Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.

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Almuru Murmushi
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Almuru Murmushi

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MessageSujet: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyJeu 02 Aoû 2012, 17:20

Ba Boum...

Ba Boum...

Ba Boum...

Ba Boum...

Almuru aurait pu croire qu'il s'agissait de tambours. Il en appréciait le son, après tout. Les tambours, cela signifiait se battre, plonger son marteau-faux dans le crâne d'un type, ou bien être sur la mer et entendre la cadence donnée aux rameurs. Mais le nain savait qu'il n'était pas sur un champ de bataille, ni sur la mer.

Car il n'y avait aucun bruit sinon celui de son cœur. Pas de houle. Pas de cris ou de chants de guerre. Mais le nain devait bien admettre, tout le fracas des armes ou bien la simple sensation de goûter le sel de la mer sur ses lèvres lui donnaient l'impression d'être vivant. Son cœur était un tambour, un tambour signifiait la vie. Rien de plus simple.

Il ouvrit les yeux. Ou plutôt l’œil. Un coup d'épée mal placé, au cœur d'une bataille, lui avait fendu la mirette gauche comme on fend une poire trop mûre. Almuru se souvenait d'avoir beuglé et crié comme une fillette. Avant de réduire son adversaire en charpie sous l'influence de la rage et de la douleur.

La seule chose qu'il vit, c'était du rouge. Partout. Pas comme si cette couleur le dérangeait, notez. Mais disons que c'était un peu trop agressif.

Avec un soupir, le nain se leva avec précaution et observa son environnement. Bah tiens, ça, c'était fait. Pas de porte, du rouge au plafond, du rouge au sol, du rouge sur les murs – même les photos étaient teintées de cette couleur – et un grand miroir au centre.

Almuru jura. Il ne comprenait pas à quoi tout ceci rimait : ça ne pouvait certainement pas être une farce des scientistes – les Esprits de la Pierre savaient à quel point ces derniers avaient un mirifique sens de l'humour – ni même les Brises-Rêve. Eux aussi étaient connus pour leur magnifiques traits d'esprits. Ha, ha. On s'amusait tellement avec ceux là que le sieur Murmushi en aurait écrit des poèmes, s'il avait eu un tant soit peu l'esprit lyrique.

Le nain observa alors les photos. Des quantités et des quantités de photos. Il poussa un sifflement admiratif, qui résonna dans la pièce. Eh ben ça, mon cochon, c'était du bon travail ! Il se demanda comment celui (ou celle) qui était l'auteur de ce boulot avait fait. Non, mais c'est vrai ! De sa naissance jusqu'à celles de son fils et de sa fille, de sa lente ascension jusqu'à son avènement en tant que Cauchemar... Il admirait ce travail comme on admire le coup de pinceau d'un autre maître.

Sur un autre hochement de tête appréciateur, Almuru se détourna des photos et se tourna vers le miroir.

« Comme si j'avais autre chose à foutre, hein ? »

Sa voix puissante, rocailleuse, remplit l'espace. C'était une voix qui avait vécu, on le sentait sitôt qu'on l'entendait. Une voix de basse, râpeuse à cause du tabac, une voix qui avait une mélodie propre à l'agitation, au trouble, habituée à entraîner dans son sillage l'effarement, et à en rire. Sa voix était orage.

Mais passons maintenant à l'apparence du sieur Murmushi. Il était petit. Ça, tous les nains l'étaient. Mais pour les nains, il passait pour un géant, un Goliath nanique. Des muscles puissants et des épaules massives, prêts à manier le redoutable marteau-faux qui avait fait sa réputation, mis en valeur par la simple tunique qui enveloppait le nain et qui dévoilait ses biceps – le droit portait un tatouage, les entrelacs de son clan d'origine. Almuru n'avait jamais aimé les broderies et les vêtements compliqués. Un vêtement, c'était pour éviter de se balader à poil, point barre. Pas la peine d'en prendre de bien jolis ou de protecteurs ; de toute façon, ça ralentit et ce n'est pas pratique quand on doit monter sur les toits. A sa ceinture, gourdes et diverses escarcelles, contenant eau, or, et tabac. Tout ce dont il avait besoin. Et oui, vous avez bien vu, eau. Mais passons.

Ses doigts étaient larges, tâchés de poudre, chargés de bagues. De même que ses oreilles, d'abord en choux-fleur, puis ensuite déformées par le poids des boucles et des ornements.

Ensuite, ses cheveux. Ils avaient été roux, un temps. Et puis le gris avait envahi l'étendue rousse jusqu'à la remplacer complètement. Ses sourcils, broussailleux. Le nain était, pour ses congénères, dans un âge mûr. Mais l'âge n'avait pas enlevé au nain la lueur cynique de son regard, ni même cette manière dont cet œil doré vous fixe ; vous ne savez jamais vraiment ce que le nain pense de vous, mais ce qui était sûr, c'était qu'il pense quelque chose de vous. Et ce n'est jamais très agréable. Ni même ce sourire sarcastique, à moitié défiant, qui se gausse plus ou moins de vous car vous n'avez ni l'expérience du nain, ni sa vision de la vie. Surtout qu'il y a un vous-ne-savez quoi qui vous attire, chez lui. Un peu comme un marchand de glaces chez les enfants, ou un conteur près du feu les soirs où il y a une tempête de neige, dehors. Il y a ce quelque chose qui vous rappelle un désir enfoui. Certains ont déjà dit qu'Almuru leur rappelait l'atmosphère du Rêve, ou le Rêve lui-même... Un comble, concernant un Cauchemar. Mais là est une autre histoire que je vous raconterais plus tard.

Sa peau, pâle, bien qu'il ait passé des années en mer et sur les routes. Mais peut-être que venir d'une roche sortie des eaux profondes vous préservait de bronzer... En tout cas, elle ne vous préservait pas d'avoir des marques : Almuru était couturé de cicatrices : figure, corps, doigts. Il n'y avait peut-être qu'un endroit où il n'avait aucune cicatrice, mais une femme de classe dans mon genre ne mentionne pas ce genre de chose en public.

