"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| Un tout petit voleur [Zev] | |
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*Démon*
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| Sujet: Un tout petit voleur [Zev] Mar 08 Mai 2012, 03:19 | |
| Je claquais la porte de bois brut de la cuisine de ma taverne, satisfaite de sentir en ma main le poids à la fois de la clé et de mon présent. Cette taverne, c’était tout ce que j’avais, le concentré de ce que j’étais. Ma nourriture, mon divertissement, mon logis, mon abri, mon nid… je n’étais pas certaine que tous puissent prétendre posséder tout cela, encore moins en un seul endroit, en une seule certitude. C’est ça, cet endroit, c’était ma certitude. La seule que j’avais. Une sécurité, en quelques sortes. Une cage, aussi. Toute certitude était pour moi une prison, et cette taverne, pour rassurante qu’elle soit, n’était rien de plus qu’une prison dorée. C’était pour ça que ce soir, j’allais m’en aller. Pas pour longtemps, car je dépendais de cette organisation, elle était même vitale, si je ne voulais pas reprendre les massacres. Mais pour une nuit, peut être deux, j’avais besoin de prendre mes distances. Prouver que je pouvais encore m’envoler loin de mon perchoir. Sentir que je pouvais défier la routine qui s’était installée depuis mon installation.
Chantonnant sous le soleil encore haut, j’entrepris de descendre la petite ruelle qui courrait derrière l’établissement, tout en faisant tourner autour de mon doigt la chainette de la montre de gousset que j’avais acheté la veille sur un bazar. Elle était de belle facture bien qu’un peu éraflée, et suffirait, ma fois, à m’empêcher de perdre la notion du temps. Du moins l’espérais-je. J’atteins rapidement la limite de la ville, puis celle des faubourgs, chassant de sourires et regards froids les curieux et les mendiants trop collants. J’étais de bonne humeur, mais il ne fallait pas non plus pousser. Ma sacoche, garnie d’une couverture et de maigres provisions, battait, gonflée par le volume, contre ma hanche. On me suspectait surement d’y cacher quelques richesses, car j’y sentis plusieurs fois passer des mains qui ne m’appartenaient pas. Chaque fois, leurs propriétaires indiscrets s’en tiraient avec ce fameux sourire, carnassier à souhait, et ces yeux de prédateur, que j’aimais révéler à mes victimes. Ce fut assez dissuasif, car en atteignant les premières collines et la naissance de la campagne, ma besace avait toujours le même poids.
Le soleil, lui, semblait avoir pris de l’avance. Il incendiait déjà la courbe de l’horizon, embrassant la terre comme une amante trop longtemps tenue éloignée. Hochant la tête pensivement, j’appréciais la comparaison. Cette promenade avait décidément un effet intéressant sur mon humeur. Je décidais de passer par une langue de forêt qui descendait effleurer les abords de la ville, et m’engageais, alors que les derniers rayons mourraient au-delà de la mer, embrasant le ciel en un ultime adieu, une promesse de retour, sous la voûte des chênes et des pins. L’odeur du bois, de la sève, de l’humus, de toute cette vie grouillante et grimpante m’assailli, et je savourais, heureuse de retrouver le monde. J’étais déjà bien avancée sur le sentier, l’orée n’étant plus qu’un souvenir à peine plus lumineux dans mon dos, lorsque des murmures, frottements et autres signes que quelque chose m’accompagnait dans le noir se firent percevoir. Je m’arrêtais, saisissant dans une main ma flûte et l’approchant de mes lèvres, prête à souffler au moindre mouvement suspect. Mais il n’y avait rien, et les bruits cessèrent, laissant place à la rumeur paisible de la forêt. Sceptique, j’attendis encore quelques secondes avant de reprendre ma marche. J’espérais juste qu’il ne s’agirait pas d’un prédateur trop rapide, je n’avais aucune envie de m’abîmer. Pour le reste, ma flûte, ou même ma voix, en dernier recours, suffirait à me débarrasser de tout indésirable. Mon cœur resta donc léger, et j’avançais de quelques nouveaux pas, jusqu’à ce que les bruits reprennent, plus proches cette fois. Il y eut un grognement, des buissons qui frémirent, une pause, puis, alors que j’allais souffler, la flûte à un millimètre de mes lèvres, un gros chat roux déboula devant moi, coursant une châtaigne encore dans sa bogue. Je restais immobile un instant, le temps que mon cerveau enregistre l’information, puis me rappelait à lui d’un petit bruit de gorge.
Le félin se figea, surpris, et dans un mouvement quasi mécanique, tourna la tête vers moi. Il était franchement mignon, mais il faut dire aussi que je trouvais tous les chats mignons. Surtout ce soir, maintenant que j’étais sortie de la ville. Doucement, pour qu’il comprenne que je ne lui voulais pas de mal, je me penchais vers lui, la main tendue pour le caresser. Alors que j’effleurais à peine ses oreilles, et que déjà un profond ronronnement s’amorçait, le rabat de ma besace s’ouvrit et une de mes brioches s’en échappa, roulant à terre. Moment de flottement. Nos deux regards, portés par le même stimulus, la même attente, se fixèrent sur le petit pain doré, qui continuait de rouler doucement sur la pente légère du sentier. Nouveau regard, confrontation, cette fois.
Ma brioche.
Nous nous élançâmes tous deux en même temps, à la poursuite de la brioche fugueuse, tant par défit que par envie. Mais à chaque fois que l’un de nous s’en approchait, la brioche, comme douée d’une vie propre ou guidée par le destin, s’éloignait. Elle nous fit finalement débouler dans une petite clairière, et le changement de terrain me permis de prendre le félin de vitesse, ce dont je ne fus pas peu fière, et de bondir… Pour heurter un corps dur qui n’était ni de bois, ni de pierre, mais de chair, et qui s’effondra avec moi. La main refermée sur la brioche (déchiquetée, salie, mutilée, mais mienne), je me relevais, confuse.
*Mince, un témoin.*
Le chat, boudeur, s’était réfugié derrière les jambes de ce qui semblait être son maître.
Ouh, veuillez me pardonner, je suis confuse et désolée de vous avoir interrompu dans votre ballade nocturne, mais votre félin –il est bien à vous, n’est-ce pas ? M’avait volé ma brioche. Vous n’êtes pas blessé ?
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Mar 08 Mai 2012, 14:34 | |
| Dans les profondeurs de la forêt qui surplombaient les collines de Reilor, une chose dormait paisiblement. Elle bougeait dans son sommeil. Un coup elle se mettait sur le côté, puis sur l'autre... Sur le dos, elle ne se sentait pas très à l'aise. Sur le ventre, elle était mieux. Elle s’emmitouflait dans sa couette chaleureuse. Mais un détail la perturbait. La chose se réveilla soudainement, poussant un hurlement. Un cris qui venait des entrailles de l'être dans lequel elle cohabitait. Elle déchira les pensées, les voix, tout les songes de cette âme solitaire. Qui commençait sérieusement à avoir faim.
Il n'en pouvait plus ! Cette journée était interminable.
L'état de Zeviehl était presque second. Il arrivait à peine à réfléchir. De temps à autre, il perdait le fil du temps. Il était assis, dans la grotte, sa tête dans ses mains. Le sang appelait la bête en lui... Le soleil s'inclinait, joyeux de causer autant de souffrance à un être insatiable. Il prenait tout son temps. Dès qu'il avait atteint l'horizon, le vampire se leva brusquement et partit dans la forêt. Mr Grifou, couché sur la couverture, ouvrit les yeux, surpris. Il galopa avec ses pattes félines, rattrapant son maître. Zeviehl se dirigeait vers la lisière de l'étendue naturelle. Reilor était au bout d'un grand chemin. Mais il ne l’emprunta pas. Son instinct vorace le poussa plus vers les champs, là où se situait les fermes les plus éloignées. Dans un élan de lucidité, l'homme s'arrêta au pied d'un arbre dans la clairière, à trois pas du chemin. Il reprit son souffle, respirant profondément. Il se rendit compte de ce qu'il avait failli faire... Dévoiler sa présence, se mettre en danger... Mais le pire, c'était qu'il aurait complètement perdu le contrôle de lui-même. Comment il en était arrivé à ce stade là ? Pourtant il se nourrissait du sang de tout ce qui lui passait entre les crocs...
Le sang fort l'appelait... Le sang humain.
Non il devait se contrôler. Il allait faire un carnage s'il y allait... Le miaulement grave de son chat le ramena un peu sur terre. Il tourna les yeux vers lui. Il se rendait compte qu'il serait complètement seul sans cet être poilu. L'elfe Lunielle avait su le rassurer. Si tout le monde se comportait ainsi avec les vampires, peut-être irait-il en ville pour chercher de l'aide. Mais malheureusement, il ne pouvait pas se le permettre, s'il voulait vivre. Car la peur de ces êtres froids et mangeur d'hommes était bien ancrée dans la culture des Îles. Zeviehl les avait lui-même jugé très hâtivement, avec son esprit d'être vivant... Et désormais, alors qu'il souhaitait boire du sang à tout prix, il sut qu'il avait eu tord. Triste destin.
Mr Grifou s'éloigna de son maître, qui ne bougeait plus. Il grogna, se roula sur le sol. Il jouait tout seul, cela lui arrivait fréquemment, étant donné qu'il était encore jeune. Il percuta une châtaigne innocente avec sa patte et se mit à lui courir derrière. Il faisait la passe avec les troncs et les petits rochers aux alentours. Finalement il sortit de la clairière et se retrouva sur le chemin... Nez à nez avec... Un humain. La peur de l'inconnu réveilla en lui l'instinct de prudence. Le chat s'approcha à pas de velours vers cette main tendue. Ni agressive ni menaçante, plutôt accueillante vue d'ici. Il sentit un grattement sur son oreille. Il adorait cela, et ronronna en signe d'affection. Mais il le stoppa net quand il vit une potentielle nourriture s'étaler sur le sol... Là un jeu naquit entre lui et l'inconnu. Enfin quelqu'un pour jouer à chat ! Ils coururent, se devançant mutuellement de temps à autre. Le chat allait se mettre un plat de luxe sous la dent... Quelque chose de moue, de tendre, de sucré. Cela faisait si longtemps qu'il... Mais l'homme avait été plus rapide, pour son plus grand désarroi. L'humain tomba comme un boulet de canon sur son maître. Mr Grifou miaulait, vexé, restant assis non loin de Zeviehl. Couché sur le sol, ce dernier analysait les évènements percutant... La brutalité de l'action l'avait ramené à lui alors qu'il allait de nouveau succomber à la chose. Il sentit la présence se relevait avec mal à côté de lui. Il fit de même, se levant d'une rapidité presque surprenante, et dépoussiéra son manteau. Il aida l'inconnu à se relever. Ce dernier s'excusa et lui demanda s'il n'était pas blessé. Apparemment non, c'était déjà ça mais... "Confuse" ? ... En temps normal, cela ne le choquait pas d'entendre les mots se mettre au féminin quand il avait une vue plaisante devant lui. Mais venant d'un homme, c'était contrariant. Mais malgré cela, il était un être vivant perdu au milieu d'une clairière, en pleine nuit, avec un vampire. Un monstre qui mourrait de faim... Son cerveau embrumé lui conseillait de répondre au jeune homme, pour ne pas paraître trop louche. Il analysa de nouveau les paroles de l'humain pour se dépêtrer de ce moment critique. - Non euuh oui je vais bien. Et je suis navré que mon chat vous ai causé du tort.
Il lança un regard grondeur vers Mr Grifou. Il n'avait pas besoin de voler pour se nourrir. Mais quand il aperçut la nourriture qui ressemblait à une brioche, il comprit. L'animal n'avait pas eu une gâterie depuis plusieurs mois... Cela devait lui manquer. - Excusez-le, monsieur. Ce chat est un gourmand poilu, plaisanta Zeviehl. Et vous ? Vous n'avez rien ?
Il essaya de se concentrer sur ce personnage, sur cette rencontre fortuite. Pour éviter à son lui intérieur, nouveau et imprévisible, de quémander du sang frais. Le meilleur et le plus nourrissant : Le sang humain.
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Jeu 10 Mai 2012, 21:57 | |
| Je pris un court instant pour me remettre de ma surprise. J’avais beau ne pas sortir souvent, je savais qu’il était peu courant, voire même assez inhabituel, de rencontrer un homme honnête en plein milieu des bois à cette heure, alors que la nature fait sortir ses plus dangereux prédateurs. Je pensais en plaisantant à moitié qu’il n’y avait certainement que trois raisons possibles pour expliquer notre rencontre : 1 : j’avais de la chance (bonne ou mauvaise, restait à préciser), 2 : il n’était pas honnête, 3 : Ce n’était pas un homme. Les trois solutions, au final, me convenaient d’égale manière, et cela me fit sourire. Il n’avait pas l’air mauvais, en tout cas, puisqu’il m’aida à me relever, et ne fit pas mine de se jeter à ma gorge, brave bête . La lumière de la Lune, qui irradiait déjà dans le dôme immense du ciel, me suffit à confirmer que ni lui ni moi n’étions blessés. Seule ma brioche semblait avoir subi des dégâts trop importants pour que j’envisage de la conserver. De toute façon, j’en avais d’autres. Je la tendis donc au jeune chat, qui me fixait toujours d’un air un peu accusateur.
Tiens, tu l’as bien méritée.
Puis je me redressais, en profitant pour m’éloigner un peu de son maître. La clairière était suffisamment grande pour que je puisse m'écarter sans faire une rencontre malencontreuse avec un arbre, et je n’aimais pas l’idée d’être trop proche d’un inconnu. Un ancien réflexe de femme, peut-être, ou tout simplement un instinct de survie basique : d’une, je ne connaissais rien de lui, de deux, les prédateurs n’allaient pas rentrer chez eux simplement parce que j’avais trouvé quelqu’un pour me faire la conversation, et être entravée dans mes mouvements par la proximité de quelque chose de vivant n’était pas conseillé en cas d’attaque. Je vais bien également, et ne vous en faites pas pour la brioche, elle ne m’était pas indispensable, et lui sera sans doute bien plus agréable qu’à moi.
J’avais pris sur moi pour ne pas laisser transparaitre l’agacement et le malaise qu’avait déclenché le « monsieur ». Cette simple appellation me fit réaliser que j’avais, sous le choc, parlé au féminin. Bah, sans doute n’avait-il pas remarqué. Et même si ça avait été le cas, ce n’était pas si grave, n’est-ce pas ? Et puis, il avait l’air préoccupé par autre chose. Ce n’était surement pas mes affaires, mais je ne pouvais m’empêcher d’être curieuse. Toutefois, je reteins la question qui me brulait les lèvres. Il me fixait d’une manière bien étrange. Tout comme son chat. Deux regards scrutateurs, l’un parce qu’il attendait surement que je lui donne une autre brioche, bien qu’il n’ait pas encore terminé la sienne, l’autre parce que… à vrai dire, je n’en savais rien. Il y avait quelque chose d’étrange. Soudain une pensée me percuta : l’avais-je interrompu dans un trafic quelconque ? Ah, je savais qu’il n’était pas honnête ! Toutefois, il parut réussir à contenir son énervement, et osa même une petite plaisanterie. Civilisé, pour un probable brigand.
