"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| Sujet: Lucy Jerral - le Rêve Dim 29 Juil 2012, 22:50 | |
| Je me demande quelle heure il est, si la nuit s’est enfin levée. Je sens sous moi un sol dur et froid, ce n’est pas normal. Mes yeux s’ouvrent sur un plafond aussi rouge que le sang, couleur délicieuse s’il en est, mais il m’est inconnu et aussitôt je m’interroge. Où suis-je donc tombée ? J’ai beau fouiller dans ma mémoire, non, je ne connais pas ce lieu et ne vois vraiment pas comment du fond de mon cercueil j’ai pu me retrouver ici. On m’y a amené, c’est certain. Etendue sur le dos, je fais jouer chacun de mes muscles, jusqu’à remuer le bout de mes doigts fins. Tout s’articule à merveille, mon corps n’est pas abîmé et quoi qui ait pu me plonger en cet endroit, cela ne m’a pas fait de mal.
Sans effort, d’un mouvement plus rapide qu’une pensée, je me retrouve sur mes pieds et peux à présent contempler la pièce dans laquelle je suis enfermée. Il n’y a ni porte ni fenêtre, mais mon esprit ne s’attache pas à ce détail. Car sur les murs s’étalent des centaines d’images, peintures et représentations de moi. Troublant et plaisant à la fois, ce spectacle m’attire vers lui et d’un pas glissant sur le dallage aussi rouge que le plafond je m’approche du plus grand des tableaux.
La peinture à l’huile retranscrit mes traits à merveille. Et la première chose que quiconque pourrait en dire c’est que j’ai l’air aussi morte que je le suis : de grands yeux noirs et vides comme ceux d’un cadavre, des cernes sombres tranchant sur l’extrême blancheur de ma peau lisse et des traits qui ne reflètent plus aucune émotion. Parcourant du regard les autres images, je constate sans étonnement que sur chacune d’elle je parais aussi lointaine et détachée, absente. Ma silhouette fine, aux formes discrètes, semble plus élancée qu’elle ne l’est réellement. J’aurais voulu être plus grande oui, voir le monde d’un peu plus haut. Au sommet de ce corps mort depuis longtemps, mon visage pâle est encadré par ces cheveux raide, aussi noirs que mes yeux, qui ne tombent pas plus bas que le creux de ma nuque.
Je passe d’une image à l’autre à grande vitesse, amusée de l’impassibilité qu’elles reflètent. Les décors changent, villages, villes, campagnes et intérieurs variés, la lumière y est toujours faible. La lumière… Balayant la salle d’un regard inquisiteur, je me demande comment elle peut être éclairée. Un rouge diffus me permet de voir clairement cependant sa source n’est pas indentifiable. Dans cette recherche vaine je remarque que le grand tableau se trouve aussi à l’autre bout de la pièce, identique si ce n’est que gauche et droite sont inversées. Je comprends alors et ris en mon fort intérieur, sans que mes lèvres fines et du même rouge que la pièce ne remuent le moins du monde. Puis je tends une main devant moi jusqu’à ce que mes doigts trouvent une surface dure, aussi froide que ma peau, arrêtant mon geste.
- Un miroir, ce mur est un miroir. C’est malin.
Je contemple un instant mon absence de reflet puis en revient aux images, arrachant du mur la première venue. Puisque mon expression est aussi effacée que sur les autres, je me penche sur les vêtements que je porte. Longue robe noire aux motifs soigneusement brodés autour du col et des manches, elle est jolie. Je laisse tomber le papier pour en saisir un autre. L’ensemble qui j’y arbore est beaucoup plus riche, mêlant le rouge et l’or dans de somptueuses dentelles. Poursuivant cette revue de mes apparats, j’en fais l’inventaire. Les belles étoffes astucieusement assemblées ne sont pas les seules à orner ce corps cadavérique qu’est le mien, je porte toujours quelque bijou : collier d’or et de pierre précieuse, bagues étincelantes, bracelets luxueux. On me croirait née d’une noblesse fortunée, je sais pourtant qu’il n’en est rien.
Le jeu se poursuit, je fais tomber un à un ces dessins de moi, les murs se dévoilent, rouge comme l’ensemble de la pièce, je vais les mettre à nu. Mais voilà qu’en décrochant une énième peinture je découvre en dessous une petite image, floue comme le souvenir que je peux en avoir : elle date d’avant ma renaissance. Mes joues sont rosées, mes yeux pétillent et un sourire franc barre mon visage. Oui, j’ai été mortelle et donc vivante. C’est aussi la seule représentation sur laquelle il fait jour et je baigne dans les rayons d’un soleil d’été, vêtue aussi légèrement que modestement. Je semble heureuse.
- Comme si vous pouviez me faire regretter…
Tiens, je m’adresse à « vous » ? Logique, je ne suis pas ici par hasard. Une force, des forces aux desseins inconnus m’ont enfermée dans cette illusion. Leur magie ne me fera pas perdre la face et bien que le miroir ne puisse pas me le confirmer, je sais que je ne laisse transparaitre aucune inquiétude. Je ne sais pas si cela déçoit ou ravit mes geôliers. S’il devait porter une expression en cet instant, mon visage exprimerait sans doute un début de lassitude, d’agacement et d’impatience. Faire tomber ces images des murs ne m’amuse plus.
- Bien. Et maintenant ?
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| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Lun 30 Juil 2012, 17:19 | |
| Goutte de pluie venant troubler la surface parfaite de mon univers, tu reposes au centre de mon illusion. Ta conscience qui s’éveille me nourrit et à l'encre de ton passé, je dessine, je crée la pièce en ton honneur. Ma sérénité se déchire pour se faire impatience et désir. Celui de prendre forme, d’exister aux yeux de quelqu’un, de m’échapper pour un instant du néant. Je t’attends.
Mais lorsque tu te lèves, ton image me reste inaccessible. Je te vois, mais tu ne me vois pas. Les couleurs du tableau face à moi viennent envahir mon abri, me provoquent et me narguent. Je m’agite, je hurle en silence. La haine se dresse en moi et me ravage. Je déteste ces êtres qui m’échappent et me jettent à ma propre inexistence, je te déteste ! Regarde-moi !
Comme en réponse à mon appel, tu me fixes et pour un moment, je crois t’être apparu. Mais tu ne fais qu’admirer le vide avec une indifférence blessante. Je me calme néanmoins peu à peu de peur que ma colère ne disloque la salle et te laisse sombrer dans les ténèbres. Tu as beau m’ignorer, tu as beau ne pas m’offrir ton apparence, je n’ai pas envie de retourner à la solitude. Pas tout de suite. Je te laisse attendre pour te punir de m’avoir volé ma joie.
Puis, imperceptiblement, les images que tu as arrachées au mur frémissent. Lentement, mes yeux apparaissent, flamboyants, alors que les feuilles de papier où ton visage apparaît s’élèvent peu à peu pour former une tempête de couleur qui te traverse, t’engloutit. Lorsque le tourbillon se retire, la clé tinte. Les ténèbres noient tes couleurs pour ne te laisser que la pensée. Je t'ai dépossédé de ton apparence comme tu m'as dépossédé de la tienne.
