Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Sweet dreams are made of this...

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Shaadé Sydhän
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Shaadé Sydhän

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MessageSujet: Sweet dreams are made of this...   Sweet dreams are made of this... EmptyMer 22 Aoû 2012, 00:21

Poum ding dam padim boum tsoing dong ! Symphonie de cœurs qui se battent pour avoir la vedette. Pashoum dabam ! Orchestre pachydermique qui ne jouait que pour elle. A défaut d’avoir du cœur, elle en avait capturé plus d’un dans cette grande volière qui lui servait de corps. Elle les sentait, tour à tour, tentant de bousculer chaque artère de leur rythmique propre, agitant son sang de courants contraires. Quel ensemble désordonné ! C’était tellement elle, tellement représentatif tant de sa personnalité que de son allure. Daboum dim cadam ! Ils n’étaient pas d’accord pour qu’on détourne déjà l’attention qu’on avait posée sur eux. Trésors ingrats qui voulaient encore un temps retarder l’entrée en scène de leur maîtresse. Mais ils avaient tant d’histoires à raconter, tant d’amour et tant de haine pour leur détentrice ..! Qui pouvait tenir en laisse une meute de battants de cet acabit ? Qui pouvait avoir un hobbie de ce genre ?

La salle était rouge et sombre et palpitante comme un fruit trop mûr. L’ensemble n’était qu’angles doux, arrondis infinis, parois molles qui se rejoignaient comme pour former une tulipe. Nulle cavité par laquelle s’extraire. On pouvait peut-être s’enfoncer dans ces chairs exposées, mais rien ne garantissait qu’on finisse par en crever la membrane. Les murs étaient comme translucides, illuminés de l’extérieur, donnant aux cloisons des teintes changeantes, brumes tantôt d’un rouge mourant, l’instant après d’un orange clinique. Arc en ciel de noir, de rose et d’ombres sanguines.
C’était comme regarder passer les nuages.

Et elle était là, avec sa traîne de résonances cardiaques, comme happée par la voûte d’une cathédrale. Sa foi n’aurait pu se déployer nulle part comme elle le faisait ici. Sa religion aurait nécessité des monuments semblables à ce lieu. Il y avait même des simulacres de vitraux, plaies béantes et argentées incrustées dans le myocarde. Ces éclairs blancs, métal fondu comme une larme directement imprimée dans la joue, reflétaient les mouvances rougeâtres du lieu et d’autres fractures laiteuses qui leur faisaient face. Puis ils reflétèrent la courbe d’un pied, la foisonnance d’une chevelure.
Dans le reflet, on vit la silhouette rouler brusquement. Jusqu’ici immobile, allongée sur le dos, elle s’était arrachée à la contemplation de cette voûte purpurine, dérangeant ses cheveux en étoile qui commençaient à fricoter avec les anfractuosités de ce sol vivant, pour se retrouver sur le ventre. Les miroirs dupliquèrent sa reptation saccadée. Certains saisirent un à-pic osseux effleurant sur une épaule avant de se rétracter. D’autres virent passer une coulée d’écailles qui ne semblaient pas trouver de prise sur cette peau trop lisse, s’agrippant en divers emplacement, changeant de formes et de texture dans des tentatives désespérées, embrassant les ombres de chaque creux, les reflets de chaque dôme. Puis trois yeux fleurirent sur le miroir, asymétriques, énormes, collés à la glace. Elle avait redressé son visage le long de la muraille argentée, l'embrassant presque, l’examinant attentivement comme pour capter une lumière biblique passant au travers. Nez à nez avec elle-même, elle sourit enfin. Une dent trop curieuse mordait sur sa lèvre supérieure comme un croc ou une défense. D’un doigt délicat et pointu, comme d’autres s’essuient le coin de la bouche après un dîner copieux, elle vint gentiment ranger cette incisive en quête d’aventure, la repoussant dans le rang de ses semblables, d'apparence anodine, et pourtant si efficaces. En bon contremaître, cette main continua son inspection, s’arrêtant finalement sur la tempe gauche, venant masquer l’une des paupières agitées. La silhouette se redressa, trop grande, mal proportionnée. Quand la main se retira finalement du visage, le troisième œil n’y siégeait plus. Les deux yeux survivants scrutèrent la paume où il avait cru trouver refuge. Mais d’un geste négligeant du poignet, elle le délogea comme on chasse des gouttes d’eau. A peine un battement de cils.
Le globe laiteux alla éclabousser une des parois.

