"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| Asay O'Lendell - Songe d'une nuit... | |
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Invité
| Sujet: Asay O'Lendell - Songe d'une nuit... Ven 02 Avr 2010, 07:39 | |
| Un besoin inconnu : 1ère partie Quelque chose gouttait. Lentement. Ses oreilles bourdonnaient, ses tempes étaient compressées par une quelconque raison qu’il ne chercha pas et sa bouche, pâteuse, se trouvait être la cible du liquide tombant. Il l’ouvrit, laissant cette chose caresser ses lèvres fines, roses mais craquelées. Le goût ferreux envahit sa bouche, et sa langue commença à frotter contre sa joue pour en capturer la saveur si familière. Celui du sang. Un sang légèrement salé, un peu piquant, avec cette note si atypique de sa composition chimique et son empreinte personnelle. Le sien. Ses yeux s’ouvrirent sur un plafond sombre et pourtant, rien de l’empêcha de voir ce qui l’entourait, comme si la pièce fut bénie d’une conscience propre qui s’adapta à sa vision. Refermant les yeux une nouvelle fois, il empêcha de justesse un soupire franchir ses lèvres tandis qu’il se relevait, lentement, poisseux et fatigué. Un rictus moqueur ourla rapidement ses lèvres avant de disparaître comme s’il ne fut jamais présent. Se redressant, cherchant sa stabilité et enfin, repoussant ses cheveux qui entravait son visage, il se permit d’observer. Puis portant sa main au visage, il se frotta légèrement les yeux avant de commencer à se masser l’arrête du nez, ne se retenant plus de soupirer cette fois-ci et même, de pousser un grognement léger. La sensation floue de brûler, d’avoir chaud et en même temps d’avoir des frissons froids lui arracha un nouveau soupire, se laissant juste le temps de reléguer ces sentiments au fin fond de son esprit. Par automatisme, il fouilla dans la poche droite de son pantalon pour chercher son briquet et son paquet de clopes. Douce drogue si fine, facile et pourtant mortelle… La cigarette coincée entre ses lèvres, le tintement du briquet et enfin, il inspira une grande bouffée du poison avant de la recracher en un long souffle, regardant enfin les murs l’entourant. S’approchant d’un des cadres qu’il voyait accrochés, il s’appuya sur le mur d’un bras, fixant l’image avec une insistance lasse et morne. C’était lui. Gamin. Un môme presque comme les autres. Moins con, moins capricieux et surtout, silencieux. Toujours dans son coin, à observer les autres…à les envier même. Pour la vie qu’ils menaient, pour tout ce qu’ils avaient. Un nouveau soupir s’accompagna de la fumée blanche avant qu’il ne se retourne pour regarder la salle dans laquelle il se retrouvait…coincé. Pas de porte. Pas de fenêtre. Aucune ouverture. Juste une salle ronde, sombre, avec un plafond insondable et des murs rouges. Juste une putain de salle comme il n’en n’aimait pas. Grimaçant, il se massa distraitement le ventre, signe d’un besoin psychologique de détente puisque la nervosité commençait à le gagner rapidement. Il ne savait pas où il se trouvait. En avait-il seulement envie ? Ses pas résonnèrent dans la pièce de façon obscène tandis qu’il marchait lentement pour observer chaque photo, chaque image le montrant, plus improbable les unes que les autres. Qui aurait pu le prendre en photo? Qui ? Malgré toutes ses recherches, il ne trouva pas, alors laissa tout simplement tomber. A la place d’intenses pensées sur le pourquoi du comment, il se contenta de s’appuyer une nouvelle fois sur le mur, détaillant minutieusement une photo de lui, s’attendant presque à la voir…se mouvoir. Et les souvenirs revinrent à lui, comme dans une salle de cinéma, projetant dans son esprit la vidéo de cet instant mythique. Un léger sourire ourla ses lèvres, moqueur, sarcastique et…inconnu. Ses yeux se troublèrent et finalement, se refermèrent, laissant place à la lassitude qui habitait quotidiennement son visage, sa personne. Puis quelque chose tinta, comme pour signaler sa présence. Avec une résignation toute connue, il se retourna, observant le voile rouge qui recouvrait l’objet. Tout en s’avançant dans sa direction, il jeta la cigarette au sol, l’écrasant d’un pas comme si de rien n’était tout en continuant. Et le voile tomba, laissant à sa place un miroir. Un beau cadre typiquement baroque doté d’arabesques finement travaillés, le tout recouvert d’une couche sombre et parfois, des touches rouges éclataient ici et là, donnant à ce miroir une apparence bien plus imposante que d’habitude. Il observa les reliures avec intérêt, avant de finalement s’observer. Une habitude le poussa à écarter une nouvelle fois les mèches de jais qui entravaient son visage, dévoilant pleinement ce dernier. Mais ce ne fut pas sur cela qu’il s’attarda. En fait, son regard s’était rivé sur son poignet droit qui par ce mouvement avait dévoilé sous la manche une épaisse cicatrice. Elle semblait infecte, odieuse là où elle était posée, juste à l’articulation du poignet. Elle était longue, nette, épaisse aussi. Il ne cherchait jamais à la cacher. Baissant le bras, il regarda attentivement la marque, la caressant du regard avant de finalement s’en désintéresser pour relever la tête. Sa chemise blanche tombait sur ses épaules d’une belle façon, donnant à ses épaules carrées une note plus douce. Elle ne cachait pas son torse qui fut dévoilé pleinement, sans pudeur. Un torse beau, bien dessiné qui n’enviait pas les autres. Et là, au milieu de ces muscles, de ces dessins, se trouvaient deux tétons. Légèrement rosés. Sa main passa dessus, comme s’il voulut vérifier ce qu’il voyait par le toucher. Puis elle glissa, lentement, dépassant les abdominaux pour tomber sur le nombril avant de caresser la ligne de son pantalon noir. Et il retint avec justesse une envie subite de se déshabiller. Parce qu’il avait envie de se regarder. S’approchant du miroir, il s’appuya dessus pour observer de plus près son visage, comme s’il se voyait pour la première fois. Sa main caressa distraitement ses cheveux. Des fils sombres, sans reflet, comme liquide et qui pourtant étaient toujours indomptables et semblaient capturer la lumière pour ne jamais la relâcher. Ils étaient doux, fins, et il en coinça un entre ses doigts pour mieux le regarder. Et son regard s’arrêta ainsi sur