"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| Je te retrouverais ( Sujet libre ) | |
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Invité
| Sujet: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Sam 12 Juin 2010, 10:20 | |
| Le sable. Comme je détestais cela. Chaque grain, se collait contre ma peau, sous mes poils, s’immisçait aux articulations de mes boulets et ces sensations étaient fort désagréables. La démarche que j’affichais le démontrait. Je levais les sabots aussi hauts que je le pouvais, et vu d’un regard extérieur, cela devait être bien comique. Je jetais un coup d’œil rapide à l’horizon bleu devant moi et une nouvelle fois, je soupirais. La lumière ici était presque insoutenable en comparaison avec l’ombrage des bois précédent. Même sur les plaines, elle n’était aussi brûlante. Je plissais les yeux sous la douleur. Mes épaules commençaient déjà à ressentir la forte chaleur et j’avais l’impression de cuire. Un peu plus loin sur ma gauche, il y avait un petit bosquet rachitique, rassemblement de quelques arbres perdus. L’ombre m’attirait comme du miel une abeille. Je m’installais alors sous leur bras généreux. Le sable me grattait le ventre à présent. J’espérais alors secrètement, que mon voyage m’amènerait rapidement à une source d’eau douce, pour me débarrasser du sable et du sel insidieux.
A l’ombre de mon bosquet, je pouvais prendre le temps de réfléchir un peu. La mer. Le bleu turquoise qui se réfléchissait dans le ciel rendait cet endroit magnifique, je ne pouvais le nier, même si j’étais plus habituée aux verdures des plaines et des forêts.
Cela faisait trois jours que j’avais quitté le clan. Comme je m’y attendais, personne ne m’avait retenu. La rancœur à mon égard, concernant le départ de Greid était bien ancrée, même si cela remontait à un an maintenant. Le regard perdu dans l’horizon, je murmurais :
-Greid…où es-tu à présent….
On m’avait laissé partir, pensant surement que je ne supportais plus les brimades, les reproches, pensant surement que j’allais vivre en solitaire. Mais ils ignoraient tout. J’étais partie avec un but : retrouver mon frère et le ramener.
La vraie difficulté était de trouver l’endroit ou lui-même avait atterri. Et comment avait-il quitté cette île ? L’avait-il vraiment quitté ?
Tant de questions me hantaient le crâne…et cette chaleur grandissante…. Je regardais en direction du soleil, m’aveuglant un court instant. Il était déjà bien haut. Mes longs cheveux commençaient à me coller dans le dos. J’attrapais un bâton assez fin mais solide à proximité. Alors je remontais mes cheveux en un chignon que j’attachais maladroitement avec le bâton, planté dans la masse. Quelques mèches n’avaient pas suivi, mais le principal était relevé, cela suffirait.
Bon, que faire à présent ? Demander de l’aide aux elfes ou bien trouver un moyen de quitter cette île ? Je me demandais ce que je trouverais en un autre lieu, et cette pensée excitait un peu mon côté aventureux autrefois bien calme. J’attrapais ma petite gourde d’eau en peau et la portait à ma bouche pour en boire une gorgée. Je ne pouvais pas rester ici à cuire, je devais me bouger… |
| | | *Humain*
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Dim 13 Juin 2010, 18:31 | |
| Kaplen avait trouvé ce qu'il cherchait. Même s'il ressentait une certaine tristesse dans le départ de Gwen -il savait qu'il ne la reverrait jamais- tout ce qu'il avait apprit sur lui même et sur ses parents le rassurait quelque peu. Il gardait sur son front le diadème offert par la sirène et ceint par le même peuple comme une preuve tangible de ce qu'il s'était passé.
Le jeune homme avait erré dans la forêt, arpentant les chemins sans aucun but précis, puis il avait retrouvé la plage, la mer et ses sens s'étaient éveillés. L'odeur de l'iode, le doux murmure du ressac, le vent qui lui caressait le visage, tout cela lui avait manqué, même s'il n'était pas parti longtemps. Il faisait parti de l'océan et la mer faisait parti de lui.
Maintenant il lui resterait à attendre, attendre que son équipage repasse devant l'ile et parte à sa recherche, comme d'habitude. Et comme à chaque fois, ils n'auraient même pas à descendre dans les terres, Kaplen serait présent sur la plage. Il marchait depuis un bon moment lorsqu'il aperçut une ombre au loin. D'après les traces que l'animal laissait, le jeune homme pensa à un cheval sauvage ou un animal de cette espèce. Mais plus il approchait, et plus la silhouette se découpait.
Un centaure... Une créature de légendes, mi homme-mi cheval, c'était un centaure qu'il suivait. Sa curiosité accrue -il savait que l'être qui marchait devant lui l'avait repéré depuis longtemps-, il continua sa route comme si de rien n'était, persuadé que la jeune femelle- visiblement s'en était une-, finirait par se retourner. |
| | | Invité
| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Dim 13 Juin 2010, 23:07 | |
| La chaleur rendait l’air de plus en plus étouffant. Quelle idée j’avais eu de venir jusqu’ici….Enfin, je ne devais pas me laisser abattre si facilement, je n’avais quitté mon clan que depuis trois jours. Ma volonté devait s’endurcir si je souhaitais toucher au but. Résignée à trouver un moyen de quitter cette île, je me levais et m’ébrouait afin de débarrasser mon ventre et mes pattes du sable fin. Les grains s’étaient facilement infiltré entre mes poils et à part un bon bain sous une cascade, je ne voyais pas ce qui aurait pu m’en dépêtrer. Je devrais donc faire avec. Les frissons de ma peau, électrisant tout mon corps firent le gros du travail. J’inspirais un bon coup et c’est alors que je le sentis pour la première fois.
A travers l’iode, une infime odeur, un parfum subtil. Délicate et intimement mélangée à l’odeur de la mer et de sel, cette fragrance me fit instinctivement tourner la tête dans cette direction. Mes oreilles un peu en pointe s’agitèrent en même temps, aux aguets. Mes sens de l’odorat et de l’ouïe étaient relativement bien développés, au même titre qu’un autre sens propre à mon côté équin. Le pressentiment du danger, la prudence, appelez ça comme vous voulez. Une petite voix dans la tête m’intimant à faire attention et à agir avec précaution.
Je plissais les yeux pour mieux voir la forme foncée qui avançait vers moi. Un bipède. Elfe ? Homme ? Autre ?
