"Aie.. ma tête !" fût sa première réaction, avant même d'ouvrir les yeux. Une douleur vive et lancinante se répercutait dans le crâne d'Eilantha. Quelques secondes passèrent avant qu'elle ne prête attention à l’apesanteur qui alourdissait péniblement son corps voluptueux. Le seul fait de porter la main à sa chevelure, lui avait demandé un effort comparé à d'habitude. De plus elle ne sentait pas la caresse des courants sur sa peau tendre et opaline. Et cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose... Son pouls commença à s’accélérer à cette seule pensée. Sa poitrine se souleva alors qu'elle prenait une grande inspiration, elle entrouvrit finalement les yeux.
"Qu'est-ce-que...?!" Cette phrase incomplète s'échappa de ses lèvres. Elle se mordit la lèvre inférieure pour éviter de lancer un juron, alors que sa vue s'accoutumait à la pénombre. Elle avait atterri dans une pièce inconnue, à la lueur sanglante... voire même morbide.


Eilantha chercha frénétiquement des yeux une issue, une porte, une poignée.. Une lumière différente. Au sol, sur les murs. Mais rien.
*Comment est-ce possible ? Comment ai-je pu arriver ici ? Est-ce un songe ou une réalité dont je ne peux m'échapper ? Quelqu'un m'observe-t'il tapis dans l'ombre ?* Durant un quart de seconde une sueur froide lui parcourut l'échine... Elle essayait de retrouver un peu d'aplomb, tentant de contrôler les expressions de son visage. C'était si simple d'habitude... Sauf qu’apparemment ici, ses sentiments extérieurs et intérieurs n'étaient pas dissociables. Puis, elle finit par pousser un long soupir résigné, un éclat de défi brillait dans ces yeux couleur de glace, teinté de ciel.
Cependant son attention se portait déjà sur autre chose. Les quatre murs qui la retenaient prisonnière étaient étrangement recouverts... Une centaine de photos, peut-être même plus étaient étalées et en recouvraient la quasi-totalité. Elle était mise à nu dans tout les sens du terme. Son abondante crinière ébène ornée comme à son habitude de fleurs aquatique et de perle ondoyait jusqu'à la naissance de ses fesses bombée, déposant aussi un voile sur sa poitrine épanouie. Seulement à cet instant précis, sa nudité physique était bien le dernier de ses soucis. Ses photos illustraient sa vie de sa naissance à aujourd'hui. Et il lui était impossible d'en détourner le regard. Son être entier était exposé à sa vue, notamment son cœur...

Elle s'arrêta sur l'une d'elles plusieurs minutes, ses yeux la brulaient bizarrement. Elle n'avait pas l'habitude, si bien qu'elle fût surprise lorsqu'une larme roula le long de sa joue pour s'écraser sur ses lèvres fines et rosées. Elle regardait ses parents tous deux l'entourant avec un amour infini dans son berceau. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne les avaient vus comme ça. Elle leur souriait gazouillant sûrement comme le font les bébés. La robe de sa queue de poisson avait déjà la même intensité nacrée. Elle paraissait si.. innocente à cette époque.

Sur une autre, elle ne devait avoir qu'une centaine d'années et tenait la main sincèrement souriante à un jeune triton de trois ans son ainé lors d'un bal à la cour. Sur celle-ci, les écailles ainsi que les voiles de sa queue de bonne taille avaient atteint toute leur splendeur et l'on pouvait voir sa nageoire dorsale : vaporeuse et en transparence irisée tous comme les deux autre. La nacre se paraît de divers teintes allants du bleu au rose et passant même par le vert à certains endroits. Eilantha ne put réprimer un sourire en coin. *Il avait la même allure. Enfin dans l'ensemble...*Les traits de son ovale délicat se durcir et elle le secoua mécontente. *Mais il était tellement loin d'avoir sa prestance !*.
Elle se leva machinalement d'un bond pour se rapprocher du cliché. Cependant, elle avait oublié un instant dans quel état elle se trouvait. Elle tituba et perdant l'équilibre, s'affala sur le sol dans un petit cri strident. La douleur était plus intense... exacerbée en réalité par rapport à la normal.
Se relevant tant bien que mal, elle se dirigea vers cette représentation d'un pas boiteux, son petit nez rond retroussé par la douleur qui s'estompait progressivement. Elle s'arrêta devant.. La toisa du regard... Et lacéra sans ménagement la photo de ses ongles longs.