Shaadé affronta son reflet mouvant. Elle n’avait jamais été très stable et cela se ressentait dans son physique. La démone se demandait si ce miroir peinait à suivre le rythme de ses migrations. Elle avait toujours eu du mal à maintenir une apparence trop longtemps, comme si ses traits étaient volatiles, se cherchant sans cesse, incapable de tenir en place, fluctuants, influençables. Elle était constamment obligée de faire des retouches, comme les coquettes qui craignent de voir leur mascara couler. Elle, elle devait s’assurer de ne pas voir bourgeonner une crête osseuse au milieu de son front comme une poussée acnéique. En pleine conversation avec un humain un peu trop impressionnable, ça faisait toujours mauvais genre. Son enveloppe humanoïde détonait toujours, quelque chose clochait, inévitablement. Son essence démoniaque devait s’exprimer d’une manière ou d’une autre. Et elle aimait ça.
Enfin, les mutations ralentirent puis se stoppèrent dans le miroir. Voila. L’apparence humaine qu’elle revêtait toujours, à quelques détails près: une femme trop grande, chez qui rien n’était « moyen », « normal » ou tout à fait symétrique. Le visage était un peu long, un peu large, presque masculin. Le menton fuyait sous une bouche écrasante aux coins légèrement incurvés, donnant à son profil quelque chose d’un peu enfantin et boudeur, d’un peu vorace aussi. Le nez surplombait le tout comme l’aileron d’un requin, imposant et fier de ses proportions. On ne comptait maintenant que deux yeux sur ce visage, deux prunelles à la couleur assez vague, pas vraiment définie. Quelque chose entre le gris, le marron et le vert, une tâche indécise qui souvent s’imprégnait du maquillage qui l’entourait, le reflétant. Mais la couleur, c’était bien à peu près tout ce que ces deux yeux avaient en commun, ayant du mal à s’accorder sur le reste. Un très léger strabisme créait la première divergence entre les prunelles. Une différence de taille venait encore creuser le fossé, l’œil gauche imperceptiblement plus fermé que le droit, doté d’une paupière un peu plus lourde sans doute.

Un jeu des sept erreurs constant. Elle sentait son corps entier grouiller d'anomalies en tout genre, attendant d'être découvertes. Mais la plupart du temps, ces bizarreries physiques restaient insoupçonnées, les gens passaient leur regard dessus sans les voir, sans comprendre d'où venait ce léger malaise qu'ils ressentaient, cette impression que quelque chose n'était pas à sa place. Le manque d'équilibre de son physique était subtil, comme un parfum flottant dans l'air, insaisissable, que l'on sentait sans en trouver la cause.
La crinière qui encadrait ce profil de picasso était beaucoup moins subtile, bien qu'aujourd'hui, elle resta sagement blonde, quoi que d'un doré un peu trop soutenu pour être naturel. Elle était d'ordinaire changeante, comme dotée d'une vie propre. Chaque jour, de nouvelles excentricités capillaires. Couleurs, formes, volumes et matières, tout y passait. Parfois, elle arrangeait elle-même ce désordre architectural pour en faire une création éphémère, se rendant étonnante, éblouissante voir effrayante. Et d'autres fois, c'était juste un chaos aléatoire.
Elle aimait cette électricité qu'elle sentait, parcourir son corps comme une vie qui lui échappe, elle aimait se réveiller et se découvrir dans la glace chaque jour différente.

Certains démons, dans leur état le plus pur, sont des abominations, des taureaux à pectoraux, des nuages de fumée terrifiants, créatures reptiliennes, cornues, poisseuses, sèches, détraquées, des montagnes d'horreurs superposées, parfois même d'innocentes et traîtresses petites filles, à l'image de Damballa.
Elle, elle n'avait jamais eu de forme démoniaque à proprement parler. Elle n'était pas un reflet d'Enfer, une créature de lave et de souffre. Elle n'était qu'une base humanoïde sur laquelle s'additionnaient parfois des cornes, des crêtes, des déformations, des rugosités, des teintes. Comme des accessoires, des extensions qu'on rajoute pour compenser quelque chose. Plus jeune, ça avait été un complexe. Comment savoir qui l'on est, quand on ne sait pas à quoi on ressemble vraiment ?
Et puis Dagon lui avait ouvert les yeux : ce n'était pas une faiblesse, mais une force, puisqu'elle n'était pas figée, coincée, elle pouvait choisir, elle pouvait évoluer, renaître, s'adapter. C'était devenu une fierté.
Pour autant, elle n'était pas une sorte de métamorphose pouvant prendre l'apparence qu'elle voulait, non. Elle restait toujours reconnaissable, elle restait toujours « elle », transparaissaient toujours ces mêmes traits. Mais là où ses comparses ont souvent deux identités, un physique humain et un physique démoniaque, elle, elle était un aller-retour constant entre les deux, comme deux images superposées.