Ahah, oui, c’est un bien beau chat. Ne vous en faites pas, j’ai été ravie de pouvoir jouer un peu avec lui.
Toute à mes spéculations, je n’entendis le frôlement qui agitait les buissons que lorsqu’il fut tout près de moi. C’était comme un courant d’air, une simple brise, légère et discrète. Mais la nuit était calme, et silencieuse. Il n’y avait pas de vent. Puis cela s’arrêta, très vite. Je me tournais de nouveau vers l’inconnu.
Vous êtes seul ?
Cette chose qui avançait dans le sous-bois, ce n’était sans doute qu’un petit animal, au pire, un gros animal, potentiellement plein de griffes et de crocs. Mais cela pouvait être un autre… un autre quoi, d’ailleurs ? Était-il vraiment un voleur ? Un vagabond ? Un fantôme ? Non, ça, mes côtes encore un peu douloureuses me certifiaient que ce n’était pas le cas. Dommage, j’avais toujours rêvé de rencontrer un fantôme. Quoi qu’il en soit, il était peut être accompagné, et cette information me serait surement utile pour le rester de ma… promenade.
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Sam 12 Mai 2012, 17:51 | |
| Le chat approuva le geste de l’homme en miaulant de plaisir. Il commença sans tarder à grignoter la brioche succulente. De temps en temps, il leva les yeux vers l’étranger, comme pour le surveiller. Il faisait sombre, mais la nuit claire lui suffisait pour le voir distinctement dans le noir. Un homme moyen, un peu mince, qui semblait posséder une certaine grâce. Il s’éloignait de son maître. On aurait dit un instinct pareil à ceux des félins, comme s’il aspirait à se préserver d’une attaque quelconque. Le chat le fit quand il tournait autour d’une proie, lors d’une chasse, pour ne pas être vue par un autre chasseur. Mais ce bonhomme n’était pas un prédateur ou un traqueur, plutôt une cible… Ses yeux ronds regardaient désormais son maître qui n’avait plus bouger depuis. Il était rongeait par la faim. Il ne laissait rien transparaître au visage, mais il avait l’intime conviction que tout se passait à l’intérieur. Et il n’était pas loin de la vérité, car Zeviehl ressentait une folle envie de réduire l’espérance de vie de l’étranger. Il ne faisait pas très attention aux paroles du jeune homme. Son esprit était accaparé par une seule chose. Le truc, précisément, qui ne l’avait pas lâché depuis le crépuscule.
Il le fixait. Ne le lâchait pas. Il le scrutait d’une manière qui aurait pu mettre la puce à l’oreille de l’étranger. Il sentit tout ses sens s’éveiller. Tous les évènements autour d’eux passaient sous silence. Le temps lui-même ralentissait. Malgré la distance qu’avait mis l’inconnu, il ressentit son cœur battre… Avec tous ses détails. Zeviehl n’avait jamais entendu une mélodie si vivace, si lourde mais tellement agréable. Une percussion qui envoyait du liquide par des tuyaux. Un flux sanguin qui s’écoulait comme une rivière. Transmis vers d’autres tuyaux qui enchaînés le même son de vie… Bien que chez celui-ci tout semblait long. Très lent. C’était étrange mais pas désagréable. Il sera peut-être plus nourrissant. Si bon à manger…
Zeviehl ne percutait même pas qu’il commençait à se perdre. A ne plus être conscient de ses actes. Il s’approcha doucement. On pourrait croire qu’il voulait juste regarder plus attentivement son interlocuteur. Ce dernier s’était écarté pour pénétrer dans la clairière. Ainsi la lumière de la lune permettait de mieux voir. La forêt était calme. Les ombres dansaient dans le vent. Une parmi elles ne bougeait pas. Elle attendait, observait, patiente. Le vampire faisait abstraction de ces détails qui pouvait l’empêcher de mener à bien son acte. Il allait sans doute commettre l’irréparable. Un meurtre de sang froid, un instant de tuerie, un bain de sang effroyable. Sa victime allait crier au secours, hurler la mort. Et personne ne viendra pour le sauver… Zeviehl voulait juste manger. Était-il condamnable pour cela ? Il ne pouvait garantir qu’il se retiendrait au dernier moment, pour éviter de le tuer. En faite, il ne savait même pas à quel moment c’était critique… Il ne savait rien de tout cela. Quelqu’un le transforma un jour. Et cette personne n’avait pas prit le temps de lui donner le mode d’emploi du vampirisme. Ô cruelle… Ô combien se serait opportun pour ce jeune homme de savoir tout ceci alors qu’il était sur le point d’abattre sur une victime le châtiment qui était imposé fatalement aux proies. La loi du plus fort ? Une mauvaise circonstance ? Le hasard de la chasse ? Peut importait à la chose qui grandissait en lui. La faim avait parlé. Mais le destin avait ses caprices…
"Vous êtes seul ?" Comme venue d'un écho lointain, cette question, qui sauva une vie (pur détail), stoppa net le vampire sur place. Son côté plus humain refit surface. Il se rendit compte avec horreur de ce qui lui était arrivé, juste à l’instant. - Quoi ?
Il se sentit un peu idiot sur le coup. Il se concentra sur l’instant présent. Zeviehl n’entendit absolument rien. La forêt était silencieuse. A part les feuilles et les buissons qui sifflaient au rythme du vent… Il était seul, oui. Pas de femme, pas de bonne compagnie avec qui rire un peu et faire des choses merveilleusement plaisantes… Juste un chat occupait à manger avec gourmandise une brioche. Ce dernier se figea dans son action… Il leva la tête, l’air attentif. Affolé, il prit le reste de brioche et courut loin des autres, s’enfonçant dans la forêt. Zeviehl trouvait ce comportement très étrange venant de son animal. Un long silence s’installa alors entre les deux hommes. Ils ne savaient pas quelle réaction adopter suite à ce moment de panique venant de Mr Grifou… Soudain, un bruit de feuillage se distinguait vers leur droite. Plus loin, dans les buissons au milieu des arbres, quelque chose se déplaçait. - Je suis venu seul oui, répondit enfin Zeviehl. Mais je crois qu’on nous observe.
Il était temps qu’ils se placent bien ces deux là, devait penser la bestiole qui entreprit de réfléchir au meilleur moyen de les avoir. Par curiosité, Zeviehl eut envie de s’approcher, et d’aller voir ce qui se cachait. Mais après mûre réflexion, il préférait garder ses distances, par prudence. Même s’il était devenu une espèce de monstre assoiffé de sang, il tenait beaucoup à… la vie. Oui, la vie, car il vivait toujours… Le vampire crut voir quelque chose. Alors que le centre des attentions se déplaçait, il passa derrière des buissons bien trop bas pour cacher une bête aussi grande. Il crut voir un ours mais retenu des particularités choquantes. L’animal avait un museau un peu plus aplati et des membres musclés. Des oreilles longues et pointues faisaient penser à ceux d’un chat énorme. S’il avait ses sensations de l’époque, Zeviehl aurait sentit de la fraicheur parcourir son échine et ses poiles se seraient dressés. Son ami l’instinct de survie lui incita des suggestions très pertinentes. Il balbutia quelque phrase peu compréhensible : un monstre, juste, là, devant il faut… Il faut… La bestiole, assez grande pour être impressionnante, poussa un cri qui était équivalent à celui d’un ours ou d’un gros loup. - Fuyez !
Ses jambes n’attendirent pas qu’ils le disent deux fois. |
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Ven 18 Mai 2012, 02:27 | |
| Rien n’y faisait, l’impression d’avoir le mot « repas » tatoué sur le visage ne diminuait pas. Bon sang, mais pourquoi me fixait il comme ça ? Était-il réellement choqué de m’avoir entendu parler au féminin ? S’était-il rendu compte que j’étais un démon ? Pire, que j’étais une démone, dans le corps d’un humain ? Impossible, n’est-ce pas. Alors peut être m’en voulait-il de l’avoir percuté, d’avoir touché son chat, d’avoir… que sais-je encore. Toujours était-il que c’était déconcertant, et d’un certain côté, instructif, de se sentir dans la position de la proie, pour une fois. Je serrais d’avantage ma flûte dans ma main, songeant que j’aurais largement le temps de l’endormir avant qu’il ne tente quoi que ce soit, si toutefois il me voulait bel et bien du mal, et si ma paranoïa n’essayait pas de me jouer des tours. Mais plus les secondes s’égrainaient, et plus je doutais sur la provenance de cette sensation désagréable. L’étranger bafouilla une réponse, comme si je le tirais d’un mauvais rêve, et je relâchais un peu ma garde. Peut-être n’avait-il tout simplement plus l’habitude de parler. Mais si il était seul, quelle était donc cette présence qui grandissait dans mon dos ? Pâlissant, je suivit l’exemple du chat et m’éloignais précipitamment de la zone d’où provenaient les bruissement, alors même que l’autre homme s’en approchait.
Je vous en prie, soyez plus prudent, cette forêt regorge d’étrangetés… Pas toujours amicales.
Quoi que… si cette créature était, comme je le supposais et comme l’attitude du jeune chat semblait l’indiquer, du genre carnivore acharné, potentiellement affamé et ayant déjà repéré son prochain diné, je pourrais toujours la laisser boulotter tranquillement l’inconnu et fuir avec le chat. Oui, finalement, ça me semblait être une bonne option. Je pouvais presque la distinguer maintenant. Elle se rapprochait, et la texture velouté de l’air épousant ses mouvements, que je percevais avec la même intensité que si j’étais en son cœur, me laissait deviner une nature féline massive, souple mais également musclée, anormalement lourde. Puis elle m’apparut. Et toutes mes pensées purent se résumer en un seul mot.
Ah…
*Oh bon sang. C’bien ma veine.*
*Flûte ?*
*Ahah. Non. Course. Trop rapide.*
L’homme était manifestement sur la même longueur d’onde, car il détala comme un lapin. Je m’empressais de me lancer à sa suite, alors que déjà résonnait derrière nous des bruits de branches brisées et de poursuite effrénée. L’autre filait devant moi, mais, aidée de l’adrénaline et d’un peu d’énergie démoniaque, je réussissais à maintenir le rythme. La chose pourtant paraissait gagner en vitesse. En temps normal, j’aurais cherché refuge en hauteur avant de lui régler son compte avec ma musique, mais je ne doutais pas de ses capacités de grimpeur. Tout en courant et en esquivant les branches, racines, roches et autres troncs qui se dressaient sur mon chemin, je portais ma flûte à mes lèvres et soufflais. Le son fut bref, perçant et sans mélodie, mais efficace : la créature, surprise, trébucha et se cogna contre un tronc. Mais je n’avais pas eu le temps de me concentrer sur cette cible en particulier, et si la décharge musicale avait bel et bien sonné le monstre, elle avait aussi atteint l’étranger, qui avait chancelé. L’énergie qui afflua alors en moi fut énorme, plus grande que je ne m’y attendais pour une simple note. Toute fatigue liée à l’effort s’effaça instantanément, et je me portais aux côtés de l’étranger. Le laisser intact à la créature ne m’aurait pas dérangé, mais affaiblit, et par ma faute, c’était une autre histoire.
Vous allez bien ? Venez, il ne faut pas tarder.
Je l’entrainais, au pas de course, au travers des arbres, pendant que la chose s’ébrouait, encore confuse, derrière nous.
C’était quoi ce… cet animal ? Je n’en avais jamais vu de tel.
Il nous faudrait trouver une rivière. Instinctivement, je savais que si nous en traversions une, nous serions à l’abri. Mais je n’avais aucune idée d’où nous étions. Tout en marchant, je cherchais à me repérer, mais rien n’y faisait.
Dernière édition par Aelix Sith le Jeu 13 Fév 2014, 02:11, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Ven 18 Mai 2012, 23:58 | |
| La vie était bien trop précieuse pour se laisser surprendre par un monstre. Ce genre de bête devait être capable d'avaler un homme en entier, ou au moins en le coupant en deux grâce à ses griffes. Pareil à ceux d'un ours mais aussi aiguisées que ceux d'un chat, l'animal courait à vitesse de fauve. Il les rattrapait aisément, et ce n'était surement pas la forêt qui le gênait. Alors que Zeviehl et l'étranger devaient esquiver en sautant, s'écartant agilement, le monstre n'avait qu'à écraser ce qui se trouvait en travers de son chemin... Le vampire avait deux règles fondamentales de survie : Ne jamais louper une occasion avec une femme et fuir quand il avait l'opportunité de le faire. Le courage c'était pour les fous qui n'avaient pas peur de mourir. Oh bien évidemment que l'homme aux longues canines savait se défendre et se montrer brave de temps en temps, mais pas devant une créature qui faisait dix fois son poids. En résumé, un lapin qui détalait. Par moment, il regardait par dessus son épaule pour s'assurer que l'autre suivait. Il était à quelques mètres, suivit du monstre. Ils le distançaient à peine...
Ce monstre allait avoir leur peau. Non. Il ne pouvait pas mourir comme ça, pas le ventre vide. En ayant comme dernière pensée qu'il avait eu envie de manger un jeune homme chaste et pure, qui n'avait rien demandé.
La forêt paraissait de moins en moins danse à mesure qu'ils fuyaient. Les arbres s'écartaient, le chemin se formait et bientôt, sur leur gauche, une plaine s'entrevit. Alors que vers la droite la Nature obscurcissait la vision par sa parure verdoyante. Quelle direction prendre ? Ils ne pouvaient pas courir éternellement, et à défaut de le distancer, il fallait le piéger. Quel était donc le meilleur choix ? S'enfoncer dans la forêt et risquer d'être ralentit par la verdure... ? Sortir et prendre le chemin en direction de la plaine... ? Ils pourraient tenter en le prenant de vitesse. Car la créature semblait plus à l'aise dans l'ombre des arbres qu'au grand espace... Arrête de réfléchir comme ça et continue de courir imbécile, tu vas te faire arracher les fesses... Alors que cette pensée traversa son esprit, un son strident mais surprenant s'entendit dans son dos. Zeviehl sentit ses forces l'abandonner pendant un court moment. Il tituba légèrement et se posa contre un arbre. Il fut pris de vertige alors que le monstre était tombé plus loin dans les hautes herbes. On entendit un gros "poc", ce qui ressemblait à une chute contre un arbre plus solide que lui... Fort heureusement. A ses côtés passa un écureuil désorienté qui reprit bien vite l'escalade sur un arbre. Les quelques insectes qui c'étaient montrés à ce moment là, ne bougeaient plus et semblaient morts. Mais... Que c'était-il passé ? Un peu dans le brouillard, Zeviehl se tourna vers l'étranger. Vous allez bien ? Venez, il ne faut pas tarder.