Et puis bien sûr, il y a les objets personnels d'Almuru Murmushi. Il y avait bien sûr K'ok'Wan Kai, son marteau-faux, qui ne le quittait jamais. Et puis il y a aussi sa pipe. Car Almuru est un grand fumeur.

Son cœur est tambour.

Sa voix est orage.

Sa peau pierre blanche usée.

Ses cheveux fils gris.

Ses mains sont faucheuses.

Son œil est d'or.

Je vous présente Almuru Murmushi, Brise-Rêve. Cauchemar.

Dans la salle rouge, Almuru sourit à son reflet.
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Ether
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyVen 03 Aoû 2012, 19:55

Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. Oeilturquoise

Dans un silence absolu, le moindre son prend une importance capitale. Ce n’est pas comme dans votre univers, rongé par le bruit, érodé par votre simple existence, non... Ici, le plus petit bruissement résonne de multiples harmoniques, un souffle se répercute à l’infini pour se faire rugissement. Ici, le son prend tout son sens, taillé de telle façon que chacune de ses facettes étincellent...

Emerveillé devant la richesse chaotique de la mélodie sauvage qui me parvient, j’en ai presque oublié le fracas de ton arrivée. Avec lassitude, je viens t’effleurer de mes interrogations, je tournoie pensivement autour de toi... mais peu à peu, un enthousiasme infantile éveille ma créativité. Un nain ! C’est tellement rare, un nain ! Oh, merci, merci donc de ta venue ! Impatient, j'attends que tu t'éveilles et que tu admires le gigantisme de la salle que j'ai bâtie pour toi. Quelle générosité, n'est-ce pas ? Tu ne pourras ainsi pas oublier à quel point tu es petit...

Enfin, tes yeux s'ouvrent, tes pensées se mettent péniblement en marche sur les rails de ton esprit. Viens donc vers moi, laisse-moi partager ton apparence un instant... et quelle apparence !

Mais lorsque ton regard se pose sur moi, je n'ai pas le temps de savourer ma métamorphose. Tu m'interpelles, tu t'adresses à moi comme si tu pouvais voir au travers des illusions... Un instant déstabilisé, je manque de peu me révéler à tes yeux. Mais mon éternité d'expérience reprend le dessus et je joue mon rôle sans fausse note... du moins un temps. Mon véritable regard apparaît enfin, oui, même superposer à ton oeil mort, ton visage s'affine pour former celui que je me suis choisi. Le temps se suspend, la clé tinte à la frontière entre nos deux mondes. A ce contact, la surface se fend puis se brise en mille morceaux pour te laisser passer à travers.

Déçu de ne pas avoir pu profiter davantage de toi, je te regarde disparaître, avalé par les ténèbres dans lesquelles je m'en retourne. Pour retrouver le silence.


Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. Clrougeno6

[ Toujours le même plaisir de te lire Smile
Pense juste à remplir ton esquisse avant la fin de ta validation.
Ah, et désolée si je mets un peu de temps pour valider chaque salle, boulot oblige! ]
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Almuru Murmushi
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyVen 03 Aoû 2012, 22:00

[Qu'est ce qui m'a trahie ? xDD Et pas de soucis, de toute façon, prends ton temps... Tu pourras jamais faire pire que la mission qui traine *sifflote*]



Tout se brouilla autour de lui ; son reflet s'affina, et un instant il crut apercevoir un autre visage, mais très vite le miroir se craquela, et s'effaça, ne laissant qu'une entrée d'une obscurité dévorante.

Almuru y pénétra sans crainte. Ç'aurait été profondément stupide si lui avait eu peur du noir. Un autre rictus déforma ses lèvres et remonta sa moustache. C'était plutôt lui, qui effrayait les gens dans les ténèbres. Pas l'inverse. Cette pièce était un manteau d'ombre, et il en avait l'habitude.

Et puis ce n'était pas comme si toute cette histoire n'était pas saugrenue.

Bientôt, la lueur rougeâtre de la salle rouge s'éteignit, et Almuru se retrouva dans le noir complet. Il inspira profondément, se gorgeant du silence total. Il n'y avait pas d'écho, ici. Même le bruit de ses pas n'avait pas résonné. Il aimait ça, il aimait...

- Le Néant, hein ? Le Vide. Le Silence. Total ! Complet !

Même si de toute façon il avait pu voir, Almuru n'ouvrit pas son œil. Il poussa simplement un soupir déçu. Voilà qu'il y avait une voix qui perturbait son doux silence. Il ne savait pas d'où elle venait, mais elle l'importunait. Sa paupière se souleva au bout d'un moment. Il faudrait donc...

- Me tuer ? Ha ! Comme si tu pouvais !
- Quoi donc ? Je l'ai déjà fait. Il n'y a rien de plus facile que de prendre la vie de quelqu'un. La vie est si... fragile.
- Comme les rêves ? Voilà pourquoi tu les prends ? Pour prouver qu'ils sont fragiles, eux aussi ?
- Aïklando est une... putain d'illusion. Chaque année, des milliers d'abrutis prennent des embarcations et se perdent en mer. Je leur rends service. Je ne vois pas le problème.

La voix eut un rire-sifflement.

- Pourquoi ai-je senti le doute... et la honte dans ta voix quand tu as parlé d'Aïklando, Almuru ? Tu aurais des choses à cacher... ?

Et de nouveau ce rire étrange. Curieusement, au lieu de l'agacer, ce son eut pour cause de le faire sourire à son tour. Mis à part lui parler, qu'est-ce-qu'elle pourrait faire ? Il resta donc silencieux, attendant.