ses propres yeux reflétés dans le miroir. Des yeux légèrement en amande dont les cils n’étaient pas très épais mais que la couleur noire dessinait agréablement son regard. A cela s’ajutait le dessin de ses sourcils, noirs eux aussi, souvent arqués car il les fronçait. Puis son attention descendit un peu et il dut presque coller son visage au meuble. Pour pouvoir voir ses yeux. Les siens. Au milieu du blanc si éclatant figurait un iris vert anis cerclé de noir. Et la pupille si sombre tranchait, comme si la couleur de son œil n’était pas assez éclatante. Et pourtant, cette dernière donnait à ses yeux un aspect irréel, presque indécent… Oui, c’était le bon mot. Une couleur indécente, synonyme de poison et pourtant, doux et délicieux comme aucun nectar. Il recula légèrement, surpris par sa propre introspection, comme s’il se voyait pour la première fois. Ca ne lui était jamais arrivé. C’était…étrange, inconnu. Regardant autour de lui une nouvelle fois, il fronça les sourcils. Il se serait presque attendu à…à voir quelqu’un d’autre, à sentir une présence autre que la sienne, le manipulant par il ne savait quel moyen. Mais son attention retourna bien vite à sa propre personne, comme si par ses yeux, quelqu’un voulait le regarder. Alors il coula son regard jusqu’à son nez, fin, droit, fier et pourtant, ne déformant pas son visage en un monstre d’arrogance. Et à nouveau, ses lèvres… Fines, et pourtant si roses et dessinant toujours une ligne droite. Et là, au coin, juste au coin…la goutte de sang qu’il avait cherché à avaler avait cascadé dans son cou. Le bout de sa langue pointa, rose, tendre et alla récupérer ce qu’elle pouvait de la ligne de sang. Et son regard suivit cette dernière tandis qu’il refermait la bouche, coulant sur son cou, long, robuste, dont la jugulaire pulsait diablement sous des sentiments étranges qu’il n’arrivait plus à distinguer les uns des autres. Finalement, l’étrange envie surmonta le sentiment d’être observé malgré tout, et sa main alla détacher la ceinture qui retenait son pantalon, avant de déboutonner celui-ci. Il tomba, mollement, et Asay s’en écarta pour l’ôter entièrement, de même que sa chemise. Ses vêtements au sol, ne laissant plus que son boxer, il redressa à nouveau la tête pour s’observer comme jamais il ne l’avait fait auparavant. Ses jambes, longues, étaient fuselés et les muscles montraient clairement qu’il prenait soin de lui. Peut-être pas pour les mêmes raisons que Monsieur-tout-le-monde, mais il n’y avait pas besoin de penser plus loin pour le moment. Et sur son épiderme légèrement doré, satiné, il aperçut les nombreuses cicatrices qui le parsemaient, fines, légèrement plus claires que sa peau et pourtant, ne dénaturant pas sa beauté. Il ne s’était jamais réellement trouver beau. Bien sûr, il pouvait pas, mais n’avait jamais fait attention à son habillement, à son apparence et aux regards des gens. Pourtant, il se découvrait là, étrangement loin de tout ça, comme si ce fut un autre qui l’observa. Toujours cette sensation indescriptible d’être épié…encore et toujours. Même s’il ne trouvait personne, même s’il ne voyait personne. Il tourna la tête, comme si soudainement il avait capté quelque chose, et darda son regard sur les nombreuses photos lentement, s’attendant à nouveau à les voir bouger pour détourner la tête ou rire de lui. Mais son introspection reprit, bien malgré lui, presque comme s’il en fut obligé. Il devait halluciner… Jetant un rapide coup d’œil à ses mains aux doigts longs, robustes mais pas épais, masculins mais pas énormes, il en nota la peau déshydratée, la peau légèrement blessée ici et là. Oui, il ne prenait pas vraiment soin de lui… Il se mit de dos au miroir et tourna la tête pour se regarder, tordant son bras pour caresser son tatouage qui prenait une grande place… Un dessin étrange, des arabesques sauvages qui poussaient au creux de ses reins au cœur desquelles naissait un serpent, vicieux, dangereux et étrangement beau dans ses écailles d’un vert éclatant et son regard empoisonné rouge. Il semblait danser comme au milieu des flammes noires, des étirements de peintures sans aucun sens et ouvrait la gueule pour dévoiler ses crocs et sa langue, semblant dévorer son omoplate gauche. Et son regard anis coula le long du reptile, redessinant les fines écailles, sentant presque la douceur et la froideur du reptile sur sa peau nu. Son regard se voila alors, plongé dans quelque souvenir, se remémorant la signification de tout cela. Un sourire, moqueur, naquit. « N’importe quoi… » Sa voix, rauque, basse et ironique résonna longtemps et longuement dans son esprit tandis qu’il se rhabillait, boutonnant sa chemise soigneusement puis sortait une nouvelle cigarette de sa poche pour l’allumer. En tirant dessus, il ferma les yeux et bascula légèrement la tête en arrière, semblant savourer ce délicieux poison. |
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| Sujet: Re: Asay O'Lendell - Songe d'une nuit... Ven 02 Avr 2010, 15:49 | |
| Terriblement Sexy... Ayant volé à mon visiteur son apparence pour la revêtir, je me trouvais vraiment irrésistible. Evidemment, ça ne me servait pas à grand chose, je restais cloitré derrière mon miroir, à le singer, lui qui gachait le potentiel de ce fabuleux corps. Il aurait du le cajoler, en prendre soin, et le mettre en valeur par le genre de vêtements de luxe que portent les plus grands! Mais malgré ces lacunes, c'était d'un tel confort...! Je repensais à toutes ces fois où j'avais été contraint de me glisser dans le reflet d'une créature hideuse, un troll bedonnant, une humaine trop poilue... Yeurk! Alors là, forcement, je savoure! Lorsqu'il se tourne enfin vers moi, je le dévore des yeux. Visez moi ce regard! Certes, le mien n'a rien à lui envier, il le constatera par lui même tout à l'heure, mais pour un humain, il se défend bien! Si je n'étais pas un simple reflet, je me mettrais volontiers à roucouler de plaisir. Je n'ai pas le droit de parler, ou d'agir, pas encore. Alors, j'essaie de l'influencer. Déshabille-toiDéshabille-toiDéshabille-toiDéshabille-toiDéshabille-toiDéshabille-toi! Je retiens avec peine un glapissement hystérique quand il s'execute. J'avais sous-estimé mes dons psychiques, ça devient interessant.