Elle se contempla dans les miroirs, fière de sa différence et surtout du chemin parcouru entre la jeune démone complexée de jadis, et la femme épanouie d'aujourd'hui. Ce qu'elle voyait ? 1m97 de perfection, d'extravagance et de difformité.
Elle n'était pas maigre, mais sa silhouette était abrupte, cassante, ses courbes nettes, comme découpées au cutter. Ses os dessinaient des angles raides, sous-tendaient crûment sa peau. Ses bras étaient longs, ses épaules, pointues.
Sa taille étroite semblait presque ridicule perchée au dessus de ses cuisses puissantes et infinies, de son sexe sombre. Ses fesses s'agitaient à chaque mouvement, promettant d'être confortables.
Son regard glissa jusqu'à ses pieds. Sur l'ensemble de ses quasi 2 mètres, ils semblaient minuscules, mignons, alors qu'ils chaussaient déjà une pointure honorable.
Shaadé était jeune pour un démon, et son corps ne s'était pas encore enveloppé de méandres, elle était encore lisse et taillée à la serpe, comme au sortir du moule. Un corps trop honnête, exagéré, dont la disproportion rappelle la fin de l'adolescence humaine, mais avec plus de conviction, un allongement taillé dans une pierre raide et non pas dans la mollesse des chairs juvéniles.

La main continuait son travail méticuleux, cheminant attentivement sur la gorge docile et jusqu'à la poitrine, un peu lourde. Shaadé aimait se promenait nue, soumettre sa température corporelle de 52° à la fraîcheur de ce monde, se rappeler la brûlure perpétuelle qu'infligeait l'atmosphère d'Enfer, et celle plus sournoise, d'un amant qui ne sait pas encore ce qui l'attend... Alors se retrouver ainsi exposée ne la gênait pas le moins du monde. Même, c'était plutôt excitant. Est-ce que quelqu'un regardait, à cet instant précis, à travers une de ces brèches qui lui renvoyaient son image ? Est-ce que cette vision allait dévorer le cœur de quelque voyeur ?
Les ongles trop longs comptèrent les côtes. 16 sur le flanc droit. A son passage, chaque os sembla se gonfler comme une voile qui s'incline pour avoir une meilleure prise au vent, la partie droite de la cage thoracique se déploya en interne, infligeant à la peau une tension accrue, créant de légers creux entre chaque côte.
L'index finit par replacer le nombril en orbite, en un centre approximatif.

Shaadé eut une moue dubitative. Elle était rarement autant en désordre, c'était étrange. Elle n'avait pas souvenir d'avoir déjà subit une telle mutinerie de la part de son corps, d'avoir dû avec autant d'acharnement chasser les approximations, faire la police. Quelques pics osseux, un trait d'écailles, une corne tentant de percer, ça arrivait, mais pas tout ça à la fois. Elle avait pris l'habitude de soigner ses apparitions et son apparence, d'en faire son principal outil, sa signature, sa marque de fabrique, alors se voir ainsi déborder, ça avait quelque chose de contrariant. C'était comme si sa structure étaient... à fleur de peau, irritée, réagissant comme une allergie à cette endroit. Elle qui l'aimait tant !
Mais après tout, ce n'était pas la seule chose étonnante. Ses parures exubérantes manquaient également à l'appel. Pas de chaussures tortueuses, pas de robes dépassant les lois de la physique, aucun bijoux enflammés, aucune plume de paon encadrant sa chute de reins. Si ses fidèles admirateurs la voyaient dans cet état, ils seraient pour le moins... surpris. Ceci dit, c'était une idée à noter pour un prochain coup d'éclat, apparaître totalement nue et naturelle, presque vulnérable. Ça risquerait de faire le buzz à la cour de Damballa, peut-être même cela lui vaudrait-il une sanction, ou une remontrance. Par contre chez les succubes, une telle exhibition serait peut-être accueillie autrement.

Le chœur reprit sa mélopée lancinante, galop de cheval, pluie d'été, cloches dominicales, tout ça dans la caisse de résonance de ce même corps. Bien qu'immense, ça faisait beaucoup de bordel pour un seul organisme. Roulement de tambours du bronx faisant trembler le rouge cette chapelle du sacré-coeur. Les miroirs-vitraux vibrèrent comme pour un avertissement, tandis que les parois sanguines s'obscurcissaient par moment.
Shaadé se masqua les yeux d'une main, et dans la prière solennelle qui dansa sur sa bouche, elle fit ses adieux au plus beau lieux de culte qu'on puisse jamais bâtir à son honneur.

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Oanig Ain'Hoa
~*Reine des Abysses*~

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MessageSujet: Re: Sweet dreams are made of this...   Sweet dreams are made of this... EmptySam 15 Sep 2012, 01:57

Sweet dreams are made of this... Yeux4b

Qui suis-je ?

Il existe en chaque être pensant une question.
Terrée, obscure, dans les méandres des fantasmes et des pulsions. Elle ère.
Elle est une faim, celle de la vérité.
Elle est une soif, celle du savoir.
Elle est d’un appétit insatiable. Oh ! Qu’elle est vorace !
Et pour la repaître, il n’est qu’une solution : la chasse.

Qui suis-je ?

Ce que tu vois dans le miroir, ce n’est pas toi. C’est ton autre.
Un être tissé de songes. Un entrelacs de mensonges.
Une peinture à l’eau et au sang.
Une parure à feu et à sang.
Et toi, tu n’es déjà plus.
Consumé, par le temps qui s’écoule.
Ploc. Ploc.
Regarde de nouveau… Te reconnais-tu ?
La teinture s’effrite. La toile, rongée par les mites !
Le chef d’œuvre se froisse dans les mains du Passé et se fondent les limites.