- Comme un monstre en chasse. Tu es patient. Ce n'est pas comme la plupart des nains, hein ?
- Peut-être est-ce l'âge, se moqua Almuru.
- Oh oui ! L'âge ! Parlons-en ! Tu es plus vieux que tu n'en as l'air. Qu'est ce que tu as fait pour vieillir aussi lentement, on se le demande ! Est-ce ce que tu as demandé aux Brises-Rêve ? Une longévité accrue ? Allez, dis-moi, ronronna la Voix.
- Les pierres venues de l'eau sont rares et anciennes, Voix. Je suis issu de la mer. La mer est immémoriale, et les pierres en son sein plus encore. Je n'ai pas demandé ceci aux Brises-Rêve. Comme si j'avais envie de vivre éternellement ! C'est bon pour ces couillons de démons et de vampires, ça. Aucun intérêt. Non, ce que j'ai demandé – puisque tu me le demandes, et qu'il n'y a rien d'autre à faire, de toute façon – c'est...
- Ton œil jaune. Capable de voir dans le noir complet. Comme dans la lumière la plus pure. Capable de voir loin comme l'aigle, de repérer la chaleur comme la vipère, et selon ton bon vouloir. Je sais. Comme je sais que tu as peur de vivre longtemps, très longtemps. Pourquoi cet effroi, Almuru ? Dis moi !

Almuru éclata de rire.

- Pourquoi demande-tu ? Je devrais plutôt me taire et te laisser soliloquer, puisque tu sais tout. Vas-y, dis-moi qui je suis, provoqua le nain.
- Non, je ne te dirais pas qui mais quoi. Ce n'est pas ta vie ou ton identité qui m'intéresse, nain. C'est ton essence. Mais tu es intelligent. Et emplis de mystères. « Fin du jour » , « Faucheur »... Dis-moi ce que tu cherches.
- Tu l'as déjà dit, Voix, sourit le nain. Le Vide. Ce monde est pourri. Il faut le détruire pour le reconstruire. Ces Brises-Rêve ne sont qu'un outil. Ils croient me contrôler, mais je me sers d'eux.
- Petit menteur (Almuru eut l'impression que la Voix souriait), tu n'accuses pas le monde, tu accuses autre chose... Mais quoi ? Et pour ça, oh, oui, tu te sers de tes propres enfants. Hak'ora et Ja Wur, c'est ça ? Ta fille et ton fils. Le génie et le dégénéré.

La Voix avait réussi là où elle avait échoué peu de temps auparavant. Les poings d'Almuru se serrèrent de rage et sa mâchoire grinça.

- Tu viens de signer ton arrêt de mort.
- Hé, hé ! Quoi ? Parce que j'ai dit la vérité ? Parce que tu refuses de voir que ton fils est un fou furieux ? Parce que tu te sens coupable ? Tu as raison. C'est parce que tu avais refusé de Rêver quand tu l'as sculpté qu'il est si... incomplet. Pas la faute de la naine, en tout cas. Et ça te ronge. Parce que Hak'ora est si belle, si parfaite, si intelligente ! En somme, ta fille est ton intellect et ton talent, et Ja Wur est ta rage et ton désir de destruction. Magnifique. Je disais donc : le génie et le dégénéré. Tu as honte de préférer ta fille, Al'. Parce qu'elle te ressemble. Elle est grande, talentueuse, alors que l'autre est un amas d'instincts purs et aveugles, qui ne Rêve pas, qui n'a jamais rêvé. C'est une autre partie de toi que tu refuses de voir.
- Je ne me sers pas d'eux, articula difficilement le nain.
- Tu ne réfutes donc pas préférer ta fille ? Intéressant. Et si, tu les utilises. Mais je te concède ce point, tu les aimes. Tu es peut-être le premier nain avec un instinct paternel aussi prononcé. Peut-être voulais-tu voir que tu pouvais créer la vie au lieu de la détruire ? C'est le cas. Et après ? Travailler pour les scientistes en plus des Brises-Rêve. C'est du bon travail. Très moral. Très juste, ça oui. Tu étais doué pour tailler la pierre, pourtant. Tes sculptures valaient de l'or. Les naines se seraient presque battues pour travailler avec toi sur tes enfants ; à défaut d'être sain d'esprit pour Ja Wur, il est plutôt beau. Tu ne vaux même pas le pire des mercenaires, car tu as choisi de travailler pour le pire, et sciemment. Tu n'as aucune fierté ?
- Tu vas finir par la boucler, un jour ?
- Non. Tu es trop différent des autres nains. En même temps, ils ne viennent pas de la mer, aussi. Ça doit jouer. Tu aimes jouer, hein ? Jouer avec le feu. Car tu t'es frotté à l'eau glacée, quand on ne t'avait pas encore sculpté, tu crois que le feu ne te brûlera pas ? Venu d'une pierre si différente des autres, te crois-tu supérieur ? Moi, je dis que oui. Tu te crois plus clairvoyant. Détruire pour reconstruire ? C'est ça mon mignon. Tu parles d'un monde entier, là. La mer est grande, peut-être pour ça que tu es si excessif. Mais comme je l'ai dit, ce n'est pas tout. Tu me caches quelque chose. Tu refuses toi-même de voir quelque chose, tu préfères faire comme s'il n'existait pas, comme si ton origine ne te faisait pas peur...

Almuru se contraignit au silence et à se calmer. Ce n'étaient que des paroles, des mots, du vent. Qu'elle devienne un peu solide, cette Voix, et elle goûterait à K'ok'Wan Kai ! Par les esprits de la pierre, allait-il s'énerver pour si peu ?! S'énerver contre du vent ? Conneries !

- Tu vois ? Quand on t'agace, tu n'attends qu'un signal, tu attends que le funambule tombe de son fil pour le happer. Tu te contraints à rester calme... Chasseur dans l'ombre, chasseur aux aguets... Pourquoi aimes-tu corrompre les rêves des autres ? Qu'est ce que ça t'apporte ?
- Plus de partisans, répondit le nain. Certains rejoignent les Brises-Rêve. Ceci les renforce. S'ils sont renforcés, ils me renforceront moi un jour ou l'autre. Ils croient que je suis une simple arme, un Cauchemar... Mais ils se trompent. Tous. Un jour, ils verront qu'ils se seront fourvoyés, mais là, plus personne ne pourra m'arrêter. Quand tout sera détruit, tout plongé dans le Vide, alors nous pourrons reconstruire. Un monde libéré de ce Rêve, d'Aïklando... Avec Hak'ora, je pourrais tout reconstruire. Elle a le potentiel pour ça. Je l'ai sculptée pour ça. Ja Wur... Ja Wur sera son gardien. Son protecteur. Comme il l'a toujours fait.

