Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)

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MessageSujet: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyJeu 28 Juil 2011, 19:01

Le jour s’est levé depuis un moment déjà sur la vaste mer dur Nord-est. Je me trouve entre Lan Rei et Loïli, perdu au beau milieu de l’océan. Je sais que la fin de la journée qui va suivre sera très importante. J’attends de la visite, oui, en pleine mer. C’est comme ça que l’on rend visite à un pirate. Le temps semble s’être placé au beau fixe et mon équipage a retrouvé le sourire depuis quelque temps. Moi aussi d’ailleurs. Il faut dire que nous venons d’achever une longue quête avec succès.

Voilà plusieurs semaines que j’ai retrouvé celle qui possède mon cœur. Même si elle est différente, même si son passe-temps favori consiste à se prendre pour le capitaine, je sais qu’au fond d’elle, quelque part dans un recoin obscur de son âme, réside la Norui d’avant. Je suis sur qu’un jour je réussirais à la faire ressortir et à récupérer mon amour d’antan. Mais pour l’heure, je dois veiller à ce que mon navire soit en parfait état pour mon invité de marque. J’ai donné mes directives à tout mon équipage et chacun s’active dans son coin.

Je suis isolé dans ma cabine, je regarde les minutes qui défilent, je sais que l’heure du rendez-vous approche. Nous nous sommes donné rendez-vous au coucher du soleil, il ne faut pas attirer l’attention. Ce n’est pas une rencontre officielle, tout cela doit rester secret. D'ailleurs, ce n’est pas la première fois que je rencontre la reine des succubes, et comme à chaque fois, nous prenons toutes les mesurent de sécurités pour masquer cette rencontre. Si l’on subissait une attaque et que l’on venait à tomber, cela aurait un impact important pour le reste du monde, et l’avenir des démons et succubes serait compromis. Cela dit, je me demande tout de même qui oserait attaquer en même temps deux princes démons. Il faudrait être fou, mais on est jamais trop prudent après tout.

J’ai donc pris toutes les précautions pour que personne ne vienne nous interrompre dans ce rendez-vous de la plus haute importance. J’ai récupéré une prisonnière qui servira de siège de transport pour la reine, j’ai choisi une mer peu fréquentée à cette époque de l’année et j’ai créé une forte tempête dans un large périmètre autour de mon navire. Personne ne devrait pouvoir s’approcher de nous pour se mêler de nos affaires.

Je commence à avoir l’habitude de ce genre de rendez-vous avec la reine des succubes. Il faut dire que nous entretenons une relation plutôt bonne. Certes ce n’est pas le grand amour entre nous, mais nous partageons la même vision des choses, et subissons les mêmes problèmes vis-à-vis de la société et des nombreuses races qu’elle comporte. Les succubes et les démons représentent le mal aux yeux des autres. Pourtant, il n’y a qu’à regarder mon équipage pour se rendre compte que nous n’avons rien de plus tyrannique que n’importe qui. Au contraire, nous avons des valeurs, chose que ne semblent pas avoir certaines races, comme les vampires, ou les anges, pour ne citer qu’eux. Je préfère ne pas parler des humains, eux ont la sale manie de vouloir tout diriger en ce monde. Sans cesse a nous traquer et croire pouvoir nous battre.

Je regarde l’horloge, il ne reste que quelques minutes. Je remets mes idées en place, je ne dois pas oublier d’évoquer les problèmes que me causent les vampires ces temps-ci. Je glisserai également un mot sur les anges et sur ce qu’ils font aux leurs. Peut-être que la reine a également quelques griefs envers eux, peut-être qu’elle a déjà penser a un plan ? Quoi qu'il en soit, même si de prime abord je parais détendu, je suis tout de même un peu anxieux. Nous sommes assez différents, et même si pour les points importants nous sommes d’accords, nous devons toujours prendre garde à ne pas froisser l’autre. Nous ne devons jamais tomber en désaccord, nous le savons, car une guerre entre nos deux peuples entrainerait irrémédiablement leurs fins respectives. Notre alliance doit perpétuer, je sais que la reine est d’accord avec cela, sans quoi elle n’aurait jamais accepté une entrevue à bord de mon navire, en pleine mer. Voilà comment deux rivaux ne se livrent pas bêtement une guerre de clans. Nos races respectives sont si peu nombreuses que nous devons sans cesse nous allier pour contenir les autres races qui souhaitent nous voir disparaitre.

Derek entre dans la pièce, il me signale qu’il va être temps et que la prisonnière est là. J’acquiesce de la tête et le suit à l’extérieur. Tout le monde est rassemblé sur le pont avant. Sytry tient la jeune prisonnière qui semble légèrement terrifiée. Je m’approche d’elle et la rassure.

« Ne t’en fais pas, il ne va rien t’arriver, tu vas juste servir de moyen de transport. Dès demain nous te remettrons dans la cellule ou nous t’avons trouvé. Tu vois, si tu t’étais tenu tranquille, nous ne serions jamais tombés sur toi en prison. »

Je fais un signe de la main à Sytry qui l’assomme d’un coup sec sur la nuque. L’horloge pointe dix-huit heures, le soleil orangé plonge dans la mer déchirée au loin. Le vent se met à souffler sur le bateau. Nous y sommes, la reine des succubes arrive enfin sur le navire du prince des océans. Une rencontre au sommet va avoir lieu.





Dernière édition par Dante Bélial le Lun 12 Sep 2011, 12:04, édité 1 fois
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Oanig Ain'Hoa
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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyDim 07 Aoû 2011, 21:50

[J'aime bien faire des intro HS qui amènent petit à petit au sujet, mais là, au final, il reste pas beaucoup de développement XD Le post de sur-place par excellence! Je te laisse lancer les réjouissances, finalement x)]


Ses doigts blonds s’étrécirent sur l’étoffe dorée qu’elle venait de ramasser. Le précieux tissu chuinta sous l’étreinte, brillant de reflets métalliques dans la lumière tamisée, semblant supplier celle qui le détenait de l’épargner.

_Oui, tu es très beau, mais je dois me débarrasser de toi.

Des bruits de pas nus sur de la pierre suivirent cette déclaration. Un visage se pencha par-dessus l’épaule à qui appartenait cette cruelle main détentrice. C’était un faciès si beau, rayonnant, qu’aucun artiste n’aurait pu le reproduire tant sa grâce subjuguait. Une création unique, sublime, aux yeux d’or et de charbons où se mêlaient sérénité et folie. Sa bouche, d’une teinte rosée étirée en demi-sourire, prit la parole à son tour avec une voix tranquille:

_Sale preuve ! Aussi fourbe que la pomme qui fait frémir tous ces humains…
_Voilà, tu es jugé coupable de péché originel. Nous te condamnons à brûler.
_Brûle, irrésistible soie de Quantor ! Fume comme cet argent avec lequel je t’ai obtenu !


La femme retint son souffle, suspendue aux derniers mots de son amant. Puis elle tourna une expression d’incompréhension vers celui-ci, traduite par la hausse de l’un de ses fins sourcils. Il sourit :

_C’était juste pour ajouter au ton mélodramatique.
_Oui, hé bien, gardes ça pour le jour où tu te décideras à me faire des cadeaux… Radin.


Elle avait rajouté cette invective dans un murmure qui disparut avec les flammes. L’elfe écarta ses cheveux d’acajou de sa nuque en un geste doux, caressant sa peau ardente du bout des doigts, et déposa un délicat baiser à la naissance de son épaule. Sa voix l’effleura comme une délicieuse brise rafraîchissante dans la chaleur d’un orage :

_Je t’ai toujours dit que tu devrais venir nue, mon exquise… Toutes ces étoffes que tu gaspilles ne valent pas le tiers de tes charmes naturels.
_Et je t’ai répété que tu n’aurais vraiment rien appris aux jeux de la séduction, mon Enfer, si tu croyais encore que le cadeau compte plus que le plaisir de défaire l’emballage après toutes ces années à recevoir le même jouet. Heureusement que l’un de nous deux maîtrise le sujet.
_Heureusement que je n’ai pas encore tout assimilé, sinon je n’aurais plus besoin de professeur…


La reine des Succubes s’écarta pour lui faire face, un effrayant regard sérieux planté dans ses yeux pétillants :

_Oui, heureusement pour toi. Ta date de péremption est fixée au jour où tu te détourneras de moi.

Il attrapa son poignet pour l’attirer à lui, mais elle l’écarta d’une claque et s’en détourna, contrôlant douloureusement sa faim.

_Il faut que je m’éclipse.
_Il te reste toute la journée pour te préparer, madame Brasier. Accorde-moi encore une heure pour t’apaiser, la pria-t-il en essayant de l’adoucir de la paume de sa main.
Elle esquiva sa caresse d’un faible mouvement de hanche. Néanmoins, elle n’avait qu’à se téléporter pour disparaître du foyer de son précieux trésor, et elle ne s’y était toujours pas résolue.
_Dans cet état, je pourrais te tuer Ael. Ta mère ne t’a-t-elle jamais dit de ne pas jouer avec le feu ?
_Les elfes gris ont d’autres sujets d’inquiétude que les reines démoniaques. Et puis…


Elle le poussa violemment sur le lit, dont les draps étaient encore chauds, et sauta avec la grâce féline d’une chasseresse sur son ventre. Un léger grondement vibrait dans sa gorge, menaçant l’homme de représailles plus sévères s’il essayait de se défaire de son emprise. Quant à sa main, elle était plaquée sur son buste, les griffes posées sur sa peau. Elle avait la position de l’exécuteur, prête à abréger sa vie d’une simple torsion du poignet. Sa voix siffla comme une alarme entre ses dents :

_Les elfes sont trop orgueilleux et narcissiques pour se méfier des dangers avec lesquels ils cohabitent. Aujourd’hui admiré, demain décapité. Qui sait ce que je pourrais faire de toi, Ael Faewyn, si ma nature reprenait ses droits sur ma raison ? Qui sait ce que je ferais à tous les tiens ? Ton sang a l’odeur du métal qui fondait autrefois dans les rivières d’Enfer. Il a la couleur du feu qui me nourrit. Quel goût aurait-il, sur mon palais ? Combien de fois crois-tu que je me suis posée la question ? Comment ai-je pu résister jusque là à l’appel inépuisable des battements de ton cœur ? Ils sont le roulement de tambour qui tient en haleine l’assemblée attendant le coup fatal du bourreau. Et je suis ce bourreau.
_Chhh…


Il avait recouvert l’arme pointée sur son poitrail de sa main tendre, caressant distraitement les ongles acérés qui déformaient à peine sa peau sous leur pression.

_Si tu me disais ce qui te tracasse tant, Oanig.

Son visage était sincère. Elle ne l’effrayait pas le moins de monde. Elle ne l’avait jamais terrifié. Enfin, il l’avait bien caché.

_Raconte-moi ce qui peut te mettre dans un tel état.
_Tsss !


Elle retira sa main de ce piège mièvre et se redressa. De gestes saccagés, elle ramena sa crinière rougeoyante au-dessus de son cou, laissant s’éparpiller sur son front des mèches humidifiées par leur fureur. Elle détestait cette moiteur, avivant l’air frais sur son corps déjà transis de froid par le climat de Rosyel. C’était de l’eau. Corporelle, exhalée dans la passion et la violence, mais ça n’en restait pas moins cet élément qu’elle maudissait avec ferveur. La plus grande faiblesse de sa race. Et il fallait qu’elle aille au devant de ce péril ce soir, comme si cela ne lui posait pas le moindre problème, pour rencontrer son pire allié. Se rendant compte qu’elle venait d’évacuer intérieurement la cause de son trouble, elle soupira subitement, soulagée. Il n’y avait pas besoin de tout partager, il suffisait de s’écouter soi-même. Cet elfe et ses principes surannés… Il fallait bien qu’il ait déjà vécu cinq vies pour songer avoir des paroles averties. Décidemment, ces êtres terrestres avaient encore beaucoup à apprendre du monde d’en-dessous.