Je n’avais rencontré que des elfes jusqu’à présent, mais les Conteurs de ma tribu m’avaient raconté nombreuses histoires nous mettant en relation avec ces autres peuples. Je me campais instinctivement sur mes pattes, prête à bondir, les muscles tendus. Ma main droite chercha mon arc court dans mon dos, puis la gauche emprisonna une flèche entre ses doigts. Je ne voulais pas avoir l’air menaçant, mais je ne souhaitais pas non plus être prise pour une proie. J’étais ici en paix. Alors que l’être s’avançait encore, je commençais à deviner ses traits. Ses cheveux étaient longs, peut-être étais-ce une femelle en réalité ? Son corps semblait svelte et son ossature fine. Que venait-elle faire ici ? Qui était-elle ? Je n’avais croisé aucun village jusque là. Quelques pas encore, et je découvrais qu’il était bien un mâle. Ses oreilles sans pointes me confirmèrent qu’il était bien de la race des hommes, ce qui m’ordonna un peu plus la prudence. D’après les Conteurs, les Hommes étaient capable des pires cruautés envers les autres races. J’étais pacifiste, mais prête à me défendre s’il le fallait. Son approche était lente, comme fatiguée. Je le considérais un peu mieux, il n’avait rien d’un chasseur aux premiers abords.
Ses pieds ne s’enfonçaient pas dans le sol comme mes sabots, il était évident qu’il avait l’habitude de marcher sur le sable, alors que c’était un réel supplice pour moi. Une brise se leva au même instant, et le craquement près de mon crâne m’indiqua que mon pauvre bâton de fortune avait fait son temps. Le poids de la masse de mes cheveux avait eu raison de lui. Aidé par le vent, mes longues mèches sombres retombèrent en vagues épaisses sur mes épaules, puis dans mon dos.
Ma longue frange me masquant à moitié le visage virevolta un peu plus, laissant apercevoir mon œil vairon. Je ne quittais pas l’homme des yeux, c’était bien trop risqué. Les sourcils froncés de méfiance, je le laissais avancer encore un peu, puis quand il fut à quelques mètres de moi, je bandais mon arc m’écriant en sa direction :
-Halte !
Ses traits étaient beaux, incontestablement. Son visage était marqué par le soleil, légèrement teinté, mais ce qui attira le plus mon attention, ce fut son tatouage sous l’œil, en accord avec sa cicatrice.
C’était comme une peinture de guerre, une œuvre vivante avec lui. Certains de nos chasseurs se dessinaient des motifs pour s’octroyer les bonnes ondes de la nature.
Sans quitter mon arc, j’attendais qu’il s’arrête. Mon cœur battait à tout rompre, mais je faisais tout pour qu’il ne devine pas ma peur.
Dernière édition par Vayu'Ne le Lun 14 Juin 2010, 22:56, édité 1 fois |
| | | *Humain*
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Lun 14 Juin 2010, 01:26 | |
| -Halte!
Les mots raisonnèrent avec puissance en écho au bruit des vagues. Kaplen s'arrêta. L'animal qui lui faisait face le subjuguait. N'étant qu'un piètre cavalier, il connaissait peu les chevaux, et par la même se sentait impressionné par leur masse puissante et leur force désarmante. Mais ce qu'il voyait dépassait toutes ses espérances.
Le centaure devant lui possédait la croupe puissante et musculeuse d'un équidé, des membres fins et allongés et des sabots pareils à des ongles vernis qui brillaient comme des cristaux de quartz. Sa robe alezane se reflétait dans le soleil et donnait le change à sa longue chevelure brune qui lui tombait au niveau des épaules et sur le garrot. Ses longs bras fins et agile étaient contractés, elle tenait un arc aussi grand que lui et armé dans sa direction.
Impressionné, Kaplen continuait de fixer l'équidé avec curiosité. Et au regard que la jeune femme lui rendait, il voyait qu'elle faisait de même avec lui. Lançant un nouveau regard à la flèche pointée dans sa direction, il déglutit et chercha quelque chose à dire. Oh rien de très important, comme à son habitude, il entamait toujours très mal les conversations, mais cela avait le don de faire rire ses interlocuteurs. Le jeune homme espérait que par la même, cela détendrait la jeune femme.
-Bonjour, je... Je ne vous veux aucun mal... A vrai dire, c'est la simple curiosité qui m'a poussé à vous suivre. Je n'avais jamais vu quelqu'un comme vous...
Les longs cheveux noirs de la centaure dansaient autour de sa tête avec le vent, ils dévoilaient par moment ses deux yeux. L'un respirait l'océan et les grands espaces, le ciel infini et la pureté de l'eau, l'autre reflétait un empire déchu, des souvenirs de richesses perdues et de trésors enfouis, l'or à l'était pur. Si c'était bien la première fois que le jeune homme rencontrait des yeux d'une telle teinte, plutôt que de la peur, il ressentait un grand plaisir à observer ce visage parfaitement dessiné, ces iris envoutantes et ces longues mèches de cheveux qui s'envolaient dans tous les sens.
Lui même ressentait les effets du vent. Ses cheveux, qu'il avait détaché à son arrivée sur la plage jouaient le même ballet que ceux de la jeune femme. Ils venaient par moment se plaquer contre ses lèvres ou contre ses yeux, effleurant sa cicatrice et ses tatouages avec beaucoup de délicatesse. La jeune femme ne semblait pas à l'aise dans le sable. Ses sabots s'enfonçaient à chacun de ses pas, glissaient entre les grains de quartz et ne parvenaient à se défaire de leur étreinte. Kaplen quant à lui était parfaitement à l'aise, dans son élément. Il respirait l'odeur de l'océan comme celle de sa mère et jubilait intérieurement de son retour aux sources.
Il se disait qu'il n'aurait jamais pu naitre centaure ou quelque chose de la sorte, vivre toute sa vie sur terre lui était impensable. Plutôt mourir que de se retrouver à jamais cloué au sol. Et seuls les personnes qui partageaient sa passion pouvaient le comprendre. Il resta ainsi droit comme un I face à la flèche pointée dans sa direction en espérant sincèrement que la jeune centaure n'allait pas tirer. |
| | | Invité
| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Mar 15 Juin 2010, 00:24 | |
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L’homme avait son regard fixé sur moi. Son regard noir me transperçait et me rendait mal à l’aise. J’avais l’impression d’être disséquée sur place, dans les moindres détails. Pourtant, loin de m’en offusquer, je lui rendais la pareille, aussi intriguée que lui par cette rencontre miraculeuse. Bien sûr, je m’étais attendu à rencontrer d’autres espèces tout au long de mon périple, mais pas aussi vite, et pas de cette manière.
Sa bouche s’ouvrit, laissant sortir un son aussi cadencé que le regain des vagues. J’écoutais alors ce qu’il avait à me dire. Il ne me voulait aucun mal, du moins c’est ce qu’il disait. Mais pouvais-je vraiment faire confiance à cet Homme inconnu ? Sa race était fourbe d’après les Conteurs et a tromperie ne dérangeait pas, quitte à arriver à ses fins. Que me voulait-il vraiment ?
