"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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Invité
| Sujet: Que se lève le voile Mer 23 Juin 2010, 20:47 | |
| Son corps trésaille. Un léger soubresaut de la main, un tremblement de son pied, le réveil s'amorce. Shahrizai garde les yeux clos. Elle n'aime pas cette sensation. Son cœur bat étrangement vite. Elle si calme, si sûre d'elle, qui maîtrise toujours ses émotions... Que se passe t il ? Alors doucement elle contrôle son souffle, aussi lent que si elle dormait encore. Elle ne bouge pas, tentant d'appréhender l'espace malgré son aveuglement momentané. Il y a des ondes... Mais elle a bien du mal à déterminer lesquelles. Positives ? Négatives ? En tout cas elles sont fortes, puissantes et impérieuses. De celles contre lesquelles on ne lutte pas. Il ne faut même pas tenter.
Elle trouve ce qui la gêne. Maintenant que ses battements de coeur se sont calmés, elle comprend que leur bruit résonnait dans la pièce, ajoutant une certaine angoisse, un trouble dont elle finit de se débarrasser pour de bon. Cette fois Shahrizai est prête à ouvrir les yeux. Voir vers quoi elle est amenée et même livrée. On la veut sans défense sans doute et c'est mal la connaitre que de l'imaginer faible.
Alors lentement elle ouvre les yeux comme si elle revenait à la vie. Un mince sourire se dessine sur ses lèvres. Un sourire magnifique mais qui semble aussi mortel que le plus terrible des poisons. Avec douceur elle s'assoit, prenant la mesure de l'espace, de son décor...
Un instant son regard semble vaciller sous la surprise. Des portraits d'elle... à tous les âges. Comme c'est étrange. Perturbant si tant est qu'elle puisse l'être un jour. Et des miroirs ici et là. C'est amusant. Ils semblent s'être insérés là, comme par la force, comme s'ils avaient poussé des images pour se poser là. Il y avait bien quelques espaces quand même. Et la couleur... Cette couleur... Les yeux de Shahrizai semblaient brûler. Ces murs... D'un rouge... Comme du sang. D'un rouge si profond... Si pur... Ce ton que chez elle on appelait Sangoire.
Lentement, elle glisse du lit sur lequel elle reposait. Sa longue robe pourpre semble se confondre avec la couleur du mur. Le tissu effleure le sol dans le doux murmure de la soie. Les plis élégants devinent des jambes bien proportionnées qu'elle entraperçoit dans un des miroirs. Ses pieds sont nus. Fins, soignés, un vernis assorti à la robe. Une chaine cheville faite d'une dizaine de petites clochettes ceint sa cheville gauche avec un tintement joyeux. Le bas de sa robe, malgré la couleur rouge, est un peu différent du reste de l'habit. Un peu transparent, qui révèle des mollets fermes. On devine une peau laiteuse, sans doute douce.
Shahrizai cherche comment analyser la pièce de façon scientifique, détaillée. Ne rien rater. Elle va dans un angle. Celui à l'opposé de la porte. Fermée bien sur. Et pour peu qu'elle tente de poser sa main dessus, elle se doute qu'elle sera verrouillée. Alors autant s'occuper en attendant que quelqu'un vienne.
Il y a là une image, dans un coin, qui l'interpelle parmi le lot. Les autres la montrent bébé certes, mais là on voit la voit porter sa cousine Persia, alors poupon. Comme tous les membres de leur famille, elles ont des cheveux noirs, drus, étonnamment longs pour leur âge. Ce noir est si profond qu'on jurerait qu'il y a des reflets bleus. Elle passe machinalement une main dans ses cheveux. Ils sont aujourd'hui moins bouclés qu'alors. Mais on dit que les enfants ont toujours tous les critères de la beauté parfaite. Oh bien sur, on dit aujourd'hui encore qu'elle est étrangement belle, mais il n'y a plus l'innocence de l'enfance. Elle a des yeux bleus brillants et pétillants.
Alors qu'elle glisse à la découverte d'autres images, son corps passe devant un miroir. Long, fin, il dévoile son corps. Ses seins hauts et fermes, sagement ajustés dans un corset de soie qu'on devine à travers sa robe. Cette robe d'ailleurs... Ses doigts fin, au même vernis que celui sur ses pieds, effleurent la dentelle soignée. Elle n'a rien sur les épaules. Le summum du scandale de et de l'audace pour beaucoup. Le devant de sa robe est d'un blanc pur, avec l'insigne de sa famille brodé au fil d'or. Trois clefs enlacées. Ce plastron se resserve vers le bas pour exploser en corolle avec la jupe dans un rouge sang qu'elle affectionne tant. Ses bras et son cou sont d'un blanc laiteux. Tout révèle l'élégance et la richesse. Elle se satisfait de cette image.
