"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| ChI.Pt1. Barnabeüm l'ermite [pv. Lunielle, honey] I | |
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Invité
| Sujet: ChI.Pt1. Barnabeüm l'ermite [pv. Lunielle, honey] I Mer 20 Juil 2011, 19:13 | |
| Deux semaines s’étaient écoulées depuis la rencontre d’Ânaya avec Hybris, et les évènements tragiques qui s’en étaient suivis. Après une journée banale, qu’il savait un brin risquée mais n’imaginant en aucun cas une fin telle qu’elle s’est passée, il se rappelait avoir vu sa sœur, Leüka, inerte, partir dans les bras de membres de la Firme. Il voyait encore le regard d’Hybris, ce sourire à peine masqué, ce plaisir pris lorsqu’elle contemplait la peur, la souffrance dans le regard d’Ânaya. Il voyait ses acolytes, trois personnalités bien différentes, mais qui avaient l’air de rendre le quatuor invincible. En deux semaines, Ânaya avait revécu cette embuscade, avait analysé chacun des moments, ceux où il aurait tout pu faire basculer. Pourtant, il en avait la conviction, il n’aurait rien pu faire pour sauver sa famille. Les personnes qui les avaient attaqués étaient bien trop nombreuses, et de toute façon la puissance d’un seul d’entre eux aurait suffi à les exterminer tous. Ânaya n’avait pas même pu porter un véritable coup qu’il avait vu ses parents mourir sous ses yeux, sans n’y pouvoir rien faire. Il avait pleuré, sur le coup, et chacun des jours suivants. Il se rappelait aussi ce même soir d’avoir regardé la lune, et de sentir son corps se transformer, son esprit s’éteindre pour laisser place à un autre bien moins bavard, dont il n’aurait aucun souvenir. Il s’était transformé, et dès lors, n’avait plus de souvenir. Son esprit n’était revenu qu’au matin, et il voyait son corps, à terre, au même endroit que la veille, parsemé de bleus et de blessures. Ces personnes-là avaient réussi à dompter la bête, et à la rendre inconsciente pour une nuit entière. Ânaya ne savait même pas que c’était possible, littéralement, de stopper le loup en lui, de le contenir, ou de le mettre K.O. Mais ces monstres l’avaient fait, et assez facilement semblait-il.
Qui étaient-ils ? Ânaya ne l’avait pas bien compris. Quand les parents d’Ânaya, terrifiés, avaient parlé avec Hybris, tous trois avaient échangé des mots à propos d’animaux génétiquement modifiés, des moutons aux pouvoirs étranges. Le grand-père aurait eu à les élever il y a de ça quelques années, à l’époque où il était encore parmi les humains. À sa mort, inattendue, il n’avait pas tout raconté à son fils, et avait emmené avec lui la description du véritable rôle que jouait la famille Cott dans cette histoire. Le père d’Ânaya avait alors décidé de revendre ces bêtes étranges. Il était extrêmement superstitieux, et les rêves étaient pour lui un monde avec lequel il ne fallait pas plaisanter. Trouver des acheteurs qui sauraient garder ce secret n’avait pas été tâche aisée, mais il avait réussi à vendre les sept spécimens uniques en leur genre à trois acheteurs différents. Cette histoire, Ânaya ne l’avait jamais entendue. Mais son père la confirmait, et la peur dans son regard avait montré à Ânaya qu’en effet, il avait lui-même démarché plusieurs personnes, bien malfamées, afin de se débarrasser de ces moutons. Dotées du nom de code bien barbare « Ovis 94XB », ces moutons modifiés par cet organisme étrange dont Hybris, ou quelqu’un d’autre – il n’avait pas bien saisi la totalité de l’histoire – offrait à celui qui buvait une goutte de son sang, de tomber dans un sommeil profond pendant plusieurs heures, et de faire un rêve limpide, à moitié conscient, où il restait encore libre de ses agissements. Évidemment, ça ne restait qu’un rêve, mais les sensations étaient magiques, les hallucinations addictives. Oui, ce sang était particulier, mais il agissait comme une drogue toxique. Il était facile d’en devenir dépendant, et non pas à cause des composants du sang, mais parce qu’une âme désespérée, seule, faible, pouvait se laisser aller à préférer un autre monde que le réel. L’équipe d’Hybris voulait récupérer ces bêtes, et continuer le travail fait sur elles pour aller encore plus loin, et peut être trouver une porte d’accès à Aïklando. Lors de cette nuit, ils avaient laissé Ânaya en vie afin de retracer le chemin parcouru par ces animaux, les retrouver, et les ramener à Hybris. Contraint, il n’avait d’autre choix que de le faire s’il voulait un jour revoir sa sœur, Leüka.
