Je traversai la rue. Il y avait du monde ce soir là, beaucoup trop de monde. Tous mes sens étaient sans arrêt exacerbés par les nuées humaines qui m'entouraient et je ne parvenais à me concentrer. J'avais remonté mon capuchon au dessus de ma tête, de cette façon, personne ne pourrait voir mes yeux ou mon visage. La faim me tiraillait tellement que mes yeux luisaient certainement comme mille joyaux, et je serais ainsi comme un phare au milieu de l'océan. Personne ne me remarquait. Je me faufilais entre les gens comme une ombre mouvante, comme un grain de sable au fil de l'eau. Je me rendais compte de la propre lenteur des humains. Avais-je été si lent autrefois? Autrefois... Cela ne faisait pas si longtemps.
L'étau des hommes se resserrait autour de moi et je ne parvenais à trouver une issue à ce flot de corps qui allaient finir par me toucher. Au moindre contact physique, je n'étais pas certain de pouvoir me retenir. Mais que se passait-il à la fin? Je n'avais pas été en ville depuis longtemps. A cause de mon père, je ne voulais pas qu'il me voit, et je ne voulais pas le voir. Revoir son visage, son sourire, me briserait. J'arrivais à la fin du calvaire. La rue que je cherchais se trouvait à quelques mètres, j'allais pouvoir enfin marcher tranquillement.

Lorsque je me retirai dans la ruelle, je soupirai. Tous ces hommes, toutes ces femmes. Des proies potentielles. Et mon ventre qui criait famine. Ses plaintes grognantes allaient et venaient sans que je ne puisse rien commander. J'avais l'impression d'être vide à l’intérieur et que mon estomac pompait le sang de mes bras et de mes mains. Était-ce seulement possible? Non, assurément. Je souris. Impossible. Lorsque je fus enfin seul, je retirai mon capuchon. Le tissu me tenait chaud et bloquait une partie de mon champ de vision, je ne supportais pas cela. Je passai une main dans mes cheveux. Ils avaient poussé depuis que j'étais devenu vampire et je ne les avais pas fait couper. Certaines mèches me revenaient dans la figure sans arrêt, et j'avais beau les repousser en arrière, elles revenaient à la charge. J'avais sérieusement besoin d'une coupe. Mais pas seulement. Un coup de rasoir et une bon bain ne me feraient pas de mal. Un bain... Rien qu'à l'idée d'y penser, je me voyais déjà plongé dans une eau fumante et tourbillonnante.

Je secouai la tête. Le temps n'était pas à ce genre de considérations. J'avais retrouvé une piste, sa piste! Peut être allais-je pouvoir enfin la revoir. Elle me manquait tant. Plus que tout, plus qu'un bain, plus que mon père surement, plus que mon ancienne vie, elle me manquait comme jamais, et je me rendais lentement compte de la place qu'elle avait pris dans ma vie. Pour elle, j'avais tué, pour elle, je m'étais offert, pour elle, j'avais tout abandonné. Je m'arrêtai un instant au bord d'une fontaine pour me passer de l'eau sur le visage. Ma barbe crissait sous mes doigts et mes joues me grattaient. J'aperçus mon visage à travers les ridules provoquées par mes mains et la lueur de la lune. Je faisais peur. Je souris. Je faisais vraiment très peur... Heureusement que j'avais pensé à prendre mon manteau à capuchon, sinon je n'aurais pas pu traverser ainsi toute la ville. Mes cheveux sales se plaquaient sur mon front par mèches épaisses et ondulaient comme des serpents jusqu'en haut de mes joues et s'éloignaient avant de retomber sur mes épaules et sur mes bras.

Un bruit de pas m'alerta. Ce n'était pas un humain. Trop léger, trop rapide, j'eus à peine le temps de me retourner. L'inconnu se trouvait déjà devant moi.