Soulagée dans un sens, elle regarda les autres représentations de sa vie qui succédaient. Beaucoup d'entre elles, montraient une élève brillante et motivée. Sans intérêt...
Elle les parcourra avec indifférence jusqu'à ce que son regard s'arrête sur l'une d'elles. Sur celle-ci elle mangeait du crabe, son péché mignon. Son ventre grogna au même instant et elle fit une petite moue boudeuse."Je vais finir par mourir de faim ici ! D'ailleurs depuis combien de temps je me trouve là ?" soupira-t-elle à haute voix. Sur cet amusant cliché, on remarquait distinctement les écailles d'un gris perlé qui recouvraient sa poitrine en tant normal. Comme le font les coquillages pour certaines de ses soeurs océanides.. Mieux encore, on voyait que ces mêmes écailles se retrouvaient justes en dessous de son œil gauche, formant une sorte de tâche de naissance.

C'est alors qu'elle se demanda de nouveau comment tous ces clichés avaient pu être pris. C'est vrai, c'était en majorité des moments intimes de sa vie... Comment était-ce possible ? Elle se reprit à penser à l'hypothèse du rêve. Elle s'apprêtait à se pincer la peau du bras, lorsqu'elle vit un éclat particulier dans l'espace que laissaient les photographies. Elle arrêta son geste pour porter la main à son visage. Ces traits jeunes et frais trompeurs de vingt-six ans qui en réalité avec déjà vécus plus de deux cents ans. Deux cent trente trois pour être exact. C'était elle-même qui se reflétait dans un miroir. Elle fit volte-face. Et pas seulement un, dans d'autres..disséminer de la même façon.
L'inquiétude dépeignait ses traits qu'elle ne pouvait changer à sa guise. Elle se jaugea un long moment. Plusieurs minutes s'écoulèrent. Elle examinait chaque parcelle de sa peau satinée.. De ce corps humain de taille moyenne, aux courbes sensuelles. Eilantha posa finalement sa main droite sur ses hanches, s'appuyant sur la même jambe où un bleu allait bientôt entacher la pâleur de sa chair. Elle repoussa sa noir crinière avec légèreté de sa main gauche. Puis, elle leva un sourcil et prononça lentement « Cela ne vaut pas mon aspect naturel... Faute de quoi je ne suis pas si mal sous cette apparence humaine. » Elle termina sa phrase sur un sourire empli de satisfaction.

À peine avait-elle finit de parler qu'elle vit apparaître brièvement deux grands yeux jaunes menaçant à travers la glace. Eilantha recula d'un pas sous l'effet de la surprise. Un bruit sourd commença à se faire entendre et le miroir oscillait comme si il allait imploser. Elle recula encore d'un pas, une main moite sur son cœur qui prenait de l'élan. Une fissure se créa sous le poids des secousses qui s'amplifiait à chaque secondes. Ses mains tremblant légèrement, elle le fixait avec de grands yeux ronds, ses muscles bander. Elle se préparait au pire. Si bien qu'elle eut le temps de se protéger le visage lorsque la glace explosa devant elle. Lorsque tout bruit s'arrêta, elle jeta un œil à travers la barrière former par ses bras. N'entendant et ne voyant plus rien d'inquiétant, elle les rabaissa pendant qu'un dernier frisson la parcouru et observa l'ouverture sinistre qui avait été créer.