Après deux semaines pleine de sentiments mêlés, il avait pris le temps d’enterrer les dépouilles de ses parents, rappelé sa seconde sœur au manoir pour qu’elle s’occupe des affaires jusqu’à son retour – il ne lui avait même rien dit afin de la protéger – et avait trouvé deux pistes. La première était celle d’un humain, Barnabeüm, un ancien guerrier à la renommée territoriale. « Ancien », car il n’avait plus été revu depuis maintenant quinze ans, date à laquelle trois moutons lui avaient été vendus. Les parents d’Ânaya avaient gardé une trace écrite de cet homme, qu’ils désignaient comme étant riche, majestueux, sûr de lui. Cet homme pourtant, beaucoup connaissaient son histoire. On racontait qu’il était devenu prisonnier de son addiction pour diverses choses, et l’on parlait d’une sorte de démence, d’un amour particulièrement étrange pour les animaux. Dans la capitale, on lui avait confirmé cette histoire, et on disait qu’il était parti se réfugier dans les Monts de Pan Rei, mais que personne, pas même ses propre fils, n’avait réussi à le retrouver. Quinze ans qu’il vivait maintenant seul, survivant aux diverses attaques extérieures. Certains racontaient l’avoir aperçu, mais personne n’avait osé aller parler à ce personnage qui semblait comme possédé.
Ânaya, lui, n’avait pas le choix. Ce matin-là, il s’était armé comme à l’accoutumée de son bâton, de sa dague accrochée à sa jambe droite, et avait fait des provisions. Il savait qu’il passerait quelques jours là-bas. Aussi, il prenait avec lui tout un sac rempli de matériel permettant de le maintenir accroché, la nuit, et de somnifères extrêmement puissants, capables de tuer une dizaine de chevaux, afin de faire en sorte que l’animal en lui se réveille le moins de temps possible pendant la nuit. Finalement, il s’était habillé d’une tenue pratique pour ce qui l’attendait, de la marche, de la chaleur, et peut-être quelques combats. Tout le monde savait que ces Monts étaient constamment contrôlés par des Géants, et qu’assez peu nombreux étaient les Êtres, diverses races confondues, ayant réussi à en sortir.
Le second jour de marche, Ânaya arrivait à mi-hauteur d’une immense montagne, très boisée, une parmi tant d’autres dans lesquelles pourrait se cacher Barnabeüm. Il était presque midi, et Ânaya estima qu’il était temps de manger quelque chose. Il n’avait rien avalé depuis son départ, préférant économiser au maximum ses provisions. Le soleil tapait fort et aucun nuage n’avait fait d’apparition dans le ciel, à chaque nouveau pas le soleil se faisait plus lourd, plus insistant, plus violent. Fort heureusement, à cette hauteur l’on pouvait ressentir une brise tiède de temps à autres, et il y avait fort à parier que quelques centaines de mètres plus haut, un petit vent soufflait. Ânaya s’assit sur un rocher, posé au milieu de cette immense forêt. Il prit de son sac un sachet dans lequel se trouvait du poisson séché et plusieurs légumes refroidis. Il regarda autour de lui, mais les arbres présents ne proposaient que des feuilles plus étranges les unes que les autres, et les seules choses ressemblant de loin à des fruits avaient une couleur ne permettant pas même d’espérer survivre au fait d’y goûter.
Il dégusta ces quelques bouchées, avant de se laisser aller et s’allonger quelques secondes. Il ne pouvait pas perdre une seule minute, en effet, mais il était physiquement épuisé. Il avait marché depuis son départ, pour ne s’arrêter qu’une fois qu’il sentait la transformation imminente. Il ne se savait même pas capable d’un tel exploit. Les yeux grands ouverts, il admirait les feuilles des arbres gigoter au rythme de ce ridicule vent « soufflant » un peu plus haut. Il était un peu comme ça, lui. La vie lui commandait ses faits et gestes, il naviguait, et telle une feuille née sur une branche bancale, Ânaya n’avait jamais eu de chance. Il avait été mordu bien tôt, il avait tué sa propre sa sœur, il venait maintenant de voir ses parents mourir ses yeux, et quelque part sur l’archipel, on retenait sa seconde sœur prisonnière. Il soupira, agrippant de ses deux mains la terre sur laquelle il était allongé. A la pensée de ses parents, une larme glissa de son œil gauche vers son oreille, et il ne put retenir son visage de faire une grimace de désespoir. Il était maintenant seul, ou presque. Il devait sauver sa sœur… Et Hybris le lui avait fait comprendre : il fallait que cela reste un secret, que pas une personne supplémentaire n’apprenne l’existence de ces bêtes modifiées. Cela avait compliqué la situation car Ânaya n’avait pu demander d’aide à personne pour retrouver ces bêtes qui, semblait-il, ne ressemblaient même plus à des moutons.
