le soleil s'endort.
« Allez... »
Entre deux souffles courts, Enrique voulu lancer un encouragement à son compagnon de route, mais son pied ivre de fatigue dérapa sur la houle des gravillons et dans un soucis de réaction en chaine sa jambe s'enfonça irrémédiablement dans un trou à la profondeur inconnue (et qu'elle le reste). Ses réflexes atteints ne le retinrent pas à temps pour lui éviter la perte de son deuxième appui et il se retrouva accroché, au bord du gouffre plus que jamais, avec ses cinq seuls ongles coupés décidément trop courts. Sa chemise se déchira dans sa chute contre la paroi de l'étroit tunnel vertical, fendant sa chaire brûlante contre la roche. Les omoplates coincées dans l'étau du piège, il ne pouvait plus compter que sur le vampire...
« Grmff, pose-pas ton pied n'importe où si tu veux pas passer le sommeil éternel dans mes bras! Attrape-moi derrière les coudes si tu peux... » |
| | | Le Parjure
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Sam 29 Mar 2008, 13:21 | |
| Serrant les dents, le vampire calquait ses mouvements sur ceux d’Enrique qui se mouvait à un rythme soutenu, mais dans le même temps, ses gestes étaient amples et empreints d’une grande maîtrise de l’escalade. Edward suivit ses indications lorsque les obstacles s’avéraient trop dangereux et que le buveur de sang devait contourner. Une brise fraîche secouait ses cheveux sombres aux reflets cuivrés. Cette petite promenade le remettait d’aplomb et il ne le comprenait même pas. Peut-être le changement d’air, qui était ici bien plus pur que dans les Geôles moisies, ou encore l’adrénaline qui le comprimait au point qu’elle devenait sa seule source d’énergie cette nuit.
Bref, il ne s’était absolument pas attendu à ce que l’incube qui le guidait quelques secondes auparavant se retrouvât en situation critique. D’ailleurs, le jeune Gladstone évita de peu ce corps brûlant dont une partie se situait dans le vide, le gouffre noir et profond, sans fin en outre. Le vampire reprit quelques instants sa respiration et observa l’incube qui se débattait.
Son compagnon de route comptait à présent sur lui. De la proie, Edward venait de passer au rang de chasseur. Une infinie de questions restaient en suspens dans son petit cerveau écrasé par la peur. S’il l’aidait, il courrait droit à la mort et s’il le laissait pourrir là…que risquait-il ensuite ? Un plan de fuite se dessina doucement dans son esprit alerte pour une fois. De plus, lui-même pouvait tomber en le secourant…Un dilemme. Voilà ce qu’il en était.
Cependant, le vampire n’était ni cruel, ni sans cœur à l’inverse de ses frères qui auraient fui en lâches, ou auraient tout simplement anéanti leur bourreau pendant qu’il était encore temps. Pendant qu’il était en état de faiblesse.
Notre protagoniste faillit abandonner l’incube à son ironie du sort. Marcher dans son intérêt, toujours lui avait-on répéter sans interruption durant un temps qui lui avait paru long. Aujourd’hui, alors qu’il était face à ce dilemme de la mort, qu’il semblait le seul juge de sauver une vie ou de la faire périr, il n’osait pas opter pour la froideur de sa caste. Cherchant par conséquent un appui afin d’attraper les coudes du corps toujours pendu à la falaise, Edward se dit qu’il le regretterait plus tard, en attendant, il devait aider son compagnon.
Avec les dernières forces de sa volonté, le vampire se pencha le plus près possible d’Enrique et enroula ses bras autour de ses coudes puis le souleva, le tractant rapidement avant que ses forces ne s’épuisent. Lorsqu’il sentit qu’il allait lâcher prise, il avait déjà remonté l’incube, il était sauf. Le seul témoin de l’événement restait sa chemise déchirée dans la bataille. Notre ami se remit de ses émotions et proposa, un petit sourire aux lèvres : « Alors, était-ce une bonne ou une mauvaise chose que je passe derrière toi ? Je propose une petite pause avant de continuer à grimper, autant prévenir que guérir... » Et il leva les yeux au ciel d’encre sans nuage. Visiblement, il n’attendait pas de remerciement de la part de celui qu’il venait de sauver du précipice. |
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Mer 09 Avr 2008, 20:06 | |
| Enrique retint ses lèvres de sourire alors que le vampire l'aidait à s'extirper du piège de la falaise. Malgré tous ses airs de mépris, de colère, de sang glaçant, il avait du coeur? Que l'organe l'ait aidé à choisir pour sa survie jusqu'au sommet ou à la survie de l'incube pour le démon qu'il était, peu importe. C'était simplement ... Original chez cette espèce. Ce deva it être pour ça qu'il s'était retrouvé dans ces immondes gêoles, loin des siens. Pourtant il ne faisait toujours pas de rapport avec Oanig sa reine. Qu'avait-elle à se préoccuper du sort d'un bon samaritain?