Elle lui jeta un regard flamboyant, camouflant à peine son subit amusement, et disparut. L’empreinte de ses genoux sur le matelas, elle, mit un peu plus de temps à s’extraire des yeux de son amant.



* ~ * ~ *

Le soleil devait bientôt enflammer les dunes de Ghurol, à la surface, dans le baiser du crépuscule. La reine s’apprêtait dans sa chambre, aidée par sa fidèle Véheyna, rejetant toilettes sur toilettes. Elle regrettait d’avoir saccagé son étoffe de Quantor plus tôt dans la journée, car ses reflets dorés accordés à sa peau savaient farder d’un voile pudique ses attributs tout en y obnubilant le regard masculin. Et elle aurait besoin de fasciner, ce soir. Pestant contre elle-même, ses impulsions et ses mauvaises idées, elle extirpa de son armoire un pan de tissu à la teinte bleue profonde, bordée d’un liseré d’or.

_Ah !
_Vous avez trouvé quelque chose ?
_Peut-être bien…


Ne le lâchant pas, elle remonta pas à pas à la source parmi les strates de jupons colorés emmêlés, et finit par dégager –non sans cracher quelques jurons- un cintre portant une longue robe marine en soie fine. Se nouant à la base du cou, deux cascade de soierie jalonnaient la ligne de ses seins jusqu’à se réunir sur ses hanches, rapprochées par une agrafe d’or au creux de sa poitrine. Son dos et son ventre, découverts, se paraient de l’ourlet jaune du drap ainsi que d’un bijou de nombril rehaussé d’un lapis lazuli qu’ajouta Oanig. A sa cheville recouverte de cette rivière de textile, elle accrocha quelques anneaux d’or cliquetants, escortant sa démarche gracieuse d’un carillon mélodieux. Elle acheva la confection de sa parure par sa paire de boucles d’oreilles fétiche, deux phalanges elfiques trempés dans de l’ambre, et un coup de brosse éclairant la texture soyeuse de ses cheveux auburn. Elle était prête pour affronter un Prince. Un foutu sourcier de Prince.

Elle se retourna vers sa consœur, rajusta une mèche de cheveux dans son chignon brun décoiffé et déclara :


_Allons chercher Garenne et Nura. Coccyx ?

La petite chouette, jusque là occupée à ranger ses plumes, poussa un hululement plaintif. Elle non plus, n’aimait pas l’eau. Non pas qu’elle la craignit, mais ces histoires mettaient la reine dans un état second, et Coccyx craignait cet état.

_Cocc…

La boule de plume décolla immédiatement de son perchoir pour se poster sur l’épaule de sa maîtresse. Mieux valait ne pas en ajouter.

* ~ * ~ *

Les quatre succubes se trouvaient dans la salle du planisphère, face au gigantesque tableau représentant l’archipel. Il n’était pas tout à fait l’heure. Personne ne pipait mot, sentant presque l’atmosphère craqueler sous la tension omniprésente. La chouette s’était remise à son ménage sous-ailier, préférant ne pas prendre part à l’ambiance faisandée générale. Un point s’éclaira soudain sur la carte, au beau milieu de nulle part. Quatre paires de poumons se figèrent dans leur air croupi l’espace d’un instant, puis se relâchèrent dans un soupir uni.

_C’est un homme.
_La marine de Maldran.


Le silence tendu reprit son droit, envenimé de petits bruits agaçants ; dans les petites peaux mâchées sur la lèvre inférieure qui craquèle, sous le tissu frottant sur les poitrines qui s’enflent d’air, par les ongles d’un pouce et d’un index qui s’entrechoquent et se battent en duel. Un nouveau point rouge s’illumina dans l’océan. C’était elle, leur voix de passage. En entamant la transe de voyage, Oanig pouvait sentir vibrer les cordes du navire sous la tempête qu’il avait préparé. Elle reniflait l’eau salée, l’air iodé, et le souffle glacé du pire des marins démoniaques : Celui qui l’effrayait autant que Dante Bélial et ses sources chantantes, Derek Heliarkis. Le duo de choc. Elle frissonna.

_Mes sœurs… N’oubliez pas : vous êtes des invités, non des prostituées. Notre alliance se gagne et se respecte. Nos faveurs se vendent chères.

Et elle s’évapora.

* ~ * ~ *

Une rafale mouillée de gouttelettes salées accueilli son apparition sur le navire. Elle auréola ses cheveux d’une faible couronne chaude, de quoi les tenir à l’abri des frisottis le temps de rejoindre la cabine du commandant de bord, tout en retenant un grincement de dents. Dans le crépuscule, cela lui donna un instant l’allure d’un ange venant de tomber de Paradis, bien que personne ici ne soit dupe. Au moins rappelait-elle qui elle était. Elle avait insisté pour que la rencontre se fasse sur le bateau pour des raisons évidentes de sécurité, de discrétion, et parce qu’elles avaient l’avantage du moyen de transport. Cependant, elle tenait encore plus à démontrer, en bravant la barrière maritime, qu’elle ne craignait pas ce Prince et qu’elle ne redoutait nullement ses petites vagues. Ce qui était totalement faux, mais dans la politique, seules les apparences comptent.
Elle ne prit pas la peine de détailler l’environnement, posant instantanément les yeux sur son hôte. Observer, c’est flipper. C’est dévoiler la crainte et la faiblesse. De plus, elle n’avait pas besoin de sa vue pour situer la position des matelots. En revanche, elle laissa un instant à ses sujettes pour le faire et prendre possession des lieux. Il fallait marquer nettement la différence de rang entre elles et la Reine.

Elle se tenait droite, fière, une main sur sa hanche chaloupée pour casser cet aspect pincé. Un sourire mutin s’afficha sur ses lèvres gourmandes peintes de rouge et divisées d’un trait d’or bordé de points assortis.


_Dante, cher confrère. Quelle fougue, dans cette tempête ! J’espère qu’il vous en restera assez pour moi…

Elle ne bougeait pas, attendant qu’il s’avance à elle pour la saluer le premier. Coccyx, sur son épaule, feignait de sommeiller sereinement. Brave chouette, mesquine petite bête, elle avait du talent. Mais qu’est-ce qu’elle manquait de tenue ! Oanig l’aurait volontiers secouée par ce qui lui servait de cou et déplumée en cet instant, si elles avaient pu être seules !
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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyLun 15 Aoû 2011, 12:48

Elle apparait enfin devant les yeux de mon équipage tout entier. Personne ne dit mot. Malgré la tempête qui entoure le navire, un calme olympien règne en ce lieu. Une certaine tension est palpable tout de même. Ce n’est pas tous les jours que se réunissent deux princes du mal. Face à moi se tient la magnifique Reine des Abysses. Sublime comme à son habitude. Ses formes parfaites feraient tourner la tête à n’importe quel homme qui n’y serait pas préparé. S’il y a bien un point commun que nous cultivons, nous les démons, c’est bien l’apparence. La première impression que l’on donne se doit de marquer les mémoires. C’est ainsi que les gens se souviennent de nous. Miss Oanig ne déroge pas à cette règle, une fois que l’on a posé son regard sur elle, on ne peut jamais l’oublier. Enfin, avec elle tout est relatif, car pour pouvoir vous souvenir d’elle, encore vous faut-il survivre a votre rencontre. Sur ce point, je n’ai aucune crainte à avoir. L’idée de m’en faire une ennemie me déplairait au plus haut point. D'ailleurs, mon équipage le sait bien, je n’ai aucune crainte à avoir à ce sujet, ils ne se comporteront pas mal avec les dames de compagnie qui entourent mon invitée. Il existe un respect mutuel entre nos deux espèces, et aucun des deux camps ne voudrait voir cette alliance brisée. Ce qui en résulterait serait bien trop désastreux.

Ma belle invitée ne tarde pas à prendre la parole. Un petit commentaire subtil pour me signaler son aversion pour l’eau. Un trait d’humour subjectif pour masquer le tout. Oanig et son don pour les phrases ont plusieurs sens. Certains diraient que c’est le genre de femme assez pénible, qui fait des manières ou autres, mais ce n’est pas ce que je pense. Au contraire, elle sait enjoliver ses paroles pour mieux parvenir à ses fins. Sur ce point, nous sommes similaires également. Même si parfois j’ai tendance à être direct assez souvent. Enfin, tout dépend avec qui. Bref, peu importe.


« Vous savez bien que je ne manque pas de ressources très chère… »

Je lance un regard en direction de Sytry qui acquiesce aussitôt. La reine et moi allons nous retirer pour parler affaires. En mon absence, ce sont mes trois commandants qui assurent la bonne tenue de l’équipage. Et qui, en l’occurrence veillerons sur les succubes accompagnant notre invitée. J’ai une totale confiance en eux, je sais qu’au moindre problème ils sauront quoi faire. Sans cela je ne pourrais pas m’isoler tranquillement dans ma cabine pour discuter sérieusement. Lorsque l’on dirige autant de personnes qui moi, il faut être sur de ses choix, et savoir s’entourer de personnes de confiance, sans quoi, cela ne fonctionnerait pas.

Je tends le bras en direction de la sublime reine, afin que je puisse la conduire dans ma cabine. Je jette un œil sur son étrange animal perché sur son épaule. Je ne dis rien, mais je trouve tout de même cela étrange de se déplacer avec un tel animal. Enfin, après tout, je porte, bien un chapeau et une canne me direz-vous. Je suis sans nul doute le plus mal placé pour parler de choses extravagantes.


« Si vous voulez bien me suivre, allons dans ma cabine, nous serons plus tranquilles… »

La reine a mon bras, nous traversons lentement le pont afin de rejoindre ma suite. Je souris intérieurement. L’image est des plus mémorables. Quiconque observerait cela de l’extérieur pourrait croire à une cérémonie de mariage, l’homme guidant sa compagne jusqu'à sa suite nuptiale, entourés des fidèles venus spécialement pour l’occasion. Oui, je sais, parfois il me vient de drôles d’idées, mais si un jour une telle chose avait lieu entre deux grands démons, je pense que nous ne serions pas très loin du tableau actuel.

Nous voilà finalement dans ma cabine, enfin, dans ma suite, car cabine est assez minimaliste comme appellation, et vu la taille du lieu on peut aisément appeler cela une suite. J’ai établi ma suite à l’arrière du navire, la décoration est assez sobre pour une fois. De grands tableaux ornent les murs couleur vermeils, les différents hublots offrent une superbe vue sur l’océan, une grande table (garnie pour l’occasion) trône au milieu de la pièce. Deux larges fauteuils nous attendent dans un coin plus intime. Ici encore des collations sont déjà servies sur la petite table séparant les fauteuils. Il faut penser à tout lorsque l’on reçoit une reine de cet acabit.

Je l’invite donc à s’asseoir et en fais de même. Quelques instants s’écoulent sans qu’aucun de nous ne dise un seul mot. Nos regards se croisent, se cherchent. On évalue la situation, on remet nos idées en ordre, la discussion sera des plus importante, il ne s’agit pas de dire quelques banalités. Même si cet exercice commence à devenir habituel entre nous, cela reste une épreuve à chaque fois malgré tout. Du moins pour moi. Mais je pense pouvoir affirmer que la reine ressent plus ou moins la même chose.