Je n'eus pas le temps de me tourner. Un premier corps invisible me rentra dedans. Léger, il s'écarta très rapidement et s'enfuit dans la ruelle derrière moi. Je le suivis des yeux afin de voir ce que c'était. Un chat, un simple chat. Puis soudain un corps beaucoup plus lourd s'écrasa sur moi. Je reçus tout à coup une foule d'informations qui me laissèrent paralysé. Des odeurs, des sons, une peau contre la mienne, du sang qui coulait comme la vie au sein de cette personne. Je déglutis. L'inconnu se releva et s'enfuit dans la même direction que le chat.
Le temps que je reprenne mes esprits, deux hommes étaient apparus. Grands et costaux, ils haletaient d'une course visiblement épuisante. Lorsqu'ils me virent à terre, ils s'approchèrent de moi et me demandèrent si je n'avais pas vu passer une gamine. Peut être pensaient-ils que j'étais soul... Je pris appui sur la fontaine pour me remettre debout. Ils n'avaient pas encore vu mon visage, mais ainsi passé à la lumière, ils eurent un hoquet de surprise.
-Dieu soit avec nous.

Ils se signèrent. Le premier se recula instinctivement et le deuxième me dévisagea sans ménagement.
-Je suis désolé, je n'ai pas vu passer de petite fille.
Ils acquiescèrent. Soudain j'eus un éclair dans ma mémoire. Je connaissais ces deux hommes, ils avaient été présents au mariage, des hommes de la maison à Kelena... Je comprenais mieux la raison de leur brutale réaction. Ils cherchaient une gamine qui s'était enfuie... Soudain je fis le lien avec la créature qui m'étais rentré dedans quelques minutes plus tôt et avec son odeur. Kelena!
Je fis volte face et disparut à travers la ruelle, laissant les deux humains qui se regardaient d'un air ébahi. Ils m'avaient reconnus. J'étais repéré. Tout le monde saurait que j'étais de retour en ville, y comprit mon père. Je frissonnai. Retrouver la piste de Kelena ne fus pas difficile. J'étais plus grand qu'elle, plus fort et plus rapide. De plus, je pouvais suivre à la fois la piste du chat et la sienne. Leurs deux odeurs se mélangeaient dans l'air ambiant et me montraient la destination à prendre. Je passai par dessus un mur, incapable de prendre le petit tunnel du dessous, et continuai ma route. Arrivé au coin d'une nouvelle ruelle, je tombai nez à nez avec la jeune fille. Celle ci, complètement essoufflée, se retourna d'une traite et repartit en courant.

Je jurai entre mes dents. Elle ne m'avait pas reconnu, elle avait peur... Je finis par la rattraper et l'enserra entre mes bras. Elle ne pouvait plus bouger. La savoir ainsi contre moi fit remonter tous mes souvenirs. Sa peau douce contre ma peau, son sang chaud dans ses veines qui pulsait sous mes doigts, son souffle tiède sur mes doigts... J'eus une poussée d’adrénaline et serrai encore plus fort.
-Kelena... Soufflai-je à son oreille. Tu m'as tellement manqué...

Je reçus un coup dans l'estomac et fut repoussé violemment en arrière. Surpris, j'eus tout juste le temps de croiser le regard de Kelena. C'était bien elle. Telle qu'elle avait été lorsqu'ils s'étaient quitté. C'était le même regard, les mêmes yeux. Je frissonnai. Elle n'avait pas changé d'un brin. Ses cheveux roux étaient toujours coiffés avec autant de soin, sa robe qu'elle cachait sous sa grande cape noire portait encore les couleurs de l'enfance. Je déglutis. Une intensité nouvelle luisait dans ses yeux, et lorsqu'elle ouvrit la bouche je découvris enfin un fait qui m'avait échappé. Je ne l'avais jamais vu sous sa forme de vampire.