Sans déconné ! Je pète la forme ! C'était plus facile à dire qu'à faire ! Mais les mots ne sortirent pas de sa bouche. Il préféra concentrer son mentale sur la course qui continua de plus belle. Le jeune homme l'aida à courir et prirent le chemin. Ils réussirent enfin à mettre de la distance entre eux et cette terrible chose hybride. C’était quoi ce… cet animal ? Je n’en avais jamais vu de tel. Ils s'approchèrent davantage de la densité naturelle... Hors, Zeviehl trouvait que c'était une mauvaise idée. Il se défit du soutient du musicien, car visiblement il possédait un instrument, à moins que ce soit un sifflet. Il s'adossa contre un arbre pour reprendre son souffle. Ils ne pouvaient pas continuer comme ça. - Je n'en sais rien..., répondit-il enfin. Mais nous... nous ne devons pas repartir dans la forêt... C'est trop dangereux.
Il prit soin de regarder si la créature n'arrivait pas, tout en réfléchissant à un plan. Car s'il ne pouvait fuir, il fallait contre attaqué. Et au vue du léger avantage provoqué par cette chute, qui leurs avaient permis de mettre plusieurs mètres, ils pouvaient le prendre par surprise. - Visiblement il est très à l'aise dans cette forêt, continua le vampire. Il faut réussir à l'en sortir. Je ne sais pas ce qui l'a déstabilisé, mais je vous suggère de saisir cette opportunité pour le piéger.
Zeviehl se demanda dans un sursaut de panique camouflé dans son cerveau ce qu'il était en train de faire... Peut-être qu'il allait finir par révéler sa véritable identité. Comme c'était partie, les deux hommes auront des comptes à régler, une fois cette créature défaite. - Allons vers la plaine ! Je m'assurerais d'être dans son dos et de frapper le moment venu.
Pour la première fois depuis plusieurs mois, Zeviehl sortit de son petit fourreau sa dague. Elle était un peu son porte malheur, celle qui aura tué beaucoup de gens... Vous préférez que je dise porte bonheur car il était toujours en vie ? Pourquoi pas... Zeviehl avait confiance en l'étranger pour prévoir une diversion suffisante pour attirer la bestiole. Quand à lui... Allait-il résister à l'envie du sang au moment où il plantera sa dague pour blesser la bête ? ... |
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Sam 19 Mai 2012, 03:33 | |
| Pas repartir dans la forêt ? Oh, quelle riche idée… Les bruits de course avaient repris, et maintenant l’animal n’était plus motivé que par la faim, mais également par la fureur. Il fallait vite trouver une solution, ou je ne donnais pas bien cher de notre peau. De plus, à courir comme ça, je ne pouvais pas utiliser ma flûte. C’était rageant.
Qu’est-ce que vous proposez ?
Ah, comme j’aurais aimé savoir où nous étions. Et puis, où était passé le chat ? C’était peut-être un peu idiot d’y penser maintenant, surtout que je ne le connaissais à peine et que nous n’étions pas encore devenus amis, mais je m’inquiétais pour lui. Au moins n’était-il plus poursuivit, lui. Son maitre, à mes côtés, se retournait fréquemment, et je me demandais brièvement si lui aussi pensait à son petit compagnon. Mais, connaissant les humains, il s’inquiétait surement uniquement pour sa survie. C'était logique, compréhensible, mais un peu triste aussi. Je fus pourtant surprise par sa capacité à envisager une solution raisonnable. Moi qui pensais que la peur et la nécessité de fuite auraient entravé ses fonctions cognitives… J’avais peut être trop tendance à sous-estimer les Hommes. Il avait d’ores et déjà compris que j’avais un moyen de ralentir l’animal. Le tuer, en réalité, m’aurait demandé une mélodie plutôt compliquée, qui aurait pu aussi agir sur l’inconnu, ce qui aurait été regrettable, surtout pour lui. Manifestement, il souhaitait m’utiliser comme appât. Ma foi, pourquoi pas, s’il s’imaginait suffisamment fort pour terrasser la bête. Restait à m’assurer qu’il ne m’abandonnerait pas en chemin, me laissant entrainer la bête en partant de son côté.
J’aperçu alors le chemin que j’avais emprunté en entrant dans le bois. Il nous entrainerait hors de la forêt, et il nous serait plus facile de courir en le suivant qu’en slalomant entre les arbres. La créature, pourtant, ne ralentit pas, loin de là, et son souffle vint bientôt effleurer de nouveau nos nuques. C’était assez désagréable. J’augmentais alors ma vitesse, constatant avec un brin de surprise que l’étranger en faisait de même. Il était incroyablement agile, pour un humain. Et ses yeux brillaient d’un feu ocre rare, attisé par la course. Si la situation n’avait pas été aussi critique, et si je n’avais pas été aussi entichée d’Ael, je l’aurais surement trouvé beau. Sauvage, aussi. Et sa dernière phrase me laissait à penser qu’il était réellement un brigand. Ou du moins, qu’il était habitué à se battre. J’étais pourtant un peu déçue devant la taille de son arme, même si je me doutais qu’une dague conviendrait bien à quelqu’un sachant la manier, un sabre, une flamberge, un claymore, bref, une grosse épée bien coupante aurait surement donné lieu à un spectacle plus… spectaculaire. Mais la perspective d’inverser prochainement les rôles de proie et chasseur me donnait des frissons de plaisir, et je dû me retenir de rire.
On y est presque. Je me charge de l’attirer, je vous laisse le reste.
La lisière se profilait déjà devant nous, horizon clair se découpant entre les arbres. J’accélérais encore, puis débouchais sur la plaine, dominant les collines. Nous étions beaucoup remontés et je nous situais plus proches des monts que de Reilor. La créature déboula derrière moi, puis ralentit soudain, surprise du changement de décors. Je me retournais pour lui faire face, constatant l’absence de mon compagnon d’infortune. Soit il attendait une ouverture, soit il avait décampé. Dans tous les cas, il me fallait me débrouiller par moi-même. Pas très rassurée tout de même face à cette masse de muscles et de crocs, je portais la flûte à mes lèvres. Mais l’ourshat anticipa mon mouvement et je ne dû qu’à un réflexe surhumain de ne pas être décapitée par un coup de patte.
D’instinct, légèrement grisée par la situation qui me permettait de faire resurgir mes anciens réflexes, je feulais en découvrant mes dents qui me semblèrent plus pointues, plus nombreuses aussi. Puis je bondi en arrière, hors de portée, avant de souffler dans ma flûte, jouant cette fois trois notes brèves qui me gorgèrent d’énergie et ralentirent considérablement les mouvements de la créature. Celle-ci avait maintenant un air perdu, un peu nauséeux, et tangua sur ses pattes soudain mal assurées. Pathétique, presque sympathique. Je me plongeais dans ses yeux félins, noyés d’incompréhension et voilés de fatigue, et m’autorisait un bref sourire purement sadique. Oh, ce regard… J’eu envie de jouer, de continuer à souffler pour la perdre un peu plus, pour l’emmener plus loin dans sa folie, envie de jouer pour la faire souffrir , tout simplement, pour m’amuser. Oubliée la position de proie, oublié le voyageur, oubliée la situation, seul restait cet instinct sauvage guidé par l’adrénaline et l’odeur de la peur. Je sentis mon regard se voiler à son tour, de rouge et d’or, dans un regard de chasseur, un regard d’horizon que je n’avais plus dévoilé depuis longtemps.
Puis la créature s’effondra. Décontenancée, je me laissais tomber à genoux, un goût âpre dans la bouche.
Bien joué... Soufflais je du bout des lèvres, un peu retournée.
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Sam 19 Mai 2012, 19:25 | |
| Un sourire délicat se dessina sur le visage de l'étranger. Une lueur dans les yeux s'illumina. Pour la première fois, ils étaient d'accord sur ce point : Agir. Ils avaient repris la course, plus rapide et plus précise, car ils se dirigeaient vers les plaines. Le monstre derrière eux était animé par une rage incontrôlable. On y est presque. Je me charge de l’attirer, je vous laisse le reste. Bien. Il allait le faire... Après tout, il aurait très bien pu refuser et continuer à courir, le laissant seul avec la bête. Ils se connaissaient que depuis une heure à peine. Et pourtant ils étaient déjà proches d'une mort certaine. Ce n'était pas la première fois que Zeviehl rencontrait une personne dans une situation presque mortelle. Ce souvenir avait choisi cet instant de stress pour resurgir, comme si son cerveau avait retrouvé un petit album photo commenté. Il avait volé un objet, sans se rappeler duquel, mais il savait parfaitement qui courait à ses côtés. Mahel... C'était son nom. Cet homme avait été son ami depuis leur enfance. Deux voleurs chanceux, protégé par les hasards même de la vie... Une femme les trouva, et les prit sous son aile bienveillante.
Bref.... La situation était un brin différente. Mais cet étranger lui faisait penser à cet ami. Les évènements de la vie se répétaient, formant des refrains innés.
Le jeune homme se mit à courir plus vite, prenant la direction du chemin qui menait directement hors de la forêt. C'était bien une étendue de plaines qui émergea de la nuit. Ils avaient assez d'espace pour mettre le plan en exécution. L'inconnu sortit son instrument et se retourna vers le monstre. Ce dernier ne ralentit pas sa frénésie et essaya dans son élan de broyer l'homme de sa patte. Zeviehl, qui s'était écarté du chemin pour se cacher, n'aperçut pas la suite. Il devait trouver une hauteur pour frapper, et respecter sa part du plan. Il espérait que tout se passe comme prévu... Des sons de flûte s'entendirent. Le vampire trouva une petite colline, où il put voir la scène distinctement, de plus haut. L'ours hybride faisait des mouvements moins rapide, plus moue. Il le vit vaciller, épuisé par cette attaque... Psychique ? Magique ? Quelle importance, cela avait fonctionné. Malgré l'imposante créature, trois notes eurent raison de sa force. Il avait l'air moins solide, ses muscles étaient plus détendus et sa garde abaissait. C'était le moment d'agir. Alors que Zeviehl voulut courir et planter sa dague entre les omoplates de la créature, celle-ci eut un mouvement brusque. Un dernier soubresaut avant de s'affaisser. Mais tout se passa très vite. Sa dague avait réussi à se loger dans le bras poilu de la bête. Le vampire entraperçu le sang, aussi étonnant que cela puisse paraître, aussi rouge que la rose. La chose, en lui, réclama son dû. Il mit un pied sur la dague et s'en servit comme marchepied. Il grimpa sur les épaules de la bête pour atteindre son cou... Et dans un hurlement de douleur, le monstre oursshat subissait une morsure qu'il sut fatale et rencontra très vite la fraicheur de la mort, qui approchait. Car Le vampire affamé n'y alla pas avec l'art et la manière de la délicatesse. Il avait faim. Bien trop faim.
Le monstre s'effondra. Le vampire resta un moment sur lui, alors qu'il avait terminé. Son appétit était calmé, sa soif étanchée. Il glissa sur la bête pour descendre. De près, il était presque immense. Zeviehl se tourna vers l'étranger... C'était la façon la plus radicale pour avouer à quelqu'un ce qu'il était. Un "Salut, je suis un vampire" aurait été moins classe, non ? Bon... Disons que ça aurait été moins terrifiant. Le vampire, un peu gêné, passa sa main sur sa bouche pour essuyer ce qui restait de sang. Ce goût métallique, épais, un peu lourd par moment, ne lui était plus désagréable. Bien au contraire, il le revigorait, le rendait plus fort. Il le nourrissait plus que la nourriture d'avant procurait quand il était humain... C'était devenu bon, le sang... C'était devenu nécessaire. Et à sa vue, ses instincts étaient braqués dessus. Peut-être parce qu'il était affamé... Et s'il ne pouvait jamais se contrôler ? Zeviehl posa les yeux sur la créature immobile. Ce n'était pas moins qu'un animal, et son sang n'avait su que le calmer... Il soupira.
Un petit bruit se fit entendre dans les arbres. Mr Grifou, la brioche en bouche, observa minutieusement la plaine. Il reconnut son maître, aux côtés du terrifiant adversaire. Il descendit agilement le long du tronc et courut vers lui pour le sentir. Il n'y avait plus de menace. Tout était redevenu normal. - Te voilà mon beau, sourit Zeviehl. Il s'accroupit pour permettre à son chat de grimper sur ses épaules. Cet animal futé prouva à tous qu'il était bien plus doué en matière de survie et de camouflage que n'importe qui et quoi sur cet île. Son maître le caressa doucement sur la tête et le ronron ne tarda pas.
Bon... Cela n'avait pas été aussi dur que Zeviehl le pensait de terrasser cette bestiole. Il n'avait pas trop perdu de son apprentissage. Même si dans cette histoire, il avait eu surtout de la chance. Le geste imprévisible de la créature aurait pu lui arraché la tête... Tient... La tête d'un vampire repoussait-elle ? A cette pensée, il se trouva vraiment stupide. Le silence pesait, alors que les deux étrangers se jaugeaient du regard. L'un était un vampire et l'autre... Et l'autre ? Un être humain, aussi talentueux soit-il, était-il capable de désorienter quelqu'un ou quelque chose avec l'aide de sons de flûte ? A moins que cet instrument soit magique, il devait y avoir un truc qui se tramait derrière les airs calmes de cette jeune personne. Ils avaient tout deux une confidence à faire, même si la sienne était évidente. Zeviehl s'approcha doucement de l'homme, de façon à ne pas paraître menaçant. Au passage, il récupéra sa dague (avant que j'oublie) en la retirant du cadavre. Il l'essuya rapidement avec un chiffon, caché dans sa poche, avant de la rengainer dans son fourreau. Il posa ses yeux sur le morceau de tissu, imprégné de sang... Même après avoir manger, ses instincts restaient en éveils. A l'affût du moindre liquide vital. Il le plia et le rangea, tout en regardant l'autre. Et toi alors... Qui es-tu, et qu'es-tu ? |
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Dim 20 Mai 2012, 00:28 | |
| La mise à mort fut rapide. Je sentis le moment exact où la créature rendit l’âme, par l’énorme quantité d’énergie qui me traversa à cet instant, et qui m’aurait surement fait tomber si je n’avais pas déjà été à genoux. J’étais heureuse que la partie s’arrête, et à la fois furieuse de ne pas avoir pu jouer d’avantage. Une partie de moi nourrissait un ressentiment extraordinairement fort envers l’étranger, et je dû me concentrer pour ne pas perdre de nouveau le contrôle de mes émotions. Mais je ne parvins qu’à limiter l’avancée de ma folie meurtrière, l’excitation que le très bref combat avait fait naitre dans mes veines refusait de se tarir. J’observais avec un certain détachement l’inconnu. Il était couché sur la bête. Et sa tête…
Oh.