Allait-elle pouvoir enfin sortir d'ici ? À qui appartenait ses yeux jaunes qui la regardait haineusement ? Les avaient-elle imaginé ? Mais surtout la sortie l'attendait-elle derrière ce miroir brisé ? Autant de questions qui se bousculaient dans sa tête et qui allait rester sans réponse pour le moment. Eilantha avait perdu quelque peu de l'aplomb qui l'irradiait quelques minutes auparavant. Cependant, elle ne pouvait rester ici, il fallait qu'elle avance. D'un pas décidé, elle traversa l'espace qui la séparait de la pièce suivante en évitant soigneusement les éclats de verres dispersés sur le sol. Elle se rendit compte alors, que la seule lumière existante était celle qui se trouvait dans la salle précédente. Pendant qu'elle se retournait pour jeter un regard inquiet en arrière, le noir complet se referma sur elle.

Prise de panique, elle courut aveuglément jusqu'à l'endroit où se trouvait l'ouverture quelques secondes plus tôt, mais se heurta à un mur. Elle était prise au piège ! Eilantha poussa un cri de rage, frappant de ses petits poings la surface qui s'offrait à elle. « Raaah ! Qui êtes vous ? Que me voulez-vous ? » Haletante, elle reprit un ton en dessous mais sous lequel couvait la colère « A quel jeux perverse jouer vous ? » Se retournant faisant face à l'obscurité béante, elle se laissa glisser lourdement sur le sol. Elle devait se ressaisir... ou tout du moins retrouver un peu de calme.
Elle était engloutie par les ténèbres... La salle pouvait être d'une grandeur infinie, alors à quoi bon se déplacer puisqu'elle y était de toute façon prisonnière ? Qu'est ce qui l'attendait maintenant ?

Eilantha entendit comme un écho qui se propageait... Des murmures qui se précisait et prenait de l'ampleur en se rapprochant d'elle. Puis nettement un son se détacha dans cet enfer.
Elle arqua un sourcil interrogateur, tendant l'oreille. D'où venait cette voix si... singulière ?
Puis une autre. Et encore une. Peut-être était-ce la même prenant différentes intonations ? Les voix lui reprochaient son comportement, tel un couperait qui ne fait que tomber et tomber à un rythme effréné.
Eilantha tourna la tête dans toute les directions, comment était-ce possible et pourquoi ces voix n'avaient pas d'empreintes ? On ne pouvait dire si c'était des hommes ou bien des femmes...
Elle fronça les sourcils un moment.. Ils essayaient de tirer quelque chose d'elle. Sinon pourquoi la pousser dans ses retranchements, pourquoi la harceler de questions. Elle ne pouvait répondre croulant sous le poids des questions, des injonctions qu'ils lui lançaient. Cependant, intérieurement elle retrouvait peu à peu de la hardiesse dans cette joute verbale, à laquelle elle se devait de répondre en choisissant soigneusement de quoi parer. Et c'est justement ce qui lui prenait autant de temps : Peser le pour et le contre.

"Vous n'avez pas tout à fait tort" les mots sortirent de la barrière former par ses lèvres, infranchissable un instant auparavant. Sa voix avait résonné dans le néant, son timbre avait pris une teinte glacée. Les voix continuaient leurs critiques incessantes, mais elle ne les écoutait plus. Le son qu'elles produisaient était passé en second plan. Elle repris d'une voix plus tranchante encore ne pouvant pas dissimuler totalement son exaspération. "Vous n'avez pas tout à fait tort, mais..." Elle marqua un temps d'arrêt, l'ombre d'un sourire passant sur ses lèvres."Je suis au regret de vous annoncer que je n'ai pas honte de qui je suis et de ce que je suis. Oui, j'ai appris à manipuler les autres et à dissimuler derrière un masque mes véritables sentiments. Plus encore, je sais composer un visage répondant à telle ou telle circonstance. Là où d'autres se servent de l'art de l'épée, de la dague ou bien du trident, je me sers du language verbal et corporel. C'est mon unique moyen de défense.. et d'attaque."

