Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Découverte de l'inconnu. [Ciaran]

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MessageSujet: Découverte de l'inconnu. [Ciaran]   Découverte de l'inconnu. [Ciaran] EmptyLun 14 Nov 2011, 00:07

Spoiler:


Nous avons repris le contrôle de notre corps. C’est à chaque fois plus pénible, plus douloureux. Nous luttons pour ne pas hurler. Tous les sons résonnent dans notre tête. Quelques secondes durant lesquelles s’opère ce changement. Quelques secondes qui paraissent interminables. Nous entendons la voix de Ciaran, suivi de notre Second. Oui, oui, nous savons, nous avons un tas de choses à faire et bla bla bla…Ces changements brutaux nous mettent toujours d’humeur exécrable pendant quelque temps.

Les maux de tête disparaissent peu à peu. La mauvaise humeur persiste. Nous observons Ciaran sans dire un mot. Nous glissons une main dans nos cheveux attachés et les dénouons rapidement. Stupide coiffure de pimbêche ! Nous jetons à la mer les rubans ridicules qui ornaient nos cheveux avant de répondre à notre nouveau matelot.


« L’équipage a été accueillant ? Voyez-vous ça…On peut dire que vous avez de la chance alors. En tout cas, si vous voulez savoir quoi faire sur ce navire prenez exemple sur Aedan. S’il vous apprécie tant mieux, sinon débrouillez-vous. Retourner le voir, il y a du boulot ! »

Tous ces mots sont sortis de notre bouche sur un ton très sec et cassant. Nous ne parvenons pas à nous contrôler lorsque nous changeons de phase. Stupide Crystella, pourquoi est-elle sortie ? Avait-elle vraiment besoin de faire son intéressante ? Pourquoi n’avons-nous pas pu la contenir ? Trop de fatigue sans doute. Nous faisons volte-face sans adresser un autre mot ou un dernier regard à Ciaran. Pour l’instant, il peut bien se jette dans l’océan que cela ne nous concerne pas.

Nous avançons sur le pont, en direction du poste de commandement, le pont arrière. Ce cher Owen vient à notre rencontre. C’est lui qui nous a avertis que nous pouvions lever l’ancre. Lui qui nous a adressé la parole alors que nous étions en phase de transfert. Owen est un homme assez bourru de prime abord, mais il est l’un de nos plus fidèles serviteurs. Nous pourrions lui faire n’importe quoi qu’il continuerait toujours à nous servir. Lorsque nous le croisons, nous le toisons quelques secondes et lui décochons une gifle monumentale.


« Crois-tu que nous ne savons pas que nous sommes prêts à partir ? Retourne donc briquer le pont, cela t’évitera de parler inutilement ! »

Nous reprenons notre course vers le pont arrière. Sur nos pas nous sentons les regards inquiets de l’équipage. Tous les matelots présents sur le pont nous ont entendus crier sur ce pauvre Owen. Mais tout le monde sait que nous sommes lunatiques. Ce n’est pas notre faute et ils le savent. Ils savent que cela ne dure jamais très longtemps et que, lorsque cela arrive, il faut se faire tout petit.

Une fois arrivés à la barre, nous donnons l’ordre de lever l’ancre. La grand-voile est hissée et le départ est donné. Nous avons déjà calculé notre cap, il ne changera pas avant au moins trois jours. Les minutes passent et derrière nous le port de Reilor se fait de plus en plus petit, sur le pont, tout notre équipage s’active. Malgré ma mauvaise humeur, le navire vogue sur les flots sans le moindre souci.

-----------------
Quelques heures se sont écoulées, nous sommes à présent en plein cœur de l’océan, le temps est au beau fixe, pas de tempête à l’horizon. Nous scrutons le pont à la recherche de nos deux martyrs. Nous appelons tout d’abord Owen qui vient nous rejoindre à la barre. Nous ne nous excusons pas, jamais. Nous lui indiquons le cap à respecter et lui laissons notre place à la barre. Un moyen comme un autre pour lui faire oublier la petite dispute de tout à l’heure.

Nous appelons ensuite ce malheureux Ciaran et lui demandons de nous rejoindre dans notre cabine dans une dizaine de minutes. Une fois dans notre cabine nous changeons d’apparence et reprenons une tenue qui nous sied mieux. Nous enfilons une robe blanche corsetée, laissant les épaules et les bras dénudés. Nous ébouriffons nos cheveux, accentuons notre maquillage, voilà, nous sommes enfin parfaites. Nous nous laissons tombées sur un vaste fauteuil. Nous ne sommes pas dans notre état normal, nous sentons que quelque chose ne va pas.

Nos pensées sont sombres et perverses, nous ne parvenons pas à contrôler ces étranges sentiments. Qu’a bien pu faire cette idiote de Crystella ? Voilà que nous sommes totalement détraqués. On frappe à la porte, Ciaran entre et notre visage s’illumine.