Mes yeux s’agrandirent sous la surprise. Surprise qui n’en était pas vraiment une, à vrai dire, je me doutais déjà qu’il n’était pas humain. Mais … un vampire, c’était franchement classe. Je n’en avais croisé qu’un seul, il y avait de cela des années, mais il n’avait pas survécu bien longtemps, s’étant attaqué à plus fort que lui. Et puis, c’était d’avantage une bête assoiffée de sang, un monstre viscéralement mauvais, qu’un humain touché par une malédiction millénaire. Non, des vampires capables de réflexion, je n’en avais encore jamais vu. C’est pourquoi je restais à genoux, à fixer avec des yeux brillants le vampire vidant la créature de son sang. Au final, il se nourrissait de la même manière que moi, à ceci près que je prélevais le flux d’énergie et lui celui du sang. Mais ce n’étais pas pour ça que j’allais me précipiter sur lui en ouvrant grand les bras et en criant « mon ami ! » non plus. Il restait un prédateur, plus dangereux que moi car plus physique. Je me décidais à me relever au moment où le vampire se laissa glisser le long de l’animal.
Du sang goûtait encore le long de son menton, délicieux ruisseau, souvenir d’une vie perdue rendue aux mânes. Le considérant pensivement, je laissais un sourire effleurer mes lèvres, y déposer un écho, les étirer jusqu’à dévoiler mes dents toujours pointues et toujours nombreuses. Puis le vampire essuya la traînée rouge, et ce fut comme si un rideau était tombé sur le petit meurtre auquel j’avais participé. Je battis des paupières, sans pour autant parvenir à chasser de mes yeux la noirceur fendue d’or de mon désir de souffrance. Je me demandais si le vampire était soumis aux mêmes instincts violents que moi, et, dans le cas où l’un d’entre nous perdrait le contrôle, lequel des deux l’emporterait. J’en étais là de mes réflexions lorsqu’un petit craquement résonna à ma gauche, me faisant pivoter à une vitesse surhumaine, avant même que mon esprit ne s’en aperçoive. Mes anciens réflexes étaient bel et bien de retours, cette nuit. Mais ce n’était pas, comme je l’avais espéré, le petit frère du monstre, simplement le chat du vampire. Il était bien sain et sauf, finalement. Cela me réjouit un peu. Il tenait encore sa brioche, et ne l’entama qu’une fois sur l’épaule de son maitre. Cette vision m’attendris un peu, et je sentis l’intensité de mon regard s’affaiblir, le blanc l’emporter sur le noir, l’horizon pivoter et la pupille retrouver un aspect humain.
M’apercevant soudain que je devais avoir l’air franchement étrange, à rester ainsi à les fixer, sans bouger et avec un regard qui avait toutes les raisons de paraître malsain, je me penchais pour ramasser ma flûte, que j’avais laissé tomber. J’hésitais un instant à en jouer un peu, après tout, cela aurait peut-être amoindrit ma frustration. Mais un rapide regard vers l’étranger m’appris que j’en serais incapable. Il avait l’air presque… innocent. Et ses yeux… Ils brillaient comme des soleils. Il aurait été triste, presque inconvenant, d’y installer plus de folie, plus de souffrance. Retrouvant mes esprits, pour de bon cette fois, je sentis une certaine gêne retomber sur mes épaules. Que faire, maintenant qu’il avait vu que je n’avais pas grand-chose d’humain, à présent ? Et que faire, maintenant que j’avais compris qu’il ne l’était pas non plus ? Je réfléchi rapidement. Avais-je peur des vampires ? Clairement, non. Je les admirais, plutôt. Et avoir pu observer l’un d’eux à l’action avait été tout simplement…
Eh bien, ce fut… intéressant, n’est-ce pas ?
J’esquissais un petit sourire, et en profitais pour ranger ma flûte, pour lui prouver que je ne tenterais rien. S’il restait sage, du moins.
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Mar 22 Mai 2012, 16:44 | |
| Il se sentit beaucoup mieux. Le sang accumulé commençait à faire son effet. Il avait cette impression d’être plus fort, moins las et sa vision nocturne était plus précise. Il pu percevoir distinctement le sourire de l’étranger. A la vue du nombres et de l’aspect de ces dents pointues, Zeviehl était désormais certain qu’il n’était pas humain. Et ces yeux… La profondeur des pupilles inspirait le meurtre. Un trait fendit son œil d’or. Il était un peu effrayant à sourire ainsi, comme si la folie avait pris le pas. Mais il restait passif, à le fixait dans les yeux… Zeviehl lui rendit un sourire très ouvert. Il pouvait montrer ses canines sans crainte. L’aspect du jeune homme revint doucement à la vue de Mr Grifou. Les instincts des deux êtres s’étaient apaisés, le danger étant éloigné. Zeviehl ne pouvait pas s’empêcher d’être curieux malgré tout. Était-il une sorte de vampire, lui aussi ? Ou tout simplement un être maudit, un homme qui était tombé sur quelqu’un qui le prit pour cible ? Allez savoir… Il ramassa son instrument de musique… Cet objet très étrange, capable d’arrêter une bête féroce. L’esprit rationnel du vampire n’avait toujours pas trouvé une explication censée. Mais puisqu’il était devenu une créature, peut-être était-il temps de comprendre les choses… plus sorciers. C’était un peu difficile… On lui avait raconté énormément d’histoires et légendes. Mais jamais il aurait cru qu’il ferait partit de ces choses qu’on dit anormales, contre natures, exceptionnelles, insolites. L’étranger le regarda fixement. Pendant un instant, le vampire crut qu’il allait se servir de la flûte sur lui. Mais il n’en fit rien. Il la rangea d’où elle était venue. C’était une bonne chose. Au vue de ce qu’elle lui avait fait dans la forêt, il préféra en rester là avec les expériences magiques et mystérieuses.
L’inconnu retrouva un air tout à fait normal, très humain. Il paraissait même gêné. La situation était confuse, maintenant qu’ils savaient. Mais d’après lui ça avait été intéressant. Intéressant ? Zeviehl ne savait pas quoi répondre. Il était un peu perplexe… Intéressant... - Intéressant ?!
Il se répétait un peu, le pauvre… Mais disons qu’il n’avait pas vue grand-chose des évènements. A part une mort certaine, un moment de panique à cause d’une flûte, un monstre retrouvé à terre en un rien de temps et puis… Son esprit s’était un peu éclipser quand il avait vue le sang. Le vampire croisa les bras. Peut-être que le jeune homme voulait dire que ce fut intéressant de le voir en action ? - Je n’ai pas vraiment eu conscience de mes actes. Ce que j’ai fait à cette créature était sans doute plus intéressant à regarder qu’à subir… Plus intéressant en tant que spectateur qu'acteur inconscient. Il eut un sourire en coin un peu triste. Et malheureusement, la créature dans tout ça avait été la proie après le chasseur. - Je suis un vampire depuis peu de temps…
Et il n'avait pas encore mangé d'humain, mais il s'abstint de le préciser. Il n'avait jamais avoué qu'il était "nouveau-né". Même l’elfe Lunielle ne le sut pas au final. Mais il se permit de le confier à cette personne, tout aussi inhumaine que lui. Ce qu’il avait dit était plus ou moins vrai. Le désir de manger avait pris l’ascendant, et il n’avait pu empêcher l’inévitable. Se nourrir était naturel, mais dans son cas, cela restait une chasse vitale. Et il avait conscience qu’il ne pourrait continuer comme ça longtemps… Il sera obligé de passer aux meurtres. Mais pouvait-on appeler cela un meurtre ? S’il ne le faisait pas, il risquait de devenir une créature inconsciente, enragé, et assoiffé de plus en plus de sang... Et il tuerait de sang froid. Il était un danger pour les autres. Il le resterait même s’il réussissait à se contrôler. Le regard des gens ne changera pas pour lui.
Jusqu’alors dans ses pensées, Zeviehl reposa ses yeux sur l’étranger. Il n’avait pas bougé. - Et vous… Vous n’êtes pas humain ? … Il laissa un petit temps avant de finir sa phrase par : … Vous aussi. Car l’évidence était là, Zeviehl n’était plus humain depuis quelques mois. Mais le jeune homme n’était pas un vampire pour autant. La capacité de cacher des dents pointues n’était pas à sa portée. Et il n’avait pas autant de dent acérée, tout de même. Il ferait des boucheries en mangeant… Et... - Quel est donc cet instrument que vous possédez ? , questionna l’homme, un peu hésitant. Il était curieux, mais il se demandait s’il voulait vraiment le savoir. Après tout, il pouvait encore s’en servir contre lui. Il imagina qu’il était une créature magique venue d’une île où il n’y avait pas de villes, où les humains ne pouvaient pas s'installer, où les bateaux échouaient et les matelots se perdaient… Bref, il s’attendait aux grandes histoires qu’on lui racontait étant gosse, où les démons régnaient en maîtres prédateurs… Un démon ? Est-ce possible ? - Peu importe ce que vous êtes… Vous m’avez aidé, et sans vous, je ne serais sûrement plus là.
D’une certaine manière, il n’était plus de ce monde. Son esprit était coincé dans un corps animé par le vampirisme. Mais il vivait. - Alors merci, finit-il en souriant, dévoilant son côté charmeur. Mr Grifou, qui avait enfin terminé sa brioche, descendit de ses épaules et s’approcha de l’étranger. Il s’assit près de ses pieds, le regardant fixement, secouant doucement sa queue. Comme s’il attendait quelque chose. Un sacré gourmand ce matou. - Est-ce que je peux savoir le nom du talentueux flûtiste qui fait rêver mon chat ?
Zeviehl avait pris un ton de plaisanterie. Ils avaient bien mangé et bien bu. L’heure de la chasse était terminée, il prenait le temps pour rire un peu et pour connaître cet étrange personnage qui lui faisait face. |
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Sam 26 Mai 2012, 21:18 | |
| Cependant, que j’ai peur ou non des vampires n’était que la moitié du problème. Que pensait-il des démons ? Après tout, la malédiction qui touchait les vampires avait bien été lancée par quelqu’un (surement nous, en l’occurrence), et si les anciens s’accommodaient très bien de leur condition, les nouveaux nés devaient sans doute avoir plus de mal. Sans compter que les croyances populaires donnaient, à raison, une très mauvaise image des miens, et qu’il pourrait y être encore attaché. Non, il n’aimerait probablement pas savoir ce que j’étais. Mais s’il me posait la question, je n’aurais aucune raison de le lui cacher. Je me demandais s’il avait déjà vu d’autres démons avant moi. Je n’avais jamais cherché à m’approcher de mes congénères. La seule que j’avais réellement côtoyée avait été ma sœur, Cat, et la fin de notre relation avait été pour le moins… brutale. Je n’avais par conséquence aucune idée des activités des autres créatures démoniaques, ni de leurs motivations. Pouvais-je d’ailleurs considérer que ce vampire en était une ? Je le détaillais de haut en bas. Il avait l’air très … humain, encore. Amical, presque. Juste un peu déconcerté par ma vision des choses. Car oui, cela avait été intéressant. Je lui retournais une moue amusée. J’étais heureuse, en quelques sortes, de pouvoir parler, agir, sans craindre de me faire lapider, ce que, d’expérience, je trouvais assez peu agréable. Mais contrairement à ce qu’il semblait penser, ce n’était pas seulement le final qui m’avait plu, mais cette débauche d’énergie, cette course, ces découvertes. Cette aventure, en somme, qui m’avait rendu ma liberté. Cette promenade était vraiment délicieuse. Pourtant, mon compagnon d’aventure n’avait pas eu l’air d’apprécier la chose autant que moi. Mais cela pouvait se comprendre, étant donné que, selon ses propres explications, il n’avait pas réellement été conscient de ses actes.
Vous avez pourtant été impressionnant. J’ignorais que les nouveaux nés étaient déjà aussi puissants. Enfin, disons que j’en avais entendu parler, mais le voir… Bon, j’imagine que vous n’êtes pas encore très à l’aise avec votre... nouveau mode d’alimentation. Mais si ça peut vous consoler, tout le monde tue pour se nourrir. Que ce soit une plante, une vache ou un humain. Toute vie a un coût.
J’ignorais si cela allait vraiment l’aider. Il ne penserait surement pas ainsi avant un bout de temps, il lui faudrait des années, peut-être, pour s’adapter à sa condition. La course effrénée avait eu comme autre effet positif de briser la glace entre nous. Les questions se suivaient, et le dialogue m’était très agréable, car je n’abordais pas souvent le sujet de ma nature. A sa question suivante pourtant, je ne pus retenir un petit rire.
Pas humain… Eh bien, tout dépend de quel aspect de moi on parle. Disons simplement que je ne le suis pas… pas totalement du moins. Et cette flûte, n’est rien d’autre qu’une flûte, ma foi. Cela dit, je pense que son ancien propriétaire l’a enchantée, de son vivant, car elle est particulièrement redoutable.
Je me souvenais vaguement du jour où je l’avais trouvée. Une cabane à l’orée d’un bois et un démon égorgé dans son sommeil. Une triste histoire. Je secouais la tête pour éloigner les idées noires qui y bourdonnaient. Je haussais les épaules en réponse au remerciement du vampire. Il avait été plaisant de chasser cette nuit avec un prédateur de ce type, mais j’étais aussi persuadée que nous aurions pu, l’un comme l’autre, se sortir de ce mauvais pas sans aide. Peut-être n’avait-il pas encore pleinement conscience de ses capacités.
Et vous, d’où venez-vous ? Cette forêt ne m’a pas l’air très accueillante, pas assez en tout cas pour y dresser un campement.
Je me demandais comment les citadins réagiraient si jamais un vampire venait à chercher toit et nourriture à Reilor. Ce serait sans doute la panique. Une panique très intéressante, ma foi. Je n’y gagnerais pas grand-chose, mis à part éventuellement une atmosphère tendue, agitée, parfaite pour me nourrir. Hm, il faudrait que je songe à l’inviter, mais ce n’était pas encore le moment.
Mon nom est Aelix. Aelix Sith. Je tiens une Taverne, à Reilor, et je suis, ou du moins j’ose l’espérer, meilleur pianiste que flûtiste.
Le chat me fixait toujours, avec quelque chose d’autre dans les yeux que la convoitise. Devinait-il, dans sa sagesse féline, que je n’avais pas toujours eu cette forme, et que jadis, j’avais été moi aussi un chat ? Allez savoir.
Et vous, quel est votre nom ?
La nuit était encore jeune, la lune nous dominait dans son écrin d’étoiles, et l’herbe ployait doucement sous la petite brise. Le cadre était presque idyllique, mais la carcasse de la créature gâchait la perspective. Evidemment, j’aimais les cadavres, les corps exposés et déchiquetés, mais uniquement dans certaines occasions, et je n’étais pas pour autant dénuée de tout goût. De plus, l’odeur de la chair mise à nue allait surement attirer les charognards, et ne n’avais pas envie qu’un chacal ou un chien sauvage nous prenne pour des menaces.