Alors elle voit une autre image. C'est étonnant quand même comme ces portraits ont l'air vivants, limpides. Ses doigts effleurent un de ces portraits. Il l'amuse, comme s'il lui rappelait un évènement particulièrement heureux. Pourtant on la voit juste assise sous un arbre. Elle est adolescente un livre à la main. Rien de particulier sur cette photo sauf peut être sa tenue. Très droite, la tête fière et haute. On sentait chez elle l'orgueil et la fierté innés dans sa famille. Cet air un peu farouche, libre et indépendant. Ces yeux bleus toujours. Et déjà cette marque à la tempe. Comme une fleur.
Shahrizai porte sa main sur sa tempe. La marque est toujours là, cachée par une mèche de cheveux. Peu ont eu l'occasion de la voir. En tout cas, rares sont les vivants.
Elle glisse. Son pas reste lent, silencieux. Signe d'une habitude à rester discrète, presque invisible. Un miroir à hauteur du visage. Elle regarde. Ne voit rien que le voile d'argent qui cache son visage. Elle porte ce voile depuis des années, comme une superstition. Les intimes à voir son visage sont des familiers de longue date. Cependant on devine clairement son visage entre les diamants qui constellent le tissu, s'arrêtant nettement aux clavicules. Elle le soulève sur ses cheveux.
Beauté divine. Normal... Elle croit en Kushiel. Certains appelleraient ça une secte. Mais dans sa famille, on y croit dur comme fer. Et une chose est sure, il est son aïeul. Alors pour elle cette beauté n’est qu’un héritage. Une bouche pleine, ourlée, naturellement rouge. Cet œil encore, si bleu, qui transperce les gens dit on. Elle croit en Kushiel. En sa cruauté. Elle n’est que sa main. Son visage est fin, soigné. Un simple trait de khôl sous les yeux. Des sourcils précis, comme si un peintre avait passé un coup de pinceau délicat d’un geste net et parfait. Elle rabaisse son voile, savoure la fine griffure des éclats de diamant incrustés dessus et continue son exploration. De ses mains elle touche un portrait ici, une image là. Un lourd bracelet enchaine son poignet gauche, comme le symbole d’appartenance à quelqu’un. Des signes mystérieux sont tracés dessus, du même style que les écritures du livre qu’elle tenait sous l’arbre. L’autre poignet a une multitude de fins bracelets en or, certains avec des clochettes qui tintent elles aussi joyeusement. et plus haut sur le bras, un anneau entrelacé. Aucune bague et un simple cordon de soie autour du cou. Au ras, à travers le voile on devine la pierre d'une taille assez volumineuse. Un diamant que l'on dit maudit. Assez en tout cas pour que personne n'ait jamais encore tenté de lui voler.
Elle a vu les portraits d’elle à tous les âges. Elle est étonnée. Le peintre est adroit. Ceci dit, même elle reconnaissait que l’endroit était étrange. Pourquoi tant de portraits et de miroirs. Pourquoi uniquement elle ? Et pourquoi était elle ici ? Des questions simples mais sans aucune réponse. De la peur ? Non. Intriguée oui.
