¤Alone, again¤

Invité

Une mauvaise sensation de courbature lui fit immédiatement ouvrir les yeux. La pièce aux couleurs vermeilles surprit le jeune blond. Que faisait-il ici? Et d'abord, où était-il? Se redressant lentement de manière à être assit, il respira doucement l'air imprégné d'une odeur à la fois désagréable et plaisante. Du sang.. Partout? Quelle idée pour un vampire de se retrouver dans ce genre d'endroit. Secouant rapidement la tête de droite à gauche, il se dressa sur ses jambes et jeta un regard circulaire à la salle. Drôle de décoration.. Des miroirs tapissant les murs rouges, des photos sans intérêts se trouvaient être nombreuses et accrochées partout. Massant douloureusement sa nuque il s'approcha méfiant d'un miroir. Quelle plaie de n'avoir aucun reflet. Shizen soupira longuement, parcourant chaque miroir en longeant les murs d'un calme qui ne lui ressemblait qu'à moitié. Tournant ainsi un moment, il effleura les glaces du bout des doigts sur son passages jusqu'à s'arrêter en observant les photos. Que peuvent bien apporter des photos lorsque l'on est un vampire? Un rictus peint ses lèvres le temps d'un instant. Posté au milieu de la pièce, il tenta de préserver son tempérament calme une fois de plus, serrant les poings. Comment emprisonner une jeune homme tel que lui? Serait-ce une nouvelle lubie d'un de ces crétins qui pourrissent sa vie depuis un moment déjà? Et dire qu'il croyait être à l'abri de ce genre de jeu puéril et lâche.

Enfermer un vampire qui, de sa haute taille d'un mètre quatre-vingt-dix, pourrait briser quelqu'un avec sa musculature remarquable, c'est inconscient. Effectivement, ce n'est pas bien difficile de repérer sa carrure non surfaite qu'il arbore sans soucis. Sa peau, comparable à l'albâtre se trouve être lisse, douce et laiteuse qui s'avère pour les plus curieux, presque dépourvue de marques ou cicatrices. Étant un fidèle colérique, certaines de ses 'frénésies' lui ont laissées un souvenir. Comme une cicatrice sur son avant bras droit ou près de sa clavicule. Cela est sans nul doute dû à sa grande habitude des coups. Il passa une main dans ses cheveux avec nonchalance. Ces derniers sont blonds, plus ou moins clairs et parsemé naturellement de reflets quelques plus lumineux encore. Courts, ils semblent rejeter tout esprit d'ordre, préférant alors joncher sur son front, même devant ses yeux, et cela malgré les maigres tentatives de leur propriétaire pour les coiffer. Ayant alors abandonné l'idée depuis bien longtemps, il les laissent au gré du vent, sans s'en soucier davantage, cela lui donne un côté rebelle craquant, lui avait-on dit avant qu'il n'en sourit.

« Vas-y matte-moi je t'en pries. »

Fronçant les sourcils, il s'assit finalement. Nous pouvons alors nous attarder sur ce visage, au premier abord angélique. Ses traits son ciselés et fins, un visage aux courbures marquées et saillantes. Une mâchoire, telle une longue ligne, brisée assez efficacement. Les joues de Shizen sont loin d'êtres rebondies, presque creuses, simplement dénuées de relief. Il possède un nez des plus banal, droit, au risque de répéter, normal. Une chose peut être plus intéressant, ses lèvres. Fines et peu charnues, s'étirent des plus souvent en des sourires qui se peuvent être, tantôt tendres que moqueurs ou provocateurs, mais surtout agacés et teigneux. Pour terminer le tout, ne manque que ses incroyables prunelles avec lesquelles il fixe durement les miroirs en face de lui. Son regard d'un noisette-orangé éclatant et perçant, se trouve être des plus attirant et captivant, du moment qu'ils ne virent pas au rouge sous la soif.

Il suffit de le regarder pour découvrir sa garde-robe. Dans cette dernière, rien ne semble être de piètre qualité, tout est résistant et coûteux. Presque constamment vêtu de chemises et de jeans, ses couleurs sont alors le noir, le blanc, le rouge, le gris et le marron, bien que le vert lui aille bien. Il est alors dur de le rencontrer dans d'autres teintes. La plus commune de ses tenues reste sa tenue de barman qu'il arbore sans cesse. Toujours avec sa chemise immaculée, un gilet noir du métier par dessus et un pantalon droit toujours aussi obscur. Avec cela bien sur, le petit nœud au cou, ou quelques fois une cravate. Pour donner une petite touche d'originalité, il se promène constamment avec une paire de lunettes de soleil bleu, une cigarette au bord des lèvres. Toujours soigné, Shizen conserve avec facilité son look classe et décontracté, qui semblait jusqu'à aujourd'hui encore faire le bonheur de ses demoiselles.

