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Kaplen et Unded avaient parlé, un petit peu... Puis ils étaient restés assis l'un à coté de l'autre dans le silence. Le jeune homme avait eu une journée particulièrement longue et ses muscles commençaient à le tirailler de toute part. Ils restèrent plusieurs heures ainsi jusqu'à ce que Kaplen se lève et invite le loup garou à faire de même.
-Venez, je suis sur que vous avez faim et que vous êtes fatigué... Si c'est pas le cas, moi si en tout cas. Je me suis trompé sur votre compte, vous pouvez rester avec nous...
Unded avait acquiescé, comme dans un état second. Ses grands yeux ne se fermaient plus et il suivait le jeune homme comme un zombie. Ses pieds s'enfonçaient dans le sable si bien qu'il ne cessait de trébucher. Fort heureusement, l'Opale n'était pas loin, et ils y parvinrent sans trop de problèmes.

Lorsqu'ils montèrent à bord, la lune était déjà basse, si bien qu'il n'y avait pas un bruit sur le bateau. Kaplen dirigea Unded jusque sous le château et le laissa s'installer dans un coin. Le jeune lycan semblait usé. Et le capitaine se doutait que ce n'était pas uniquement de la fatigue physique. Déprimé?
Cette pensée le renvoya à Keinvor. Déprimé pour ça? Il esquissa un sourire avant de se diriger vers sa cabine. Lorsqu'il entra, le jeune homme y découvrit Pampelune endormie aux cotés de Niüna. Keinvor dormait à coté, emmitouflé dans un tas de linges qui donnaient l'impression d'un gros cocon. Le lit était donc prit, il haussa les épaules et s'installa à son bureau, dans l'état où il était, n'importe quel endroit était bon pour dormir. Et son fauteuil était confortable.
A peine s'installa t-il qu'il sombra dans un sommeil profond.

-Fermez là bordel!
Il y avait du bruit autour de Kaplen, beaucoup de bruit. Et cela le dérangeait. Il avait encore besoin de dormir, son corps le réclamait. Mais il y avait cette chose qui ne cessait de hurler, et tous ces chuchotements autour de lui. Le jeune homme se tourna violement dans l'autre sens pour essayer de retourner dans le monde du silence, mais cela ne changea rien, mis à part le fait que les cris redoublèrent d'intensité.
-Mais c'est pas possible d'être aussi bruyant!
Il se tourna une nouvelle fois puis finit par ouvrir les yeux. Un rayon de soleil atterrissait directement sur son visage, si bien qu'il dut se protéger avant de pouvoir regarder devant lui. Lorsque tous ses sens et ses souvenirs lui revinrent, il se rendit compte qu'il faisait jour depuis déjà quelques temps, et, qu'à sa grande honte, il avait crié sur Pampelune et Niüna qui essayaient de calmer Keinvor.

Kaplen se leva en grommelant et s'étira. Il avait la nuque et le haut du dos douloureux et une seule envie: retourner se coucher.
Niüna leva la tête dans sa direction et esquissa un sourire. Elle tenait le nouveau né (j'avais écrit nez... xD) dans ses bras et le berçait de droite à gauche. Kaplen ne lui jeta même pas un regard, il jaugea Pampelune avant de sortir de la pièce. Les cris de l'enfant l'énervaient dors et déja, et il avait autre chose à faire.
La voix de Niüna s'éleva derrière lui comme un écho à ses sentiments actuels:
-La paternité n'est pas vraiment inée chez lui..
S'ensuivit un petit rire de Pampelune qui le fit grimacer. Que cette larve cesse de pleurer, et tout se passera bien, pensa t-il.

Lorsqu'il parvint sur le pont, il soupira d'aise. Tout l'équipage (c'est à dire très peu d'hommes) continuait les réparations. Son ventre grogna un long moment, mais il le laissa parler. Il n'avait ni faim, ni soif, juste envie de s’aérer l'esprit et de penser à autre chose. Ses hommes le saluèrent dignement mais ne lui posèrent aucune question. Ils transpiraient déjà, et il fallait dire qu'il faisait bien chaud pour un début de matinée. Kaplen s'installa donc en compagnie de deux hommes qui étaient en train de réparer le mât et s’exécuta. L'effort physique mêlé à la chaleur eurent bientôt raison de sa chemise imbibée du sang de son épouse. Et comme ses habits, toutes ses pensées s'envolèrent et furent très rapidement inhibées par d'autres, beaucoup plus pratiques.