La Voix gloussa.

- Ah ! La voilà la raison ! Tu veux détruire Aïklando ! Mais... C'est étrange, pourtant. Tu ne ressens pas de...
- Haine ? Non. Juste le sens du devoir, Voix. Cet archipel ne marche pas. Il est gouverné par une illusion et des scientistes. J'aimerais détruire Aïklando, mais comme elle n'existe pas, il faut purifier les autres îles et reconstruire. Il n'y a que ça à faire. Je ne hais pas ses habitants, je les plains. Je pense même en apprécier quelques uns.
- Petit menteur. Tu n'es pas sincère ni avec moi, ni avec toi-même.

Il y eut le silence. Almuru sourit et apprécia ce retour à la normale. Puis, voyant qu'il ne se passait rien, il ricana et fit :

- Quoi ? Je dois chier des roses en plus ? C'est bon ? Tu sais ce que tu veux, maintenant !

- L'autre, peut-être, mais pas moi, ajouta une autre voix, androgyne.

C'était la première fois qu'Almuru ne parvenait pas à savoir si la voix était masculin ou féminin. Il tenta d'utiliser son œil pour percer les ténèbres, mais une violente douleur lui vrilla le crâne et lui arracha un jappement de douleur.

- T-t-t-t, pas de ça avec moi. C'est une salle noire, ici, mon garçon. On ne cherche pas à découvrir ce qui se cache sous l'ombre, on se contente d'écouter et de répondre à ce que je dis, vu ?

Almuru cracha au sol, agacé.

- Quoi ? Tu veux savoir quoi ?
- Ce qui a mal tourné. Après, je te laisse. Pourquoi rejoindre les Brises-Rêve ? Artiste. C'était honorable. Tu savais te défendre. C'était suffisant. Tu avais une fille, sculptée avec tout ton art dans de l'Autrixe. Tu viens d'une pierre qui a passé de longs siècles dans l'eau. L'eau fait partie de toi, tu es irrémédiablement attiré par la mer. La mer est calme, belle, ouverte à tous.
- La mer est tempête, Voix. La mer est violente et traîtresse. Elle touche tout, s'infiltre partout si on la laisse faire.

Après un temps de silence, l'autre Voix souffla finalement, mêlant peine et respect.

- Venue de l'eau, ta pierre a touché Aïklando, n'est-ce-pas ?
- Tais-toi.
- Non. Ta pierre vient de l'île, en fait. Le Rêve était fort. Tu ne le faisais pas qu'une nuit, c'est cela ? Tu étais trop lié à l'île. Elle te rappelait à elle tout le temps. A chaque instant. A chaque seconde. Tu allais devenu fou.
- J'AI DIT LA FERME !! hurla le nain.
- J'ai ma réponse, murmura la Voix. Pauvre de toi. Je ne sais si je dois te plaindre ou être dégoûté par ce que tu as fais. Tu avais un lien unique. Tu aurais pu être le seul à même d'aller et de revenir de l'île. Et tu l'as sacrifié avec les Brises-Rêve... Mais dis-moi... empêcher les gens de Rêver, de les dissuader d'aller sur Aïklando... est-ce pour les sauver, ou pour sauver l'île ? Veux-tu détruire Aïklando ou la préserver de ces pieds et ces mains fouineurs et impurs ? Tu vas devoir choisir. Tu as voulu choisir, en préférant les Brises-Rêve. Mais est-ce que ton choix a vraiment compté ? Ne sens-tu toujours pas sa force sur toi ? Son appel incessant ?
- Tu n'as pas entendu ce que j'ai dit ? gronda Almuru.

Comme exaucé, le silence lui répondit.
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyDim 12 Aoû 2012, 10:44

Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. Lvres2db7

Nous apparaissons lorsque le rideau tombe. Dans les coulisses obscurs du monde, nous les observons. Nous attendons de les rencontrer. Et lorsqu’ils s’aventurent par-delà les limites du théâtre où ils jouent leur vie, nous sommes là, charognards impatients de dépecer leurs esprits. Nous observons, nous écoutons.

Puis nous fondons sur notre proie une première fois, nous jouons avec ses nerfs. Mais celui-ci les a solides... Peu importe, nous endossons un rôle, nous mimons la colère, la haine, la moquerie. Mais il n’y a aucune réalité dans ces émotions. Ce n’est qu’un jeu.

Et nos mots filent, flèches effilées auxquelles il essaie en vain d’échapper... Mais vrai, il n'essaie même pas, nos armes ne le blessent nullement. Vexés, nous l'attaquons par des reproches faciles, avec le vague espoir de le faire céder. Mais comment faire défaire celui dont les trefonds font sa fierté ?

D'un dernier trait, nous touchons au but, tout au fond, faiblesse douloureuse repliée et bien cachée sous le reste. Nous nous retirons avec un sifflement exaspéré. Au loin, la lumière perce les ténèbres. Qu'il fuit avec que nous ne l'engloutissions de dépit !


Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. Clnoireyv6
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyDim 12 Aoû 2012, 18:35

Après la noirceur dévorante, la blancheur éclatante. Quand il passa d'une pièce à l'autre, Almuru ne fut nullement ébloui. Il fut simplement surpris de se retrouver les pieds dans l'eau.

Bordel de foutre, ça n'allait pas simplement finir une bonne fois pour toutes, hein ?

Il se saisit de sa pipe, représentant un petit monstre, la bourra de tabac et l'alluma. Tirant lentement une bouffée, il soupira d'aise, et finit par une fois de plus observer son environnement. Rien. Que de l'eau et une blancheur qui en aurait aveuglé d'autres.

Cependant, il capta un mouvement dans l'eau, et son intérêt s'éveilla. Surtout quand des images se formèrent...


