Le soleil, astre de lumière éternelle, s’en allait doucement. Il s’effaçait dans l’horizon. Bien que les arbres de cette forêt l’aient caché depuis longtemps, étant donné leurs tailles. C’est à ce moment précis que l’homme ouvrit les yeux. La baisse du jour ne le gêna aucunement… Il voyait parfaitement, comme s’il faisait jour, à quelque détail près. Par moment, sa vision se troublait, ou alors de loin l’ombre s’épaississait. Ce n’était pas encore parfait… Mais cela viendrait.
Il resta un moment couché sur le sol, pensif. Il s’était réfugié dans une caverne, évitant la lumière du jour. Il avait bien essayé de marcher sous le soleil, mais il l’avait amèrement regretté… C’est qu’il ne connaissait pas encore toutes les limites de… sa nouvelle condition. Quel cauchemar.
Il se leva péniblement. Il avança prudemment jusqu’à l’entrée du roché et observa les alentours. Personne ne passait par ici. Il ne savait pas si cette forêt poussait près d’une ville ou non. Mais il ne le vérifierait que quand il se saura près. Car depuis l’évènement tragique, il se sentait terriblement faible. Il fallait qu’il se trouve quelque chose à se mettre sous la dent… Les dents ? Troublé par cette pensée, l’homme alla toucher une de ses longues canines. Oui, elles étaient toujours là. C’est un cauchemar. Il soupira.
Un miaulement long et persistant décrocha un sourire sur ces lèvres charmeuses. Il se tourna vers son fidèle compagnon. Mr Grifou, un chat roux, très bavard. Parfois c’était à se demander s’il n’était pas le plus intelligent des animaux, car il trouvait toujours le moyen d’éveiller la curiosité de son maître. Le chat, assis à côté d’un rat mort, secoua la queue en signe d’impatience. Zeviehl leva les yeux au ciel :
- Tu veux que je mange « ça » ? , Demanda-t-il à son interlocuteur silencieux.
Bien sûr, il aurait bien pris cette nourriture, mais rien qu’à le regarder… Il ne pouvait pas. Depuis la morsure, tout ce qu’il ressentait, dans sa vie humaine, avait disparu. Dont la faim alimentaire… Il rencontra une autre faim. Celle qui ne s’étanchait qu’après une chasse farouche, qui consistait à entendre le cœur de la proie en panique, faisant naître une chaleur qu’il ne produira plus de lui-même. Il resterait froid comme le marbre. Il avait un jour assouvit cette faim avec une biche, qui se baladait dans cette forêt. Mais quand il eut fini, il sut que cela ne serait pas suffisant. Pour sa survie, il devait s’attaquer à plus gros.
- Et pas plus petit ! , Lança-t-il à son chat, pointant du doigt la minuscule bête.
Comme vexé, l’animal tourna les talons, emportant son casse-croûte. Zeviehl marcha un peu. La nuit était douce, peu de vent, peu de nuage donc. La lune traversait avec mal les feuillages denses des arbres. Il se plaisait ici, c’était calme et isolé de tout. Il avait conscience qu’il ne pourrait rester indéfiniment. Il essayait chaque jour de rassembler ses souvenirs, en attendant la nuit. Plus il y pensait mieux il distinguait son passé. Il revoyait sa fuite, ses amis perdus, la ville derrière lui… Personne ne l’avait poursuivit, ni retrouvé. Personne ne l’avait entendu lorsqu’il avait hurlait au moment où cette vampire… Mais ce passage de sa vie était bien flou. C’était peut-être mieux ainsi.
Soudain, ses sens le mirent en alerte. Il ressentit quelque chose… Zeviehl regarda rapidement autour de lui. Il n’y avait rien, pourtant un instinct, encore inconnu, lui assura qu’il n’était pas seul. Peut-être rêvait-il, ou pas ?
Zeviehl resta dans l’ombre des arbres. Il se servait trop de son regard. Il essaya de comprendre cet instinct. Il l’aidera à savoir, à confirmer une présence. Il resta calme, et attendit.
Mr Grifou, ne comprenant pas ce changement de comportement, faisait, comme à son habitude, son brin de toilette nocturne, sans se préoccuper de son maître.

Spoiler:

Il y avait quelqu’un. Il le savait au plus profond de lui. Mais il ne percevait aucun bruit. Seulement le vent qui faisait chanter les feuilles. Zeviehl ne bougea pas d’un pouce. Et si c’était dangereux ? Il imagina le pire scénario, et en peu de temps, il se ressaisit pour s’orienter vers une meilleure destinée : Ce n’était qu’un animal, son imagination… Ou alors une femme perdue qui implorera sa bienveillante aide ? Il avait bien le droit de rêver un peu… Depuis combien de temps n’avait-il pas touché une femme ?
Zeviehl secoua la tête. Il devait se concentrer. Il fallait avant tout savoir d’où venait ce trouble et ensuite il se doit de manger… de boire. Il ne savait pas vraiment comment dire cela. De se nourrir, tout simplement. Un bruissement de feuilles attira ses sens, déjà bien enflammé par son état d’alerte. Il se retenait d’entrer dans l’angoisse. Sans arme, il était presque inoffensif. Il n’avait pas pensé à l’emporter, laissant toutes ses maigres possessions à la caverne, dont cette dague… Qui avait tant tué déjà.
Mr Grifou continuait à se laver. Cet animal ne semblait pas perturbé. Devait-il croire en un chat qui restait auprès d’un vampire ? Des bruits de pas contre la terre craquelante du petit chemin d’à côté se distinguèrent nettement. Ils s’approchèrent. Le chat arrêta sa toilette. Ses yeux perçants fixaient le sentier. Les chats ne voyaient pas dans le noir total, ils percevaient grâce à leur rétine avec une faible lueur. C’est donc avec hésitation que le chat s’approcha de… quelqu’un ? Zeviehl se sentait un peu ridicule. Il ne savait quoi faire alors que la situation ne semblait pas si dangereuse.
Prudent, il sortit une moitié de visage, avec un œil, suffisamment pour observer, l’autre partie parfaitement caché par l’arbre. Comment expliquer ce qu’il voyait. Il reconnu sans peine une femme elfe, avec ces longues oreilles. Les couleurs n’existaient pas vraiment dans la vision nocturne… Il ne savait pas si elle avait les cheveux blancs ou tout simplement clairs. Peut-être blonds ? Le chat marcha vers elle, mêlant la grâce féline et le côté mâle dominant. Ce chat faisait penser à un jeune frimeur légèrement musclé à la recherche d’une « belle donzelle ». Il sentit longuement la main tendue, vérifiant que rien n’était mangeable. Puis, comme on s’y attendait, il se frotta de tout son long, de la tête à la queue, sous cette main agréable. Zeviehl cru même entendre des ronronnements… Quel peste ce matou. Mais il l’adorait. Il n’avait peur de rien alors que son maître se cachait comme si on voulait sa mort. C’était le cas, mais cette elfe, au passage très jolie, n’était pas une chasseuse de tête. Si ? Comment pouvait-il le savoir ? Après moult observation, il saisissait le détail suivant : elle était armée. Il repéra sans peine les fourreaux, et connaissant ces habilles chasseurs, elle devait avoir un arc, quelque part. Zeviehl était un coureur de jupons certes. Mais cultivé, qui avait appris beaucoup de chose rien qu’au bordel.
Et sa première idée était de discrètement laisser le chat en tête à tête avec elle… Sans faire de bruits. Faisant comme s’il n’existait pas. Il n’était que l’ombre.
Evidemment, cela ne se passait jamais comme c’était écrit, puisqu’une branche craqua sous son pied… Zeviehl ne bougeait plus. Mr Grifou regarda en direction de sa cachette. On ne pouvait pas compter sur lui pour faire comme s’il n’avait rien entendu… Cela aurait été bien trop beau.
Zeviehl soupira. De toute manière, il était parti pour être vue. L’homme se décala de façon à être sur le chemin de la dame. Il ne fit aucun mouvement brusque. En signe de paix, il laissa voir ses mains, montrant qu’il n’était pas armé. Il regarda la jeune femme, sans hésitation, droit dans les yeux. Il lui sourit, évitant soigneusement de ne pas ouvrir la bouche pour montrer ce qu’il était. Inutile de l’effrayer…