Les cellules de mon cerveau s’agitaient en tout sens, cherchant un sens à tout cela. Mais une autre part de moi écoutait attentivement ses explications. Ainsi donc il me suivait depuis un moment. Il avait dû marcher face au vent, je ne l’avais pas senti auparavant. La brise marine ne l’avait pas trahi alors. Ingénieux, j’étais obligée de le reconnaître. Suffisamment pour me chasser ? Telle était la question. Pourtant, ses mots m’indiquaient qu’il était vraiment intrigué et son attitude confortait cette idée. Moi aussi j’étais curieuse et assoiffée de connaissances. J’avais surement mille questions à lui poser en cherchant bien. Je remarquais alors, que contrairement à moi qui luttais pour maintenir un équilibre précaire, perchée sur mes quatre sabots, le bipède semblait totalement à l’aise, comme un poisson dans l’eau.
Mon poids m’enfonçait davantage dans le sol fin, bien plus que lui et pourtant, je faisais malgré tout une tête de plus que lui. Haute de toute ma supériorité, je le pointais de ma flèche posée sur ma corde tendu. Un instant je le jaugeai du regard, mais n’y vit rien de mal. J’abaissais alors mon arc lentement. Un sourcil levé, interrogatif je le regardais un instant. Quelle étrange personne…
Suivre un individu d’une autre race, sans arme apparente, sur un terrain découvert. Il devait être fou…ou chanceux que je ne sois qu’une Centaure. Je soupirais avant de définitivement ranger mon arc dans mon dos, ma flèche dans mon carquois suspendu à ma ceinture de cuir.
En accord avec le vent, je secouais la tête comme pour dégager les mèches éparses de mon visage. Je devais ressembler à une sauvage. Il remarqua peut-être ce mouvement mais n’en dit rien.
Par pure prudence, je reculais d’un bon pas. Mais ma gaucherie sur ce sol meuble ne m’aida pas à être discrète. Agacée de me montrer ainsi en spectacle, mes joues virèrent légèrement au rose. La vérité était simple, j’étais empêtrée sur cette maudite plage et mon corps tout entier regrettait déjà la forêt et son ombre fraiche. Ici je n’étais pas à ma place mais ma quête me poussait à continuer. Greid était forcément quelque part.
Je devais peut-être me montrer plus amicale envers ces étrangers que je croiserais en route. Au final, cela serait grâce à eux que je retrouverai ma moitié. Pourtant, cet homme ne me mettait pas à l’aise. Son charisme irradiait dans cette atmosphère marine. S’il avait été Centaure, il aurait été un superbe étalon, à n’en pas douter. J’étais donc indécise, quant à mon comportement envers lui.
-Depuis combien de temps me suis-tu ? Pourquoi le fais-tu ? Que me veux-tu ? Qui es-tu ? Que fais-tu ici ?....
Je me mordais rapidement la lèvre inférieure pour me taire. Que m’arrivait-il ? J’étais tellement sur la défensive que ça ne me ressemblait pas, moi d’habitude si pragmatique. Mon flegme avait fait ma renommée dans mon clan, et cette aventure me rendait idiote. Survivrais-je à la solitude ? Certainement. A ma bêtise ? C’était moins sûr.
J’entendais les vagues de façon plus soutenue et un rapide coup d’œil sur le côté me confirma ce que je pensais. La hauteur de la mer montait lentement. Les vagues, telles de réels envahisseurs s’appropriaient de plus en plus de territoire sablés. C’était beau et effrayant à la fois. Ce qui me ramener à mon interlocuteur. Je décidais alors, de ne plus le quitter du regard jusqu’à ce que je sois sûre qu’il ne fut pas une menace pour ma vie.
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| | | *Humain*
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Mar 15 Juin 2010, 13:33 | |
| Son regard le transperçait. Et par la même sa défiance et son impétuosité. Voila donc ce que donnait le mélange entre un homme et un cheval. La force irradiait de sa moitié équine et une intelligence sourde perlait de ses yeux trop humains. Et Kaplen s'apercevait que son discours, bien qu'ayant fait baisser sa flèche, n'était pas assez convaincant. Logique, quelques mots, un inconnu... Un homme! Kaplen ne s'était jamais battu par haine envers une autre race, c'était par défense -sauvegarder sa propre vie était encore assez important pour lui- ou par nécessité, comme avec Gwen...
Elle ne bougeait pas. Malgré l'emprise du sable sous ses pieds, son malaise significatif, la centaure restait face à lui aussi droite qu'un grand mât, immobile dans le vent et les embruns. Elle avait baissé sa flèche, baissé sa menace, puis elle avait parlé. Sa voix était grave et puissante, à l'image de son propre corps, elle faisait penser à un galop farouche dans les plaines, au son de milliers de sabots frappant sur le sol, aux arbres vivant en harmonie dans une forêt oubliée... Rien dans sa voix ne laissait entendre ce qu'elle ressentait. Seule sa défiance transparaissait dans la vitesse de sa prononciation et dans son ton impératif.
-Depuis combien de temps me suis-tu ? Pourquoi le fais-tu ? Que me veux-tu ? Qui es-tu ? Que fais-tu ici ?....
Kaplen avait haussé un sourcil. Tant de questions pour tant de réponses... Tant de questions auxquelles il pourrait répondre par de nouvelles questions,mais l'arc qu'elle gardait fermement entre ses mains bridait ses envies de liberté. Quelle était la bonne solution? Comment lui montrer qu'il ne voulait rien lui faire? Il sentait son sabre appuyé contre sa hanche mais le lourd métal ne le rassurait pas. Lançant un nouveau regard en direction de la mer, qui montait, il se tourna vers la centaure avec un sourire gêné.
-Si nous avançons plus en avant vers la mer, vous retrouverez une stabilité presque meilleure que sur les chemins forestiers. L'océan a le pouvoir de rendre le sable beaucoup plus compact, et il y a des endroits où même un cheval en peut faire de traces. Me suivrez vous?
Il n'avait répondu à aucune des questions qu'elle avait posé. Mais Kaplen savait que son malêtre serait pis si elle restait ainsi dans le sable fin et profond du début de plage. Il s'était retourné, offrant son dos à ses flèches meurtrières, et s'était dirigé lentement vers la mer. C'était idiot pensa t-il. Très idiot, mais il espérait ainsi que la jeune femme lui emboiterait le pas et le suivrait.