Tout est flou, tout est brume. L'image n'est pas très nette, et pour cause : tenter de percer les secrets d'Aïklando autrement qu'en posant le pied sur elle est pire qu'un péché capital. Mais on arrive à distinguer ceci : une falaise de pierre blanche qui s'effondre, à cause de l'érosion. D'énormes morceaux de roche tombent dans la mer, qui les avale avec avidité.

On suit avec intérêt le trajet d'un moellon en particulier. Assez grand, il tombe au fond de l'eau et les courants le transportent, le transforment, l'érodent, le poussent, le raclent, jusqu'à que sa taille diminue, jusqu'à ce qu'il soit plus facile à transporter. La mer le garde en son sein comme une mère aimante. Comme si elle ne voulait pas le lâcher. Comme si elle voulait en faire du sable, pour que personne ne puisse le retrouver, et l'utiliser.

Sauf que... Voilà, il y a La'Anta Murmushi. Une naine, aux cheveux d'un roux flamboyant. Elle ne pressent pas l'arrivée du Rêve, du moins pas pour le moment, mais elle sait qu'elle a envie d'un garçon. Et qu'elle veut une pierre d'exception. Une pierre qui fera baver d'envie les autres nains, une pierre différente des autres, sortant à tout prix de l'ordinaire. Alors, pourquoi pas une pierre océanique ?



Almuru observait sa mère avec intérêt. Il ne l'avait jamais vraiment connue. Du peu qu'il l'ait côtoyée, leur relation avait toujours été un peu froide. Comme si, après lui avoir donné naissance, après avoir taillé sa pierre, La'Anta s'était désintéressée de son œuvre. Comme si elle regrettait de l'avoir sculpté et de ne pas avoir gardé en fait la pierre pour elle-même. Pourtant, Almuru avait le souvenir que La'Anta était talentueuse. Un don certain pour tailler la pierre et parler aux Esprits de la Pierre. C'était d'ailleurs comme ça qu'elle avait été guidée vers lui, vers sa roche. Les Esprits étaient attirés par lui, comme des abeilles vers le miel.


L'identité de son père n'a pas grande importance. La'Anta a besoin d'un nain pour donner naissance à son fils, mais elle a trop de caractère et de volonté et l’œuvre est essentiellement de son fait. Et elle doit avouer, la pierre est magnifique : les Esprits l'ont guidée vers elle, et elle les loue pour cela.

Elle est d'un blanc non pas très pur, mais éclatant. Comme si elle rayonnait de soleil. Elle a le goût de sel et est solide comme du granite. La'Anta est certaine d'avoir un beau garçon.

Elle garde la pierre précieusement, et quand le temps est venu, elle la sculpte. Son compagnon, un nain aux cheveux bruns et à la peau mate, est presque inexistant à côté d'elle : car La'Anta est presque exaltée, presque possédée tandis qu'elle sculpte son garçon, qu'elle lui donne ses formes futures. L'effet de la pierre, sans doute...

Une fois l’œuvre achevée, La'Anta est pleine d'appréhension. A-t-elle tout fait correctement ? Et puis son compagnon l’entraîne au loin.

Les autres sculptures prennent vie en moins d'un an. La'Anta revient, en secret, observer son fils. Mais il ne bouge pas. Toujours sculpté, la tête un peu haute, regardant vers la mer, mais les yeux fermés.

La'Anta revient l'année suivante. Non pas pour concevoir, mais pour observer son fils. Toujours immobile.

La'Anta revient encore trois fois. Et puis elle abandonne. C'est un échec total qui lui meurtrit le cœur, et elle devient amère.

Et pourtant... si elle était revenue l'année suivante, elle l'aurait vu bouger. Alors que le Rêve annuel se termine et que l'aube teinte le ciel de rose et d'or, le soleil touche de ses rayons la pierre blanche. La statue cligne des yeux, aveuglée par l'astre du jour. Le blanc reflue, les couleurs envahissent l'espace. La barbe d'un roux vif, la peau pâle, et des yeux d'un vert ensorcelant. Et la première inspiration. Petite. La seconde est plus profonde. La'Anta aurait vu un soupir. Un léger sourire, tendre, amusé, doux. Et puis elle l'aurait vu s'étirer, lentement, posément, sans se presser. Comme si le Temps lui appartenait.

C'est qu'elle a attendu cinq ans, cette statue, pour s'éveiller. Après tout, quelques minutes de plus ne lui feront pas de mal, si ?

Et enfin, après que le corps ce soit éveillé, c'est l'âme. Et Almuru nait. Il est seul. Les autres statues viennent d'être taillées. Elles ne sont pas encore matures, pas prêtes. Il les observe avec attention, mais voyant qu'elles ne bougent pas, il hausse les épaules et son regard d'émeraude se porte vers la mer, et un autre sourire étire sa bouche. La mer, auréolée par le soleil levant, rosée par l'aube...

La mer...



Dès sa naissance, et Almuru s'en souvenait, il avait toujours été attiré par la mer. La plupart des nains voyaient cette étendue d'eau infinie avec une certaine indifférence, mais Almuru avait été littéralement fasciné par les mouvements de l'eau et de sa couleur changeante. Il s'en rappelait, il avait dû attendre un jour, à simplement regarder la mer, avant de se mettre en route.


La'Anta a trop mis d'elle-même dans la pierre. Son fils, né solitaire, n'a pas de Mine où travailler, pas de compagnons à aider. Il erre donc dans un premier temps, apprenant seul et durement. Comme tous les nains, mais à chaque génération, ils étaient plusieurs, ils pouvaient s'entraider. Almuru était seul.

Mais comme La'Anta peut parler aux Esprits, son fils peut en faire de même. Il ne les voit pas, mais il les entend. Et il leur répond. Un nom flotte dans son esprit, son esprit de nouveau-né. Les Esprits le guident, lui font traverser des lieues pour qu'il trouve la Mine de La'Anta.