La jeune femme sourit à son tour. Quelle belle esquisse. De plus près, il se rendit compte de la longueur de ses cheveux, bien plus long que les siens. Elle avait des yeux grands mais fins et des lèvres légèrement pulpeuses. Son corps était élancé. Elle possédait une anatomie féminine tout à fait remarquable. Grifou revint vers lui, heureux de son entretien avec elle. Elle se mit à parler avec une voix claire comme la rosée du matin :
- Bien le bonsoir, cher inconnu. La Nuit est belle aujourd'hui, ne trouvez-vous pas ?
Sans aucun doute. Les journées étaient devenues brûlantes, alors les nuits s’avéraient bénéfiques. Il trouvait le repos. C’est à peine s’il arrivait encore à fermer les yeux les jours, tellement il craignait le soleil. C’était bien dommage de craindre l’élément de la vie…
Elle regardait le ciel, laissant apparaître un cou accueillant. Le voir fit naître en Zeviehl une gêne préoccupante. Celle qu’il devait assouvir… Mais il garda un minimum de contrôle, ne laissant rien paraître. Elle ne semblait pas avoir remarqué ce qu’il était ? Tant mieux. Il n’avait pas envie de finir transpercer de part et d’autre. Les légendes disaient que rien ne pouvait tuer un vampire… Mais il n’était pas prêt à essayer, et faire un suicide imminent à cause d’une histoire.
La jeune femme tressaillit de froid. Finalement, être à moitié mort s’avérait utile pour éviter ces désagréments parfois gênant.
- Je ne nomme Lunielle Elwindor, mais vous pouvez m'appeller Luni.
Lunielle… C’était très joli. Ce nom ne lui disait rien. Elle lui fit un clin d’œil… Pendant ce court instant, il lui avait fait penser à une autre, une beauté elfique tout aussi surprenante qu’elle. Une cliente qui avait su être plaisante et historiquement intéressante. Elle lui avait raconté beaucoup de choses sur son peuple, mais elle resta réservée sur des détails. Zeviehl chassa ses souvenirs pour revenir au présent.
- Et vous, quel est votre petit nom ?
Elle le regarda fixement. Son nom ? Etait-ce prudent de le dire ? Zeviehl regarda son chat un moment. Il était bon de demander mentalement l’avis de son compagnon, encore faudrait-il que ce matou est des dons. L’animal le regarda à son tour et miaula doucement. Zeviehl se sentait de plus en plus ridicule. Il n’avait aucune raison d’avoir peur, tant qu’il restait lui-même. Il posa son regard sur Lunielle et sourit de nouveau.
- Je m’appelle Zeviehl pour vous servir, Zev pour les intimes, répondit-il s’inclinant légèrement. Je suis très heureux de vous rencontrer Luni. Les gens sont rarement de passage dans cette forêt…

Presque aucun humain ne s’y aventurait en réalité car la densité du lieu pouvait cacher toute sorte de bêtes. Il y avait des loups, des ours, des sangliers, et des animaux plus inoffensifs… Seuls des chasseurs expérimentés venaient s’aventurer ici. Zeviehl les évitait soigneusement.
- Venez-vous d’un village proche d’ici ? De Reilor peut-être ? Cette forêt est un endroit propice pour éviter la foule et le bruit.

Zeviehl était polis et avait du tact et… Parlait franchement. Il cherchait à faire de la conversation pour éviter les soupçons. Il ne savait pas comment les gens pouvaient le voir. Mais d’après les histoires terrifiantes qu’on lui racontait quand il était petit, les humains n’étaient pas prêts à l’accueillir à bras ouvert, amicales et serviables. Ils étaient plutôt du genre à vouloir le chasser avec des fourches et des pierres. Il lui sourit. C’était presque un supplice de s’empêcher de faire un vrai grand sourire de tombeur dont il avait le secret. Mais les dents… Elles se verraient, c’était certain. Mr Grifou regarda les deux humanoïdes discuter. Ses yeux se fermaient. Rien de bien intéressant ne se passait, rien qui pouvait éveiller la curiosité d’un chat.

Rosyel… Île des contes et histoires qui parlaient de forêts géantes abritant le peuple gracile des elfes et les puissants centaures. Et bien d’autres créatures, qui sait ? Les textes relataient bien des aventures, bien des paysages… Il en avait entendu parler, comme les vampires et démons, par des compteurs et compteuses en tout genre. Ces histoires émerveillaient les gamins…
Mais sur l’heure, l'homme se dressait devant une femme qui avait des idées derrière la tête. Son murmure n’était pas passé aussi inaperçu que voulu. A moins qu’elle faisait un aparté provocateur. Zeviehl adorait ça. Il était plutôt du genre à jouer avec le regard, à titiller son interlocutrice. Elles savaient ce qu’elles voulaient la plupart du temps, inutile donc de les provoquer par des mots. Il suffisait juste de les aider si elles n’arrivaient pas à s’exprimer. Il était amateur, mais très bon amateur !
- Étant une elfe, la forêt est mon domaine de prédilection, c'est bien connu. Mais je voyage beaucoup et, pour tout vous dire, je ne pensais pas rencontrer quelqu'un d'aussi charmant en ces lieux...
Elle en dévoila peu sur elle. Pourtant ce genre de femme ne semblait pas avoir pour habitude de côtoyer la prudence. Elle l’avait prouvé avec ce regard attachant. Elle le dévisageait depuis qu’il était sorti de sa cachette. Zeviehl ne passait pas inaperçu mais bien des dames auraient regardé ailleurs. C’était celles qui n’étaient pas intéressées, ou les timides. L’homme était d’une nature patiente. Elles finissaient toujours par franchir les portes, par curiosité, pour se changer les idées, pour le plaisir…
- Vous devez vous demander ce que je fais ici, si loin de mon île natale ? Disons simplement que je voyage beaucoup et que je suis à la recherche d'une personne. De deux en fait.
Non il ne se le demandait pas. Une elfe qui se baladait en forêt était… logique. Ça passait bien. Alors qu’un homme, seul, accompagné d’un chat, qui se cachait aux yeux de tous, qui ne sortait que les nuits… Non il n’allait pas lui répondre ceci. Il n’allait pas se mettre dans la bouche de ses lames, tout aussi aiguisées que son regard de jeune elfe…
- Et vous, quel est donc votre but ? Votre destination ? Vous n'êtes pas obligés de me répondre si vous ne le souhaitez pas, il est vrai que mes questions sont indiscrètes et peuvent paraitre gênantes...
Zeviehl grimaça. Dans sa vie passé, il n’aimait pas que ses… conquêtes lui posent ce genre de questions. Car il n’avait été qu’un jeune voleur. Elevé dans un bordel. Il avait assassiné bien des gens, pour de l’argent. Bien sûr qu’il avait eu des rêves, des destinations… Mais la descente dans la réalité ferme de la vie avait été quasi mortel. Et finalement à la fin, il récolta les fruits mérités.
Comment racontait tout ceci à une belle dame ? Puis en réfléchissant, quel était son but actuel ? Que voulait-il ? Que cherchait-il ?
La mort… Non.
- Eh bien… Je cherche à vivre, demoiselle Lunielle., murmura-t-il, l'air ailleurs.