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| | | ~*Reine des Abysses*~
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| Sujet: Re: Que se lève le voile Jeu 24 Juin 2010, 00:53 | |
| Elle me dévisageait sans gêne et sans pudeur alors j'en fis de même. Après avoir longuement parcourue la pièce, découvrant les clichés, la petite créature me troua de son regard bleu, elle croyait peut-être se percer elle-même à jour. Je la laissais me vaincre sans bouger, sage reflet pacifique et interrogateur. J'étais ravi et agacé de voir une frêle créature dans son genre, tranquille face a moi. J'aurai sans doute voulu lui soutirer un peu plus de panique. Et puis franchement, me retrouver réduit à cette taille, c'est plutôt... frustrant. Heureusement que je ne suis pas claustrophobe! Comme une dernière mise à l'épreuve pour voir si elle était réellement prête, je laissais apparaitre sur son visage, dans le miroir, mon oeil étrange. Il y avait une sorte de défi et de menace séduisante, j'étais vexé qu'elle ne soit pas plus impressionnée que cela. Peut-être aurais-je voulu la garder un peu plus, jalousement? Dans un clignement de paupière, mes cils se refermèrent et quand je rouvrit les yeux à nouveau, le feu était partout. Les photographies s'embrasèrent, la chaleur montait, insoutenable et pourtant épargnant miraculeusement la femme. Je plaquais ma main contre la paroi, y appuyant la clé rouge, aussi grande que moi et ma jumelle, qui commençait à fondre, magma de métal en fusion. L'objet rougeoyait comme une braise, un petit soleil qui se serait mis à couler entre mes doigts. Les miroirs commençaient à se gondoler, changeant de teintes comme des tâches d'essence sous le brasier. Je souriais à la jeune femme avec provocation et bienveillance, puis je m'embrassais soudain, sans un bruit, mon miroir en cendre et bris de verre, dévoilant un passage menant à une noirceur froide. |
| | | Invité
| Sujet: Re: Que se lève le voile Ven 25 Juin 2010, 20:53 | |
| Alors que les murs et les portraits se mettent à s'enflammer puis à gondoler. Avec prudence, Shahrizai recule jusqu'à heurter le lit sur lequel elle reposait il y avait si peu de temps. Elle regarde le phénomène avec prudence, méfiance même. Quelle étrange magie il lui était donné de voir. Elle a envie de toucher, de sentir, de percevoir, mais elle sent que son enveloppe charnel ne lui permet pas d'arriver à ce qu'elle cherche. Elle étouffe un grognement de frustration qui devient un murmure d'émerveillement quand le feu prend des proportions gigantesques. Une envie irrépressible de rire. Peut être est elle un peu folle. Elle est enfermée là, prête à carboniser et elle pleure à moitié de joie et de rire devant la beauté du moment.
Et alors le calme. Comme une lueur. Et pourtant ce n'est que noirceur. Une aura malfaisante. Une étreinte la prend au coeur. Ce feu partout et son salut tient là, dans ce faible passage. C'est un signe. On n'utilise pas une telle magie et on ne lui offre pas un salut pour rien.
Alors Shahrizai s'engouffre dans le passage. Et prend la mesure de l'obscurité. Si dense qu'elle ne voit pas de limite. Aucun mur, aucun plafond et le sol... pour un peu elle se croirait en suspension. Un bref moment elle se retourne pour regarder derrière elle cette pièce où elle était. Peut être y retourner. Peut être a t elle sombrée dans la folie. Peut être n'était ce qu'un piège ? Ou alors... Alors... Non... C'est sans doute une épreuve.
Voilà. Kushiel... ENFIN Lui. Son Sauveur, son Dieu, sa Foi, il vient lui rappeler qui elle est. Quelle est sa mission.
Et alors lentement la porte se referme...
Nooon...
Spontanément elle tend une main pour empêcher la porte de se fermer. Sa voix résonne dans un écho assourdissant. Une voix mélodieuse, douce et pourtant, il y a derrière une sorte de fer, de fermeté sous jacente pour qui a l'oreille. Elle bute contre la porte. Elle veut l'ouvrir. En vain. Elle s'appuie contre un instant. Voilà quelque chose de matériel au milieu d'une obscurité si angoissante. Et pourtant, il n'y a pas de peur réelle en elle. Juste sous jacente. Il lui est rare d'avoir vraiment peur. Car Shahrizai est comme tous les membres de sa famille. Débrouillarde, arriviste mais pas lâche. Elle affronte les épreuves, comme autant de défis à ses yeux, des défis venus de son Dieu, de son Hérésie à elle. Et c'est ce qu'elle aime. Rien ne vaut un défi. Là où seule, elle n'irait pas, quand elle sent un défi, elle s'y glisse, s'y faufile, s'y précipite avec délice, comme un délectable pêché.
Mais tu n'aimes pas perdre.
Non... ça non elle déteste. Enfin... elle n'a jamais vraiment perdu. Elle ne se lance jamais dans un plan dans une sortie de secours. Sans un autre plan derrière pour mieux gagner par la suite.
Gagner... ou tricher ?
Y a-t-il une différence ?
Shahrizai s'avance en direction de la voix.
Quand on gagne, personne ne vient demander si on a triché... Non personne. Parce qu'il n'y a personne ? non parce que personne ne sait qui est derrière...
