Aoi avait finit par atteindre le port de Reilor…Le soleil brillait haut dans le ciel et une foule importante était massé sur les quais… Aoi se calla instinctivement le long du mur, marchant la tête à demi baissée, sa chevelure hirsute lui couvrant partiellement la vue. Sa main gauche touché de temps à autre le mur des maisons, les effleurant à peine du bout des griffes alors que sa main droite était légèrement redressée, de même que son avant-bras afin de faire contrepoids à son propre roulie naturel… A le voir on aurait dit une frêle embarcation malmené par une tempête qu’il était le seul à percevoir, son corps se balançant docilement d’avant en arrière, de droite à gauche, frôlant parfois la chute mais le chaton se redressait toujours au dernier moment…

Les marins et les passants qui le remarquaient ne pouvait que le regarder interloqué…Lui qui leur arrivait à peine à l’épaule porté dans son dos nu deux armes parmi les plus mortel…A chacun de ses pas, les armes rebondissaient contre son dos avec un tintement métallique, faisant rougir sa peau et y apparaître des bleus auquel le chaton n’accordait aucune importance, trop occupé à gérer ses nombreux toc et à converser avec lui-même où bien était ce avec les fissures du mur…

Les pieds nu du neko se plongèrent dans une petite flaque d’eau sale et cela eu pour effet de l’arrêter. Il frissonna un long moment et plaqua sa main contre le mur, y plantant ses griffes avant de se pencher pour apercevoir son reflet dans la flaque boueuse…Il se distingué à peine au milieu de la vase.

«Aoi n’est pas de la vase…L’eau à mentit…L’eau est méchante…Méchante ! »

Et il tira la langue à la flaque, sous le regard incrédule d’un marin qui l’avait écouté. Le chat lâcha le mur et fit un petit bond sur le côté, sortant de l’eau. Il posa ses deux pieds sur une fissure du quai et se mit à marcher sur celle-ci sans perdre son équilibre…

Hélas, rester à regarder ainsi le sol empêche de voir où l’on va et le Neko heurta avec violence un marin qui tenait une caisse pleine de poissons… L’homme tituba en faisant tomber la caisse qui explosa sur les pavés, déversant son contenu odorant…

Aoi recula sous le choc, portant une main à son crâne pour y taper deux petits coups, secouant la tête.

« Ih ih ih...Bam…Sa fait mal…Un mur…Pardon le mur…Pardon, pardon, pardon…Aoi veut passer… »

Mais l’odeur du poisson vint frapper ses narines et son corps se raidit avant d’être entrainé dans une suite de sautillements, le marin fixant le chat avec colère pendant ce temps.

« Du poisson ! Du poisson ! Aoi veut du poisson…Aoi doit se calmer pour le poisson..Aoi se calme… »

Le chat arrêta de sautiller et leva bien haut la main droite, venant poser sa main gauche contre son menton, se mordillant l’index avec nervosité en fixant les poissons…Il finit même par ‘accroupir, gardant néanmoins le bras en l’air.

« Aoi est calme…Aoi lève la main…Poisson…Poisson…C’est bon le poisson…Le poisson, sa donne de la mémoire…Aoi veut du poisson…C’est qui mémoire ?...Du poisson…Aoi… »

Le marin s’énerva et agrippa le chat par les cheveux.

« Tout ce que je vais te donner c’est une raclée dont tu te souviendras espèce de taré ! »

Le chaton planta instinctivement ses griffes dans le bras qui l’agressait sans pour autant lui faire lâcher prise, poussant des feulements qui attirèrent les badauds du coin.

« Lâcher Aoi ! Faut lâcher ! »

Le corps à corps était loin d’être le fort du chaton qui avait même oublié ses armes sous l’effet de la peur…

[Une seconde, c'est pour moi ]

[Battez-vous!!! \o/]

(D'accord faut juste prévenir quand t'a finit ^^)

Aoi avait les larmes yeux, gigotant sur place. Ses cheveux le faisaient souffrir et le marin semblait vouloir le scalper…

« Aie ! Aie ! Aie ! Aieuuuuh ! Mal ! Fait Mal ! Fait Mal ! »

