Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
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"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
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 Sur la route inconnue

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MessageSujet: Sur la route inconnue    Sur la route inconnue  EmptyVen 06 Mai 2011, 19:56

Un long chemin poussiéreux, c’était ce qui défilait sous mes yeux en ce moment. Le pays de mes ancêtre quitté depuis un sacré bout de temps , je marchais lentement sur cette route. Elle ne me mènerait pas à un endroit en particulier. D’ailleurs, cela faisait longtemps que je ne cherchais plus un endroit spécial où allait. Je cherchais mon âme, mon identité égarée et ma vie perdue…Je cherchais la rédemption des miens…
En tout cas, je marchais, l’arme sur l’épaule, sur ce chemin poussiéreux. Mes réserves de nourritures étant presque fini, il ne me restait qu’un petit bout de viande enveloppé d’un petit tissu, j’allais bientôt devoir retourner à la chasse ou trouver une grande ville. Et comme cette dernière semblait se faire désirer, j’allais bientôt retourner à la traque.
Enfin, ce n’étais pas pour tout de suite, j’avais de quoi vivre. En tout cas, mon prochain repas serait précédé d’une course contre une viande sur pattes. De toute façon, c’était elle ou moi. En tout cas, je laissai de côté ces pensées et me concentra sur mon chemin. J’avais comme une impression bizarre depuis quelques secondes. Ce n’étais pas comme si quelqu’un m’observait, plutôt comme si quelque chose de mauvais allait m’arriver. Et quelque chose de pas très bon m’arriva en effet.
Je fus bousculé par une jeune fille. Arrivant derrière moi, elle me percuta et alla s’écraser sur le bord de la route. Déséquilibré, je parvins à me rétablir en m’accrocant de justesse à un rocher pointu, faisant légèrement couler ma main. Comme ce n’étais pas très grave, je me retournai afin de voir la cause de tout ce fracas mais ne vit que deux hommes et un chien qui marchait sur la route. C’était des humains, ce qui me fit ressentir naturellement un petit sentiment de dégoût, ou plutôt de rejet, surtout qu’ici, les humains étaient rares.
Etant contre la pierre, ce n’est pas moi qu’ils virent en premier mais la petite fille, allongé par terre, les genoux légèrement écorchés. Le chien l’a renifla et l’un des hommes la mis debout de force. C’est alors que l’autre, m’apercevant, fit signe à son comparse que j’étais là. Il haussa les épaules et décida de partir. Une lame se posa sur son épaule pour le retenir.
Lorsqu’ils se retournèrent, je pus enfin bien les voir. Ils avaient à peu près la même taille et le même visage. On aurait dit deux bandits en fuite, leurs visages avaient des cicatrices et une barbe mal-rasée. Le premier portait une épée à sa ceinture et le second, une hache de mauvaise facture. LA petite fille devait avoir une dizaine d’années et avait quelques hématomes. Elle pleurait silencieusement. Le chien, quant à lui, ne cessait de grogner et de baver et semblait me trouvait à son goût, mais peut-être pas de la meilleure façon. Le premier homme m’interpella :

-Hé, le caniche, je me doute bien que tu voudrais renifler le postérieur de mon batârd, mais on a d’autre chose à faire, alors du vent.

-Tais-toi et relâche là.

-Quoi ?! Tu crois qu’on obéit aux…


Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Je lui coupai la respiration d’un coup dans le ventre et il recula lentement. Le chien commença à aboyer et le second homme sortit sa hache et me donna un coup, tout en essayant de retenir la laisse, ce qui était inutile vu que j’étais à portée du molosse. Je parai son coup et recula, évitant de me faire mordre par la bête. Comme prise de frénésie, elle se détacha de l’emprise de son maître et sauta sur moi, récoltant un coup circulaire sur la tempe.
Tandis que la bête s’écroulait et que le premier quidam rampait vers elle, le second se demandait ce qu’il devait faire. Il suait à grandes gouttes et semblait légèrement paralysé. C’est son comparse, sûrement le chef, qui donna l’ordre de la retraite :

-Aujourd’hui, tu as agi en lâche et tu as gagné mais la prochaine fois, je te trancherais la gorge et récupérerais la petites, c’est compris.


Mettant son chien sur son épaule comme si c’était un sac de patates, il partit en courant, son pion le suivant derrière lui. LA petite fille me regardait avec des yeux. Me mettant à genoux vers elle, je lui donnai le peu d’eau qu’il me restait dans ma gourde et le petit morceau de viande qu’elle dévora goulument. Lorsqu’elle eut fini, je lui demandai gentiment :

-Et maintenant, peux-tu me dire qui étaient ces gens, ce qu’ils faisaient ici et ce qu’ils te voulaient, s’il te plaît.