Pourquoi dit elle la vérité ? quelle est cette voix ? C'est vrai de toute façon, Shahrizai est dotée d'une de ces intelligences rares qui anticipent les risques, qui fait faire le sale travail aux autres, et ça, volontairement. Quand on les interroge, jamais Shahrizai n'est responsable... Sauf peut être d'un peu de chantage... Mais jamais elle ne force la main. Et oui c'est sa grande force... ne jamais laisser de preuves.
Elle sourit. Il n'y a plus une voix mais 5 ou 6. elle a du mal à tout comprendre car les questions, les reproches, les accusations se mélangent. L'une d'elle susurre :
Et la colère, qu'en penses tu toi hein ?
Shahrizai éclate de rire. Presque inquiète et toujours étreinte au coeur, comme menacée de suffocation. La colère. Non elle ne connait pas. C'est une faiblesse. Sous le coup de la colère, on parle trop, on fait des erreurs. Alors elle sait ravaler colère et haine. Et elle frappe froidement. Elle blesse et fait mal.
Et une nouvelle voix vient la frapper au point que la douleur en est presque physique.
Tu aimes faire mal. Tu aimes le mal.
La tête de Shahrizai est comme tirée vers l'arrière. Un rictus se forme, se devine derrière son voile.
Oui, la douleur. Il nous l'enseigne. Elle est notre peine et notre rédemption. Kushiel l'a dit. Kushiel.
Au sol. Sa robe rouge en corole autour d'elle, même si elle ne la voit pas. Ses mains tenant son visage. La douleur qu'on inflige, les mots plus que les actes. Et pourtant... Oui elle aime la cruauté. Autant la subir que la procurer. Se soumettre. N'est pas faible celui qui se soumet. Elle a dévoué sa vie à son hérésie. Et Il le dicte. La souffrance ici bas évite l'enfer dans l'Au Delà. Elle aime la douleur, fidèle compagne dans la vie d'un Homme.
Et les hommes hein... La nature t'a doté d'une grande beauté, tu en profites... Débauche et perversion...
Ils ne comprennent pas. Shahrizai secoue la tête. Non personne ne comprend. Il n'y a que Ses adeptes. Les Dieux Anciens avaient dit "Aime comme tu l'entends". Kushiel avait choisi la voie de la souffrance pour exprimer son amour. Elle ne fait qu'appliquer ses lois. Elle aime... Non. Elle désire. Peut être ne va t elle pas au bout des commandements. Mais elle est imparfaite. Oui son Dieu lui a donné Beauté et Intelligence. Ceci dit, elle n'est pas douée de force... elle n'est pas endurante, pas sportive. Elle ne sait pas se battre. Elle utilise ses propres armes tout simplement. Est ce sa faute si les gens ne se méfient pas d'une simple femme, trop jolie pour savoir penser ?
Faiblesse, faiblesse, faiblesse.
Shahrizai secoue la tête de plus belle pour chasser ce mot. Elle le hait. Elle déteste les faibles. Elle déteste ceux qui la sous estime.
Ce que tu aimes alors ?
Ce qu'elle aime ? Pourquoi lui pose t on une telle question... Bien sur que c'est Kushiel. Alors pourquoi le mot pouvoir est il sur le bout de ses lèvres ? Oui l'ambition. Le pouvoir, l'ambition, sentir les gens sous sa coupe aussi. Les défis, les manipulations. Même si elles n'offrent rien de concret, juste le plaisir de savoir qu'on est suffisamment douée pour se jouer des gens.
Et la peur ?
Une limite. Une faiblesse. Toujours présente. Toujours la refouler. Non, elle ne veut pas en parler. Encore un mot interdit.
Et l'amour dans tout ça ? Le Vrai ?
Non. Elle ne connait pas. Elle aime son Dieu, voilà la Vérité. Non. Elle n'en veut pas. Ni homme, ni enfant. Pas d'attache. Juste sa mission, son devoir. Retrouver ce Livre, celui qui fera revenir Kushiel sur Terre. Son ambition. Elle sera sa Reine. Sa Voix. Elle aura le pouvoir. Elle gagnera puissance et respect.
Et... Une conscience ? En as tu une seulement ? Non. Pas comme on l'entend. Pas comme les gens croient à la conscience. Alors non...
