Nazj

Ses yeux s'ouvrirent subitement, comme après un sommeil qui eut duré trop longtemps. Il se releva avec peine, tentant tant bien que mal de retrouver la clairvoyance de son esprit. Il épousseta les manches de sa robe d'un geste distrait, et remit son capuchon en place...il tenait à être présentable.

*Curieux...très curieux...*

Nazj fit un tour sur lui même...lentement, tentant de comprendre. Tout autour de lui, sur des murs d'un rouge rappelant la couleur délicate du sang étaient accrochés des dizaines et des dizaines d'images encadrées...derrière lui, il y avait un miroir, gigantesque, mais il n'y prêta pas attention. Son œil avait capté quelque chose de...déroutant. Il s'avança lentement, comme toujours, ses pas résonnant dans la pièce. Il était à présent devant l'un des murs de la pièce, recouvert d'images représentant un enfant...un enfant qu'il pensait connaître...

"Par l'Enfer !"

Nazj recula, ses yeux gris écarquillés sous son capuchon. Oui, il s'était reconnu, l'enfant qu'il avait été, qu'il avait oublié, qu'il n'était plus...qu'il doutait même avoir été. Il se précipita devant cette abomination, cette aberration du Temps. C'était bien lui, déjà pâle et maigre comme un squelette, solitaire, timide, affichant des yeux semblants vides au premier regard, mais brillants d'intelligence quand on y plongeait...Mais Nazj reconnaissant l'innocence et la stupidité de l'enfance dans ce regard, et dans cette posture...en lui ! Il arracha l'image du mur et la jeta violemment sur le sol...

"Je ne suis plus cet imbécile inconscient !"

Nazj contempla les autres images...toutes...elles étaient toutes pareilles, toutes représentaient ce petit être, aussi frêle de corps que d'esprit, aussi stupide...et désormais Mort ! Nazj lacéra une image de ses ongles longs, sales et brisés, puis se détourna du mur...Il alla vers l'autre, à l'opposé de son "enfance"...Par réflexe, il recula, se reconnaissant encore dans les autres images accrochées au mur opposé...mais à y regarder de plus près...il semblait...plus vieux...C'était toujours lui, mais à l'adolescence...Nazj eut un très léger sourire, qui s'estompa très vite. Il se reconnaissait un peu plus, toujours le teint fantomatique et d’une maigreur squelettique, il se voyait tantôt penché sur un grimoire, tantôt penché au-dessus d’un pentacle –très mal dessiné, Nazj reconnut tout de suite une erreur de novice- ou tout simplement dans des activités tout à fait banales, comme le sommeil ou dans un repas…Dans chaque geste représenté par le peintre, il voyait l’homme qu’il allait devenir... les membres étaient toujours tordus du fait de longues incantations, ses mains étaient refermées comme des serres, et ses yeux avaient déjà perdus leur ancienne coloration verte…ils étaient gris et froids comme la Mort…Nazj caressa doucement ces tableaux, et entailla la toile de l’une d’entre elles de ses ongles…puis se retira…

Il fit face au miroir…le quatrième mur de la pièce était vierge, peut-être étais-ce une partie de son histoire qu’il restait à écrire ? Il s’avança vers la glace, et se contempla enfin tel qu’il était, tel qu’il avait choisi d’être. Il était vieux, un très vieil homme en vérité, combien d’années à côtoyer la Mort, il n’en savait rien, il avait cessé de compter, mais de son capuchon dépassait de longs et maigres cheveux gris faisant penser à des toiles d’araignée…ces vestiges d’une chevelure étaient accrochées à un crâne qui, pareil au visage, était ravagé par les maladies, les brulures, et de nombreuses cicatrices, témoins du danger de ses expériences magiques diverses. Il portait une longue robe noire déchirée à ses extrémités, et des manches dépassaient deux mains squelettiques, la peau était si tendues sur elles qu’on se demandait comment il parvenait encore à bouger ses doigts, tordus comme des serres sur une proie. Et il était grand, très grand, il se tenait droit comme une potence, il était tel une ombre s’arrachant des chaînes de la terre…

Nazj sourit, un sourire carnassier dévoilatn des dents taillées en pointes, et d’un simple coup de pied, il brisa le miroir devant lui…Il prit un fragment qui gisait par terre, ne tentant pas de savoir s’il avait été blessé ou non, et regarda à l’intérieur…il eut juste la brève vision d’un œil gris rongé par la folie et par la mort…la fenêtre vers son âme, froide et pernicieuse. Nazj lâcha le bout de miroir qui se brisa par terre, puis se tint au centre de la pièce, ses bras enfouis dans les longues manches de sa robe…il sourit à nouveau.