Lorsqu'ils eurent fini, le soleil commençait à décroître dans le ciel et le ventre du jeune capitaine criait de plus belle.
-On va s'arrêter là pour le moment hein?
Tout le monde acquiesça vivement et ils partirent se restaurer. Kaplen entra dans sa cabine en espérant que Keinvor se soit endormi, et il fut heureux de voir que son voeu s'était réalisé. Pampelune et Niüna, toujours sur le lit, discutaient en surveillant l'enfant. Elles s'arrêtèrent lorsqu'il entra et ne prononcèrent pas un mot lorsqu'il traversa la cabine exiguë.
-Vous avez faim?
Pampelune se leva précipitamment et le prit dans ses bras. Kaplen, adoucit par le travail physique et par le contact de son épouse se relâcha et lui rendit son étreinte. Elle sentait les fleurs et la nature, ses cheveux étaient si doux conte sa peau, et son visage si délicat... A ses cotés, le jeune homme avait l'impression d'être un monstre poisseux qui puait la transpiration.
-Niüna, tu as faim?

La jeune elfe lança un long regard en direction de Keinvor puis remonta vers Pampelune en se mordant la lèvre.
-Faut surveiller Keinvor...
-Dans le cas...
-C'est bon, il est pas en sucre, il peut venir avec vous dehors, en plus il fait bon. Et puis comme ça tout le monde pourra le voir...
Devant le regard horrifié de Niüna le jeune homme se demanda ce qu'il se passait.
-Qu'est-ce que j'ai dit?
Pampelune l'embrassa avant d'attraper le nouveau né et de s'engager en direction de la sortie. Niüna se leva précipitamment et tenta de l'arrêter, mais la jeune femme était ravie de présenter son fils à tout l'équipage. Content de son effet, le jeune homme sortit à la suite de Niüna et la rattrapa sans problème.
-Des objections? Mes hommes sont peut être carnivores, ils ne mangent pas les enfants!
-Je ne pensais pas à ça! Vous ne voyez même pas dans quel état d'insalubrité vous vivez! Vous arrive t-il de vous laver de temps en temps? Ce n'est pas ce qu'on pourrait appeler un environnement adapté pour un nouveau né! Mais vous savez certainement mieux vous occuper des enfants que moi!

Elle laissa le jeune capitaine sur ces derniers mots cinglants avant de retourner auprès de Pampelune qui voltigeait d'homme en homme avec le bébé dans les bras. Kaplen se passa une main dans les cheveux avant d’apercevoir Unded qui mangeait seul dans son coin. Il s'installa près de lui et lui lança un grand sourire. Le jeune homme semblait avoir travaillé lui aussi mais ne lui lança qu'un bref regard.
Un homme passa derrière Kaplen et lui lança une grande claque dans le dos.
-Pour sur, celui là sera aussi fort que son père!
Le jeune homme se retourna et lui lança un grand sourire avant d'acquiescer et de répondre. La sortie de l'enfant avait installé un climat de joie général sur le pont, et tandis qu'ils avalaient leur maigre repas, les hommes se régalaient devant les histoires de Pampelune, toujours aussi souriante et ravissante malgré toutes ces épreuves.
Kaplen laissa Unded ruminer son désespoir avant de se rendre compte que Kaleya avait disparu. Cependant il ne s’inquiéta pas trop, persuadé qu'elle allait revenir. Il savait combien la jeune femme aimait être seule.

Le jour tomba relativement rapidement, si bien que la journée sembla être passée à toute vitesse. Durant le reste de l'après midi, ils parvinrent à remonter le grand mât et à le maintenir en place. Ce n'était pas grand chose, mais c'était déjà ça. Kaplen allait retourner dans sa cabine voir si tout se passait bien lorsqu'il aperçut une silhouette sur la plage, puis une deuxième. Il s'arrêta et sortit sa longue vue de sa ceinture, mais elles étaient encore trop loin et tout ce qu'il arrivait à distinguer, c'était de grosses taches rouges qui maculaient leurs vêtements.

Spoiler:

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Douleur. Kaleya avait espéré s'accrocher à la réalité en parlant, mais à présent, chaque nouveau mot prononcé lui semblait insupportable. Elle n'eut même pas le courage de répondre lorsque Wilaine daigna enfin prêter attention aux questions qu'elle lui avait posé. Sa réponse n'avait d'ailleurs rien d'étonnant : tout le monde cherchait un lieu sûr, un abri où passer le reste de sa vie. Mais ceux qui trouvaient cet endroit finissaient par sombrer dans l'ennui... Difficile de savoir s'il valait mieux lutter, courir, souffrir, toujours, ou bien s'ennuyer ferme...
Finalement, Kaleya avait fait son choix depuis longtemps.

Il lui fallut plusieurs minutes pour se rendre compte qu'elle perdait connaissance à intervalle régulier, avant de s'éveiller en sursaut à l'appel de son instinct de survie. La présence de la centaure à ses côtés la poussait également à ne pas abandonner : tant qu'elle pouvait avancer, alors la neko le pourrait aussi... du moins l'espérait-elle.