Alors, que resterait-il de toi ?


Sweet dreams are made of this... Clrougeno6
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Shaadé Sydhän
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Shaadé Sydhän

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MessageSujet: Re: Sweet dreams are made of this...   Sweet dreams are made of this... EmptyDim 16 Sep 2012, 11:36

D'une allure de danseuse ivre, Shaadé s'était approchée de la noirceur. Elle s'immobilisa sur le seuil, déroba son regard au monde derrière ses grandes mains soignées avant d'aspirer une profonde gorgée d'air, sa tête basculant légèrement en arrière.
Ce n'est pas elle qui avançait dans la noirceur. C'est la noirceur qui s'infiltrait en elle, plantant ses racines dans chaque veine, enserrant ses poumons.
Ténèbres. Pays des rêves. Un domaine qu'elle parcourait si souvent ! Elle pouvait en sentir la couleur, l'opacité, rien qu'en respirant. Elle s'était toujours demandé comment les rêveurs pouvaient être si convaincus à leur réveil que rien de tout cela n'avait existé. Dans le noir, comment être sûr que la pièce dans laquelle vous vous êtes endormi est toujours là, autour de vous ? Est-ce que le monde existe toujours lorsque la nuit s'abat ? Et si ce que vous avez imaginé durant votre sommeil n'était pas seulement dans votre crane, mais tout autour de vous, prenant vie derrière chaque paupière close ?

Ces questions là, elle se les posait pour les autres, jamais pour elle-même. Elle ne rêvait pas. Pas étonnant pour un démon me direz vous. Mais Shaadé ne revait pas, jamais. Ce n'est pas seulement le Grand Rêve qui lui échappait, mais tous les autres, les absurdes, les petits, les insignifiants, les cauchemars qui vous réveillent en nage, les orgies surréalistes où le roi des hommes se tape un centaure. Elle ne connaissait pas le réalisme débile des rêves que son inconscient aurait pu lui souffler. Autour de son sommeil ne régnait que l'obscurité et le silence. C'était comme si elle mettait sa respiration en suspens durant la nuit et reprenait où elle s'était arrêtée au matin.
Elle n'en concevait aucune frustration, juste une paix immense.
Les rêves, elle n'en était pas victime. Elle les domptait, elle les infligeait. Elle voyait leurs effets sur les autres, les mimiques ensommeillées, prunelles roulant sous la peau fine des paupières, corps qui se raidit et tressaute quand il croit tomber, gémissement survivant du pays des songes venant s'échouer sur des lèvres inertes.

Quand elle rouvrit les yeux, tout avait disparu. Fini le cœur rouge et ses miroirs, fini la pulsation lancinante. Elle-même avait disparue, désagrégée, dissolue dans la noirceur. Ses nuits ressemblaient à ça, palais de néant où jamais rien ne se passe.
Enfin, pas toutes ses nuits, bien sûr. Seulement celles où elle s'ennuyait assez pour préférer aller se coucher, quand le gibier ne mordait pas à l'hameçon, quand elle n'avait pas de rêveur à persécuter.
Shaadé était une chasseuse nocturne, comme ses sœurs d'adoption, à cette exception près que ses traques étaient plus longues, nécessitant d'installer un piège beaucoup plus lent à se refermer.


-Que tu es belle... Elle est belle n'est-ce pas?
-Définitivement.
-Assurément.-Radieuse, une vraie fleur. Si on arrangeait un tout petit peu ces cheveux là, comme ça...


Shaadé sentit un courant d'air sur son front. Elle se raidit de toute sa hauteur, tant des mots entendus, jaillis de nul part et ridicules, que de l'attouchement.

-Voila, là, c'est parfait.
-Je ne suis pas sûre qu'elle apprécie, tu as vu la tête qu'elle tire?
-Je crois qu'elle n'aime pas trop qu'on touche à ses cheveux...


Comment qui que ce soit pouvait prétendre voir son visage dans ces ténèbres de poix? Enfin après tout, elle connaissait bien quelques démons nyctalopes. Elle s'était redressée, étirée, droite comme un piquet, outrée presque qu'on parle d'elle comme d'une vulgaire poupée que l'on pourrait habiller à sa guise. Elle ébouriffa le buisson qui lui tenait lieu de chevelure, par pur esprit de contradiction. Elle était tellement offusquée des qualificatifs de miss Reilor dont on l'affublait qu'elle en oubliait totalement de s'inquiéter de ce que pouvait bien abriter les ténèbres.

-Ahah, tu l'as énervée.
-Tant mieux, je l'aime bien quand elle est vexée. Attaque la sur son physique et tu peux être sûre qu'elle va défendre son cheval de bataille. Tiens, tu as vu qu'elle frisotte sur la nuque aujourd'hui?
-Ah oui ! Mais elle n'a pas de corne. C'est dommage, ça lui va bien, les cornes.