C’est moi qui finalement prends la parole le premier. Non pas que je sois pressé bien au contraire, mais nous ne devons pas laisser le calme s’installer, cela équivaudrait a reconnaitre qu’il y a un malaise. Hors, entre démons il n’y a jamais de malaise, du moins pas officiellement.


« J’espère que ma suite vous convient, si toutefois vous auriez besoin de quoi-que-se soit, n’hésitez pas à me le faire savoir. »

Banalités d’usage me direz-vous, mais pourtant obligatoires. La prochaine phrase va nous permettre de rentrer peu à peu dans le vif du sujet. Il faut y aller avec parcimonie lors de ce genre de discussion. La politique est une chose très complexe et si l’on n’en maitrise pas tous les aspects, on ne survit pas longtemps. Notamment en compagnie d’adversaires (mais néanmoins allié) du calibre de Miss Oanig.

« Comment se portent vos affaires ? Les terres de Ghurol prospèrent d’après ce que j’ai pu voir. J’ose espérer que votre royaume, se trouvant sous la surface ne subite pas de mauvaises répercussions. »

Voilà. Lentement mais surement le ton est donné. Nous devons, comme a chaque fois, nous assurer que l’un comme l’autre somme toujours aussi puissant. C’est une sorte de règle entre nous. Non pas pour l’écraser si jamais il perdait en intensité, mais au contraire, pour le soutenir si jamais il devait faire face à des ennemis un peu trop envahissants. J’ai lancé le dialogue sans grande difficulté. Normal, je posais les questions, je sais que les rôles vont sans doute s’inverser rapidement et qu’il va falloir que je me justifie a mon tour. Étrangement, je n’ai pas hâte d’y être…

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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyMer 31 Aoû 2011, 23:30

La voix de l’eau continua à harceler les oreilles de la Reine jusque dans les appartements du capitaine. Malgré les portes, et les épaisses cloisons étanches, le clapotis incessant des vagues entraînées par le Prince contre la coque submergea ses tympans. Le roulis de l’océan allait bientôt la rendre malade, si elle ne réussissait pas à se couper de cette ambiance maritime. Bâbord, tribord, bâbord… Imperturbable, l’onde répétait cette danse, comme un refrain redondant que l’on chante à tue tête.

*Et si c’était une mer de sang ?*

Des remous chauds, roux… Ce n’était pas le mouvement qui la dérangeait, mais la matière. Rien que l’idée la ragaillardit un peu. Comme quoi, la sophrologie pouvait aussi s’appliquer aux démons, il suffisait d’adapter les suggestions. Un petit sourire aux lèvres, elle s’immobilisa un instant au milieu de la suite princière pour détailler son intérieur. En excentrique accomplie, elle trouva la demeure du chapelier canné bien peu exubérante. Le luxe transparaissait discrètement, manié avec goût mais parcimonie. En revanche, la couleur était magnifique ! Cette chaleur, intense, accueillit la flambeuse comme un cocon de braises et fit gazouiller ses artères. Ignorant ce que les ronds de verre dans les murs voudraient bien lui montrer, elle soupira d’aise dans cette ambiance plus familière :


_Il ne vous manque qu’une cheminée pour me plaire, Dante !

Le parfum du cuir et de l’appétit se frayèrent un chemin jusqu’à ses narines, éloignant les relents de sels marins que dégageait le Prince. Sucre, sel, poivre, baies piquantes, viandes saignantes… Chaque parfum évoquait le son qu’il jouerait entre les dents de la succube, repoussant encore plus brutalement le bourdonnement de la tempête. Elle traversa de son pas leste et majestueux la cabine jusqu’au fauteuil moelleux, et s’assit silencieusement dans l’un d’eux. Croisant ses jambes, une fente dans la robe dévoila son exquis genou ambré sur lequel elle posa négligemment son coude, appuyant au sommet de cette architecture escarpée son faciès énigmatique. Elle incitait ainsi son hôte à entamer la conversation, signifiant qu’elle était toute ouïe, mais bouche cousue.

_J’espère que ma suite vous convient, si toutefois vous auriez besoin de quoi-que-se soit, n’hésitez pas à me le faire savoir.

Le mutisme avait peu duré, reportant un inutile malaise à plus tard. Se regarder dans le blanc des yeux, chez les démons, était un acte de guerre se rapprochant de la provocation animale. Après, venaient les pics hérissés, les tentacules gonflés ou les feulements agressifs. Seulement, ce soir, ils se côtoyaient en paix. Tant que personne ne perdait à la démonstration du plus gros territoire, le but n’en serait pas belliqueux. Oanig attendit la suite sagement, s’interrogeant sur le besoin de provoquer un peu les valeurs du pirate ou de répondre gentiment. Comment le temps s’écoulerait-il le plus rapidement ?


_Comment se portent vos affaires ? Les terres de Ghurol prospèrent d’après ce que j’ai pu voir. J’ose espérer que votre royaume, se trouvant sous la surface ne subit pas de mauvaises répercussions.

Le masque de quiétude de la Reine ne cilla pas. Evidemment, après les politesses, il attaquait déjà le vif du sujet. Car il ne s’agissait que de cela : règne et pouvoir. Leur alliance perdurait tant qu’ils étaient égaux, qu’aucun d’eux ne pouvait expédier l’autre de la balance de la souveraineté. Si l’un s’affaiblissait, les pactes seraient revus, le Prince déchu, un nouveau prétendant élu. C’est la loi d’Enfer. Bien que Dante soit trop imbibé de principes humains, la Reine jugeait bon de se méfier de ses origines infernales. Sous l’écume délayée par les émotions que peuvent cracher les biens pensants dans la grande toile bleue, se cachait un buvard plus sombre que l’obscurité qu’il avait déjà dû essayer d’absorber.

Elle opta pour la pique, une minuscule écharde verbale qui glisserait sous la peau de son compatriote. Dans un gloussement appréciateur, elle tendit ses doigts fins vers un morceau charnu du plateau de confiserie dardé d’une petite brochette de cuivre :


_Oh, Dante, ne serait-ce pas de la chair d’enfant ? Nous avons très peu l’occasion d’en goûter, puisque leurs rêves sont envahis par des démons des rêves de bas étage et que, manifestement, la chasse n’étancherait pas toutes nos faims…

Elle porta la bouchée à ses lèvres, fermant les yeux afin de mieux savourer cet instant. Bien sûr, elle en rajoutait tout en ne prenant pas son temps, pour ne pas lui laisser l’occasion de répartir. Maintenant entre ses dents le délicat morceau, elle en retira la pointe, et fit la moue :

_Hum, du mammifère. Je suis déçue… C’est pourtant tellement envoûtant lorsque c’est soigneusement préparé !

Elle laissa retomber le pique au bord du plateau et s’installa plus confortablement dans son fauteuil, terminant sa dégustation. Comment un démon si doué pouvait s’abaisser à respecter la condition des faibles ? Ils étaient certes un élément indispensable à leur survie, car il fallait bien des fondations à un palais, de la charpie de canon sur qui régner pour avoir du pouvoir. Après tout, les agriculteurs veillaient au confort de leur bétail de boucherie. Néanmoins, c’était aussi en les martyrisant que l’on pouvait jouir pleinement du rang que l’on s’était procuré. A quoi bon avoir des responsabilités, sans gagner en contrepartie des avantages par rapport à ceux que l’on veille ? Ce point de vue était valable sur ses sujets, afin de garder une discipline, et sur ses victimes, pour le plaisir que lui procuraient la traque et la dévoration. Oanig n’était pas une reine, ni une Princesse abusive. Ses loisirs étaient malsains mais propres, elle ne prônait pas l’abondance et le surplus. Avoir un gibier de qualité, et en quantité, voilà ce à quoi elle aspirait. Cela nécessitait que son peuple ne grandisse pas, et qu’il ne fasse pas d’excès. Pour cela il était important de marquer une différence entre elle et la sphère de monde qu’elle tenait entre ses mains.
Elle prit une inspiration, prête à entamer les discussions politiques qui régissaient leurs rendez-vous annuels :


_Mes… « Affaires », reprit-elle avec un accent sarcastique sur le mot, se portent bien. Nous avons encore accueilli trois nouvelles succubes cette année, qui prennent petit à petit leurs marques. Le commerce de Confettis de Sommeil se stabilise, j’imagine que notre produit a trouvé ses habitués et continue à créer la surprise ou le besoin chez des novices. Il y aura toujours des gens pour craindre le sommeil et nécessiter un petit coup de pouce… Nous ne faisons qu’exercer nos talents, nous leur vendons du rêve.

Elle sourit, satisfaite de sa tournure fallacieuse. Coccyx émit un son de gorge proche du gloussement, elle aussi amusée. La Reine passa une main dans ses plumes et reprit :

_Quant aux autres habitants de l’île, ma foi… Ils sont stables. Dès que les Anubites se sentent en léger surplus, ils rouvrent la guerre, et retombent à leur nombre misérable. Les Trolls ne se manifestent que très peu, ils ont fini par comprendre qu’ils n’étaient pas les bienvenus en dehors de leur bac à sable. Nous avons un faible quota de visiteurs, malgré notre charmante réputation. Seuls les vampires me contrarient en ce moment.

Elle marqua une pause avec un soupir fâché, souhaitant capter toute son attention.

_Nous sommes surtout proche du Manoir Moroi, cependant nous veillons à garder de bons termes avec les deux autres, car les accords nous relient tous. Hors, chez les Miyuk, un nouvel Aîné vient d’hériter de la direction. Un anarchiste, entièrement désintéressé de la tâche qui lui incombe. La famille ne peut pas élire de nouveau dirigeant, leur tradition ancestrale voulant que le plus vieux du nom soit aux commandes. Alors les décisions ne sont pas prises, les idées ne sont pas écoutées, les réunions n’ont pas lieu… Sans organisation, ils pourraient ne pas tarder à se faire rayer de la carte. Dès que l’on l’apprendra de par l’Archipel, une fenêtre dans Ghurol sera brisée. La bouche d’égout permettant l’entrée à toute sorte d’envahisseurs, inconscients mais pouvant néanmoins se montrer gênant. Les rats, c’est bien connu, salissent et détruisent tout sur leur passage.

D’un mouvement vif de la main, elle sembla chasser une mouche invisible, balayant ses inquiétudes pour laisser la possibilité à son hôte de faire son compte-rendu personnel :

_Et pour vous, Dante ? Comment se porte la piraterie honnête?
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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyVen 02 Sep 2011, 18:23

Oanig Ain'Hoa, reine des Succubes…l’avoir en face de soi est déjà un grand honneur, même pour moi qui suis son égal. C’est un pur plaisir pour les yeux tant elle est parfaite. Elle dégage une présence à travers la pièce, on sait qu’elle se trouve dans les parages, on la sent arriver. Lorsqu’elle est en face de vous, mieux vaut y être préparé, sans quoi vous vous feriez croquer tout cru, dans les deux sens du terme. Elle en impose comme on dit couramment.

Son charme opère sur ma personne, logique, je ne vois pas qui pourrait lui résister. Mais sur moi cela n’a pas vraiment le même effet. Nous sommes similaires, nous sommes des rois, des princes démoniaques, nous avons l’habitude d’impressionner les autres, de voir le bas peuple courber l’échine sur notre passage. Aussi, chaque rencontre avec la sublime Oanig est assez particulière, c’est comme se regarder dans un miroir, mais en différend. On voit toute la splendeur que l’on dégage sur les personnes lambda sauf que là, personne ne courbe l’échine. On représente ce qui se fait de mieux, le haut du panier comme on dit.