La faim luisait au fond de ses yeux comme elle luisait au fond des miens. Ressentait-elle ce que je ressentais à cet instant précis? Avait-elle l'impression qu'elle allait exploser, que son coeur se nichait jusque sous ses dents et que quelque chose d'étranger allait la pousser à planter ses crocs dans ma nuque?
Soudain elle se retourna et disparut à la suite du chat qui était resté à nous regarder. Tout avait été si rapide, et je me retrouvai une nouvelle fois assis par terre, tandis que je la voyais déguerpir dans les ruelles sombres. Elle semblait faible, affamée, mais elle pouvait se faufiler dans des endroits dans lesquels je passerais tout juste mes jambes. Si je n'avais pas mangé depuis longtemps, j'avais l'avantage de la vitesse et de l'entrainement musculaire. Même pour un vampire, les règles du corps humain s'appliquent. je me levai et courus dans sa direction.

Ce ne fut qu'arrivé au milieu d'une grande artère où défilaient de nombreuses personnes en costumes de fête que je me rendis compte que je l'avais perdu. Les gens se retournèrent dans ma direction, mais personne ne sembla me remarquer. J'aurais dus pourtant provoquer des réactions beaucoup plus violente. Un homme passa derrière moi et me félicita pour mon déguisement. Déguisement... Nous étions le soir du carnaval. Je jurai et poussai l'homme qui avait commencé à me poser des questions sur mes yeux.
-Mais comment êtes vous parvenus à une couleur d'iris d'une telle intensité?
Mieux valait qu'il ne connaisse jamais la réponse. Je traversais la foule le plus rapidement que je pus, en essayant de ne toucher personne. Mais les gens étaient tellement serrés les uns des autres que c'était une tache ardue.

Soudain mon regard se posa sur un félin noir qui passait au dessus d'un toit. J'allais me tourner, pensant cela sans importance lorsque j'aperçus la silhouette encapuchonnée qui le suivait. Un être humain ne l'aurait pas vu, et je remerciai à cet instant que mon acuité visuelle se soit grandement améliorée... Déjà j'avais deux yeux!
Je traversai donc l'avenue comme je le pus, passant entre les chars sans me faire voir. Je cherchai un moyen de monter sur le toit, puis dus me rendre à l'évidence. J'allais devoir escalader le mur. Grimper ne fut pas difficile, ne pas se faire prendre par contre, fut une autre paire de manche. Des voix s'élevaient dans ma direction et je sentais les doigts pointés sur moi. Lorsque j'atteins enfin les premiers morceaux d'ardoise, je me hissai sur le toit. Debout face à l'avenue, j'esquissai une courbette et remerciai mon publique.

Mes dernières activités m'avaient offert une assurance que je ne me connaissais guère. Soudain je m'arrêtai. Dans la foule, mon père me regardait. Je le voyais désormais comme un diamant au milieu d'une rivière. Les deux yeux figés sur moi, il avait le visage fermé mais je pouvais y lire toutes ses pensées. Et la première chose qui me frappa fut celle-ci: il m'avait reconnu. Je tressaillis. Que faisait-il ici? Je lui lançai un dernier regard avant de me lancer à la suite de Kelena. Quatre ans, quatre ans qu'il ne m'avait pas vu, et voila que je me présentais à lui sans le vouloir. Les deux familles étaient désormais au courant. Je jurai et sautai sur le toit suivant.

Kelena n'était pas loin devant moi. Elle sautait d'une gouttière à l'autre avec autant d'aisance que le chat et presque plus de légèreté. Ses jupons dansaient en suivant ses mouvements, mais je n'eus pas de mal à la rattraper. Je faisais des bonds plus grands, et traversais les toits aussi rapidement qu'elle. Lorsque je réussis à me trouver juste derrière elle, j'attrapai son bras juste avant qu'elle ne saute. Un pied dans le vide, elle s'arrêta et se retourna dans ma direction. L'intensité de ses yeux me brûla le coeur. La faim irradiait de tout son être. Pas une faim humaine, pas une faim animal, mais quelque chose de beaucoup plus sourd, beaucoup plus profond. Comme une seconde part de notre être.
-Ne t'en va pas maintenant alors que je viens de te retrouver....