-Mais tout me va bien voyons!


Shaadé reprenait contenance. Sa voix froissa l'obscurité dans toute les directions, cherchant une oreille à atteindre. Après tout, bien qu'elle ne puisse pas le voir, elle avait un public, voir mieux, des admirateurs. Elle n'avait besoin de rien d'autre pour laisser jaillir son caractère de diva. Avoir des fans, être observée sous toutes les coutures, commentée, elle avait l'habitude. C'était son fond de commerce. Et puis après tout, si elle s'amusait tant avec son apparence, ce n'était pas pour passer inaperçue.
A la cour de Damballa, elle faisait naître les rumeurs et les messes-basses, rien qu'en sortant de chez elle. Sa tenue était toujours l'interrogation et le sujet de conversation des plus commères, les plus dignes et conservateurs s'insurgeaient de la mauvaise image qu'elle renvoyait des démons (comme si quelque chose pouvait encore sauver leur réputation de grands méchants) avec ses excentricités et son allure humaine si peu passe-partout. Et elle aimait ça. Qu'on traque son image, qu'on la décrit, qu'on la critique, mais qu'elle vous reste scotchée à la rétine, comme une rengaine trop efficace. Elle aimait également en sentir la trace dans l'allure de certains jeunes démons en quête de modèle à copier.
Elle était mégalo, mais d'une manière tellement joviale qu'on lui pardonnait facilement. Elle voyait grand. Et toujours dans des couleurs flashy, des assemblages inattendus, des effets de lumière et de cape.
Elle ne vivait que pour être ce personnage public.

Car au sein de sa race, Shaadé était un vrai phénomène. Non pas qu'elle aspira à quelque place de pouvoir ou posséda une puissance hors du commun. Non, notre jeune démone était une starlette, une célébrité démoniaque, connue pour son extravagance, ses frasques et son caractère flamboyant, son pouvoir un peu particulier aussi.

-Ca y est, je crois qu'elle est lancée dans un grand monologue intérieur à sa gloire.
-Elle est sa plus grande fan, pas de doute la dessus.
-Et pourtant elle n'en semble pas orgueilleuse ou méprisante. C'est dingue de s'idolâtrer de manière aussi innocente.
-Elle pense être teeeellement unique.
-Hors du commun.
-Et avoir tellement de choses à apporter aux gens qui la côtoient!

-L'Archipel n'avait pas connu quelqu'un comme moi depuis des millénaires.
-« Les gens ne sont simplement pas près à comprendre qu'un démon puisse avoir une vision révolutionnaire »
-Tiens, tu fais des rimes maintenant!


Les voix s'esclaffèrent, et Shaadé s'éloigna, son menton relevé allant à l'opposé de leurs ricanements. Évidemment, elle avait de la confiance en elle. Il en fallait pour assumer toutes ses excentricités, ses nouvelles idées, ses lubies, pour user de la magnificence de son pouvoir également. Oui, elle pensait réellement être unique, tant par ce qu'elle faisait que par la manière dont elle le faisait. Elle n'écrasait pas les autres pour autant, elle ne prétendait pas valoir mieux qu'eux. Elle pensait juste être différente, et elle en tirait une extrême fierté. Elle voulait partager sa vision du monde, parce qu'elle la trouvait formidable, et elle aurait aimé que d'autres puissent voir ce qu'elle voit, comme elle le voit. Une hippie démoniaque, en quelque sorte. Sans la guitare. Par contre les fleurs dans les cheveux, ça pouvait arriver. On trouvait cette sorte de bienveillance envers ses semblables, une envie de partager ses découvertes. Et l'idéal était donc d'en être fière, de les étaler sur tout son corps.
Mais ce n'était pas inné, on lui avait appris à être comme ça, à gagner en assurance, à oser.
Ils avaient dû s'y mettre à deux pour la sortir du confortable cocon dans lequel elle était engoncée, la toile épaisse de la discipline. Et le changement avait été radical.
Dagon et Calaäm. Probablement les deux démons les plus importants de toute sa jeune vie.
L'un lui avait légué son goût de la rébellion. L'autre, son amour de l'absurde et de l'inattendue. Oh, elle était bien loin la gamine qu'ils avaient rencontrée tout d'abord!


-Un bon petit soldat...
-Et pas un cheveu qui dépassait à l'époque!
-Si Iblis avait sû que sa toute jeune recrue, si sage, si bien dressée, allait se ranger derrière son challenger...!


Pour la première fois depuis le début de l'étrange échange, la démone sentit un élan de complicité envers ces voix désincarnées. Comme des vieilles copines avec qui on partage ses vieux souvenirs, ses premières victoires.
Et pour le coup, s'être tenue aux côtés de Dagon quand celui-ci chassa son prédécesseur du trône, c'était une surprise. Son premier éclat de taille, éblouissant la classe des démons de terre, la révélant enfin.