Ici, on prend le temps de s’observer, nous les démons ne sommes jamais pressés. Les gens pressés commentent des erreurs, les gens pressés finissent en retard, ils font les choses à moitié. Les gens pressés ne font pas de vieux os en ce monde. Alors, que la, il n’y a qu’à observer la scène pour voir que nous ne nous pressons pas le moins du monde. La reine admire la décoration sublime de ma cabine, moi j’observe la sublime reine sans mot dire. J’esquisse un sourire à l’idée de mettre une cheminée en ce lieu. Un bateau avec une cheminée. J’en ai déjà vu, cela se fait beaucoup quand on veut frimer, mais pour moi, le bois et le feu ne font pas bon ménage.

Il y a quelques instants, je l’ai tout de même interrogé sur ses affaires, sur son territoire, je sais qu’elle est souvent en conflit avec ses stupides buveurs de sang. Il ne faudrait pas qu’ils marchent sur ses plates-bandes, ils ne lui arrivent pas à la cheville. Et puis, si son territoire venait à se réduire, cela voudrait dire que je prendrais l’ascendant sur elle, que je me retrouverais mathématiquement en tête. Non, cela ne doit pas arriver. Je sais que je pourrais avoir envie de ne plus inverser la tendance, d’assouvir ma suprématie. Mais les résultats en seraient terribles pour nos deux peuples. Pour le bien des succubes et des démons, nous devons veiller à ne pas surpasser l’autre. Un équilibre instable, mais nécessaire.

Ce que j’aime chez la reine, c’est sa propension à éluder les sujets, à les remettre à plus tard. Parler gravement des choses légères et avec légèretés des choses graves. Aussi je ne peux que laisser échapper un rire lorsqu’elle feint de croire avoir de la chair d’enfant comme amuse bouche. Croit-elle sans doute me mettre mal à l’aise. Non, je ne pense pas, mais cela valait le coup d’essayer, je lui accorde. Les enfants je ne les aime pas, mais je n’irais pas en manger pour autant. Je n’en vois pas l’intérêt. Et puis, malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser à Norui en cet instant. Elle se trouve dans sa suite avec sa femme de chambre, interdiction de sortir tant que la dangereuse tempête resterait active lui ais-je dis. Je ne sais pas vraiment si cela changerait quelque chose que Oanig et elle se rencontrent, mais dans le doute, soyons prudents.

Mon attention change subitement de cap. Elle décide finalement de répondre à mes précédentes interrogations. Attentivement, je l’écoute m’exposer les faits et gestes des peuplades de son île. Lorsque j’entends le mot Vampire, je serre les dents. Ce n’est pas que je ne les aime pas, bien au contraire, mais depuis peu, leurs agissements sont étranges. Ils ne sont pas méticuleux, discrets comme ils l’ont toujours été. Depuis peu les attaques sur les diverses îles se multiplient, si bien que cela commence à devenir inquiétant. Mais Oanig semble me donner un début d’explication. Un nouveau venu, un anarchiste. Je comprends mieux, il y aurait une branche pourrie dans cette race. Ceci est fâcheux. Mais, une solution renforçant démons et succubes devrait pouvoir trouver son chemin. L’idée est alléchante.

Je prends à mon tour un petit amuse bouche que je savoure lentement. Et bien quoi ? Il est délicieux ce mammifère. Je ne suis pas sur qu’un morceau d’enfant soit bien plus raffiné. Mais bon, les gouts et les couleurs…


« Je dois dire que j’avais oublié votre attirance pour la chair d’enfants. Moi, ils m’exècrent tellement, que je ne m’en approche pas . Mais la prochaine fois, n’hésitez pas à nous apporter ces mets si raffinés, je suis persuadé que cela fera un malheur. »

Je mastique lentement la deuxième bouché avant de déposer la pique métallique sur la petite table nous séparant. La reine a répondu à mes questions et ma renvoyée la balle. Elle attend donc que je lui réponde ce qu’elle veut savoir. Elle ne le sait pas encore, mais nous avons un souci commun.

« La piraterie n’a rien d’honnête. Je pense que personne n’est vraiment honnête en ce monde, cela serait beaucoup trop ennuyeux vous ne croyez-pas ? Mais je tire mon épingle du jeu. Ma flotte se porte à merveille et de nouvelles recrues ont récemment fait leurs apparitions, des recrues que je n’aurais pas soupçonnées. Si cela continue, je vais devoir créer un ou deux divisions supplémentaires. Cela vous intéresse ? »

Je laisse échapper un rire franc. Une petite taquinerie ne fait pas de mal. Je vois bien la reine des succubes qui ne supporte pas la moindre petite goutte d’eau, commander un navire pour le prince des démons. L’image est amusante et détendante. Mais l’interlude comique se termine déjà, les choses sérieuses doivent être dites.

« J’ai quelques soucis avec des pseudos pirates, vous savez, ceux qui croient que taper du poing bien fort sur la table va faire d’eux des grands bandits. J’ai aussi la Marine qui tente de faire quelque chose pour contrer les pirates libres, mais les pauvres ne font pas le poids. Enfin, disons que c’est le train-train quotidien. »

J’observe la table, attrape une bouteille de vin et remplis largement deux grands verres en cristal. J’en dépose un devant la reine, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme dans l’idée qu’elle va se plaindre de ne pas avoir de sang bien frais pour se rafraichir.

« Mais pour terminer avec mes affaires, j’ai récemment observé dans divers sports où je me ravitaille des attaques étranges. Les humains se mettent à chasser des vampires. Pourtant, ils se sont toujours nourris d’humains, mais depuis peu, cela semble désorganiser, beaucoup trop voyant. Croyez-vous qu’il y aurait un rapport entre ces étranges attaques et le jeune anarchiste dont vous m’avez parlé ? »

Mon verre en cristal dans une main, je le lève en direction de la magnifique reine.

« À votre santé très chère »

De légers sourires échangés et nous avalons respectivement quelques gorgées de ce délicieux breuvage. Il semblerait que nous ayons non pas un ennemi, mais une gène commune avec une partie de la communauté vampire. Une action combinée de nos deux peuples vers cet intrus pourrait grandement renforcer nos liens. Une idée à développer au cours de cette entrevue…
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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyJeu 08 Sep 2011, 23:51

hrp: j'ai enfin changé de code couleur! ='D Par contre, pour la fin, j'ai préféré ne démarquer que les paroles de la Reine, pour profiter de la confusion ^^ J'espère que ça te va.

La réaction du Prince à sa taquinerie, ses provocations à deux radeaux et son humour de tavernier agacèrent la Reine. Typiquement le genre à ne pas assumer ses faiblesses. Certes, ça pouvait être comique, d’imaginer une succube tenir entre ses mains un autre gouvernail que celui d’un homme. Enfin, indirectement, il lui confierait le sien -décidemment, personne ne réussissait à lui résister !

Néanmoins, si la chair humaine ne le dégoûtait pas, pourquoi ne lui en avait-il pas proposé sur son chariot d’appâts à Misère du Monde ? Elle n’avait jamais caché à quiconque son cannibalisme, sa soif d’humanité. Il pouvait prétendre faire partie du même quartier d’Enfer, il n’en était rien. Dans ses appartements huppés, il n’avait jamais connu le Besoin. Ce tiraillement qui ne prend pas de nom, se terre dans les méandres de l’estomac et guète l’apparition du seul substituant capable de le combler. Les démons communs n’en souffrent pas. Oanig faisait partie de Celles qui se souviennent. A la disparition de son tendre pays, opportuniste, elle n’avait pas tardé à rejoindre les sables de Ghurol. Pourtant, dans le chaos de cette suppression, nombreuses ont été les sœurs qui se sont perdues. Aucune n’avait atterrie au Royaume, aucune ne s’était croisée. La confusion, le déchirement d’une vie abrégée, la panique et l’insécurité de l’avenir, tous ces maux avaient provoqué la mort de dizaines d’entre elles. Personne n’était préparé. Faibles dans la clarté du jour, dévoilées, qui auraient-elles pu prétendre tuer pour s’en repaître ? Comment s’y prendre ?

L’espace d’une longue journée, cette faim avait tenaillé la succube. La sensation du voile glacé de la mort recouvrant doucement ses épaules, l’appel de sa mélancolique berceuse à un sommeil profond, plus dense… Mais la nuit était apparue plus vite. Un village Anubite s’était éclairé et Oanig avait suivi la lumière. A la première cabane, elle s’était dissimulée dans l’ombre et avait épié des heures le couple qui l’habitait. Elle souffrait d’attendre, pourtant ce fut cette excitation qui lui rappela tous ses bons réflexes. Elle avait chassé des centaines de fois sur les îles, alors que sa demeure se trouvait à Enfer. Ce soir là elle avait goûté à la pierre philosophale, une saveur à la fois triste et pimentée d’espoir, dont Dante ne pourrait jamais jouir. Sur l’archipel, cette faim avait perduré. Et il ne la respectait même pas. Heureusement pour lui que la Reine s’était copieusement rassasiée dans la journée. Séparément, chacun des plaisirs de sa vie prenaient moins de sens. Surtout de commencer par celui qu’un vieil Elfe Gris lui procurait, car la retenue dont elle devait faire preuve la fatiguait autant qu’il la contentait. Elle avait déjà cédé à sa nature une fois, et le corps captivant d’Ael en porterait à jamais les stigmates. C’était son maléfice et sa protection, mais ceci appartenait à une autre histoire. Mettant de côté son ressentiment pour les manières de son hôte, elle lui répondit d’un ton à peine plus mièvre que l’exigeaient ses propres règles de bienséance :


_Me laisseriez-vous un équipage complet de matelots sous les ongles ? Remarquez, cela règlerait rapidement le problème du surnombre…

Elle se concentra donc de nouveau sur le flot verbal de Dante –songeant un instant que s’il osait postillonner sur elle, ce serait effectivement la goûte d’eau faisant déborder le vase- corrigeant son sourire administratif qui avait quelque peu fondu sous le souvenir d’Enfer. Elle prit délicatement le ver ouvragé que son hôte lui tendit, et admira brièvement la robe sanglante du vin qu’il contenait. Le parfum qu’il lui offrit en tournoyant dans ses doigts réveilla ses papilles. Une flamme furtive parcourut sa main pour le réchauffer à la température corporelle des démons. Elle l’appréciait aussi à température ambiante, ou frais, mais elle ressentait le besoin de se réchauffer. Le Prince termina sa tirade par une ouverture, un conflit qui pourrait peut-être bien les lier enfin concrètement. Souriant cette fois pleinement, elle leva son verre au commencement du jeu.

_Aux manigances et aux mains basses !

Puis elle trempa ses lèvres dans le nectar envoûtant. Les turbulences du liquide sur sa langue la ravirent, et aménagèrent un temps de réflexions à ses données fraîchement pêchées pour s’organiser. Ainsi donc les Miyuk menaçaient la perte de la race entière ? Intéressant… Les humains se rebiffaient à Lan Rei, puis ils débarqueraient sur Ghurol avec leurs torches et leurs fourches pour chasser de la sangsue, et alors tous les porteurs du chromosome du Mal habitant le désert seraient menacés. Le niveau d’alerte était encore bas, mais l’urgence d’un coup d’état ouvrirait bientôt la porte à toutes les excuses et tous les prétendants. Et Oanig, plutôt douée à ce sport, appréciait là une excellence occasion de renforcer la place de ses pions. Songer détenir un titre elle-même aurait été stupide, mais envisager d’être la plus rapide à poser une pièce sur la case branlante était tout à fait raisonnable…

_Hum, je crains que si ces émeutes se prolongent nous ne devions leur offrir notre aide. Leurs traditions ancestrales ne permettront jamais de régler ces conflits dans l’honneur auquel chacun de ces aristocrates aspire, tandis que nos pactes assurent un soutien au peuple qui le demande.