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| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Mar 31 Juil 2012, 20:33 | |
| Je n’ai droit qu’au silence en réponse à mon interrogation. Un silence qui dure, s’étire, et je lui réponds d’un parfait immobilisme, attendant patiemment sa fin. Un froissement infime parvient à mes oreilles, il est si discret que je doute qu’aucun vivant puisse le déceler. Et il s’accompagne d’une tension tout aussi indétectable et pourtant je la ressens, là sous mon pied. Mes yeux se baissent et je découvre ce dessin au crayon, dont le papier se tord sous ma bottine. A peine l’ai-je levée que le papier s’envole, décrivant un cercle dont je suis le centre et qui s’élève doucement. A sa suite d’autres images quittent le sol, suivant la course tourbillonnante, jusqu’à ce que toutes dansent autour de moi, voletant toujours plus vite. Un instinct que je ne saurais expliquer me pousse à plonger mon regard dans le miroir, peut-être cherchais-je refuge dans ce seul monument ici qui ne me retourne pas mes traits si blafards et mes yeux si vides. Mais il est trop tard, je ne peux distinguer ce reflet invisible et rassurant. Car je suis cernée de toutes part, les portraits que je m’amusais à décrocher m’ont totalement submergée. Je ne distingue plus rien, ni leurs contours ni leurs couleurs, tout se mêle et pour ravie que je sois d’être au cœur de cet assemblage curieux, il fatigue ma vue et mon esprit : son intérêt ne dure pas plus longtemps que le battement d’aile d’un papillon.
Alors je clos mes paupières et une fois de plus attends. Les sorciers qui s’amusent de mon être ne me feront pas perdre la raison. Et ma raison me dit que je ne suis pas ici par hasard. Ceux qui m’ont amenée dans leur antre auraient pu me tuer cent fois déjà, ce seul énoncé me donne la certitude qu’ils ne le feront pas plus maintenant qu’avant. Plongée dans le noir de mes pensées, j’ouvre mes autres sens au monde. Frustrée par l’absence de gout, je respire les parchemins et les huiles des toiles, entends mes reflets figés battre l’air avec violence. Ma main droite quitte le long de mon corps, elle s’écarte doucement jusqu’à plonger dans le tourbillon de papier. La caresse est rude, mais ce contact me lie à la réalité de ce qui m’entoure. Rien ne change pour un instant, puis le chant des dessins et peintures semble s’apaiser et bientôt un tintement métallique résonne, rayon de lumière sonore dans ces ténèbres froissées. Je ne suis pas pressée, ne me jetterai pas sur cet espoir que l’on m’offre. Le silence retombe, la valse est terminée, plus rien n’effleure le bout de mes doigts et je devine mes images disparues dans les hauteurs de ce lieu qui semble vivre contre moi. Alors j’ouvre à nouveau mes yeux au monde.
Noir. Une seconde j’ai un doute, mais un battement de cil me le confirme : mes yeux sont bels et bien ouverts. Ouverts sur l’infiniment sombre, un noir plus noir que le noir des profondeurs de la terre. Mon acuité visuelle est excellente je le sais. Pour que je ne distingue plus rien de l’endroit, l’obscurité doit être parfaite. Pas une once de lumière pour accrocher le fond de mes pupilles. Il n’y a plus rien. Suis-je toujours dans la même pièce ? Qu’importe. Et je ne vais pas jouer l’enfant effarouchée en tentant de palper les murs autour de moi.
- Un nouveau jeu ? - Tu aimes jouer ? Derrière l’agacement que ce tutoiement brutal provoque en moi, je suis surprise. Bien qu’ayant posé une question, je m’attendais à devoir me satisfaire d’un nouveau silence. Mais une voix qui semble n’avoir attendu qu’un mot de moi s’est jeté sur ces paroles, les détournant à son avantage, oubliant toute forme de politesse et plongeant directement dans mon intimité. - Non. - Menteuse ! Tu adores ça ! Une autre voix, dont la nature m’échappe tout autant que la première. On veut me faire parler, je choisis de me taire. - Un esprit de contradiction. Et tu détestes avoir tort. Ces vérités m’accablent, qui donc tire les ficelles de ce numéro et comment savent-ils les secrets de mon âme ? - Qui êtes-vous ? - Qui es-tu ?
J’ai toujours fais preuve de sang-froid, on ne me pousse pas à bout facilement. Que les voix se multiplient et paraissent venir de nulle part et partout à la fois, comme si elles naissaient au sein même de mon esprit, ne me fera pas perdre mon calme. - Tu dois reconnaître que ça t’agace de ne pas savoir. - Elle est curieuse oui, trop curieuse il lui faut toujours comprendre les choses. - Comprendre le monde, les mortels et les immortels. Fouiller leurs passés et leurs présents. - Et à côté elle voudrait ne rien révéler. Cacher son nom et sa nature, comme si c’étaient ses biens les plus précieux. - Elle est fière d’être vampire pourtant. Elle ne regrette rien. - Vous pourriez cesser d’employer la troisième personne à mon égard, je suis toujours là. - Elle parle enfin. Parle ! Parle nous Lucy, raconte-nous ton être, qui es-tu ? Ils savent mon nom mais je ne prends pas le temps de m’en étonner. - Vous semblez en savoir long. Ai-je vraiment mon mot à ajouter ? - Que voudrais-tu ajouter ? Penses-tu pouvoir nous révéler quelque chose qu’on ignore ?
Le défi est intriguant, mais ne connaissant pas la nature de mes interlocuteurs et ne voyant pour l’instant pas de limite à leur connaissance de moi, je ne trouve pas de quoi rassasier leur curiosité. Et surtout, je ne veux pas me révéler à ces parfaits inconnus. Je décide de jouer de quelques pirouettes. - Je suis ce que personne n’attend de moi, une ombre lumineuse désespérant d’un jour pouvoir retrouver l’espoir. - Qu’espères-tu Lucy ? - Sortir d’ici pour commencer. Sortir de l’ombre aussi… - Oui, tu aimais le soleil, il te manque. Tu as choisis d’être une enfant de la nuit pourtant. Dis nous pourquoi ? - Cela semble évident. - Dis-nous ! - Faut-il vraiment que je m’explique ? J’exagère un soupir avant de leur répondre. - Pour l’immortalité, pour avoir l’éternité devant moi. Mon envie de voir et de savoir n’a pas de limites et j’ai brisé la seule qui me faisait obstacle : le temps. - Que veux-tu tant voir et savoir ? N’es-tu pas lasse après tant d’années ? - Tout. Et non. Je suis lasse en revanche de vos questions et de cet endroit. Quand pourrais-je sortir ? - Cela pourrait être jamais. - Elle est trop bornée, trop sûre d’elle.