Dernière édition par Areus le Ven 06 Mai 2011, 20:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sur la route inconnue    Sur la route inconnue  EmptyDim 08 Mai 2011, 19:21

Comment vous sentiriez-vous, si ce matin, au réveil, vous ne retourniez pas sous la couette mais dans du sable brûlant? Comment le vivriez-vous si ce matin, au réveil, une lumière trop forte vous obligeait à garder les paupières closes alors que le tohu-bohu ambiant inhabituel vous angoissait ? Comment réagiriez-vous si ce matin, au réveil, pas de petit déj’ mais un œuf poché à la place de l’oeil?

Probablement comme elle.

Comme cette gamine de neuf ans, aussi frêle et souple qu’un roseau, qui dératait à présent dans le désert impitoyable de Ghurol, six rangées de dents crochues à ses trousses. Ce n’était pas des vampires, mais comme c’est à ces bestioles sanguinaires qu’ils voulaient l’emmener, c’était pareil.

Elle avait entendu des gémissements, des cris et des pleurs. Des chuchotements hâtés par l’importance des rumeurs qu’ils colportaient. Des crissements de semelles contre son oreille. Et elle avait tiqué, relevant un coin de lèvre pour suçoter sa gencive avec sa langue, là où on avait accéléré la chute de sa canine de lait. Bon sang, ça faisait mal, partout ; Le soleil qui piquait ses yeux malgré la fermeture étanche de ses paupières, le sable qui la démangeait partout où il avait pu s’infiltrer, l’hématome de son bras provoqué par la prise violente de son kidnappeur, et surtout, la peur de ne pas reconnaître ce qui l’entourait. Et ceux qui l’entouraient.

Après quelques minutes, elle avait pu se rasseoir et observer sa cage. Ils étaient tout un troupeau de blondinets agglutinés entre des barreaux de dix pieds de haut. Au moins quinze gosses perdus enlevés sous une plus ou moins bonne coopération par ces pirates qui voulaient devenir princes. Elle se souvenait de sa prise en otage, mais c’est tout. Est-ce que c’était hier ? Est-ce qu’elle avait dormi encore plus longtemps ? Est-ce qu’on l’avait drogué ?

Elle avait craché de dégout sur le sol poussiéreux, comme un garçon, et essuyé la bouche d’un revers de bras, car c’était encore une fille et qu’elle ne maîtrisait pas tout à fait l’expulsion. Puis elle se releva et joua des coudes pour aller voir ce qu’il se passait. C’est à ce moment qu’elle avait pu capter la conversation entre deux mercenaires miteux et comprendre qu’elle était devenue de la petite monnaie. Dès lors, elle avait tout mis en œuvre pour semer la zizanie, conduire à la révolte les bambins les plus mollassons, et obliger leurs nourrices mal rasées à ouvrir l’enclos. C’est ainsi qu’elle s’était retrouvée à la tête d’une énième expédition humaine incongrue à travers l’île désertique, et qu’elle était tombée sur l’homme à tête de chacal.

Elle en avait entendu parler, des Anubites, vaguement entre deux pages de livres sur l’histoire de Ghurol. Elle n’était pas trop jeune pour l’enseignement de la haine, l’intolérance et le fanatisme. En revanche, elle était bien trop cabocharde pour écouter en cours et prêter attention à toutes les paroles alambiquées qui sortaient de la bouche de ses professeurs. Son avis, elle devait se le forger elle-même, avec son expérience, parce que les opinions prêt-à-porter c’est pour les pignoufs. Hé ben, du bas de ce grand bac à sable, entièrement couverte de l’ombre gigantesque de l’individu, elle songea que peut-être quand même elle aurait dû retenir un ou deux trucs du best-seller « Le tour de Ghurol en 80 jours » qu’on les avait forcé à lire l’année dernière. Et lorsqu’il se pencha vers elle, malgré la raclée qu’il avait mise aux bâtards de pirates, elle se recroquevilla sur elle-même en serrant les poings.

C’est alors qu’il lui tendit un morceau de viande, et qu’elle se rendit compte qu’elle mourrait de faim. Brave bête. Ou bien elle était trop maigre pour être mangée dans cet état !

-Et maintenant, peux-tu me dire qui étaient ces gens, ce qu’ils faisaient ici et ce qu’ils te voulaient, s’il te plaît.

Elle éructa nonchalamment, puis le regarda dans les yeux pour le mettre au défi de s’offusquer. Mais apparemment, il ne semblait pas vouloir se prendre pour sa mère.