-Vous voulez savoir pourquoi je vous suis? Je vous ai donné ma réponse tout à l'heure. J'étais simplement en train de marcher sur la plage quand je vous ai vue, et votre silhouette peu commune m'a intrigué... Cela ne vous suffit-il pas? Je suis aussi à l'aise pour chasser le lapin que vous ne l'êtes dans le sable. Croyez moi, si j'avais voulu vous faire du mal je ne me serais pas montré ainsi... Ah oui, et mon nom est Kaplen, je suis marin, et je n'ai pas pour habitude de manger des animaux plus gros que des poissons... Rassurez vous, je suis simplement près de vous par curiosité, et par envie de découvrir un autre peuple... |
| | | Invité
| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Mar 15 Juin 2010, 23:31 | |
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Avec affection, il observait les vagues qui montaient lentement, au rythme d’un courant invisible à l’œil nu. La passion s’animait dans son regard noir, dès que le son de l’eau caressant le sable lui parvenait aux oreilles. L’espace d’un instant, je crus qu’il avait totalement oublié mon existence, tant il était concentré sur le ressac. S’ils avaient été dans la forêt, j’aurais surement profité de cette absence pour m’évaporer dans la verdure, mais ici, le sable était trop traitre, il me dénoncerait immédiatement.
A nouveau, il se tourna vers moi, un sourire flottant sur les lèvres. Je me raidis à nouveau, m’attendant à un assaut soudain, mais rien ne vint. A nouveau, sa bouche forma des mots, tandis que la mienne s’entrouvrait légèrement, médusée. Puis, l’Homme se détourna encore, pour mieux embrasser le bord de l’eau. Il m’offrait son dos, sans crainte aucune et m’invitait à le suivre, sur un sol plus pratique pour moi. Je le jaugeais, fixant mon regard sur cette apparence tranquille qu’il affichait. Ses cheveux, long et épais se balançaient au gré de ses mouvements et du vent qui le caressait. Ses pas étaient lents et assurés, cela me rendit envieuse l’espace d’un instant. Je remarquais à un instant, sa nuque dégagée par le vent. Elle était fine et droite, sans pour autant paraître frêle et fragile. Interdite, captive de cette image. La lumière du soleil, encore vive, se reflétait sur l’horizon, renvoyant des myriades de diamant dans mes pupilles, si peu habituées à ce spectacle. Et sous mes yeux, son corps avançait avec une aisance incroyable. Il s’arrêta un peu plus loin, mais j’eus pu jurer que s’il avait continué, il aurait marché sur les eaux sans problème.
Résignée à lui faire confiance, au moins pour trouver un sol plus dur, je rangeais mon arc court à sa place, dans mon étui de cuir attaché dans mon dos. Le son de sa voix interrompit mon geste. Il répondait simplement à mes questions, me donnant ainsi son nom et son statu au sein de son peuple. Un marin. Si mes souvenirs étaient exacts, il devait être une sorte de nourricier pour sa tribu, veillant à ce que chacun puisse se nourrir de ce que la nature offrait dans cette mer. Cela expliquait bien des choses, notamment son amour de l’océan et son aisance sur les cristaux de quartz qui me meurtrissaient tant. Kaplen…un nom bien étrange, aux sonorités d’un autre monde. Je le répétais lentement, chuchotant pour qu’il ne m’entende pas. La prononciation n’était pas aisée pour moi, habitué à un langage plus rude, mais j’insistais, motivée par cette découverte, me forçant à placer ma langue contre mon palais avant de la glisser entre mes dents. Je songeais à l’ensemble de ses dires.
Alors il m’avait approché par simple curiosité, je ne pouvais que comprendre cette attitude, ayant moi-même été intriguée jusqu’à la moelle lorsque je l’avais aperçu. Tout ce que je savais de mon vivant, venait des Conteurs de ma tribu. Mon expérience réelle et pratique n’était rien. Un Homme se tenait devant moi, et d’après son comportement, il ne ressemblait pas, aux histoires que l’on me racontait petite. Un jour, un Conteur m’avait dit : les Hommes sont capables des pires folies, que ce soit pour la haine ou pour l’amour.
Cette phrase m’avait fait froid dans le dos. Sont-il vraiment capable d’agir de façon si emportée ? Celui-ci me semblait différent, plus calme, plus serein.
Je m’avançais à mon tour jusqu'à gagner sa hauteur. Il avait raison, ici le sol était plus dur. Les vaguelettes mourantes, venaient me lécher les pieds en un jeu incessant. Cela chatouillait les poils de mes boulets, mais mon sourire resta intérieur.
Je me tournais vers Kaplen, inclinant doucement la tête en sa direction. Le vent continuait de se rire de nous, me masquant la vue de son visage paisible par moment.
- Je suis Vayu…fille de Vreid, premier étalon des Clairières Venteuses.
Je me tus. La façon de se présenter dans ma race était bien plus complexe que dans la sienne. Nous avions une filiation très étroite. Une tribu ne dépassait que rarement une trentaine d’individus. Il arrivait bien sur, que plusieurs tribus voyagent ensemble par exemple, mais elles se séparaient toujours à un moment ou un autre, chacun ayant ses besoins propres.
Et comme pour me rattraper, je précisais :
- Je suis juste Vayu…au sein de mon peuple, nous sommes tous plus ou moins des nourriciers comme toi, personne n’est prédisposé à effectuer une seule tâche. Pour le bien du Clan, nous travaillons ensemble.
J’espérais mon explication suffisante. J’étais contente de rencontrer cet Homme. Depuis trois jours que je n’avais croisé personne, la compagnie me manquait, et il apparaissait comme un sauveur envoyé par le destin.
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| | | *Humain*
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Mar 15 Juin 2010, 23:57 | |
| Il avait réussi! La jeune femme l'avait suivi, elle avait rangé son arc, elle lui avait répondu! Tout cela lui procurait un plaisir intense, le sentiment d'avoir réalisé quelque chose, de pouvoir découvrir d'autres vies, d'autres sentiments... Il voyait la jeune femme comme un animal craintif, elle avait, dans ses attitudes, beaucoup du cheval. Ses oreilles ne cessaient de s'agiter dans tous les sens, et elle ne le regardait pas directement. Il savait qu'il pourrait à peine poser la main sur son sabre qu'une flèche serait déjà encochée prête à être tirée. Le sable était désormais beaucoup plus dur, et il voyait que la centaure était plus à l'aise.
- Je suis juste Vayu…au sein de mon peuple, nous sommes tous plus ou moins des nourriciers comme toi, personne n’est prédisposé à effectuer une seule tâche. Pour le bien du Clan, nous travaillons ensemble.
Vayu... Juste Vayu... Le mot juste n'avait rien à faire devant le nom de n'importe quel être vivant, on n'est pas juste son propre prénom... On est bien plus. Mais cela, Kaplen ne pouvait pas lui expliquer, il avait bien trop de chose à l'esprit, bien trop de questions. Kaplen avait sentit sa difficulté à lui expliquer ce qu'elle était, centaure n'aurait pas été suffisant? Marin n'était pas son métier, c'était ce qu'il était depuis toujours... Nourricier? Il avait sourit, puis son sourire c'était transformé en rire. Nourricier...