- N’as-tu jamais peur ? - Non. - Menteuse. Tu as tant de peurs en toi, comment ne peux-tu pas les admettre ? - Peur de tes semblables. - Peur des mortels. - Peur d’être seule. - Peur de la mort. - Je suis immortelle ! Et n’en reviens pas qu’on m’ait fait élever la voix. - Si faible pourtant. Et si dépendante des autres. - C’est faux, je sais me débrouiller seule. - Tu dépends pourtant de la vie des autres. Ce sang que tu bois, s’il venait à te manquer ? - Il ne manquera pas. - En as-tu à boire ici ? Qu’arrivera-t-il si tu restes à nous à jamais ? - Je me dessècherai lentement, mon corps deviendra faible, puis mon esprit. Ma conscience s’effacera peu àpeu. Et je mourrai sans doute. Cela serait rageant, vraiment. - Enfin une émotion ! Faut-il procéder ainsi pour savourer ta colère ? - Vous ne la verrez pas. - Tu surestimes ton sang-froid, tu te penses au-dessus de tout. Et ne veux pas comprendre de quoi nous sommes capables. Nous pouvons te garder. - Pourquoi le feriez-vous ? - Par jeu ? Tu ne veux plus jouer ? - Je veux sortir d’ici, rendez-moi ma piètre liberté de créature de la nuit, je vous prie. - Ah, cette liberté, tu y tiens ! Elle est pourtant si étroite. Esclave du sang, enchainée par ta malédiction. Non, nous te gardons avec nous ! - J’ose espérer que vous mentez. Ce serait d’un parfait ennui. - L’ennui. Parle-nous de l’ennui. - L’ennui est mon pire ennemi. Voilà, tout est dit.
Un nouveau silence. Long, très long. Ma patience est grande, ils ne m’auront pas à l’usure. - Une nouvelle façon de me tourmenter ? Rien ne vient. Il n’y a que le noir et plus rien d’autre. Le temps passe sans que je puisse le mesurer. Je tiens bon. Minutes, heures peut-être. Je finis par tomber à genou lourdement, enfouis mon visage dans mes mains et au coin de mes yeux de petites larmes naissent. J’attends que l’une d’elle roule sur ma joue pour briser ce blanc obscur d’une voix tremblotante. - Vous avez gagné. J’ai peur, laissez-moi sortir... Rendez-moi la nuit et les créatures qui la peuplent, redonnez moi la vue et l’ouïe, je vous direz tout ce que vous voulez savoir. Je ne suis qu’une pauvresse sans ma liberté, je veux rentrer chez moi… Le silence toujours. Je sèche ces larmes et me redresse vivement, brandissant en l’air un poing fermé, muscles tendus, et ma bouche forme un rictus de colère. - Je ne me laisserai pas faire ! Je sais me battre, montrez-vous ! Lâches ! Un affront pareil ! Savez-vous à qui vous avez affaire ? J’ai vécu plus de deux cent ans ! Ce n’est pas quelques tours de passe-passe qui m’effraient ! Que voulez-vous entendre, hein ?
Rien. Baissant mon poing levé, je laisse mon corps froid se détendre. Je commence à comprendre que je dois trouver seule les mots qu’il faut prononcer. Ces pleurs et cette colère n’étaient que jeu d’actrice – mes geôliers le savent à l’évidence – je les abandonne au profit d’une honnêteté dont je ne fais jamais preuve en temps normal. - Ce que je suis : une immortelle, fascinée par les mortels et le monde entier. Et dégoutée par les miens qui se complaisent dans le luxe de leurs manoirs. Je veux sentir chaque odeur, voir chaque chose et la caresser, entendre chaque son et chaque musique. Lire, voyager… Oui, voyager. Je dois sans doute quitter Ghurol pour cela. C’est votre souhait ? M’entendre dire que je n’ai plus rien à faire ici ? Rien ne me retient. Je partirai. Et redeviendrai chasseuse parmi les humains. Même si je dois être seule.
Cette décision soudaine à laquelle j’ai été poussée me surprend moi-même. Je crois un moment que c’était cela que les voix voulaient entendre. Mais comme rien ne bouge et que le temps ne cesse de couler, je conclus qu’elles en attendent d’avantage. Alors je poursuis. - Oui, je crains de me retrouver seule. Mais je crains l’ennui encore plus. Alors je voyagerai sans compagnon. Je sais mes faiblesses, sais les dissimuler. Je peux tromper n’importe quel mortel, soyez-en sûrs. - Pour boire son sang ? Mon soulagement est grand, une voix au moins est revenue. Je comprends qu’elle m’encourage à continuer, peut-être était-ce cela qu’elle désirait de moi, vampire jusqu’au fond de mon âme, que j’avoue ce que l’on considère comme péché. - Oui, boire le sang des mortels, jusqu’à l’ivresse si l’envie me prends. - Et les tuer ? - Il n’y a pas de délice plus grand que de sentir une vie quitter un corps au profit du sien. Leur mort garantie ma vie éternelle. Je trouve cette symbolique plaisante. Mais je ne fais que prendre ce que je considère mien. - N’en laisses-tu pas vivre parfois ? - Ca m’arrive… - Pourquoi ? - Par jeu le plus souvent. - Et autrement. - Par amour. - Tu es donc capable d’aimer ? - Oh oui. J’aime la pluie, j’aime les sons crachés par un violon, j’aime le drame et le sang. J’aime aussi certains textes, certains parfums, certains lieux. Et j’ai aimé, j’aime encore, quelques mortels et immortels. Cela vous convient-il ?
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| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Mer 01 Aoû 2012, 13:39 | |
| Nous apparaissons lorsque le rideau tombe. Dans les coulisses obscurs du monde, nous les observons. Nous attendons de les rencontrer. Et lorsqu’ils s’aventurent par-delà les limites du théâtre où ils jouent leur vie, nous sommes là, charognards impatients de dépecer leurs esprits. Nous écoutons, nous regardons, en silence.
Ses mouvements se dissolvent doucement dans notre ombre sans qu’elle le perçoive. Il n’y a plus qu’elle, plus que sa pensée, plus que son esprit. Ce qu’elle croit geste n’est plus qu’imagination. L’enveloppe ainsi déchirée, nous parcourons son être, nous apprenons.
Puis nous lui apprenons. Nous l’accueillons d’abord. Nous constatons.
Dans nos interrogations naissantes, nous nions notre propre savoir. Nous mentons. Nous posons les questions dont nous connaissons déjà les réponses, pour le simple plaisir de l’entendre nous le dire. Pour qu’elle s’entende le dire.
Mais elle ment, comme nous. Puis elle se dévoile. Un peu. Nous tâtonnons à la recherche du fil de ses craintes et de ses émotions. Lorsque nous croyons le saisir, celui-ci nous glisse entre les mains. Alors nous nous taisons. Nous attendons. Jusqu’à ce qu’elle reprenne le jeu d’elle-même.