_Des traîne-catins SDF, répondit-elle en s’esclaffant.

Ce jeu de mot de sa propre conception faisait fureur dans son petit groupe d’amis. Elle avait l’habitude d’en voir, vers chez elle, c’est pour ça qu’à l’accoutumée elle ne se promenait jamais seule…

_Ils repèrent les enfants susceptibles de plaire aux vampires, les kidnappent, et leur vendent. T’aurais pas encore un peu de viande, s’te plait ? Au fait, merci euh… Tu t’appelles comment ?
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MessageSujet: Re: Sur la route inconnue    Sur la route inconnue  EmptyLun 09 Mai 2011, 20:08

Elle était beaucoup plus sauvage que je ne l’imaginais. Au départ, j’avais pensé sauver une petite fille désemparé mais en fait, c’était un garçon manqué aux airs de guerrière qui se tenait devant moi, dévorant goulument ma réserve et buvant à grandes gorgées mon eau. Elle parlait franchement, comme une enfant ces rues et cela me décontenança. Mais bon, selon ses dires, c’était bien une enfant des rues, tout comme moi.
Lorsqu’elle eut avalé son bout de viande, elle me parla, me parla comme si j’étais un adulte, un égal. J’avais eu une jeunesse houleuse, certes, mais je ne pensais pas qu’il existait des enfants aussi… impertinentes ? Non, pas vraiment… Je ne trouvais pas le bon mot, c’était juste terrible… Je me levai et me présenta :

-Alors pour répondre à tes questions, de un, si tu veux de la viande, j’irais à la chasse mais peut-être plus tard, avant on va aller sauver tes camarades. Et de deux, tu peux m’appeler Areus, désolé d’être aussi formel mais bon, il faut faire vite, je pense… Au fait, comment t’appelles-tu ?
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MessageSujet: Re: Sur la route inconnue    Sur la route inconnue  EmptyVen 13 Mai 2011, 23:06

Ah ouais, même pas le temps de souffler, il voulait déjà la rembarquer dans ce foutu capharnaüm qui sentait plus le piège que l’aventure. Il était en manque de cicatrices ou quoi ? C’était peut-être le genre à faire sa muscu avec des cactus, mais elle, elle n’avait pas la peau recouverte de corne et de poils rêches. Les trous étaient vite arrivés et elle tenait à son étanchéité…

_Euh attends… Areus. Ils sont nombreux et l’odeur risque de te faire fondre les narines là-bas ! Ok t’es grand et fort, mais eux ils sont bien armés et ils ont besoin d’argent. Et puis, ils sont peut-être déjà partis livrer leur paquet aux manoirs… Ils vont plus traîner maintenant, avec le foutoir que j’y ai mis !

Elle plaça sa langue entre deux molaires et émit un bruit de succion pour essayer d’en déloger la fibre charnue qui s’y était coincée. Son regard gris se perdit au loin durant l’effort buccal, puis reprit sa place, bien planté au fond de ses orbites.

_Au fait, moi c’est Alihvia !

Elle lui tendit sa main, n’ayant plus aucune crainte, l’intrépide ayant repris le dessus sur la méfiante. Elle n’était pas réellement une gamine des rues, car elle avait grandi dans un foyer certes un peu crade, mais chaleureux, sur l’île de Lan Rei. Cependant elle traînait toujours dans les ruelles de sa vieille ville et les connaissait comme sa poche. Ses oreilles collantes s’accrochaient à toutes les conversations d’adulte, elle avait pour habitude d’espionner les personnes sérieuses et de trier le vrai du faux dans les discours des piliers de comptoir. Elle et son groupe représentaient une banque de donnée intarissable, à qui on venait graisser la patte pour avoir des informations toutes fraîches de la dernière pêche contre quelques piécettes ou confiseries. Et comme Lan Rei mélangeait toute sorte d’individus répugnants au karma renforcé à l’insecticide, elle avait appris à compenser sa taille par son élocution.