Quand les autres nains le voient, ils sont surpris. Ils voient bien qu'il s'agit d'un nouveau-né. La'Anta, prévenue, se dirige vers son fils. Ils ne se touchent pas. Même si Almuru aimerait. Il aimerait de l'amour maternel. Des bras autour de ses épaules, un baiser sur le front... Mais autant demander ça à quelqu'un d'autre. La'Anta a été déçue, et plus encore, elle n'a pas assisté à l'éveil de son fils. Elle lui en veut. Après quelques mois où Almuru apprend les coutumes et comment survivre, il se met en quête d'une autre Mine. Sa mère ne lui apporte rien, à part un nom de famille. Alors il la quitte.

Il a toujours cet esprit rêveur, pourtant. Almuru a la tête dans les nuages, il s'enchante de la forêt, il s'enchante de la terre ; il découvre tout, s'émerveille de tout, comme un enfant le ferait. Il trouve un Mine, taille quelques pierres, et repart de nouveau sur les routes. Almuru a soif d'apprendre. Sitôt qu'une Mine ne lui apporte plus rien, il part en quête d'une autre. Il engrange du savoir, de la technique. Ses tailles de pierre et ses sculptures deviennent très vite des chef d’œuvres. Comme s'il avait un don pour la création, l'enchantement des sens, l'Appel.

Quand on sait d'où il vient, la raison en est aisément trouvable. Mais pour les autres... Eh bien, pour les autres, Almuru est un nain bien étrange. Déjà, il y a cette aura bizarre, comme s'il sentait le Rêve lui-même. Certains ont bien tenté de lui faire dire des choses sur Aîklando, mais Almuru haussait les épaules et disait qu'il n'avait jamais pris la mer.

A ces réponses là, les Voix de la salle noire auraient dit : « petit menteur ». Almuru avait prit la mer. Une fois. Et l'expérience l'avait tellement exalté qu'il en avait eu peur. Au début. Et puis, voyant qu'il tournait en rond et que les Mines ne lui apportaient plus rien du tout, il l'avait reprise. Cette fois, il eut bien moins d'appréhension. Mais un nain qui aime la mer et l'eau ? Étrange.

Il passe des années d'un bateau à l'autre ; il se taille une réputation de bon matelot, et de bon guerrier. Car il y a des pirates à tuer. Et on ne peut être sur un bateau sans essayer de savoir se battre. Même, on ne peut parcourir l'archipel de long en large et en travers sans apprendre à se battre, car autrement on ferait une cible de choix pour tous les coupes-jarret du coin.

Almuru est discret et secret. Il ne parle pas beaucoup, même s'il a une belle voix de conteur et sait raconter des histoires. Mais il observe, et il pense. Il ne sait à qui se confier.

Car ce qu'Almuru tait également, c'est l'attrait qu'exerce sur lui Aïklando. Quel marin ne l'est pas ? Mais pour lui, c'est différent. Le Rêve est pire. Almuru s'est souvent réveillé en sueur, en larmes, prêt à sauter de la rambarde du bateau pour rejoindre à la nage sa Terre-Mère. C'est un lien dévorant, qui lui ronge l'esprit et l'âme.

Les Esprits ne peuvent pas le calmer. D'ailleurs, Almuru s'est fermé à eux, par peur de se laisser convaincre. Almuru a peur de dormir. Le sommeil le fuit. Aïklando l'appelle incessamment. Comme si, en ayant cherché sa mère et l'amour maternel, l'île le lui offrait. Le nain a des maux de tête incroyables, son humour grinçant le quitte, il devient violent. Ses Rêves journaliers sont cependant moins pressants, moins écrasants que le Grand Rêve.

Le seul moyen de ne pas complètement plonger dans la folie, c'est de se battre. Se battre et tenir la barre d'un navire. Car alors Almuru ne pense à rien d'autre qu'à sa survie ou à diriger le bateau, Aïklando a moins de prise sur lui. Mais plus il prend de l'âge, plus il sculpte, plus il reste sur la mer, l'Appel se fait plus pressant, le Rêve semble le supplier, comme une mère désespérée cherche son fils perdu.

Il finit par quitter les bateaux, pour se reposer. A l'intérieur des terres, se dit-il, l'appel de la mer et d'Aïklando se fera moindre.

Almuru a un peu raison. Mais il n'échappe pas au Rêve. Il revient le tourmenter. La pluie elle-même lui martèle le crâne. Il va devenir fou.

La délivrance vient ironiquement de ce qui attire tous les nains au même endroit : le besoin de concevoir, d'avoir une descendance. Almuru, tout comme sa mère, veut une pierre de qualité pour son enfant. L'Autrixe. Ça tombe bien, une naine l'a. Elle est plutôt belle. Elle accepte qu'il l'assiste pour sculpter. Elle a entendu parler de lui. Car même marin, Almuru a toujours sculpté. Un besoin de créer. Il s'est fait une petite fortune avec ses œuvres. Et la fortune est quelque chose que les nains respectent.

C'est avec patience et tendresse qu'Almuru sculpte sa fille. Il s'inspire du visage de sa compagne. Car elle est vraiment très belle. Le nain est presque étonné d'avoir fini en fin de journée. Étonné d'avoir travaillé si vite. Étonné de ne pas avoir ressenti l'Appel d'Aïklando. Un moment de paix. Le repos, enfin, après des années à se presser les mains contre le crâne pour essayer de ne rien entendre.

Les nains partent. Mais pas lui. Même la naine au beau visage n'a pas réussi à le convaincre de partir avec elle. Il reste seul, à l'endroit où sa fille va naître. Il se contente de revenir tous les jours, de surveiller.

Quand des statues s'éveillent, il se cache, pour éviter qu'elles le voient. Mais quand c'est le tour de sa fille, là, il se montre à elle. Et il lui donne son nom. Et il l'aide. Il chérit déjà ce petit bout de femme.

A s'occuper de Hak'ora, l'Appel de sa Terre-Mère se fait moins fort. Alors Almuru en profite. Il adore sa fille. Il est impressionné par son pouvoir sur la terre et son lien avec le monde des Esprits. Elle est douée, terriblement douée. Et lui en est fier, terriblement fier.