« Ciaran…Asseyez –vous, ne soyez pas timide, voyons. »

Toujours aussi obéissant ce dernier s’assoit dans un fauteuil face au notre. Nous nous levons et attrapons une bouteille de Rhum. Nous en buvons quelques gorgées directement à la bouteille et nous dirigeons ensuite vers notre invité. Nous nous asseyons sur ses genoux et versons quelques gouttes de Rhum directement dans sa bouche.

« Alors, vous appréciez votre premier voyage en mer ? »

En réalité nous nous fichons totalement de savoir comment se passe son voyage. Depuis quelques minutes, une obsession pour sa personne se fait sentir, nous ne savons pas pourquoi, ce qui a bien pu déclencher cela. Nous savons ce qu’est le désir, l’amour, la passion. Mais là c’est différent, quelque chose chez nous semble déréglé.

*Cryss !! Que fais-tu ? Tu le connais à peine, cela ne te ressemble pas ! Ce n’est pas toi !*

Nous entendons la voix de Crystella qui nous parle, comment cela est-il possible ? C’est la première fois qu’une telle chose arrive. Mais nous n’avons pas le temps de tergiverser, les choses s’accélèrent et nous ne semblons plus être contrôlables.

« Et si nous inspections un peu cette jeune recrue…Voyons voir ce qui se cache là-dessous… »

À notre grande surprise et sans que nous ne parvenions à faire quoi que ce soit, nous nous surprenons à glisser une main le long de sa chemise et commencer à la déboutonner. Nos lèvres frôlent son cou et remontent le long de son visage pour murmurer quelques paroles au creux de son oreille.

« J’espère que tu n’as rien de prévu, car je pense que l’on va jouer un peu tous les deux… »

Ce n’est pas nous, ce n’est pas Crystella non plus. Nous ne comprenons pas ce qu’il se passe, pourquoi cela se produit ? Nous semblons être prisonnières de notre corps. Mais cela ne se passe pas comme d’habitude. C’est différent. Habituellement, nous ne voyons pas directement ce qu’il se passe, lorsque l’une prend le contrôle, l’autre tombe dans une sorte de sommeil. Mais là, c’est totalement différent, nous semblons prisonnières de notre corps et assistons en spectatrice impuissante à une nouvelle facette de notre personnalité.
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MessageSujet: Re: Découverte de l'inconnu. [Ciaran]   Découverte de l'inconnu. [Ciaran] EmptyLun 14 Nov 2011, 00:20

Jusque-là, l’attitude de Crystella avait été pour le moins stable. J’entends par stable le fait qu’elle soit tout simplement quelqu’un qui ne s’emporte pas pour un rien. Jusque-là, effectivement, parce qu’à peine avions-nous pris la mer que son attitude me surprit. Elle qui avait su se montrer douce, agréable et chaleureuse se révélait maintenant comme la Capitaine que l’on pouvait imaginer : brutale, agressive et sèche. Lorsqu’elle m’ordonna de retourner auprès d’Aedan, je lui adressai un bref regard d’incompréhension avant de rejoindre mon « collègue », un brin dubitatif.

« Qu’est ce qu’elle te voulait ? » me demanda-t-il alors qu’il nouait les cordes de sorte qu’elles ne s’emmêlent pas.

Je haussai les épaules avant de répondre que je venais d’avoir l’honneur d’être assigné à travailler à ses côtés.

« Elle t’a mal parlé, c’est ça qui te surprend ?
- Bah… un peu… Disons qu’elle n’était pas comme ça hier.
- Ca la prend comme ça de temps en temps. Elle est lunatique. Tu vas t’y faire. »

Lunatique. C’était donc la raison de ce comportement. A cet instant, la Capitaine passa derrière-nous pour se rendre sur le pont-arrière. Je restai silencieux, feignant de travailler alors que je n’y connaissais rien. Quelques secondes plus tard, Crystella giflait violemment Owen qui ne bronchait pas. Je restai bouche-bée et Aedan me tapota l’épaule en m’indiquant de reprendre le travail.

« Un conseil : Ne sois pas trop proche de la Capitaine. Si tu travailles en silence, si tu es efficace et que tu ne te fais pas remarquer, il ne t’arrivera rien. Mais, même si elle t’apprécie, crois-moi, même si tu crois que vous pouvez être amis… si tu tombes au mauvais moment, elle détruira. »

En regardant l’air si sérieux d’Aedan –qu'il conservait en toutes circonstances-, un frisson me parcourut. Passant la tête par-dessus bord, j’observai la côte s’éloigner avec le sentiment que, ce coup-ci, je venais de m’engager dans quelque chose dont je me souviendrais toute ma vie. Dans le bon comme dans le mauvais sens du terme…

____________


Nous étions déjà en pleine mer lorsque la Capitaine, par l’intermédiaire d’un des marins, me convoqua dans sa cabine alors que je travaillais aux côtés d’Aedan. J’avais déjà appris à nouer quelques nœuds et, lorsque Crystella m’invita à la suivre, je jetai un regard presque désespéré au colosse qui m’intima de faire ce qu’elle disait sans protester.