Elle savourait chaque syllabe qu'elle prononçait avec ferveur. Elle pensait faire son petit effet. En admettant sa partie sombre, elle pensait les déstabiliser. "Je vis dans un monde de jeux relationnels et politique. On me dit sans coeur, oui... Vipère, des fois... Mais certainement pas insipide. Intrigante et mystérieuse à la limite... Curieuse, cela va sans dire. Egocentrique? Mais de qui d'autres devrais-je réellement me préoccuper ? Gourmande, certainement. Trop sérieuse, il y a bien longtemps. Studieuse, fût une époque." Des images de la bibliothèque du palais lui revinrent en mémoire. Oui elle aimait cet endroit et elle y retournait souvent. Mais les livres n'étaient pas uniquement sa seule préoccupation une fois sur place. Eilantha était loin d'être insensible, mais une carapace acquise au fil des ans la protégeait. Elle ne pouvait pas se permettre de tomber devant qui que ce soit. Elle ne laisserait personne la piétiner. Pas même ces stupides voix ! "Impatiente, je le suis en ce moment même. Uniquement, car votre bourdonnement continuel me tape sur les nerfs. Tout comme cette mascarade."

Eilantha échappa un rire nerveux, se rendant compte de la situation. Un vrai challenge pour elle. Elle se souvint de ce que sa mère lui répétait lorsqu'elle était petite. "Elle disait toujours... La beauté ne fait pas tout, ma chérie. Ton coeur doit être protégé derrière un rempart. Inaccessible. Il en va de ta survie en ce monde en tant que femme... En tant que noble oceanide. Et elle disait tellement vrai..." C'est à cet instant précis, qu'elle eut l'impression que sa personnalité se disloquait en deux. Comment pouvait-elle ressentir autant de peine, de douleur, de nostalgie et d'amertume ? Était-ce cet endroit qui mettait sa chair à vif, son coeur à nu ? Sa raison la quittait doucement seconde, après seconde. Ses yeux prirent un éclat de folie, son être perdit pied. Elle éclata encore et encore de rire... de larmes.... Les émotions se confondants.

Ses sanglots entremêlés de ricanements, résonnaient autour d'elle dans l'obscurité. Progressivement sa voix s'éteignit et Eil' finit par s'arrêter, haletante... reprenant son souffle qui se faisait court. C'est là qu'elle l'entendit. Le silence, phénomène assourdissant. Il n'y avait plus un cri. Seulement sa respiration et les battements de son coeur qui se débattait. Son visage paraissait apaiser et dans son regard la lueur étrange s'était envolée. Elle ne disait mot, ses pensées s'étaient noyées en même temps que sa folie passagère. Elle n'eut même pas l'ombre d'un frisson, lorsqu'une présence subtile se colla à son oreille avant de disparaître. Un tintement métallique perça la tranquillité de ce moment. Puis, une lumière douce et apaisante fendit l'abysse dans lequel Eilantha était plongée, depuis... depuis quand d'ailleurs était-elle là ?

Ses yeux papillonnèrent par réflexe. Sa raison s'immisça de nouveau petit à petit dans son être. Était-elle morte ? Était-ce la délivrance tant attendue ? Ou bien un nouveau jeu sadique ? Elle se sentait vulnérable et détestait cette sensation plus que nulle autre. Eil' finit par se déplacer jusqu'à l'ouverture éblouissante, rampant sur le sol. Elle ne pouvait aller contre sa nature. La curiosité et sa raison retrouvée, la poussèrent à y entrer. Non...Ils n'avaient pas encore gagné, peu importe qui ils étaient. Elle se laissa glisser à travers l'ouverture. Celle-ci se referma dès qu'elle fût à l'intérieur. Elle ne se retourna même pas cette fois. Eilantha n'avait pas perdu espoir, mais l'éclat que la salle diffusait la calmait. On s'y sentait comme dans un cocon. Elle s'assit, ramenant ses cuisses contre la peau douce de son ventre, elle les enserra de ses bras et posa le menton sur ses genoux. Un voile traversa son regard, alors qu'elle observait la pièce. Un blanc radieux, sans limite, comme fondu dans l'espace... Un endroit surprenant, d'une beauté pure.