Quand il se tourne, puis fini par se désinteresser du miroir, j'en profite pour me mirer, pour contempler ma nouvelle paire de fesses, je fais la moue, teste divers expressions sur ce charmant mignon. Je minaude, mes yeux verts et féminins ayant pris place dans cet appetissant tableau. Tandis qu'il s'habille, il ne se rend pas compte que son reflet à pris son indépendance. Je fais un de ses plus beaux sourires, tout en sortant une lourde clef rouge d'une de mes poches. Je fais jouer l'objet sur mes lèvres, souriant toujours. Je n'ai pas envie de le laisser partir et de renoncer à mon nouveau corps d'Apollon. Non, je le veux... rien qu'à moi! Soudainement, je plaque mes mains contre la paroi de la glace, la clef emettant un claquement rude au moment de l'impact. Peu après, la surface lisse semble se distendre, mes doigts s'enfoncent, la repousse comme un film plastique. Je cherche à l'atteindre, mes mains veulent se refermer sur lui, je me rapproche, mon visage s'imprimant lui aussi dans la surface molle. Lorsque mes doigts se referment enfin sur sa peau, nous éclatons, la clef, moi et le miroir, comme une vulgaire bulle de savon. Il ne sera jamais à moi... L'instant d'après, la pièce est entièrement plongée dans le noir, il n'y a plus rien, juste son âme, perdue.
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| Sujet: Re: Asay O'Lendell - Songe d'une nuit... Ven 02 Avr 2010, 18:10 | |
| Gris : 2ème partie Il avait eu le temps d’allumer sa clope, de tirer plusieurs fois dessus même. En savourant cet état de lucidité après la transe étrange par laquelle il était passé, il ne pouvait qu’être détendu. Mais malgré cette dernière, une partie de son esprit lui disait de ne pas se reposer de suite, de rester sur ses gardes. Cette partie-là lui servait notamment au boulot. Raison de plus pour obéir. Arrivé à peine à la moitié de sa cigarette, il lui sembla subitement que l’atmosphère avait changé, de même que l’apparence de la pièce. Il fronça les sourcils, se mettant immédiatement en garde tandis que sa main gauche fouillait…son holster inexistant. Pourtant, malgré le sentiment d’oppression, il garda son calme apparent, son esprit lui fonctionnant à toute allure. Et quelque chose claqua dans son dos. Se figeant, il se retourna, lentement… Vous savez, comme dans ces vieux films de suspense ? Le personnage principale semble toujours savoir qu’il va se passer quelque chose de mauvais et pourtant, il persiste, pour une raison ou une autre, mais jamais assez bonne. Et finalement, quand il s’aperçoit que quelqu’un, ou quelque chose, est derrière lui, qu’il est trop tard, il se retourne, toujours lentement, le visage figé. Et bien dans son cas, c’était un manque d’expression qui était figé sur le sien. Mais derrière ce masque important pour le métier, il n’en demeurait pas moins humain, et ce qu’il aperçut le cloua tout bêtement sur place… Un corps souhaitait sortir du miroir devenu une espèce de filtre brillant et transparent, démontrant son propre corps, sa propre image. Mais un sourire qui n’était pas le sien, trop marqué, et un regard…comme émeraude. Trop féminin, trop différent. Ce n’était plus lui. Ce n’était pas lui. Et malgré cette constatation, il ne put que rester là, comme un con, comme s’il n’attendait que le moment fatidique… Son cœur bondit brutalement dans sa poitrine, manqua un battement lorsque cette main identique en tous points à la sienne l’agrippa fermement. L’électrochoc sembla alors passer et brutalement, il se dégagea en se protégeant le visage des bras par un réflexe bienvenue alors que le décor explosait. Restant quelques secondes dans cette position, ses bras finirent enfin par retomber et avec eux, le reste de sa cigarette consumée. Il dut brutalement s’asseoir, se massant vivement les tempes alors qu’un léger rire nerveux manquait de le secouer de peu. « Putain… » Et les lumières semblèrent alors s’éteindre. Il ouvrit un œil terne alors qu’un soupir las filait entre ses lèvres. Farfouillant dans sa poche, il retrouva son paquet et sortit une cigarette aussi calmement qu’il le put, refoulant ses surprises et effarements de mauvais goût au fin fond de son esprit avant d’allumer le bâtonnet. « Comme si ça suffisait pas… » Le feu de son briquet pouvait à peine éclairer plus loin que ses genoux tant l’obscurité ambiante semblait lourde et imposante. Fourguant à nouveau l’outil dans sa poche, il fuma lentement, le temps de s’évaporer, d’attaquer la nouvelle chose qui allait lui tomber dessus… Mais c’était sans compter sur l’ambition et l’imagination des gens qui avaient créé cet endroit dans l’espoir certain de le refourguer à l’asile. Pourquoi n’as-tu jamais joué avec les autres enfants ? Il se crispa brutalement, sa clope manquant de lui échapper de peu. La lassitude et l’expérience seules lui permit de tenir le coup d’un nouveau jeu qui le confortait parfois dans une ambiance qu’il ne pouvait pas apprécier à sa juste valeur, faute d’être à son goût. Il souffla une nouvelle bouffée de nicotine, pensant à la question qu’on lui avait posé sans jamais cherché à comprendre d’où les vois venaient-elles ni le pourquoi de ces questions. Mais il ne se montrait pas soumis, juste…il suivait, il courbait l’échine sous l’ouragan pour mieux en ressortir. « Parce qu’on me l’interdisait. » Mais tu n’as jamais accepté ce fait, même si tu ne désobéissais pas… Tu les enviais. Parfois même, tu souhaitais du mal à ton entourage pour pouvoir sortir. Enfermé sur toi-même, jaloux, envieux, tu as pensé à moult façons de pouvoir te décharger de tout ce que tu n’aimais pas.