La remontée sur la parcelle de terre ferme lui brûla le ventre et tira sur sa plaie superficielle mais néanmoins désagréable, et lui arracha un peu plus de sueur. Se redressant sur ses genoux dans un orgueil lui faisant serrer les dents, il songea au plaisir prochain, enfin l'espérait-il, de pouvoir se délasser dans de l'eau fumante et sentir à nouveau le parfum de la séduction sur sa peau. Il avait l'impression de moisir de l'intérieur à suinter ainsi. Et pour se soulager de cette crasse, il valait mieux bannir la pause.
« C'est vrai que t'es pas mal, derrière... Pour la pause par contre, je pense qu'il vaudrait mieux reprendre mais plus tranquillement. On aura du mal à repartir et si les Taroo ne s'entretuent pas avant que nous arrivions, la chaire fraîche, ce sera nous. On est repérables de très loin avec leurs odorats et nos progrès vertigineux. Et il commence à faire froid pour rester là dans nos vêtements humides... »
Il regrettait de devoir demander encore plus à Edward. Cependant, ces bêtes vicieuses avaient une endurance inversement proportionnelle à leur patience, ainsi que de grandes dents. Le dos de l'incube avait trop reçu pour la nuit. Et puis, il n'en restait pas tant que ça. Tout du moins c'est comme ça qu'il essayait de se rassurer, parce qu'en réalité il était désespéré. Il n'avait jamais envisagé de se planter et de se blesser dans une crevasse, ni d'avoir si froid. Il aurait préféré se pelotonner sur lui-même et s'endormir pour retrouver des forces, seulement la faim, le lever du jour et avec lui des températures l'auraient surpris, tandis que les puprills se seraient consummés et les Taroo... Et sans les Taroo, le chemin du retour s'annoncerait encore plus dur. Non, il fallait avancer, ne plus penser, ne plus ressentir.
Il ne lui demanda pas si ça irait. Se redressant, appuyant ses mains sur le sol caillouteux, il reprit sa route en grimaçant de douleur. Un mince filet de sang s'échappa de sa plaie et colmata sa chemise à son dos. Il valait mieux ne pas songer au moment où le vent l'aura séchée... Gauchement, ses gestes n'avaient plus rien du Donra, un Leprechaun à côté semblerait si habile!Toutefois il tenait bon, Edward ne l'avait pas sauvé pour rien, et en plus il était gentil x). Et alors que la couronne dorée du soleil s'arrondissait à l'horizon, les doigts de l'incube touchèrent à leur terre promise, le Sommet.
Un grognement menaçant accueilli les deux hommes sur le versant descendant de la crête. Enrique fit quelques pas et regarda d'un oeil appeuré les deux énormes créatures qui sommeillaient dans la poussière.
L'une des deux créatures se remit d'aplomb sur ses appuis et bailla longuement, ramenant son nez à une jambe pour l'y gratter. Le dos de l'animal luit au soleil, ses écailles brunes dorées par la lumière de l'aube. Son aspect général était celui du félin, dans sa démarche et son allure, bien que debout comme un homme il atteigne près de trois verges de hauteur et surtout, qu'il appartienne à la caste des reptiles. Le sang froid, sa peau se recouvrait d'écailles fauves et souvent ternes. Des pointes en émmergeaient sur sa tête, son cou et ses pattes fines et sûres aux griffes usées par les terres de Ghurol. Une queue longue prolongeait son dos, peut-être un peu lourde pour ce prédateur, peut-être pas suffisemment pour ses proies... Les Taroo pouvaient être 'sociabilisés' un minimum par les espèces chevauchantes sous un régime très calorique et une autorité ferme. Lorsque vous croisiez leurs yeux jaunes, mieux valait ne pas détournez les vôtres. Les habitants des autres îles racontent qu'entendre le chant guilleret aux cinq octaves de la bête est la dernière sensation du monde que l'on perçoit, à Ghurol. Ils songent sûrement que les monstres sont partout à l'affut, mais c'est mal les connaître: de nature solitaire, s'ils guettent une proie depuis leur tanière douillette, il y a peu de chance d'avoir droit à une berceuse avant de sentir leurs griffes déchirer la chair.