Il avait peur de paraître bien étrange. Mais la démarche de l’elfe ne le laissa pas le temps de réfléchir aux conséquences de ses mots. Il connaissait ce pas, cette danse... La demoiselle savait ce qu'elle voulait. Elle ne passait pas par quatre chemins. Zeviehl sourit. Il était tout de même étonné d'avoir charmé si vite... Sans trop parler, sans trop faire quoi que soit... Peut-être que son côté vampirique avait un pouvoir d'attraction ? Était-ce possible ? Si c’était bien le cas, c’était… terrifiant. Très troublant. Mais il resta imperturbable, insaisissable, comme toujours. Elle voulait jouer. L’homme la laissa venir. Son hésitation contredisait ses pensées, mais il voulait voir ce qu’elle lui réservait. Elle s’approcha, de plus en plus… Bientôt elle arriverait à sa hauteur. Le chat s’était couché et dormait paisiblement. Il ne s’occupait pas des affaires de son maître, il se débrouillait très bien tout seul.
Zeviehl haussa un sourcil à l’attention de la blondinette coquine.
- Suis-je en train de subir une danse elfique parfaitement envoûtante, ma dame ?

Si c’était le cas, il espérait qu’elle lui enseigne plus tard cet art Rosyèlien très exotique. La nuit était assez calme et douce pour les laisser en paix. Rien ne viendrait les déranger. Mais il se souvint d’un détail qui le tiraillait depuis le début de cette rencontre… Avait-il seulement conscience de ce qu’il faisait ? Et s’il venait à l’attaquer ? Sans s’en rendre compte, sans pouvoir se maitriser ? Après tout il était nouveau né vampire, en ce bas monde de mortel, qui regorgeait de sang bouillant…
Plus l’elfe s’approchait, plus il sentait son cœur battre à une vitesse presque irréaliste. Le sien ne bougeait pas… Peut-être le remarquera-t-elle.
Zeviehl était soudain pris d’une indécision. Il était perturbé. A aucun moment dans sa vie, il avait rencontré de raison valable pour arrêter ce qu’il faisait. C’était toujours ainsi qu’il savourait chaque instant. Il ne se mettait que des limites quand il le fallait. Et c’était rare…
Transformé, changé, mort en quelque sorte, mais il était le même homme. Séducteur, doux, franc, et très intéressé.
Beaucoup trop pour faire machine arrière.

- Peut-être, à vous de juger, très cher Zev. Il se pourrait que oui... mais c'est à vous de le découvrir !
Intéressant. Une femme belle et sauvage savait ce qu’elle faisait. Lunielle avançait de ce pas dansant, doucement, sans se presser. Elle marcha autour de lui, caressant de manière sensuelle le cou, puis l’épaule. En général, il était le premier à faire le « contact », mais laisser faire une meneuse telle que Luni ne l’ennuyait aucunement. La sensation plaisante d’être touché ainsi se fit ressentir. Il n’avait rien perdu des choses simples qu’offrait la vie. Mais la peau douce et chaude de l’elfe réveilla le danger. Il resta fixe, seul ses yeux bougèrent, continuant à regarder ces pupilles azurs. Elle se remit face à lui. Ses oreilles bougèrent légèrement, ce qui ne manqua pas d’être charmant, même très mignon. L’ouïe était perçante chez ces sylvestres, autant que la vue. Essayait-elle de percevoir ce qui n’existait plus ? Elle eu un regard furtif vers Mr Grifou. Le chat se lavait de nouveau, continuant à faire comme s’ils étaient absents. Le sourire de la dame s’effaça lentement. Yeux dans les yeux, elle cherchait… Mais les réponses étaient évidentes. Finalement elle posa sa main, qu’il suivit du regard, sur sa poitrine. Il avait déjà essayé, oui, il avait aussi cherché au début… C’était difficile de se savoir « vivant » sans utiliser cet organe, pourtant si important aux yeux de certains mortels. Le cœur, si précieux. La machine qui pompait le sang, qu’il envoyait partout. Il n’était guère étonnant qu’un vampire était froid comme l’acier…
Le regard de l’elfe s’illumina pourtant. Elle souriait, joyeuse.
- Ravie de vous rencontrer, Monsieur le vampire.
Étonné, Zeviehl en perdit sa voix. Elle prenait si bien la découverte qu’il regrettait presque d’être nait humain et pas vampire dès le début. Peut-être était-elle d’une politesse à couper le souffle ? Ou se jouait-elle de lui ? Une technique pour le piéger… Zeviehl possédait un mécanisme remarquable dans son crâne quand il s’agissait de survivre à autrui. Il aurait pu imaginer rapidement un plan d’échappatoire. Mais…
- Ne crains rien, que tu sois vampire ou quoi que ce soit d'autre, cela ne changera rien à notre rencontre. Je n'ai rien contre les autres races, je suis même pour les unions mixtes.
Zeviehl soupira légèrement. S’il avait eu encore ce cœur, il serait en train de se faire décrocher par le stress. Elle lui dit de sourire ? Zeviehl resta figé pendant de longues secondes. Un sourire se dessina, mais pas charmeur, plutôt tiré par la nervosité. Seulement cinq minutes s’écoulèrent, le temps qu’elle réalisait qui il était. Pendant ces cinq minutes, il l’eut assez proche de lui pour ressentir son cœur battre, son sang, sa chaleur… Ces choses l’attiraient beaucoup. Mais pas seulement pour le plaisir… Il avait faim. Quand il réalisa ses pensées, il recula et se heurta contre le tronc. Il était coincé entre l’arbre et l’elfe… Mr Grifou à gauche et les profondeurs de la nuit à droite. Comme un rat affamé dans une cage, indécis du comportement à adopter.
- Je ne… vous crains pas. Mais vous vous devriez me craindre davantage…

Le contrôle de soi. On l’enseignait au camp d’entraînement. Savoir contrôler sa colère pour éviter de devenir aveugle et faire des erreurs, par exemple. Même si un guerrier ne devait pas réellement réfléchir, un bon voleur et assassin si. Ces cours « particuliers » étaient enseignés à de rares éléments. Le contrôle pour savoir être furtif, disparaître, oui il connaissait. Mais comment contrôler ce qui occupait sa nouvelle nature, toute entière ? Le désir de ne pas lui faire de mal se battait contre l’autre, celui qui goûtait, mordant la chair pour boire un liquide vitale. Il avait reculé, mais Lunielle était encore trop proche. Il fit l’erreur de poser ses yeux sur ses lèvres. Raffinée, superbement sculptée… Le charme de cette magnificence prit le pas sur tout le reste. Zeviehl ne put s’empêcher d’approcher. Il embrassa tendrement cette parfaite inconnue. Mais depuis quand ce détail arrêtait Voronwë ? Charmeur de dames, fervent de liberté...

Spoiler:

Cette elfe semblait avoir vécue beaucoup d’aventures. Curieux, Zeviehl écouta son histoire sur la vampire traquée. Il sourit quand elle précisa qu’elle fut bien plus coriace que lui. Il n’en doutait pas. C’était à peine s’il maitrisait quoi que se soit. Il renaissait dans un corps, le sien, mais en différent. Mais il finirait bien par trouver sa voie, quoi que se soit d’ailleurs… Car l’idée désormais de voyager d’île en île le terrifiait. Il adoptait un comportement particulier face à l’eau, sans comprendre les raisons. C’était bien pour cela qu’il restait dans cette forêt, loin des foules, loin des points d’eaux, proche des endroits sombres qui le préservait de la lumière.
Mais où en étions-nous ? Au baiser.