Il arqua sérieusement un sourcil…avant de rire, brusquement. C’était un rire grave, souvent entrecoupé de longs silence dont on ne pouvait voir que son corps tressauter, preuve qu’il était encore plongé dedans. Mais c’était clairement un rire amusé. Juste amusé. Se reprenant et par la même occasion son souffle, il pencha la tête en arrière, haletant, faisant retomber les mèches noires sur le côté. Un sourire ourlait ses lèvres, nostalgique. « En effet. Une fois, j’ai même songé à mettre un mélange de produits vaisselles et anti-limaces dans la nourriture de mes parents pour les voir tomber malade et pouvoir sortir en douce. » dit-il dans un murmure, allumant une nouvelle cigarette. Il se coucha finalement, croisant un bras derrière sa tête tandis que ses yeux se rivaient sur le haut, sans qu’il ne puisse rien voir. Il entendait le chuchotement des voix étranges, nota dans le coin de sa tête la difficulté qu’il avait à les différencier les unes des autres et surtout, qu’il n’arrivait pas à trouver le sexe de la voix. Autant aurait-il pu parier avant que ce fut une femme dans sa tête, autant là… Tu leur en as toujours voulu, malgré tout ce qu’ils ont fait pour toi. Parce qu’ils volaient ta jeunesse, parce que tu ne pouvais pas t’amuser comme les autres enfants. Asay soupira et ferma les yeux, laissant tomber les cendres non loin de lui avant de tirer à nouveau sur la cigarette. « Bien sûr. Aucun enfant n’aurait apprécié la vie que j’ai mené. Mais malgré tout, je leur en suis reconnaissant… Finalement, cette éducation me sert dans mon métier, dans ma vie… » dit-il avec une pointe de tristesse et un sourire légèrement ironique. « Malgré ce fait, je ne peux pas leur en vouloir de préférer ma survie plutôt que l’épanouissement de gamin. » Les voix se tarirent un instant, semblant trouver une quelconque justesse à ses mots pour le moment. Et Asay put souffler. Et repenser. Il repensa à toutes ces années non pas perdues, mais…étranges moroses et en même temps, riches d’expérience qu’on ne devait normalement pas connaître à cet âge-là. Et enfin, tu as tué… Il se crispa brusquement, écrasant la cigarette entre ses lèvres. Se redressant sur son séant, il garda la tête basse, le visage sombre… Sa cigarette fut jeté au loin et disparut dans la noirceur de la pièce. « En effet… » Elle t’avait supplié, pour elle et son enfant. Son époux à ses pieds, elle t’avait demandé d’épargner la vie de son enfant alors que toi, tu pointais ton arme sur eux, indifférent et froid, inhumain et…monstrueux. Il serra les poings à s’en faire saigner. Mais tu n’as pas écouté et tu les as t… « SUFFIT ! » Il était debout, haletant, et se passa nerveusement une main sur le visage, effaçant d’un geste la sueur froide qui avait logé sur son épiderme. Il souffla un bon coup et regarda devant lui, le regard dur. « Emmanuelle Francisco, trente-six ans, mère d’un garçon de sept ans et épouse de Carlos Francisco. Tous deux bossaient au centre I.G.U.A.M… Ils commençaient à se rebeller lorsqu’il fut expliqué la nouvelle idée du centre apparemment. J’en sais pas plus. On me paye pas pour parler éprouvette ou A.D.N…on me paye parce qu’on a besoin de quelqu’un pour masquer une affaire, faire disparaître des preuves, des gens… J’l’ai fait. C’est tout. » Il redressa la tête, furieux, blessé et las à la fois. « Mais le dire ne m’empêchera pas de porter ce poids. On n’ôte pas une vie sans que cela ne vous revienne un jour à la gueule… » souffla-t-il amèrement. « Alors si c’est plus qu’une… » Il se laissa retomber au sol, comme désarticulé, appuyant un bras sur sa jambe relevé, le regard terne, ailleurs, loin de tout ce cauchemar qu’il vivait au quotidien. Des conneries qu’il devait accomplir, sans broncher, pour des histoires de protections nationales ou civiles. Mais des conneries tout de même… Il grimaça en sentant monter les larmes, les ravala et les réprima durement. « Et quoi ensuite ? Vous allez me demander pourquoi je fais ce métier ? Pourquoi je ne me suis pas sorti de là ?... » croassa-t-il