Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."
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 Quand la mer rejette un papillon [Ancien mode d'Entrée]

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Norui Minai
~¤Luciole egarée¤~

Norui Minai

~¤Luciole egarée¤~

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Localisation : Partout et nul part. La tête dans les nuages, les pieds sur terre et les mains dans le vague.
Métier/Fonction : Rêveuse errante

Quand la mer rejette un papillon [Ancien mode d'Entrée] Empty
MessageSujet: Quand la mer rejette un papillon [Ancien mode d'Entrée]   Quand la mer rejette un papillon [Ancien mode d'Entrée] EmptyVen 22 Juin 2007, 19:36

Les vagues folles charriaient dans leur agitation quelque chose, une petite silhouette épurée au plumage immaculé malgré les maltraitances de la mer. Un oiseau. Oui, ça devait être cela, un petit oiseau aux plumes blanches, agglutinées par l'eau et le sel, et qui roulait et qui roulait, dans ce qui ressemblait à de la dentelle. L'écume moussait joyeusement dans ses ailes, y brodant des arabesques éphémères, tandis que le ressac faisait danser d'avant en arrière l'oisillon, dans un tango incertain et violent, le rapprochant du rivage avant de lui arracher cet espoir de retrouver la terre, pour le ramener brutalement vers le large. Cette valse dura longuement, sans en laisser deviner l'issue. Mais finalement, une vague eut pitié de cette frêle créature et, allongeant son bras aussi loin qu'elle le put, elle l'abandonna au soin d'un petit banc de sable, tout près de la plage. L'eau à cet endroit n'était pas profonde, et malgré leur rage, les flots n'arrivaient pas à récupérer leur malencontreux partenaire de danse, et ils durent donc se résigner à l'abandonner.

Ce dernier d'ailleurs, loin de la folie de l'onde, sembla reprendre vie, s'ébrouant faiblement. Un frisson parcourut son échine, faisant s'agiter ses ailes dans un froissement. Les plumes outragées firent voler quelques gouttelettes cristallines, avant de se replacer dans un assemblage désordonné et splendide. Sentant ses genoux contre le sable, rencontrant enfin un appui, la demoiselle réussit enfin à faire immerger sa tête désorientée, ses cheveux argentés bataillant contre l'attrait de l'eau, ressemblant à ses plumes capricieuses. Une demoiselle? Oui apparemment, puisque son visage blême, enfantin et perdu mais assurément humain, se dressait au milieu de cette myriade de plumes folles, observant la surface de l'eau, à quelques centimètres à peine de son petit nez mutin. Elle était sur le ventre, ses coudes la soutenant en tremblotant, alors qu'une toux sèche et douloureuse l'agita un moment. Le sel brûlait avec acharnement sa gorge et ses poumons, comme pour la punir de ne pas être restée avec la mer. Sa peau pâle était parcourue par des frissons lancinants. Elle avait froid. Terriblement froid. Ses dents s'entrechoquaient dans un rythme saccadé, produisant un son glacé et clair, alors que ses minces lèvres étaient bleutées, comme si toute chaleur avait quitté ses traits. Mais ses grands yeux vermeils, qui jusque là semblaient éteints, illuminèrent finalement son visage, lui donnant son air farouche et songeur, terriblement expressifs et émotifs, y rattachant enfin un véritable éclat de vie. Penchée au-dessus des vaguelettes, elle pouvait voir à travers l'eau claire ses mains s'enfonçant dans le sable, mais surtout, elle pouvait voir sur la surface translucide son reflet. Un mince sourire, maladroit mais heureux s'y dessina. Elle était donc en vie! Son sourire allait s'élargir, mais soudain elle sembla affolée. Dans un geste hâtif et inquiet, elle porta ses mains, ses deux oiseaux fous et agités, vers ses hanches, faisant s'entrechoquer les bracelets d'or et d'argent qui ornaient ses poignets fragiles, dans un concert de tintements légers. Il était toujours là! Un éclat de rire soulagé mêlé de toussotements la prit, et la jeune inconnue se laissa glisser sur le dos, prenant garde à tenir hors de l'eau l'étui qu'elle portait en bandoulière. Ses prunelles ardentes contemplèrent le ciel au-dessus d'elle, puis le large. On aurait dit une mer d'or fondu. La jeune fille souriait, heureuse et émerveillée.