Quand elle était arrivée dans le Cercle sur l'invitation de l'ancien Prince des Démons, elle était la plus jeune à jamais avoir accédé à ce rang. Son pouvoir sur les rêves avait fasciné le vieux roi, déjà pleins de projets pour exploiter cette faculté. Son jeune âge, sa malléabilité avait finit de le convaincre.
Car en effet à cette époque, son esprit s'imprimait de tout ce qu'on lui disait, elle était influençable, docile, extrêmement fidèle à son Prince. Elle respectait les ordres sans demander son reste, ne contredisait jamais, approuvait gentiment d'un hochement de tête toute parole sortant de la bouche couronnée. Elle se trouvait extrêmement chanceuse d'avoir obtenu une situation si prestigieuse, et elle était convaincue qu'on ne lui voulait que du bien, qu'elle ne pourrait tirer que des apprentissages de ces démons puissants qui l'entouraient. Leurs paroles étaient d'or.
Mais Dagon s'évertua tant et si bien à lui montrer le dessous du pouvoir qu'elle perdit vite ses illusions naïves, sa sage candeur se muant en esprit libre et déjanté.

Son côté théâtral par contre lui venait plus des journées sans dessus dessous qu'elle avait passées avec Calaäm Qhan. Elle avait appris comment être charmeuse et mystérieuse, user de son physique désarmant et décousu pour apparaître comme une révélation aux gens. L'expérience lui avait aussi apprit à parer l'utilisation de son pouvoir d'intrigue et de lenteur. Elle s'était créée tout un rôle, quelque part entre prêtresse et chamane, prostituée et sainte vierge.
Tout était dans l'opposition, le contraste et l'exagération. Shaadé en ressortait lunatique, tiraillée entre une candeur démoniaque et une faim cruelle, partagée entre deux tuteurs qui l'avaient faite pousser dans des directions différentes et complémentaires à la fois. Cynisme contre loufoque, magie et dur réalisme, passion et frivolité, rancœur, douceur, portée aux nues puis déchue jusqu'aux tréfonds. Tant de chemins différents qu'elle pourrait emprunter, et qui se croisent souvent, s’emmêlent sur le bout de sa langue, se tordent dans ses paroles... La démone peut sembler parfois difficile à cerner, tant son attitude peut varier d'un instant à l'autre, de l'excitation joviale au mutisme tragique, mais elle reste facile à vivre, difficilement contrariable et passionnée.

Plus que tout, elle aime faire sentir aux gens qui viennent la voir pour réveiller leurs rêves qu'ils s'apprêtent à prendre part à une expérience tortueuse et superbe, plus ancienne que le monde, un instant volé, imprégné de magie, de hasard et de la poussière des morts. Même dans ces cérémonies enfumées, elle restait lunatique et absurde, mais d'une manière plus inquiétante, absorbée, et ses paroles et gestes débraillés pouvaient parfois prendre l'air de prophétie. Susciter les songes, les convoquer, ça ne devait pas être pris à la légère.
Pour ce qui est du Grand Rêve, on atteignait encore un autre stade de préciosité. Shaadé ne mettait ce don là qu'au service d'âmes d'exception. Ses « clients » du Rêve étaient pour le moins prestigieux: Iblis en premier, qui gardait jalousement son pouvoir pour en conserver l'exclusivité, toute personne voulant en bénéficier devant passer par son biais. Dagon avait eu droit à une séance également, bien qu'il ne fut pas encore au pouvoir à l'époque. Deux Princes déjà, et sans doute bientôt rajouterait-elle à la liste la terrible Reine des Succubes. Elle s'en réjouissait à l'avance. Offrir le Rêve -du moins, le simuler- à des démons qui en sont d'ordinaire privés, c'était déjà un privilège. Mais avoir l'opportunité de mettre ce savoir-faire aux pieds d'Oanig Ain'Hoa, maîtresse des dévoreuses de rêves, ça avait encore un autre prestige.


-Un démon si lié aux rêves et au Rêve, c'est tout de même contre-nature...
-Et ce n'est que le début de ses contradictions.
-Elle aime ça, les paradoxes.
-En même temps, ce qu'elle génère, ce ne sont que des simulacres, de pâles copies de songes, et Aïklando... elle n'en recrée qu'un reflet fade.

-Reprocherait-on à un artiste de ne pas se borner à faire une reproduction de ce qui existe déjà?! Quel serait l'intérêt de créer une réplique exacte du Rêve? Je vais au delà, je prend ce que l'âme des gens me donne, je le façonne et j'en sors l'essence, pour qu'ils grandissent. Savoir ce que l'on désire...
-Pff! Toi même tu ne le sais pas!


