"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| Auteur | Message |
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Invité
| Sujet: La mémoire oubliée Lun 23 Avr 2012, 01:04 | |
| La douleur que causaient les sangles de cuir tirées entre des barres de métal en guise de matelas vint s'ajouter à la migraine de l'homme quand celui-ci ouvrit les yeux. Il était dans une sorte de cave, une pièce étrange dont les murs, le plafond et le sol étaient rouge écarlate, comme si elle venait d'être repeinte de sang frais -- ce qui augmenta la migraine de l'homme. Alors qu'il tentait de lever la tête, le sang lui monta brusquement au cerveau. Sa vision devint trouble à cause des larmes qui inondèrent ses yeux. Tout son corps semblaient vibrer en rythme avec le coeur qui battait lentement, mais puissamment. Ca aurait pu être beau si, à chaque vibration, une douleur lancinante s'éveillait dans sa poitrine. Après quelques minutes à respirer bruyamment, l'homme finit par se sentir mieux, et s'assit dans son lit. Autour de lui pendaient de nombreux miroirs ainsi que des cadres contenant des photos, suspendus à une chaine fixée au plafond ainsi que des jambons et se balançant lentement à hauteur d'yeux. Prenant une grande inspiration, l'homme réussit à se lever et à faire des pas dans la pièces. Son cerveau, qui tournait au ralenti, commença à fonctionner de plus en plus vite. Que faisait-il ici ? Pourquoi ces photos, ces miroirs ? Pourquoi cette peinture rouge ? Quel était cet endroit ? Qui était-il ? Il prit son visage entre ses mains, cachant de ses paumes le monde extérieur et respira calmement, tâchant de se souvenir. Mais rien ne vint. Rouvrant les yeux, il laissa son regard se promener sur ce qui l'entourait. Il ne se souvenait plus de rien. Son passé. Sa famille. Ses projets. Ses connaissances. Le trou noir. Un des cadres suspendus autour de son lit attira son attention. C'était un miroir. Qui agrandit la liste des questions de l'homme. A quoi ressemblait-il ? Il bondit sur le miroir pour l'arracher de la fine chaîne qui le tenait suspendu, comme si sa vie même en dépendait. Il avait soif de savoir, de se souvenir, de combler ce vide. Il y voyait un homme, aux traits tirés même s'il paraissait bien jeune. La mâchoire carrée, de longs et volumineux cheveux châtains foncé qui auraient bien besoins de se faire couper, un reflet sauvage dans ses yeux marrons-verts, une moustache et une barbiche courte de poils noirs et une légère cicatrice sous l'oeil gauche. Il s'examina sous toutes les coutures, réapprenant à se connaître, puis s'estimant finalement satisfait, il commença à regarder autour de lui pour trouver quelque chose qui pourrait lui apprendre son nom. Il ne trouva pas tout de suite, car devant lui s'étalaient de nombreuses photos. Il y avait de tout, des photos d'école, un repas, le portrait d'une fillette de 5 ans, celui d'un vieil homme qui apparaissait lors du repas de la photo, une maison... Il apparaissait sur la plupart d'entre elles, mais il n'avait absolument aucune idée des circonstances dans lesquelles ces photos avaient été prises. Puis il tomba sur un document officiel, celui d'un faire-part de naissance. Il avait l'air ancien, les motifs et le dessin du bébé blond, rieur et hypocritement sage avaient été effacés par le temps. Il annonçait la naissance du petit "Drillan Tveskoeg, pesant 3.85 kg à la naissance !" Ainsi était-ce là son vrai nom. Drillan. Drillan Tveskoeg. Des images commencèrent alors à refaire surface. Sa mère, l'appelant du seuil de la maison qui apparaissait en photo, la petite fille avec son sempiternel "Drillan, raconte-moi une histoire..." Mais comment s'appelait-elle, bon sang ?? Un nom se terminant par 'a'... Marla... Lucia... Angelina... Ophelia !! -Ophelia ! ne put s'empêcher de crier Drillan. Sa soeur, sa chère soeur, celle pour qui il serait prêt à se battre jusqu'à la mort ! Où était-elle ? Où était sa famille ? Après quelques minutes de désespoir, il finit par se forcer à penser à autre