C’était pure folie. Car le baisé chaleureux de l’elfe lui ôta toutes barrières mentales. Il l’embrassait, comme s’il ne le ferait plus. La forêt retenait son souffle alors que les deux êtres se rapprochaient l’un de l’autre. Elle ne se débattit pas, au contraire. Elle l’embrassa à son tour. Ses belles joues s’empourprèrent sur ce teint radieux. Zeviehl entendit le cœur de l’elfe comme s’il était un être à part entière qui s’exprimait avec ses propres idées. C’était stupéfiant de percevoir les détails du flux sanguin… Et terriblement envoûtant.
- Si tu as besoin de te nourrir, fait-le. Le sang d'une elfe n'est peut-être pas aussi apréciable que celui d'une humaine, mais ça devrait aller. Ne t'inquiète pas, si je sens que tu en prend trop, je t'assomme et crois-moi, j'en suis capable.
Devait-il se sentir rassurer ?
Son sang sera sans doute meilleur que celui d’une biche. Il en était certain. Et donc, Zeviehl ne refusa pas l’invitation hautement appréciable. Il n’aurait pas tenu cinq minutes de plus qu’il aurait fini par la dévorer. Cela le rebutait encore… L’idée de… Il avait déjà tué bien sur, mais pas comme ça. Pas comme un animal. Il planta délicatement ses canines dans le cou suave de Lunielle. On pouvait mieux comprendre pourquoi elles étaient si longues et fines. Suffisamment pour percer, mais évitant de trop ouvrir. Sa tueuse lui avait dit que les vampires mordaient de différentes façons. L’elfe le savait, et elle semblait confiante sur les évènements à venir. Il sentit le liquide ardent pénétrer sa bouche. Les effets bienfaisants ne tardèrent pas à faire effet. Sa faim diminuait, il gagnait en force et il retrouva son « humanité ».
- Par contre, si tu me transformes, je te tue.
Zeviehl ouvrit les yeux. L’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit. Il s’arrêta. Il mit une main sur le cou pour compresser un peu, l’autre restant dans le dos de la jeune femme. Il planta ses yeux dans les siens. Il ne l’aurait jamais fait, il ne savait pas comment ça fonctionnait de toute manière… Peut-être qu’il fallait tuer, mais pas vraiment. Il ne voulait pas le savoir. Il baissa les yeux. Le côté animal du vampire avait laissé place au côté pensif, typique d'un humain. Ses yeux revinrent sur elle.
- Merci …, murmura t-il doucement.

Il ne sut quoi dire de plus. Il l’embrassa de nouveau mais plus hésitant. Il se demandait ce qu’elle avait ressentit. Peut-être avait-elle besoin de s’assoir d’ailleurs ? Il fit une légère pression sur son dos pour la faire comprendre de ses intentions de l’assoir sur l’herbe, juste derrière elle. C’était son sang qu’il avait pris, elle avait sans doute la tête qui tournait ou quoi d'autre ? Le minou quand à lui s’éloigna un peu des deux personnages, sentant qu’il ferait mieux d’être ailleurs pour changer. Zeviehl ne faisait attention plus qu’à sa partenaire. Il avait entièrement repris le contrôle de lui-même et avait les idées claires. Il était prêt à faire tout ce qu’elle désirait, sans être menaçait par son côté vampire.

Lunielle s’assit aux côtés du jeune homme. Elle posa sa tête contre lui, comme prête à s’endormir. Mais ses yeux restèrent bien ouvert, tournés vers le ciel étoilé. Zeviehl le regarda à son tour. Avec cette vision nocturne, les étoiles ressemblaient à des lucioles. Et la lune à une espérance, une belle et rassurante que la nuit était bien présente. Mais elle ne durera pas… Comme toutes les autres, elle s’achèvera et muera en journée. Il reporta son attention sur l’elfe. Elle était pensive.
- Tout va bien, ma dame ?, Demanda t-il poliment.

Il était un peu inquiet. Elle frissonnait. Doucement, Zeviehl la souleva pour mieux la mettre contre lui. Il n’était pas d’un grand réconfort, étant donné qu’il était lui-même gelé. Mais il l’aida à se réchauffer en plaçant son manteau autour d’elle et en frottant légèrement son bras.
- Quelque chose vous tracasse ?

Il continuait à la vouvoyer, même si l’elfe était passée au tutoiement depuis longtemps. On lui avait enseigné de toujours vouvoyer une personne. C’était faire preuve de politesse mais surtout de respect envers une personne que l'on venait de rencontrer. Même si le tutoiement était signe de complicité. Zeviehl pouvait se faire passer pour un parfait Don Juan, mais il respectait ces femmes. Il était devenu vampire mais rien n’était mort à sa transformation. Il aimait toujours la bonne compagnie féminine de préférence et un bon verre de vin pour pouvoir rire un peu. Ah… Le vin. Il se demandait parfois s’il pouvait encore goûter ces choses là.
Le silence pesait, et le vent semblait bien froid ce soir…
- J’essaye de faire un peu la conversation, sourit-il enfin. Je n’avais pas eu de compagnie aussi charmante depuis quelques temps. La première et je la mords… - il rit doucement et repris plus sérieusement - J’espère ne pas vous avoir fait de mal, Demoiselle Lunielle.

Tout en continuant à la réchauffer, il écoutait le vent. A défaut de le sentir à sa juste valeur. Ses cheveux sur sa nuque volèrent également, sans pour autant faire frémir le vampire. Le chat revint. Voyant qu’ils s’étaient mis à sa hauteur, il accourut. Il vint se blottir contre eux. Cette boule de poile était prête à tout pour un câlinage chaleureux… Zeviehl lança un regard contrarié à Grifou, qui prenait du plaisir à l’ignorer royalement. Peste de chat…
Il était le seul avec qui il parlait. Il serait devenu fou sans cet animal, à l’allure de matou, mais d’une intelligence parfois stupéfiante. Enfin… Zeviehl fit les présentations.
- Lunielle, voici Mr Grifou. Un chat mystérieusement arrivé dans ma chambre un lendemain de beuverie. Il ne m’a plus quitté depuis. On se demande pourquoi...

Il se demandait parfois si ce n’était pas une créature qui se camouflait en lui ? Le chat posa ses yeux doux, presque larmoyant sur son maître. Non… C’était juste un chat.
- Il vous réchauffera sans doute beaucoup mieux que moi, souligna l’homme en plaisantant.

Il se sentait bien plus à l’aise. Sans à se préoccuper de sa faim ni à la maitrise d’une chose encore inconnue. Le chat commença à ronronner fortement. Zeviehl leva les yeux vers le ciel. Et maintenant si tu partais pour nous laisser mon cher ami ? Non ? Dommage…
Parce que le jeune homme avait eu deux envies... Enfin, le secret dans son ancien métier : ne jamais précipiter les choses. Les malentendus naissaient rapidement.
Le vent commença à se calmer. La nuit était bien avancée. Il n’y avait aucun bruit dans la forêt. Pas un animal, ni une créature quelconque passa. Mais au vue de sa grandeur, ils pouvaient être n’importe où, n’importe quand. Personne ne pouvait savoir qu’un vampire et une elfe trainait par ici. Avec ce calme, Zeviehl repensa à ses amis perdus. Il se demandait bien ce qu’ils étaient devenus. Peut-être le cherchaient-ils en se moment même ? Mais pour le moment, il tenait une elfe dans les bras, plus ou moins en état de torpeur.

