"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
|
| Auteur | Message |
---|
Invité
| Sujet: Peinture commestible... Mar 24 Mai 2011, 03:23 | |
| Il ne faut jamais longtemps pour que les ténèbres parviennent à trouver l’énergie suffisante pour repousser leurs sœurs de lumière… et reprennent leurs droits. Leurs droits sont les miens… sauf qu’elles s’immiscent n’importe où alors que je ne peux.
La Lune est ma reine mère ; le Soleil est mon père déchu. J’ouvre avec peine ce qui me sert de globes oculaires. L’œil torve, je tente de comprendre ce que signifient ces mots pour moi. Ma reine mère. Qui est ma mère ? Ma première mère… Un grognement sort de ce qui pourrait être considéré comme ma gorge, avant qu’enfin, j’arrive à parler.
_ Maman ?
Alors que je parle, le timbre clair, enfantin et naïf de ma voix, malgré l’état de sommeil profond d’où je semble à peine sortir, se répercute contre les parois de cet endroit étrange où je me trouve. Tout tourne autour de moi, tant et si bien d’ailleurs, que je ne parviens pas à garder les yeux ouverts… et c’est affreusement difficile, de garder les yeux ouverts dans une telle… absence de normalité. Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qui m’entoure ? Malgré cette douleur sourde qui me transperce les yeux de part et d’autre, comme si elle s’immisçait par une paupière, pénétrait la pupille avant d’en ressortir, de creuser un trou dans l’autre paupière pour mieux coudre le haut et le bas, pour mieux m’asservir dans sa doucereuse paresse, pour me forcer à ne pas faire attention à ce qui risque de me faire du mal rien qu’à la vue, malgré cette douleur lancinante, je me force à percer le noir qui m’entoure. Heureusement que voir dans l’obscure nuit est un privilège qui m’est donné, en comparaison de ce que j’étais avant. La vie prend les aspects d’un bruit monocorde, une touche de piano unique sur laquelle est mort le dernier musicien qui a eu le privilège d’y approcher sa patte. Avoir la sensation instinctive de pouvoir voir dans la profondeur de ce qui n’est pas dans ce que les autres peuvent aimer. Ça c’est un chouette don, pour sur ! Ce n'est pas comme si j'avais des lunettes à vision nocturne, pour sur, mais je n'en ai pas besoin, comme je n'ai pas besoin d'y voir finalement, puisque j'évite ce qui me gêne par réflexe.
Après ce méli-mélo de paroles mentales aussi délirantes que ridicules, je consens à me ressaisir et secoue la tête avant de tenter d’ouvrir les yeux avec plus de conviction. Douce lumière qui apparaît comme par magie, et qui baigne mon corps souple et agile dans une onde rougeoyante, tamisée. Je tente de me soulever à l’aide de mes bras, la tête rentrée par réflexe, avant de regarder le sol. Et là, effroi : s’il parvient avec une étonnante exactitude à reproduire le plafond qui lui fait face, il lui est absolument impossible de me montrer ne serait-ce qu’une empreinte de mes doigts. Je suis exactement ce que j’étais avant d’atterrir ici, où que je sois… enfin, quelques heures avant, quelques minutes avant… disons quelques heures. Retrouvant peu à peu mes forces, je parviens enfin à me mettre à peu près correctement debout, avant de regarder autour de moi ; l’atmosphère est moite, chaude. Elle brûle ma peau à présent si fragile à tout ce qui se rapproche de la chaleur du soleil. Ma peau si blanche, qui n’est même pas assez noble pour être reflétée par le sol, véritable miroir coloré de ce que je devrais être, et non de ce que je suis… car je devrais être mort, à l’heure qu’il est. Je devrais être six pieds sous terre, je ne suis plus cet homme à la peau dorée, je ne suis plus cet homme au regard de feu constamment tourné vers l'astre solaire qui guide les piétons le jour venu ; je ne suis plus qu’une vulgaire créature, errant entre la vie et la mort, aux canines allongées, au regard plus froid encore que celui que j’avais avant, au corps semblant d’autant plus fragile que celui que je possédais même s’il est au contraire renforcé, plus maigre, plus tassé sur lui-même, plus triste. Je suis un mort vivant. Je touche ma peau. Elle paraît si… glacée. C’est la peau d’un cadavre, assurément, et pourtant je suis bien en vie. Et à présent que je regarde mieux ce sol reflétant le plafond, et le pire de tout, c’est que je me rends compte que ‘est un miroir sans fond, puisque le plafond lui-même reflète la brillance du sol, qui lui renvoie son image, et ainsi de suite. Un horrible et véritable kaléidoscope cauchemardesque… c’est peut-être une des raisons pour lesquelles la vie d’un vampire n'est pas si bonne que ça... on pourrait croire que comme on est mort, il n'y a plus de rêve, donc plus de cauchemar, donc plus de kaléidoscope... que dalle ouais ! Et ça, faut se dire qu'on va le traîner pour l'éternité... enfin, jusqu'à ce qu'un chevalier Belle-gueule veuille montrer ses jolis muscles à Dame Bijoux, et pour ce faire, soit obligé de nous décapiter, ou je ne sais quoi encore. là au moins, plus de rêves. Mais ce plafond qui jette au sol sa propre image, ne peut donc observer la pâleur et la maigreur de mo corps ? Il ne voit donc pas ces côtes qui sont prêtes à ressortir à la moindre occasion de manquer un repas, il ne voit pas cette colonne vertébrale dressée vers lui, prête à se jeter hors de mon corps pour ne plus avoir à subir la lente agonie sans fin que je m’apprête à vivre…
Je me dresse sur mes immenses jambes, des jambes semblables à celles des clowns jongleurs dans les foires de rue, de véritables perches. Le vertige que je ressens un instant me fait tanguer dangereusement, mais heureusement pour moi, je suis habile et souple comme un chat. Alors je me rattrape en quelques secondes, avant de me mettre à marcher. Je ne marche pas longtemps, je fais trois ou quatre mètres, avant de me rendre compte qu’il y a là aussi un mur, qui me jette un regard froid et vide. Derrière, l’autre mur fait exactement la même chose.
_ Ca va finir par devenir lassant, dis-je d’un air qui se veut défiant.
C’est le silence, et ce double kaléidoscope qui me répondent en cœur. Mais alors que je secoue la tête de droite à gauche, pour exprimer mon désarroi à ce qui ne peut même pas me répondre par la même mimique idiote, j’apperçois un mouvement. Dans le calme intensif et la noirceur forcée de la pièce, je vois quelque chose qui bouge, dans un coin… non… c’est un man de mur tout entier. Il me montre en un nombre excessif d’exemplaires… dire que je me plaignais de ne pas être vu, il semblerait à présent que cela soit trop pour moi…
_ Je me serais contenté d’un seul, dis-je, les mains sévèrement posées sur les hanches tandis que toutes mes représentations font strictement la même chose.
Elles portent avec élégance cependant le même vêtement que moi ; vêtement humain, un long manteau rouge au devant portant un rang de boutons, qui me vont des pieds au menton. Tout est bon dans l’Wilson. Excepté la froideur presque moite de la chair bien sur, mais ça… un long manteau aux manches longues, mais si usées par le temps qu’elles en laissent apercevoir mes gants de cuir noir en dessous. Bien sur, je ne suis pas habillé d’un simple manteau, c’est le quotidien des exhibitionnistes. Dessous, je porte une chemise manches longues noir, et un pantalon noir. Tout en bas de ces milliers de reflets que je vois, d’énormes chaussures de cuir, marron celui-là, cernent leurs pieds. Je n’imagine pas l’odeur ! Ah bah si, j’imagine : plus d’odeur puisque je suis mort !