"Et Maintenant ?"

Embusqué, bien planqué, je regardais cet être tournoyer dans mon domaine. Je profitais du spectacle, inlassable. Comme beaucoup d'autres, il ne réussissait pas à rester indifférent face à ce qu'il voyait. Après avoir détaillé toutes les photos, il se tourna vers moi, ô miroir, son beau miroir! Je restais immobile, mimant seulement ses gestes, mais un coup de pied bien placé mis fin à ma vie de reflet.
Cependant, je vivais encore, je vivais toujours. Et bien qu'à l'étroit dans chaque fragment du miroir, j'avais encore les pleins-pouvoirs. Il prit l'un des morceaux au sol, et nos yeux se croisèrent sans qu'il en ait conscience. J'avais l'impression que nous regardions tout deux à travers une serrure, chacun de son côté. Puis il lâcha le bout du miroir. Une fraction de seconde avant que mon image -notre image!- n'éclate sur le sol, ma prunelle brune avait remplacé la sienne.
L'instant d'après, je me tenais droit dans le cadre de feu-miroir, au final, l'absence de glace ne m'empêchait pas d'être son reflet. Je forçais ses traits à lui adresser un sourire ironique; on ne se débarrasse pas de son ombre aussi facilement. Puis arriva l'instant pénible mais nécessaire de faire mon travail. Une clef rougeoyante apparut dans ma main. Je la soulevais légèrement et semblait la faire pénétrer dans une serrure invisible. Puis, d'un tour de poignée, nous disparurent, moi et la clef, ne laissant entendre qu'un déclic. La parcelle du mur où se tenait l'ancien miroir pivota comme une porte, laissant le passage libre jusqu'à une salle obscure.

Nazj Clrouge2ch7

[Désolée de pas avoir pu te répondre plus tôt, je n'ai pas pu me connecter dans la journée. En tout cas, bravo, j'aime bien ta manière d'écrire et l'originalité de ton personnage. Bonne chance pour la suite, j'ai hâte de voir ça!]

Nazj se précipita vers la cadre du miroir, vers cette ombre qui se prétendait son reflet...mais un instant plus tard, il était seul dans la pièce rouge sang, face à une ouverture...une porte vers quelque chose qui lui était inconnu...Nazj resta immobile un instant, mais, trop attiré par les ténèbres qui semblaient envahir le lieu qui lui apparaissait, il parcourut la distance qui le séparait de la porte en quelque grande enjambées...

Il pénétra dans une salle froide et noire...Il se tint immobile, le temps de s'imprégner de l'atmosphère...et puis la porte derrière lui se referma. Nazj ne se retourna pas pour voir la lumière disparaître, il ne fit que sourire, un rictus invisible dans les ténèbres environnantes...il se sentait chez lui. Mais, au bout de quelque minutes, il devait se rendre à l'évidence...quelque chose d'autre était ici. Il ne pouvait pas le voir, il ne pouvait que le percevoir, quelque chose qui le faisait frissonner, lui, Nazj !

"Tu n'est plus un homme !"

Jusqu'à présent, les seul bruits qu’il avait perçu étaient les faibles battements de son cœur…Les voix qui explosèrent dans la salle eurent l’effet d’une déflagration. Nazj se recroquevilla, ses mains sur ses oreilles, puis furieux d’avoir été surpris et donc défié ainsi, il se redressa de toute sa hauteur.

" Qui donc s’adresse à moi ainsi ? "

" Tu n’est plus un homme, Nazj ! Toutes ces vies que tu as détruites, ces âmes déchirées…Pourquoi ?"

Cette dernière question avait l’accent du chagrin et pénétra au plus profond de son être. Nazj fit plusieurs tours sur lui-même, mais ne fit rien, rien que les ténèbres. Il remarqua qu’il tremblotait légèrement, il crispa tout ses muscles, et reprit le contrôle total de son corps, et de son esprit, qui commençait à goûter aux relents de la crainte.