Satisfaits, nous laissons le silence revenir, lentement, et noyer nos conscience. Nous lui rendons son corps à l’instant où éclat blanc transperce la masse noire qui l’entoure pour la libérer et nous laisser retourner à notre sommeil. |
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| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Mar 21 Aoû 2012, 23:27 | |
| J’attends une réponse, une réaction, quelque son. Faut-il encore poursuivre cette intrusion dans mon esprit ? Les voix semblent s’être tues mais je crains que ce ne soit qu’un nouveau silence destiné à me torturer. Je comprends mon erreur quand l’obscurité est crevée. Au loin, une minuscule lueur attire mon regard. Je l’observe et la voit grandir, brillant toujours plus fort, envahissant le noir pour y épandre ses rayons d’un blanc pur. Je crois qu’elle approche, elle vient droit sur moi. Bientôt l’ombre appartient au passé et, paupière plissées, je découvre l’immense pièce dans laquelle je me trouve. Le plafond est haut, plus éclatant que le soleil et pourtant sa lumière ne brûle pas. Je suis à l’intérieur, toujours, mais l’endroit est si vaste que même mes yeux de vampire n’accrochent pas les murs qui m’enferment. Une caresse sur mes mollets me fait remarquer l’eau brumeuse qui s’étale sur le sol. Le courant est faible et s’il me pousse vers l’avant ce n’est pas de force. Je décide de le suivre, n’ayant de toute façon aucune idée d’où je suis ni de ce qui m’attend.
De la surface s’élèvent des nuages blancs, presque indiscernables dans la clarté qui m’entoure, je les vois peu à peu créer un cadre devant moi. Je crois d’abord que leurs formes n’ont aucun sens, pourtant très vite je comprends qu’ils dessinent les contours d’une maison, d’arbres et d’herbes sauvages. Il me faut plonger loin, très loin, dans mes souvenirs pour saisir ce qu’ils représentent. La maison de mon enfance, années si vite passées, où j’ai grandit avec père, mère et deux frères dont j’étais la benjamine. Les humains apparaissent mais leurs traits sont flous, comme s’ils n’avaient aucune importance. C’est le cas, cette époque est révolue et son influence sur ce que je suis s’est évaporée depuis longtemps.
Passant à travers cet écran brumeux, j’en découvre un nouveau, plus opaque, plus contrasté. J’y découvre le visage de celle qui changea ma vie et ne peux résister à l’appel de ce fragment de ma vie, tant il l’a bouleversé.
J’étais à l’aube de ma dix-septième année, l’automne avait fait rougir les feuilles des bouleaux qui peuplaient le jardin. Et je me trouvais au milieu de ce décor au bord de la chute, assise au sommet d’un gros rocher, contemplant les dernières lueurs du jour plonger vers l’horizon. Comment et quand était-elle apparue, je ne pouvais le dire. Il se trouva simplement qu’à un instant elle fut là, assise à mes côtés, le regard perdu dans les couleurs du crépuscule. La première chose qui me frappait était l’incroyable beauté qu’elle répandait autour d’elle comme une lumière. Ses longs cheveux blonds tombaient en larges boucles jusqu’au milieu de son dos. Elle se tenait droite et fière, son regard d’émeraude perché au sommet d’une haute silhouette aux formes généreuses. Ses yeux ne s’étaient pas encore posé sur moi mais déjà mon cœur battait vite, si vite. Son teint pâle ne faisait que sublimer sa beauté raffinée et le sentiment que j’éprouvais était une fascination plus grande que je n’en avais jamais connu. Je sentais qu’elle était supérieure à tous les êtres que j’avais pu rencontrer, sans comprendre en quoi, et qu’elle se trouvait dans une sphère qui m’était inaccessible. A quelques pouces de moi seulement, il y avait pourtant entre nous un gouffre insondable dont je ne faisais qu’effleurer la réalité. Elle resta là un moment qui aurait pu durer une seconde comme des siècles et je me perdais dans sa contemplation, ne pouvant détacher mon regard de cette créature si parfaite. Enfin elle quitta l’horizon pour venir planter son regard dans le mien et je crus alors que mon cœur s’arrêtait de battre. Souffle coupé, j’étais en proie à un désir plus intense et plus violent que je n’en avais jamais ressentit. Elle parla la première.
- Tu as l’air triste. Je n’avais aucune idée de l’air que j’avais, ma propre existence ne semblait plus avoir d’importance. Je me souvins qu’avant son arrivée je l’étais, triste, c’était la raison qui m’avait poussée à m’isoler de ma famille, afin qu’ils ne voient pas les larmes noyer mon regard. - Je peux faire disparaître cette tristesse si tu le souhaites.
Je ne comprenais pas qu’elle entendait par là mettre un terme à mon existence, je ne le compris que des années plus tard alors que j’évoquais cette rencontre avec elle. Sur l’instant, je pensais qu’elle voulait me consoler. Et ne souhaitais rien de plus au monde que d’être consolée par elle, divine beauté surnaturelle. Alors je me confiais, espérant secrètement qu’elle me prendrait dans ses bras, que je pourrais sentir sa chaleur autour de moi, son cœur battre contre ma poitrine et son souffle dans ma nuque. Je lui contais en des mots que j’ai oubliés ma misère – qui me semble si dérisoire aujourd’hui. J’avais atteint l’âge de dix-sept ans et mes parents considéraient qu’il était grand temps pour moi de quitter le foyer. Nous étions pauvres, vivant d’une agriculture qui parfois ne suffisait pas à nous nourrir, et mon départ serait pour le mieux m’avaient-ils assurés. Ils avaient trouvé pour moi un bon parti, premier fils d’un maréchal ferrant. Notre mariage aurait lieu à la prochaine lune et j’entrerais ainsi dans la vie adulte qui, me promettaient-ils, m’apporterais le plus grand des bonheurs : enfanter. Cependant je connaissais le garçon à qui j’étais promise et pour autant qu’il soit d’une bonne nature, je ne pouvais l’aimer. Parce qu’on me l’avait imposé déjà et surtout parce que cette union signifiait pour moi la fin de mes rêves d’enfant.
Il faut revenir en arrière pour comprendre en quoi j’étais déçue, peut-être aurais-je du m’attarder plus longuement sur le souvenir de brume que je viens de traverser. Il y avait un être que j’admirais par-dessus tout : mon oncle James. Il s’était fait marchand et passait son temps à parcourir Lan Rei d’un bout à l’autre en vendant étoffes, épices, vêtements et bijoux. Les rares fois où il s’arrêtait à la maison, il avait des centaines d’histoires extraordinaires à nous conter et des babioles exotiques pour chacun d’entre nous. Je devais avoir cinq ans quand je décidais que, plus grande, je voyagerais comme lui.
Ce rêve ne m’avait pas quitté depuis, mais ce mariage qui m’attendait le brisait en me liant à jamais à ma terre natale où l’on attendrait de moi que je sois une bonne épouse et une bonne mère. Le garçon à qui j’étais promise n’avait d’ambition que de poursuivre le travail de son père et je savais qu’avec lui je ne connaîtrai que cette infime partie du monde qu’était notre village. Je ne voulais pas de cette vie, j’espérais tellement plus. Mais je n’avais pas le choix. Une jeune fille ne possédant rien de biens matériels et de connaissance sur le monde ne pouvait quitter son domicile pour une aventure, aussi chère qu’elle soit à mon cœur. - On a toujours le choix, sais-tu ?