Et si nous nous éloignons ? Les restes pourraient attirer quelques invités indésirables, qui auront, j’en suis sure, bien moins de conversation que nous.
Je désignais de la main la vaste étendue herbeuse dont la légère humidité luisait sous la lumière stellaire.
La nuit est magnifique, il serait dommage de ne pas en profiter.
Je savourais ma liberté d’action retrouvée. J’avais eu peur de m’être ramollie, en ville, mais il n’en était visiblement rien. La seule chose qui m’inquiétait était la soudaine apparition de mes caractéristiques démoniaques, quelques minutes plus tôt. Je sentais l’équilibre qui maintenait mon autre moi en vie changer, et je me demandais avec angoisse s’il faiblissait ou s’il s’agissait d’une conséquence normal de notre partage. Je sentis la présence d’Aelix se manifester dans mon esprit, me rassurer, et je fini par céder et essayer de voir les événements d’un point de vue plus positif : la nuit était belle et jeune, j’étais libre, et en très plaisante et très agréable compagnie. Je souris en sentant Aelix se renfrogner et commençais à descendre la colline.
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Mer 13 Juin 2012, 20:00 | |
| Vous avez pourtant été impressionnant. J’ignorais que les nouveaux nés étaient déjà aussi puissants. Enfin, disons que j’en avais entendu parler, mais le voir…
Étonnant. Il fallait être bien informé pour savoir ces détails. Zeviehl ne l'avait jamais su jusqu'à ce qu'il rencontre lui-même une vampire. Et encore... Elle ne lui avait pas tout dit. Tous se découvrent à qui sait chercher. Terrifiante plaisanterie de la part d'une femme fatale. Il aurait bien voulu savoir tous ses petites secrets de vampire pour mieux réagir face à la chose qui grandissait en lui. Est-ce que ça se domptait ? Quel sang nourrissait mieux que d'autre ? Si c'était celui des hommes, cela l'arrangeait. Il n'avait pas envie de tuer de pauvres filles frêles et jolies... Bon, j’imagine que vous n’êtes pas encore très à l’aise avec votre... nouveau mode d’alimentation. Mais si ça peut vous consoler, tout le monde tue pour se nourrir. Que ce soit une plante, une vache ou un humain. Toute vie a un coût.
Ainsi soit-il j'imagine ? pensa le vampire. Le cycle de la vie : La naissance, les choix et ses conséquences, les hasards ou le destin selon les cultures, ou tout simplement la nature donne et elle reprend à la mort. La mort est une fin ou un recommencement... Le cycle de la vie était quelque chose dressait depuis le début des temps et qui ne connait pas de fin. Si beau, si peu malléable à sa guise, n'est-ce pas ? Ce serait bien trop facile. Zeviehl ne s'attardait pas sur tout ceci. Il aimait vivre, profiter de ce que la vie pouvait offrir, et se battre pour ne pas perdre ce qu'elle pouvait prendre. Si on y réfléchissait bien, il avait déjà tout perdu... Non, pas entièrement. Était-ce une victoire pour autant ? Pas sûr... Mais il devait se nourrir pour vivre. Comme avant, mais différemment. Il finira bien par s'adapter à ce mode de vie, celui de la chasse et du sang. Il n'avait pas le choix s'il voulait continuer à exister.
Son interlocuteur l'observait puis riait un peu avant de lui répondre qu'il n'était pas totalement humain. Tout dépendait de l'aspect ? Une personne physiquement humaine qui utilisait une flûte enchantée, cela ne se croisait pas dans tous les coins des rues de Reilor. Mais qui prétendait avoir plusieurs aspects, dont certaines non-humaines ? C'était une façon de pensée très étrange, mais le vampire s'imaginait que c'était un coup à prendre. Il était pareil après tout. Humain d'esprit, de pensée... Physiquement aussi, mais un corps animé par le sang chaud des proies qui ne faisait pas battre pour autant son cœur inerte, là quelque part dans sa poitrine froide. - Nous ne sommes pas si différent alors, fit-il remarquer.
Il fit un tour d'horizon. La nuit avait repris un calme plaisant. Sinistre, ainsi n'étaient-ils pas déranger par les espèces peureuses. Mais aussi très belle, avec la lune qui se dressait désormais au dessus de la forêt. La carcasse derrière eux commençait à dégager les odeurs de chairs mortes... Ils ne pouvaient pas rester là. Les charognards ne tarderaient pas à prendre leurs parts du festin. En parlant de cycle de vie : Le vampire était une des causes mortelles pour le corps de l'homme, le démon la cause fatale pour la perte de son âme et les bêtes malines se repaitraient des restes que ces deux espèces laissaient derrière elles non ?... Un parfait cycle, faut le dire. Tué ou être tué et les autres lavent le sol ! Et vous, d’où venez-vous ? Cette forêt ne m’a pas l’air très accueillante, pas assez en tout cas pour y dresser un campement.
Zeviehl eut un petit rire. C'était bien le but recherchait en venant dans cette forêt. Elle possédait des légendes, elle éveillait des superstitions et elle était assez grande pour cacher n'importe qui et n'importe quoi. La preuve avec le monstre de ce soir. De plus, il pouvait lui-même s'amuser à faire peur aux plus téméraires des chausseurs, pour avoir la paix pendant un mois ou plus. - J'espère qu'elle est assez effrayante pour les gens de Reilor, répondit-il. Je m'y cache depuis... Je ne saurais le dire, j'ai perdu un peu le décomptes des jours. Peu de personne se ballade près de la grotte où je réside.
Quelque chose lui disait tant mieux. Ou tant pis... Il ne savait pas trop. Un peu de compagnie ne lui déplaisait pas. Mais il avait peur de la dévorer, et ça serait bien dommage si ça avait été une femme séduisante aux joues roses, belle et charmante... Et vous, quel est votre nom ? - Pardon ? ... Oh, je m'égare un peu, veuillez m'excuser, sourit le vampire, dévoilant des traits charmeurs et des canines pointues.
Il n'avait même pas remarqué que son chat restait à courte distance de son interlocuteur, comme attiré par lui. Curieux. - Enchanté Aelix, je me nomme Zeviehl... Il ne disait jamais son nom d'empreint, car c'était un nom de son ancien "travail", qu'il avait laissé derrière lui, avec son passé. - Et ce matou Mr Grifou, termina t-il montrant du doigt le roux aux yeux de miel.
Profession : chat aux charmes félins. Forte tendance à apprécier les étrangers possédant une nourriture délicieuse. S'entend bien avec les chats. Adore son maître, le suit partout comme un petit chat élevé façon chien. Emploi la pose sensuel quand il rencontre une femelle, comme son maître en faite... Le chat miaula fortement, et resta assis près d'eux. De plus en plus proche d'Aelix. Et si nous nous éloignons ? Les restes pourraient attirer quelques invités indésirables, qui auront, j’en suis sure, bien moins de conversation que nous. La nuit est magnifique, il serait dommage de ne pas en profiter. - J'allais vous le proposer. Allons-y.
Il suivit Aelix et son chat, trottinant à ses pieds. - Oui cette nuit s'annonce parfaite... Souvent suivit par un levé de soleil splendide, mais je n'aurais plus jamais l'occasion d'en voir un sans en subir les conséquences... Vous tenez donc une taverne ?
Il passa d'un sujet à l'autre assez rapidement, ne voulant pas paraître trop plaintif. Se n'était pas dans ses habitudes de se plaindre. Il était plutôt du genre rieur et festif, un personnage charmeur qui ne loupait pas une occasion avec les femmes. Cela lui manquait de ne pas pouvoir vaquer en plein jour, marcher sous le soleil sans avoir l'impression qu'il allait tomber dans les vapes à tous moments ou subir le courroux d'un feu purgeur... - Vous devez connaître beaucoup d'histoire, déjà que vous savez pas mal de choses sur les vampires d'après ce que j'ai pu entendre.
Si on pouvait décrire les lobbies de Zeviehl autres que les femmes, c'étaient bien les histoires, le vin, son chat et d'autres choses comme la musique, l'art et la bagarre avec ses amis. Mais les histoires... Il les écoutait et les aimait détaillées, prenantes, belles, tristes ou heureuses. Il s'en servait parfois pour les raconter de nouveaux à d'autres personnes, surtout aux filles qui aimaient bien les hommes cultivés. Le bien parlé courtois, le bien être droit et la culture font du vampire un parfait gentleman. Un peu dangereux avec son côté chasseur. |
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Sam 21 Juil 2012, 05:10 | |
| Tout comme je l’avais soupçonné, le jeune vampire était encore loin d’être à l’aise avec sa nouvelle nature. La façon dont il évitait le sujet de ses restrictions, son ton enjoué qui sonnait faux... cela me rappelait un peu ce que j’avais ressenti au tout début de ma … cohabitation avec Ael. S’habituer à un corps étranger, d’une espèce différente de la sienne, n’est jamais vraiment aisé. Je me demandais si, une fois qu’il aurait pleinement pris possession de ses capacités, et que le souvenir de sa vie d’humain se sera effacé, il garderait la même attitude. Je ne me souvenais pas avoir entendu parler de vampires sages et raisonnables, mais, en même temps, je n’avais jamais entendu parler des démons en ces termes non plus… Et pourtant, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas cédé à mes pulsions. Cela me manquait plus que je voulais bien l’admettre. Tuer, découper, courir, être libre comme je l’étais enfin ce soir… Et jouer, jouer de cette flûte qui m’ouvrait tant de portes, qui me donnait tant de possibilités… Sans vraiment m’en rendre compte, comme hypnotisée, je me mis à jouer avec le petit instrument, le faisant glisser le long de mes doigts, toujours plus proche de mes lèvres, de mon souffle. Il y avait quelques villages, dans les collines, il ne serait pas difficile de…- Vous devez connaître beaucoup d'histoire, déjà que vous savez pas mal de choses sur les vampires d'après ce que j'ai pu entendre.Surprise, déçue aussi un peu, je laissais retomber ma main en grognant. C’est vrai, je n’étais pas seule. Je fixais un moment le vampire et son chat, tout en descendant le flanc de la colline. Des histoires… J’étais sans doute bien moins savantes qu’il ne le pensait, mais après tout, pourquoi pas lui raconter le peu que j’avais appris ? Comme il l’avait si bien dit, nous n’étions pas si différents. Il ne ressemblait pas à ceux que je croisais le plus souvent en ville, pour la plupart incultes, et ennuyeux. Non, lui parlait bien, et dégageait une énergie tout à fait intéressante… *Sith ? Veux-tu bien arrêter de le dévisager ainsi ? C’est gênant…*Je détournais aussitôt les yeux en me raclant la gorge. Hem. C’était la fatigue, oui, sans doute, alliée au contrecoup. Qu’ils n’aillent rien s’imaginer. Eh bien… j’ai en effet eu la chance d’entendre quelques rumeurs, certaines histoires qui se transmettent de bouche à oreille dans les rues et les tavernes. J’en ai suffisamment entendu pour connaitre quelques bases, mais cela ne signifie pas pour autant que tout ce que je crois savoir soit avéré. Concernant les vampires… Vous en savez surement bien plus que moi. Créatures d’ombre et de Faim, on les apparente souvent aux démons… A tort ou à raison ? Je ne pourrais le dire. Tout dépend, je suppose, de la créature elle-même. Si je vous dis cela, c’est pour que vous preniez bien conscience du fait que peu importe ce que les gens pensent de vous : vous n’êtes que celui que vous voulez être. Nous faisons tous un choix. Laissant mon regard se perdre à l’horizon, je conjure les souvenirs qui affluent. Ces visages pleins de terreur, d’horreur et de sang, je les ai aimés, et maintenant, je les crains. Pas par repentir, loin de là, mais par peur de recommencer, de ne plus pouvoir me maitriser, et de finir dans la peau d’une de ces bêtes que l’on achève à la fois par sécurité et par pitié. Reprenant le fil de mes pensées, j’englobais d’un grand geste les arbres qui nous surplombaient. L’isolement en est un : certains le trouveront nobles, mais d’autres vous prendront pour un faible, pour un lâche. Certains tenteront de vous pousser à tuer de nouveau. A vous de décider alors, de les suivre ou non. Mais vous ne pourrez pas rester ici pour toujours… Que vous le vouliez ou non, il vous faut manger. Ma voix était douce, presque songeuse : ce que je disais pour lui, valait tout autant pour moi. Mais si je pouvais cacher ma nature a la plus grande partie du peuple, Zevielh, lui, aurait plus de mal : incapable de supporter la lumière du jour sans faiblir, son mal était plus dur que le mien. D’ailleurs, il me semble me souvenir qu’une des caractéristiques de votre malédiction vous empêche de pénétrer dans un lieu sans y avoir été invité. Je voudrais remédier à ce problème en vous proposant de venir un de ces jours à ma Taverne. J’aurais surement de nombreuses histoires à vous raconter, et vous pourrez voir que la mort n’est pas toujours la seule compagne du vampire. Il ne me serait pas difficile en effet de trouver une ou deux volontaires pour se faire prélever quelques gorgées de sang. Les pauvres étaient capables de grandes folies pour gagner ne serait-ce qu’une piécette, et bien que cela retire le plaisir de la chasse, si le vampire savait se contrôler, cela évitait à un nouveau cadavre de venir pourrir dans les bas-fonds de la cité. - Spoiler:
Désolée pour le retard ! c'est pas terrible, mais je voulais pas te faire attendre plus. Je ferais mieux au prochain, mais dis moi quand même si tu veux que je change quelque chose
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Mar 24 Juil 2012, 22:19 | |
| Zeviehl laissa le temps à son interlocuteur de réfléchir sur ses mots. Peut-être pourra-t-il lui apprendre une ou deux choses. Des nouvelles, des rumeurs, tout ce qui pourrait lui servir au cas où il se rapprocherait des villes. Ou tout simplement lui en apprendre davantage sur les vampires. Zeviehl ne savait pas grand-chose sur eux, malgré qu’il en soit un. Il savait qu’il était plus sensible à la lumière. Ses sens s’étaient développer, en particulier sa vue nocturne. Il pouvait courir un peu plus vite aussi… D’ailleurs il se demandait si ça évoluerait. Le jour où il passera le cap, est-ce qu’il continuerait à changer ? Deviendra-t-il un puissant vampire ? Cette idée était un peu effrayante. Car il ne savait pas s’il pourrait toujours faire ce qu’il adorait. Tout ce qu’il avait connu, tout ce qu’il aimait faire lui serait interdit pour l’éternité ? Non… Peut-être pas. Faut voir. Un jour il fera l’inévitable, il commettra l’irréparable pour se nourrir. Et ce jour là, il aura peut-être la réponse à toutes ses questions… Zeviehl ne fit pas attention qu’Aelix le regardait avec insistance. C’est son raclement de gorge qui le sortit de ses pensées. Il posa des yeux intrigués sur l’homme. Quel étrange personnage d’ailleurs. Il était soigné, peu costaud. En rien l’image que l’on pouvait se faire d’un tavernier. Mais Zeviehl n’établissait pas son avis sur des clichés que les gens s’amusaient à divaguer à tout bout de champ. Aelix était sans doute très capable. Il avait déjà un talent certain en musique. Peut-être était-il le fils d’un tavernier, qu’il a reprit le flambeau. Ou qu’il est tout simplement aidé, rien n’était impossible. Nous étions au Lan Rei, île des Hommes principalement. Île de brutalité, de sang, d’argent et de frivolité intime.