Enrique se tourna vers le vampire et lui souffla, un sourire ravi aux lèvres:
«Ils ne se sont pas entretués!»
Il s'approcha, la démarche chaloupée d'un veillard roué de coups, et donna une petite claque sur l'encolure du premier reptile. Celui-ci sortit sa langue fendue dans sa direction puis détourna la tête dans un sifflement rauque. Le deuxième donna alors l'impression d'un courage héroïque lorsque, ancrant une griffe après l'autres dans les cailloux, étendant les jambes et s'y appuyant, il se redressa enfin et s'étira.
« Bah alors féniasse, tu veux voir un peu la descente?! »
L'incube frotta amicalement les flancs athlétiques de la bête pour en faire retomber la saleté, puis posa une main sur son cou et dans un élan coupé par la douleur se ramassa lamentablement le nez dans la poussière.
« Hmff... J'veux rentrer chez moiiii!» |
| | | Le Parjure
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| Sujet: Re: Le récit d'un parjure Dim 25 Mai 2008, 18:39 | |
| Voyant que son compagnon avait un orgueil propre à son espèce, Edward haussa les épaules. Cela n’avait aucune importance, sauf si Enrique était stupide ou alors masochiste, ce qu’il comprenait aisément. Tout ce qu’il espérait au fond, c’était que le démon le mène à bon port, ensuite…ensuite, pouvait-il parler de futur alors qu’il était en situation d’impuissance démesurée ? Bien sûr que non. Son avenir allait vite se déclarer comme un échec de toute une vie.
Bref, tandis qu’il remuait ses méninges, il se contenta de suivre son compagnon qui peinait tout de même à monter la pente raide. Etait-ce lui ou l’incube qui souffrait le plus ? Non, parce qu’il lui semblait entrevoir une faiblesse physique chez son guide. De plus, l’endroit n’était pas plaisant. La froideur de la nuit (ou du jour proche ?) engourdissait lentement l’esprit et les membres. L’effort se faisait rude, voire dangereux même pour ces forces de la nature. Mais le bout du tunnel arriverait bien assez tôt. Tous les deux le savaient, c’est pourquoi ils continuaient quand même.
Quand ils touchèrent au but, Edward ne put retenir un soupir de soulagement après l’effort fourni de manière intense. Cependant, il n’eut pas même le temps de dire « ouf » que déjà deux créatures les attendaient de pied ferme. Pourtant, Enrique lui souffla des mots pour le moins insolites.
Une descente apparemment pointait le bout de son nez. Encore ! Le vampire n’en avait pas encore fini, il dut même ramasser le démon qui était tombé de douleur. Pauvre chou. Ben voyons. Il se demandait encore qui était le captif de qui…« Pas l’temps de s’amuser, on y va ? » Pas la peine d’attendre une réponse audible de sa part, le jeune Gladstone entreprit de trouver son chemin… Arrivé à destination…
Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant l’endroit où habitait la reine des Succubes. Son regard se posa sur la majesté du lieu. Epatant. Edward jeta néanmoins un coup d’œil vers son guide qui se tenait maladroitement sur ses jambes…
Inutile de demander si c’était ici. C’était évident. Au moins, il mourait dans un cadre agréable et non dans une prison grisâtre…pouah. S’époussetant mollement ce qui restait de ses vêtements, notre ami essaya de trouver en lui une force qui lui permettrait de rester digne, droit et noble. Mais il n’y parvint pas. Lui aussi était exténué bien qu’il semblait encore en forme. Les muscles de ses bras le faisaient souffrir le martyr mais il ne fit rien savoir, il adressa simplement un regard égaré à Enrique. La fin du voyage, n’est-ce pas ? Et maintenant ?
Les cheveux ébouriffés, un regard légèrement rouge et une respiration encore saccadée, il attendit la suite des événements qui ne tarderaient pas.
Où que son regard se posait, il sentait la mort planer... |
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