Ânaya se releva, prit son sac sur son dos, et remit son bâton à sa place. Il était temps de partir, ces cinq minutes de perdues étaient déjà de trop…
Sa démarche claudicante et son œil droit encore gonflé étaient les cicatrices apparentes du soir où il s’était fait attaquer, et chaque nouveau pas réveillait un peu plus les douleurs physiques qu’il pensait guéries. Il prit son bâton afin d’aider sa marche, l’utilisant comme une canne.
… Où peut-il bien se cacher ?
Il posa son sac contre un immense arbre, et entreprit de l’escalader. Du haut de l’arbre, il pourrait voir à quelques centaines de mètres au loin. Sa démarche devait aussi être pleine d’observation, errer sans réfléchir ne le mènerait nulle part. Tentant de n’utiliser que l’une de ses jambes, il sautait de branche en branche, se remémorant les techniques apprises depuis sa plus tendre enfance. Ânaya, bien qu’assez discret, avait toujours été quelqu’un d’actif, et comme tout enfant de l’archipel qui se respecte, il en avait passé des journées à grimper aux arbres afin de prouver qu’il était le plus fort, le plus agile. Arrivé en haut, il s’accroupit sur une branche qui semblait suffisamment solide, tout en prenant soin d’être dissimulé par des feuilles. Utilisant sa main comme une visière, il observait, autour de lui, tout ce qui ressemblait même de loin à un Être vivant en mouvement. Au sud, bien loin, il aperçut deux géants marcher dans la direction opposée. Bien. Il continua d’inspecter, sans rien apercevoir. Cet endroit était comme vide, mort.
Là !
Comme s’il était en présence de quelqu’un d’autre, il montra du doigt ce qui semblait être de la fumée émanant de la forêt. Quelqu’un préparait un feu. Il redescendit aussitôt, avec une hâte et une habileté assez déconcertante aux vues de son état. Le fait d’avoir trouvé quelque chose lui avait donné une motivation toute autre. Son visage, bien qu’empli de détermination, semblait avoir retrouvé des couleurs, et sa jambe meurtrie l’être un peu moins. Mais il s’arrêta tout à coup dans sa descente, manquant de tomber. Aussitôt, il prit son bâton, le tenant en position défensive. Quelqu’un se tenait près de son sac, comme s’il l’attendait. Cette personne savait-elle qu’Ânaya était sur l’arbre ? Oui, elle avait dû le voir, et l’entendre. Était-ce l’un de ses guerriers solitaires qu’il fallait craindre ? Ânaya vérifia que la branche sur laquelle il se trouvait était sûre. Aussi, il estima sa hauteur à cinq mètres. Il pouvait sauter et ne rien se casser. Un… deux… trois… Sans même réellement savoir ce qu’il faisait, Ânaya sauta en avant, tenant des deux mains son bâton, en direction de l’elfe blond qui se tenait en bas. Assurément, c’était une réaction bête de sa part, mais il avait réagi de façon instinctive, et qu’on se le dise, son cerveau était encore lésé de par sa rencontre avec les membres de la Firme.
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| | | *Elfe*
Nombre de messages : 2128 Localisation : Toujours sur tes pas Métier/Fonction : Chevaucheuse du Vent et de la Nuit / Démolisseuse de tavernes
| Sujet: Re: ChI.Pt1. Barnabeüm l'ermite [pv. Lunielle, honey] I Mer 20 Juil 2011, 19:54 | |
| Je franchis les seuils de Reilor alors que le soleil se levait à l'horizon. Une belle journée se préparait, le souffle du Vent et la couleur du ciel me le prouvaient. Montant habilement sur le dos de mon cheval, je m'installais confortablement sur la peau nue et ma monture prit le trot. Une allure légère pour commencer, ce n'était pas plus mal.
Je flattais l'encolure robuste de mon étalon noir et passais mes doigts fins dans ses crins emmêlés. Je soupirais de plaisir. Ça faisait des années que je n'avais pas posé les fesses sur le dos d'un cheval et monter me faisait le plus grand bien. Habituellement, je voyage à pied mais j'avais déjà gaspillé assez de temps et d'énergies. Le lieu où je me rendait était loin, qui plus est, et je devais absolument tenir ma promesse. Même si je ne crois pas en toutes les légendes qui veulent que les morts viennent hanter les vivants, j'avais fait une promesse et je n'ai qu'une parole.