_Allez viens, tu vas m’apprendre à chasser !
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MessageSujet: Re: Sur la route inconnue    Sur la route inconnue  EmptyDim 15 Mai 2011, 15:06


On ne pouvait pas dire qu’elle avait tous les défauts mais j’en voyais assez en elle pour dire que je n’aimais pas trop son comportement. Normalement, elle aurait du être solidaire avec ses camarades. Mais au contraire, elle voulait d’abord se remplir la panse et éventuellement, après, aller sauver ses petits camarades. Chez un adulte, j’aurais trouvé cela affreusement égoïste et méprisable mais chez elle, je trouvais cela juste un peu détestable.
Il est vrai qu’elle était sûrement épuisé et affamé comme il était vrai que je ne pourrais pas défier les vampires dans leurs forteresses. LA situation était fort simple, je devais tout simplement aller chasser une bestiole, la cuisiner pour qu’elle soit mangeable, arrêter un groupe de bandit et libérer des enfants avant qu’ils n’arrivent à l’intérieur de la forteresse et finissent en pâtés pour vampire.
En gros, elle me disait là que c’était elle ou eux. Et là, je ne sais pas pourquoi, mais je décidai que ce serait elle. En la regardant, perdu dans ses pensées, le regard divaguant au loin, je ne pouvais m’empêcher d’éprouver de la compassion. Nous avions beaucoup de ressemblance et, même si j’aurais aimé sauvé les gamins, je décidai de m’occuper d’abord de cette fille.
Elle s’appelait Alihvia. Cette consonance me faisait penser à une elfe. Elle me tendit une main franche, comme pour sceller un pacte entre nous. Lorsque je lui serrai la main d’un air peu convaincu, elle enchaina en me demandant de lui apprendre à chasser. Elle était impulsive, naturelle et décontracté, comme se moquant du lendemain. Je lui dis doucement :

-Bon, on va se remplir la panse, puis on va essayer de sauver tes camarades, suis moi.

Et nous partîmes à la recherche de trace d’animaux pour qu’ils finissent dans notre estomac. Nous passâmes un bout de temps à traquer un félin. Je lui enseignai les bases de la chasse, c'est-à-dire être discret et ne pas faire de bruit. Je sentais bien qu’elle s’agitait derrière moi. Au bout d’un moment, nous aperçûmes la bête qui allait nous servir de dîner, enfin du moins c’était l’idée.
C’était un taroo, et pas un petit. Un mâle adulte était assis plus loin, mangeant la carcasse d’une autre proie. Je fis signe à la fillette de ne pas faire de bruit et de rester près de moi. Nous avançâmes en silence, très prudemment. Malheureusement, la bête nous entendit et se retourna vers nous. Elle nous montra ses dents en poussant de petits grognements. Je fis signe à Alihvia de rester un peu en retrait.
La bête essayait de me contourner lentement pour que nous fassions un cercle parfait. Mais, comme je ne bougeais pas afin de ne pas laisser Alihvia à découvert. Le taroo, vexé que je ne marche pas, décida de passer à l’attaque. Il sauta sur moi, ses griffes vers ma gorge. Je parai le coup avec ma lance et, la faisant tourner, j’envoyai la bête volé plus loin. Avant qu’elle ne se ressaisit, je sautai sur elle et l’acheva d’un coup au crâne.
Lorsque cela fut fait, la fillette me rejoint. Je m’assis en tailleur et commença à dépecer la bête lentement avec mon arme, n’ayant rien d’autre pour faire un travail plus soigneux. Lorsque j’eus finit de découper la viande, je donnai un morceau à la petite et enveloppa ce que je pouvais dans un tissu. Je prévins la fillette :

-Désolé mais je ne sais pas faire de feu, alors il faudra que tu t’en contente cru. Mange à ta faim, ensuite on verra…

Et je resta là, la regardant manger…
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MessageSujet: Re: Sur la route inconnue    Sur la route inconnue  EmptyDim 29 Mai 2011, 12:55


-Bon, on va se remplir la panse, puis on va essayer de sauver tes camarades, suis moi.

Elle fronça les sourcils, dépréciant la dernière partie de son plan. C’était quoi son problème ? Il avait été bercé trop près d’un sachet de guimauve ? Il ne se rendait pas compte que c’était du suicide, ou au moins de l’auto-homicide involontaire ?! Okay, elle n’avait jamais rien écouté en cours, mais les histoires sur les vampires ça manquait pas les soirs de feu de camp. Et ça finissait toujours mal. Alors elle avait réussi à se sauver, tenté d’aider les autres, et ils avaient merdé ; bah tant pis pour eux. Si en plus c’était des boulets, pas la peine d’y retourner.

_Mais euh…

Il ne l’écoutait plus, le museau déjà penché sur une empreinte de bestiole apposée dans le sable. Inutile. Bon, la faim d’abord, le prêche de la couardise ensuite. Qu’est-ce qu’il y avait de comestible, ici, en fait ? Est-ce que toutes les espèces d’animaux présentes étaient aussi dangereuses les unes que les autres ?