Mais lui qui croit pouvoir rejeter Aïklando et l'ignorer, le voilà qui se trompe. Comme vexée, l'île se rappelle à lui. Les crises se font de plus en plus fortes. Hak'ora le soigne comme elle peut, mais les rêves de son père l'effraient, son comportement aussi. Cependant, elle serre les dents et le soutient. Même quand, dans son sommeil, il pleure et hurle à l'île de le laisser en paix, de renoncer à lui, implorant pitié pour que tout ceci s'arrête.


Almuru ne put pas empêcher sa gorge de se nouer. Hak'ora avait été là, plus que tout autre. Ses amis étaient partis. Elle avait fait preuve de courage, si jeune. Mais elle était débrouillarde. Almuru avait toujours eu foi en elle. Il regrettait simplement de lui avoir imposé ça.


C'est alors qu'il fume et boit comme si sa vie en dépendait qu'il entend parler des Brises-Rêve. Son intérêt est éveillé.

Deux jours plus tard, Hak'ora et lui se séparent. Il est temps pour sa fille de vivre par elle-même, un peu. Mais il lui promet qu'ils se retrouveront. Il a simplement des choses à régler. Hak'ora, inquiète, hoche néanmoins la tête. Elle comprend. Et puis les Esprits lui ont dit qu'ils veilleraient sur son père.

Alors la traque commence. Almuru a toujours été patient, méthodique, il chasse les traces des Brises-Rêve, les poursuit. Parfois, il faut qu'il s'arrête, pour gagner un peu d'or ; il ne sculpte plus, il vend ses talents de mercenaire. Et maintenant qu'il a un but, il a la rage de vaincre, de se libérer de ces rêves, ou plutôt de ces cauchemars incessants. C'est au cours d'une mission qu'il trouve K'ok'Wan Kai, et il a presque un déclic en maniant le marteau-faux. Comment diable a-t-il pu rester tant d'années avec deux dagues, c'est un mystère...

C'est au cours d'une mission qu'il perd son œil. Mais il est proche du but. Le chasseur se rapproche de sa proie.

C'est alors qu'il trouve un recruteur. Aïklando le rappelle alors à lui avec plus de force que jamais, comme si elle avait deviné ce qu'il allait faire. C'est comme si elle hurlait de rage, comme si elle pleurait un fils qu'elle allait perdre. Almuru, qui croit pouvoir aller sur l'île et revenir sans problème, ne pleure pas, ne regrette pas ce qui va lui arriver.

Almuru rejoint les Brises-Rêve. Il demande à ce que son œil valide devienne capable de voir partout. Et il subit la Brisante.

Pour lui, c'est comme une libération. Le lien avec sa Terre-Mère semble coupé. Il en ri. Il ne Rêvera plus. Son soulagement est palpable. Les sectateurs prennent ceci comme une adhésion complète, un esprit faible et apeuré qui se sent libéré de ses chaînes. Sauf qu'ils se trompent. Almuru n'a pas un esprit faible et apeuré.


Et c'est ce qui causera leur perte, songea Almuru en continuant de regarder ce défilé de vie.


Il affirme qu'Aïklando n'était qu'une illusion, un mirage. Il le prêche des années durant. Il retrouve sa fille trois ans après son opération. Il ne lui dit rien de cette histoire, même si Hak'ora se doute de quelque chose ; après tout, les Esprits disent qu'il manque quelque chose à son père.

Almuru, un an plus tard, ressent de nouveau le besoin de créer la vie. Il est curieux, aussi. Après avoir donné la mort des années durant, après avoir détruit, convaincu, est-il toujours capable de créer ? De sculpter ?

Quand il finit de brosser quelques éclats de pierre autour de Ja Wur, il en est presque convaincu. Mais il n'en est pas sûr.

Hak'ora attend avec lui le réveil de son frère. Cette année, elle n'a pas voulu sculpter, mais le besoin lui viendra sans doute un jour.

Ja Wur a été taillé en obsidienne. C'est le seul. Il se dresse, noir et d'un éclat vitreux qui brille au soleil. Ils attendent. Cinq mois en tout, là où Hak'ora en avait mis dix. Almuru au fond de lui sait que quelque chose ne va pas. Comme si Ja Wur avait été prématuré. Comme si on avait forcé l'éveil d'une chose qui n'aurait jamais dû ouvrir les yeux. Hak'ora le sens, aussi. Comme à son père, il manque quelque chose à Ja Wur.

Déjà, Ja Wur a les yeux de son père. Un œil doré et un œil vert. En ce qui concerne le doré, il ne s'agit que d'une couleur sans grande importance, mais la coïncidence hérisse les petits cheveux d'Almuru. Il sait que ce qui ne va pas, il le doit à la Brisante.

Plus tard, Almuru le découvre. Quand il devient Cauchemar après des épreuves et des années de service. Pouvant entrer dans les rêves des autres, il entre dans ceux de son fils, qui lui a affirmé à de nombreuses reprises ne jamais rêver. Et Ja Wur a raison. Il ne rêve pas. Il ne Rêve pas non plus. Aucun songe ne traverse son crâne.

Almuru se souvenait qu'un vieux sage lui avait dit qu'il s'agissait d'un signe de folie, ou de déséquilibre. Almuru l'avait cru sans peine : Ja Wur était trop sur les nerfs, aimait trop le massacre et le chant de la guerre pour que ce soit normal. La seule chose qu'il ne détruirait jamais, ce serait sans doute son père et sa sœur. Pour ce qui reste... eh bien Ja Wur n'avait qu'une idée en tête : tout réduire en cendres fumantes.

Des années plus tard, voilà que la famille se sépare une nouvelle fois ; Ja Wur reste cependant avec son père. Almuru ne veut pas le laisser seul : il serait bien capable de déclencher une émeute, et pour un Cauchemar, on doit bien se passer de cela. Hak'ora, elle, suit sa voie, celle des Esprits. Elle devient de plus en plus douée. Capable de soulever de la terre ou d'ordonner à des pierres de se mouvoir ensemble.

Almuru ne Rêve plus. Mais il ne sait comment, Aïklando commence à reprendre son influence sur lui. Elle l'obsède. Alors il ne sait que faire. Ne peut-elle pas le laisser en paix ? N'a-t-il pas arraché le cordon ombilical qui le reliait à elle ? Allait-elle encore le tourmenter ? Et pourtant...