" Je ne l’ai fait que pour la gloire de celle que nous devons craindre, même vous, esprits immatérielles, devez attendre la Mort "

" Ta voix pue le mensonge, Nazj ! Voila, ce que tu es ! Un vil menteur, recherchant uniquement la puissance à travers des arts magiques interdits… "

Nazj sourit légèrement

" OUI ! Voila qui je suis ! Devrais-je avoir honte ? Je veux voir la peste et la lèpre raser les cités ! Je veux voir les guerres déchirer les royaumes ! Je veux voir les flammes dévorer les chaumières ! Je veux voir les ombres danser pour l’éternité ! Je veux voir la Mort régner sur le monde ! "

Les voix se réduisirent à quelque murmures, puis hurlèrent à nouveau, plus puissantes encore.

" Ton esprit ne fait plus la différence, Nazj, ta folie te ronge, tu ne différence plus tes amis et tes ennemis "

" Tous doivent mourir ! "

" Devait-Elle mourir Nazj, ce jour ou tu a arraché sa chair ? "

Nazj s’immobilisa sur le champ…Tout était redevenu silencieux, et ce calme semblait presser ses tempes…Une seule voix s’éleva alors derrière lui, toutes proches, insidieuse et cruelle.

" Tu n’as pas pu contrôler ce mal qui te ronge, cette horreur qui te ravage l’esprit, tu Lui a fait goûter des mots d’amour…et puis…la revois-tu, enchaînée au centre du pentacle ? "

" SILENCE ! "

" Elle hurlait et suppliait tandis que les ombres déchiraient sa peau, brulaient ses yeux et arrachaient ses cheveux ! "

" SILENCE ! "

" Ton esprit tordu, borné, ne l’a pas écouté, Nazj, tu aurais pu arrêter, mais ton délire était sans fin, tu l’as torturée en riant comme un damné…La souffrance te fait rire, Nazj ? Tu souffre en ce moment, Est-ce que cela te fait rire ? "
" SILENCE ! "

Nazj lacéra l’air devant lui, mais rien ne s’accrocha à ses doigts, il pressa ses mains contre ses oreilles, il avait atteint une limite…

" Et alors que ses os se brisaient un a un, elle t’avait appelée, toujours persuadée que tu allais la sauver…Tu aurais pu choisir une autre voie, Nazj, tu aurais pu rester un homme. "

Et alors, Nazj ouvrit grand les yeux, et sourit comme un dément. Il se redressa et hurla à son tour.

" OUI ! J’aurais pu choisir une autre voie, mais j’ai suivi celle que je voulais, celle que je devais suivre ! Vous, esprits dégénérés, vous m’accusez d’avoir choisi un destin délibérément, vous pensez donc réellement que je me repends de tant de cruauté ? "

" Ce jour tu l’avais aimé, tu l’avais aimé comme un homme aime une femme…tu aurais pu arrêter ce mal qui te détruit ! "

" Aucune amitié, aucun amour, aucune famille, RIEN ne m’éloignera de la puissance que je convoite, entendez vous, esprits ? "

" Ton égoïsme t’empêchera d’avancer avec les autres… "

" Peu m’importe les autres ! Je les dépasserais, emprunterais une autre route ! "

Nazj avait l’impression de dominer les voix à présent.

" Tu n’est plus un homme, Nazj… "

" NON ! SI je dois renoncer à ma condition humaine pour atteindre mon objectif, qu’il en soit ainsi ! Et cela sera de même avec toute chose que je devrais sacrifier ! "

" …Tu est une pauvre âme errante perdue dans ce monde… "

" Vous ne m’effrayez pas ! "

" …Tu est un monstre… "

Et alors le silence se fit à nouveau. Nazj ne sentait plus de présence, il était à présent complètement seul, épuisé, en sueur, et presque assourdi. Mais au-dessus de tout cela s’élevait une joie telle qu’il n’en avait jamais connue, il savait à présent qui il était, son esprit était devenu clair…Un rictus cruel fendit le visage de Nazj…Désormais, il savait parfaitement quoi faire.

Nazj tourna lentement sur lui-même, ses mains enfouies dans ses manches…sa voix caverneuse, rauque et pernicieuse s’éleva une dernière fois.