Elle marqua une pause, ses yeux brûlants d’éclats dorés plongés dans la décoration intriquée du chapeau du démon. Un sourire retors s’esquissa sur ses lèvres peintes.

_Nous pourrions attendre qu’ils viennent nous quérir, ou bien aller au devant de l’envenimement de la situation avec des contrats qu’il ne resterait plus qu’à signer.

Elle esquissa une moue navrée, imitant à la perfection la gêne que cette idée aurait due lui soutirer. Il fallait à présent imaginer un rôle à jouer pour Dante qui n’empiète pas sur ses ambitions. Si un atout venait à être placé dans la manche des Manoirs, elle préférait qu’il soit de sa couleur, afin de pouvoir l’abattre triomphalement sur la table lorsqu’elle aurait besoin d’un joker.
C’est à ce moment de ses manigances qu’une tempête de mots saugrenus explosa dans la cabine, déracinant la porte de la cabine de ses gongs sous la force d’un nuage gris violent. La catastrophe naturelle était flanquée d’un moulin à vent potelé dont les bras gesticulaient sous les rafales de la première, les deux escortées d’une Garaiñe en éruption, prête à cracher des jets de poison par tous ses cratères. Ahurie, la reine se leva immédiatement de son fauteuil, auréolée de flammes bleues momentanément inoffensives qui rendaient à sa robe un effet spectral des plus hypnotisant.


_Norui !

_Espèce de furie en coton, je vais t’attraper et te filer de mes propres ongles !

_Ne la touchez pas !

_Dante !

_Norui !

_Ma Reine, écartez-vous !

_Garaiñe !

_Monsieur Bélial!

_Qu’est-ce que c’est que cet affront ?!

_Norui !

_C'est très joli le bois, seulement, ça brûle très facilement…

_Par les Shaberlocs de Cheytimar !

_Un claquement de doigts et…

_Norui !

_Ain’Hoa !

_DANTE ! J’EXIGE QUE CELA CESSE IMMEDIATEMENT !

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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyDim 25 Sep 2011, 16:28

Elle était parvenue jusqu’à la porte menant à la suite de Dante avec une étonnante facilité à vrai dire. Ca en était presque décevant. De telles retrouvailles, ça aurait dû se mériter plus âprement, pour mieux en faire ressortir la saveur, après l’effort. Un instant, elle envisagea presque de retourner sur le pont pour faire un tour d’honneur et ainsi laisser une dernière chance à quelqu’un de l’attraper, que ce soit la ruisselante Matyh, l’inconnue déchainée et hurlante ou n’importe quel homme d’équipage. Mais elle était vraiment trop pressée de retrouver Dante, aussi l’idée fut-elle recalée à l’unanimité, rejetée presque aussi violemment que le fut le battant de cette dernière porte. Qui ne heurta personne cette fois-ci.
Voir l’entrée de cette suite ainsi violée fut pour ses occupants comme assister à l’ouverture de la boite de Pandore. Aussitôt, un déferlement de voix, de rires, de dérapages et d’injures heurta les convives comme autant des pires maux de la terre. Mais pour Norui, c’était le Paradis (lololol). Dès que ses yeux eurent détecté la silhouette massive du Capitaine, tout son visage s’éclaira, aveugle au reste du monde pour quelques secondes.

~¤~¤~¤~


« Et un bateau en plumes, ça flotterait, un bateau en plumes ?
-Non, pas assez étanche…
-D’acc, mais de toute façon, un bateau en plumes il aurait pas besoin de nager, il pourront volter. Remarque, ça dépend. Ca dépend des plumes jveux dire. Un bateau en plumes de pleins d’Essians –mais tu crois qu’il faudrait combien d’essians tout deshabillés de leurs pleumages pour faire un bateau ?- ça pourrait sans doute probablement pas volter. Par contre en plumes de Féa oui. Mais y a qu’un Féa. Jcrois pas que ça suffit pour tout un bateau. Sans compter la voile. Et puis Féa il aurait froid sans ses pelures après… Et un bateau en tissu alors?
-Voler tu veux dire ?
-Oui ! euh… non, nager ! Non attend… flotter. Voila. Flotter. Tu me mets des bêtises dans la bouche Matyh !
-De toute façon, ça ne volerait pas, ça ne nagerait pas et ça ne flotterait pas non plus. Ca se gorgerait d’eau.
-Mais pourtant la voile, elle est bien en tissu, non ? Et elle a pas de gorge pleine d’eau.
-Oui mais la voile elle n’est pas en contact avec l’océan ! Roooh cette gamine va me rendre dingue !
-Et en pierre alors? Ou non, attend, un en verre ça serait plus joli, on verrait tout à travers ! On pourrait faire coucou aux poissons ! Et aux m’sieurs rrrr’quins ![Speciale dédicasse Arhid] Ooooh, et aux amarinélys ! Amari…néliisss. Ah ben si c’est bien ça. Tu crois qu’ils existent d’ailleurs ? Une fois, y a un pêcheur qui m’a dit que c’était qu’une légende pour faire peur aux enfants et les malpêcher d’aller nager trop large. Mais il m’a aussi dit qu’on peut manger de la viande de fée grillée, avec les ailes qui croustillent et tout ! T’imagine ?! Baah, moi je crois le pas de toute façon, pis c’est comme la fois où y a un marchand qui m’avait raconté qu’un jour… »

Mais Matyh s’était déjà détournée, exaspérée par cette conversation sans queue ni tête que la petite semblait bien décidée à faire durer. La brunette, terre-à-terre et franche, semblait totalement blasée. Chaperon officiellement assignée à la surveillance de Norui, mais en réalité, totalement désarmée face à l’énergie loufoque de la jeune femme et laissée à ses mains enfantines plus comme occupation que comme nourrice, elle ne semblait pas vraiment à sa place ici, pas vraiment à l’aise, sans que l’on sache si ce qui la dérangeait le plus était de servir de baby-sitter alors qu’elle faisait parti d’un équipage de pirates réputé ou le fait de materner une adulte à l’esprit rétroactif.
Dante l’avait choisi pour sa patience et sa vigueur, deux qualités indispensables pour venir à bout de l’énergie dévastatrice de Norui. Figure féminine, il l’avait également trouvée plus rassurante, mais sa stature respectable lui permettait tout de même de pouvoir se faire obéir si nécessaire. Et puis surtout, depuis le début, Norui avait semblé bien l’apprécier. Argument décisif.
Matyh avait pris le parti de ne pas traiter la jeune femme comme une gamine ou une simple d’esprit, contrairement à ce que certains membres de l’équipage osaient à peine chuchoter. Elle s’efforçait de ne pas changer sa manière de parler quand elle s’adressait à sa protégée, tentant inlassablement de l’amener à des activités ou des discussions plus matures. Mais invariablement, les dialogues finissaient pas déraper vers les rêveries de la joyeuse bohémienne, ses mains en venait toujours à énumérer un énième petit déjeuner parfait, ses jambes à vouloir sautiller et gambader aux alentours. Malgré toute sa bonne volonté, Matyh se demandait parfois si certains pirates irrévérencieux n’avaient pas raison. Et si Norui n’était qu’un poids mort pour Dante et son équipage ? Rien d’autre qu’une obsession vouée à une espérance de vie réduite. Le Prince des Démons finirait bien par se rendre compte qu’il s’était entiché d’une coquille vide, d’une petite poupée sans âme, tout juste bonne à danser en rigolant et s’enivrer avec ses fonds de verres.

En effet, à de rares occasions, on entendait de prudents « Je ne savais pas que Dante avait l’habitude de les prendre si jeunes… Il doit aimer être le premier , il reste tellement à leur apprendre… » ou encore des « Pourtant, entre les formes de Crystella et les siennes… », « peut-être que la rencontre avec la Reine des Succubes va lui rappeler ce que c’est qu’une vraie femme ». Des phrases murmurées dans les conversations grivoises du soir, quand les hommes étaient sûrs qu’ils ne risquaient pas d’être surpris par leur Capitaine. Evidemment derrière ses railleries, il n’y avait rien d’autre que de la moquerie et de l’incompréhension, et malgré cela, tous restaient fidèles à leur chef. Mais depuis l’arrivée de la déchue, divers opinions circulaient parmi les membres d’équipage à son sujet. Il y avait les anciens, ceux qui se souvenaient de la Norui d’avant, cette Norui capable de rendre Dante heureux et de réaliser des prodiges avec son Violon. Ceux qui se souvenaient aussi de sa Disparition, et du désespoir grandissant du Capitaine, qui n’avait eu de cesse de la retrouver. Alliés indéfectibles, ils se montraient patients, bienveillants envers la jeune fille, prêts à suivre la moindre piste pour lui rendre son caractère passé. Ils avaient même fini par s’attacher à cette présence enfantine sur le Mary Celeste, certains venant même avec joie participer aux délires de la petite luciole. Mais ces partisans se faisaient de plus en plus discrets, certains se lassaient d’attendre, convaincus que Norui était malheureusement perdue pour toujours.
Venaient ensuite les indifférents, pour lesquels tout cela n’était qu’un remue-ménage inutile, tant que Dante ne mollissait pas dans ses actions et ses décisions de Chef.
Restait les plus radicaux, qu’ils soutiennent ou non Crystella, toujours est-il qu’ils voyaient d’un mauvais œil la présence de cette fille sur leur bateau, un ancien ange en plus ! L’opposition de la race était l’une des raisons de leur désapprobation, la plus facile à assumer sans doute, mais ce n’était certainement pas la seule. Sa présence entamait la crédibilité de l’équipage et de Dante lui-même, c’était une faiblesse dans ce qu’il avait de plus humain, c’était une source de discorde entre ses subordonnés. Rien de bénéfique ne pouvait en sortir, d’autant qu’elle ne semblait pas vouloir utiliser son Violon.

Tout en rangeant pour la sixième fois de la journée les étoles et diverses étoffes dont la déchue s’était servi pour se déguiser, Matyh soupira, les yeux perdus au-delà d’un hublot, étourdie par cette réflexion sur les différents clivages de l’équipage. Elle-même ne savait pas tellement dans quel camp se placer. Comment un si petit brin de femme pouvait entrainer des différents pareils ?
Mais elle n’eut guère le temps de s’interroger plus avant sur son soutien ou non à la cause de Norui, car la principale intéressée venait à l’instant de quitter le coin de table sur lequel elle était précédemment assise, retombant sur ses pieds avec un bruit de pachyderme bling-bling. Et déjà, alors que la nourrice avait à peine eu le temps de se retourner, la petite clochette, dernier éclat de la déchue, disparaissait à travers la porte ouverte à la volée, dans un bruit qui ne présageait rien de bon.