Le chaton ne prêtait plus aucune attention à rien…Sauf à ses cheveux…Il ne remarqua pas le poing du marin qui allait s’abattre sur lui et ne vit même pas qu’il avait était sauvé…Il continuait de geindre quand il finit par entendre la conversation entre le marin et son « héros » ce qui donna à peut prêt…

« Aieuuuuuuh ! Lâcher ! Lâcher ! Laaa…Ah ?...Non pas mendiant Aoi…aie…Large ?...Aie…Aoi veut le large…C’est quoi le large ? aieuuuh… »

Le chaton ne voyait toujours pas l’homme qui l’aidait, ses bras levés l’empêchant de le voir et il n’avait pas à l’esprit de baisser simplement ses bras pour élargir son champ de vision…Comment dire ? Les choses les plus simples sont parfois les plus difficiles…

Tous ce qu’il put comprendre de la scène c’est que son agresseur fut prit de toux et le lâcha, le chaton s’éloignant à quatre pattes en se massant la tête, toujours accroupis.

« Ouillyouyouyouyouyoueuuuuuh….Cheveux ?...Tous là…ih ih ih…Aoi garde ses cheveux…Aoi content… »

Il se tourna et vit l’homme qui lui tendit un poisson…Aoi renifla le poisson et le prit avec ses dents, ronronnant.

« Poichon ! Poichon ! Aoi à du poichon… »

Essayez de parler avec un poisson dans la bouche…L’humain partit ensuite dans un long monologue auquel Aoi ne comprit rien, mais pour ne pas vexer l’autre, il hocha la tête avant de lui emboiter le pas à quatre pattes, trottinant derrière lui, es armes lui frappant le dos en rythme, y faisant apparaître de nouveaux bleus alors que le chaton mordillait le poisson en suivant inlassablement son sauveur, toujours avec ses nombreux tic qui le ralentissaient parfois, l’obligeant à piquer un petit sprint pour rattraper l’humain sous le regard amusé des passants. Pauvre homme se disait-il en avisant l’étrange personnage qui le poursuivait…

Finalement Aoi dépassa l’humain et se redressa sur ses deux jambes, manquant de tomber par trois fois…Une fois debout il dodelina une seconde ou deux, semblant remettre ses idées en places…En tout cas ça en avait l’air vue ses sourcils légèrement plissés…On aurait dit qu’il réfléchissait…Ou que quelqu’un lui disait quelque chose de compliqué…Il finit par secouer sa tête et prit le poisson à moitié mâchouillé dans sa main, le tendant à l’humain.

« Aoi gentil…Aoi par…par… »

Il porta sa main libre à sa bouche, se mordillant l’index en regardant rapidement à droit et à gauche, cherchant son mot au fin fond e sa mémoire…

« Part…partir…parta… »

D’un coup ses oreilles se dressèrent d’un coup, et Aoi lança fièrement en tendant le poisson de plus belle, arrêtant de mâchouiller son propre doigt.

« Aoi partage…C’est un poisson…Le poisson c’est bon…Le poisson sa donne de la mémoire… Faut le manger le poisson…Pas jouer…Faut pas jouer avec la nourriture…Aoi aime jouer…La nourriture aussi elle aime… »

Visiblement, Aoi n’arrivait à s’exprimer qu’au travers d’assemblement d’idées qu’il avait appris on ne sait où…Ses yeux se perdirent un moment dans le vague puis il reporta son attention sur Ginkô, retendant à nouveau le poisson, son bras étant maintenant totalement étendu.

Bien…Aoi se retrouva avec le jeune homme à hauteur du visage, l’humain s‘était accroupis pour être plus ou moins à son niveau. Le chat profita de ce court instant pour regarder autour de lui, avisant les murs étroits et la saleté ambiante. Ils étaient dans une petite ruelle du port visiblement.

Trop absorbé par son repérage des lieux, il ne vit même pas le poisson quitter sa main et il la garda un moment tendu, comme si elle contenait encore quelque chose. Il posa ses yeux dans ceux de Ginkô, sans pour autant ramener sa main à lui. Ginkô se mit à lui parler avec un langage vraiment étrange…

Aoi se mit à rire et ramena finalement sa main à lui, y déposant deux coups de langue avant de se tourner vivement puis de se retourner à nouveau, se remettant face à Ginkô. Le chaton se mit alors à imiter l’humain, articulant chacun de ses mots en les appuyant par des mouvements de mains répétés et souvent incontrôlés et nerveux.