Leurs cheveux d’or, brossés sur leurs multiples têtes semblent se tendre vers le ciel comme pour fuir le reste de leurs corps presque décharnés ; quelques mèches devant leurs fronts lisses et grand, ont abandonné la bataille et retombent mollement vers le visage de cet être au nez fin et droit, aux yeux grands et bleus, à la bouche fine et au sourire charmeur malgré ces dents… et aux lunettes reflétant la lumière comme ce plafond reflète ce sol. Juste derrière les verres, les branches forment une sorte de W… ça me plait !
_ Eh, j’suis pas mal quand même, me vantais-je en observant mes reflets avant qu’ils ne disparaissent, me laissant voir finalement le mur derrière moi reflété par le mur de devant.
Je garde ma mine ravie même si au fond, je boue d'impatience.
_ C'est plus vraiment drôle là...
Si seulement il y avait une sortie ! |
| | | =Aïkologue=
Nombre de messages : 2326 Localisation : Lan Rei Ouest Métier/Fonction : Conteuse // Floodeuse Ceinture Orange // Juré du Tournoi
| Sujet: Re: Peinture commestible... Mer 25 Mai 2011, 02:26 | |
| Ah non, pas encore un!
Vampire, n.m: Mon pire cauchemar.
Quoi de plus frustrant pour moi, que ces êtres que je ne peux même pas refleter?! Il se pavane devant moi, il me nargue, intouchable, sans même le savoir. Quel snob! Pourtant, Je ne peux le quitter des yeux, envieux, jaloux. C'est un caprice, mais je le veux! JE LE VEUX! On désire toujours ce que l'on ne peut avoir, c'est bien connu...
A défaut de voler son apparence, je l'observe sous tous les angles. Je note chaque detail, les desirant mieux. Accroché au cadre de mon miroir, j'essaie de le secouer de mes mains invisibles, de l'ébranler. Je voudrais tant briser cette barrière qui m'éloigne de lui... Mais mes attaques sont pareilles à des caresses.
Il s'approche! Il est tout près, ahhh, JE LE VEUX! Ses iris rouges me transpercent, et soudain, comme un éclair, à l'endroit même où son regard aurait du se refleter, apparait le mieux, prunelles de vieux reptile sans paupière. Au même moment, mes assauts parviennent enfin à malmener le miroir. Il se brise enfin, et mon bras ténébreux, vague volute de fumée noire, s'empresse dans l'ouverture, l'agrippant pour mieux l'entrainer de l'autre côté du miroir, dans le pays des ombres.
|
| | | Invité
| Sujet: Re: Peinture commestible... Jeu 26 Mai 2011, 04:45 | |
| Noir total. Lévitation ? On dirait bien, en tout cas. Après tout ce que je viens de vivre là, derrière ce rideau épais dans lequel je n’ai même pas besoin de mes sens vampires pour avoir à éviter quoi que ce soit, je me demande si on n’est pas en train de jouer avec moi… bof, le noir ne me fera pas de mal, va. La sensation de ne pas être reflété par un miroir sadique, c’est assez flippant !
_ Mon pauvre enfant, qu’es-tu devenu…
La voix qui vient de prononcer ce mot me donne froid dans le dos. Grave, aussi puissante que le tonnerre. Je la reconnaîtrais entre mille.
_ Père ? _ Avec tout ce que je t’ai inculqué depuis tant d’années, tu n’as jamais su être à la hauteur.
La voix se rapproche, aussi tonitruante qu’à l’habitude de mon père lorsqu’il estimait que je n’avais pas été assez bon pour lui.