douloureusement mais avec vigueur. « Parce que de un, on ne sort pas d’un système pareil en un claquement de doigts. Et de deux…si ce n’est pas moi qui le fait, proprement, sans jamais faire plus que ce qui est nécessaire, qui le ferait à ma place, hein ?! Une espèce de fou psychopathe ? Et quoi ? Il torturerait les gens avant de les crever ?! Ou bien alors une personne qui craque à la dernière minute, abandonne, se fait traquer et finalement, éliminer… Vous préférez quoi, hein ? Hein ?! » Il craquait. Ce n’était pas bon. Basculant sur le dos, il croisa les bras sur son visage, inspirant bruyamment pour tenter de se calmer au plus vite. Puis comme si ce ne fut qu’une anecdote insignifiante dans sa vie, il se redressa, à nouveau droit, à nouveau las, et alluma une énième cigarette, s’embaumant du poison et s’imprégnant de son parfum. Il ferma les yeux, non pas résigné, mais décidé à en finir. Parce qu’il n’avait pas à justifier ses actions devant ces gens-là. Devant personne. Il n’avait que deux options. Protéger comme il pouvait des gens qui risqueraient dans sa position d’être tués, ou se retrouver alors avec encore plus de morts sur les mains. L’équation n’était pas difficile au final, en tout cas pour lui. Ce fut comme si la salle, ces êtres, lurent dans son esprit, dans ses souvenirs. Amertume Douleur Envie Jalousie Peur Force Courage Entêtement Besoin Manque Persévérance Lassitude Au final, malgré son métier, il n’était qu’un homme parmi tant d’autres sur cette terre. Sans avoir demandé ce qu’on lui avait imposé, il avait accepté, aussi dignement qu’il le put et même si la fierté lui manquait, il avait encore son honneur et ses idéaux à protéger. Ce maelström de sentiments, de sensations suffocantes envahit la pièce avec force et désespoir et il se laissa lire pleinement. Les rêves qu’il n’avait jamais osé avoir, les besoins qu’il n’avait jamais prononcés à voix haute et la douleur que lui imposait son métier à chaque seconde de sa vie. Et même si les voix s’entêtait, il ne leur répondit pas, se contentant en tout et pour tout de la porte ouverte qu’il leur laissait sur son esprit. C’était un chaos de souvenirs, d’actions, de la première personne qu’il avait tuée à un âge où l’on rêvait plutôt d’amour et où les armes avaient pour impact que leur son dans les jeux. Et finalement, il s’effondra, arasé, non pas soulagé de son poids, mais attendant la sentence avec la patience d’un homme condamné et sans rêve. Quel est ton rêve ? Un sourire cassant brisa son visage, tandis que ses yeux se voilaient d’une douceur douloureusement onirique. « Ma liberté… » |
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| Sujet: Re: Asay O'Lendell - Songe d'une nuit... Ven 02 Avr 2010, 18:33 | |
| Quel doux extase... C'est un instant fragile, presque insaisissable. Un rien peut l'annihiler. Ce moment où tout bascule, où la réserve, la méfiance, finissent par lâcher prise pour laisser place à un abandon si délectable... Et plus ce moment est difficile à obtenir, plus je le savoure. C'est comme un sacrifice que l'on n'aurait pu me refuser. Ils essaient pourtant, tous, ils tentent de me résister, ils se défendent de ce qu'ils sont... Mais ils finissent toujours par se livrer à moi. Tous.
Je n'en suis que plus injuste, je m'accapare le moindre espace avec jalousie, j'impregne ces êtres de ma suprématie. Je leur impose ma marque, je m'immisce en eux. Qu'ils gardent à jamais ce sentiment de ne plus s'appartenir vraiment. Quelqu'un les a possédé plus qu'ils ne se posséderont jamais... Ils ne seront jamais maître d'eux même, malgré tous leurs efforts... Il faut qu'il se souvienne, et qu'à chaque instant, il craigne mon retour.
Tu es à moi... Vous êtes tous à moi. Mes pauvres petites choses.
De mes dents tombe un objet qui émet à la rencontre du sol un tintement léger. Sur le sol, un carré de lumière se dessine. Je le laisse partir, je le laisse m'échapper, comme un chat relève sa patte pour que sa proie espère à nouveau. Je sais qu'il reviendra, pour que je l'égratigne à nouveau.