-Je ne suis pas pêcheur, si c'est ce que tu veux dire par nourricier... Je n'ai aucune fonction dans le monde des hommes, je vais et je viens en toute liberté... J'ai l'impression que ton peuple êtes très liés entre vous... Ce n'est malheureusement pas le cas chez les hommes... Ils ne se comprennent pas, veulent toujours mieux que les autres, et cela engendre des conflits... Tu... Tu n'avais jamais rencontré d'humain auparavant?
C'était LA question qu'il se posait. Le fait d'avouer n'avoir jamais rencontré d'hommes, disait qu'elle n'avait jamais quitté son clan... Que faisait-elle donc ici? Le vent soufflait de plus en plus fort et l'eau se rapprochait un peu plus d'eux à chaque instant. A chaque fois qu'une vague s'élançait, plus audacieuse qu'une autre, il reculait. L'eau était froide, et il ne voulait pas se faire mouiller. Un bateau passait au loin, longeant l'horizon. Kaplen le regarda quelques instants avant de reposer son regard sur Vayu. La jeune centaure se trouvait du coté de la terre, tandis que le jeune homme avait presque les pieds dans l'eau. C'était la terre qui faisait face à la mer. |
| | | Invité
| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Ven 18 Juin 2010, 00:22 | |
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L’homme avait sourit. Puis, ce rictus s’était soudainement mué en rire sonore et franc. J’en avais été surprise, je ne m’y attendais pas. Mes yeux s’étaient arrondis d’abord, comme deux lunes. Je l’avais observé un court instant, cherchant ce qui avait pu provoquer cette subite hilarité. Etaient-ce mes explications qui le faisaient rire ? Je n’en savais strictement rien, mais je commençais à avoir honte de moi, de mon statu et de ma quête. J’étais faible, je m’en rendais compte à présent. Un simple Homme pouvait me plonger dans l’incompréhension la plus totale.
Je ne savais rien, ou plutôt, je n’avais rien expérimenté. Toutes mes connaissances n’étaient que théorie mais dans la pratique, je ne valais rien. Son rire était toutefois apaisant et communicatif. Le son était doux à mes tympans et là encore, en harmonie avec la mer qui nous embrassait petit à petit. Cet Homme était de plus en plus étrange, qui plus est, il attirait de plus en plus mon attention.
Sa voix repris néanmoins, plus grave. Il lui expliqua sa condition au sein de son peuple. La liberté…était-ce cela ? Aller et venir comme bon lui semblait voilà à quoi il servait. Elle resta bouche bée, chez les Centaure, chacun avait une fonction qui importait au clan, une tache à exécuter pour le bien et le bon développement du clan. Kaplen semblait ne servir à rien. Peut-être était-ce pour cela qu’il était seul ici. Sa tribu ne voulait surement plus de lui. A quoi bon garder un individu qui ne vit pas pour le peuple, qui ne sert à rien ?
Toutefois, son analyse du genre Humain la laissa un peu pantoise. Il était conscient des conflits engendrés entre les gens de son propre peuple mais semblait y être totalement indifférent, voire pire. Il semblait ressentir un certain dégout pour ces congénères. Je rangeai cela dans un coin de ma tête. C’est alors qu’il me posa la question. Son étonnement n’était pas feint, il demandait cela en toute franchise, sans arrière pensée aucune.
Je me tournais alors vers lui et plongeais mon regard dans le sien, si sombre qu’il aurait pu m’emprisonner toute entière.
-Effectivement, dis-je d’un ton neutre, tu es le premier Homme que je rencontre, Kaplen le Marin.
Par ma volonté, j’insistais sur le mot « marin » pour lui signaler que j’avais bien pris en compte sa remarque précédente. J’esquissais un sourire léger sur mes lèvres mouillées par les embruns marins qui chargeaient l’air en humidité, avant de placer une de mes mèches derrières mon oreille, d’un geste nonchalant. Le vent nous donnait à tout deux, des airs de sauvageons trempés après la tempête.
Je devais être la première Centaure qu’il rencontrait également, mes congénères n’étant pas très solitaire en général. Notre clan ne se divise pas. Il devait le savoir. J’avais eu mes raisons qui m’avaient poussé à partir. La plupart des miens avait jugé mon entreprise vouée à l’échec, mais je ne pouvais renoncer. Sans lui, une partie de moi manquait, et une vie incomplète, ne valait pas la peine d’être vécue. Je risquais tout dans cette quête.
Je sortais de ma rêverie et le contemplais encore quelques instants. Ses traits parfaits, se découpant sur cet horizon turquoise. L’espace d’un moment, mes doigts furent tentés de venir caresser ses cheveux qui se balançaient au gré du vent, collant quelques mèches éparses sur son visage, sa peau légèrement plus hâlée que la mienne, juste pour être certaine que nous étions faits du même élément. La curiosité de mettre en pratique mes théories me démangeait sévèrement. Nous étions si différents, mais en même temps si identiques dans la fabrication. Pourquoi ? Me prenait-il pour un monstre, mi femme, mi cheval. Peut-être était-il simplement curieux d’observer ce phénomène, au quel cas, n’importe quel centaure aurait fait l’affaire.
Cette pensée me pinça le cœur. Dans le fond, j’étais contente de l’avoir rencontré. Cet Homme, ce Marin, être inutile au sein de son peuple, mais qui m’ouvrait la voie, dans la pratique de mes connaissances.
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| | | *Humain*
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Ven 18 Juin 2010, 02:01 | |
| -Effectivement, tu es le premier Homme que je rencontre, Kaplen le Marin.
Le jeune homme se recula un instant. Les grands yeux bicolores de la jeune centaure de cessaient de le fixer. Malgré l'intensité de son regard et de sa concentration, il ne parvenait à y lire la moindre réaction. Son visage semblait verrouillé, comme si elle avait placé un masque au dessus de sa peau, qui ne laissait passer que les expressions de sa bouche et de son nez. Si elle n'avait été centaure, ses grandes oreilles qui s'agitaient en tout sens n'auraient pu le renseigner sur une gêne intérieure.
Vayu avait appuyé sa phrase sur le mot marin et avait esquissé une petite grimace lorsqu'il lui avait dit qu'il était libre. Était-ce la du dédain? Ou de la jalousie... Non la jalousie était tout bonnement impossible, si les centaures étaient un mélange savant entre les hommes et les chevaux, alors la liberté devait leur être une notion tellement évidente que ce mot ne pouvait pas exister dans leur langage. Le cerveau du jeune homme fonctionnait à cent à l'heure, il sentait ses neurones s'agiter, des pensées l'assaillaient de tout coté, il s'y emmêlait parfois, et ne parvenait à rester plus de quelques secondes sur une seule idée.