_ Je t’ai enseigné les bases du savoir-vivre en communauté, j’ai tout fait pour que tu sois pareillement poli qu’un Prince, et tu t’es isolé, et tu as renié toutes mes leçons. _ Je…
Il est vrai que je n’ai pas vraiment désiré vivre avec les autres ; j’ai toujours eu horreur de la foule, des visages pleins de faux-semblants et ces esprits vaniteux à souhait. Je n’en suis pas vraiment fier, mais je n’ai jamais su résister à l’appel de la solitude ; moins je suis entouré, mieux je me porte. Il en est ainsi depuis que je suis en âge de comprendre ce que je suis. Je ne suis pas vraiment fier de ce que je suis, ni de ce que j’étais… récalcitrant aux lois de la vie en groupe, comme l’être humain en a pourtant toujours eu l’habitude, je suis incapable de suivre les règles et les fondements de la communauté. Je n’ai jamais aimé les autres.
_ Je t’ai appris que pour être un homme bien jugé par les autres, il fallait défendre en pieu chevalier la veuve et l’orphelin et te battre en noble guerrier ; et tu n’as d’estime que pour toi, et tu te carapates à chaque fois que l’occasion de te montrer fier et courageux se profile à ton horizon.
Froussard, je n’ai jamais apprécié de me tenir dans une position de faiblesse face à un adversaire plus fort que moi. Et mon apparence de gringalet ne m’a jamais aidé à me sentir mieux. Ma frayeur de la foule est aussi celle de l’autre en général ; ma fille, ma femme et ma mère sont sans doute les trois seules personnes au monde dont je n’ai jamais eu peur. Cette frayeur m’a toujours donné des ailes sauver ma vie, notamment donner des informations aux personnes que je considère plus fortes sur les autres et fuir… la plupart du temps, je préfère fuir car je ne sais même pas si l’on me laissera en vie après avoir donné l’information. Plus que froussard : perturbé, paranoïaque !
_ Tu es indigne d’être mon fils ! Les Crowley n’ont jamais eu un représentant aussi pathétique que toi !
La voix est terriblement forte à présent, elle est colérique, elle me rabaisse plus encore que ce que je suis déjà face à mon père. Ce que j’ai toujours été. Sans le vouloir raiment, je me recroqueville, alors qu’il ne me voit même pas. Il a tellement raison. Je suis pathétique. J’ai si peur de tout que j’ai même peur de moi-même. Je me connais bien ! Je sais qui je suis, et je sais que ce que j’ai été, la moitié de mon ancienne race n’est aussi. Les hommes ont un cœur qui chavire si facilement. Et ce que je suis à présent… je n’en sais rien encore. Je me sais plus fort, je me sais plus… c’est étrange mais la première idée qui me vient à l’esprit est « vivant » alors que je suis techniquement mort. Et pourtant, même si je sais que je suis rempli d’une vie qui est tout autre que celle que j’avais avant, faiblarde, vaseuse… je suis incapable de remonter dans l’estime de mes parents ; je suis et resterai toujours un trouillard, un profiteur fourbe et roublard, qui ne pense qu’à sa petite personne…
_ Et moi ?
Cette voix a pour moi l’effet d’une bombe ; d’un coup, je me ressaisis, je deviens un autre homme, je deviens fragile, je deviens mou, je me dresse et cherche des yeux dans ce néant que rien ne perce, je la cherche, elle. Il n’y a qu’elle que j’ai toujours aimé, toujours voulu protéger. Mistral. Mon cher enfant.
_ Mistral ?! Tu es là ?
Ma voix est chevrotante, j’ai tellement peur qu’elle soit en danger. Je ne sais pas ce qu’elle est devenue, je ne sais pas comment elle a disparu. Je ne sais pas où elle est… Ma pauvre petite Mistral, elle doit avoir si peur ! Toute seule, perdue je ne sais-où, peut-être enlevée, peut-être séquestrée, peut-être morte ?!