Tandis, que ses yeux s'étaient perdus dans l'immensité, une brise délicate effleura sa peau satinée et la rappela à l'instant présent. Son regard dériva lentement vers ses chevilles, un liquide semblait l'entourer. Eil' fut surprise de ne pas l'avoir constaté plus tôt perdue dans sa contemplation.. La température neutre et la transparence du fluide la surprenaient d'autant plus. Cela pouvait-il être de l'eau ? Certainement pas comme celle dont elle avait la connaissance. Sinon... Sinon elle aurait retrouvé ses écailles adorées. Elle tendit un doigt vers la surface, qui a son contact se mit à onduler. Sa vision dévia sur son reflet, exquis comme à son habitude, avant de plisser les yeux. Eilantha distinguait des formes effacées à travers les vibrations. L'aspect de celles-ci évoquait des galets. Sa main plongea pour les caresser du bout de ses doigts. Les ondes semblaient se propager jusqu'au mur du fond contre lequel elles butaient délicatement. Un bruissement à peine audible... Sans prévenir, un scintillement fit son apparition à quelques centimètres de là où elle se trouvait. Elle leva un sourcil suspicieux et s'approcha attirer par la brillance qui en émanait. Eil' se pencha au-dessus avec avidité. Soudain, elle fût harponnée par la vision que lui offrait la surface de l'eau...

Une petite sirène à la chevelure noire flottante, seule plongée dans un livre de conte au milieu d'une bibliothèque immense. Son visage était le reflet de l'innocence même. Innocence qui jusque-là avait été encore préservée. Pourtant, un écho se propageait au loin... des murmures éloignés... lames tranchantes.. insidieuses revenant jour après jours. J'étais déjà bien trop fière pour y prêter attention. Enfin, viendrait le moment où ils me percuteraient de pleins fouets Les enfants sont des êtres à la cruauté dissimulé, mais pourtant bien réel...même sous l'océan. On est ce que l'on est. On se façonne avec le temps, on s'use aussi.. comme l'écume émousse les rochers. Les flots se mirent à vaciller dans la pièce, un jeune triton venait de faire son apparition. Le coeur de la jeune océanide manqua un battement alors qu'elle relevait la tête. Il passa sans avoir l'air de la remarquer, il semblait rechercher quelque chose. D'un autre côté, Eil' était cachée par deux gigantesques piles de livres. Observant d'un oeil brillant le nouveau venu à travers le petit espace entre les deux montagnes. Une dizaine d'années les séparait à première vue, peut-être un peu moins. Son coeur tambourinait une mélodie qu'elle ne connaissait pas encore et qu'elle n'éprouverait désormais qu'en de rares occasions.. La jeune océanide avait du mal à détacher son regard. Fascinée... se délectant de chaque seconde qui s'écoulait en sa présence. Il disparut ensuite derrière un rayon. Son visage.. Non mon visage perdit de son éclat. Déçue. Quel était ce sentiment si poignant ? Ce fut donc ma première rencontre avec lui, ne sachant pas même encore qui il était.

Alors que le souvenir de sa dixième année l'avait libéré de son étreinte, elle se trouvait encore là les yeux perdu dans le vague à rêver. Les mots fusèrent dans un bruissement léger : "Mon prince... Mon doux prince...". Elle poussa un long soupir, revoir ce moment inoubliable l'avait plus chamboulée qu'elle ne l'aurait imaginée. Eilantha releva la tête pour apercevoir une seconde étincelle juste à côté de la première. Elle se déplaça attirée aussitôt par la lueur. Qu'allait-on lui montrer cette fois-ci ? Pourrait-elle se délecter à nouveau de lui ? Elle se vit âgée de treize ans lors de son tout premier cours de harpe. Ses doigts parcouraient les cordes avec une certaine hésitation, mais son regard était empli de ce pétillement que l'on nomme : la soif de connaissances.J'avais été soumise dès mon plus jeune âge à suivre divers cours indispensables à mon statut : la culture océanide, notre Histoire, la danse, la bienséance.... Mais celui-ci j'avais dû en faire la demande et c'était à cette époque de loin mon préféré. Un moment d'évasion... Mon échappatoire.