De grosses gouttes salées roulaient à présent sur mes joues et je ne pus répondre. Je voulais de tout mon être croire cette femme et trouver l’espoir, le courage, de m’opposer à la volonté de mes parents. Cela me semblait pourtant impossible et je pleurais devant ce destin tout tracé qui m’attendait. Je crois aujourd’hui que mon chagrin toucha profondément la vampire que je venais de rencontrer. Elle renonça à prendre ma vie et disparut aussi inexplicablement qu’elle était apparut. Je pleurais de plus belle jusqu’à ce que la nuit fût noire. Mes larmes séchées, je retournais auprès des miens, l’estomac noué. Cette rencontre avait-elle vraiment eut lieu ? Avais-je encore une quelconque emprise sur mon avenir, toujours le choix ?
Le mariage eut lieu quelques semaines après cela et j’étais dégoutée par mon être. Car je n’avais pas trouvé la force ni l’audace de le fuir et qu’une fois nos vœux prononcés mon époux et moi nous étions engagés à vivre cette vie insignifiante des pauvres de la campagne. Je me retrouvais un soir à récurer les gamelles du diner, tandis que mon mari partageait une bière autour d’un jeu de cartes avec ses amis. Considérant ma misère et ma faiblesse, je sentis la rage et le désespoir monter en moi, mes entrailles nouées, ma gorge serrée, et me hâtais de sortir pour que le bruit de mes sanglots ne trouvent de témoins que la nuit et ses étoiles.
Je ne la vis pas de suite, cependant elle se tenait là, ombre parmi les ombres, vêtue d’une somptueuse robe noire, juste à la grille de la cour. Quand mes yeux la découvrirent, je fus stupéfaite. M’étant persuadée qu’elle n’avait été qu’un rêve, j’avais choisis de l’oublier et pourtant ses yeux verts, ses cheveux d’or et sa peau blanche étaient réels, à quelques pas de moi. Je la trouvais plus belle encore que la fois précédente et aurais voulu courir dans ses bras. Ce fut elle pourtant qui approcha, bien que je ne pu voir ses pas venir à moi, et elle fut à ma hauteur dans l’instant qui suivit ma découverte d’elle. Elle était si proche, mon cœur battait à tout rompre, son front touchait presque le mien alors qu’elle se penchait sur moi. J’entrouvrais les lèvres, comme pour mieux respirer son odeur, et elle posa sur elles un doigt que je trouvai incroyablement froid et pourtant si délicieux. - Tu as le choix Lucy… Mon cœur bondit d’entendre mon nom prononcé par une bouche si sublime. - Je ne peux t’offrir la liberté des hommes, mais si tu viens avec moi, je te montrerai le monde…
Comment pouvais-je refuser une telle offre ? Je n’avais aucune idée des conséquences et pourtant je me décidais en un instant, j’allais la suivre. Une excitation nouvelle s’emparait de moi, mes larmes se tarirent et alors que son bras enlaçait ma taille j’eus envie d’hurler de bonheur. Je vois maintenant la folie de mon acte, tout délaisser sur une simple promesse, me jeter dans l’inconnu en accordant ma confiance à ce qui n’était à l’évidence pas humain. Mais je savais que tout ce que je pouvais perdre, famille, mari, enfants à venir, rien n’aurait autant de saveur que cet instant où tout devenait possible, où je quittais, enfin, cette morne vie qui devait être la mienne. - … Ce monde sera baigné de ténèbres, mais il sera tien. Veux-tu m’accompagner Lucy ? - Oui… Son étreinte se resserra, mon corps et mon esprit lui appartenaient. - Alors je t’emmène. Mon nom est Marianne.
J’eus envie de pleurer de joie qu’elle me fasse un tel présent. Mais je n’eus pas le temps de me laisser aller à l’émotion car déjà elle m’entraînait avec elle au loin, plus loin que je n’avais jamais été. Blottie contre elle, enfant sur le point de renaître, je sentais l’ivresse m’envahir alors que la distance avec ma vie passée grandissait.
Elle ne me changea pas en vampire tout de suite. Nous primes la route de Reilor et tout au long de la nuit elle me fit deviner sa véritable nature, me dévoilant peu à peu ses pouvoirs qui seraient miens mais aussi les malédictions qui les accompagnaient. Un peu avant l’aube, alors que j’étais à bout de force, nous atteignîmes une bourgade de quelques centaines d’âmes. Elle me fit attendre à la lisière de la forêt et revint accompagné d’un jeune homme à l’évidence sous son charme. Une seconde je jalousais celui qui tenait sa taille avec tant d’assurance mais le sourire que Marianne glissa à mon intention me laissa croire que je n’avais rien à lui envier. Sans un mot, elle fit basculer ce corps mortel, approcha son visage de la gorge palpitante de vie et j’entendis le bruit de la chair que l’on ouvre. Effarée, j’étais pourtant fascinée par ce spectacle qui se révélait à mes yeux. L’odeur du sang emplit l’air et je vis ma libératrice boire ce fluide rouge avec un ravissement qu’elle ne cachait pas. Elle abandonna le corps du jeune homme, qui s’effondra sur le sol pour ne plus jamais se relever, et darda sur moi des pupilles flamboyantes. Je ne détournais pas le regard – comment aurais-je pu ? le rouge qui coulait sur son menton, son cou, sa poitrine, ne faisait qu’exalter sa beauté – et en cela je réussi ce que je compris plus tard être mon dernier test. Alors elle vint à moi, écarta une mèche qui se promenait au creux de ma nuque et m’offrit un dernier regard dans lequel je me perdais. Je fermai alors les yeux et sentit ses cheveux glisser sur ma peau, son souffle tiède sur mon cou me faisant frissonner et enfin les crocs, qui s’enfoncèrent profondément dans ma chair. Je mourus dans ses bras, pour renaître sous une autre forme, la sienne : j’étais devenue vampire.
Le voile blanc se dissipe et je poursuis ma marche. C’est agréable d’être rappelée à de si beaux souvenirs. Ceux-là me sont si précieux, je veux ne jamais les perdre. Inspectant alentours, je me rappelle cette étrange réalité dans laquelle je baigne. La raison de ma présence m’échappe toujours mais je crois toucher au but. Peu importe qui se trouve derrière ce manège délirant, ils savent à présent d’où je viens, cela devrait suffire. Non pourtant, je le comprends quand un nouveau souvenir se forme devant moi. Il est moins précis, les images qu’ils dessinent se succèdent en vagues rapides et parfois confuses. Mes premières années de vampire.