_ Mistral ? Réponds, ma puce. _ Pour ta fille, dit une autre voix, plus mature, tu as été plus qu’un père ; c’est en sa présence seule que tu as su dévoiler ton côté sensible, doux, joyeux, patient…
Ça, pour être patient, je l’ai toujours été ! Toutes les nuits où elle pleurait, où il fallait la bercer, où il fallait consoler sa petite âme en peine, toutes ces fois où elle demandait quand maman allait revenir, toutes ces bêtises qu’elle avait faites, tous ces moments où elle me hurlait que j’étais un père indigne… et j’ai tenté d’être un bon maître d’école pour elle, je lui expliquais à quoi servaient les étoiles, pourquoi elles bougeaient dans le ciel, je tentais de lui donner envie d’avoir une culture. Envie de poser des questions. Je lui ai appris à lire, à écrire, à compter avant même qu’elle ne l’apprenne comme les autres enfants à l’école. J’ai fais tout cela avec tellement d’amour que j’ai peur es fois de lui en avoir trop donné… la peur est partout, tout le temps avec moi… même quand je pense à Mistral, finalement. Peur que mon passé me rattrape, que le présent m’engloutisse, que le futur soit horrible. Avec Mistral, je n’avais pas peur. C’était ma petite, l’amour de ma vie, et j’ignore comment, mais avec elle, je me sentais l’homme de la situation. J’étais fort, j’étais beau, j’étais le meilleur des pères. Je n’avais aucune raison d’avoir peur de quoi que ce fut, c’est pourquoi j’exprimais la joie, la bonne humeur ! Chaque jour passé en sa compagnie m’apportait le soleil qu’il fallait à ma vie. Je crois aussi, sans me venter, qu’avec Mistral, j’ai été le plus doux des agneaux, le plus brave des hommes, le plus vivant des vivants. Depuis qu’elle a disparu…
_ Tu te morfonds, papa.
Papa. Ce mot suffit à me donner la chair de poule ; le mot le plus câlin du monde. Câlin… ce que j’étais avant, ce que j’ai oublié d’être, finalement. Je ne suis plus cette tendre peluche qu’elle a connue ; je ne veux plus faire plaisir à quiconque, je ne veux plus être gentil, généreux, sage. A présent, seule la tristesse et la colère hantent mon esprit. Et qu’on n’ait pas essayé de faire quoi que ce soit à ma fille, parce que je pourrais devenir un autre encore ! Je ne suis pas encore arrivé à ce stade, parce que je garde l’espoir qu’il ne lui soit rien arrivé de grave, mais je me transformerais en immonde créature assoiffée de vengeance. Il n’arrive pas un jour sans que je pleure sa disparition en regardant le dernier dessin qu’elle m’avait fait de ce qu’elle pensait être la vie ; il n’arrive pas un jour sans que je chante la berceuse que je lui avais apprise, en croyant peut-être que ça va la faire revenir.
_ Où donc a bien pu passer… _ Ton humour, je sais… _ J’allais dire « ton esprit enfantin » mais après tout…
Celle-là, de voix, c’en est une que j’ai détesté plus d’une fois, et que je déteste encore. Je la hais ! Je la hais, je la hais, je la hais ! Cette misérable garce, qui nous a abandonnés tous les deux dès que l’occasion s’est présentée à elle. Cette salope qui a laissé tomber sa fille, son propre enfant, le fruit de sa chair ! Et moi qui avais crié sur tous les toits qu’elle faisait partie des étoiles que l’on voyait dans le ciel, et qu’elle montrait le droit chemin aux marins perdus en mer ! Quel con ! Quel imbécile, m’être laissé berner par une, une… elle veut savoir où est allé mon esprit enfantin ? Il s’est barré dès qu’il l’a vue ! Il a compris qu’elle allait briser ma vie et il n’a pas attendu son reste !
_ Allons, mon amour. La colère te va si mal… _ Fous le camp, sans-cœur ! _ Oh, mais je croyais que tu n’aimais pas que je sois partie… _ Je ne veux pas que tu reviennes, c’est différent.