-Dans ce cas, Vayu la nourricière, que pense tu de moi? Suis-je à l'image de ce qu'on t'a raconté des gens de ma race?
Ainsi qu'à son habitude, plus le jeune homme apprenait à connaître quelqu'un, lui parlait, le mesurait, plus il prenait de l'assurance. Envolée sa visible maladresse, il devenait plus sur de lui et reprenait le contrôle sur sa pensée et ses mots... Enfin, cette fois ci il n'avait réussit à reprendre le contrôle que sur ses paroles. Ses pensées ne cessaient de s'agiter comme des papillons de nuit autour d'une lanterne restée allumée dans le noir naissant.
Il évita une nouvelle vaguelette qui vint mourir à ses pieds et s'étonna de s'imaginer sur le dos de la jeune femme. Son dos était droit, musclé, son garrot peu saillant, cela devait être agréable pensa t-il. Bien plus que de ne chevaucher un cheval, même si la sensation d'un grand galop sur le dos d'un de ces animaux était peut être la seule chose qui le faisait penser à celle qu'il ressentait lorsqu'il parvenait à se hisser sur le beaupré ou au dessus du grand mât et que le bateau, en vent de travers, filait au dessus de l'eau.
Ils avaient échangés si peu de mot, mais tant de regards qu'il semblait à Kaplen de connaitre désormais chaque nuance de ses iris, chaque ton différent que prenaient ses yeux suivant la luminosité... Son oeil bleu le faisait plus que tout pensé à la lumière que l'on recevait lorsque l'on était sous l'eau, tandis que l'autre brillait comme de l'or pur. Malgré ses airs étranges dont il n'avait l'habitude, ses yeux étaient peu être un peu trop écartés, son nez légèrement trop long, ses dents sans canines... Sans canines? Comment avait-il put le voir? Vayu restait une véritable sculpture vivante. Son visage s'accordait parfaitement avec le reste de son corps, collait avec cette image d'herbivore à l'affut qu'il se faisait des chevaux, et à celle, plus sombre, de l'intelligence humaine race chasseresse et éminemment carnivore. Par son visage peu commun, elle échappait presque à ce regard de prédateur.
Bien que ses deux yeux fussent sur sa face et le fixaient toujours avec une intensité non feinte, leur écartement prouvait son attachement à la lignée herbivore. Elle était belle, mais d'une beauté donc Kaplen n'avait pas l'habitude, et qu'il n'avait jamais pu observer. Ses longs cheveux noirs, pareil aux siens, volaient de plus en plus tandis que le vent se levait. Le jeune homme avait l'impression qu'ils se toisaient ainsi depuis une éternité ses seuls mouvements consistaient au fait d'éviter que les vagues ne s'attaquent à ses bottes, tandis que la jeune centaure ne bougeait pas. Et plus le temps passait, plus il se retrouvait près de la plage. La mer montait vite, et cela était signe de grande marée. S'ils voulaient passer le reste de la journée au sec, il leur faudrait quitter cette partie de la plage qui serait rapidement ensevelie sous les eaux comme le montraient les traces de la marrée précédente. |
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Mar 22 Juin 2010, 22:26 | |
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Le vent s’était peu à peu intensifié tandis que les vaguelettes salées me léchaient les sabots. J’observais Kaplen un instant. Je n’étais pas capable de dire depuis combien de temps nous étions ici, tous les deux, mais ce que je pouvais dire, c’était que nous nous étions observé bien plus que nous avions discuté. Etait-ce dû à cette rencontre surprenante de deux races qui n’avaient jamais eu de contact visuel ? Je le pensais. L’être mâle qui se tenait devant moi, était la matérialisation de tout ce que les Conteurs m’avaient enseigné. Pourtant, je ne pouvais me dire qu’il n’était que cela. Les Hommes : Avides, fourbes, passionnés aussi bien dans le mal que dans le bon, égoïstes et rejetant l’altruisme, menteurs et barbares. La liste d’adjectifs était longue. Nous les Centaures pacifistes, n’avions pas cette race en horreur, quand bien même, nous savions que les Hommes étaient capable du pire dans ce monde.
D’une certaine façon, ils étaient nos opposés. Nous vivions au sein d’une communauté où chacun possède sa place et son rôle, pour le bien de tous. Altruisme, gentillesse, réflexion, tous nos actes n’avaient qu’un seul but : le bien du plus grand nombre, du clan.
Pourtant, lorsque mes pupilles lumineuses se plongeaient dans les yeux sombres de Kaplen, quelque chose me brisait le cœur. Il ne me semblait pas appartenir à cette même race de barbares, et j’étais peinée à l’idée que nos Conteurs nous racontaient peut-être des mensonges. Non, cela ne se pouvait. Kaplen devait simplement être différent. Où alors, je me berçais d’illusions et bientôt, sa vrai nature m’apparaitrait.
Alors que je le fixais toujours, il eut un mouvement de recul.
Instinctivement, pensant à un élément extérieur, perturbateur et peut-être dangereux, j’agitais mes oreilles, scrutant les environs à l’aide de mon appareil auditif. Rien. Que lui arrivait-il donc ? J’aurais souhaité tourner la tête afin d’assoir cette impression, mais comme il me regardait, je n’osais pas.
Soudain il prit la parole et ses mots me surprirent. Déjà parce qu’il m’appelait « Vayu la nourricière », mais plus encore par le reste de sa phrase. Comment pouvait-il deviner mes pensées et savoir ce dont à quoi je cogitais juste à l’instant ? Son ton était différent aussi. Fini l’hésitation, le marin avait pris pied. Je ne répondis pas immédiatement, cherchant les mots exacts pour qu’il comprenne. Nos modes de vie étaient tellement différents, que je devais faire un effort pour le choix de chaque son prononcé. Au bout d’un moment, je me tournais et fixais l’océan. Ma voix s’éleva dans les airs, un sourire dessiné sur mes lèvres.
- Je ne suis pas nourricière Kaplen. Nous le sommes tous en quelque sorte. Notre peuple gravite sur un noyau, composé de l’ensemble des individus existant dans le clan.
Je penchais mon visage à nouveau vers lui, dévoilant mes dents blanches avec un air mutin.
- En d’autres termes, au sein de mon clan, chacun à un rôle à jouer chaque jour. Je peux très bien aller faire de la cueillette une journée pour des provisions, d’autres irons chercher du bois, tandis que d’autres encore s’entrainerons à l’arc, et ainsi de suite. Le lendemain, c’est peut-être moi qui irais chercher du bois….Comprends-tu ? Nos tâches sont établies en fonction des besoins du peuple et non de l’individu…Tu me parles de liberté et tu sembles en avoir à revendre.