Spoiler:

Spoiler:

Ils étaient bien là. En tout cas la jeune femme ne disait plus un mot et commençait à fermer les yeux. C'était un peu dommage... Mais après avoir passé plusieurs mois seul, Zeviehl n'allait pas râler. Soudain l'elfe se leva d'un bon, poussant au passage Mr Grifou qui détalla comme une flèche. Le manteau tomba à la renverse, laissant l'homme en chemise. Pas de souci, il n'avait pas froid mais elle par contre...
Elle lui proposa rapidement s'ils pouvaient trouver un endroit couvert et lui permettre ainsi de faire du feu pour se réchauffer. A la voir tremblait, il devait commencer à faire réellement froid. Cette idée n'était pas fâcheuse, et Zeviehl savait exactement où ils pourraient s'installer. Ils seraient tranquilles et Mr Grifou ira dans son petit coin, comme d'habitude. Ils seraient à l'abri des regards indiscrets et ne risquaient d'être déranger par un animal sauvage. Ils seraient complètement seuls...
- Tu le sais sûrement mais les chats s'endorment toujours dans des endroits chauds.
Certes...
- De plus, il faut que je trouve quelque chose pour ne pas dormir et j'ai déjà une petite idée !
Oh... Très intéressant. Zeviehl eut un grand sourire, montrant au passage ses longues canines. Mais ce n'était plus un secret maintenant. Cette elfe savait attirer l'attention. Elle avait eu cette idée en tête depuis le début de leur rencontre. A force, Zeviehl savait reconnaître le désir, l'envi de faire quelque chose d'intime, sans que personne ne soit au courant. Il s'était toujours montré ouvert et entreprenant, les rassurant par ses mots et leur offrant, l'espace d'une belle nuit : sécurité, plaisir et bons souvenirs.
Mais Lunielle montra du doigt son sac. Sur le coup, l'homme ne comprit pas le rapport.
- Je suis une grande buveuse, j'aime faire la fête et je n'ai encore jamais réussie à me saoûler, c'est n'est pourtant pas faute d'avoir essayer. Trois bouteilles de rhum c'est très peu, mais je suis sûre qu'on pourra en trouver plus dans le village qui se trouve au nord à quelques pas d'ici, si nous en avons vraiment besoin. Alors, qu'est-ce que tu en penses ?
Ce comportement laissa Zeviehl perplexe. Subissait-elle par hasard un effet secondaire de la morsure ? Les elfes buvaient ? Du rhum ? C'était nouveau... Ou alors notre ami sortait de la vieille école. Il n'avait jamais imaginé une elfe boire un alcool si fort.
- Trois bouteilles... Suffiront largement, sourit-il.

Le village nord disait-elle ?
Il ne le connaissait pas très bien. Il avait vu de loin Reilor, et quelques fermes. Il ne s'approchait pas, il n'osait pas. Il n'avait aucune raison d'aller là-bas et c'était parfait ainsi. Il était peut-être encore recherché, et vampire en plus. Ces raisons l'incitaient à rester dans la forêt.
- Je me réfugie dans une grotte, à deux pas d'ici, assura t-il. Je peux vous y conduire. Quand au village... Je préfèrerais l'éviter, si cela ne vous dérange pas, ajouta t-il gêné.

Oui, c'était mieux de faire ainsi. Il n'était pas encore prêt à faire le premier pas, à voir la foule. Et si l'expérience avec Lunielle se répétait alors qu'ils allaient chercher le rhum ? Imaginez des cœurs battant, par centaines et plus, regroupés au même endroit ? Il finirait par devenir fou, ou pire. Non il ne pouvait prendre le risque. Zeviehl se leva et dans un même mouvement habile ramassa son manteau. Il le remit sur ses épaules et commença à marcher en direction de la grotte.
- Suivez-moi si vous le souhaitez, mais la découverte de cet endroit doit rester entre nous, dit-il, lui faisant un clin d’œil.

Il allait lui montrer sa cachette. Au pire, si elle venait à révéler à d'autres personnes où il se trouvait, il disparaîtrait. Mais Lunielle semblait être du genre à savoir garder un secret.

Ils ne parlèrent pas sur le chemin. Lunielle s’occupait de ramasser les branches pour son feu. Il prit un peu de distance afin de l’observer. Regarder son savoir était très instructif. Elle savait ce qu’il lui fallait pour effectuer un feu digne de ce nom. Une chose que les elfes devaient apprendre à faire, naturellement. Il aurait bien tenté d’en apprendre plus sur eux, et leurs façons de vivre, pour acquérir des connaissances qui auraient fait de lui un meilleur… Assassin ? Il aurait pu en faire son métier après tout. Mais il était plus dans son domaine avec les amantes, les voleurs et les marchands. Zeviehl était plus adepte de l’arnaque que du marchandisage honnête. Un truc que son ami s’était empressé de lui apprendre.
L’elfe le sortit de ses pensées. Il l’aida à porter les branches et continuèrent leur route.