C’est sans doute son départ qui a durcit mon cœur et m’a rendu indifférent aux malheurs d’autrui. C’est sa faute si je suis si froid avec eux, avec elles. Avec les autres. J’étais déjà assez étrange aux yeux des miens, cette fuite si inattendue m’a brisé en milliers de morceaux ; et je me suis juré de n’aimer personne d’autre que cette chose qui m’avait été donnée, cette pauvre petite créature qui avait besoin de la protection ; qui d’autre que moi ? J’étais le mieux placé. Mistral n’aurait pas eu meilleur père que moi. J’ai refusé de l’abandonner. Mais je ne regrette pas d’en avoir laissé d’autres derrière moi. Ils n’en valaient pas la peine. Personne ne la vaut. Personne d’autre qu’elle. On croit que je n’ai pas de cœur ; techniquement, il s’est seulement arrêté de battre ; je ne suis qu’un profiteur de la situation, pas un sans-cœur. C’est Jilan, la sans-cœur. Et cette garce a bien fait finalement de nous quitter. Qu’elle aille la faire, sa vie de diva ! Qu’elle fasse sa petite mijaurée. Je m’en fous. Comme je me fous du reste du monde. Je vis par moi-même. Et je vis pour moi-même. Et Mistral.
_ Bien sur.
Maman ? Maman, c’est… c’est bien toi ? Même si je ne prononce pas ces paroles, je sais que si c’est bien elle, elle les entend. Nous avons toujours eu notre façon de communiquer. Les regards. Les silences. On s’est toujours compris ainsi, ma mère et moi.
_ Bien sur que tu vis pour Mistral. Sinon, tu n’aurais jamais fais tout ton possible pour acquérir l’éternité. Tu veux savoir ce qu’elle est devenue.
Savoir. Je suis obsédé par le savoir. Je veux à tout prix connaître et trouver les raisons de ceci, ou de cela. Malgré tout ce que me reproche mon père, je suis un garçon curieux. Or la curiosité est une excellente qualité. Il ne pourra jamais me le reprocher. Et dès que je fais quelque chose, je suis concentré. Avidement fixé sur mon objectif.
_ Et tu marmonnes sans t’en rendre compte. _ Je marmonne ? _ Tu chantes sa chanson.
Sa chanson. Patte à patte…
_ … Et pas à pas.
La berçeuse que j’avais apprise à Mistral pour qu’elle n’ait pas peur des bêtes sauvages.
_ Tu changes encore ? demande la voix de ma fille. T’as vu, tu changes de comportement.
Oui. Je suis un bipolaire. Je suis incapable de rester en place plus de quelques minutes, sauf si c’est pour dormir ou apprendre, et je suis incapable de garder la même émotion en tête. Tantôt, je suis un gai luron, parfois, je suis un sourd aux remarques. Et il y a même des moments où je joue les emmerdeurs pour le plaisir de voir la tête des gens. Je suis un gros lunatique, oui. Et parfois, je joue de cela, pour moi, moi et moi.
_ Sale orgueilleux ! _ Morue perverse !
Encore elle… la réponse que je lui ai offerte a été plus rapide que mon esprit, c’est sorti tout seul.