-Je ne sais pas qui tu es...

Je frissonnai, interdit. Lorsque je la vis attraper la souris, toute la pitié que Kelena m'inspirait se décupla soudainement et je soupirai. Elle reposa la souris et cracha son sang dans une moue de dégoût.

-J'ai beau te reconnaitre... Tu peux très bien me tuer comme je viens de le faire.

Je me reculai instinctivement. Que c'était-il passé pendant mon absence? Qu'avait-elle put vivre sans moi?

-Tu ne comprends pas... Ce n'est pas ce que tu crois! Kelena! Lève les yeux et regarde moi.

Je m'approchai d'elle et lui attrapa le bras. Elle esquissa un geste pour m'éviter, mais j'étais plus rapide qu'elle. Elle ne restait qu'une enfant après tout... J'attrapai son deuxième bras et les tint levés devant elle. Une goutte de sang perlait sur ses lèvres et commençait à couler le long de son menton. J'entrepris de l'essuyer avec mon pouce avant d'approcher mon visage du siens.

-Mords moi si tu as faim!

Je tremblais, mais cela ne m’empêchait pas de ne pas la lâcher, malgré ses gestes brusques pour se libérer.

-Mords moi! Criais-je.

Je savais que je n'étais plus que l'ombre de moi même, mais elle était encore plus affamée que moi. Je lui offris mon cou.

Il y avait eu ce passage latent. Ce petit moment de flou où le temps s'était arrêté, où nos respirations s'étaient ralenties jusqu'à se calquer l'une sur l'autre. Cet instant spécial qui nous avait soulevé, le coeur sur un nuage mais lesté de poids... Puis tout à coup, l'explosion. Une étincelle dans les yeux de Kelena, qui avait continué son chemin jusque dans son coeur et qui avait prit feu. L'incendie dans la gorge et dans la poitrine de la jeune femme m'avait atteint d'un seul coup. L'explosion s'était libérée, suave, douceâtre, dangereuse...

Puis elle avait planté ses crocs dans mon cou offert. Je les avais sentis, petites lames brulantes s'insinuer lentement à travers ma peau et ma chaire, chercher mon sang et l'aspirer de plus en plus fort comme elle aspirait mon énergie. A cet instant précis, tous mes muscles s'étaient relâchés. Mes bras étaient tombés le long de mon corps et je m'étais laissé dévorer de l'interieur par ce petit être qui restait accroché à mon pauvre corps.

La fatigue de ces jours accumulés avait enfin eu raison de moi et tandis qu'elle aspirait et aspirait encore, ma vision se troublait, se nimbait de milliers de couleurs qui dansaient devant moi. C'était une si douce douleur... Tandis que je sombrai de plus en plus dans l'obscurité, mes autres sens se réveillaient. Je sentais tout autour de moi l'odeur cuivrée du sang, les éffluves fleuries et acides de Kelena, les parfums lourds et écoeurants de la rue... J'entendais ses petites lèvres sucer ma peau et se libérer comme des ventouses qui aspiraient mon fluide vital et s'en repaissaient, j'entendais les gouttes d'eau qui tombaient des toits sous nos pieds....

Puis soudain l'écran de ma vision se dissipa et tout devint noir. Les sons, les odeurs, tous mes sens se mélangèrent dans cette obscurité naissante et mes muscles m'abandonnèrent. Je me laissai tomber à genoux, incapable de faire un geste de plus. Je ne m'étais pas rendu compte que Kelena m'avait lâché et qu'elle criait à mes oreilles. Je ne sentais pas ses petits doigts qui attrapaient mes bras et mes épaules et me secouaient violemment. Je souriais. Tout simplement. Aveugle, sourd, mais vivant et heureux enfin d'avoir retrouvé celle que j'aimais.