La grotte s’éleva entre les arbres. C’était un endroit quelconque, assez petit. Mais les apparences étaient souvent trompeuse, car à l’intérieur, la caverne montrait son potentielle. Elle était assez grande pour s’y loger, et y faire le feu tant désirée par l’elfe. Zeviehl la laissa faire et s’installer. Il se dirigeait vers le fond, où ses affaires étaient posées. Il mit un peu d’ordre… C’est qu’il n’avait pas prévu une visite ici. Il n’avait pas grand chose : un journal, souvent occupé à servir de couchette au chat -ce dernier respecta donc cette tradition en s’installant confortablement-, une longue dague, un grand sac renfermant des habits et quelques bricoles. Il y avait des choses à l’intérieur qu’il préférait garder secrète et taire même leur existence. Il se retourna vers Lunielle. Elle lui souriait, l’invitant à venir boire avec elle. Zeviehl observa les bouteilles de rhums posées près du feu naissant. Ce n’était pas de la petite bouteille… Il avait l’habitude de proposer du vin à ses dames. Là il pouvait le tenir, disons, plus longtemps qu’elles. Mais cette coquine était entreprenante. Elle sortait le grand jeu, son jeu précisément, et elle voulait le faire rentrer dans les délais les plus bref. Il s’approcha alors qu’elle nourrissait son feu. L’elfe s’engloutit la moitié d’une bouteille ce qui laissa l’homme presque bouche bée. Mais il cacha son étonnement. C’était…
Il prit à son tour une bouteille. Après avoir enlevé le bouchon, il sentit immédiatement une odeur forte agresser son odorat. Il s’attendait au pire alors qu’il entama le rhum dans une première gorgée… Qu’il regretta rapidement. Le goût était… Il n’y avait pas vraiment de goût à part celui d’un alcool qui enflammait légèrement la langue, la bouche, le palais, qui descendait dans la gorge comme un feu de forêt. Zeviehl se mit à tousser. Cela ne servait pas vraiment mais il n’était pas habitué à boire pareille boisson. La chaleur que procurait la boisson augmenta progressivement sa température corporelle. Façon de parler évidemment, car d’extérieur il restait froid. D’ailleurs… le rhum produisait un effet qu’il ne pensait pas possible dans son état. Il savait que cela l’amènerait à l’ivresse... Il retenta dans une deuxième gorgée qui passait un peu mieux. Il posa la bouteille et sourit à Lunielle, rassurant. Elle le ne regardait plus, et attendait… Il ne savait pas si c’était le rhum ou la situation, mais il se sentait bien. Très bien même.
Confiant, il s’approcha à pas de velours. Dans son dos, il se mit à genoux près d’elle. Ses mains se posèrent sur les épaules de Lunielle et glissèrent sur sa chemise, qui libéra les épaules blanches. Les doigts continuèrent leur chemin sur les bras, pour rencontrer les mains, un peu fraiches. Il les engouffra lentement dans ses paumes. Puis il revint en arrière, toujours avec ses doigts, retournant aux épaules puis prit une autre direction… Le cou, d’une finesse, puis d’une seule main il caressa la joue, brillant à la lueur du feu. Il la fit se retourner. Très proche d’elle, il aperçut des reflets dans ses yeux. Comme les vagues d’une mer. Son regard exprimait le désir… Il l’embrassa, comme pour le premier, avec tendresse. Il jeta son manteau dans le dos de l’elfe, dans l’espace qu’elle avait laissé. Tout en l’embrassant, ils se couchèrent dessus, laissant danser les flammes à leurs côtés. Zeviehl regarda la chemise de l’elfe, et dans un jeu très sensuel, s’amusa à défaire les nœuds qui laçaient son haut. Il souriait, complice d’une chose très plaisante. Comme pour les autres, comme pour n’importe quelle femme, il voulait lui montrer ce qu’il savait faire et lui donner beaucoup de plaisir. C’était un jeu, et pour lui, c’était la définition d’une forme de liberté. Qu’il adorait, vénérait presque, comme une déesse. Défaire le chemisé ne fut pas simple, mais pas impossible non plus. Il laissa voir une poitrine convaincante. Il voulait encore un peu s’amuser avec sa bouche irrésistible et retourna l’embrasser. D’humeur joueuse et joyeuse, il s’apprêtait à passer une excellente soirée.
Alors qu’il occupait la bouche de l’elfe, il profita de sa liberté de mouvement. Avec le dos d’une main, il longea le long de son côté, touchant la poitrine, le creux de la hanche et arriva sur un objet non désiré. Qu’est-ce que c’était, sa ceinture ? … Il fallait corriger de malentendu. Car sa main ne pouvait pas rester bloqué sur son chemin qu’elle avait entreprit avec tant de convoitise ! Mais… Il savait se montrer très persuasif… Avec ses yeux dévoreurs et un sourire en coin, il suggérait à Lunielle de retirait le bas.

Spoiler:

Lunielle défit la boucle de sa ceinture, répondant du regard les provocations silencieuses du jeune homme. Mais elle s’arrêta un court instant en pleine action. Un peu déstabilisé, il attendit avec patience. Il ne lâcha pas l’elfe des yeux. Elle semblait se souvenir… Il ne savait pas trop. Puis d’un geste vif, elle retira le pantalon. Il découvrit un sous vêtement peu commun, très plaisant, qu’il avait hâte de tester. Il sourit. Elle l’embrassa avec passion en se redressant. Il laissa Lunielle déposer des baisers dans son cou et caresser ses cheveux. Alors qu’il l’étreignait, ses mains se promenaient délicatement dans le dos. Il aperçut les boucles d’oreilles, toutes originales. Il déposa un baisé sur le bout d’une oreille pointue. Il savait que les elfes étaient hyper sensibles dans cette zone. Cela l’amusait. L’elfe commença à le déshabiller… Elle s’attaqua furtivement à ses bottes, prise d’une ravissante folie. Subtilement, elle déboutonna le pantalon et le fit glisser aisément, laissant l’homme presque à moitié nu. Seule une sorte de long « slip » cachait encore sa partie intime. [Les slips de l’époque descendait jusqu’aux cuisses, restons un peu dans la logique, juste un peu ^^] Mais elle laissa le meilleur pour la fin, car elle plongea ses bras en dessous de sa chemise. Elle caressa d’abord son torse puis glissa ses mains vers les épaules pour pouvoir retirer le vêtement. Et enfin elle retira le bas qui restait. La grotte ressemblait désormais à un bazar qui mériterait d’être ranger… Mais il pourrait se passer n’importe quoi autour d’eux qu’ils n’y feraient pas attention. Les deux êtres étaient désormais nus et s’apprêtaient à partager leurs intimités.

Le voile se dressait et les enfermait, les laissant dans la douceur voluptueuse de deux corps, charnels, désireux. L’un et l’une, partageaient, s’enivraient, exécutaient des danses. Aucun son, à part le rire, doux, discret, en confidence comme les yeux. Une mer agitée croisait la route du sable orangé aussi souvent que le plaisir suscitait chaque instant le bonheur. Un bonheur fugace, un bonheur d’un moment. Celui d’une soirée… Dans une forêt, sous les étoiles et la Lune, dans une grotte, près d’un feu. Une rencontre, très simple, qui amena à ce résultat de joie. Une petite guerre corporelle s’entamait, l’un et l’une voulant tout deux montrer leurs talents coquins. Le jeu en valait la chandelle, il devint de plus en plus intime, jusqu’à ce moment où les corps, inévitablement, se collaient, bien l’un contre l’autre. Il n’existait pas de détails, pas de mots, rien qui pourrait décrire. Juste une paix…

Il était déjà tard lorsqu’ils avaient atteint la grotte. Difficile à dire combien de temps avait duré leur « bataille ». Il faisait encore nuit, mais la lune était bien plus basse. L’astre de lumière ne tarderait pas à prendre sa place, comme le cycle le voulait. Mais au fond de la grotte, ils ne craignaient rien. Ni la lumière, ni les intrus. Même le vent ne s’y engouffra que légèrement. Les deux êtres étaient toujours couchés, nus. Seul une un vieux drap les cachait. Lunielle se reposait alors que Zeviehl l’observait. Il ne dormait pas, il le faisait très peu en faite. Il pouvait fermer les yeux et se reposer, sans pour autant dormir. Il n’avait pas réussi à le faire depuis la transformation.
Mais il aimait bien regarder une femme dormir. Voir les êtres qui étaient pour lui la perfection. Il pourrait faire des nuits pareilles une centaine de fois. Toutes différentes, mais toutes si belles, si douces. Il ne se souvenait pas forcément de leurs noms, certaines ne les donnaient pas d’ailleurs. Mais il se rappelait toujours de leurs visages, à chacune d’entre elle. Il souriait en regardant l’elfe, sereine. C’était en général quand elles s’endormaient qu’il partait. Ce n’était pas une fuite… Il préférait garder un souvenir d’elles heureuses de leur nuit, plutôt qu’éperdues à dire au revoir ou adieu. Certaines de ses anciennes clientes partaient d’elle-même, il n’avait pas besoin de bouger. Une seule fois il eut un problème de taille. Il n’avait malheureusement pas prévu qu’une vampire pouvait s’attacher autant à un humain sans le prendre pour son dîner favori… Il se demandait encore comment c’était possible. A lui, en tant qu’homme, ça ne lui était jamais arrivé. Alors en tant que vampire… Il ne pouvait y croire. Mais de toute manière il n’irait pas bien loin, avec une aube en approche. Et il aimait bien la compagnie de cette elfe, qui l’avait respecté et apprécié.