_ Alors comme ça, on a voulu pactiser avec ces créatures de la nuit ? Tu es tombé plus pas encore que je ne l’aurais imaginé, mon amour ! _ Tss…
En effet, être un buveur de sang n’est pas la plus chouette des choses, mais il faut faire avec. Le vampire ne voit pas sa sale face dans un miroir, et ça peut être tourné à son avantage, lorsque les gens se brossent les dents, le soir dans leur salle de bain avant d’aller se coucher alors que les nocturnes commencent leur journée. Ils n’ont pas le temps de venir voir l’être qui vient se nourrir sans même avoir à payer ! C’est l’un des rares privilèges… à présent que j’y réfléchis, c’est peut-être le seul ! Mais en échange, pas le droit de se nourrir d’autre chose ! Peu importe : pas besoin de faire de cuisine. L’éternité, c’est vraiment très long, surtout vers la fin… et à vrai dire, ne pas pouvoir aller où l’on veut, quand l’on veut, c’est une véritable plaie. De plus, j’ai perdu le gout de tout ce que j’aimais manger avant, ce que j’aimais boire. J’adorais le soleil, je suis obligé de m’en cacher, je détestais la vie nocturne, je suis forcé de m’y accoutumer… par contre, une des rares choses qui n’ont pas changé, c’est mon goût d’emmerder le monde. Ma passion pour les choses morbides aussi… mais c’est une autre histoire. Seulement, tous ces maux me font souffrir. Il est un autre fléau, c’est que cette manie de compter des graines, de dénouer des nœuds… c’est comme un toc, c’est plus fort que moi ! Comme si j’étais… une sorte de fétichiste. J’en viens à avoir des gestes brusques, de frôler le black out total si je tente de m’en détourner avant d’avoir terminé. Malheureusement, je n’ai pas que ces deux tocs ! Il y a bien longtemps, j’en ai eu d’autres, qui ne m’ont jamais laissé tranquille : Je suis incapable de laisser une porte ouverte, même entrebâillée, derrière moi. Et le pire de tout, c’est que je me crois obligé de m’expliquer. Je parle, je parle. Je parle parfois trop. Prêt à divulguer n’importe quel secret d’état, prêt à dévoiler n’importe quelle cachette pour avoir à mon tour une information concernant ma fille, ou quelques sous. Après tout, qu’est-ce qui me dit que je dois aider mon « prochain » ? Je ne le connais même pas, mon prochain !
_ Peut-être qu'un jour, tu le connaîtras mieux que tu m'as jamais connu... |
| | | =Aïkologue=
Nombre de messages : 2326 Localisation : Lan Rei Ouest Métier/Fonction : Conteuse // Floodeuse Ceinture Orange // Juré du Tournoi
| Sujet: Re: Peinture commestible... Jeu 26 Mai 2011, 19:33 | |
| Dans l'ombre Nous regardons.
Quelle façon étrange de ne pas tenir debout... Il défi tout ce qui n'existe pas mais se plie à la gravité. Dans cette pièce il est son propre bourreau, Nous ne jugeons pas, Nous n'intervenons pas. Cependant enfin, Nous pouvons l'effleurer. Son âme est à Notre portée, comme des lames de dix dans un geste habile, Nous le découpons, Nous le pelons, Nous lui donnons des outils. Nous lui créons des failles. Mais c'est lui qui mène son purgatoire.
Il est la chatouille et la main qui gratte. Il est la mouche et le journal enroulé. Il est la question et la réponse. Nous ne sommes que le lien. Les récepteurs à ses sens, les neurones, cheminant entre ses perceptions et ses réflexions. Nous sommes la myéline qui accélère le processus. Nous pouvons être en retard, mais avec de l'huile la rouille grince moins...
Il se démène dans la proprioception de son Moi. Nous vous-long l'aider à se dé-couvrir. Dans une invitation à quitter son manteau de réflexions, nous soufflons la clef à ses pieds. Le noir se laisse chasser par la lumière, éclipsé de rayons blancs aveuglant. Dans un bruit apaisant, de l'eau tiède s'infiltre par tous les pores du lieu, tourbillonnant un instant aux pieds meurtris de la créature. Puis elle est s'arrête plane. Pas pour longtemps...
|
| | | ¤Admin¤
Nombre de messages : 10629 Localisation : ¤ Là où la mer et le ciel se rejoignent, sur l'horizon, là où le Rêve existe encore ¤ Métier/Fonction : ~¤Maître du Jeu¤~ / ~*Conteuse*~
| Sujet: Re: Peinture commestible... Lun 17 Oct 2011, 22:16 | |
| Petit Up, où en es-tu? Comptes tu poursuivre ce personnage? S'il n'y a pas de signe de vie de ta part d'ici la fin du mois, j'enverrais ton entrée dans la Trappe [où elle pourra toujours être récupérée en cas de retour ] En espère te revoir bientot |
| | | | Sujet: Re: Peinture commestible... | |
| |
| | | |
Page 1 sur 1 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|