Un troisième rayonnement émergea non loin dans l'eau et la tira de sa contemplation. Eil' s'y dirigea et plongea dans un souvenir qui avait marqué sa seizième année et marquerait les suivantes... Le tableau dépeignait une mère attentionnée qui brossait avec précaution la chevelure de sa fille. La jeune sirène était installée sur un siège composé de coraux et elle se contemplait dans le miroir incrusté dans la commode en coquillage. Son visage avait pris alors les traits de la surprise, pratiquement plus vraie que nature... Une voix détachée, ferme, mais recouverte d'une tonalité suave, coupa le calme environnant. "Maintenant montre-moi combien tu peux être timide... Oui. Ton sourire doit demeurer faible... C'est bien. Tes doigts s'entremêlent et jouent entre eux, ton regard reste fixé dessus. Continue, ma chérie. Et tes joues.. Tes joues doivent se teinter délicatement de rose pour parfaire ce portrait." La voix s'était éteinte dans un soupire, avant de reprendre contenant une pointe d'encouragement. "J'étais à peu près convaincue." Et il faut savoir jouer avec une spontanéité désarmante pour arriver à la surprendre. Une moue boudeuse se dessinait déjà sur le visage de la jeune sirène. Il me restait encore beaucoup à apprendre, cependant j'avais au moins une centaine d'années d'expérience et de jeu qui m'attendait. Il n'y a rien de mieux pour un art que d'être pratiqué... Elle posa la brosse devant sa fille et commença à piquer avec délicatesse des fleurs pour agrémenter la crinière sombre entre ses mains. Ma mère m'enseignait les techniques de manipulations, un peu comme on donnerait à un jeune homme ses premiers cours d'armes. Oh j'étais douée. Je trouvais même cela amusant. Sûrement aussi due au fait que c'était l'unique moment depuis six ans déjà, où elle m'accordait du temps en dehors de nos apparitions chez des amis ou bien de nos dîners familiaux. Mon père, pour sa part se montrait moins distant. Il m'enseignait personnellement l'histoire de notre famille et c'est lui qui se chargeait de mes cours de danse. J'en profitais pour tester mes talents sur lui avec un plaisir non feint. C'est d'ailleurs lui qui m'accorda mes cours de harpe. La main délicate et assurée épinglait des perles maintenant. L'une d'elles piqua malencontreusement le cuir chevelu de la jeune océanide avec un peu trop d'ardeur. Une goutte de sang perla et se diffusa dans l'eau. Note obscure et écarlate dans l'atmosphère lumineuse. Ses traits restèrent impassibles malgré la douleur aigüe qu'elle avait ressentie. Ce sont ses yeux qui la trahirent, leur éclat changea. Un voile passa devant eux et l'espace d'une seconde le reproche les envahirent. Sa mère ne se donna même pas la peine de commenter et sans même la regarder, elle sortit. Seule, j'étais désormais seule face à ma frustration. Frustrée de ne pas l'avoir contentée...