Lunielle bougeait dans son sommeil. Le soleil commençait à se lever. La lumière ne pénétra pas dans la grotte, ce qui facilitait bien des choses. Il n’avait pas envi d’être gêner par l’astre de la vie. La jeune femme déplaça sa tête contre lui. Elle commençait à se réveiller, tout doucement. Zeviehl croisa son regard. Avec la lumière du jour, il percevait beaucoup mieux les détails de son iris. Des reflets verts étaient parsemés vers le centre le l’œil. Le visage de l’elfe était blanc, mais rosé, au niveau des joues. Les cheveux blonds étaient bien plus doré qu’il ne le pensait hier soir. Quelle ravissante femme.
- Bonjour, très cher.
Elle s’approcha et l’embrassa sur ses lèvres. Zeviehl sourit.
- Bien le bonjour, Lunielle, répondit-il.

Il glissa sa main vers une joue rose pour la caresser. Pour la première fois, il voyait une femme le lendemain d’un ébat disons… Peu pour la chasteté. C’était… Bizarre. Il avait toujours pris soin de les laisser. Quelque fois, il avait déposé des fleurs avec, pour les rares d’entres elles qui le reçurent, un mot expliquant « qu’il avait passé une excellente nuit, qu’il n’oublierait pas mais qu’il partait, qu’il n’y pouvait rien. » Il était comme ça. Il s’attachait aux femmes. Elles étaient divinement belles et sauvages. Certaine étaient même dangereuses, ce qui ne manquait pas de pimenter le batifolage. Des nuits folles, dans lesquelles il ne pensait pas en ressortir vivant. Mais il était toujours là.
Alors qu’il continuait à caresser Lunielle, son expression souriante changea vers une moue de gêne. Il faisait beau dehors, et la lumière ne tardait pas à s’intensifier. Sa sensibilité s’étant accru, il était dans l’obligation de rester dans l’ombre, jusqu’au couché du soleil. Ou attendre qu’il pleuve…
Zeviehl eut un supplice dans son regard. Il s’excusa auprès de l’elfe et se leva. Il courut vers son sac et en sortit une couverture. Aussi rapide qu’un faucon, il s’abattit, avec habileté, aux côtés de sa partenaire et lança la couverture sur eux. Elle les recouvrit, ne laissant passer qu’un petit filon de lumière à peine perceptible. Il se sentait un peu plus à l’aise… Il s’excusa maladroitement. Puis revint un petit silence. Il prit le temps de réfléchir à ce qu’il allait dire, car par souci… vampirique, il n’était pas partit, laissant l’elfe seule, avec des bons souvenirs. Il l’espérait en tout cas. Partir… C’était sa manière de dire « au revoir ». Mais en face, c’était plus compliqué ? Peut-être pas…
- Lunielle…

Il aimait la vie. Ce qu’elle offrait sont des cadeaux. Il voulait en profiter, tant qu’il le pouvait encore. Et l’amour, bizarrement, n’était jamais venu toquer à la porte de son cœur. Etait-il donc maudit ? Certain dirait que oui, vue ce qu’il lui était arrivé… D’autre dirait qu’il était impossible pour un homme libre d’aimer. Sentiment un peu égoïste qui rendait fou. L’idée de n’avoir qu’une seule femme dans sa tête, tout le temps, le préoccupant au point de ne plus manger… Peu enviable.
Alors il regardait cette femme, cette belle elfe, Lunielle Elwindor… Que pouvait-il bien lui dire désormais…
Il ne trouva pas les mots, pour le moment…

Spoiler:

Spoiler:

- Les instants que nous venons de passer resteront à jamais gravés dans ma mémoire. Je suis une elfe, tu es un vampire.
C’était une vérité fatale. Zeviehl soupira intérieurement. Il était vampire, mais cela n’a toujours pas été ainsi. Ses instincts disons plus humain étaient intacts, parfaitement présents. La preuve en cette chaude nuit…
Mais il était vampire. Il ne pouvait songer vivre de nouveau parmi les autres. Il n’avait plus sa place dans les villes et ports marchands. Il ne possédait plus d’avenir qu’ont les bons vivants, ceux qui vivent leurs quotidiens. Zeviehl doit aspirer à une vie solitaire, loin des préjugés qui le nuiraient, loin des gens qui pouvaient subir son intarissable soif de sang.

Lunielle ajouta que les deux espèces, elfe et vampire, eurent des conflits. Zeviehl savait que les humains furent en guerre avec beaucoup de monde. Par contre, ce conflit à « la naissance du monde » ? Il ne le savait pas. Ce devait être une histoire racontée par d’anciens savants. Il avait encore des choses à apprendre sur la culture de… son espèce d’adoption.
- Je n'ai rien contre les vampires, mais si je pars...
Zeviehl écouta attentivement.
- Si je pars, tu ne pourras sûrement pas me suivre, du moins pas de jour. De plus, je suis maintenant rattachée à un navire et équipage, hors la mer n'est pas, et de loin, ton terrain de prédilection.
Ah ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui lui arriverait s’il s’approche de l’eau ?
Zeviehl n’avait pas encore croisé de point d’eau, n’étant plus empressé de trouvé à boire pour étancher la soif. Celle de l’eau, pas celle du sang. D’un problème en nait un autre.
- J'aurais grandement aimé poursuivre ce que nous avons si bien commencé mais...
L’homme restait suspendu aux lèvres pulpeuses de Lunielle.
- Je sais que si nous nous séparons maintenant, si tu me laisse partir, tu risques de ne plus me voir de la même manière. Car les raisons qui m'ont poussée à revenir sur Lan Rei sont que je recherche quelqu'un...
Oh… C’était une confidence ou un aveu ? Zeviehl savait pour lui garder les secrets. Ce n’était donc pas Lunielle libre comme l’air, mais Lunielle une femme avec des secrets. Avec une face cachée. Il adorait ça. Alors, elle cherchait quelqu’un ? Zeviehl, de naturel curieux, aurait demandé plus d’informations, du genre : qui donc ? Quoi ? Pourquoi ? Et promettant à l’elfe le mutisme à vue. Mais il se ravisa en voyant le visage de l’elfe, tiré par la gêne.
L’homme aux yeux de miel lui sourit sincèrement.
- Si tu dois partir, je ne te retiendrais pas. Si tu étais partie avant le levé du soleil, je ne t’aurais pas blâmé. Et que tu me dises que tu cherches quelqu’un ne changera pas non plus mes pensées. J’ai passé un très bon moment avec toi.

Il laissa un petit silence. Oui, il se mit à la tutoyer. Il le faisait rarement. Mais il voulait la mettre à l’aise, et lui aussi du coup…
- Tu sais… J’ai rencontré beaucoup de femmes dans ma vie… ma vie humaine, ajouta t-il souriant. Elles ont toutes leurs secrets.

Cela compliquait souvent les choses… Il le savait. Certaines voulaient de la compagnie autre que leurs conjoints. D’autre désiraient goûter au plaisir charnel, en cachette, sans que personne ne le sache, sous peine de subir les représailles. Elles étaient vierges ou non. Promise à un autre ou simplement qu’elles se sentaient trop seules. Toutes payaient la maison et choisissaient le partenaire de chambre. Bien sûr, toutes étaient adultes, responsables et conscientes de leurs actes. La majorité d’entres elles renfermaient des secrets intimes, découvert avec quelques verres ou parce qu’elles voulaient partager un fardeau trop lourd.
Et Lunielle ? Quelle femme était-elle ? Zeviehl afficha un regard curieux, essayant de percer les portes de son âme. Il sourit, se ressaisissant.
- Je n’ai forcé aucune d’entre elles à me donner leurs raisons, ajouta t-il, sincère.