En entrant dans la cabine, la jeune femme était désormais vêtue d’une robe blanche. Son maquillage était plus foncé, et ses cheveux à nouveau ébouriffés. Face à cela, je pensai l’espace d’un instant que ces changements étaient peut-être dus à l’ennui qu’elle ressentait à bord de la Diligente. C’était parfaitement compréhensible. Elle m’invita à m’asseoir –et comme je suivais à la lettre les recommandations d’Aedan-, je pris place dans le fauteuil qui se trouvait face à elle.

C’est là que tout commença.

Une bouteille de rhum à la main, elle s’assit sur mes genoux et versa sans prévenir du rhum entre mes lèvres. Surpris, je ne trouvai pas la force de protester aussitôt et me contentai d’avaler la boisson en me demandant si elle n’était pas tout simplement ivre. Pourtant, alors qu’elle aurait pu se contenter de boire, le triste spectacle empira.

« Et si nous inspections un peu cette jeune recrue…Voyons voir ce qui se cache là-dessous… »

Sa main sur ma chemise, elle déboutonnait mon vêtement en laissant glisser ses lèvres le long de mon cou et de mes lèvres. Je frissonnai un peu –qui n’aurait pas réagi ainsi ?- tout réalisant que ce qui se passait-là n’avait aucun sens. Je repensai alors à Aedan qui me conseillait de ne pas m’opposer à elle lorsqu’elle ajouta :

« J’espère que tu n’as rien de prévu, car je pense que l’on va jouer un peu tous les deux… » 

Cette phrase ma glaça le sang. Quelque chose chez elle était différent de tout ce que j’avais connu jusqu’alors. Etais-je responsable, ou était-ce tout simplement elle qui éprouvait quelque chose pour moi ? L’idée qu’elle m’avait recruté pour satisfaire ses besoins les plus intimes m’effraya un peu plus. Je devais m’opposer.

Alors qu’elle continuait à déboutonner ma chemise et que nos lèvres se touchaient presque, je lui attrapai doucement les mains comme pour l’inviter à ralentir.

« J’ai tout mon temps… » lui chuchotai-je, sourire aux lèvres.

En ralentissant, elle m’offrait quelques secondes de réflexion supplémentaires pour me sortir de la mouise dans laquelle je me trouvais. Mes mains dans les siennes, je la regardai dans les yeux, feignant l’envie et le désir alors que toutes mes pensées se dirigeaient encore et toujours vers Alannah. Pourtant, aucune solution ne vint et elle ouvrit totalement ma chemise lorsque, finalement, je me décidai à agir.

D’un geste brusque, je la repoussai loin de moi et me relevai de ma chaise tout en me dirigeant de l’autre côté de son bureau. Depuis cette place, je lui dis : 

« J’ignore ce à quoi vous jouez Capitaine, mais sachez que vous n’obtiendrez de moi que ce je consens à vous donner… »

Bien conscient que mes mots la rendraient furieuse, j’ajoutai :

« … aussi forte soyez-vous. »

En la fixant avec le peu de fierté que j'avais encore face à elle, je repensais à ces rêves qui, pas plus tard qu'hier, animaient mon esprit. Elle était bien loin, la grande aventure... !

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MessageSujet: Re: Découverte de l'inconnu. [Ciaran]   Découverte de l'inconnu. [Ciaran] EmptyVen 20 Avr 2012, 14:35






Découverte de l'inconnu. [Ciaran] I%3EDécouverte de l'inconnu. [Ciaran] 502234165314Aedan
Aedan Uaal

Le temps passa. De longues minutes s'écoulèrent sans qu'aucun bruit ne s'échappe de la lourde porte qui séparait Ciaran de l'équipage. Tous, et particulièrement Aedan, étaient curieux de savoir ce que pouvait bien vouloir la Capitaine au « Nouveau ». Certains, d'ailleurs, espéraient déjà son éviction et le voir passer par dessus bord. Le colosse n'était pas de cet avis. Depuis sa rencontre avec Ciaran, les quelques mots qu'ils eurent le temps d'échanger lui donnèrent la preuve qu'il était un homme de bien un peu gauche mais curieux de tout. Il saurait se montrer utile à l'équipage.