" Eh bien, on fait attendre le Seigneur Nazj ? "

Nous les détestons avides et orgueilleux. Nous les aimons faibles et suppliants, pleurant à genoux pour un peu de silence. Et nous aimons encore plus répondre à leurs suppliques par de nouveaux cris, de nouvelles accusations. Ces êtres sont tous si répugnants, si malpropres, si fautifs! Et celui ci, avec ses airs d'empereur, il est pire que tous. A peine est il arrivé dans notre antre que nous nous jetons sur lui, nos voix plus acérées que des poignards. J'aimerais... voir du sang dans ses oreilles, voir ses pêchés se dissoudre dans ce liquide douloureux. Mais rien de tel ne se produit. Je deviens tous les cris de haine et de tristesse qu'il a pu engendrer. Je suis le souffle de la tempête qu'il a semée.
Mais ses réponses nous surprennent. La plupart des accusés restent silencieux, souffrant de nos mots tranchants, acculés, au pied du mur. Mais lui, malgré un long moment de refus, de cris, malgré sa colère, son hypothétique douleur, il acquiesce, il confirme. Et sans sourciller, il accepte, oui, tous nos dires sont vrais, il ne regrette pas. C'est ainsi qu'il est.
Nous n'avons pas l'habitude de ce genre de comportement. Pris au dépourvu, nous nous taisons. Notre but n'est pas de leur faire expier leurs fautes, simplement qu'il accepte la vérité de ce qu'ils sont. Nous sommes frustrés que ça ne dure pas plus longtemps, nous avons faim, nos gorges voudraient crier encore. Mais nous n'avons pas le choix. Il n'y a plus rien à dire.
Je feule et mes lèvres, invisibles dans le noir, semblent vouloir susurrer une dernière menace près de l'oreille de ce diable déguisé. Elles mordent. Mais il n'y a que le silence, et puis un bruit de clé chutant sur le sol. Un carré de lumière y apparait, donnant sur une dernière salle.

Nazj Clnoireyv6

La lumière au sol l'aveugla un moment, il dut couvrir ses yeux quelques minutes et les découvrir progressivement avant de pouvoir contempler la lueur blanche, pure...écœurante. Mais Nazj n'était pas homme à s'arrêter quand une petit chose n'allait pas, et il commençait à trouver ce "jeu" quelque peu énervant. Il traversa le seuil de lumière. Il sentit tout son corps trembloter, être aspiré. Sans trop savoir comment, il se retrouva au centre d'une pièce dont la blancheur l'obligeait à plisser les yeux...quel défi allait-il donc surmonter cette fois ?

Soudain il sentit quelque chose se frotter contre ses jambes. Nazj eut un brusque mouvement de recul, et il y eut une grande éclaboussure derrière lui. Il se retourna d'un bloc, pensant que quelque immonde créature venait de sortir d'un trou d'eau quelque part...Mais Nazj remarqua bien vite qu'en fait il pataugeait dans l'eau depuis le début...il ne l'avait pas remarqué, c'est tout. Tout ce jeu de l'esprit commençait vraiment à l'énerver, aussi tourna-t-il sur lui même, dans l'espoir de trouver une quelconque sortie à cette prison...mais il fut déçu. Son regard fut alors attiré par quelque chose dans l'eau...c'était son reflet, et Nazj en fut surpris, pourquoi avait-il été attiré par un simple reflet dans une marre ? Mais à bien regarder, Il remarqua que quelque chose était différent d'un reflet normal…pourtant, c'était bien son image, en tout point identique, normale…Nazj approcha son regard de l'eau, en fonçant les sourcils…voila quelque chose qu'il n'aimait pas…non, vraiment pas.

Puis, tout à coup, ses yeux s'écarquillèrent. Il voulu jurer, mais tout son corps fut paralysé, et soudain, il s'effondra dans l'eau qui le recouvrit, sombrant dans quelque chose qui lui était inconnu. Ce n'était pas la réalité, ce n'était pas l'inconscience, ni la douce torpeur des drogues…C'était…autre chose.

Il survolait quelque chose, un endroit sur la terre qui était encore flou. Il semblait enchainé aux nuages, au ciel, mais en fait, il était immatériel…Sa vison devint claire, et il vit un cimetière, qu'il reconnut instantanément. C'était en pleine nuit, et il vit quelqu'un franchir le portail de fer qui séparait le cimetière du village, ou de la ville, il ne s'en souvenait plus.