~¤~¤~¤~

Depuis combien de temps Norui était-elle montée sur ce navire pour suivre Dante dans l’espoir d’aventures fabuleuses ? Suffisamment longtemps pour avoir pris ses marques et se sentir comme chez elle, connaître une bonne partie des hommes d’équipage par leurs prénoms, et même mieux, assez longtemps pour leur avoir attribué des surnoms grotesques. Indubitablement, elle se plaisait ici. Certes, elle n’était pas redevenue la grande Capitaine-Pirate dont elle souvenait, elle n’avait pas son propre bateau, mais ce n’était pas grave, elle avait trouvé presque mieux que dans ses souvenirs. Evidemment, elle trouvait le mât du Mary Céleste affreusement triste sans feuille pour l’auréoler, sans ce bruissement perpétuelle du vent marin dans les branchages. Mais ici, il y avait un paquet de gens qui l’aimaient bien, des pirates qui avaient tous des tas d’histoires à lui raconter. A ce rythme-là, Norui pouvait ne pas poser pied sur la terre ferme pendant dix ans tout en ayant sa ration de légendes et de contes quotidiens.

Bien sûr, les premiers temps n’avaient pas été faciles. La mer maltraite bien plus les grands navires que les petites barques de pêcheur sur lesquelles la déchue s’étaient aventurée ces dernières années. Nauséeuse, l’odeur du sel lui donnant mal aux sinus, Norui s’était vu obligée de se tenir tranquille le temps de s’acclimater. Vexée que son retour sur les océans se fasse de manière aussi ingrate, elle s’acharnait à rester accrochée au bastingage bien que le mouvement perpétuel de l’eau ne fit que lui rappeler les remous vicieux de son estomac. Décidément, cet animal n’était qu’un nid à problème, sans cesse affamé et mécontent de se voir voguer sur la mer.
Réapprendre à marcher sur le pont sans perdre l’équilibre, sans tanguer de droite et de gauche, d’avant en arrière, fut également une sacrée bataille, bien vite accompagnée de sa victoire écrasante. Dorénavant, la petite libellule pouvait se laisser aller à des danses extravagantes sans inquiétude, comme libérée du dictat de l’apesanteur et du roulis.
Cependant, une fois ces quelques obstacles franchis, la vie sur la Mary Céleste s’était révélée des plus plaisantes. Nouveau terrain de jeu, nouveaux compagnon. Et puis il y avait Dante. Même si, officiellement, il restait le capitaine de ce navire, Norui voyait bien dans sa manière de se comporter envers elle qu’en réalité il n’attendait qu’un geste de sa part pour lui laisser les commandes, conscient sans doute de son aura incontestable. Toutes ses attentions, sa gentillesse, Norui en était sûre, c’était des marques de son respect, une manière de lui faire connaître son allégeance. Peut-être avait-il entendu des histoires sur son passé glorieux, peut-être connaissait-il sa réputation de Maîtresse des Océans et des Pirates, avait-il un jour croisé son majestueux navire et son mât si reconnaissable ? Après tout, le jour de leur rencontre, dans les grottes, ne l’avait-il pas appelée par son prénom ? Il devait être heureux de compter comme invité sur son navire une si prestigieuse figure de la piraterie, et Norui se rendait bien compte qu’il était aux petits soins pour elle. Ainsi, elle le gratifiait, pour le remercier, d’une affection sincère et lui faisait grâce de sa présence à chaque instant.

En réalité, malgré cette conviction d’honorer Dante par sa simple existence, Norui se retrouvait le plus souvent à le suivre comme un jeune labrador, trop heureuse d’avoir trouvé un camarade à sa hauteur et qui semblait tant l’apprécier. Pour la première fois depuis longtemps, la petite envisageait de s’attarder ici, elle qui jusque là n’avait toujours été que de passage, un simple courant d’air bruyant et coloré, avide de rencontres mais restant rarement avec ses meilleurs amis d’un jour. Peut-être allait-elle élire domicile sur ce navire pour un temps ? Il faudrait probablement qu’elle reprenne la route un jour, qu’elle retrouve sa carrière de grande Capitaine, qu’elle se dégotte son propre bateau, qui se devrait d’être au moins aussi exceptionnel que l’ancien, si ce n’est plus. Mais tant qu’elle se plairait sur la Mary Celeste, aucune raison de partir !

Mais voila, depuis des jours et des jours, Dante la délaissait ! S’était-il lassé de son invitée d’honneur ? C’est à peine s’il avait pris le temps de venir discuter avec elle quelques minutes durant les dernières 72h. Et on ne pouvait pas dire que ses hommes d’équipage rattrapaient le coup, tous plus occupés les uns que les autres. On briquait chaque recoin du navire, et Norui en faisait les frais, glissant à de nombreuses reprises sur le bois savonneux ou tout juste ciré. La petite voyait bien que quelque chose se préparait et ça ne lui plaisait guère. Vaguement inquiète, elle se demandait si Dante n’avait pas l’intention de se séparer d’elle à la prochaine escale. Ce serait une bonne explication à sa tactique d’évitement. Ou peut-être lui préparait-il une surprise, et il avait peur de lui vendre la mèche en venant papoter avec elle ?
Norui se rasséréna à cette pensée.

Mais malgré tout, elle s’ennuyait. Matyh était rigolote, et elle avait adoré lui faire des nœuds nattes dans les cheveux, la déguiser en déesse drow ou encore développer avec elle de grandes théories sur l’utilité des anses sur les chopes de bière. Et même sur l’utilité de la bière elle-même. Mais ça ne pouvait pas continuer ainsi éternellement. La petite se languissait de la grandiloquence de son ex-Dragon préféré, elle voulait à nouveau se laisser hypnotiser par le tourbillon de sa canne, avoir le vertige en imaginant ce qu’elle verrait si elle était sur son chapeau.
Ainsi, la décision fut prise en un quart de tournement de pouce. Si Dante ne venait pas à elle, elle irait à Dante !
Dans un tambourinement de tamtam, ses petits pieds la portèrent jusqu’à la porte de leur cabine, qu’elle repoussa avec joie, heureuse par avance de la décision qu’elle venait de prendre. Mais le battant ne sembla pas céder comme il aurait du, se stoppant au milieu de sa course avec brutalité, dans un bruit mat, arrêtant l’échappée de la déchue par la même occasion. Norui avait connu des portes capricieuses, affamées et poussant des cris d’animaux. Mais des portes qui grognent et lancent des injures, ça, ça ne lui était encore jamais arrivé ! Pourtant, les pires blasphèmes semblaient s’échapper du bois, entrecoupés de glapissements fauves. Etonnée mais guère effrayée, la luciole poussa un peu plus la porte de manière à se frayer un chemin avant que Matyh ne vienne l’intercepter. Une fois à l’air libre, elle marqua un temps d’arrêt, histoire de s’orienter et de décider dans quelle direction partir. Mais c’était sans compter une femme affalée sur le sol pour une raison inconnue, pestant et crachant tout en lui adressant un regard qu’elle ne sut interpréter. Des vêtements frivoles venaient compléter ce personnage inhabituel. Norui n’avait pas souvenir d’avoir vu de tel marin sur le Mary Céleste. Une nouvelle recrue ? La novice se remit sur ses pieds en se frottant le postérieur, sans toute fois la quitter des yeux. Reconnaissait-elle en Norui une personne de grande estime, lui avait-on parlé d’elle ?

Dans un rugissement sauvage, l’inconnue se précipita sur elle, reprenant les insultes que la porte avait entonnées plus tôt, en rajoutant même de nouvelles, sans doute de son répertoire personnelle. Norui échappa de peu à ses mains, surprise, avant de courir au devant de la bizut, rigolant aux éclats de cette course poursuite. Bientôt, Matyh prit part à ce grand jeu elle aussi. Tout cela devait sans doute être une tradition venant des contrées d’origine de la nouvelle, une manière de montrer son respect aux gens que l’on rencontre pour la première fois, une manière aussi de briser la glace, de faire connaissance, de mettre une bonne ambiance. Et il fallait bien le reconnaître, c’était plutôt efficace, suffisait de voir comme elles se prenaient au jeu toutes les trois !
Les marins eux-mêmes les observaient, sans doute étonnés de cette coutume inusitée, mais assurément envieux, hésitant à se mêler à ce rite.
Cet étrange manège dura quelques instants, mais lorsque la déchue passa devant la cabine de Dante, l’objectif de sa fuite lui revint. Aussitôt, elle fit une volte pour revenir vers la porte, et ne prenant guère le temps de ralentir, elle l’ouvrit joyeusement, espérant que sa nouvelle camarade comprendrait qu’il était temps d’arrêter de jouer.
Arrivée dans l’ambiance chaude de la pièce, elle se stoppa, balaya la cabine jusqu’à orner son visage rouge et essoufflé d’un grand sourire. Mais l’exclamation de joie à l’adresse de Dante resta perdue quelque part entre ses poumons et sa gorge lorsqu’elle se sentit irrésistiblement tirée en arrière. Esprit de contradiction oblige, elle résistait à cette traction, se remettant en mouvement lorsqu’elle comprit que c’était la nouvelle qui venait de l’attraper, une de ses mains s’agrippant une mèche de cheveux. Il y eu une résistance pendant quelques instants, puis la clochette céda, captive des mains étrangères, avec quelques crins sans doute. La course reprit donc de plus belle, les deux filles faisant des tours autour de la table comme autant de tours de piste.

Mais lorsqu’une autre femme, qu’elle n’avait pas spécialement remarquée à son entrée vu qu’elle était assise dans un siège tournant le dos à la porte, se redressa pour lancer un ordre autoritaire, tous semblèrent quelque peu se figer, Norui elle-même. Puis, profitant de ce répit –peut-être le signal de fin de leur coutume ?- elle se glissa derrière le fauteuil de Dante, réapparaissant à sa droite, agenouillée. Ses petits bras s’étaient posés sur l’accoudoir, sa tête venant s’y installer à son tour tout en adressant à Dante un sourire radieux. Quelques secondes béats, puis une de ses mains se dégagea pour s’étendre jusqu’à la table et y pêcher une quelconque friandise, qu’elle enfourna rapidement. Mastiquant avec soin, remarquant la saveur remarquable de sa trouvaille, elle en profita enfin pour jeter un regard complice à la nouvelle recrue, qui semblait vouloir jouer encore, et à cette autre inconnue, qui semblait beaucoup moins joueuse. Toute fois, c’était nécessairement une personne de bon goût, puisqu’elle portait de jolis bracelets autour de ses chevilles. Norui se conforta dans ce point commun, puis ses yeux se posèrent sur le bijou qui ornait ce nombril inconnu, cette pierre turquoise qui était tout ce qui lui importait à cet instant précis.
Pourquoi n’avait-elle jamais vu quelque chose d’aussi joli auparavant ?


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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyJeu 20 Oct 2011, 17:08

La situation n’était sans doute pas assez compliquée ? La tension palpable dans la pièce le prouvait bien pourtant. Mais non, il a fallu que cela devienne encore plus complexe. Je n’ai pas beaucoup aimé les allusions de mon invitée à propos des enfants. Mais bon, je sais que cela fait partie de sa culture. Donc je n’ai rien dit. Le but étant ici de renforcer nos liens, chacun doit y mettre du sien. Et pour le moment on va dire que je suis plus souple que la reine. Mais c’est tout à fait normal lorsque l’on y pense. Après tout, je domine largement les mers depuis un bon moment, personne n’arrive à vraiment m’inquiéter, alors que cette chère Oanig doit sans cesse sortir ses griffes pour préserver son territoire. À bien y réfléchir, même ici elle se sent obligée de montrer les griffes, c’est sa façon de faire, c’est dans sa nature.