Long silence boudeur. Oh, s'attaquer à son don des rêves, c'était déjà faire une grave erreur, elle chouchoutait son talent et l'entourait de cajolerie, toute son affection y passait. C'était ce don qui l'avait fait accéder au Cercle, qui lui avait fait côtoyer les démons les plus impressionnants de son époque. C'était ce même don qui allait lui ouvrir les portes du royaume des succubes, la faire accepter quasiment comme une semblable. C'était ce don qui allait la faire entrer dans les bonnes grâces de la Reine.
Elle aimait ce qu'elle faisait, elle en tirait une jouissance infinie, convaincue que ses épopées oniriques révélaient les gens à eux-mêmes, transcendaient la réalité personnelle de chacun. Critiquer son art c'était comme démolir le château de sable d'un enfant, lui dire qu'aucun archet ne se tiendra jamais sur ces remparts de sable, qu'aucun garde ne descendra jamais le pont-levis en coquillage, qu'aucune princesse ne sera jamais libérée de sa tour bancale. Certes, elle ne provoquait pas le vrai Rêve. Mais à force de séances au cours desquelles elle apprenait à découvrir son client, le plongeant de plus en plus profondément dans un état d'abandon et de révélation, elle finissait toujours par réussir à lancer une mécanique saisissante révélant les désirs réels de l'endormi, ses peurs, ses souffrances, ses pulsions. C'était ensuite comme un appel d'air irrésistible: le trésor découvert se dessinait sur l'Île, le Rêve s'engouffrait dans cette faille et engageait un écho de lui-même, comme si des poussières du Rêve flottaient dans l'air ambiant et n'attendaient qu'une invitation.
Mais elle-même, non, jamais elle n'avait fait cette expérience de survoler Aïklando en songe pour y découvrir son désir le plus cher mis à nu. Elle vivait cent fois la scène dans le sommeil des autres, pas dans le sien. Mais quelle importance, elle savait ce qu'elle voulait, et elle n'avait pas besoin d'aller sur l'île fantôme pour cela.


-Je veux qu'on m'aime.

Les voix étouffèrent de petits rires gênés.

-Oh pauvre enfant...
-...Qu'elle est mignonne!
-Naïve tu veux dire.


Shaadé esquissa un petit sourire en coin, rougissant délicieusement. C'était eux, les naïfs. Elle se prit à rêvasser, à repenser à tous ces amants offerts, ces moments exquis, l'abandon ultime qu'ils avaient tous consenti pour elle, pour qu'elle vive... Tant de cœurs offerts sur un plateau d'argent !
Pendant un instant, la cadence des organes prisonniers s'éleva au dessus de tout, masquant les voix moqueuses et leurs railleries. Quand le vacarme brinquebalant se stoppa, les commères s'étaient calmées, devenant tout à coup graves et sérieuses, avant de susurrer d'une même voix.


-Oh, cet amour-...

Un silence bruissant succéda, épais et moite, plein de murmures curieux. Les voix essayaient-elles d'imaginer ce que ça pouvait être de connaître un tel amour? Shaadé avait été idolâtrée par une partie de ses amants, littéralement. Elle en avait besoin pour subsister. Dévorer leurs cœurs pour nourrir le sien...
Car malgré ses airs sympathiques, Shaadé restait un démon. Affamée, sans cesse affamée. Oh, et la texture de cet organe si symbolique...! Ce goût!
Elle ne faisait pas partie de cette frange de démons sadiques et cruels. Mais goûter le sang de quelqu'un qui vous aime, pulser directement à la source... Voir ces yeux quelque peu surpris, mais encore noyés par l'affection qu'ils avaient pour elle.
Oh, elle leur était tellement reconnaissante...


-Tu es décidément une grande sentimentale.
-Ils m'ont tout donné.
-Et tu leur as tout pris.


La démone baissa les yeux sur ses pieds qu'elle ne voyait pas. Pas par honte ou remords, mais par nostalgie. Tuer pour se nourrir, dévorer les cœurs de ceux qui tenaient à elle, c'était son mode d'alimentation, elle était faite comme ça. Pour calmer son appétit, pour ne pas sombrer dans le dessèchement, elle devait séduire, susciter l'affection, l'admiration ou l'amour pour ensuite dévorer ce cœur gonflé de sentiment. A cette condition seulement, elle pouvait apaiser sa faim. Certains qualifieraient cela de terriblement pervers, gagner la confiance de quelqu'un simplement pour pouvoir en faire une nourriture compatible. Mais Shaadé ne culpabilisait pas, jamais. Pourquoi devrait-elle se reprocher quelque chose qui était simplement dans sa nature?
De plus, elle faisait ça le plus honnêtement du monde. Elle les aimait, vraiment. A sa manière. Très rares étaient les cas où elle n'avait pas ressenti un réel intérêt pour l'autre, les moments passés ensemble étaient sincères, elle prenait plaisir à côtoyer ses futurs victimes. Ils étaient tous des êtres d'exception, qui resteraient à jamais dans son... cœur. Certains même avaient consenti avec joie à donner leur vie pour elle. Elle ne jouait pas avec eux, pas vraiment. Les instants partagés étaient de terribles cadeaux. Elle leur cachait juste que leur idylle avait une date de péremption.