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| | | Invité
| Sujet: Re: Asay O'Lendell - Songe d'une nuit... Dim 03 Oct 2010, 23:33 | |
| Fin des sentiments : Dernier chapitre
Il resta un moment ainsi, statue presque immobile si ce n’est sa poitrine bougeant au rythme de sa respiration. Il ne sut réellement s’il passa ce quelconque test, ce rite initiatique à un quelconque rêve. Voilà longtemps qu’il ne leur courrait malheureusement plus après. Puis quelque chose tinta, et son écho retentit tout autour de lui. Ce fut comme si son corps accepta cette vibration étrangère en son sein, la mêlant alors à la sienne, plus chaotique et plus douloureuse. La naissance d’une lumière le fit voir rouge sous ses paupières closes et après un énième froncement de sourcils, il ouvrit les yeux, lentement, dardant ses orbes anisées sur la porte blanche qui s’ouvrait à lui. Blanche… Etonnamment, il n’avait jamais réussi à trouver une quelconque chaleur à cette clarté oppressante. Au contraire, elle lui inspirait une idée de vide, de mort, de fantômes. Ricanant de ses pensées, il caressa du bout des doigts son paquet de clopes et… Non. Il n’en avait pas envie pour l’instant. Il souhaitait simplement en finir, aussi simplement qu’il avait commencé ce voyage à la raison toujours inconnue. Pourtant, à mi-chemin entre le noir et le blanc, il se sentit à sa place, gris, entre deux. Juste ce qu’il lui fallait. Un monde à la nuance morte et pourtant, neutre. Aucun préjugé, aucun concept quant à cette nuance. Elle était parfaite pour lui. Mais il n’avait jamais été homme à reculer, même lorsque cela mettait en péril son être. Et il sut, sans le savoir pourquoi, il avait joué de son âme dans cet antre qui ne lui avait laissé que deux choix : avancer ou rester. Mais Asay n’avait jamais stagné, ni reculé, quitte à courir devant un feu ravageur, écrasant sa peur sous les seuls principes qui lui restaient encore. Enfin entouré de cette blanche lumière mais non moins pure que la noirceur précédente, il se permit enfin d’ouvrir le paquet et d’en ressortir une branche de nicotine. Sans qu’il n’ait besoin de baisser la tête, la sensation trempée qui le mangea dès son arrivé lui fit deviner la présence du liquide. Impossible d’être un dérivé de sang, puisque trop fluide par sa composition, mais pourtant cette chose aussi claire que l’eau de roche soit-elle était plus imposante, plus importante. Il ne détailla qu’à peine la salle dans laquelle il était à présent, n’ayant pas non plus grand-chose à voir. Il restait lui-même. Et malgré son passage dans la chambre noire, il n’en avait ressenti aucun soulagement ni aucun désespoir à présent. Oui… Finalement, il n’était bel et bien que lui-même. Et c’était très bien ainsi. Enfin, quelque chose sembla prendre vie à ses côtés. Simples ondulations au départ, ces vagues se murent en une véritable tornade qui l’aspira malgré ses débattements premiers. Et sans savoir pourquoi, il obéit à cette vois au fond de lui qui l’avait accompagné depuis toutes ces années : « Plonge ! ». Au début, tout se mélangeait, les couleurs étaient tiraillées les unes entre les autres, comme si trop d’informations arrivaient en même temps. Pourtant Asay ne se démonta pas cette fois-ci, observant, prenant le recul nécessaire à ce qui aller se passer malgré l’inconnu. Et les images cessèrent de se brouiller, laissant place à un film qu’il ne connaissait que trop bien mais dont pour la première fois, il en serait spectateur. La cigarette tomba lentement de sa main, allant caresser cette eau de son corps léger, faisant à peine onduler la surface avant d’être happée au fond par sa propre masse qui s’alourdissait en s’imbibant d’eau. Et Asay regarde, silencieux, religieux, détaillant chaque chose avec attention et avalant ses propres souvenirs, comme pour les reconquérir… « Ce n’est QU’un ENFANT ! Je t’en prie, penses-y sérieusement bordel ! - Tu sais déjà quelle est ma réponse, pourquoi tu veux qu’on reparle de ça ? - Je veux qu’il ait une vie normale ! - Avec des parents comme nous ? Comment tu veux qu’il mène une vie un tant soit peu normale ? Liliane, j’t’en prie, ouvre un peu les yeux. Qu’est-ce qui te prend subitement ? » - La jeune femme aux cheveux flamboyants se tut, le regard hanté et ébranlé. Matthew s’approcha alors de sa femme, la prenant dans ses bras. Il lui caressa lentement le dos alors qu’elle reniflait légèrement, maîtrisant avec professionnalisme les larmes de rage qui lui montaient. « Je ne regrette absolument pas cette décision… Je suis content d’avoir un fils. J’en suis fier, surtout avec toi… Mais tu sais qu’il ne peut pas mener une vie comme tout le monde. Que veux-tu qu’il raconte à l’école si les professeurs lui demandent ce que nous faisons comme travail ? Qu’il ne sait pas, qu’on lui a interdit de poser la question ? Ou alors que nous sommes tueurs ?... » Elle ricana, amère et pourtant réaliste. « Je sais… Je sais parfaitement. C’est juste…la fatigue. La mission a été rude et je n’ai pas eu une seconde pour me reposer correctement. Et de le savoir à la maison, avec seulement une maman de jour… Matt, ne me demande pas de ne pas espérer plus que ce que je ne pourrai lui offrir ! C’est mon rôle ! » L’homme, cheveux poivre et sel, le visage dur et sévère, claqua la langue avec un regard menaçant. « Donnons-lui déjà les moyens de se débrouiller, de savoir où est sa place, de s’y tenir et surtout, de pouvoir survivre. Je ne veux pas qu’à ma mort je le retrouve peu après ! » Elle encaissa les mots sans une parole, se contentant de fermer les yeux, tendues, douloureuse et en même temps, ne pouvant que comprendre son mari. C’était leurs choix. Il fallait maintenant assumé. Pourtant, malgré tout l’entraînement qu’elle avait pu subir au cours de sa formation, jamais on ne l’avait préparé à une situation pareille : celle d’une mère devant apprendre à son enfant à tuer au lieu d’être tué. Asay, sans le comprendre pleinement encore, venait d’assister à une