Aelix rompit enfin le silence en parlant des rumeurs. Vivaces ces choses qui vivaient parmi les vies tourmentaient de Reilor, grande ville avec ses propres règles. Qui ne respectait pas forcément les lois d’ailleurs… Zeviehl était une règle en lui-même contre la loi. Il en avait conscience. Il savait bien qu’il faisait partit de ces hommes qui pouvait briser les mariages, les couples, et entrainer des disputes à en faire trembler la terre. Mais c’était elle qui venait à lui. Mais par chance les rumeurs l’avaient souvent épargné ! Il savait se montrer discret autant que possible. Il fallait les éviter comme on éviterait le poison d’un serpent qui rampait lentement vers sa proie… Dans son dos évidemment, pour frapper en plein cœur, et faire beaucoup de dégât. Concernant les vampires… Vous en savez surement bien plus que moi. Créatures d’ombre et de Faim, on les apparente souvent aux démons… A tort ou à raison ? Je ne pourrais le dire. Allait-il lui faire un descriptif complet des démons ? Zeviehl ne savait que penser d’eux. Il n’en avait jamais vue, pas plus que les anges d’ailleurs. On les associait souvent à des croyances religieuses et notre vampire n’avait jamais été très bien dans ce domaine. Il croyait en ses propres capacités et ce qu’il pouvait faire, difficilement en ce qu’on appelle « la foi ». Avoir la foi en quelque chose d’invisible ou d’inexistant n’était pas logique pour lui. Tout se faisait par calcule. Comment calculer avec des chiffres invisibles ? Tout dépend, je suppose, de la créature elle-même. Si je vous dis cela, c’est pour que vous preniez bien conscience du fait que peu importe ce que les gens pensent de vous : vous n’êtes que celui que vous voulez être. Nous faisons tous un choix. Zeviehl s’arrêta. Il réfléchissait sur ces paroles. Mr Grifou descendit de ses épaules pour marcher aux côtés d’Aelix. Nous faisons tous un choix… Sauf que la transformation avait été faite contre son gré. Le choix… C’était vaste. La vampire qui l’avait mordu avant fait le choix de le faire, influençant complètement sa vie. Ses propres choix avaient sans doute également influencé la vie de beaucoup de gens. En faisant l’amour à une femme, n’avait-il pas provoqué des changements sans le savoir ? En tuant tel ou tel marchand, n’avait-il pas, à toute hasard, rendu des enfants orphelins ou des femmes veuves ? Les actes des gens pouvaient faire basculer un monde entier. Et comme il existait des milliers voir plus de tête sur toutes ces îles, chacune d’entre elle avait un rôle, faisait des choix et troublait ceux des autres. C’était bien pour cette raison qu’on établissait des lois, pour contrôler un minimum et amener ordre, sécurité et tranquillité dans les villes. Mais pour un vampire, peut-on parler de choix ? Zeviehl savait qui il était, il savait comment il était. Mais sa condition de vampire n’avait pas été son choix ni une perspective d’avenir, loin de là. Et la différence entre lui et un enfant, c’était que lui allait malgré tout accepter cette nouvelle existence et assumer le fait que ses choix futurs allaient incontestablement prendre des vies. Pas besoin de se nourrir… Un choix qui était nécessaire, aussi surement que pour un humain de manger de la viande, des fruits et des légumes tous les jours… Le sang faisait le repas des vampires. L’isolement en est un. Zeviehl sursauta. Il l’entendait parfaitement de là où il s’était arrêté. Certains le trouveront nobles, mais d’autres vous prendront pour un faible, pour un lâche. Certains tenteront de vous pousser à tuer de nouveau. A vous de décider alors, de les suivre ou non. Mais vous ne pourrez pas rester ici pour toujours… Que vous le vouliez ou non, il vous faut manger. Le jeune homme rejoignait ses terribles pensées. Il avait parfaitement raison. Se caché était la solution la plus facile. Il s’effaçait, respectait la vie d’autrui, prenait son mal en patience. Mais ce mal grandissait au fil du temps. Bientôt il prendrait le contrôle, et il ne sera plus question de se nourrir mais bel et bien de tuer. Zeviehl redoutait ce jour... Il était terrifié. D’ailleurs, il me semble me souvenir qu’une des caractéristiques de votre malédiction vous empêche de pénétrer dans un lieu sans y avoir été invité. Le vampire leva des yeux interrogateurs vers Aelix. Ah ?... Il n’avait jamais essayé. Il ne s’approchait pas des fermes ni des maisons aux alentours de Reilor. Il pouvait tomber sur des chasseurs. Je voudrais remédier à ce problème en vous proposant de venir un de ces jours à ma Taverne. J’aurais surement de nombreuses histoires à vous raconter, et vous pourrez voir que la mort n’est pas toujours la seule compagne du vampire. Zeviehl prit le temps de réfléchir sur sa proposition. Pouvait-il… vivre dans un monde urbain ? Peuplé de vivant, dont le seul souci était de vivre alors que lui pouvait les tuer à tout moment pour prolongé sa propre histoire ? Il hésitait. Il ne savait pas comment il se comporterait au milieu de centaine de personne. Est-ce qu’il se contrôlerait, par maîtrise ou par peur d’être découvert, ou est-ce qu’il laisserait aller ses instincts « primaires »… L’homme commença à sourire. Il releva la tête, face à Aelix. - Même la mort m’a abandonné. La seule compagne que j’ai eue fut une elfe. Très belle, très gentille, très douce aussi. Si je ne suis pas devenu fou à force de côtoyer la solitude et l’isolement dans une grotte, c’est grâce à cette boule de poile rousse qui vous colle au patte depuis tout à l’heure, finit-il en montrant Mr Grifou d’un air ironique.
Le vampire reprit un air plus sérieux. - Vous avez parfaitement raison en parlant des choix, mais je me permets de dire que l’on peut philosopher sur ce sujet plusieurs nuits entières autour d’un verre. Il m’est aisé de vous dire par exemple, bien que se soit discutable, que mes choix m’ont amener des ennuis, que j’ai dû fuir ces ennuis et que par une malheureuse circonstance, j’ai croisé une vampire qui a fait le choix de… m’aimer plus que les autres. C’était vraiment pas de chance.
Il sourit. Ce gai luron notoire par le passé ne perdait pas une occasion pour parler femme et rire à leur sujet. Rire tout en les respectant, même pour elle, son assassin. - Elle était belle, mais elle a baissé dans mon estime depuis quelque temps… Bref, c’est vraiment très gentil de votre part de m’invité dans votre taverne, je vous en remercie, sincèrement.
Il s’inclina légèrement et repris d’un air sombre. - Malheureusement, l’idée de retourner en ville ne m’attire pas des masses.
Il faudra bien qu’il s’alimente. Il faudra également qu’il essaye de retrouver ses amis. Et la meilleure façon était de trouver des réseaux qui lui permettraient d’avoir ses informations. Sans argent cela allait être compliqué, mais il trouverait bien une solution. - Je ne suis pas encore prêt, dit-il avec un triste sourire.
Il ne le sera peut-être jamais. Pas temps qu’il ne fera pas le pas vers sa destiné. Celui de devenir un vrai vampire, un chasseur, un buveur de sang invétéré et capable de se maîtrisé. Et il pourrait marcher dans la foule, discret et précis comme l’ombre de la Mort.
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Jeu 30 Aoû 2012, 02:15 | |
| Remarquant que le vampire s’était arrêté, je fis de même, un peu plus bas que lui. Je levais les yeux pour l’observer alors qu’il réfléchissait à mes paroles. Les étoiles allumaient des reflets d’argent dans ses cheveux à peine plus foncés que les miens, dérangés de temps à autre par un éclat de brise, qui les faisait alors onduler comme autant de vaguelettes irisées. Son visage, dans l’éclairage chiche de la lune, prenait une expression dramatique, répondant à la nostalgie de sa voix. Moui, je comprenais pourquoi on disait que les vampires avaient un certain charme… Ses sourires, ses regards, rien ne laissait entrevoir la vérité. Vampires, vampires, êtres d’illusions… Je me demandais jusqu’où celles-ci pouvaient aller. A quelles fins utiliserait-il ses dons, ou ses malédictions, lorsqu’il en serait en pleine possession ? J’espérais, en tous cas, que s’il venait rejoindre le large groupe des tueurs, il garderait suffisamment de conscience pour ne pas mourir trop rapidement. Ainsi donc, il avait été transformé par une femme… J’avais entendu dire que leur charisme égalait, voire dépassait, la capacité d’attraction du chant des sirènes. J’étais très curieuse d’en rencontrer une un jour, pour m’en inspirer peut être, ou tout simplement pour admirer la pure énergie chaotique qui devait les imprégner… Quel goût pouvait bien avoir l’énergie d’un vampire ? Quelle force procurait-elle ? Mon regard se fit plus sauvage, affamé, l’espace d’un instant, juste le temps de forcer mes instincts et ma curiosité à rentrer dans leur niche, à se tenir sage. Après tout, lui-même, qui devait pourtant être affamé, s’il se nourrissait exclusivement d’animaux, n’avait pas cédé et ne m’avait pas attaqué, malgré la douce odeur de l’humain où j’étais cachée. Son commentaire sur sa créatrice me heurta en mon fort intérieur. Je savais ce genre de reproche légitime, et j’avais longtemps craint qu’Ael finisse par en entretenir de semblable à mon égard. Mais, d’un côté, je pensais que l’immortalité et la force qu’elle avait offert à cet ancien homme était au fond le plus beau cadeau que cette femme eu pu lui faire… L’évolution, celle que beaucoup cherchent et que peu obtienne. Le statut de prédateur. Le statut d’espèce supérieure.
Ne considérez jamais que l’amour est un manque de chance. Qui que soit cette femme, elle n’a pas choisi de vous aimer, car on ne choisit que rarement ces choses là, il était donc naturel, pour elle, de vous rendre la pareil. Un changement douloureux et imposé. C’en est presque romantique, en réalité.
L’éternité n’est pas, comme on pourrait l’imaginer, ennuyeuse et solitaire. Un jour, peut être, ce vampire apprendrait à remercier sa créatrice, peut être même à l’aimer… Peut être. Mais il était trop tôt pour qu’il le comprenne. Ces pensées me tirèrent dans un coin sombre de mon esprit double, un lieu emplit de nostalgie et de doutes. Je sentis une douce étreinte enserrer mon essence, et une présence lumineuse s’élever vers notre conscience collective. La voix qui sortit de notre bouche ne fut alors plus la mienne, bien qu’aucun signe extérieur ne le trahisse.
Vous êtes jeune, encore… La faim vous tiraille, vous affaiblit. Bientôt elle deviendra si forte que vous ne pourrez plus rien faire pour lui résister. Mais laissez moi vous dire, et je parle d’expérience, que les plus beaux massacres sont ceux qu’on commet sciemment. Si vous voulez tuer, si vous voulez vous nourrir, faites le en temps que créature consciente, pas en temps qu’animal soumis à ses pulsions. C’est la seule façon de continuer à exister tel que vous êtes. Votre nature ne doit pas être une peur, ni une excuse, elle doit être un moyen de vous élever.
Je me tournais vers les collines, admirant l’étendue d’ombres et de vent qui s’étendait devant nous. Il devait surement se demander pour qui je me prenait pour lui donner de tels conseils. Mais peut m’importait : peut être après tout, qu’un jour, ces paroles éveilleraient en lui cette lueur de folie que j’aimais tant, cette démence meurtrière si belle, et que je pourrais alors observer le monde sombrer dans le chaos, en ayant la satisfaction de savoir que j’y avais contribué. Un doux sourire filtra sur mes lèvres, parfaite opposition à mes pensées meurtrières, et je m’assis dans l’herbe haute. La nuit était magnifique, le vent doux, et je ne pouvais m’empêcher de penser à tous ces petits prédateurs qui pouvaient nous observer depuis les ténèbres, persuadés de n’avoir devant eux que deux pitoyables humains faciles à déchiqueter. Ceux là, je les attendais, je les suppliais presque de venir : ma flûte me démangeait, l’envie de danser dans les champs, de voleter de ferme en ferme, me prenait aux entrailles. Il vaudrait peut être mieux que je reste là, loin de tout encore, en ce lieu où la tentation n’était pas encore trop présente. A quoi bon ? Chuchotait une part en moi. A rien, répondait l’autre, à part la satisfaction de savoir que j’étais encore capable de me dominer.
Si vous voulez un conseil, lançais-je par-dessus mon épaule, n’allez pas en ville avant d’avoir un peu d’expérience. Tant de tentations d’un coup… vous pourriez perdre la tête.
*Dans tous les sens du terme, ce qui serait dommage, l’éternité avec ce visage ne doit pas être désagréable…*
Quelque soit le temps que vous mettrez à venir, cependant, je serais toujours là pour vous accueillir, et je n’oublierais pas cette invitation.
Vraiment, un vampire à Reilor, et qui plus est un vampire potentiellement influençable, c’était là une bien belle vision. Mais j’avais peur d’avoir été trop vite, d’avoir trop parlé et de m’être trop dévoilée… J’espérais que mes propos n’aient pas l’effet inverse que celui escompté. Je n’avais plus vraiment l’habitude de manipuler, il me faudrait rapidement palier à ce problème.
Où irez-vous, à la fin de cette nuit ?
Cette question avait pour motivation à la fois une curiosité sincère et un désir de changer le sujet, peut être un peu trop grave, de la conversation. Parler de massacres ne me gênait en rien, mais pour les nouveaux nés encore accrochés à la morale humaine, c’était sans doutes une autre partie de manches. |
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Lun 10 Sep 2012, 19:03 | |
| Aelix le regardait, alors que Zeviehl lui expliquait sa situation, ainsi que les circonstances de cette nuit. Il avait fui sa ville natale pour échapper à la sentence des gardes. Le jeune homme devait répondre de crimes, certes, mais pas tout ceux dont ils étaient accusés, lui et ses deux amis. Il se réfugia dans les bois. Elle le regardait, au début impassible, puis un sourire plein de charme se dessina sur ses lèvres. Elle avait patienté, au milieu des arbres, attendant le jour de son retour. Elle se leurrait… Il n’était pas amoureux d’elle. "J’aime ma liberté", répondit-il. "Je suis toujours prêt pour de nouvelles rencontres."
L’amour n’était pas possible pour une personne comme Zeviehl. Il n’y croyait pas, et même s’il venait à y croire, est-ce que l’amour rimait avec fornication ?