Tout est si noir, dense. Comme un liquide visqueux qui la prend alors qu'elle est toujours au sol. Cette étreinte sur son coeur qui commence à l'étouffer. Elle sanglote. Sans savoir si c'est d'une sourde angoisse, d'une douleur trop physique ou d'être ainsi mise à nue. Une autre faiblesse. Elle déteste, elle se hait à ce moment même. Elle en a soudain conscience. |
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| Sujet: Re: Que se lève le voile Sam 26 Juin 2010, 13:04 | |
| L'entrée dans notre antre ne se fait jamais sans dommage. Nos visiteurs ne devraient pas entrer avec tant de désinvolture et comme des harpies jalouses de leur territoire, nous le leur faisons comprendre. Nous sommes des oiseaux cruels qui s'acharnent sur leur victime et nous sommes toutes les douleurs, toutes les peines du monde. Comme les autres, je me jette sur elle, le bec en avant, ma voix plus accusatrice que la plus outragée des victimes. J'ai la même voix qu'une femme trompée, la même intonation qu'un ami à qu'on a volé, les mêmes inflexions que celles d'un enfant à qui on a promis la lune sans la lui donner. Et puis je hurle, de temps en temps. C'est l'expression pure de mon accusation. Toi qui te tiens au milieu de notre cercle, pourquoi as-tu abandonné? Nous aimons entendre tes réponses, nous devons fouiller ton âme. Pas pour trouver des pardons. Simplement pour comprendre. Tes mots et chacune de tes pensées nous suffisent... Au fur et à mesure, nos cris se perdent, se font moins sûrs, hésitants, plus faibles. Une à une, on se tait, le noir se perce de ce silence alourdi par nos présences devenues lettres mortes. Les charognes sont rassasiées. Un peu confuse de notre comportement toujours si emporté, le repentir apportant une sorte de honte, je dépose un pieu baiser sur les lèvres de notre victime pardonnée. De mes lèvres tombe un objet qui émet à la rencontre du sol un tintement léger. Sur le sol, à l'endroit présumé de l'impact, un carré de lumière se dessine. Nous sommes condamnées à toujours voir nos visiteurs disparaitre par cette bouche blanche. |
| | | Invité
| Sujet: Re: Que se lève le voile Sam 26 Juin 2010, 21:20 | |
| La douleur lancinante l’abandonne soudain et Shahrizai se sent vide et lasse. Mais presque déçue. Elle a l’impression de ne pas avoir atteint les limites de sa résistance. Pourquoi la laisse t on là ? Pourquoi délaisser cette part noire d’elle-même ? Elle la chérit, elle en raffole. Qu’on lui rende sa souffrance, qu’elle crie, pleure et hurle à tout rompre, à s’en déchirer la gorge, que son âme se rompe et se détruise.
Et là il ne reste rien. Que ce noir, ce vide abyssal. Comme une indifférence. Elle a bien des défauts mais celui là peut être plus que tout autre. L’orgueil. On ne peut pas se détourner d’elle ainsi. Alors elle se relève, fière, impérieuse, majestueuse comme si elle était reine. Ses yeux bleus flambent de revanche, de défi.
Et alors cette caresse. Ce voile de soie sur sa bouche alors que le tissu qui couche son visage n’a pas bougé d’un pouce. Cette délicatesse qui après tant de violence lui laisse échapper une larme solitaire. Le repentir. Le Pardon. Kushiel a frappé.
Merci.
Ses lèvres esquissent le mot. Le murmure ne soulève même pas le voile. Seul un Dieu peut l’entendre. Elle est en paix avec elle-même. Elle est ce qu’elle est. La Nature l’a faite ainsi et elle l’assume pleinement.
Alors que le mot franchit le mur de ses lèvres, un tintement, comme un vacarme avec ce silence si pur qui l’englobe. Et malgré l’obscurité épaisse comme la poix, Shahrizai voit une clef blanche. Et alors qu’elle la ramasse, une ouverture blanche, béante, presque grotesque et agressive ici. Comme si on lui ouvrait le Paradis.
Non.
Non car sa nature est noire. Son âme est aussi profonde et sinistre que ce lieu. Elle est faite pour rester ici. Et malgré tout ses pieds la portent. Qu’elle le veuille ou non, elle ira. Comme une rédemption dont elle ne voudrait pas.
Elle entre, foule le sol qui lui parait étrange. Et soudain elle comprend. Le bas de sa robe rouge sang colle à ses chevilles et l’eau est lentement absorbée par le tissu. Les grelots de sa chaine cheville ne tintent plus aussi joyeusement. Shahrizai se penche, effleure l’eau, si douce qu’elle se sent à peine. La sensation est étrange, presque désagréable à ne pas comprendre ce qu’il se passe. Et l’eau coule, lentement, un fin courant qu’elle suit des yeux, de plus en plus étonnée. L’eau aboutit à un mur. Nulle chute, nulle mer. Et pourtant ce courant. Un défi étrange pour la nature.