Montant le flan d'une colline, je me retournais une dernière fois pour apercevoir Reilor sombrer sous les rayons du soleil levant. Je tournais ensuite le dos à ce monde de jeux et buverie que je venais de quitter mais que je finirais par rejoindre bientôt. Arrivée au sommet de la colline, je jettais un regard sur le bracelet que je portais au poignet gauche. Un magnifique bijou en or, avec une sorte de plaque au centre. La plaque brillait des couleurs de l'arc-en-ciel et le tout n'était pas très lourd, il était léger même. Il était surtout enchanté car il représentait son ancien propriétaire.
Je soupirais et des souvenirs nostalgiques remontèrent à la surface de ma mémoire. Soixante dix-sept ans que j'ai fait cette promesse et je n'ai toujours pas réussie à la tenir. C'était enfin ma chance.
Poussant mon cheval au galop, je saisis les crins noirs à pleines mains et laissais l'ivresse grisante de la course chasser mes peines. Je hurlais de joie, heureuse de sentir le Vent frais fouetter mon visage tout en dévalant la colline à grande vitesse. Ma monture semblait apprécier ces sensations tout autant que moi et nous fûmes tous deux déçus en arrivant en bas.
J'avais mis ma vengeance de côté pour quelques temps. J'avais besoin de faire un petit tour ailleurs que dans des tavernes où régnaient la bagarre et l'alcool même si j'adorais ces lieux et y passais énormément de temps. Ma proie fuyait depuis maintenant douze ans, elle devait bien en avoir marre de temps en temps et puis, où qu'elle soit dans le monde, elle ne disparaitra jamais complètement. Je pourrais toujours mettre la patte sur elle au moment venu.
Quelques heures d'une douce chevauchée tranquille s'écoulèrent et j'arrivais dans une grande forêt que je connaissais bien pour l'avoir traversée des centaines de fois si ce n'est des milliers. Descendant de cheval, je laissais ma monture dans la plaine précédant la forêt et lui fis bien comprendre de m'attendre à cet endroit. Une fois les choses mises au point, je m'engagais sous les frondaisons épaisses et tout de suite m'écartais du chemin, coupant à travers les buissons.
Je me sentais vraiment bien dans cet environnement et regrettais de ne pas y passer plus de temps. Car, si la forêt avait été ma maison pendant mon enfance, j'avais vite appris à vivre en dehors, par pure nécessité. M'agenouillant, j'observais au sol des traces de pas. D'après la forme et la taille des empreintes, ce devait être un cerf. Poursuivant tranquillement ma route je levais alors la tête et trouvais l'arbre le plus grand. Je me dirigeais vers celui-ci avec la ferme intention d'y monter pour me repérer.
J'arrivais assez vite au pied de l'arbre et ce que j'y trouvais m'étonna. Il y avait là un sac de voyage, je levais donc la tête pour voir celui qui m'avait précédée et je vis une silhouette me tomber dessus. C'était un jeune homme âgé de la vingtaine, il avait un oeil gonflé et il tomba sur moi, un bâton en avant.
Je n'avais absolument pas le temps de sortir mon arc, je laissais donc mes affaires tomber au sol et soulevais légèrement ma jupe, je dégainais White Moon, ma lame d'argent. L'arme s'allongea automatiquement et un poids immense me tomba dessus. Je m'étais retournée et avais levé mon sabre juste à temps, je réussis donc à parer son vulgaire bout de bois à peine taillé.
Néanmoins, même si je faisais face à mon adversaire, j'étais en position d'infériorité et celui-ci m'écrasait sous son poids, m'empêchant de me lever. Le sabre était juste à côté de ma joue, le bâton par-dessus et le visage de mon adversaire au peu plus haut. Le bâton avait été dirigé vers mon cou mais mon arme l'avait repoussé suffisament pour me laisser respirer même si ma poitrine se trouvait dans une position inconfortable et gênante.
Je regardais alors l'inconnu dans les yeux et plongeais mon regard azur dans le sien, identique. Il avait plus de force que moi, c'était indéniable et, pendant un instant, je me demandais s'il n'était pas un loup. Cette forte poigne était très caractéristique de leur espèce, je le savais bien pour avoir cotôyer de très près un membre de cette race. Il était maintenant à califourchon sur moi, j'avais donc une chance.
Je fis donc la seule chose à faire dans cette situation : je levais mon genou gauche, assez fort pour lui faire mal mais pas au point de le priver de progéniture pour le restant de ses jours. |
| | | | ChI.Pt1. Barnabeüm l'ermite [pv. Lunielle, honey] I | |
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