Un nouveau soupir passant la barrière de ses lèvres, il fouilla la poche interne de son uniforme de barman, en sortant des cigarettes. Il ne tarda ainsi pas à s'en allumer une en esquissant un nouveau rictus, tendant le paquet devant lui, dans le vide étant seul livré à lui même dans cette pièce.

« T'en veux une? »

Ah non, pas encore un!

Vampire, n.m: Mon pire cauchemar.

Quoi de plus frustrant pour moi, que ces êtres que je ne peux même pas refleter?! Il se pavane devant moi, il me nargue, intouchable, sans même le savoir. Quel snob! Pourtant, Je ne peux le quitter des yeux, envieux, jaloux. C'est un caprice, mais je le veux! JE LE VEUX! On désire toujours ce que l'on ne peut avoir, c'est bien connu...

A défaut de voler son apparence, je l'observe sous tous les angles. Je note chaque detail, les desirant mieux. Accroché au cadre de mon miroir, j'essaie de le secouer de mes mains invisibles, de l'ébranler. Je voudrais tant briser cette barrière qui m'éloigne de lui... Mais mes attaques sont pareilles à des caresses.

Il s'approche! Il est tout près, ahhh, JE LE VEUX! Ses iris rouges me transpercent, et soudain, comme un éclair, à l'endroit même où son regard aurait du se refleter, apparait le mien, prunelles de vieux reptile sans paupière. Au même moment, mes assauts parviennent enfin à malmener le miroir. Il se brise enfin, et mon bras ténébreux, vague volute de fumée noire, s'empresse dans l'ouverture, l'agrippant pour mieux l'entrainer de l'autre côté du miroir, dans le pays des ombres.

¤Alone, again¤ Clrouge2ch7

Invité

Sans même avoir le temps de percuter quoi que ce soit, le vampire se sentit happé puis se retrouva dans une nouvelle salle. Cette dernière était tellement obscure qu'il n'y voyait même pas à un mètre devant lui. Avançant lentement dans la pièce, il grimaça d'agacement. Tout autant que dans la pièce précédente il se sentait épié, et quel idiot pouvait oser ce genre de jeu avec lui. Lui, Shizen se croyait assez irritable pour ne pas être dérangé. Il serra les dents, l'éclairage de sa cigarette étant la seule lumière pour le moment. Faisant quelques pas, le jeune vampire finit par entendre des voix particulières.

« Un violent. »

« Un colérique. »

« Le calme. Moqueur. Oh le menteur. »

« Qui es-tu donc? »

« Je t'en poses des question? »

Regardant autour de lui, le jeune blond chercha d'où provenait ces voix aussi énervantes qu'étranges. Oui, il avait tendance à mentir une fois sur deux, bien que son étrange élégance à le dire met en confiance, après tout, il n'a rien de bien méchant en apparence. Pourtant, il semble qu'il serait pire de ne pas le croire, lui ne cherche que sa propre petite tranquillité, sans pétage de plombs. Certes elles n'avaient pas tort ces criardes de voix, il était rare de connaître quelqu'un d'aussi colérique que lui, constamment agacé, il suffit d'un rien pour l'énerver. Bien qu'en plus de ça, il soit donc impulsif, ne comptant plus les fois où il s'est blessé après s'être battu. Un simple rire, un manque de respect, ou que l'on s'en prenne à l'un de ses rares proches, et il s'enflamme de nouveau en fonçant toujours davantage dans des actes forts et violents. C'est sans aucune pitié qu'il démolira n'importe quel minois lui ayant déplus.