Marianne et moi nous séparions rarement. Elle m’apprit dès nos premières nuits à chasser, à choisir nos proies et à couvrir nos arrières. J’étais folle, presque incontrôlable. La découverte du sang m’avait totalement bouleversée et je buvais le liquide avec une avidité sans limite. Les premiers temps, j’en oubliais presque la raison de ma présence à ses côtés : plus rien ne comptais, ni le voyage ni ma liberté, seul le sang était important. Ma soif ne tarissait pas et je jouissais du luxe de tuer en la compagnie du meilleur des professeurs. Elle me fit remarquer cependant que je ne devais pas m’égarer dans l’adoration de cette nourriture et ce fut le premier reproche qu’elle me fit. J’avais tant d’admiration pour elle, tant de respect, qu’une fois ses mots prononcés je me détachais de la chasse pour me concentrer sur ce que j’étais vraiment venu chercher. Nous arrivâmes à Reilor et mes sens furent ravis de découvrir tant de merveilles concentrées. Je découvrais la ville, ses bruits et ses odeurs, apprenais à m’y glisser inconnue de tous. C’est à cette époque que je développai un gout pour la culture. La musique d’abord, dont j’apprenais les instruments et les chants. Puis mon envie alla plus loin et je demandai à ce qu’elle m’enseigne la lecture, ce qu’elle fit tout au long de notre séjour dans la capitale.
Des chasseurs de démons vinrent s’installer en ville et nous dûmes partir pour la campagne, ce que je fis à regret, mais Marianne me rappela qu’en tant qu’immortelles nous avions l’éternité pour y revenir. Notre vadrouille au gré des vents et de nos envies dura plusieurs années, qui s’écoulèrent à une vitesse vertigineuse. La chasse me ravissait, la découverte de nouveau paysages d’avantage encore, mais par-dessus tout c’était sa présence qui m’emplissait de bonheur. Notre complicité grandissait, j’avais l’impression de la cerner un peu plus chaque jour et qu’elle me connaissait parfaitement. Nous étions ensemble et cela suffisait à faire de chaque instant une perfection. Quand elle décida que nous pouvions retourner à Reilor j’exultai. Cependant elle nous fit emprunter un itinéraire qui passait par mon village natal et je crois que je lui en veux encore d’avoir eut cette pointe de cruauté. Je découvrais alors les ravages du temps sur les mortels. Mes parents n’étaient plus, mes frères avaient eut de nombreux enfants et mon mari aussi, car il avait prit une autre femme, et ces enfants en avaient engendrés à leur tour. Ceux que j’avais connus, s’ils étaient encore de ce monde, devenaient des vieillards, alors que j’avais toujours la même apparence, et je fus prise d’un vertige qui me fit perdre le moral. - Comprends-tu pourquoi je t’ai emmenée ici ? Tu dois comprendre. Ces gens sont des mortels. Toi et moi sommes au-dessus. Tu ne peux pas t’attacher à eux car ils mourront.
En route pour la capitale, elle me dit qu’il était temps pour moi de rencontrer ma vraie famille, celle que le temps ne ferait jamais disparaître. Aussi quand nous fûmes sur place, nous ne tardâmes pas à embarquer à bord d’un navire en partance pour Ghurol. Jamais je n’aurais imaginé vivre pire cauchemar que cette traversée. Les vampires ne sont pas faits pour naviguer, Marianne me l’avait confié, mais le mal-être qui me saisit me fit croire plusieurs fois que ma mort était toute proche.
Les nuages se dispersent devant moi, fermant le chapitre de ma vie sur Lan Rei. Je sais maintenant que ce jeu ne trouvera sa fin que lorsque j’arriverai au présent. J’accélère doucement le pas, cherchant le tableau suivant, le plus long de ma vie, avec plus d’empressement de sortir que d’entrain à le visiter. Ce n’est pas un mais deux écrans qui se soulèvent depuis la surface aux rides discrètes, ils s’étirent autour de moi et bientôt je me retrouve au centre d’un dôme sur lequel se dessinent les premiers décors de Ghurol que je vis. Puis s’estompent. Je crois que je souris, oui, car je sais quel souvenir vient ensuite et il ne se savoure pas avec les yeux.
A peine avions-nous franchit les portes du manoir Miyuk que le son vint emplirent mes oreilles. Les cordes vibraient quelque part dans cette immense demeure, faisant résonner chaque mur d’une émotion qui emballait mon cœur. Marianne ne lui prêta aucune attention, aussi je m’attachai à la suivre sans soulever la moindre remarque sur cette musique. Pourtant j’étais toute à elle, bercée par la tristesse qu’elle m’évoquait, surprise de me reconnaître dans certains passage et d’imaginer des décors inconnus pendant d’autres. Nous montâmes à l’étage, afin que je rencontre l’ainé qui tenait cette maison et qu’il nous autorise à rester loger sur place. Sitôt ces formalités accomplies, je laissai ma créatrice qui, bien que déçue de ne pas me voir la suivre rencontrer ses amis, me laissa libre d’aller à ma guise. Il ne me fallut pas longtemps, guidée par mon ouïe aiguisée, pour trouver l’origine de la mélopée et à chaque pas m’approchant d’elle mon cœur vibrait plus fort, l’accompagnant dans ces harmoniques torturées.
Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux pour le voir, même si je devine que les nuages ont maintenant prit la forme de ses traits. Assis sur une chaise aussi sobre que l’ensemble qu’il porte, il tient contre lui l’instrument qui répand sa musique alentour – un violoncelle, mais je ne l’apprendrais que plus tard. Et ce bois sculpté avec une précision d’orfèvre, l’archer qui danse sur les corde, les vibrations invisibles, tout est magnifique. Et lui enfin, paupières closes, visage aux traits fins encadré de longs cheveux noirs. Cette image ne me quittera jamais, comme ces accords se joueront toujours dans mon cœur.
Cette nuit-là je restai à l’écouter en silence, observant l’habilité de ces gestes et l’impassibilité de son être. Il ne pouvait ignorer ma présence, pourtant il ne cessa pas de jouer, m’enivrant et me perdant dans d’innombrables morceaux rivalisant de virtuosité, que lorsque les premières lueurs du jour filtrèrent à travers les carreaux couverts de poussières. Alors le son mourut et il se tourna vers moi, bien que son mouvement fût si fluide que je n’eus pas l’impression qu’il bougea. Et il ouvrit les yeux, pour découvrir deux pupilles d’un bleu clair improbable. Enfin, ses lèvres s’ouvrirent délicatement, « Je m’appelle Leonard ». Je me présentai à mon tour, souhaitant de tout mon cœur parler avec ce musicien qui m’avait fasciné toute la nuit, mais il ne dit rien de plus. Un seul mouvement m’indiqua que je devais sortir, ce que je fis, bien que déçue, sans trouver de mot qui vaille la peine d’être ajouté.