Elle resta ainsi longtemps, rêveuse, les vagues venant la chatouiller, projetant embruns et gouttelettes sur son visage. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait naufrage, s'échouant ainsi sur une plage inconnue. Elle soupira. Encore une fois, elle avait pris la mer seule, sur une petite barque vétuste. Il fallait bien qu'elle fasse quelque chose! Personne ne la croyait, pourtant, elle, elle le savait. Malgré son amnésie, elle savait qu'autrefois, elle était un des seigneurs des mers! Elle était même l'un des plus brillants capitaines parmi les pirates! Un léger sourire fier fleurit sur ses lèvres quand elle repensa au monde des forbans, mais son sourire devint vite amer. Elle n'avait que 17 ans, du moins c'est ce qu'elle supposait, et son innocence la faisait même parfois paraître plus jeune. Quand elle partait à la recherche d'un bateau et d'un équipage, racontant avec une fierté candide son passé de maîtresse des corsaires, les marins se moquaient d'elle, lui rappelant son âge, lui disant brutalement de revenir à la réalité. Mais la jeune fille ne leur en voulait pas. Et puis, ils ne pouvaient pas reconnaître son nom, c'était bien normal, puisqu'elle l'avait oublié. Car même Norui, même ce prénom était pure invention. Comme son nom. Elle ne s'en connaissait pas d'autres que ceux qu'elle s'était choisis elle-même, voilà quelques années. Allongée dans l'eau et le sable, elle se souvenait encore de ce jour. Une dame imposante lui avait demandé comment elle s'appelait. Interloquée, Norui lui avait demandé ce que cela signifiait. Elle avait ensuite passé des heures à réfléchir, à peser chaque idée, pour les repousser tour à tour, jusqu'à trouver "son" nom. Norui. Ce mot signifiait ardent, ensoleillé dans son langage, celui qu'elle se susurrait parfois. Le vrai langage. Celui qui donnait le vrai nom des choses. Alors oui, elle serait Norui, le soleil, l'étincelle. La seule. Minai. L'unique. Norui Minai, ce n'était pas son nom. C'était elle.

Toutefois, la voyant comme une pauvre gamine qui n'avait rien à faire sinon rêver et imaginer des histoires extravagantes, parfois les matelots s'amusaient à rentrer dans son jeu, et alors ils faisaient semblant. Semblant de se souvenir de ce que cette enfant racontait. En riant, ils disaient qu'effectivement, ils se souvenaient d'une petite fille dirigeant tout un équipage d'hommes faisant trois fois sa taille. Evidemment qu'ils se souvenaient de ses glorieux abordages, lorsque la fillette se lançait à l'attaque, sabre en main, exaltant ses hommes! Comment auraient-ils put oublier le charisme d'un si illustre capitaine? Alors, Norui était contente. Parce qu'elle, elle ne se souvenait pas de tout cela, de toutes ces histoires, ces détails. Elle savait juste qu'elle devait revenir à la tête d'un navire. D'ailleurs, comment avait-elle perdu le contrôle de l'ancien? Elle avait beau y réfléchir, elle ne réussissait pas à s'en souvenir. Mais ça n'avait pas d'importance.

Vagabonde, elle irradiait, parée des lambeaux de sa bohème. Elle brillait. Dans son esprit.

Quiconque l'aurait croisée, tous auraient pensé la même chose. Tout ce que l’on aurait retenu d'elle, c’est qu’il n’y avait pas personne plus gaie, plus heureuse au monde, plus souriante. C'était une enfant à l'allure de jeune femme qui était allongée là, d'une naïveté extrême sur certains sujets, touchant parfois à l'ignorance. Une gamine à l'air de sauvageonne, possédant une étrange poésie visible sur ses traits, et qui avait l'air de vivre en dehors du monde, à une autre époque. Un vrai soleil, un peu fou et rêveur, mais chaleureux. Et puis on l'aurait oubliée.
C’était dommage, en tous cas si l’on s’intéressait à la mécanique étrange des fous. Car folle, oui, elle l’était. D'une certaine et étrange manière.
Mais elle était lucide, et avait conscience de cela. Enfin, plus exactement, elle était vaguement consciente de ne pas avoir la même vision des choses que "les autres". D’en voir certaines qui n’existent pas, ou plutôt de croire à certaines choses que les gens qualifient de mythes et mensonges. Elle savait aussi que certaines de ses phrases semblaient cryptées pour "les autres", et totalement dénuées de sens. Mais elle plaignait "les autres", ceux qui n'étaient pas comme elle. Elle plaignait ceux qui étaient différents. Car la normalité, c'était elle.
Son monde était héliocentrique, et elle en occupait la plus belle place, rayonnante. Qu'elle aime, qu'elle déteste, peu importe! Elle, elle était le soleil. Et le soleil a tous les droits.