Car c'était bien un souvenir qu'il contemplait, et Nazj ne détestait rien tant que ses propres souvenirs. Cet homme qu'il voyait évoluer dans le cimetière, c'était lui, un jeune homme inexpérimenté et inconscient. Il était en train de porter un lourd livre sous le bras. Nazj vit sa jeune incarnation s'arrêter au centre du cimetière, et tracer un pentacle sur le sol à l'aide d'une craie…un étoile décorée de nombreuses runes, et Nazj reconnut plusieurs erreurs dans l'écriture de ces runes, qui risquait de pulvériser l'incantateur…mais Nazj savait très bien qu'il allait s'en tirer. Le jeune homme ouvrit le livre, et commença à lire une langue qu'il ne connaissait pas à l'époque, et peut-être était-il le seul à pouvoir le lire à présent ? Nazj rangea cette question dans un coin de son esprit. Il s'entendit invoquer la puissance des morts, avec des défauts de prononciation et d'accent qui meurtrissaient les oreilles du vieil homme. Il reconnut tout de même une incantation basique, qui ne nécessitait pas un si grand pentacle, un simple bout de parchemin avec une ou deux runes gribouillées à la va-vite auraient parfaitement pu faire l'affaire…une fois de plus, il fut déçu par sa jeune incarnation. Et puis, il durait très longtemps, trop longtemps pour quelque chose d'aussi simple ! Mais finalement, il s'arrêta…Et Nazj ne se souvenait pas de ce qui allait arriver alors. Une des tombes trembla, et Nazj vit son jeune Lui ouvrir grand les yeux…Une main squelettique perça la terre et commença à gratter le sol. Et Nazj se fit fuir, pris de peur. Il grogna intérieurement, et vit le cimetière derrière le jeune homme fuyant disparaitre, comme un lac perturbé par la pluie…car il n'avait pas vécu ce qui allait arriver ensuite. Mais il savait parfaitement que ça avait été le moment le plus important de sa vie.

Il vit ensuite des images défiler rapidement devant lui, il se vit recroquevillé dans l'ombre de sa maison, prenant sa tête à deux mains…Nazj savait qu'il était pris de visions, de cauchemars, et que des voix ne cessaient jamais de lui murmurer toutes sortes de chose. Aujourd'hui, Nazj y était habitué, et ne les entendait presque plus, mais en se concentrant il pouvait les entendre…c'était les morts qui lui parlaient. L'époque qu'il voyait en brèves images confuses avait été difficile pour lui, car c'est là qu'il avait commencé à changer, à devenir qui il était…tout le monde le prenait pour fous, ses amis le délaissaient, sa famille avait peur de lui…Mais le jeune Nazj ne pouvait plus rien faire, une fois que le pouvoir de la Mort avait envahi une fois –même brièvement- le corps et l'esprit, il était impossible d'y échapper…Nazj avait vu beaucoup de novices se donner la mort quand ils avaient réalisés ce qu'ils avaient fait. Mais Nazj, lui avait tenu bon…parce que dés le début, il avait pris goût aux horreurs que lui racontaient les morts, il attendait avec impatience le sommeil pour vivre à nouveau le pire des cauchemars…Ce n'est qu'en plongeant dans la Mort qu'on survivait à son pouvoir.

Il se vit ensuite plus vieux, en jeune adulte, et il avait déjà du sang sur les mains. Il avait tué plusieurs vieillards de son village, mais il n'y était plus à l'époque qu'il voyait, il avait déjà voyagé, il était dans une grande ville, dont le nom lui échappait, et pratiquait son art dans les caves ou les greniers des maisons abandonnées…C'était dans un tel endroit qu'il avait commencé à choisir des corps plus jeunes, plus robustes…car son art avait évolué, il était plus expérimenté…il devait sans cesse changer de lieu d'expérimentation, car l'odeur du sang et des corps en décomposition alertaient les hommes aux alentours…Les autorités s'étaient-elles doutées que quelqu'un pratiquait la Nécromancie ? Il n'en avait aucune idée, peut-être pensaient-ils plutôt à un tueur en série…peu importait.

Soudain, tout s'effaça…des images passèrent aussi vite qu'un éclair devant lui, si vite qu'il ne put les identifier, il entendait le chuintement d'une lame, le crépitement de flammes, et les cris d'une femme…Mais Nazj ne voulait pas y penser, il refusait de revoir ce moment, il l'avait enfoui au plus profond de son esprit, et nulle magie ne pourrait déterrer ce souvenir ! Une image nette apparut alors, il reconnut son chez lui, c'était le fond d'une grotte, et il se voyait tel qu'il était à présent, assis sur un trône d'épines et de crânes…mais ce n'était pas vraiment lui, c'était une image sensiblement différente, qui lui souriait ironiquement…Et il y eut un éclair rouge comme du sang…