Leonard était connu de tous pour être un vampire solitaire et surtout silencieux. Jamais il ne disait quoique ce soit de superflu et il y avait bien peu de choses qui méritaient d’être formulées à voix haute selon lui. La nuit suivante, je me forçai à aller à la rencontre des autres habitants. En tant que dernière arrivée, je faisais l’objet d’une grande curiosité et chacun y allait de sa question sur mon passé, mes gouts, mes expériences et sur mon lien avec Marianne. Celle-ci avait beau être avec moi – je comptais sur elle pour m’intégrer – je ne forçais pas mes mots en clamant que je l’aimais. Et tous de sourire, elle de glisser sa main dans mes cheveux, je sentais son affection et l’amitié que les autres vampires m’offraient. Pourtant je n’avais qu’une envie : retourner dans cette chambre où se tenait Leonard. L’entendre jouer, notes diffuses au-delà des conversations, était une tentation contre laquelle je luttais à chaque instant. Le soleil ne tarderait pas à se lever quand je pus enfin me soustraire aux membres de ma nouvelle famille sans les offenser. Je me hâtai à travers le manoir et arrivai souffle court pour assister à la fin du concert qui n’avait aucunement la prétention d’accueillir des spectateurs. Au matin, je laissai le vampire sans que l’on ait échangé la moindre parole mais je m’en accommodai mieux que la veille. Il en alla de même les soirs suivant, pourtant je ne me lassai pas de sa musique, de son visage, de son être si mystérieux.
Peu de temps après, Marianne m’annonça que nous partions pour la maison Moroi, dont elle était issue et où vivait sa créatrice. Je me ravissais de cette perspective, rencontrer celle qui avait fait Marianne était un véritable honneur pour moi et le voyage comme la découverte d’un nouveau lieu me réjouissaient d’avance. Je ne pus pourtant retenir ce pincement au cœur quand je réalisai qu’il me faudrait quitter Leonard. Me rappelant mon immortalité, je me fis la promesse de revenir, quand je le pourrais.
La maison Moroi m’apporta son lot de déception. Sans que la présence masculine ne soit une nécessité pour moi, je trouvais stupide la volonté de se couper d’un autre genre. Et si j’aimais être séduite par celle qui m’avait faite immortelle, je ne supportais pas les manières des succubes qui s’invitaient régulièrement et jouaient de leurs charmes avec tout un chacun. La créatrice de Marianne était la seule que j’appréciais, sans doute mon respect pour elle était trop grand pour que je puisse ressentir quelque émotion négative à son égard. Pour palier à l’ennui – dont je découvrais peu à peu le sens profond – je me perdais dans les livres de l’immense bibliothèque qui se trouvait là. Souhaitant d’oublier que, par filiation, je devrais passer le plus clair de mon temps dans cette maison, je dévorais la littérature humaine et vampire à longueur de nuits. Je tentai à plusieurs reprises d’assembler moi-même des mots, mais je découvris rapidement que je n’étais pas faite pour créer, seulement pour contempler les chefs d’œuvre des autres.
M’enfermant dans les livres, j’étais en passe de devenir vraiment solitaire. Je ne cherchais le contact de personne, les personnages des récits que je parcourais me suffisaient amplement. Et puis j’apprenais au travers des écrits ce qu’était la nature profonde des mortels et des immortels, examinant ces traces qu’ils laissaient après eux. Passionnant, cet exercice mental accaparait toute mon attention. Pourtant lorsqu’un groupe de vampires vint me trouver une nuit, je ne les rejetai pas. Elles étaient cinq, toutes à l’apparence soignée et aux sourires charmeurs. Passionnées de lecture elles aussi, elles avaient à une époque fondé une petite troupe de théâtre. Et me voir pleine d’avidité pour les mots leur donnait l’envie de s’y replonger. Elles m’initièrent donc à ces textes que je boudais par leur forme inhabituelle et me firent jouer en leur compagnie. Je découvrais le plaisir du jeu, préférant toujours le drame à la comédie, et il fût bientôt indéniable que j’étais une excellente actrice. Nous jouâmes un temps pour nous, puis décidâmes d’élire une pièce que l’on présenterait aux autres. J’incarnai le rôle principal, celui d’un ange déchu que le destin menait de misère en déception.
La distraction que nous offrîmes aux autres fût accueillie avec un grand enthousiasme et je proposai que l’on aille jouer dans les demeures Miyuk et Casparek, idée qui plut aux comédiennes. Ainsi, je trouvai l’occasion de revoir Leonard, dont je gardais un souvenir intacte malgré le temps qui avait passé. Notre représentation à la maison Miyuk ravit les spectateurs, cependant je ne pouvais me réjouir. Car dès l’instant où nous étions arrivées, l’absence de musique m’avait frappée et mon sentiment ne tarda pas à se vérifier : le musicien était parti. Pas vraiment loin puisqu’on m’apprit qu’il était simplement retourné parmi les siens, au manoir Casparek, où l’on irait bientôt. Mon excitation n’avait d’égale que mon impatience à me rendre là-bas : c’était le dernier endroit où vivaient les miens qu’il me restait à voir et surtout, lui s’y trouvait. Mes compagnes comédiennes s’attardèrent un moment sur place, à la façon des immortels pour qui le temps n’existe plus, puis le jour vint où nous primes de nouveau la route.
Enfin nous arrivâmes au manoir Casparek et sitôt les portes franchies je reconnus la musique qui n’avait pas quitté mon cœur. Elle ne s’interrompit que pour notre représentation et ce fut le seul instant où, toute au jeu et aux répliques, j’en venais à oublier sa présence. Je retrouvai Leonard quelques instants après la fin de la pièce, me rendant dans la chambre sombre des sous-sols où l’on m’avait dit qu’il vivait. Alors que j’entrai, il m’adressa un sourire discret et se mit à jouer un morceau qui me bouleversa. Hormis les accords crachés par le violoncelle, le silence régnait toujours entre nous, me laissant à chaque geste, chaque regard et chaque note le loisir d’interpréter comme bon me semblait. Je ne pouvais prétendre le connaître, pourtant alors que les nuits se succédaient j’avais l’impression de le cerner de mieux en mieux, lisant son humeur et ses émotions au travers de la musique qu’il jouait. Il m’attendait pour commencer, et n’arrêtais qu’aux premières lueurs du jour quand nous nous quittions.
Le temps passa – les autres comédiennes étaient retournées à la maison Moroi – et sa langue se délia, timidement, mesurant chaque mot. Je sentais qu’il avait pour moi une certaine affection, une amitié complice, que je lui rendais doublée d’admiration. Lorsque d’aventure je ne vins pas le voir un soir, lui préférant la caresse de la pluie si rare dans le désert, il me rejoint à l’extérieur et se glissa sous le rideau d’eau en ma compagnie. Ses cheveux ruisselaient, ses vêtements trempés collaient à sa peau et l’éclat du bleu de ses yeux semblait briller plus fort sous l’averse. Je réalisai que mes sentiments à son égard se muaient en un désir insidieux qui venait étreindre ma poitrine et faire courir dans mes veines une force qui m’était inconnue. Ce désir grandissait et avec lui l’impression qu’il était réciproque. Pourtant je tremblais de peur à l’idée de me fourvoyer, je craignais de l’évoquer, même en mon esprit, de peur que ce que je pensais être une illusion ne se brise. Longtemps nous restâmes ainsi, chacun muet au sujet de notre envie, bien que le doute s’estompât chaque nuit.