Je l’écoute parler longuement, elle prend soin de m’expliquer –à sa façon- la situation avec les vampires, les options qui s’offrent à nous suivant ce que l’on va décider de faire. Je réfléchis, je pèse le pour et le contre. Je sais que si elle me propose ces options-là, c’est qu’elle y a déjà réfléchi, qu’elle sait ce qui pourrait être le plus avantageux pour elle. Il est clair qu’elle veut essayer de m’aiguiller habilement dans la direction qui la servira le plus avantageusement. La question est de savoir si cela serait à mes dépens ou pas.

Mais toutes mes réflexions volent en éclat en une fraction de seconde. Un brouhaha se fait entendre a l’extérieur, la porte de la cabine s’ouvre brusquement et c’est sans grand étonnement que je vois mon petit tourbillon préféré cavaler dans toute la pièce et venir se cacher derrière moi. Ce n’est pas une gouvernante que j’aurais dû lui coller, mes deux gardes. Je sais que je viens de perdre un peu de ma crédibilité aux yeux de la reine. Surtout après avoir dit que je détestais les enfants. Il va falloir que je trouve une pirouette pour expliquer sa situation sur mon bateau.

Mais pour l’heure, les choses se gâtent. Visiblement ma jolie Norui a quelque peu agacé une servante de la reine. Génial. À présent je l’entends qui hausse la voix, qui me menace, je n’aime pas cela, surtout qu’elle se trouve chez moi. Une phrase de trop, elle ose exiger que cela cesse. Je n’aime pas que l’on exige quoi que ce soit de ma personne. Je passe une étoffe de lin sur le dos de mon ange afin de masquer ses ailes, qui sans rien dire et après avoir fichu une belle pagaille grignote tranquillement des amuses-bouches. Je me félicite de ne pas avoir finalement servi des morceaux d’enfants. Je lance un regard noir en direction de la suivante qui file aussitôt se poster à côté de sa reine. Le calme s’impose dans la pièce. J’hésite à m’énerver ou à jouer les médiateurs.


« Veuillez excuser mon amie, elle déborde d’énergie, il faut s’y habituer et je comprends qu’elle ait pu agacer l’une de vos suivantes. »

Jusqu’à preuve du contraire, je vais afficher Norui comme étant une amie proche. Cela paraitrait bien plus crédible que si je disais qu’il s’agit de ma femme ou de ma fille. Même si concrètement il n’y a jamais eu d’union officielle du temps où elle n’avait pas son esprit d’enfant. Les membres de mon équipage savent ce qu'il en est, mais devant des gens extérieurs il est de mon devoir de la protéger.

« Vous voyez, vous n’aviez pas besoin de vous énerver ainsi et surtout pas à exiger quoi que ce soit. Voyons-nous sommes entre nous, pourquoi ce malaise alors que nous discutions tranquillement ? Ai-je l’air de m’énerver ? »

La réponse est oui. Je suis très énervé, mais je ne laisse rien paraitre. La reine semble avoir du mal à contenir ses émotions, elle est bien trop impulsive. Une querelle entre nous à cet instant ruinerait toute chance de faire pacte commun contre ces satanés vampires. Pourtant, je suis furieux de la tournure des évènements. Si je ne me contenais pas j’aurais déjà fait voler en éclats l’intérieur de la cabine et me serais débarrassé de cette fichue servante qui a osé toucher à ma Norui. Mais cela envenimerait les choses. Or, nous sommes sur mon navire, c’est à moi de temporiser et de calmer le jeu. Je prends mon ange et la pose sur mes genoux.

« Tu peux rester mais tu es sage d’accord ? La jolie dame et moi devons parler de chose de grandes personnes. Essaie de ne pas trop nous déranger, tu seras adorable. »

Je me retourne vers mon invitée qui, je le sens va être sarcastique et désagréable au possible. Je commence à connaitre la bête, elle ne va pas pouvoir s’en empêcher, surtout qu’elle risque de voir en Norui l’occasion de faire encore des siennes. Mais qu’elle n’espère pas grand-chose, je veille sur Norui comme sur rien au monde. Un mauvais geste en sa direction et la guerre serait aussitôt déclarés. Mais je ne pense pas que ce soit, ce qu’elle cherche vraiment, non, elle risque sans doute de me provoquer un peu de faire ses petites allusions mesquines dont elle a le secret. Une chance que je sache un peu mieux me tenir.

« Bien, chère reine, ou en étions… »

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase, je ressens une secousse violente dans ma poitrine. Quelque chose ne va pas. La cloche d’alerte retentit, la porte de ma cabine s’ouvre et Sytry m’informe qu’un de nos navires vient de subir une attaque, il serait en piteux état. Je baisse aussitôt ma tempête protectrice qui entourait le bateau afin de lui permettre de s’appareiller au mien.

Qui a osé attaquer un de mes navires ? Qui a été assez fou pour faire cela ? La reine qui comme par hasard se trouve ici ? Non, ce n’est pas son genre. La marine ? Peut-être, mais pourquoi ne pas m’attaquer directement ? Et puis ces maux que je ressens au fond de moi, les membres de mon équipage qui ont péri ou qui sont gravement blessés, qui aurait assez de puissance pour réduire en pièces une de mes divisions ?

« De quel bateau s’agit-il ? Fonce vite me faire un rapport, il y a quelque chose qui ne va pas là-dedans… »

Sytry acquiesce et sort de la cabine, je m’adresse à nouveau à la reine, en espérant ne pas être interrompu cette fois-ci. Et en espérant qu’elle y mette du sien. Je n’ai pas besoin qu’en pleine situation de crise elle vienne corser la chose, bien au contraire.

« Décidemment, cette entrevue ne se déroule pas comme prévu, mais cette attaque sur un de mes navires m’inquiète. Si vous ne vous sentez pas en sécurité, je comprendrais que vous souhaitiez partir. Quelque chose de pas clair se trame, et le fait que nous soyons tous deux réunis ne doit pas être une vulgaire coïncidence. »

Par le hublot j’aperçois le navire qui appareille contre le mien. On dirait qu’une tempête là simplement déchiqueté. Je reconnais le pavillon. Il s’agit de Serkan, mon officier de la 1ère division. Qui aurait pu mettre une telle raclée à cet homme et à son équipage, un des plus anciens qu’il soit ? Soudain, un détail me revient. Il me semble qu’il avait été convenu que Norui devait passer quelques jours à bord de ce navire justement. Jusqu’à ce qu’elle décide finalement de rester à tout prix ici, car elle voulait rester avec moi et qu’on " ferait plein des super jeux trop rilgolo ".

Je choisis de ne rien dire à Norui et à Oanig. L’une n’a certainement pas besoin de savoir que la personne qui a attaqué le navire de Serkan devait en avoir après elle. Quant à la reine, elle n’a pas besoin de savoir que mon petit ange suscite tant de convoitises.

La cloche d’alarme sonne à nouveau. Nous sommes attaqués. Sytry rentre en trombe.


« Capitaine ! La marine nous encercle ! Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés, mais il semblerait qu’ils aient eu vent de ce rendez-vous et qu’ils aient été au courant de l’attaque dont a été victime Serkan. »

« Très bien, prépare tout le monde, il faut être prêt à les recevoir. »

Je me baisse vers Norui et lui murmure quelques mots à l’oreille.

« Mon ange, essaie s’il te plait de rester près de moi, quoi qu’il arrive. Tu ne veux pas te retrouver assommé comme la dernière fois sur la plage ? Ah, et surtout, ne sors pas tes ailes. Ces gens-là n’aiment pas ça. »

Parfois j’aimerais avoir une vie plus simple. Avoir le cerveau étrange de ma petite Norui, ne pas avoir conscience de ce qui se passe aux alentours. Ou alors, j’aimerais être plus épaulé. L’époque où elle siégeait à mes côtés était tout de même plus simple. Je ne devais pas soigner les apparences, veiller a ce que rien ne lui arrive, que personne ne sache ce qu’elle est vraiment. Aujourd’hui tout est bien trop compliqué. Il faut rajouter à cela une rencontre diplomatique qui vire au cauchemar. Non, décidément, cette journée est géniale.

« Ma reine, je ne voudrais pas vous presser, mais il va falloir choisir. On s’occupe de la Marine main dans la main où dois-je assurer votre retour chez vous ? Décidez-vous vite, je ne pense pas qu’ils soient là pour boire le thé. »

Un bruit sourd se fait entendre. Le bateau vient de recevoir un coup de canon. Il va falloir faire vite. Avoir des pouvoirs est une chose, mais encore faut-il les utiliser lorsque cela est nécessaire. Je n’ai plus le temps de palabrer avec la reine, je dois protéger mon navire. Si la reine me suit, cela prouvera à beaucoup de gens que notre alliance est toujours d’actualité.
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Oanig Ain'Hoa
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MessageSujet: Re: Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui)   Rencontre au sommet (Pv Oanig & Norui) EmptyLun 02 Jan 2012, 20:41

La tempête du Prince des Mers avait envahie l’esprit de celui du Feu. Oanig ne savait dire si elle brûlait ou écumait de rage, ses émotions bouillonnaient comme un geyser, dont le jet ardent se répercutait en un laçage complexe entre sa peau et ses organes, menaçant de la transpercer de toute part pour jaillir sur Dante, son foutu plumeau argenté, son inutile gardienne et cette puante de cabine. Peu importe qu’il l’ait prévu ou non, peu importe qu’elle soit un danger ou une incroyable effronterie, peu importe qu’il y ait menace. La fureur de Garaiñe était contagieuse, et tandis que sa favorite suait de colère, l’épiderme de la reine s’enflammait d’une furie bleue de plus en plus violacée. Le tissu de sa robe commençait à chauffer, une goutte de toxine tomba aux pieds de sa soeur et s’évapora en un fin filet de brume. Une planche émit un craquement plaintif. C’était l’alerte qui l’obligea à recouvrer ses esprits. A elles deux, elles formaient une bombe. Le liquide s’échappant de la peau de la rousse était hautement inflammable, malheureusement, sa peau aussi, et si aucune des deux succubes ne réussissait à se contenir, la suite princière exploserait en débris fumants. Et il n’y aurait qu’une seule survivante à cela, et elle serait entièrement nue, encore une fois.

Pendant que la reine réalisait à quel point elles étaient dangereuses, Dante s’était mis de tête qu’un discours moralisateur serait le meilleur moyen de les apaiser. Comme s’il n’était pas lui-même affecté ! Sur sa bouche, Oanig pouvait voir le moindre tiraillement de toutes les grimaces qu’il se retenait de faire. Mais il essayait au moins de désamorcer la situation. Elle lui reconnu cela, que son sang froid s’avérait plutôt utile dans les situations de crise. Et elle tenta de prendre exemple sur lui. Ce n’était pas digne d’elle, de se montrer aussi impulsive devant un tel adversaire.

Reprenant une inspiration longue et très lente, la reine enfla ses poumons de l’air saturé d’iode descendu du pont avec le débarquement duveteux et son escorte agitée. Elle qui venait à peine de s’habituer à l’ambiance oppressante de la cabine… Elle se résigna au picotement du sel dans sa gorge, à l’odeur nauséabonde de la mer déchaînée et à l’humidité ambiante en songeant qu’elle avait elle-même choisi ce lieu pour leur rendez-vous. C’était de sa faute, inutile de chercher à blâmer quiconque d’autre qu’elle. Si elle l’avait fait, c’est parce qu’elle se savait assez forte et orgueilleuse pour ne pas s’effrayer de la houle marine omniprésente. Il était temps de se montrer à sa hauteur.