déclaration non-officielle de ce que serait son futur, malgré ses envies, malgré ses rêves. L’enfant délaissa l’idée de rejoindre ses parents, retournant sur son lit et observa sa chambre timidement, comme si soudainement elle lui fut étrangère. Il avait alors cinq ans et dans quelques mois, il aurait été en âge d’entrée dans la scolarité obligatoire. Mais ce ne sera jamais le cas… Au lieu d’une salle de classe emplie d’élèves, d’un professeur patient et adoré, soignant ses jeunes élèves comme un parent le ferait, lui avait connu la sévérité et la froideur d’un Scientiste présent pour lui donner ses leçons, à la rudesse des mots à son égard malgré son jeune âge. Et malgré ses larmes, ses sanglots, il ne s’était pas plaint, parce que chaque soir, sa mère venait près de lui, dans son lit, et s’excusait, le priait de faire de son mieux, parce que c’était ainsi et que finalement, ils n’avaient pas le choix. Pourtant, lorsqu’il était seul dans sa chambre, tentant d’inventer un monde plus clément à son égard, ce furent justement là les instants les plus rudes. Là où lui ne sortait que pour aller dans une salle de sport désignée à certains groupes et familles pour apprendre les arts de la défense et, plus tard, du combat, les autres enfants riaient en apprenant tout simplement à s’amuser. Et il en avait alors voulu à ses parents, leur avait mené la vie dure, tentant moult manigances pour pouvoir respirer le même air que les gens de son âge. Mais avec le temps, sa douleur se calmait pour laisser place à la fatalité, tentant de trouver des excuses plus bêtes les unes que les autres aux actes de ses parents. Mais il ne s’excusait plus lui-même… Encaissant le choc avec dextérité, il tordit le poignet d’un mouvement souple et maîtrisé avant de se mettre dos à son adversaire, le faisant passer par-dessus son épaule pour le clouer nettement au sol. A peine ce dernier était-il couché qu’Asay le chevaucha, empêchant toute tentative de riposte par la même occasion en maîtrisant rapidement et sûrement les membres. Il haletait, en sueur et cette dernière perlait le long de son visage sans qu’il ne cherche à s’essuyer, dardant son regard franc et combatif dans celui de son adversaire, attendant qu’il tente encore de s’échapper. « J-J’abandonne ! - Asay, vainqueur ! » Les applaudissements furent timides, discrets, et les gens l’observaient passer devant eu avec une pitié qui ne le faisait plus rugir depuis longtemps. On pouvait s’habituer aux pires choses, même si cette chose fut d’être relégué au rang de pauvreté dans le regard des gens. Il s’inclina respectueusement puis partit sans un mot de plus, devant se changer rapidement pour le prochain cours de sport. Il passait comme tous les mois des tests d’aptitudes physiques et cardio-vasculaires visant à obtenir sa progression et le bien-être de sa physiologie. Son jeune âge requerrait une surveillance constante et plus étroite que pour les adultes, vu que les méthodes comportaient un risque sur la santé d’un individu aussi jeune. « Bien. Tout semble parfaitement normale. Vous pouvez donc continuer les injections comme à votre habitude. Au moindre changement soudain, ou que vous trouvez étrange, je veux que vous nous avertissiez, comme d’habitude donc. » A ces mots, le garçon acquiesça simplement, passant un linge chaud sur sa nuque tendue puis sur tout le haut de son corps. Saluant une dernière fois les scientifiques, il partit finalement en direction des vestiaires. Et comme à chaque fois, il prenait sa douche, se lavait consciencieusement et méticuleusement, puis se séchait sommairement avant d’enfiler des vêtements propres pour retourner chez lui. Ce soir encore, ses parents n’étaient pas là et donc, il se retrouvait seul dans l’immense appartement. Et bien qu’il n’ait jamais eu peur du noir, il craignait en fait le vide… Sortant du centre sportif d’un pas calme, il savoura le soleil d’une fin de journée chaude et accueillante. Ses mèches trempées et alourdies tombaient sur son visage de façon encore plus dramatique que les fois où elles étaient sèches. Mais il n’y faisait rien contre, comme à chaque fois. C’était quelques mois avant l’anniversaire de ses quinze ans. A la différence nette que durant cette journée…il avait rencontré quelqu’un. « J’te vois tout le temps à la salle de combat. Tu tiens le rythme dis donc pour un gamin de ton âge ! » Il s’arrêta, puis tourna la tête lentement, rencontrant un visage chaleureux et souriant. Il n’avait rien d’un canon de beauté, et pourtant, ces yeux d’une couleur chocolat si purement banale lui fit l’effet de la plus belle chose qu’il eut rencontrée. « Nadelh Han’O, section trois. Je suis dans la classe juste après la tienne et à côté de ta salle, enchanté ! » Il observa la main à la peau hâlée tendue avant de la serrer, se présentant brièvement et reprenant son chemin tout simplement. Le jeune homme l’observa, stupéfait, avant de le rattraper rapidement. Arrivant à son niveau, ils se mirent à marcher côte à côte, sans pour autant que le noiraud ne prête une seule fois attention à son aîné. Et malgré cela, ce dernier le raccompagna chez lui, devant sa porte, le salua, avant de reprendre sa route, disant qu’il l’attendrait demain… Ce fut ainsi durant plusieurs semaines. Inlassablement, Nadelh arrivait à ses côtés comme une fleur. Si au début un silence religieux était de mise et seules quelques questions polies étaient posées, ce fut bientôt chaque jour un déluge d’un monologue sans queue ni tête que lui servait le brun. Sans s’arrêter, sans se fatiguer, il lui racontait sa journée, ce qu’il avait fait, les gens qu’il avait rencontrés et posait des questions sans pour autant jamais attendre de réponses. Et ainsi, Asay eut tout le loisir d’apparenter cette étrange relation à ce qui se rapprochait le plus…d’une amitié. Cette espèce de rapport qu’ils entretenaient avait un sens réconfortant pour le garçon au fur et à mesure des jours. Il ne sut pourquoi, mais la sensation d’être compris