Seul un elfe peut trouver un elfe ? Mais est-ce qu’un elfe peut échapper aux ombres mouvantes de la nuit ? Bon, qu’il en soit ainsi. Pour le moment, Zeviehl n’avait aucun moyen d’aider Lunielle. Quand il aura bien pris totalement possession de sa nouvelle nature, peut-être rentrera t-il en contact avec quelques fripouilles capables de pister des gens.
Mais sur l’heure, dans le présent, une elfe alla se vêtir. La voir ficeler son petit string fit sourire doucement l’homme, qui ne pouvait pas s’empêcher de la dévorer du regard. Elle s’habilla de façon élégante, rapide mais tout en souplesse. Zeviehl quand à lui resta dans sa couverture, nue comme un ver en dessous. Il n’avait pas froid… Normal.
- Il s'appelle Ranarel Legendor. C'est un elfe très puissant, il maitrise les armes comme un chef et c'est un redoutable chasseur. Si tu le croises, c'est qu'il aura décidé de se montrer.
Chouette ! Ou qu’il aura décidé de chasser du vampire. Zeviehl s’empêcha de faire une moue contrarié à lui-même. Il préféra l’écouter attentivement.
Lunielle se mit à parler de son amant avec précision. Le vampire eut le droit à une description détaillée, suffisamment pour en faire un portrait dans sa tête. L’avantage à avoir pour être assassin, c’était de toujours connaître sa cible et de bien mémoriser chaque détail de son physique mais aussi de sa personnalité. Si la personne que vous pourchassez était plus grande que vous ou plus coriace, fallait mieux redoubler de prudence. Mais pour cela il suffisait de connaître les détails. Au final, Ranarel était le portrait parfait d’un être parfait. Comme beaucoup d’elfe… Et les humains appréciaient leurs compagnies. Ils étaient si beaux. Zeviehl en avait rencontré très peu. Il espérait tout de même reconnaître facilement l’amant de Lunielle quand il le croisera, s’il le croise un jour… Ce qui n'était pas gagné d'avance.
« Son charisme est sans bornes, il pourrait presque être un vampire. Comme toi, c'est un séducteur. »
Oui… Il n’aura aucun mal à reconnaître ce genre de personne.
Sous les yeux curieux du vampire, Lunielle, après s’être totalement habillé, sortit un… une sorte d’instrument, assez petit pour tenir dans une main. Elle souffla dedans, ce qui ne manqua pas de réveillé le félin plus loin derrière. Un magnifique oiseau fit alors son apparition. Il était magnifique ! On aurait dit une espèce d’aigle sans pour autant paraître dangereux, et ses couleurs harmonisaient son plumage d’une luisance parfaite.
- Il est superbe…
- Voici un Felliry. Les elfes utilisent ce genre d'oiseaux pour transporter des messages et de petits paquets. Très dociles et faciles à apprivoiser, ils n'obéissent qu'à leur maitre et celui que celui-ci désigne, ce qui est mon cas aujourd'hui.
C’est alors qu’elle lui tendit le "sifflet". Il le prit entre ses doigts, un peu hésitant. Lunielle lui expliqua en quelques mots comment cela fonctionnait. Il suffira que Zeviehl souffle dans l’instrument pour appeler l’oiseau, cela quand il voudra et n’importe où. Lunielle fouilla ensuite son sac. Elle fit quelque chose qui le surpris, notamment frotté le tissus sur lui... Le vampire n’eut pas le temps de dire quoi que soit.
- Fea, je te présente Zeviehl Voronwë. Tu delivreras tout ce qu'il te donnera à livrer, c'est d'accord ?
Et c’est tout ? L’oiseau lui obéira ? Sans savoir qui il était ni rien ? Très étonnant. Elle sortit un peu pour permettre à l’oiseau de s’envoler. C’était déjà bien étonnant qu’il se soit posé sur son bras en s’engouffrant dans la petite entrée de la grotte… Zeviehl ne sut quoi dire. C’était un cadeau inestimable.
- Merci beaucoup, Lunielle, je…
Il ne possédait pas grand-chose en échange qui pouvait être très utile. Juste peut-être…
- Laisse-moi t’offrir quelque chose pour te remercier, mon amie.

L’homme siffla. Mr Grifou dressa ses oreilles. Il se déplaça vers le sac de son maître et prit dans sa gueule quelque chose qui, à première vue, ressemblait à un collier. Le chat le traîna derrière lui, s’approchant des deux autres. Zeviehl prit son chat dans les bras et s’empara de l’objet.
- Le chat a bien retenu le signal, comme je lui ai appris. Le signal qui aurait signifiait « on s’en va en mer mon matou ! ». Mais ça n’arrivera plus. Alors je préfère te le donner, toi qui voyage beaucoup.