Après la fin de ma phrase, je lui offris mon plus beau sourire puis me détournais à nouveau de lui, faisant quelques pas le long de la berge. Mes sabots pianotaient sur la surface de l’eau, une symphonie reflétant mes sentiments intérieurs. Le sol était plus stable ici que près des cocotiers. Il avait raison. Je m’amusais à regarder les traces rondes que je laissais dans le sable gris. L’eau s’y écoulait et stagnait, prisonnière.
C’était presque triste.
Le soleil se voilait de plus en plus, à mesure que le vent devenait plus fort. Je levais les yeux au ciel, les sourcils froncés comme pour comprendre. Un orage ? Une tempête ? je n’étais pas suffisamment familière à cet environnement pour savoir de quelle façon agir.
Rabattant une mèche derrière mon oreille pointue d’un geste souple, je lançais un coup d’œil interrogateur à Kaplen.
- Est-ce mauvais signe ?
La mer était son élément après tout, il ne pouvait me mentir à son sujet. Si nous étions en danger, il sauverait sa peau et la mienne par la même occasion. Au loin, l’écume mousseuse éclatait à la cime des vagues de plus en plus haute. Et dire que quelques heures à peine, je réfléchissais à un moyen de prendre la mer pour quitter l’île. J’étais bien heureuse à présent d’être encore sur terre.
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| | | *Humain*
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Mer 23 Juin 2010, 00:52 | |
| Vayu lui avait expliqué leur façon de fonctionner, d'être et de vivre. Chacun n'avait pas de rôle particulier, il était un jour chasseur, le lendemain cueilleur... Comment une telle société pouvait-elle tourner sans aucun problème? Personne n'avait de rôle particulier bien défini, puis faire plusieurs taches différentes ne permettait pas d'exceller particulièrement dans une activité que l'on pratique intensément... A moins que cela même ne soit pas important, s'il réfléchissait bien, lui même n'avait pas de rôle précis sur son bateau. Il était le capitaine et le propriétaire, certes, mais il calculait les itinéraires, aidait à ferler les voiles, à nettoyer le pont, à faire la cuisine...
Même si c'était loin de l'organisation des centaures, cela s'en rapprochait. La jeune femme n'avait pas répondu à sa question. Mais quelque chose dans ses yeux l'avait trahie lorsqu'il la lui avait posé. Était elle en train d'y réfléchir justement? Kaplen savait qu'il n'obtiendrait jamais de réponse, il se ravisa donc. Et cela devait être quelque chose de difficile à expliquer. C'était comme s'il avait du lui même lui dire si les centaures étaient ainsi représentés dans les livres de contes. Il se souvenait des histoires de son père et des vieux marins qui se retrouvaient le soir autour d'une vieille lampe à huile tellement sale qu'elle n'éclairait plus guère qu'à quelques pieds. Certains lui racontaient des histoires sur des êtres mi humains mi chevaux qui vivaient de liberté et d'eau pur, et qui étaient d'une grande sagesse. Ils disaient que leur sang était magique et qu'il procurait de la force et la jeunesse éternelle à celui qui le buvait. D'autres lui avaient dit que c'était des êtres lubriques qui aimaient particulièrement les jeunes femmes car les femelles étaient stériles... D'autres encore que les centaures était une race d'art qui ne se consacrait qu'aux plaisirs de l'esprit...
Quoi qu'il en soit, Vayu avait une allure beaucoup plus sauvage qu'ils n'aurait pu penser des gens de cette race. Sa robe acajou faisait penser à la terre rouge de l'île, ses cheveux s'agitaient dans le vent comme les branches d'un saule pleureur, et il se dégageait d'elle un relent de terre humide. Elle avait arrêté de le fixer puis s'était éternisée sur l'océan.
- Est-ce mauvais signe ?
Kaplen tourna la tête dans la même direction. Le vent soufflait de plus en plus fort. Un vent d'ouest, chargé en relents marins, en sel et chaud d'avoir voyagé au dessus de l'océan. L'air se chargeait d'humidité, et il pouvait apercevoir les prémices d'une tempête.
-Disons juste que si nous ne voulons pas finir trempés dans l'heure qui va suivre il va nous falloir nous retirer à l'abri. Il montra la mer à la centaure et reprit. De toute façon, la mer monte vite et nous serons rapidement contraint de quitter la plage.... Mais si cela vous taraude, c'est un vent d'ouest, assez chaud. La tempête ne sera donc pas longue, mais de forte intensité. Je pleins ceux qui sont sur l'eau. Regardez, elle fait déjà rage au loin...
En effet, de nombreux nuages noires s'étaient amassés au dessus de l'eau. Le ciel avait changé de couleur, et s'était chargé de nuances grisâtres, oranges et violettes. Quelques éclairs illuminaient l'océan et les immenses vagues qui perturbaient sa surface lisse et sans accrocs. Mais ce n'était pas grand chose.
-Au risque de vous embêter, je me doute que votre connaissance de cette île dépasse de loin la mienne, mais vu votre réaction face à la plage, il serait peut être plus astucieux que je choisisse un endroit où nous mettre à l'abri en attendant la pluie. Si vous voulez bien me suivre.
Kaplen s'était trouvé un abri parfait, qu'il avait aménagé faiblement avec le stricte minimum. Une cavité creusée à même la roche qui pouvait accueillir facilement un cheval. Il y avait fait un feu, non pas pour se réchauffer, l'absence d'ouverture dans le plafond empêchait la fumée de s'échapper. Il l'avait fait en matinée et était resté dehors toute la journée attendant que la fumée finisse de disparaître. Le feu avait asséché l'endroit auparavant très humide et l'avait rendu juste un petit peu plus confortable. Sa seule amélioration n'était pas la moindre, et il s'était félicité d'y avoir pu penser lorsqu'il y avait dormi pour la première fois. Le jeune homme connaissait la sensation désagréable de dormir sous une pluie de gouttes d'eau gorgées de calcaire.
La grotte n'était pas éloignée de la plage, et ils mirent un petit peu moins de dix minutes pour s'y rendre. Le vent s'intensifiait à chaque instant et le temps devenait plus lourd. Lorsqu'ils entrèrent dans l'abri, des gouttes commençaient à tomber.
-Voila, ce sera parfait pour affronter la tempête. Le vent ne s'engouffrera pas par l'ouverture car nous sommes plein sud, nous serons donc assez tranquilles.