Se rabrouant intérieurement, elle tourna son regard vers la petite créature que Dante venait d’assoir sur ses genoux. Se concentrer sur un point, la meilleure méthode pour redescendre sa tension. Le faciès de la jeune femme qu’elle fixa, doux et malicieux, était bien trop délicat pour appartenir à une humaine. Son hôte passa hâtivement un châle sur ses épaules, alors qu’elle ne semblait pas le moins du monde souffrir d’autre chose que de bêtise et de faim. Etrange, tant de prévenance pour un si petit être. Oanig jeta un œil au démon, qui se contenta d’une œillade sombre à Garaiñe en soupape à toutes ses émotions. Elle, ne réussissait pas à se débarrasser de son armure incendiaire…


_Tu peux rester mais tu es sage d’accord ? La jolie dame et moi devons parler de chose de grandes personnes. Essaie de ne pas trop nous déranger, tu seras adorable.

La succube eut soudain la nausée. Ce n’était pas le moment d’avoir un hoquet de renvoi ! Mais qu’était-il en train de faire ?! Cette voix enjôleuse et ces paroles aussi mièvres que des friandises ne lui seyaient pas. Qui était-elle pour mériter de telles grâces du Bélial ? Pour oser interrompre la rencontre des deux Princes ? Pourquoi n’arrivait-elle pas à lui choisir un âge, une race, un prix ? Silencieuse, Oanig se concentrait sur cette jeune personne insolite, n’écoutant que distraitement la reprise de leur discussion, lorsqu’une sonnerie parasite retentit contre ses tympans. Le sursaut faillit lui faire échapper un jet de flamme, néanmoins sa focalisation sur la fille avait nettement baissé son taux d’irritation, et elle se contenta de rehausser son halo bleu. Un homme débarqua en trombe dans la cabine pour annoncer une attaque sur l’un des navires de Dante. Et quoi encore ?

Son hôte s’adressa à elle avec un ton nettement plus pressant qu’auparavant. Cette fois, il semble que son fond de cale commence à se laisser submerger, la coque du grand seigneur se fendillerait-elle enfin ? Deuxième son de cloche, l’attaque semble se confirmer. L’officier de Dante réapparaît et annonce que la marine s’en prend directement à eux. Tiens donc… Un nouveau flot de questions surgit dans la tête de la reine, ce qui ne l’empêche pas d’entendre vaguement ce que le Prince voulait lui cacher : la petite dissimule des ailes sous son étoffe de lin, expliquant sa bouille gracieuse et noyant encore plus la logique de leur comportement.

Il vient se poster devant elle, et les yeux d’une Oanig confuse se figent sur les lèvres agitées de Dante, lisant sur cette façade les quelques mots importants qu’il veut lui faire entendre. Ce ne sont que des insultes, qu’elle décide de ne pas relever pour le moment. Penserait-il qu’elles ne seraient pas capables de retrouver le chemin de leur royaume ? Oserait-il seulement envisager qu’elles se défilent face à la marine d’un crétin d’Elfe blond si ivre ou si sot qu’il se pense être capable de les attaquer ? Bâtard des Mers, c’en était trop. Il lui paierait ça, plus tard, elle ne risquait pas de l’oublier.

Grinçant des dents, la reine se tourna vers sa suivante dans un tourbillon de flamme. Garaiñe semblait avoir relevé les injures, elle aussi, à en voir sa peau se liquéfier. Seules dans la cabine, elles se comprirent d’un regard, et Oanig n’eut qu’une chose à lui dire :


_Prends des récipients fragiles et légers, je t’envoie Nura. S’ils pensent que les succubes ne sont bonnes qu’à se remuer les hanches, ils vont avoir du spectacle. Ce soir, c’est feux d’artifices ! »

Enragée, elle prit le chemin qu’avait emprunté Dante une minute avant, dans un raz-de-marée bleu bruyant de soie et de flammes déchaînées. Elle déboucha sur le pont en apnée, les ailes du nez pincées par l’odeur épouvantable et la crispation. Véheyna la sentit immédiatement, et avant même que la reine puisse la chercher du regard, elle se plaça à son côté droit. Nura atterrit peu après en face d’elle :

_Garaiñe t’attends en bas, lui lança-t-elle d’un ton qui ne souffrirait pas d’une quelconque réponse.

Elle se rappela aussi que Coccyx avait décollé de son épaule à l’apparition de l’ange dans la cabine, pour se nicher sur un meuble en retrait du périmètre inflammable. Elle devait encore s’y cacher. Alors que la succube brune se faufilait dans les escaliers, Oanig lui saisit le bras :

_Remues la bequeteuse, aussi !

Puis elle se mit à la recherche du capitaine du navire. Son corps raidit par la tension qui la recouvrait, elle tentait de garder la peau froide. Tout autour d’elle il n’y avait que du bois, de la corde, de la poudre et de la chair. C’était comme baigner dans de l’essence. Son shampoing préféré ! Et au loin, elle voyait plusieurs flaques d’huiles, tout aussi faciles à allumer. La difficulté serait de les transformer en feu de joie sans laisser la moindre étincelle se balader sur le pont du baril qui l’abritait…

Elle rejoignit Dante et sa poupée de chiffon près du bastingage et se plaça à son flanc gauche. Elle put enfin desserrer les mâchoires :


_Maintenant vous allez m’écouter, Dante. Mes paroles peuvent vous paraitre futiles, mes mœurs légères, mes préoccupations superficielles, et mon apparence frivole, mais je n’en demeure pas moins à ce jour une des quatre Princes des Démons. Je suis aussi votre alliée, et nous sommes liés par certaines conspirations qui ne devraient jamais être ébruitées. Mais par-dessus tout, je suis une femme, et mes hormones sont très susceptibles. Alors si vous pensez réellement que je vais laisser un abruti qui se rince les cheveux au vinaigre de camomille pour les rendre plus brillants me faire un affront pareil sans souffrir de réplique de ma part, c’est que j’ai commis une grave erreur de jugement à votre égard et qu’effectivement, je ferais mieux de vous laisser jouer dans votre bain moussant sans risquer de m’y casser une griffe.

Elle s’arrêta un instant, puis eut un petit ricanement réjoui :

_Enfin, j’abattrais quand même l’un de ces navires avant de vous quitter. Le jeu est trop tentant !

Elle reprit son masque de marbre, s’évitant un froncement de sourcil disgracieux. Un grognement sourd venant de la gorge de sa favorite lui fit présenter son meilleur profil aux ennemis :

_Ma reine, je ne pense pas que la marine soit là pour nous.

Le silence d’Oanig l’incita à continuer.

_Si ça avait été le cas, je le sentirais.

La démone, cette fois, ne put retenir un haussement de sourcil :

_N’es-tu pas trop loin, pour ça ?
_Non, leurs bateaux sont assez proches.
_Ils ne savent peut-être pas ce qu’ils font là, le penseur est bien au chaud dans sa tour d’ivoire.

Véheyna ne put répliquer, malgré sa conviction que la raison de cette attaque ne concernait pas les succubes. La reine était bien trop agitée pour renoncer à son petit spectacle feu et lumières. Elle se tourna de nouveau vers le démon des eaux, avec un demi-sourire satisfait sur les lèvres :

_Je crois qu’il est temps de rappeler à nos gens qui sont les Princes.

De son étroit corsage rouge, Véheyna fit apparaître une discrète dague à la lame luisante. Sa reine ne l’avait pas autorisé à emporter d’arme et c’était la seule assez petite pour se dissimuler dans sa tenue de cortège officiel. Elle n’accompagnait jamais Oanig sans se tenir prête à la défendre de sa propre vie, et préférait tout de même avoir recours à quelque chose de plus tranchant que sa peau brune pour pourfendre les fous qui oseraient la défier. Empoignant le manche d’os entre son index et son majeur gauche, elle plaça ses pieds l’un devant l’autre afin de pouvoir pivoter aisément en cas d’attaque directe. Sa jupe fendue n’entraverait pas ses gestes, elle concevait chacun de ses habits de sorte à ce qu’il soit confortable pour un combat ou facile à ôter. Ce qui lui était aussi très utile durant la chasse…

Durant ce temps, dans la cabine, Garaiñe remplissait des verres à liqueur de sa propre eau-de-vie, hésitant à glisser quelques gouttes de son nectar de sommeil dans le vin du Prince dédaigneux. Ses paroles avaient piqué ses tympans lorsqu’il avait assimilé les succubes à des couardes. C’était bien un comportement d’homme : en collectivité, ils traitaient les femmes comme des êtres faibles aux soucis bien volages, mais dès qu’ils se retrouvaient seuls avec l’une d’elle sa valeur semblait soudain s’envoler au sommet de toutes les priorités. Ils étaient accrocs et n’assumaient pas leur addiction. Et elles bien trop intelligentes, ce qui les aigrissait. Sentiment qu’ils sublimaient en arrogance.


_Je vois que la reine n’est pas la plus contrariée.

Nura venait d’apparaître dans la cabine, une moue agaçante sur le visage.

_Elle n’a pas subit les injures du bichon de Bélial. Ce sera assez léger ?

La rousse essuya un de ses coktails avec une chemise qui traînait –méticuleusement dérangée de son placard- et le tendit du bout des doigts à sa consoeur. Cette dernière soupesa, et approuva d’une nouvelle moue. Puis elle jeta un regard à Coccyx, qui tentait de s’intégrer au décor depuis la cime de son armoire. Dommage, il n’y avait pas de plumes sur la tapisserie ! Nura empoigna sans ménagement ses pattes et y colla son verre :[i]

_Tu vas me suivre, la crasseuse, et on va aller bombarder du filet mignon puis revenir chercher des munitions, c’est bien clair ?

[i]Garaiñe fronça les sourcils, dépréciant la façon dont Nura traitait tout ce qui touchait de près ou de loin au pouvoir qu’elle n’avait pas. Surtout que la bestiole passait son temps à nettoyer et ranger sa robe. Les chauves-souris, ce n’était pas bien plus propre, à déféquer la tête en bas. Enfin c’est ce qu’elle imaginait. Mais elles se prendraient le bec plus tard, Nura se métamorphosant déjà en rongeur volant et prenant les commandes de l’opération Rôti de Porcs.

Elle frôla le plafond des escaliers, rivalisant déjà contre les vents de l’océan, avant d’émerger de l’abri du navire et de dériver sur une dizaine de mètres à tribord. Il ne fallait pas se tromper de cible, surtout que du poison avait déjà versé et effleuré ses griffes. Le verre glissait et elle tenta de resserrer sa prise, perdant déjà quelques informations sensitives en provenance de ses doigts. Elle prit le temps de s’habituer aux colonnes d’air, se laissa porter quelques instants, avant de choisir son chemin parmi la houle et de corriger son vol. En bas, les navires et leurs voiles se mêlaient aux vagues sombre dans un chaos parfaitement repoussant pour une femme de flamme. Repérant finalement un symbole ennemi, Nura perdit de l’altitude et se servit de son sonar pour avertir les oreilles sensibles du lance-flamme royal de sa position. Une boule de feu traversa le ciel, touchant le flacon peu après qu’elle l’ait lâché et le brisant en mille morceaux. Un liquide brûlant se répandit sur le mat, coulant jusqu’au pont, bientôt suivi d’un deuxième éclat touchant le tissu agité par le souffle de l’océan. Les deux créatures des airs firent demi-tour pour reprendre des munitions, tandis que la Reine continuait à viser sa première cible. Son sourire scintillait comme un collier de diamant dans la nuit sombre.

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