Je m'étais sentit partir. Doucement, tranquillement, dans une transe presque parfaite, volubile... Plus la vie me quittait et plus j'étais heureux. Puis soudain, quelque chose m'arracha de ce sentiment de légèreté. Une tache rouge sur ma conscience, quelque chose entre mes lèvres... La vision fut fugace mais puissante. Comme si j'ouvrais les yeux pour la première fois de ma vie.

Je replongeai dans l'obscurité.

Nouvelle explosion de couleurs et de sensations, et cette fois aussi puissante que longue. J'ouvris les yeux et prit une inspiration immense, comme si j'émergeai d'une contrée sous-marine dans laquelle j'étais venu me noyer. Ma vision était floue, et je ne distinguai que de vagues formes teintées de rouge.

Rouge.

La couleur était dominante autour de moi. Et je me rendis compte que je n'étais pas seulement en train de regarder, je buvais! Prit d'un mouvement d'incrédulité, je me retirai vivement et reculai tout aussi rapidement. Je sentis le froid et l'eau sur mes mains ainsi que sur mes jambes, le sang couler de mes lèvres... Toutes ces sensations qui revenaient à la charge alors que j'avais sombré dans le vide absolu...

Soudain je levai la tête, et je me rendis compte que ce qui m'avait ramené à la vie, n'était autre que Kelena. La jeune femme se trouvait face à moi. Elle avait le visage et le bras maculés de sang et me fixai avec de grands yeux vides. Je me relevai immédiatement, vacillai de droite à gauche et finit par l'atteindre. Exténuée, elle se laissa tomber dans mes bras.

La jeune femme tremblait. Je la collai contre moi, l'entourai de mes bras. Son corps était si petit, si fragile... L'odeur du sang était omniprésente, mais étrangement elle ne me faisait rien... Moi aussi j'étais à bout... Je pris la tête de Kelena dans mes deux mains et l'approchai de mon visage. Ses grands yeux verts me dévisageaient sans ciller.

J'esquissai un sourire.

-Tout est fini, on va pouvoir rentrer au chaud, se reposer... Et parler de certaines choses importantes...

Sur ces mots, j'embrassai la jeune fille et la soulevai. Emporté par mes dernières ressources d'énergie, je sautai de toit en toit et disparus dans une ruelle sombre. Il était tard alors, et les gens se faisaient rare dans cette partie de la ville. Les seules âmes qui erraient ainsi n'auraient vu de nous qu'une ombre fugace se déplaçant de rue en rue: chat, oiseaux, chien errant, tout était possible dans cette obscurité nimbée de pluie et de brouillard.

Je faisais le plus vite possible, mais je sentais que j'allais bientôt arriver au bout de mes ressources. Kelena, pourtant si légère, paraissait lourde dans mes bras, et chaque nouveau pas était un supplice. Une rue, deux rues... Je savais que nous étions au bout du chemin, et cela était encore plus difficile. Soudain je débouchai sur une impasse. Un vieux manoir abandonné dans un état de délabrement avancé trônait au milieu d'une cour envahie par les végétaux. D'architecture gothique, le bâtiment avait été admirablement bien travaillé. Mais des gargouilles qui ornaient chaque fenêtre et chaque gouttières, il n'en restait plus que des moignons aux formes fantastiques.

Je traversai la cour au pas de course et entrai dans l'édifice. A l'intérieur, la pluie et le temps avaient rongé les étages et les escaliers, mais le rez de chaussé demeurait relativement sec. Je poussai quelques planches et installai Kelena sur un antique sofa. Peu de temps après, j'avais enfin trouvé quelques couvertures rongées par les mites et je les lui posai dessus. La jeune fille dormait déjà, et je ne tardai pas à la suivre, me couchant directement sur le sol nappé de poussière.