Eilantha détacha son regard glacé de la scène. Puis, elle la balaya de la main avec une expression partagée entre le ressentiment et la gratitude. D'autres lumières étaient apparue sur les flots transparents... Elle se dirigea vers elles, passant les premières qui semblaient sans intérêt. Son ressentis oscillait entre la flatterie et l'exaspération, de se voir être l'objet de tant d'attentions. Depuis le début, il n'y en avait que pour elle. Non pas que cela lui déplaise, mais ce petit jeu commençait à devenir ennuyeux... Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres pendant que ses doigts écartèrent avec grâce quelques mèches noires venues chatouillées son ovale. Sa vision s'arrêta alors sur l'un des nombreux éclats devant elle.
Des éclairs illuminaient la scène, les flots semblaient déchainés... Un bout de bois massif aux beaux milieux des lames, se battait contre la tempête. Le combat semblait perdu d'avance Et pourtant il tenait bon depuis maintenant plusieurs heures. Des sirènes au loin attendaient accrochées aux rochers que la tourmente s'essouffle... La bourrasque avait amené le bateau jusqu'à elles. Le supplice des marins à bout de nerfs, ne faisait que commencer. Lorsque les vents laissèrent enfin le champ libre aux océanides, celles-ci ne se firent pas prier. L'une d'entre elles, jolie brune aux yeux d'acier, fit signe aux autres avant qu'elles ne plongent en coeur au sein de la houle fatiguée. Toutes et spécialement celle à la crinière d'ébène se délectait du plaisir à venir. Une fois proche du navire, elles fendirent l'écume et un air de leur composition emplit l'atmosphère... L'un de mes divertissements favoris en dehors des complots de la cour. Comment résister à tourmenter des créatures aussi répugnantes que les humains ? Eux qui sous le métal de leur harpon ont exterminé sans vergogne notre propre chaire... Nous avions pour habitude de temps à autre de venir les troubler, les rendre fous. Mais ce jour-là... Ce jour-là nous souhaitions goûter le prix du sang versé. J'avais monté une stratégie imparable. Bien entendue, elle avait été uniquement suggérée auprès de certaines de mes consœurs les plus proches. Elles me pensaient toutes, si tendre et délicate. Elles se sont dévouées pour que je n'ai pas à me salir les mains... Que d'attentions. Leur laissant croire qu'elles étaient maîtresse du jeu, alors qu'elle écoutait mes directives susurrées. Je n'avais plus qu'à regarder le magnifique spectacle qui s'offrait à moi. Ce fut un véritable bain de sang...

Un sourire non feint s'étirait sur son agréable visage, ils n'avaient eu que ce qu'ils méritaient. Cette scène aurait pu être sans âge, car elle ne fût pas la dernière. Bien qu'elles n'aient pas été nombreuses non plus à terminer sur une note chaude et voluptueusement carmin. Se rappelant où elle se trouvait à l'instant, Eil' poussa un énième soupire de lassitude. Soudain, son regard dériva vers une nouvelle étincelle. Il lui semblait avoir aperçu l'éclat des yeux qu'elle aimait tant... Elle se pencha au-dessus pour vérifier et elle le vit : son prince. Le décor se plantait lors d'une fête mondaine organisée par la cour. Au vu de la parure de notre jeune océanide, c'était même son tout premier bal. C'est ce jour-là lors de ma vingt-cinquième année que j'appris qui il était. Selon notre tradition familiale, une jeune noble ne peut être introduite à la cour et aux mondanités avant cet âge. Et mon père tenait à ce qu'il en reste ainsi. Oh Bien entendu, je rendais visite aux amis et connaissances de la famille. Mais lorsqu'il s'agissait de véritables apparitions publiques, je n'y étais pas autorisé. Autant vous dire, que ce jour était attendu par beaucoup... D'autant plus que j'étais la fille unique de deux membres du parlement. Certes, je n'étais pas de sang royal, mais je faisais partie de leurs distractions. Les murmures s'étaient amplifiés et j'avais déjà eu des échos. Mon innocence avait déjà perdu beaucoup de terrain et il ne manquait plus que cet événement pour qu'elle disparaisse définitivement. Heureusement pour moi, ma chère mère m'avait préparé à cette éventualité. Tel un poisson se faufilant dans un banc, l'océanide s'était mêlée aux courtisans et courtisanes. Avec aisance, elle se présentait sous un visage enjoué, mais convenable. Elle semblait être heureuse de répondre à leurs questions. Même si ces réponses restaient évasives et qu'elle détournait habilement le sujet. Leurs vies n'étaient-elles pas bien plus intéressantes que la sienne ? Du moins, c'est ce qu'elle leur faisait croire : qu'ils avaient de l'importance. Ils livraient bribes par bribes un peu d'eux-même. Bien souvent ce n'était pas la parole qui en disait le plus. Leurs gestes, leurs regards, l'éclat dans leurs pupilles les trahissaient... Sournoises créatures qu'ils étaient. Ils n'attendaient qu'un faux pas d'elle. Elle ne leur fit pas ce plaisir. Pourtant, l'espace d'une seconde son masque vacilla, lorsqu'elle le vit. Son coeur s'était emballé, elle dut se contenir comme jamais. Les personnes proches d'elle se turent à l'arrivé du jeune homme. Le sang tambourinait à ses tampes. Elle comprit. Elle fut sauvée à temps par un groupe de prétendants qui la voyant enfin seule, en profitèrent pour venir s'emparer d'une nouvelle conquête. Elle les gratifia d'un sourire, leur laissa ses mains et demanda l'air de rien si le triton qui venait de passer était de sang royal. Ils s'empressèrent de lui répondre, trop heureux d'avoir son attention. Qu'ils se réjouissent... Ils ne l'auraient pas longtemps. Elle n'avait d'yeux que pour le prince. Lui, était à l'heure actuel entouré de groupies... Bien entendu, elle le regardait peu ne souhaitant pas attirer l'attention sur les élans de son coeur. Elles connaissaient certaines de ces groupies et nota chacune d'entre elles : comme rivales. Elles le lorgnaient toutes admiratives, se pavanant. Quel écoeurement ! Il méritait bien mieux que de simples harpies, tout prince qu'il était...
Elle fut présentée à la famille royale comme il se doit, un peu plus tard dans la soirée. Ne montrant aucun intérêt particulier à l'égard de son prince, lorsqu'elle croisa son regard. Son ovale se paraît simplement d'une gaieté appropriée et d'une pointe de timidité pour relever le tableau. C'est lors de cette soirée que mon ascension débuta, la valse du pouvoir était ouverte. Je gravis les échelons de réputations auprès des nobles, me servant des pions à ma disposition. De toutes les pièces mises entre mes mains : parents, amis et soupirants... J'étais la reine des nouvelles rumeurs, les langues ce déliants facilement à mon contact ou presque. N'allez pas croire que je n'ai fait qu'éconduire mes aspirants, sous prétexte que mon coeur ne battait qu'en la présence du prince. Certains étaient bien trop utiles et difficiles, pour que je ne leur accorde pas certains privilèges. Cependant, au-delà de ces moments privilégiés je leur restais inaccessible. Au fond je désirais bien plus que la place de mes parents au sein du pouvoir. Plus je jouais et plus j'y prenais goût...