Il tendit le collier qui retenait en faite une boussole en argent. Une gravure sur le couvercle représentait un navire naviguant sur des flots d’étoiles. Il y tenait beaucoup… C’était un des rares objets qu’il put s’offrir "honnêtement". Mais il voulait lui donner. A la fois pour la remercier, mais aussi, parce qu’il sera bien plus utile à servir de guide qu’à pourrir dans son sac à dos.
- Et ne t’inquiète pas trop pour moi. Je… je n’ai pas l’intention de mourir. Et puis, Mr Grifou veillera sur moi, ajouta t-il en riant, montrant toutes ses dents avec ses canines, pour pas faire de peine à celles-ci. Il avait horreur des adieux… Il était toujours partit avant. Ce sera bien une première, de regarder une femme… Plutôt une amie, s’en aller. Oui, une amie. Car elle l'était.

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Le collier était magnifique. D'un argent pur, il luisait dans la pénombre, le bateau se trouvant dessus dansant sur des flots étoilés. La pensée que le bateau en question était un galion me traversa l'esprit, sans franchir pour autant le barrage de mes lèvres. La chaînette en argent qui l'accompagnait était composée de fins maillons brillants, ce qui démontrait l'expertise de son créateur.

Je ne savais que dire.

- Je ne peux pas accepter...

Il ne me laissa pas le temps de protester davantage et me le fourra simplement dans les mains avec un grand sourire qui faisait saillir ses canines pointues. Avec un soupir résigné, je me retourne et lui demande de me l'attacher, chose qu'il fit joyeusement.

- Merci...

Ce fut la seule chose que je parvins à prononcer. Non, je ne vais pas pleurer. Les adieux ne devraient pas être tristes. Je place mon sac de voyage sur mon épaule, mets l'arc enroulé dans sa couverture dans l'autre, attache mon carquois à ma taille. Puis, je m'approche de Mr Grifou et le gratte sous le menton, produisant un doux ronronnement.

- Veille sur lui pour moi, d'accord ?

Sans attendre de réponse, je me redresse et m'approche d'un pas rapide vers Zev. Avant qu'il n'ai le temps de faire quoi que ce soit, je l'embrasse à l'arrachée. J'essaie de mettre toutes mes émotions dans ce baiser, sûrement dernier baiser que nous échangeons. Après un long moment, je recule précipitamment et me retourne. Je m'approche rapidement d'orée de la grotte. Là, je monte sur un rocher se trouvant non loin.

Le soleil se lève alors. Il étire paresseusement ses rayons clairs, inondant mon visage, puis mon corps tout entier. Je ferme les paupières, soupire doucement en sentant la chaleur réchauffer ma peau légèrement bronzée. Je repousse une mèche dorée. Fière, je me tiens droite sur le rocher. Fière de mon passé, de mes actes, de ma vie, de ce que je suis devenue et surtout de ce vers quoi j'avance.

Je me retourne vers Zev. Mon regard azur, croise l'orange profond de ses yeux à lui.

- À bientôt !

Mon sourire charmeur s'accompagne d'un clin d'oeil et je saute du rocher. Le Vent guide mes pas, cela a toujours été comme ça. Mais cette fois-ci, j'accueille l'horizon devant moi à bras ouverts. Rapidement, je me mets à courir sur le chemin de terre, attrappe une branche au passage et commence à me hisser de plus en plus haut, de plus en plus vite. J'ai toujours aimé le danger, l'agrénaline, le fait de ne pas savoir ce que nous réserve le lendemain. Après tout, c'est ce qui fait que la vie est si pétillante.

J'arrive au sommet du plus haut arbre de la forêt et observe le magnifique paysage qui s'étend à mes pieds. Je soupire de bonheur et explose même de rire. Mon regard se tourne alors vers une immense cité collée à la mer : Reilor, capitale de Lan Rei. Comme on se retrouve, vieille amie. J'ai tout à coup une soudaine envie de boire, danser et défoncer quelques crânes. Et je sais déjà où je peux étancher ces envies. En ville, je pourrais aussi trouver des informations sur les différents elfes de la région, nous sommes très peu nombreux.

Descendant de l'arbre, j'ai encore une pensée pour Zev. Je souris encore et avance, la boussole d'argent luisant sur ma poitrine. C'est une belle journée...[/i][/justify]

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