Shahrizai se penche davantage. La soif la tenaille. Peut être pourrait elle boire ? Kushiel seul savait ce qu’il lui réservait encore après tout. C’était le moment de profiter de ce répit. L’eau si pure la reflétait. Ses longs cheveux noirs tirant sur le bleu, son voile qui couvrait son visage aussi. Et puis...
De fines bouclettes. Un regard semblable au sien mais vert. Shahrizai recula d’un bond, trébuchant à moitié dans l’eau.
Sortilège ! Les morts ne doivent pas revenir !
Elle conjure Kushiel et se penche de nouveau. Et une fois encore, l’eau reflète ce qu’elle ne souhaite pas voir. Une femme qui lui ressemble étrangement, et dont la seule différence réside dans la couleur des yeux. Un vert comme la prairie au printemps. Un vert qui fascine et subjugue. Elle tient un enfant. Elle à n’en pas douter, fille unique qu’elle est. Et elle aperçoit alors son père. Shahrizai est frappée. Elle remarque seulement que son seul point commun avec son père est la couleur des yeux. Il est derrière, un peu plus loin. Et son regard... haaan ce regard. Combien de fois ne l’a-t-elle vu enfant ? trop souvent. Beaucoup trop souvent. Ce regard lourd de mépris et de peur mêlée autant pour la femme que pour l’enfant. Cet homme en retrait qui semble ne pas vouloir s’en approcher.
Elle est aussi TA fille.
C'est presque un cri, un déchirement de douleur.
Enfant du Diable. Tu m’as ensorcelé.
C’était vrai. Sa mère avait aimé son père passionnément, reniant les principes de sa famille pour lui. Mais ce n’était pour lui que l’histoire d’un soir. Malheureusement pour lui, on n’en conte pas si facilement à une femme telle qu’elle. Et ses petits dons avec les plantes lui sont utiles.
Shahrizai qui reculait, aperçoit la suite de l’histoire. Les potions, de plus en plus souvent, de moins en moins efficaces pour charmer son père. Jusqu’à la grossesse. Jusqu’à ce qu’il comprenne. Il a été piégé. Il les hait.
Shahrizai recule encore comme pour éviter d’avoir à affronter ce regard. Et voit des images d’elle enfant, jouant avec une voisine, pendant qu’une fois encore ses parents se battent.
J’ai bien fait de ne pas t’épouser. Ce n’est qu’une batarde. Ce n’est que le fruit non désiré des amours d’une trainée.
Le mot est dit. Bien sur, c’est difficile pour elle, du haut de ses trois ans, de comprendre le sens de ces paroles qui la poursuivent encore aujourd’hui. Elle ne hait pas son père, elle n’est pas en colère contre lui. Elle l’a rayé de sa vie. En tout cas ce jour là...
Alors que Shahrizai se penche pour revoir ce souvenir, le revivre, elle voit sa mère l’entrainer de force dans la maison, mettre ses quelques affaires, deux robes et une poupée, autant dire que c’est rapide, dans une malle et partir dans leur chariot.
Elle se relève, tente d’essorer sa robe mais renonce bien vite. De toute façon, l’eau n’est ni froide, ni chaude, alors au pire, il n’y a que la sensation d’être mouillée.
Elle erre, regarde sans trop voir, jusqu’à une image. Son arrivée devant une demeure impressionnante. Ça ressemblait au château du seigneur de son petit village mais en plus majestueux encore.
On va voir le Roi ?
Sa mère ne répond pas, les yeux fixés sur la route, le rideau de ses cheveux comme un barrage pour le regard de sa fille. Elle écarte lentement une mèche pour voir une larme couler. Elle ne la voit que brièvement, repoussée avec brutalité par sa mère.
Non. On va voir pire.
Pire... Shahrizai inspire. Pire pour sa mère oui. A n’en pas douter, l’enfer sur Terre était possible. Sa mère n’a jamais gouté comme elle aux délices des tourments. Elle n’a jamais été une vraie membre de la famille. Elle n’avait ni ses perversions, ni ses ambitions.