Alors que l'île se rappelle à son bon vouloir, un autre désir le saisit. Une pensée sous-jacente, qui était omniprésente dans sa jeunesse, mais qu'il avait éloignée car elle le dérangeait trop. Aïklando est pure et belle, les soudards qui voguent vers elle ne méritent pas d'y poser le pied. Comme un fils qui protégerait sa mère.

Lui qui pensait l'avoir oubliée, la voilà qui revient, plus forte que jamais, semble-t-il.

Hak'ora est revenue. Elle dit que les Esprits sont de nouveau attirés vers lui. Que ce qui lui manquait est en train de revenir. Alors Almuru sent la froide griffe de la peur se refermer sur lui. Recommencer à Rêver ? L'opération n'était-elle pas censée être irréversible ?!

Il va alors voir les scientistes. Ils ne disent rien. Ils le rassurent. Almuru est sceptique. Lui qui croyait que les scientistes se précipiteraient pour lui examiner le cerveau... !



L'eau se troubla une fois encore et l'image disparut. Ce qui se passa après était de moindre importance ; Hak'ora décida de suivre son père, Ja Wur n'avait pas le choix (et puis après tout, rester avec son père lui donnait toujours de l'action). Almuru, lui, s'était rendu compte qu'une course contre la montre s'était engagée. Il avait eu des années de répit, mais voilà que la Terre-Mère souhaitait reprendre son fils. Il n'y avait alors qu'une seule solution :

Détruire Aïklando.

Mais comme elle n'avait pu le laisser en paix, lui ne pouvait se résoudre à la détruire. Il continuait donc de prétendre qu'elle n'existait pas. Pourquoi détruire quelque chose qui n'est que néant ? Mieux valait balayer le reste des îles. Oui.

C'était ce qu'il y avait de mieux à faire, non ?

Un fils ne pouvait décemment pas s'en prendre à sa mère...


Dernière édition par Almuru Murmushi le Jeu 16 Aoû 2012, 20:46, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyJeu 16 Aoû 2012, 18:56


Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. Coeur3ri8


Un pas. Un autre. Silencieusement, nous ondoyons autour de toi, nous te frôlons de nos mains glacées. Lorsque tu t’immobilises, nous nous figeons. Nous attendons. Ici, c’est toi le maître des lieux même si tu l’ignores encore. Nous ne sommes que la toile blanche qui attends tes coups de pinceau. Laisse donc ta mémoire colorer mon corps, accepte de devenir l’artiste involontaire de la fresque de ta vie... puis deviens-en le spectateur.

Voilà. Les couleurs naissent. Regarde, toi qui en es le père. Regarde donc d’où tu viens, regarde donc où le torrent furieux du temps t’a mené. Laisse toi porter par le courant de tes souvenirs, redécouvre-les et montre-les nous. Joie et violence, morts et rencontre... tous ces précipices qui ont creusé ta route, tous ces obstacles qui ont parsemés ton chemin... Montre-nous les lames qui ont taillé ton esprit tel qu’il est aujourd’hui, ce qui a forgé tes pensées et tes certitudes.

La trame de ta vie s’interrompt brusquement. À partir d’ici, l’avenir n’a pas encore été tracé. Le crayon n’attend plus que toi pour poursuivre le dessin. Les derniers éclats irisés se dissipent à la surface de l’eau dont le niveau s’élève doucement.

Reprends la route. Donne une suite à cette histoire que tu nous as offerte.


Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. Clblancheyq8

[Et voilà, enfin, bienvenue!

Désolée du temps de reponse, encore une fois. Pour le reste, je pense que tu connais suffisament la maison donc je ne te fais pas un tour du proprietaire.

Je vais te mettre ton groupe et ta couleur, par contre il faudra attendre un peu pour le logo des Nains, désolée.


Sinon, tout était bien, juste cette phrase qui m'a un peu fait tiquer: "Capable de soulever des tonnes de terre ou d'ordonner à des pierres de se mouvoir ensemble et ainsi créer des golems de roche", tu devrais tout de meme revoir les pouvoirs de sa fille un peu à la baisse, ça fait beaucoup, en plus de communiquer avec les esprits, si elle peut soulever des TONNES de terre etc Wink

Amuse toi bien!]
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyJeu 16 Aoû 2012, 19:55

Encore un nain ? Tant mieux, y'en a pas beaucoup sur le fow, en plus c'est pratique pour reposer ses pieds dessus, pile la bonne hauteur. Non, sérieusement, bienvenue petit personnage ^^

(J'ai cru reconnaitre Octavia derrière ce nain, aurais-je tord ?)
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyJeu 16 Aoû 2012, 20:05

Oh, tu nous aimes tellement que tu nous fais un deuxième enfant <3

Rebienvenue Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. 994428164
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyJeu 16 Aoû 2012, 20:43

D'acc, patronne, je change les tonnes : " Capable de soulever de la terre ou d'ordonner à des pierres de se mouvoir ensemble. " tout est bon ?


Non, tu n'as pas tort, Luni :p d'ailleurs, je l'ai mis dans ma signature, histoire qu'il n'y ait plus de confusion et que, au cas où, je puisse facilement causer de l'un ou de l'autre perso. Et puis Luni, concernant Al', il est plus grand que les autres nains :p

Oa : Héhé, mon amour n'a pas de limites :3 *kof kof*

Merci à toutes les deux :p
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyJeu 16 Aoû 2012, 21:08

Ca me va Almu Smile
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptyVen 17 Aoû 2012, 22:57

Re bienvenue ! Un autre nain c'est chouette, sont sympa les nains pour les beuveries ;P
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Rána
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptySam 18 Aoû 2012, 01:31

Re-bienvenue !
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Kaleya Lhil
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MessageSujet: Re: Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste.   Le cauchemar n'est qu'un rêve... en plus réaliste. EmptySam 18 Aoû 2012, 12:20

Re-bienvenue à toi ! Wink Super personnage, en passant... ^^
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