sans avoir à parler, sans avoir à manifester un déluge de sentiments, lui permettait d’apprécier à sa juste valeur leur histoire. « Hey… C’est bientôt ton anniversaire non ? - Dans trois jours… » Nadelh observa le jeune homme, puis sourit légèrement. Ce n’était pas la même impression qu’il avait toujours, mais plutôt le sourire d’une personne qui savait des choses. « J’suis passé par là moi aussi… » Asay s’arrêta net, ne bougeant plus, dos à son camarade et écoutant attentivement ce qu’il lui racontait. Pourquoi la première fois, le son du briquet retentit alors que l’odeur d’une cigarette venait lui chatouiller le nez. Il se retourna enfin, observant le brun fumer devant lui, le regard ailleurs. « C’était une jeune femme. Elle était enceinte. J’devais lui soutirer des informations… » dit-il en fixant enfin le noiraud. « Spécialisé en tortures et interrogations… » Asay ferma brutalement les yeux, tremblant légèrement, la respiration rapide et pénible. Nadelh lui raconta alors tout : comment il avait dû être préparé psychologiquement, comment il avait été formé, comment il avait dû apprendre les points faibles à exploiter. Et il lui raconta cette nuit où il avait reçu sa mission, sans même pouvoir prôner le fait qu’il soit un novice, on l’avait jeté à la gueule du loup pour qu’il accomplisse son devoir. Alors il l’avait fait : il avait torturé cette femme, lui avait arraché son enfant encore incapable d’autonomie pour savoir ce qu’il voulait, devant enregistré le tout sur une bande-son directement reliée à son supérieur direct. Et même s’il en avait pleuré, même s’il en avait vomi, il l’avait fait… « Si moi je ne l’avais pas fait, personne ne l’aurait fait à ma place. Ou pire. Si elle était tombé sur un psychopathe ? Ca aurait pu être pire… » souffla-t-il en s’asseyant contre le noiraud, lui caressant le dos lentement alors qu’il était en proie à une crise de nerfs, refusant pourtant à ses larmes de couler. Et Nadelh ne l’en dissuada pas. Au contraire, il le renforça dans ses positions, lui disant de ne pas craquer, que quoiqu’il advienne, son travail devait être fait, rapidement, proprement. Parce qu’il n’y avait pas que sa vie en jeu… Trois jours plus tard, Carlos et Emmanuelle Francisco, ainsi que leur fils, trouvaient la mort d’une simple balle dans la tête. Directement après sa mission, il empocha sa première prime. Puis il retrouva son ami, blême, ailleurs et pourtant, toujours ancré dans la réalité. Alors Nadelh fit la seule chose qu’il put : « Bravo. » Et il l’embrassa. Ce baiser avait eu un goût amer, de sang, de pourriture, mais le garçon de quinze ans se laissa pleinement aller dans les bras de son aîné, hoquetant, ses épaules secouées sans qu’aucune larme ne coule : car il les ravalait tous. La vie avait continué, comme si rien ne fut. Nadelh et son sempiternel monologue, leur promenade quotidienne pour rentrer ensemble lorsqu’ils le pouvaient. Et dans ce train de vie auquel il s’était habitué, une autre équation venait d’entrer en compte : les baisers et les caresses que lui offrait le jeune homme. Asay les savourait, sans pour autant oser en redemander. Il n’était pas bête. On lui avait bien appris que, dans le cadre d’une mission, s’il fallait qu’il offre son cul à un gars pour mieux l’approcher et ramener les informations ou le tue, il devait le faire. S’il fallait qu’il baise une femme pour lui tirer dessus ensuite, il devait le faire. Alors la pensée même que dans sa vie intime, s’il lui en restait encore, pouvait être coloré par la présence d’un homme…il n’en avait cure. Et le soir même qui suivit cette pensée, il avait joui, essoufflé et arqué, serré contre son aîné qui allait et venait encore contre lui avant de se laisser porter par l’orgasme lui aussi. Retombant tous deux sur le lit, il leva la tête lentement, apercevant dans le miroir son reflet échevelé, les joues rouges et le regard encore flou de plaisir. Mais déjà il fermait à nouveau les yeux, se laissant guider une nouvelle fois par l’expérience de son aîné. Cinq ans après, jour pour jour, il emménageait avec ce dernier. Ses parents n’avaient jamais rien dit, se contentant d’être contents pour lui, de savourer eux aussi son bonheur. De courte durée. Il toqua contre la porte, attendit qu’on l’appelle et entra enfin. Les cheveux toujours aussi indomptable, mais le regard vif et clair se transformerait dans un futur malheureusement bien proche. « Entre. » Une voix basse, belle et sensuelle résonna alors, l’invitant à passer le pas de la porte pour l’y rejoindre. Il entra, faisant un bref mouvement de tête pour la saluer. Hybris Odd Gabriel, une belle femme en soi, son aînée de peu aussi. Elle semblait telle une poupée tranchant dans le décor si militaire de l’endroit et pourtant, sa présence désirait gouverner le tout. Pourtant, il ne se laissa pas démonter. A ses yeux en fait… Sans mauvais jeu de mots, il voyait en elle comme une poupée maquillée et habillée. Fermant les yeux et retenant un soupire agacé, il relégua ces idioties au fond de sa cervelle pour se concentrer sur la raison de sa venue. Quand elle lui montra le siège en face d’elle d’un léger mouvement de tête, il refusa, poliment, ne se faisant pas confiance sur le coup pour une raison inexplicable. « Je vais aller droit au but, O’Lendell. Liliane et Matthew ont été retrouvé morts tôt ce matin. Les informations sont toutes dans le dossier ici présent. Tu es chargé de mener la mission à terme. » Elle avait parlé fermement, sans plus de chichis, lui adressant un regard vide qu’elle n’avait pas hésité à fixer dans le sien, plus terne, plus ailleurs. Il acquiesça, sans un mot, pris le dossier et se retourna lorsque la voix d’Hybris retentit à nouveau dans son dos, soufflant un « Navrée » maladroit et qu’elle voulait en même temps assuré. Il acquiesça une nouvelle fois, et sortit en silence, ailleurs tout le long du chemin qui le mena chez lui... To be continued... |
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