Et Shahrizai revoit son grand père sur le perron, l’air grave. Et sa mère la tête baissée, alors qu’elle-même ose le regarder dans les yeux. Elle a vu la fierté et l’orgueil.
Bienvenue à toi Mélisande.
Mélisande. Une identité à elle. Car oui, Shahrizai n’est que son nom de famille. C’est ainsi que dans son village, petite, on l’appelait. Mais dans sa vraie famille, elle avait un prénom, une existence. Mélisande Shahrizai de la famille Shahrizai, noble et hérétique. Tous ses membres étaient divinement beaux et cruels.
Elle sourit. Heureux souvenir. Elle regarde les autres images. Revoit Persia, sa cousine de 5 ans sa cadette. Elle grince des dents. Quelques images de son éducation qui se devait d’être parfaite. Langues, maintien et danse, calcul, histoire, géographie. Sa mère se morfond, elle vit enfin. Sa mère lui apprend l’art des plantes, Shahrizai se tourne vers la Religion de sa famille.
Kushiel... Aaaah... Kushiel.
Ici elle voit un anniversaire fêté, le jour où on entre dans la Grande Colère. Là une bataille avec ses cousins. Ailleurs un devoir mal fait, un coup de règle sur les doigts, le voile rouge écarlate devant les yeux lui signifiant la bénédiction de Kushiel. Et puis une image... Si triste. L’un des rares souvenirs qui la touche. Sa mère sur un lit de mort alors qu’elle n’a que 12 ans. Ses confessions, son sentiment d’avoir été exclu, son trépas, de tristesse, de la perte de l’homme aimé, les tourments d’une femme toujours amoureuse, jamais heureuse. Et son ultime souffle, comme un dernier soupir de malheur et de culpabilité. Ni deuil ni larmes pour cette femme qu’on lui a appris à ignorer. Shahrizai sait ce que signifie l’expression « Ce n’est que le fruit non désiré des amours d’une trainée ».
D’autres images, une vie normale jusqu’à ce jour. Shahrizai voit l’image, s’y précipite. Mais le souvenir se dérobe. Pourtant...
Un jour on lui inculquait l’histoire de Kushiel, de sa vie sur Terre. Et de cette femme si pieuse, qui renia toutes ses croyances pour Lui. Mais elle était Prêtresse d’une Déesse Chaste qui prit outrage de l’affront. Alors pour se cacher, elle se couvrit le visage d’un voile d’argent presque transparent, recouvert d’éclats de diamant. Elle s’appelait Asherat. Celles qui portent son voile sont rares, même chez les Shahrizai. Pourtant, Mélisande a choisi ce signe. Un rêve le lui a dicté. Où Kushiel apparaissait, Ange de Justice Punisseur qui écartait des ailes d’argent. Il lui intimait de prendre le voile et de chercher LE Livre. Son Livre. Celui que l’on appelait le Livre Perdu de Raziel. Et ce rêve est revenu toutes les nuits pendant des mois jusqu’à ce qu’elle prenne le voile. Depuis... Depuis elle cherche. Encore... Et toujours. Depuis 5 ans déjà, toujours à la recherche de ce Livre, des promesses qu’il contient.
Jusqu’à aujourd’hui. Maintenant elle est là. Dans ce qu’elle croit être l’antre de Kushiel. Cela signifie t il qu’elle a perdu ? Ou bien qu’il va lui donner une chance de retrouver son bien ? |
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| Sujet: Re: Que se lève le voile Sam 26 Juin 2010, 22:35 | |
| Voir ces gens revivre leur passé, se souvenir, regretter, vouloir oublier... C'était mon opium. Pire qu'un vampire attendant du sang nouveau, pire qu'un junkie réclamant sa dose. Il me fallait des vies à déflorer, des souvenirs, des enfances malheureuses, des amours contrariés, des proches morts, des combats, des réussites et des échecs. Je m'en contentais, faute de n'avoir une vie qui me soit propre. Je vivais par procuration, j'essayais d'imaginer la douleur ou le bonheur. Des termes tellement lointains pour le passeur que je suis. Celle-ci avait une flopée de souvenirs a montrer comme tous les autres. Cette pointe de jalousie me taraudait tandis que je revivais avec elle ces sombres tranches de vie. Je savourais ses moments de vie romanesques, mais j'appréciais encore plus de contempler ce visage étrange tiraillé par divers sentiments. Lorsque tout s'apaisa et que la jeune femme décida de se laisser aller dans le flot de ses souvenirs, je déclenchais la fin, un peu a regrets, comme à chaque Nouveau Départ.