Quelquefois, dans le délire de ses ballades, elle s'égarait à raconter ce qui lui semblait des souvenirs. Une vie heureuse, presque utopique à bord d'un grand vaisseau. Un endroit où elle n'était plus le seul Soleil. Non, dans ses rêves éveillés, dans ses divagations, il y avait quelqu'un. Une personne qui d'un mot réussissait à déverrouiller l'univers, à peupler chaque chose d'une âme, d'une vie, de poésie et de beauté. Une personne qui d'une parole lui offrait le monde, cet énorme animal endormi, cette créature bouleversante et vivante, qui respirait sous ses pieds. Les couleurs étaient belles dans ce monde, si belles! Dans le monde que redessinait sa mémoire, ils étaient seuls et bien, avec l'équipage bien sûr. Et la mer. Rien d'autre n'existait à part eux et ce qu'ils imaginaient. Ils étaient deux astres qui se blottissaient l'un contre l'autre. C'était un grand jeu. Cette personne rendait le monde extraordinairement beau. Et c'était surprenant. Et c'était tout.
Mais ses paroles décousues n'avaient pas de sens pour "les autres", qui ne comprenait pas à quel point son passé était beau. Les gens ne croyaient pas à la réalité que dépeignait la petite albinos. Pourtant de quelques traits, elle se redessinait le monde, le simplifiant, le faisant sien, pour essayer de faire en sorte qu'il ressemble à son Eden perdu. Car sa vie se résumait à cela. Elle rêvait son monde, sa vie, commençait doucement à y croire, à s'y plonger. Puis enfin, elle décrétait que c'était sa vérité. La seule valable.
C'était ainsi que s'égrenait la vie de ce soleil aux airs de lune turbulente, cette perpétuelle contradiction, entre naufrages et envie de vivre.

Quand elle quitta finalement ses songes dans un soupir satisfait, la nuit s'était paisiblement installée. Ce devait être la marée basse, car les vaguelettes qui la submergeaient parfois un peu plus tôt ne faisaient plus que lécher ses pieds désormais. Elle soupira à nouveau puis s'étira, appréciant une dernière fois la simplicité de l'instant. Un peu plus loin, le long de la côte, elle apercevait les lumières d'un grand port qui se reflétaient sur la surface noire et profonde. La demoiselle se redressa et, assise tranquillement, observa un peu plus la ville portuaire qui se tenait là-bas. La rade et les quais semblaient immenses, et pourtant, la moindre parcelle était occupée. Les voiles et les mats dessinaient un étrange tableau. Par delà les limites des docks, la ville s'étalait paresseusement, altérant la nuit par ses lueurs nocturnes. Elle eut un léger rire qui creusa joliment deux petites fossettes aux coins de ses lèvres. C'était Reilor qu'elle apercevait au, elle en était persuadée. C'était une bonne nouvelle, dans la capitale, elle trouverait sûrement un équipage.

Ravie par cette perspective, elle avait déjà oublié sa mauvaise expérience, et elle se redressa vivement. Sa prestance était surprenante, et son allure de bohémienne effarouchée, qui ressemblait vaguement à un mythe, l'était tout autant. Son visage fin et étrange était radieux, encadré par ses cheveux effilés, lisses, et sa frange irrégulière. Sa chevelure, qui semblait emprisonner quelques rayons lunaires, était entremêlée de quelques perles et de plumes, et dans cette crinière d'argent fondu, s'agrippant à une mèche un peu plus longue qui retombait avec amusement dans la gorge délicate de la demoiselle, était accroché un petit éclat d'or, une petite clochette qui avait joué gaiement lorsqu'elle s'était levée, accompagnée par le chant de ses bracelets. Elle sourit doucement. C'était sa musique. Elle l'aimait.