Oh, mais quand la faim se faisait pressante, rien n'était assez fort pour l'occuper. Elle perdait son allure papillonnante et sa légèreté pour devenir plus fauve, aux aguets. Si elle attendait trop longtemps pour se nourrir, elle devenait irritable et violente. Mais elle attendait rarement d'atteindre ce stade désormais. Plus jeune, elle se méfiait moins, était moins prévoyante et s'était retrouvée coincée plusieurs fois, mais dorénavant elle se tenait toujours prête, entamant une nouvelle amourette après chaque festin.
De plus, elle avait gagné en popularité avec l'âge. En cas de disette, il lui restait toujours la possibilité de trouver un fan particulièrement dévolu.


-Pratique ces groupies.
-Ils nourrissent à la fois son besoin extrême de reconnaissance et son appétit.
-C'est dingue qu'ils continuent à l'idolâtrer en sachant ce qu'elle fait à ceux qui l'aiment de trop près.
-Surtout après le cas Caläam.
-Ils ne devaient pas penser auparavant qu'elle pouvait se nourrir des démons.
-Y en a qui ont des envies macabres.
-Ca a tout de même dû en refroidir quelques uns...


C'est vrai que c'était plutôt étonnant de voir que malgré sa réputation, un noyau d'irréductibles adorateurs persistait toujours. A croire qu'ils désiraient servir de repas à Shaadé. Enfin, c'était vraiment le cas pour certains, qui étaient venu la voir pour s'offrir carrément à elle.

Enfin, certains gravitaient également autour car d'elle était connue pour être une des personnes de la Cour les mieux fournies en substances de tout genre. Sous prétexte d'ouvrir son esprit à d'autres niveaux de perception, elle tentait toutes les expériences qui se présentaient à elle. Elle était curieuse et épicurienne, et elle prétendait que les produits psychotropes l'aidaient à fortifier son don, à la rendre plus virtuose, à la mettre dans l'état de transe parfois nécessaire à certaines séances. Ses drogues aidaient également ses clients à s'abandonner plus facilement, comme si dans la fumée et les vapeurs, il devenait soudain plus facile de s'oublier. Elle trouvait une symbolique pour tout, et nul ne savait quel était la part de vérité et la part d'invention dans ses cérémonies chamaniques.
Parfois, elle restait enfermée plusieurs jours dans ses appartements, refusant toute apparition au monde pour s'abîmer dans ces drogues paresseuses et violentes. D'autres fois, elle conviait à ses festins psychédéliques quelques compagnons, simples inconnus chanceux, futurs repas ou amis de toujours, peu importait. Shaadé aimait partager, communier, c'était dans sa façon d'être. Jamais elle ne se sentait aussi proche de quelqu'un qu'en partageant une pipe d'opium, à l'exception de la dévoration cardiaque.


-Quelle générosité!
-Tu ne crois pas que tu fais tâche, pour un démon?

-Démon, humain, troll, sirène... Quelle importance? Ce n'est pas ma race qui me détermine. Pourquoi mon caractère devrait être guidé par ma race?
-C'est vrai que tu ne fais pas de distinction, pas plus que quand tu manges.
-Au moins avec moi, tout le monde à sa chance !






[Hum, je crois que je me suis un peu égarée par moment, mais j'espère que ça vous ira!
Ne vous pressez pas pour la validation, ma bio est bien loin d'être finie ^^' ]
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Oanig Ain'Hoa
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MessageSujet: Re: Sweet dreams are made of this...   Sweet dreams are made of this... EmptyMer 07 Nov 2012, 23:47

Sweet dreams are made of this... Boucheplumenoire

Qui suis-je ?

Il existe en chaque être pensant une question, car Nous l’avons voulu ainsi.
Elle est un jardin, celui du dessein.
Elle est une source, celle du progrès.
Elle est intarissable. Oh ! Qu’elle est abondante !
Et pour l’exploiter, il n’est qu’une façon : la cultiver.

Qui suis-je ?

Ce que tu montres aux autres, ce n’est pas plus grand qu’un trou de serrure.
Mais derrière la porte, contenues, trépignent les prisonnières de cette armure.
De l’orgueil sont des piqures, sur la toile enjolivée, des griffures.
Laisse-nous dans l’obscurité mieux te le montrer…
Entre Passion et Raison se déchirent,
Les grands élancements se débattent en délires.
La vie court, le combat s’estompe, une voix plie et l’autre crie.
Le cœur hurle des soupirs.
Et toi, tu crois évoluer.
Fatigué, par ce duel que tu as mené.
Pourtant dans quelques instants, les émotions de nouveau vont se chahuter !
Tu es l’ombre et la lumière, un précieux mélange de deux opposés qui ne peuvent exister que par l’autre.
Regarde dans quels antonymes absurdes tu te vautres !

Alors, qui serais-tu des deux opposites ?


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