…Et Nazj se réveilla en sursaut dans l'eau de la salle blanche. Il était trempé, et toussa pour faire sortir l'eau qu'il avait avalée… Il se releva, furieux d'avoir été ainsi pris par une magie qu'il ne connaissait pas…et il n'aimait pas être mouillé. Il tourna sur lui-même, il voulait trouver quelqu'un à tuer, quelque chose à détruire ! Il tremblait…il s'arrêta, et se concentra vivement…il s'apaisa le plus possible, et s'immobilisa lentement…il voulait effacer tout ce qu'il avait vu…Il rouvrit les yeux, et tout était rentré dans l'ordre, il sourit…

Mais quelque chose était arrivé, et Nazj n'avait pas pu le voir…Son regard gris, un moment, une seconde, s'était teinté de vert…

C'était toujours un déchirement d'infliger cela aux voyageurs. Je voyais cet homme s'écrouler sous le poids du passé et pourtant je continuais imperturbablement à propulser sur l'onde les fragments de son cœur, de ses entrailles. En cela était ma seule finalité, je n'existais que dans ce but, je ne me réalisais que lorsque j'égrenais le chapelet de l'histoire, le reste du temps je n'étais qu'une idée abstraite et avortée. Mais en vérité, j'aurai eu le choix, j'aurai pu tout arrêter, mais l'hybride n'aurait jamais pu quitter l'endroit et il serait resté prisonnier de cette salle. Il fallait donc toujours que je choisisse entre le meurtre et l'assassinat, en espérant faire ce qu'il y avait de mieux pour tous ces passants. J'observais avec eux leurs histoires, leurs souvenirs, discrètement penché au dessus de leurs têtes, j'espérais qu'aussi insaisissable qu'il soit, mon souffle puisse leur apporter une once de réconfort. Oui, même à cet être là.
J'avais vu tellement de passés que finalement ces moments de vies n'arrivaient plus à m'atteindre. Il n'y avait que la tristesse et la joie présentes, enfermées dans cette pièce, qui m'émouvaient encore.
La petite clé lumineuse, apparu dans un souffle, fila comme un carreau d'arbalète, s'extirpant des flots comme une improbable figure de proue. Elle barra l'air d'un soupir et se ficha dans la poitrine du malheureux. Déchirant la chair, je pu m'extirper enfin de cette cage, libéré par toutes ces épreuves. Un homme ne devrait jamais voir son cœur à nu. C'est pour cela qu'aucun ne se souvient de cette partie du Rêve.
Lourd cœur de métal, je flotte un instant puis je m'abats sur le sol, disparaissant dans l'ouverture que je dessine. L'eau s'enfuit dans le trou noir, il aspire tout, le vieillard encapuchonné est entrainé, comme tiré par les chevilles, les poignets. Maintenant qu'il a réussit, il peut tout oublier.

Nazj Clblancheyq8

[Voilà, ton entrée est terminée! Félicitations! J'espère que tu n'as pas trouvé ça trop long. Tu peux désormais commencer le vrai rp. Par contre, comme race, tu es toujours Humain? J'ai juste besoin de savoir ça, et il faudrait que tu remplisse la feuille de personnage dans ton profil, c'est rapide tu verras. Ensuite je n'ai pas grand chose à dire, amuse toi, fais attention à ce que les pouvoirs de ton perso ne soient pas trop forts (si tu as une demande vis a vis de ça, n'hesite pas à me mp)
J'espère que tu te plairas parmi nous!]

Merci beaucoup Smile

Je dois avouer que ce genre d'entrée originial m'a beaucoup plu \o/

Pour la race du personnage, il reste un humain (bien qu'il soit plus proche du mort oO), et il ne faut pas s'inquiéter pour les pouvoirs, tout est sous contrôle Wink

Allez, c'est parti pour Rp, j'ai de la mort à répandre sur le monde \o/

Tant mieux. Ce fut un plaisir de te lire, tu avais parfaitement assimilé les "règles" de l'entrée, c'était chouette (mention spéciale pour la salle noire, très bon dialogue =p).
Je t'ai ajouté au groupe des Hommes.

J'espère que tu trouveras rapidement un compagnon (devrais-je dire victime?) de rp.

Invité

Bienvenus!!
Franchement j'adore ton style d'écriture Wink

Ton personnage est vraiment original, mais j'espère pas le rencontrer sur ma route x')

Coucou!

*dilate ses narines et renifle*

Youhou, ça sent la chair fraiche sur le fofo cheers

Bienvenue bonhomme, j'ai pas trop le courage de rattraper plus d'un mois de retard je lirai donc ton entrée plus tard, désolée.

En tous cas amuse-toi bien parmi nous =)

» Marcher, courir, sans s'arrêter. (PV Nazj)

Nazj

Nazj

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