Il n’avait pas de raison de le faire. Sauf si on lui demandait d’enquêter. Certains hommes du bordel furent même payés pour ça. Zeviehl n’était pas de ceux là, il resta un honnête marchand et assassin… Enfin presque… On avait tous des choses à cacher.
Mais désormais, entreprendre ce qu’il faisait comme métier ou ce qu’il aimait faire avec les femmes s’avérera plus difficile. Il avait pu le faire avec Lunielle seulement grâce à elle, et à son don volontaire de sang.
- Mais tu as raison. Je suis un vampire, avoua t-il.

Il fit une moue triste et résigné, et en recroisant le regard de Lunielle, adopta de nouveau le charmant sourire.
- C’est malheureux, mais ça ne changera plus.

Apparemment, les vampires vivaient éternellement. C’était bien plus long qu’une vie… Zeviehl soupira.
Existait-il des moyens de… « Résurrection » ? Sans doute fallait-il évité d’espérer.
Ainsi soit-il.

Mais les monstres connaissaient les plaisir de la vie, finalement. Car il sera considéré comme un monstre sans âme, sans cœur, assoiffé de sang. Il faudra bien qu’il se nourrisse avec une véritable nourriture. De tuer des gens. Lunielle lui avait offert matière à réfléchir mais également aidé à faire le premier pas vers sa nouvelle vie.
- En tout cas, laisse-moi te remercier pour cette superbe nuit, suggéra t-il, essayant de rester optimiste sur son sort et de ne pas s’en plaindre.
Il s’approcha pour l’embrasser tendrement.
- Merci, Lunielle.

Peu importe ce que tu feras, peu importe comment tu me vois à ton tour. Merci.

Spoiler:

Lunielle arrêta la progression de Zeviehl, alors qu’il allait l’embrasser. Il ouvrit des yeux étonnés et croisa ceux de l’elfe, plus sérieux.
- Si un jour tu as besoin d'aide ou quoique ce soit d'autre, appelle-moi et je n'hésiterais pas à te venir en aide. Nos chemins se croiseront de nouveau un jour, c'est certain.
Proposait-elle son amitié ? Zeviehl eut un mouvement de recul dans lequel il s’imagina être ami avec une femme. Ce sera bien la première fois… C’était bizarre. Aucunes femmes, qui l’avait ou non côtoyé au lit, avaient proposés de l’aider en cas de problème. Les seules personnes, en qui il eut confiance et l’avaient aidé à traverser les pires moments de sa vie, étaient ses vieux compagnons, Mahel, Gareth et Théris. Disparu eux aussi…
Zeviehl sourit. Car l’idée d’être ami avec une femme ne lui déplaisait pas. Il n’avait juste pas pour habitude de revoir ses amantes. Manque de chance ? Non, le monde était juste très grand, pour lui en tout cas. Il se débrouillait toujours pour que le monde ne soit jamais petit. Sa liberté de faire et pensé serait écraser sinon. Beaucoup de compatriote, plus maintenant puisqu’il n’était plus humain, n’aimait pas vraiment les hommes comme lui. Donc, si le monde était assez grand pour les éviter, cela arrangeait bien des choses, surtout le nombre d’hématome s’en voyait diminué.
Mais il réfléchirait à tout ceci plus tard. Les lèvres pincées de Lunielle attirèrent son attention. Un signe nerveux ou de gêne que tant de femme possédait. Il l’aimait bien lui, ce tic.
- Je me dois d'être honnête avec toi. La Nuit que je viens de passer a été plus que délicieuse, je ne l'oublierais jamais. Mais tu dois savoir que la personne que je recherche je la connais depuis longtemps. Cela fait trente-trois ans pour être exact. Cette personne, j'ai passé des centaines de Nuits tout aussi délicieuses en sa compagnie. Je cherche Ranarel Legendor, mon premier amant.
Ce nom ne lui disait rien. En même temps, notre vampire connaissait très peu d’elfe. Lunielle était la première elfe qu’il su son nom et en plus une partie de son histoire. Elle lui confia un récit détaillé sur sa rencontre avec ce Ranarel. Ce dernier avait bien de la chance de connaître une fille comme elle.
- Ne t’inquiète pas tu ne m’ennuie pas, continue s’il te plait.

- Notre relation a duré quatre ans, le temps qu'il achève ses études au sein de l'académie. Il est ensuite entré dans une sorte de corps d'armée... Je ne l'ai plus jamais revu. La dernière fois que je l'ai vu, il m'a dit que si un jour je le cherchais, je n'avais qu'à le rejoindre à l'endroit élevé où l'on peut apercevoir à la fois un soleil doré et un soleil bleu. J'ai déjà été promise à un autre homme, mais il est mort...
Zeviehl ne connaissait pas un tel endroit. Mais il devait être de toute beauté. C’était peut-être une métaphore d’ailleurs…
Ranael était donc un guerrier, partit dans une armée. Chez les humains, les hommes qui ne revenaient pas étaient signalés morts ou disparus. Il ne savait pas comment cela fonctionnait chez les elfes. Mais Lunielle n’avait pas précisé s’il était partit en guerre ou dans une simple patrouille de gardes. Mais un homme devait avoir de très bonnes raisons pour laisser dernière lui la femme qu'il aime. Zeviehl ne savait pas, il ne comprenait pas. Il n'avait jamais aimé, pas de cette manière. Et il espérait que cela ne lui arrive pas. Pourquoi ? Liberté et amour ne sont pas des couples vraiment associable ? S'il venait à aimer, il devra se consacrer à cette élue. C'était inimaginable.
D’habitude, Zeviehl s’abstenait d’être curieux avec ses amantes, mais avec Lunielle c’était différent. Elle l’avait touché. D’une manière ou d’une autre, il espérait l’amitié, si c’était bien ce qu’elle proposait… Peut-être que la solitude dans cette forêt avait fini par entamé son côté forte tête, face aux lois de ce monde.
Lunielle se leva. Le vampire remit la couverture de façon à ne pas être gêner par le soleil mais aussi pour pouvoir voir l’elfe, encore nue.
- Je ne peux pas vraiment t’aider à trouver ce lieu. Un endroit élevé ? Peut-être les montagnes de Brendian. Mais je n’ai jamais entendu dire qu’il pouvait y avoir un soleil bleu au sommet. C’était peut-être une image ?

Zeviehl n’était pas vraiment poète. Sauf avec le vin…
- J’espère que tu le trouveras, sourit-il avant de se lever à son tour.
Il prit soin de garder la couverture sur lui, faisant une capuche improvisé pour sa tête. Il observa Lunielle en silence. Elle allait bientôt partir. Il voulait lui dire quelque chose… de gentil… Il était plus doué à esquiver les autres qu’à leur dire au revoir. Il s’approcha d’elle pour lui faire face.
- J’espère aussi que nous nous reverrons, et je te remercie de l’intention que tu me portes. Je pense être en sécurité dans la forêt, pour le moment. Je ne peux pas aller bien loin, temps que je n’ai pas plus de force…

Il fit une pause, cherchant ses mots.
- J’aurais voulu t’accompagner… Si un jour j’ai les moyens de lancer une recherche, je le chercherais de mon côté. Comment puis-je prendre contact avec toi au moment venu ?

S’il avait bien compris, elle appartenait à un équipage de navire. Cela risquait d’être très compliqué, mais s’il avait réussi à avoir un chat auprès de lui, il arrivera bien à avoir un pigeon messager. En espérant que Mr Grifou se retient de le manger…
En faite son plan était de financer des recherches. Zeviehl avait eu des contacts à l'époque, et il n’avait pas trop perdu de son apprentissage au niveau de la négociation. Il n’y avait qu’un elfe Ranael Legendor dans le Lan Rei. Il ne sera pas trop dur à trouver.