« Toi Ginkô parler BI-ZARE…Aoi mange plein de poisson…Aoi aime le poisson…Le poisson sa donne de la mémoire…C’est bon le poisson…C’est bon la mémoire ?...Ginkô aime le poisson aussi ? Pourquoi Ginkô tout vert ? »

Puis Aoi baissa un moment la tête avant de se redresser d’un coup, un grand sourire naissant sur son visage alors qu’il se souvenait de ce qu’avait dit l’humain.

« Aoi gentil ! Aoi gentil ! Aoi TRES gentil ! »

Puis tomba la phrase fatidique de Ginkô…Jouer…Aoi recula de quelque pas, fixant l’humain droit dans les yeux, ses oreilles se baissant doucement alors qu’il se redressait, accroupis sur ses deux pattes. Sa mémoire se brouilla un moment, plusieurs images heurtèrent son esprit douloureusement, le faisait plisser le front et les sourcils, son corps étant prit de plusieurs mouvements convulsifs, aussi bien des doigts, des mains et de la tête que de la queue et des oreilles.

« Jouer?...Twing Twang…Bing Bang…Twing Bang… »

Aoi glissa lentement une main vers son dos, fixant toujours l’humain.

« Ginkô jouer aussi ? ih ih ih… »

Allé savoir à quoi correspondait le verbe « jouer » pour le pauvre chaton…Il avait beau être le fleuron de la recherche génétique, certaines manipulation contre nature ne se font pas sans peine. En tout cas, Aoi semblait prêt à décrocher l’une de ses deux armes à tout moment, prêt à montrer que sa précision légendaire n’avait aucunement baissée entre temps.

Il voulait jouer ou pas ? Décidément, les humains sont compliqués ! Aoi décida donc de fixer le front de Ginkô, son esprit embrumé analysant machinalement les gestes qu’il aurait à faire pour y loger un carreau. Quand il s’agissait de tir, le cerveau d’Aoi agissait comme un ordinateur, le tout sans que le chaton ne s’en rende compte…Il suffisait ensuite qu’il y est le déclic et le corps d’Aoi agissait presque seul, dégainant Twing Twang, l’arme se dépliant d’elle-même, la corde se tendant seule, puis il faut placer le carreau, visé et tiré…Le tout en souvent moins de deux secondes et avec une précision plus que mortelle.

A cette distance, Ginkô n’avait pas la moindre chance…Quand soudain un homme encapuchonné bondit dans la ruelle, passant à côté d’eux, tout cela sous les cris d’une autre personne…Un assassin visiblement… Ginkô informa alors Aoi que l’homme jouait…C’était donc ça ! Ginkô ne jouait pas lui, ce n’était pas à son tour, mais à celui du gars en noir…

Aoi fit oui de la tête avec un grand sourire, se retournant d’un bond…Durant ce court instant il avait décroché son arbalète de son dos…L’arme était presque aussi grande et large que lui quand il se tenait accroupis…Automatiquement, l’arme se déplia et la corde se tendit d’elle-même, preuve que cette arbalète était une arme complexe, bien trop complexe pour avoir était fabriquée par Aoi.

Le chaton au dos meurtri glissa une main dans son carquois accroché à sa taille tandis que ses pieds retouchés le sol…Déjà le carreau se logeait dans la chambre et Aoi placé l’arme au niveau de ses yeux…L’homme en noir avait à peine atteint la moitié de la ruelle…

« Twing Twang ih ih ih… »

Le doigt griffu du chaton pressa la gâchette…La corde se détendit d’un coup en émettant un bruit mat et sec…Le carreau meurtrier perça l’air en sifflant avant de s’enfoncer dans la nuque de l’assassin, juste à la jonction entre le crâne et la colonne vertébrale… Une performance difficilement égalable…

L’assassin fit quelque pas, ralentissant de plus en plus…Une gerbe de sang vomit plus loin et il s’écroula lourdement, face contre terre.

Aoi se mit à rire en abaissant son arme, visiblement fier de lui au vue du grand sourire qu’il arborait.

« Aoi gagné ! Twing Twang ih ih ih… »