Certes, non seulement il est dangereux, mais sa force l'est d'autant plus qu'il la pousse à l'extrême, jusqu'aux limites, à en pâtir lui-même. Hélas oui, la seule est unique chose qu'il ai poussé au vice et sa force, non son agilité, son calme ou sa manipulation, simplement sa force brute, doublé d'une résistance spectaculaire. Ainsi, mieux vaut éviter les embrouilles avec un type aussi fêlé que ce blond-là. Pourtant, en ce moment même, il tente de garder un certain calme face aux viles attaques vocales. Chose compliquée pour lui. Celui-ci ne semblait tenir son mal qu'avec des personnes qu'il affectionnait particulièrement, autant dire qu'il y en avait assez peu. Sa fierté est aussi fragile, un point de plus où il est facile de le mettre hors de lui. Effectivement, il refuse la plupart du temps l'aide de qui que ce soit, n'hésitant cependant pas à foncer tête baissée pour aller accompagner ses compagnons lorsque ces derniers pataugent dans les problèmes.

« Vous savez ce qui pue plus que cette salle? Vous. Fais chier. »

« Tueur désinvolte. »

Sa désinvolture certaine doit lui donner un côté dragueur, qu'il assume le jour voulu. Il n'est malgré tout pas un coureur de jupons, allant jusqu'à dire qu'il s'en fiche un peu, la seule chose qui l'intéresserait serait quelqu'un qui serait amène de ne pas le trahir, ce qui semble être des plus rarissime selon son pessimisme.

« Colérique. Inconscient. Méfiant. Possessif. Violent. Tueur. Incontrôlé. Fort. Dangereux. Impulsif. Orgueilleux. »

« Qui es-tu? »

« La ferme. Qu'est-ce que ça peut bien vous faire que je soit bouddha ou le plus grand des colérique qui ne se contrôle même pas? »

« Attentif. »

« Serviable. »

« Gentil. Oh le doux agneau. »

« Vous me complimentez maintenant? C'est cocasse. »

Shizen finit par éclater de rire. Jusqu'à s'en plier en deux, remontant ses lunettes de soleil bleu. Le pire était qu'une fois de plus, ces satanées voix avait raison. Sous ses traits de grosse brute, il semblerait qu'il demeure assez attentif à ce qui l'entoure, voir délicat bien que cela soit uniquement dans certaines conditions. Toujours à l'écoute des rares amis qu'il entretient, le vampire laisse un penchant serviable ressortir lorsque ses proches en ont besoin. Son caractère pourrait beaucoup plaire, si l'on retire l'énorme problème que lui pose son mauvais passe-temps pour les bagarres violentes. Mais son caractère au final lui convient assez bien, ne lui reste plus qu'à maîtriser ses crises de nerfs trop abusives. Néanmoins, le blond est capable d'une grande gentillesse, pour les chanceux qui ont une tête plaisant assez au colérique.
Peut être devient-il fou? Lui qui proclame tant détester la violence malgré son caractère, peut être est-il finalement corrompu, qu'il ne sépare même plus ce qui se déroule dans son esprit et en dehors. Peut être que s'il ne parvient pas à se contrôler lors de ses frénésies, c'est parce qu'au fond il ne le cherche pas vraiment.

L'entrée dans notre antre ne se fait jamais sans dommage. Nos visiteurs ne devraient pas entrer avec tant de désinvolture et comme des harpies jalouses de leur territoire, nous le leur faisons comprendre. Nous sommes des oiseaux cruels qui s'acharnent sur leur victime et nous sommes toutes les douleurs du monde. Toutes les peines que cet démon a créé. Il y en a tant. Je le haïs. Comme les autres, je me jette sur lui, le bec en avant, ma voix plus accusatrice que la plus outragée des victimes. J'ai la même voix qu'une femme trompée, la même intonation qu'un ami à qui on a volé, les mêmes inflexions que celles d'un enfant à qui on a promis la lune sans la lui donner. Et puis je hurle, de temps en temps. C'est l'expression pure de mon accusation. Toi qui te tiens au milieu de notre cercle, pourquoi as-tu abandonné? Nous aimerions entendre tes réponses mais tu n'articules que quelques phrases sans goût. Nous ne sommes pas là pour trouver le pardon. Simplement pour comprendre. Trouver la vérité. Au fur et à mesure, nos cris se perdent, se font moins sûrs, hésitants, plus faibles. Une à une, on se tait, le noir se perce de ce silence alourdi par nos présences devenues lettres mortes. Les charognes sont rassasiées. Un peu confuse de notre comportement toujours si emporté, le repentir apportant une sorte de honte, je viens mordre la peau de notre victime, une dernière fois. De mes dents tombe un objet qui émet à la rencontre du sol un tintement léger. Par terre, un carré de lumière se dessine. Nous sommes condamnées à toujours voir nos visiteurs disparaitre par cette bouche blanche.

¤Alone, again¤ Clnoireyv6