J’ouvre à nouveau les yeux, contemplant dans les nuages la terrasse sur laquelle nous en vinrent au premier contact physique, brûlant, dévorant le désir pour le muer en une passion que je n’avais jamais connue avant lui. Puis les nuages s’estompent, ces souvenirs ne peuvent trouver de forme palpable. Les nuits, les mois qui suivirent n’ont pas de sens si ne n’est en chacun de nous. Même aujourd’hui je ne pourrais dire combien de temps cela dura. Je sais seulement qu’il fut un jour où nous nous quittâmes : sans que notre amour n’ait faiblit sous le poids des années, nous sentions la lassitude venir et elle est le pire ennemi des immortels. Je fixai la date de mon retour à la maison Moroi et le temps qu’il nous restait nous le passâmes sans jamais nous quitter.
Après cela, cette salle ne peut plus rien me présenter de nouveau. Simple retour aux côtés de Marianne, retrouvailles apaisantes, retour à la lecture et au théâtre aussi. Mais ces redécouverte ne me comblèrent qu’un temps, bientôt je m’ennuyais de vivre cette éternelle chanson. Toujours les mêmes décors, les mêmes compagnes… Et voilà où j’en suis, à quelques évènements insignifiants près. Comme le fait de parcourir cette étendue blanche, foulant aux pieds l’eau tiède qui me porte toujours vers l’avant. La tentation de retourner au manoir Casparek est grande, cependant je sais que l’ivresse du désir ne durerait qu’un instant. Il n’y a plus rien à découvrir ici ou ailleurs, les demeures vampires de Ghurol sont figées dans un immobilisme qui ne peut combler mon éternité à vivre. Alors qu’au loin par-delà l’océan, les mortels se sont agités, façonnant et refaçonnant leur monde à chaque génération…
Je sais à présent où mèneront mes pas dans ce décor improbable et que je ne dois plus hésiter. Ne pas revenir en arrière, ne pas craindre cette aventure même si la solitude m’attend. Voulais-je croire avant cela que Ghurol pourrait me satisfaire à jamais ? Pas plus que je ne voulais croire, mortelle, à la réalité des choix qui s’offraient à moi. Voir le monde me fut pourtant rendu possible. J’ai eu cette chance infinie de rencontrer Marianne et de recevoir son don de vie immortelle. Mais vivre à jamais dans ces murs n’est pas savourer ce présent à sa juste valeur. Le temps vient pour moi d’accomplir mon propre voyage. Revoir Lan Rei, voilà ce par quoi je commencerai, dès que le blanc s’estompera pour ma ramener à la réalité.
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| | | ~¤ Chaton ¤~
Nombre de messages : 2814
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 12:00 | |
| Un pas. Un autre. Silencieusement, nous ondoyons autour de toi, nous te frôlons de nos mains glacées. Lorsque tu t’immobilises, nous nous figeons. Nous attendons. Ici, c’est toi la maîtresse des lieux même si tu l’ignores encore. Nous ne sommes que la toile blanche qui attend tes coups de pinceau. Laisse donc ta mémoire colorer notre corps, accepte de devenir l’artiste involontaire de la fresque de ta vie... puis deviens-en la spectatrice.
Voilà. Les couleurs naissent. Regarde, toi qui en es la mère. Regarde donc d’où tu viens, regarde où le torrent furieux du temps t’a menée au fil de ta longue vie. Laisse toi porter par le courant de tes souvenirs, redécouvre-les et montre-les nous. Joie et violence, morts et rencontres... Ces failles qui ont creusé ta route, ces obstacles qui ont parsemé ton chemin, ces doutes et ces choix. Montre-nous les lames qui ont taillé ton esprit tel qu’il est aujourd’hui, ce qui a forgé tes pensées et tes certitudes.
La trame de ta vie s’interrompt brusquement. À partir d’ici, l’avenir n’a pas encore été tracé. Le crayon n’attend plus que toi pour poursuivre le dessin. Les derniers éclats irisés se dissipent à la surface de l’eau dont le niveau s’élève doucement.
Reprends la route. Donne une suite à cette belle histoire que tu nous as offerte.[Re-bienvenue à toi ! Et merci pour cette belle histoire ! Hâte de lire tes prochains RP. Je ne te présente pas la maison, je pense que tu la connais déjà assez bien hihi.] |
| | | *Vampire*
Nombre de messages : 1142 Localisation : Loin, très loin, très louun ! Métier/Fonction : Mon métier est de hanter tes rêves les plus fous !
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 14:01 | |
| Re bienvenue ! En effet, c'est une histoire bien écrite ^^ Hâte de rp avec ce personnage ! |
| | | *Vampire*
Nombre de messages : 44
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 14:16 | |
| Je suis flattée si ce texte plait, me suis bien amusée à l'écrire en tout cas ^^. Contente d'être validée, merci Kal.
Et rp tout bientôt si tu veux Zev, mp moi quand tu veux commencer, qu'on vois pour le où/quand. |
| | | *Elfe*
Nombre de messages : 2128 Localisation : Toujours sur tes pas Métier/Fonction : Chevaucheuse du Vent et de la Nuit / Démolisseuse de tavernes
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 14:19 | |
| Re re re et re ^^ Ya pas mal de doubles comptes en ce moment je trouve, mais le texte, chapeau |
| | | Petit membre
Nombre de messages : 30
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 14:47 | |
| Parce que y a plein de personnages intéressants à faire :p Re bienvenue ! ... Mes surnoms à trois lettres marchent pas, là. Luc. ... "Ton nom à l'envers, ça fait cul !" |
| | | *Vampire*
Nombre de messages : 44
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 18:14 | |
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| | | ¤Admin¤
Nombre de messages : 10629 Localisation : ¤ Là où la mer et le ciel se rejoignent, sur l'horizon, là où le Rêve existe encore ¤ Métier/Fonction : ~¤Maître du Jeu¤~ / ~*Conteuse*~
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 19:05 | |
| BIENVENUUE LULUUUUU (oh gosh, j'ai vraiment osé dire ça?) J'ai pas encore eu le temps de lire tout ça, mais jm'y mets dès que possible, et jvais aussi te mettre ton groupe/couleur/logo. Amuse toi bien |
| | | =Aïkologue=
Nombre de messages : 2039
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 19:13 | |
| Re-bienvenue à toi Je n'ai pas encore lu ton texte mais au vu des éloges que tu reçois je pense que je ne vais pas y couper. |
| | | ~*Reine des Abysses*~
Nombre de messages : 4683 Localisation : *~ là où les corps rencontrent la nuit ~*
| Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve Jeu 23 Aoû 2012, 21:28 | |
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| | | | Sujet: Re: Lucy Jerral - le Rêve | |
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