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| | | Invité
| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Mer 30 Juin 2010, 08:45 | |
| La réponse de Kaplen était sans appel. L'orage allait faire rage au delà de l'écume d'ici quelques minutes. Le ciel prenait une couleur sombre presque noire. Comment l'atmosphère avait pu changer en si peu de temps ? Je l'ignorais. La mer semblait pleine de mystères et d'éléments inexplicables. Kaplen lui-même semblait comme tout droit sorti de cet océan capricieux. Le jeune homme était vif et prévoyant. Avec lui à mes côtés, je me sentais en sécurité face à cet élément aquatique impressionnant. Il indiqua une grotte au loin, et je le suivis sans broncher. Je me demandais si la tempête aurait le temps de s'apaiser d'ici à ce que nous la rejoignions. Véritablement intriguée, j'observais la formation de nuages menaçants, tout en marchant. Devant moi, Kaplen, le pied sûr cheminait aisément en direction de son abris. Si le chemin était relativement ouvert au début, les branchages et les arbustes devinrent un peu plus ennuyeux sur mon passage. Je sentais les hautes herbes me caresser le ventre, mais le vent, rendant déjà nos cheveux hirsutes s'amusait à présent à m'envoyer les fins branchages au travers de mon visage. Je me protégeais comme je le pouvais, de mes avants bras recouverts de cuir tanné. Enfin, j'aperçu l'entrée de l'abris de pierre. Kaplen s'y engouffra sans un regard en arrière, il avait bien noté que je le suivais. Mes bruits de pas n'y était pas pour rien. J'attendis pour ma part un peu de lumière. Le pont de confiance qui se créait entre nous était encore inachevé et au fond de moi, une voix faible insinuait qu'il pouvait s'agir d'un piège. Je l'entendais s'affairer à l'intérieur, fouiller. Un faible craquement parvint jusqu'à mes oreilles, suivit d'un frottement pierreux. Alors, la lumière fût. La couleur mordorée se reflétait sur les parois, donnant à la grotte un caractère de temple doré. -Voila, ce sera parfait pour affronter la tempête. Le vent ne s'engouffrera pas par l'ouverture car nous sommes plein sud, nous serons donc assez tranquilles.
Paroles apaisantes qui se logèrent immédiatement dans le creux de ma tête. Alors que je m'apprêtais à rejoindre l'Homme, un autre craquement se fit entendre. Brutal, violent, il déchira le ciel comme si la toile bleuté n'était rien. Je me retournais dans un sursaut et fut aveuglé par l'éclair blanc qui s'ensuivit. La mer avait perdu de sa beauté turquoise et tranquille. L'eau avait prit une teinte foncée, presque noire, les vagues l'agitaient comme si sa surface était couverte de spasmes. Les crêtes, blanches d'écume, se chevauchaient et se bousculaient en surface. Tout n'était plus que chaos sous ce ciel gris anthracite. La pluie tombait en flots à présent, et n'étant pas entrée à l'abris aussi vite que voulu, j'étais trempée. Chaque goutte glacée piquait ma peau nue, mes cheveux n'étaient à présent qu'une masse noire et mouillée, collée sur mon visage et dans mon dos. Le froid me picotait mais je ne ressentait pas les écarts de températures, saufs s'ils étaient très grands. J'étais tétanisée devant le spectacle qui se déroulait sous mes yeux. Bien sûr, j'avais assisté à des orages, mais ceux que nous avions dans les plaines n'avaient strictement rien à voir avec ça. La femme en moi était fascinée par ce ballet violent, cette composition naturelle effroyable, tandis que l'animal au fond de moi était terrorisé. Mes membres tremblaient, je le sentais, comme si des milliers de petits fourmis parcouraient tout mon être. Mon visage s'était changé en pierre. Mes yeux ne clignaient plus, ils s'étaient arrondie devant le spectacle et ma bouche s'était entr'ouverte. L'espace d'un instant, je pensais à respirer à nouveau et je toussais pour palier au manque d'air précédent. Sans oser me retourner, je tendis lentement une main tremblante et crispée, vers la lumière, vers le seul Homme présent, capable de comprendre ce phénomène et de m'en protéger. Quelle folie m'avait pris de parcourir le monde à la recherche de Greid, devrais-je moi aussi quitter cette île ? Traverser les océans sous ces tempêtes meurtrières ? Comment pouvait-on survire sur un bateau, en plein tohu-bohu de cette puissance ? Que devais-je faire à présent ? Demi-tour ? Non, la honte de mes aïeux serait pire que la mort à mes yeux. J'étais coincée ici, au milieu de nulle part, avec un Homme qui bientôt, s'en retournerait à ses occupations de marin. Mon coeur ne pouvait être qu'admiratif de cet Homme, plein de courage qui sur sa coque irait affronter ce monstre, et en sortirait vivant. |
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| Sujet: Re: Je te retrouverais ( Sujet libre ) Dim 04 Juil 2010, 18:41 | |
| Kaplen s'était rendu compte du malaise de la centaure. Mais il ne pouvait rien y faire. Le vent s'était levé, et comme il l'avait prévu, soufflait fort sur la plage. Les arbres, pris d'assaut par les courants tentaient de resister aux attaques qui se faisaient de plus en plus importante. Leurs branches s'agitaient dans tous sens et leur feuilles ployaient sous la pluie. C'était une vraie tempête maritime qui leur tombait dessus, et le jeune homme était bien content d'être à l'abri.
La grotte, naturellement peu lumineuse, leur donnait l'impression d'être comme en pleine nuit, et Kaplen ne voyait absolument rien mis à part ce qu'il se passait à l'extérieur. Soupirant, il décida de s'installer dans un coin assez sec et de poser ses affaires à coté de lui. Il sortit du tabac de la poche de sa veste et l'alluma. La fumée se condensa à son niveau, ne pouvant s'élever dans l'humidité ambiante. C'était une habitude qu'il avait prit avec son père adoptif. Lorsque la mer était calme et qu'ils n'avaient plus rien à faire, le vieux loup de mer lui faisait gouter les meilleurs tabacs qu'il parvenait à récupérer. Habitude que le jeune homme gardait désormais lorsqu'il n'avait rien d'autre à faire qu'attendre, et parler...
-Vous avez perdu votre langue dans la tempête? Laissez le vent souffler, il ne nous arrivera rien... La fumée ne vous dérange pas j'espère. Ces plantes sont agréables en bouche, mais j'avoue que la fumée possède une odeur désagréable...
Les éclairs illuminaient la grotte de courts instants et la replongeaient dans le noir. Les éclats lumineux éblouissaient les yeux de Kaplen qui se retrouvait encore plus aveugle après cela, si bien qu'il ne parvenait, pendant ce laps de temps, plus à distinguer la centaure. Seuls les bruits de ses sabots lui permettaient de la repérer dans l'espace. Le jeune homme ne supportait pas l'obscurité. Ses yeux n'étaient pas fait pour, et dès que la lumière commençait à baisser, il se retrouvait démuni, obligé de se repérer grâce à ses autres sens et d'attendre que ses yeux ne s'habituent à la nouvelle luminosité. C'était une chose qu'il enviait aux autres races, cette capacité de pouvoir voir quand il fait nuit, de ne pas être plongé dans une noirceur proche du vide... |
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