Apparaissant dans une serrure inexistante jusque là, sur le mur, une petite clé blanche apparut. Ma main invisible s'occupe de la tourner. C'est comme avoir placer son coeur de glace au dessus d'une flamme. Je suis satisfait. Une ouverture apparait et toute l'eau s'y deverse, entrainant la jeune humaine... Bienvenue parmi nous ^^ J'ai vu que tu avais déjà trouvé le chemin du flood, mais je voulais quand même te dire, pendant que jte tiens :p, de faire attention à ne pas trop quitter les sentiers balisés du forum. Je métaphorise par là que les éléments de Kushiel sont propres à ta famille, je ne veux pas te restreindre mais il va falloir ne pas trop les éparpiller ou nous en faire part avant. D'ailleurs si tu veux m'expliquer un peu par mp ce que tu comptes en faire je serais ravie ^^ |
| | | ¤Admin¤
Nombre de messages : 10629 Localisation : ¤ Là où la mer et le ciel se rejoignent, sur l'horizon, là où le Rêve existe encore ¤ Métier/Fonction : ~¤Maître du Jeu¤~ / ~*Conteuse*~
| Sujet: Re: Que se lève le voile Dim 27 Juin 2010, 18:19 | |
| Soit la bienvenue ici, fais comme chez toi |
| | | *Humain*
Nombre de messages : 30 Localisation : Entre deux mondes Métier/Fonction : Reine à mi-temps
| Sujet: Re: Que se lève le voile Dim 27 Juin 2010, 18:28 | |
| Bienvenue !
Ton perso est fort sympathique, a-t-il été influencé d'une quelconque manière par Izumo no Okuni dans Samurai Deeper Kyo ?^^ |
| | | ~¤Crocs Nocturnes¤~
Nombre de messages : 1450 Localisation : Là où me portent le vent et les océans Métier/Fonction : Pirate et vagabond
| Sujet: Re: Que se lève le voile Dim 27 Juin 2010, 18:30 | |
| Bienvenu chez les tarés |
| | | Invité
| Sujet: Re: Que se lève le voile Dim 27 Juin 2010, 19:33 | |
| Merci de l'accueil. Non mon personnage est librement inspiré de Mélisande Shahrizai dans la saga Kushiel de Jacqueline Carrey ! C'est une oeuvre basée sur une époque pseudo médiévale (monde parallèle) avec de très fortes connotations de théologie. Ainsi dans la Bible, Kushiel existe bien comme Ange Punisseur de Dieu. Et Jésus devient Yesua Ben Yosef, le Massiah. C'est fascinant et mon jeu en le lisant était de trouver le plus possible d'allusions. |
| | | *Succube*
Nombre de messages : 163 Localisation : Sur une dune de sable en plein désert Métier/Fonction : étudiante, lectrice
| Sujet: Re: Que se lève le voile Dim 27 Juin 2010, 21:54 | |
| Salut et bienvenue =D j'ai survolé ta présentation mais j'ai remarqué que tu faisais des postes très longs et ça c'est un très bon point !!! ^^
Bon rp et bonne chance sur Aiklando ! Bisouuus =) |
| | | *Humain*
Nombre de messages : 310 Localisation : Je ne sais pas ... Métier/Fonction : Dessinatrice de passage
| Sujet: Re: Que se lève le voile Dim 27 Juin 2010, 22:10 | |
| Ouep bonne chance parmi les fou! xD des fou sympas attention! Mais fou quand même! Bon rp! =D |
| | | *Elfe*
Nombre de messages : 75 Localisation : Toujours en mouvement Métier/Fonction : Herboriste et alchimiste a ses heures
| Sujet: Re: Que se lève le voile Lun 28 Juin 2010, 09:48 | |
| Bienvenu parmi notre folle famille de RP En espérant que tu t'amuse bien parmi nous ^^ Rp bien |
| | | ~¤Chimère¤~
Nombre de messages : 1074 Localisation : Quelque part, entre Ciel et Terre Métier/Fonction : chercheur d'Or / Conteuse / MJ du jeu Assassin ^^^
| Sujet: Re: Que se lève le voile Lun 28 Juin 2010, 16:21 | |
| Hie there et welcome parmi nous !
J'espère que tu survivras à nos... déficiences mentales ! Sinon tu deviendras l'une des nôtres ! |
| | | | Sujet: Re: Que se lève le voile | |
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