Pensive, Eilantha sortit de cette dernière bulle rayonnante... Elle s'allongea dans l'eau jouant avec le fluide de ses doigts. Elle ne prêtait plus attention aux brillances, devenues insipides. Elle en avait suffisamment vu ou plutôt revu... Eil' attendait patiemment la fin du jeu.

Merciiiiiiiiii Rhi-rhid

Je sais pas si ça reflète bien mon excitation à l'idée de jouer, là ? Si ?
Je suis trop contente de me joindre enfin à l'aventure !

Félicitations et bienvenue officiellement chez nous!

Pour ta couleur/logo/groupe, je vais pt trainer un peu à t'y installer, jusqu'à mercredi mon planning est bien serré, mais je t'oublie pas

Re-bienvenue à toi la poiscaille !

Bon en fait ça y est, j'ai pu te mettre ton logo/couleur/groupe

Merci beaucoup Ether pour la bienvenue officielle et pour le rang à bu-bulles

Merci Nar'

XD Bah... Continues comme t'as commencé :p Nan parce que Bienvenue maintenant c'est un peu dérisoire...

Merci Oanig, je compte bien continuer :p

Un bienvenue officiel, mais je crois que t'en as pas besoin pour faire comme chez toi ^^

Amuse toi bien en rp !

Haha te voila enfin validée ! Maintenant, que la fête commence =D

même si c'est plus vraiment d'actualité, bienvenue :p

Vrrria, joyeuse coloration o/
et ... *cherche une formule adaptée* euh, bienvenue rétroactif !

Contente de te voir enfin validée

Merciiiiii à toutes/tous et je prends quand même avec joie les bienvenus

Benvenuto e buona convalida (ne me regardez pas avec ces yeux )

Zevie en italien en plus (Hèhé... C'est pour mieux te voir mon enfant xD )

Bienvenue à toi jolie sirène J'espère que tu te plairas ici (ça en a l'air^^)

Merci bien Onyrin (Tu as raison je suis comme un poisson dans l'eau ici ^^)