La gamine se mit en route tranquillement, la mer lui tenant compagnie sur sa gauche. De l'autre côté, profitant des averses régulières de l'île, quelques arbres noircissaient un peu plus la soirée. Puis ces arbres se resserrèrent, devenant véritable forêt. L'albinos sourit, comme elle le faisait si souvent. L'endroit où elle avait atterri, malgré sa proximité avec la capitale, restait originel et désert. Enthousiaste, elle continuait sa progression de son allure éthérée. C'était une petite gazelle, un animal aérien, imprenable, à l'allure pacifique, et pourtant, il y avait tant de choses qui pouvaient menacer une si fragile existence! Sa démarche ressemblait presque à la danse d'une gitane. Ses pieds éternellement nus qui ne faisaient qu'effleurer le sable, faisant danser quelques grains dans le vent, l'étui qui battait ses hanches dans un tempo régulier, ses anneaux affolés, ses jupons alourdis par l'eau, qui collaient à ses jambes frêles, et qu'elle relevait de sa main blanche: une bohémienne qui se serait perdue mais qui garderait en son cœur et sur son visage les secrets d'une liesse inépuisable. Et au milieu de ce fougueux assemblage de vie, son visage irradiait, inaltérable, chaleureux, crevant les nuages qui pouvaient se dresser devant elle, sa figure était le plus beau des rayons, celui qui ne s'éteindrait jamais, ni avec le temps ni avec les intempéries.

C'était l'enfance de l'art.

La nuit commençait à s'approfondir, et toute personne normale se serait inquiétée, hâtant le pas. Mais pas Norui, qui flânait tranquillement. Elle paraissait si fragile pourtant, un simple souffle qui se serait égaré entre ce monde et le sien. Et le vent semblait s'acharnait sur elle pour la briser, la plier, mais ça ne la rendait que plus irréelle, d'une grâce peu banale, et presque mystique sous la Lune. Même en pleine nuit, elle restait le soleil. Elle n'avait donc rien à craindre, et elle poursuivait sa course vers les éclats du port.
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Ether
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MessageSujet: Re: Quand la mer rejette un papillon [Ancien mode d'Entrée]   Quand la mer rejette un papillon [Ancien mode d'Entrée] EmptyMer 08 Aoû 2007, 13:58

A l’horizon, quelques couleurs timides tentaient de tenir tête à l’obscurité grandissante. L’astre du jour avait déjà battu en retraite pour disparaître derrière son masque d’eau. Les étoiles commençaient lentement à apparaître, des centaines de lucioles sortant du sommeil. Une légère brise se faisait sentir sur les côtes de Lan Rei ; le bruit des vagues retentissait avec douceur sur les rochers entourés d’écume. Ether approchait. Vagabonde, elle venait de partout ; elle était dans les couleurs de l’horizon, dans la lueur des étoiles, dans le souffle du vent et dans les clapotis de l’eau. Fluide et légère, rien ne semblait ni pouvoir ni vouloir l’arrêter dans son élan ; elle était l’absolu et le néant, l’imperceptible rideau qui voilait le regard de chaque espèce pour l’empêcher de voir ce qui l’attendait au délà.

Ether observait avec attention la jeune ange s’échouer sur les côtes de l’île. En réalité, elle était fascinée. Un si petite créature, fragile et téméraire d’apparence ne pouvait susciter chez l’entité autre chose que de la tendresse ; c’était en tout cas le sentiment le plus proche de ce qu’Ether ressentait par delà sa vague personnification. Une aura déterminée s’émanait de l’enfant qui gravissait la petite pente que formait la plage.

Le soleil s’en était allé. Les seules lumières, à présent, venaient du port et de quelques maisons que l’ont pouvait apercevoir au dessus des rochers et des remparts. Ether, inlassable, regardait toujours avec intêret la mignonne petite créature gagnée par une fatigue malvenue. La marée semblait ralentir pour ne pas attraper de nouveau l’ange dans ses vagues traitresses. Si Ether avait un visage, elle aurait certainement sourit. La jeune Norui ne risquait plus rien ce soir. Ether veillait sur elle...

Dans une fraîche brise du sud, Ether s’envola, comme un cygne suivant le courant d’une rivière jusqu’à son embouchure céleste.
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