En tous cas, celle qu’ils suivaient à la trace, oui. Il lui avait demandé de ne pas faire de bruit mais le sable lui brûlait les pieds et l’empêchait d’avancer de sa démarche furtive apprise par un vieux schnoque de la taverne qui se prenait pour un elfe. C’était humiliant, cette allure d’éméchée qu’il lui forçait à prendre, la bousculant de droite et de gauche quand il s’effondrait sous son talon ou au contraire résistait à son poids. Ca la contrariait trop pour ne pas râler. Et puis, à cause d’elle, le taroo les repéra. S’il les tuait il aurait une viande à point avec le soleil de plomb qui tapait sur la peau diaphane de la gamine. Elle n’était vraiment pas faite pour cette île !

La dextérité de son sauveur l’émerveilla. En trois pas de danse, il avait réussi à achever la bête et entaillait déjà son cuir avec les connaissances d’un boucher. C’était trop cool ! Elle s’approcha immédiatement, songeant qu’elle pourrait toujours servir de commis à la découpe à défaut d’être une chasseuse, mais il n’avait pas d’arme à lui prêter pour l’aider. Fascinée, elle regardait le sang dégoulinant en flots par chaque artère tranchée, dessinant des mosaïques sur le sol jaune. Au moins les vampires ne feraient pas ce gaspillage avec les gamins, songea-t-elle.

-Désolé mais je ne sais pas faire de feu, alors il faudra que tu t’en contente cru. Mange à ta faim, ensuite on verra…

Elle prit le morceau qu’il lui tendait et fronça le nez. Steak tartare pour déjeuner. La chaleur de la viande l’encouragea à goûter mais elle faillit perdre une nouvelle dent de lait en s’acharnant à découper une bouchée. C’était élastique ! Pire que du bonbon… Et au moins les confiseries avaient bon goût, tandis que là... Pouah!

_Hum, tu sais quoi ? J’vais peut-être attendre qu’on atteigne un village, finalement. Mais faut qu’on parle, toi et moi. Sérieusement.

L’air de rien, elle reposa la viande dans le sable et, après un instant d’hésitation, essuya ses mains poisseuses sur son tee-shirt déjà bon pour la poubelle. Puis elle se gratta le bout du nez, picotant déjà d’un coup de soleil. Ca lui permit de réfléchir à un meilleur angle d’attaque pour le discours qu’elle s’apprêtait à faire.

_Pourquoi tu veux sauver des ptits humains ? Je croyais que le peuple Anubite était en froid avec nous ? Sans déconner, en plus, c’est pas des flèches ces gosses. Tu vas te trimbaler une bande de guignols dépourvus de reconnaissance juste pour … Quoi, la gloire ? L’accomplissement ? Une médaille de courage ? Une nouvelle balafre ? Je sais pas ce qui te motive. Pourquoi tu m’as aidé. C’est très gentil et vraiment, je t’en suis reconnaissante. Mais si on y retourne, t’auras fait tout ça pour rien. On va juste crever comme des rats d’égouts desséchés ! Ca vaut pas la peine, Areus…

Elle lui sourit de ses gencives décimées, les yeux presque clos pour se protéger de la lumière, le nez froncé pour tenter de calmer l’élancement qui la prenait. Ca faisait plutôt peur.
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MessageSujet: Re: Sur la route inconnue    Sur la route inconnue  EmptyLun 30 Mai 2011, 09:04

C’était étrange, très étrange. J’en avais rencontré des gens depuis le début de mon voyage, pas beaucoup certes et cela se limitaient souvent à l’anubite barbare cherchant à me tuer à cause de mon statut de banni. Nous étions peu nombreux et les informations circulaient donc très vite entre nous.
Et pourtant, cette gamine, bien qu’elle ressemblait plus à une amazone des écoles qu’à une enfant modèle, me semblait plus adulte que certains adultes eux-mêmes, peut-être même que moi-même. C’est vrai cela, pourquoi je m’obstinais à vouloir les sauver ? Mon honneur avait brûlé depuis longtemps et je m’en moquais comme du premier bout de viande que j’avais avalé.
Pourquoi alors ? Pourquoi devrais-je prendre avec moi une bande de gamins ? En fait, je crois que j’aurais bien voulu les sauver pour ma quête de rédemption. Mais ma quête n’aurait aucun intérêt si c’était pour mourir et en plus, je ne pensais pas que quelques gamins humains me rachèteraient auprès des miens. En fait, elle avait raison, je préférais encore me consacrer à sauver Alhivia.
Sans répondre à sa question, je me levai, fit signe à la fillette de faire de même et me mis genoux :

-Tu semble fatigué alors si tu n’y vois pas d’inconvénients, je vais te porter jusqu’au prochain village. Là, on pourra chercher quelques choses à se mettre sous la dent ainsi que le moyen de quitter cette île, ca te va ?
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