Le jeune homme observait le vampire d’un œil attentif. Il analysait chacune de ses paroles et mimiques, chacun de ses gestes et soupires. Il crut même voire des lueurs dans ces yeux fins. Une expression un peu étrange. Comme une lueur de faim vorace, un peu comme les siens lorsqu’il écoutait son instinct surnaturel. C’était troublant, mais Zeviehl pensait que la curiosité d’Aelix d’en savoir plus, bien plus, était très forte. Son expression changea, du moins son regard envers lui. Il s’exprima enfin après un léger silence : "- Ne considérez jamais que l’amour est un manque de chance. Qui que soit cette femme, elle n’a pas choisi de vous aimer, car on ne choisit que rarement ces choses là, il était donc naturel, pour elle, de vous rendre la pareil. Un changement douloureux et imposé. C’en est presque romantique, en réalité."
Zeviehl fit de grand yeux, abasourdi par ce qu’il venait d’entendre. Peut-être qu’il était buté sur ses idées, peut-être ne comprendra-t-il jamais les subtilités et les facettes de l’amour… Mais dire qu’un acte vampirique sur quelqu’un qui n’a pas choisi cette voie était romantique ? … - L’amour est un choix… Certes compliqué, difficile à surmonter ou à appréhender, mais si elle m’a aimé, elle aurait pu m’oublier également… Et non me tuer.
Il avait peur d’être contrariant, mais il avait encore cette sensation d’avoir été trahis. A la fois par les personnes qui les avaient vendus aux gardes, mais aussi par elle… Son assassin, celle qui lui avait donné cette vie dans la mort. Ou l’inverse… La mort dans la vie. Être mort mais pas vraiment. Mr Grifou bailla franchement, couché dans l’herbe, non loin d’eux. Tu as raison mon vieux, ces histoires et philosophies sur l’amour sont compliqués. "-Vous êtes jeune, encore… La faim vous tiraille, vous affaiblit. Bientôt elle deviendra si forte que vous ne pourrez plus rien faire pour lui résister. Mais laissez moi vous dire, et je parle d’expérience, que les plus beaux massacres sont ceux qu’on commet sciemment. Si vous voulez tuer, si vous voulez vous nourrir, faites le en temps que créature consciente, pas en temps qu’animal soumis à ses pulsions. C’est la seule façon de continuer à exister tel que vous êtes. Votre nature ne doit pas être une peur, ni une excuse, elle doit être un moyen de vous élever."
Aelix sourit. Zeviehl subjuguait. Il ne pensait pas possible qu’une personne puisse lui donner des conseils, à la fois si forts et terrifiants. Ce jeune homme savait des choses que la plupart ignore ou ne connaisse pas; ne comprenne pas. Ou alors il… Non, il avait tout l’air d’un humain, vue comme ça… Mais… Le vampire se permit de douter de sa vraie nature.
Il s’assit à côté du garçon. Le matou s’approcha, se positionnant entre les deux, son ventre contre l’herbe. La nuit était de toute beauté. Zeviehl la regardait machinalement, absorbé par ses pensées. Mr Grifou se léchait la patte longuement. « La faim vous tiraille, vous affaiblit. » Il ne le savait que trop bien. Terrible réalité qu’être la marionnette d’une nouvelle facette de son lui intérieur… Cette chose. Ces pulsions meurtrières qui hurlaient aux carnages massives. Éclabousser le sang, et étancher une soif insatiable. Du moins le saura-t-elle s’il tentait l’expérience. Boire le sang humain… A ces pensées, le vampire détourna les yeux, regardant ailleurs. Pendant un instant, il faillit répondre par la férocité, voulant mordre son interlocuteur. Il refoula son instinct, qui se planqua quelque part dans son esprit. Patiente, cette fois-ci, mais pas pour longtemps.
« Les plus beaux massacres sont ceux qu’on commet sciemment. » Zeviehl commençait à se demander si ce garçon n’avait pas des penchants un peu étrange pour un humain, de son jeune âge de plus… Mais il avait entendu, et parfois vue pire. Alors il ne releva pas et se contenta de réfléchir au reste. Manger en temps que créature consciente… La plus grande peur de Zeviehl était de la perdre complètement. Si cela devait arriver un jour ? Il se nourrirait mais à quelle fin ? A quoi bon exister si c’était en esclave de sa propre existence. Il ne voulait pas de cela… Ni une peur, ni une excuse, ni un moyen d’ignorer et de faire comme si tout allait finir par s’arranger… Non. Il était vampire, et cela ne changera plus. La perspective de s’élever laissa le blond perplexe. Il n’était pas homme à prendre des risques. Mais dans la non-vie, il en prendrait surement, le moment venu. Au fil du temps, il deviendra inévitablement un puissant vampire, puisque son âge était déterminé par l’éternité. Non plus des jours, des mois, des années… des siècles… Tout ceci n’avaient plus d’importances. "- Si vous voulez un conseil, n’allez pas en ville avant d’avoir un peu d’expérience. Tant de tentations d’un coup… vous pourriez perdre la tête."
Zeviehl rit un peu. Il se tuait par l’effort pour le faire. Une question de maîtrise, du grand art, il se débrouillait comme un chef. Ou alors il avait une chance incroyable, pardi. "- Quelque soit le temps que vous mettrez à venir, cependant, je serais toujours là pour vous accueillir, et je n’oublierais pas cette invitation." - Merci… , répondit-il d’un air absent.
Où irait-il ensuite ? … Il continuera sans doute à suivre le chemin par la forêt. Il ne savait pas pourquoi il voulait de rendre au bout. Un instinct, encore humain, qui le lui incitait. Il verrait bien où ça le mènera… Le vampire se leva et fit face au jeune homme. Il le regarda avec insistance, essayant de percevoir une émotion, un truc qui lui donnerait des détails. Il semblait jeune… Pourtant il en savait beaucoup plus que lui. Bien plus que les anciens de sa ville natale… Il n’avait jamais entendu autant de choses sur les vampires, ou la façon de les faire avancer sans qu’ils perdent la tête. Il disait qu’il n’était pas humain, pas totalement. Est-ce qu’il ironisait ou disait-il la vérité ? On pouvait se permettre aisément de penser qu’Aelix cachait parfaitement sa nature, sa facette secrète. En imaginant que c’était la vérité, que le surnaturel était un trait qu’ils avaient en commun. - Tout ira bien, finit-il par répondre et se retourna. Il fit quelque pas dans la colline, la descendant un peu. Il observa le ciel. - Si je survis, tant mieux. Sinon… - Il baissa la tête et haussa les épaules - Tant pis.
Il se retourna avec un sourire en coin et les sourcils froncés, charmeur malgré ses pensées résignés. Son sort était scellé depuis la morsure, n’en parlons plus. Il devait assumer, et devenir un vampire à part entière. Ou disparaître dans l’oublie en mourant de faim ou en provoquant une telle pagaille qu’on le tuera sans retenu. - Je vais continuer mon chemin, et vous le vôtre. Quelque chose me dit qu’on en sortira pas sans cicatrices, tout les deux, hein ? Quand je cavalerais de nouveau derrière les femmes, peut-être en aurais-je bien plus. On fera le compte un jour, ironisa-t-il avec un grand sourire.
Il ne perdait pas ses passions, ses joies et sa bonne humeur à l’idée de pouvoir en serrer une dans ses bras. Peut-être que se sera plus difficile à cause de sa condition, mais il ne perdit pas espoir et tentera… Un jour prochain. Car après tout, il l‘avait bien fait avec une elfe, la belle Lunielle. Elle ne l‘avait pas rejeté, ni menacé. Elle l‘avait accepté tel qu‘il est et l‘aida même, en étanchant sa soif. Cette soif… Il devait, avant toutes choses, manger. Et cette idée le tétaniser pour le moment, dans le sens qu’il ne se voyait pas tuer d’humains. Il n’était pas question de transformation, mais bien question de se nourrir, de les dévorer, de voir la vie s’échapper de leurs yeux et de leurs corps alors qu’il se repaitrait de leur sang. Se revigorer au prix lourd de la vie. Ce n’était pas si différent de la chasse des animaux. En se disant que l’être humain faisait parti de la chaine alimentaire et qu’il était un animal, ça passait… Mais est-ce qu’un vampire avait le droit de penser ainsi ? La réponse viendrait avec le temps et l’expérience.
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| | | *Démon*
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Lun 25 Fév 2013, 12:58 | |
| Vous n'avez donc jamais aimé, Zeviehl...
C'était une simple constatation, un murmure triste oublié dans le vent. Comment pouvoir, autrement, concevoir l'amour comme un choix ? Sa situation, comme la mienne, prouvait le contraire. Mais lui, lui ne le comprenait pas encore, et cela déclenchait deux tendances contraires en moi : d'un côté, la tristesse pour cette âme chaotique perdue dans cet état d'inconscience aveugle, de l'autre, la colère, l'énervement, devant tant de stupidité. J'hésitais un moment à lui soumettre mon point de vue, à lui imposer, sentant ma main se serrer sur le fantôme de ma flûte maintenant rangée. Puis je réussi à me reprendre, décidant qu'au final, cela ne me concernait pas et ne m'arrangeait pas. Il le découvrirait bien tout seul, non ? Et avec un peu de chance, ça serait d'autant plus douloureux pour lui et amusant pour moi. Je sentis un sourire froid étirer mes lèvres. Zeviehl s'assit à côté de moi, et le chat, instinctif, se glissa entre nous, comme pour protéger son maître par sa présence simple mais rassurante. Pendant que Zeviehl digérait mes paroles, je me désintéressais un peu de la situation, préférant gratter gentiment les oreilles du félin. Non, je ne mangerais pas son maître maintenant. Même s'il disait des âneries plus grosses que le shaours qu'on venait de laisser. Je pris une grande inspiration, tournant de nouveau le regard vers le vampire. Dérivant sur les angles et les méplats de son visage triste, analysant les ombres et les paroles, je tentais de retrouver mon calme. Que m'importait, au fond, qu'il se méprenne à ce point ? J'avais moi aussi, un temps, mal interprété les pouvoirs et implication de l'amour véritable. Avant de le rencontrer. Bien sur, notre histoire ne s'était pas achevée de la meilleure des façons, comme le prouvait ma situation actuelle, mais j'avais compris. L'amour n'est pas un choix. C'est une évidence. Et comme toute évidence, il s'impose. Un jour, il comprendrait, lui aussi. Il était encore trop tôt, ses yeux étaient encore pourris par la pourriture d'humanité qui exsudait de son âme comme le pus d'une plaie. Mais le temps viendrait. Enfin le vampire se releva. Machinalement, je le suivis du regard, le fixant pendant qu'il me détaillait à son tour. Que voyait il ? Je me demandais souvent jusqu'à quel point ma présence restait invisible. Mes dents pointues et mes pupilles verticales avaient disparu, mais il devait bien rester un petit quelque chose, un air quelconque... Je passais une main lasse dans les cheveux soyeux d'Ael, le sentant ronronner au fond de mon esprit. Chassant la nostalgie qui me prenait à la gorge, j'adressais un sourire charognard à Zeviehl. Continuer son chemin, hein ? Oui, c'était bien cela. Il allait partir, me laisser, tout comme j'allais rester et l'abandonner. Il allait souffrir, moi aussi, mais peut être moins. Cicatrices, coups, blessures, mort, mais aussi joie et surprise, bonheur et chance, nos vies seraient séparées, mais si semblables..
Nous ferons les comptes de nos nouvelles marques quand nous nous recroiserons, Zeviehl. Et qui sait, peut être apparaîtra-t-il que j'en posséderais plus que vous.
Et puis il partit. Je le regardais un instant s'éloigner, son chat sur les tallons, et je chassais d'un froncement de sourcil la solitude qui m'étreignit soudainement la gorge.
L'herbe m'accueillit, enrobant mon corps comme une couverture douce, encore chaude du soleil de l'après midi. Le vent agitait les cimes, rapportant des fragrances étranges, gorgées de rêves, et de souvenirs. La terre qui vibrait sous moi, les étoiles qui étincelaient loin au dessus, la tranquillité, le calme, les chants oubliés rapportés par le silence, tout était parfait. Parfait. Oui. Alors pourquoi n'arrivais-je pas à arrêter de penser, de tourner et retourner encore les mots de ce vampire nouveau né ? « L’amour est un choix… » « Je vais continuer mon chemin, et vous le vôtre » « Mais si elle m’a aimé, elle aurait pu m’oublier également… Et non me tuer . » Je laissais mon regard dériver au fil des nuages, et le temps sembla s'étirer comme de la guimauve trop épaisse. Seconde. Après seconde. Après seconde.
Sans que je comprenne vraiment comment ni pourquoi, le sol retrouva son aspect horizontal et la terre fut de nouveau sous mes pieds. J'étais debout. Secouant la tête, pestant mentalement (et un peu à voix basse, aussi, j'avoue) contre ma stupidité chronique, je fis un rapide repérage pour retrouver la trace du vampire, le repérant à la maigre piste olfactive laissée par ses vêtements tâchés de sang. Jugeant qu'il devait être déjà à une distance plus que raisonnable, je décidais de le rattraper en courant. Je n'avais jamais été très douée pour ce genre d'exercice, je dois le reconnaître. Levant haut les jambes pour éviter la gêne des herbes hautes qui fouettaient mes mollets, je tentais de conserver l'équilibre en étendant les bras. Je devais avoir l'air... Aucune importance. Sautant au dessus des obstacles tel un cabri allaité à la liqueur de framboises, je dévalais la colline, les yeux fixés sur la sombre silhouette du vampire avançant dans la nuit. Diable, comment avait il fait pour aller si loin en si peu de temps ?
Zeviehl !
Et pourquoi courrais-je ? Et pourquoi criais-je ? Pourquoi tenais-je tant à rattraper le nouveau né ? Pourquoi m'attachais-je toujours aux choses fragiles et idiotes ? Bon, dans ce cas, il n'était peut être pas physiquement fragile et intellectuellement perdu, mais ces adjectifs me semblaient pourtant convenir à son cas pour bien des points. Pourquoi, moi, démone déchue s'il en est, ressentait ce besoin impérieux d'expliquer, d'enseigner, d'ouvrir les yeux, d'imposer la vérité ? Pourquoi mon cœur, ce cœur que je n'étais pas supposée avoir, se serrait à l'idée des souffrances que ce vampire éprouverait inévitablement ? Sans pouvoir m'en empêcher, j'accélérais la cadence, jusqu'à arriver, à peine essoufflée (enfin un peu quand même), à sa hauteur. Me plantant devant lui, pour être sure qu'il ne bougerait pas tant que je n'aurais pas repris mon souffle, je respirais un grand coup et lançais, encore incertaine de ce qui allait suivre :
Voulez vous entendre une histoire ? |
| | | *Vampire*
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Sam 25 Mai 2013, 00:03 | |
| Est-ce qu'une vie est possible sans amour ? Il existe diverse façon d'aimer, que se soit en amour, celui dit éternel, ou en amitié, celui dit précieux. A cet ami ou cet amant ont lui accorde une confiance net, faite avec les épreuves, la partage et après s'être battu, côtes à côtes. Il est parfois plus facile pour une personne d'avoir des amis, des personnes sur qui il peut compter. Mais alors quelle différence y-a-t-il à aimer ? Cette personne a des amis, elle les aime, les apprécie et pourrait donner sa vie pour elles. Est-ce que l'on peut dire qui les aime en amour pour autant ?