choses, il y avait encore beaucoup de documents qu'il n'avait pas examiné Après des recherches méthodiques, il finit par tomber sur une série de coupures de journaux parlant de chèvres égorgées, de fermes détruites et de vaches éventrées. Au fur et à mesure qu'il parcourait les coupures de journaux, Drillan vit que la disposition de ceux-ci n'avaient qu'un but : faire perdurer le suspens de la raison des coupures de journaux ici. Quelques coupures plus tard, on apprenait que c'était un seul loup qui s'était attaqué à un troupeau d'après des témoins, puis le croquis de l'empreinte, qui n'avait rien de celle d'un loup, mais un mélange obscur d'un pied humain et d'une patte de... quelque chose. Les sourcils de Drillan étaient levés en signe de perplexité. La coupure d'après était le récit de la traque de ce monstre à travers les bois, puis la honte des chasseurs qui avaient perdu sa trace. S'ensuivait alors de la maison qu'il avait vu en photo, à ceci prêt qu'elle avait brûlé. La description résumait en deux lignes qu'à force d'investigations, les enquêteurs et les chasseurs avaient déterminé la planque de "ce qui est sans nul doute un Lycan, un loup-garou !" Il restait à présent une coupure de journal, et Drillan ne put s'empêcher de fermer les yeux avant de regarder. Il avait fait le bon choix. La dernière coupure était une photo qui avait été découpée du journal, et comportait la photo de la soeur de Drillan, les yeux grands ouverts, épouvantée, tandis que sa gorge n'était plus que de la chair broyée et du sang séché et que son visage comportait de grosses traces de griffures. L'article était sans appel : "Le frère de cette pauvre jeune fille, Drillan Tveskoeg, 19 ans, atteint de lycanthropie, était venu le voir dans sa chambre alors qu'il était en pleine transformation. La fillette est morte rapidement de ses blessures, mais son frère reste introuvable" Drillan sentit le sol se dérober sous ses pieds, tandis qu'une onde de choc ravageait son crâne. Ophélia. Il ne vivait que pour voir sa soeur grandir. Il l'avait perdue. Il avait tout perdu. Par terre, Drillan se recroquevilla en forme foetale, et ne bougea plus.
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| | | ~¤ Chaton ¤~
Nombre de messages : 2814
| Sujet: Re: La mémoire oubliée Mer 25 Avr 2012, 23:17 | |
| Reflet encore incomplet, j’attends de prendre corps. Derrière le miroir, impatient, j’attends de te découvrir, de m’emparer de ton apparence. J’aimerais jouer avec toi, rire... Je me sens si seul.
J’essaie d’attirer ton attention, mais tu ne me regardes pas. Lève toi, viens me voir ! N’ai pas peur... Regarde, je suis comme toi. Je suis là, viens m’observer.
Ah voilà, tu me regardes enfin. Tu vois comme je suis beau, ainsi déguisé ? Admire moi, admire mes yeux, ma bouche, mon corps... tes yeux, ta bouche, ton corps. Je savoure cet instant où l’on me perçoit, enfin, au-delà de mon inexistence. Mais... te te détournes. Tu crois que je ne suis qu’un simple reflet ? Tu crois que ce n’est que toi, ce jeu de lumière et de réflexions qui me donne un corps ? Tu ne me vois pas... tu ne me vois pas ! Petit être égoïste, tu penses être le seule à dissimuler ta sauvagerie derrière une apparente normalité ? Tu n’as pas le droit de m’ignorer ! Tu n’as pas le droit !
Je laisse mon regard s’embraser derrière ton dos. Tu ne m’entends pas. Dommage pour toi. Le sourire qui apparaît sur mon visage n’est pas le tien. Je voulais être ton ami, tu as refusé. Je jouerai autrement. Lentement, la surface brillante qui m’abrite s’élargit, engloutissant les murs rouges de la salle jusqu’à t’encercler complètement. Sans même que tu t’en rendes compte, je me multiplie à l’infini. Et lorsqu’enfin tu lèves les yeux, tu n’as à peine le temps d’apercevoir mon visage : le verre qui t’emprisonne se brise d’un coup en millier d’éclats. Un bruit assourdissant. Puis plus rien. Le noir. Je m’enfuis en silence, t’abandonnant aux ténèbres. Tu me manqueras... |
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