Le nouveau resta si longtemps dans la cabine que, bientôt, tous oublièrent qu'il s'y trouvait. Les matelots cessèrent de parier sur son sort et le rythme de la mer reprit ses droits sur le navire. La patience d'Aedan atteint d'ailleurs elle-aussi ses limites et il retourna vaquer à ses occupations dans la cale, là où Owen l'avait assigné quelques minutes auparavant avec le même sourire sadique dont il s'habillait lorsqu'il arrivait à pourrir la vie de ceux qu'il n'aimait pas.

Ce fut seulement deux heures plus tard qu'Aedan retrouva Ciaran, occupé à scruter l'horizon depuis la proue du navire.


« J'ignore ce que tu cherches, l'ami, mais si c'est une terre, nous n'en verrons sans doute pas avant des mois. A moins que la Capitaine ne change d'avis. » lui dit-il en s'approchant.

Ciaran ne répondit pas, sans doute perdu dans ses pensées. Aedan n'insista guère et comprit bien vite que la Capitaine s'était sans doute se montrée étrange à son égard. Une fois, seulement, le colosse s'était retrouvé en face à face avec elle. Il l'avait trouvé particulière, dangereuse et sans doute, dans un recoin de son esprit, avait-elle planté les germes de la peur pour que jamais il n'envisage de la trahir. Cette femme était dangereuse, pas seulement parce qu'elle possédait des pouvoirs étranges mais aussi en raison de la folie destructrice qui la hantait.

Le nouveau ne bougeait toujours pas. Il ne prenait même pas la peine de cligner des yeux. Aedan posa une main sur son épaule, comme pour le sortir de sa torpeur mais rien ne sembla y faire. Alors, il resta à ses côtés de longues minutes, sans bouger, sans parler, jusqu'à ce que Ciaran se décide enfin à dire quelque chose.


« Je crois que je suis en train de regretter ma décision, Aedan. Je crois que j'ai fait le mauvais choix. Ma place était à Reilor. Dans ma ville. Sur mon île. »

Le colosse tenta de rester aussi impassible qu'il le pouvait. La décision de Ciaran était compréhensible mais, malheureusement, il n'existait qu'un échappatoire connu pour quitter l'équipage de Crystella et de Dante : la mort.


« Je suis désolé de te l'apprendre, Ciaran, mais je doute que tu puisses nous quitter de sitôt. Quand bien même nous arrêterions-nous dans un port pour quelques jours, il t'est impossible de démissionner. En acceptant l'offre de Crystella, tu t'es engagé jusqu'à ce qu'elle décide que tu as suffisamment servi.
- Et dans combien de temps aurai-je suffisamment servi ?
- Tout dépend. Une vie, au moins. »


Les muscles des mâchoires de Ciaran se dessinèrent sous ses joues et Aedan devina toute la colère qui sommeillait désormais en lui. Les jours, semaines et mois à venir seraient sans doute les plus difficiles de toute sa vie. Ensuite, il apprendrait à supporter l'attente d'une mort rapide, la solitude que représente la vie d'un marin enchainé à son navire, le regret d'un mauvais choix et le chagrin d'une vie perdue.

Tous ces sentiments, Aedan les avaient ressentis le jour où il comprit dans quoi il s'était embarqué. Il avait grandi sans le sou et la misère était tout ce qu'il connaissait depuis sa naissance. Un jour, une femme, belle et élancée, musicienne, vint lui proposer la richesse, la gloire et la célébrité plutôt que cette vie de bohème dans laquelle rien ne lui plaisait. Il accepta sans hésiter, quittant famille et amis sans même se retourner.

Le lendemain, sa ville natale était pillée par les pirates d'un autre navire. C'est en regardant les flammes s'élever par-dessus les montagnes de la Ceinture de Bredian qu'il dit adieu aux siens. A sa mère, qui le suppliait de rester à ses côtés. A son père, qui comprit que personne ne reprendrait jamais sa ferme. A sa soeur, qu'il avait sans doute abandonnée aux mains de pirates sans foi ni loi. Ces mêmes pirates qu'il venait de rejoindre.

Et bientôt, tout comme il avait su le faire, Ciaran apprendrait à diriger sa colère contre les innocents.

Oui, c'est en détroussant les pauvres gens et les quelques courageux qui osaient encore prendre la mer, les yeux pleins de larmes, le corps chargé de violence mais le coeur empli d'amertume, qu'il apprendrait ce que signifie être un pirate.

Cette idée en tête, le colosse tapota une dernière fois l'épaule de son compagnon d'infortune avant de lui dire calmement :

« Ne reste pas là. Owen va t'engueuler et tu ne feras que t'attirer encore plus ses foudres. Viens, je vais t'apprendre deux ou trois trucs. »

L'air résigné, Ciaran le suivit sans broncher. Pourtant, Aedan ne put s'empêcher de croire que, comme il le fit quelques années auparavant, le jeune homme était déjà en train de concevoir des plans d'évasion plus fous les uns que les autres. Et il sourit.




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