Non car ce n'est pas la même chose. Car le grand amour, on le trouve avec le plaisir en une seule personne, en général... Zeviehl ne l'avait jamais trouvé, cette unique.
Il pensait peut-être d'une manière trop arrêté, comme un imbécile, sûr de lui lorsqu'il disait que l'amour était un choix. Selon lui on choisissait la personne unique. Il avait tort... Mais il ne savait pas ce que c'était que d'aimer l'unique. Il vivait, depuis des années, avec cette continuelle passion pour les femmes. Toutes autant qu'elles sont, il les adorait et voulait les découvrir et partager les confidences secrètes et discrètes avec elles. Comment une personne comme Zeviehl, toujours à charmer les demoiselles et les dames, trouverait-il l'amour ? Et si l'occasion se présentait, s'en rendrait-il compte ?
Il ne savait pas. Et il n'aura plus cette chance de toute manière. Elle avait tourné lorsqu'il se fit mordre... Quand il y repensait, il tentait de se mettre à la place de cette vampire... : Sa "créatrice", qui l'avait follement aimé. Peut-être que l'amour n'était pas un choix mais une idée, un songe, un murmure fatal du coeur auquel nous sommes pris, où notre âme est kidnappé. Elle avait perdu son coeur, voulant le partager avec Zeviehl. Mais il n'avait pas ressentit les même choses. Et la vengeance le frappa, provenant de cette femme blessée, abattue et malheureuse, aveuglée par la rage, la folie de le voir mourir. Ce traître...
Zeviehl s'arrêta, une main sur son visage. C'était la première fois qu'il se souvenait de ce soir-là jusqu'à ressentir les émotions de sa créatrice. Il en eut des frissons d'horreurs. Drôle pour un sang froid. Il se rendait compte qu'il lui avait fait beaucoup de mal. Lui qui s'était juré ne jamais faire le malheur des femmes. L'ouïe fine du vampire lui fit entendre du mouvement dans son dos. Il se retourna, et constata une scène... étonnante. Il aperçut Aelix courir... enfin courir avec des enjambés assez hilarante, étant donné la hauteur de l'herbe qui laissait à penser que cet endroit était sauvage depuis bien plus longtemps que l'âge des fermes dans les environs. Le vampire ne bougeait plus, se demandant pourquoi il tentait de le rattraper au risque de se casser la gueule à tout moment. Il avait juste l'air d'un... Aucune importance. Zeviehl !
Essoufflé, exténué, il vit une accélération de la course, ce qui fit doucement sourire Zeviehl. Cette scène était hilarante, vraiment, surtout qu'ils s'étaient laissés à peine deux minutes auparavant. Il se stoppa pile devant lui, non pas comme un piqué puisqu'il était plié en deux en reprenant sa respiration saccadée. Un sourire compréhensif aux lèvres, le vampire ne disait rien et attendit qu'il explique la raison de sa présence en face de lui. Voulez vous entendre une histoire ?
Ah ? Curieux, Zeviehl ouvrit de plus grands yeux, ne comprenant pas où il voulait en venir. Etait-ce une proposition en rapport à leur conversation sur les amants ? Une histoire... Il aimait bien les écouter. Elles étaient riches, pleines de sagesses, et souvent embellis. Trop souvent... Cela finissait bien, comme mal. Mais quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, l'histoire avait une moral à tirer et donner une inspiration pour la suite. Le vampire s'assit sur un rocher, et pencha un peu la tête. - Je vous écoute avec plaisir, sourit-il, impatient de l'entendre.
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| | | *Démon*
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Sam 03 Mai 2014, 00:46 | |
| C'est souvent en ce genre de moment que l'on a envie de se prendre la tête dans les mains, de pleurer un bon coup avant de de cogner violemment le front contre quelque chose de dur et râpeux. "Voulez vous entendre une histoire" ? Vraiment ? Mais à quoi avais-je donc pensé ? Pourquoi ne l'avais je pas laissé simplement partir, là, seul, dans la nuit ? Pour des bonnes raisons, certes. Auxquelles j'avais eu le temps de réfléchir. Un peu. Mais ça, je ne l'avais pas prévu. Je n'y avais pas réfléchi. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir lui raconter. "Voulez vous entendre une histoire ?" Quelle idée... Et puis l'histoire s'imposa. Et les mots coulèrent entre mes lèvres, d'une voix que je ne me connaissais plus, lente, grave, ancienne, sculptant la respiration du monde.
"Elle s'est déroulée il y a longtemps, très longtemps, comme bien des histoires. Un temps où le monde tournait à l'envers, un temps dont on n'a retrouvé que des fragment, un temps d'où vient tout ce qui est très bon, et tout ce qui est très mauvais, dans notre monde. Un temps où il n'y avait pas d'entre-deux."
J'avais parlé sans m'en rendre compte. Je fis une pause, ressentant la musique de la nuit jusqu'au fond de mes os. Était-ce l'Histoire qui parlait au travers moi, répondant à ma détresse ? Était-ce un souvenir, un datant de ces temps que je venais d'évoquer, ressortant de ma plus tendre enfance ? Qu'importait : je savais ce qui venait ensuite. C'était la plus ancienne histoire que je connaissais, après tout. Je verrouillais mes yeux sur ceux du vampire. Je voulais le captiver, je voulais qu'il sente mes mots, comme des parfums, comme des souvenirs. Je voulais qu'il vive l'histoire. Je voulais le convaincre. Et j'espérais y parvenir, malgré la différence de nos esprits. J'espérais vraiment.
"En ces temps si simples, il n'y avait que deux camps. Les proies, et les prédateurs. Deux destins possibles. Pas de mélange, pas de pitié, juste l'instinct et la faim. L'aube du monde se levait à peine, et la civilisation n'était qu'un concept... éloigné. Abstrait." "Et puis, un jour, naquit un être qui choisit de ne pas entrer dans un de ces camps." "Il n'avait pas de nom, ou du moins, on ne lui en connaît aucun. Je suppose que quand on n'appartient à aucun camps, quand on défit la réalité, on n'en a pas vraiment besoin." "Cet être était un démon. Une créature de ténèbres et d'intelligence viciée, aux appétits pervers, issu de tout ce qui a de plus mauvais, corrompu. Il était destiné à tuer, à se nourrir des plus faibles. Mais voilà, ce démon n'acceptait pas qu'on lui dicte ses actions. Même si ces commandes venaient de son propre instinct. Surtout si elles venaient de son propre instinct, en réalité. Il ne voulait pas détruire ce qu'il y avait de bon. Parce que même si sa nature le renvoyait aux ténèbres, il savait apprécier la lumière. Savourer le touché, les caresses, les mots doux. Il savait goûter à la douceur d'une peau, avec ses seules lèvres, sans sortir ses crocs venimeux. Il savait aimer, aussi.
Il était le premier entre deux.
Un être fait d'ombre et de lumière, un prédateur qui refusait de détruire, de persécuter les faibles. Une âme noble, si on peut parler ainsi. Mais même ainsi, il devait se nourrir. Tout être doit en arriver là, et même la plus forte des volonté aurait du mal à se débarrasser de la nécessité de tuer. De dévorer. »
Je fis une nouvelle pause, laissant le temps au vampire de se reconnaître dans ces quelques dernières phrases. La faim, la nécessité de s’alimenter et le duel intérieur, qui affaibli, qui déséquilibre, oui, ça, il devait connaître.
Je repris, lentement, maîtrisant parfaitement ma voix.
« Il vivait parmi les humains, à cette époque. Parmi les proies. Il lui aurait été tellement facile, tellement aisé, de se servir ! Tout ce dont il avait besoin se trouvait à portée de main ! Du sang, de l'énergie, de la pureté. De la chair, tendre, délicieuse. Mais le temps passait, son corps faiblissait, et il n'y touchait pas. Mieux, il les protégeait, même, parfois, de plus en plus souvent, contre les autres prédateurs. Contre les tueurs, les vampires, les autres démons... Et tout cela l'affaiblissait plus encore. Vint enfin le moment où la mort commença à marcher dans ses pas, attendant la fin, attendant que cet être contre nature cède, se brise, tombe.
Mais voilà. Il ne tomba pas.
Il ne tomba pas, non. À la place, il fit un choix. Il décida, au crépuscule de sa vie, de renverser la réalité, d'inverser les rôles. Il décida de devenir le prédateur des prédateurs. »
Je me penchais soudain, mon visage à quelques centimètres à peine de celui du vampire, mes yeux, sans doute changé, habités de crépuscule, scrutant les siens.
« Vous pouvez être ce prédateur, Zeviehl. Vous pouvez protéger ceux qui le méritent, vous pouvez utiliser votre malédiction, la transformer en don, changer le destin ! Vous n'êtes pas esclave des généralités. Il n'y a pas qu'une seule façon de libérer vos instincts. Pas qu'une seule façon d'être un vampire. Votre essence s'est transformée en ombre, oui, mais cette ombre peut encore servir la lumière ! »
Je me redressais, enfin, et sourit.
« Bien sur, de nos jours, les choses sont un peu plus mitigées. Il n'est plus aussi simple de séparer les serviteurs de la lumière et ceux des ombres. De l'ordre et du chaos. Il n'est plus si facile de distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais. Et surtout, je pense que vous trouverez moins de démon ou de créatures des ténèbres à vous mettre sous la dent. Mais, vous qui étiez encore humain il n'y a pas si longtemps, je suppose que vous avez pu voir leur côté perverti, cruel. Certains hommes sont pires encore que les démons. Et eux n'ont pas l'excuse d'une malédiction. Ils sont mauvais par choix. »
Je repris mon souffle, refoulant la haine qui menaçait de me submerger.
« Ceux là, je ne les aime pas. Mais je dois avouer qu'ils ont plutôt bon goût. »
Nouveau sourire, mi complice, mi... Dentu. |
| | | *Vampire*
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| Sujet: Re: Un tout petit voleur [Zev] Lun 09 Juin 2014, 17:02 | |
| Aelix semblait réfléchir, traversé à la fois par le malaise et l'envie de sauter d'une falaise. Zeviehl fronça un sourcil navré devant ce désarroi, mais qui se voulait aussi rassurant. Il en avait de la chance ce drôle d'être au cheveux ébouriffés, le vampire était un excellent publique pour les histoires et contes oraux. Toujours assis sur son rocher, tel un enfant prêt à entendre une leçon contée par un grand maître, il se demandait bien quel genre d'histoire pouvait connaître un personnage aussi énigmatique et étrange que Aelix Sith.
Il commença enfin. Malgré le trouble qui naquit, le vampire écoutait avec la plus grande attention. Une drôle histoire entamait son chemin vers quelque chose de très réfléchis... Quelque chose où il se sentait visé. Concerné sans aucun doute, car Aelix voulait le toucher. Cela se voyait... En plus de bien choisir ses mots pour raconter, le jeune homme le fixait, perçant, ne lâchant pas son interlocuteur du regard. Choisir une histoire qui paraît comme semblable à la sienne était un choix très judicieux. Zeviehl sentait là un plan, car il était loin d'être bête. Mais il écoutait, cependant, car il était curieux de savoir comment ce prédateur s'en est tiré. Il avait donc réussi à vivre avec sa malédiction en se nourrissant des autres prédateurs. Original. Admirable même.
Le vampire leva un sourcil vers Aelix lorsque ce dernier insista sur le dernier point. Celui de devenir ce prédateur ? Une sorte de justicier des ombres qui travaillaient dans les ombres, en quelque sorte, et ainsi ne toucherait jamais aux créatures innocentes qui foulaient ces terres ? C'était un peu fantastique. Comment savoir si ses instincts prédateurs pouvaient être contrôlable un jour ? Ce qu'il avait fait à ce chat'ours ce soir pouvait très bien se répéter sur n'importe quoi, ou n'importe qui... Ce qu'il redoutait le plus, d'ailleurs... S'en prendre aux autres, aux humains en particuliers. Car ils étaient les seuls à pouvoir répondre par la force et avec force... Sans vraiment savoir les techniques utilisées contre les vampires, Zeviehl en connaissait quelques une qui n'étaient pas très jolies...
Mais il avait ce choix. Les monstres ne proliféraient pas autant en ce monde, mais ils existaient. Et des hommes cruels, sans foi ni loi, étaient en nombre. Et ça, Zeviehl le savait très bien. Il avait été victime d'une des pires trahisons que l'on pouvait subir. Trahis par un ami. Le sourire d'Aelix ne manqua pas de charme malgré l'air légèrement... vorace. Plus de doute là dessus depuis tout à l'heure, le vampire avait très bien compris ce qu'il avait en face de lui. Sans toutefois connaître le nom exact, il était clair qu'il n'avait pas un être humain normal sous ses yeux. C'était plutôt rassurant d'ailleurs... Il se sentait moins seul. Le vampire répondit, un peu plus timide, d'un sourire qui montrait ses canines longues et pointues. Il reprit un air un peu plus sombre pour lui répondre : - Votre histoire fut intéressante et pleine de sagesse, maître Aelix Sith... Mais je ne suis pas sûr d'être un prédateur comme vous le décrivez. Je ne suis pas aussi puissant de volonté et de capacité... Pas pour le moment en tout cas.
La preuve en était qu'il ne savait pas contrôler ses instincts de chasseur... Il se releva et fit face au jeune homme. - Je réfléchirais à vos paroles, sur la route... Je ne sais pas qui vous êtes exactement, mais vous semblez partager des idéaux dignes d'un défenseur des faibles, non ? Ayant été humain, je sais très bien ce qui vie sur ces terres...
Le visage calme devenait un peu plus tendu avec des sourcils froncés et des poings serrés. - Des traîtres. Des meurtriers. Des hommes aussi cruels qu'usant de l'injustice pour mieux opprimer. Mais je ne suis pas un justicier ou un brave chevalier, maître Aelix. Je suis un chasseur qui a soif de vengeance...
Retrouver la vampire qui l'avait transformé serait inutile, ça Aelix lui avait fait comprendre par ses sages paroles. Mais il avait une chasse à mener : retrouver Mahel. Retrouver ce traître. - Je reviendrais sur Reilor, un jour. En espérant vous y retrouver... , lâcha Zeviehl en se détournant, reprenant sa marche vers les ténèbres de la nuit.
Après tout, il fallait au moins qu'il revienne pour faire le compte avec lui de qui avait rencontré le plus de femmes.
Et pour lui dire son choix. |
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