Brièvement, elle fit l'état de ses blessures, et pour la première fois depuis qu'elles avaient échappé aux elfes noirs, elle eut un sérieux doute quant à la capacité de ses compagnons de route pour la soigner. Elle avait perdu tellement de sang... Il était même surprenant qu'elle soit encore en vie, et purement incroyable qu'elle puisse marcher. Comme quoi, elle pouvait tout de même être reconnaissante aux scientifiques qui avaient créé sa mère...

« Nous sommes arrivées. »

Elle eut un faible sursaut qui manqua la faire chuter une bonne fois pour toute, et se rendit alors compte qu'elle ne voyait plus grand chose d'autre qu'une brume légèrement lumineuse... une lumière non filtrée... plus d'arbres... la plage. Enfin. Les trois mots prononcés par Wilaine prirent tout leur sens et elle sentit malgré elle qu'elles accéléraient la cadence.

À travers le brouillard de plus en plus épais de sa vision, elle entrevit des silhouettes noires au loin. Trop forts, trop stridents, des appels retentirent, des cris, des questions... Elle ne comprenait pas. Il n'y avait d'ailleurs rien à comprendre, rien d'autre que l'inconscience à laquelle elle pouvait enfin s'abandonner. Un sourire aux lèvres, alors que les ombres de ses amis grandissaient, elle bascula en avant et se laissa emporter dans les ténèbres au rythme des battements affolés de son propre coeur, désespéré de ne plus avoir assez de sang à envoyer dans ses artères...

Spoiler:

Kaplen ajusta une nouvelle fois sa longue vue et parvint à recevoir des images bien plus précises. Lorsqu'il se parvint à distinguer la première silhouette, son coeur manqua un battement. Ces vêtements, cette démarche,... C'était Kaleya! Non loin d'elle se trouvait un être beaucoup plus grand et plus brillant. Mais le jeune homme n'avait d'yeux que pour la neko. Il replaça sa longue vue sur sa ceinture et appela le chirurgien.
-J'ai besoin d'aide, Kaleya est blessée, il faut aller l'aider!
Le vieil homme haussa les sourcils avant de réagir face à son capitaine qui ne cessait de l'interpeler.
-Je t'en prie dépêche toi!

Comme s'il criait trop fort, Niüna sortit du château pour s’enquérir de la situation.
-Ah toi, viens, tu vois bien, tu connais deux trois trucs en médecine, et tu es rapide, on va avoir besoin de toi. Kaleya est blessée, il faut aller la chercher.
-Blessée?
Kaplen lui répondit en désignant la plage et les deux silhouettes vermeilles.
Tandis que le chirurgien récupérait ses outils, le jeune homme attrapa plusieurs bouts qu'il cala contre son épaule et demande à Niüna de récupérer ce dont elle aurait besoin.
Lorsqu'ils eurent récupérer tout ce dont ils avaient besoin, ils descendirent en vitesse du navire. Le jeune homme se sentait beaucoup mieux que la veille, si bien qu'il fut le premier sur la plage. Niüna le suivait de près, tandis que le chirurgien peinait à maintenir tous ses outils en place. .

-Tu auras besoin de tout ça? Demanda Kaplen.
Le vieil homme répondit par un grognement affirmatif puis se laissa tomber sur le sable chaud. Le soleil commençait à se rapprocher de l'horizon, la luminosité baissait rapidement, ils avaient peu de temps pour pouvoir bien s'occuper de la jeune femme et de la deuxième silhouette.
Les deux blessées se trouvaient loin du navire, ils mirent donc plusieurs minutes à les retrouver. Les sable était de surcroît profond, si bien qu'il n'était pas évident de s'y déplacer, et le chirurgien les ralentissait terriblement.

Lorsqu'ils parvinrent enfin à leur niveau, Kaplen cru défaillir. Kaleya était dans un tel état que le seul fait qu'elle se tienne encore debout était un véritable miracle. Puis il y avait cette autre silhouette qu'il avait aperçu de loin... Maintenant il comprenait... Un centaure!
-Kaleya! Kaleya!
La jeune femme avait le regard lointain et déambulait tel un pantin. Elle leva la tête dans leur direction avant de se laisser tomber. Kaplen courut à sa rencontre et parvint à l'attraper avant qu'elle ne touche le sable. Il lança un regard désespéré au centaure qui ne semblait pas en bien meilleure forme.
-Kaleya, réveille toi!
Il essaya de la faire revenir à elle en la secouant légèrement, mais il ne se passait rien. Sa tête tombait en arrière et ses paupières s'ouvraient suivant les a coup. La jeune femme respirait très lentement mais ne réagit pas.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé? Demanda t-il à la centaure avant de laisser la jeune femme aux bons soins de Niüna visiblement ébranlée et du chirurgien qui avait déjà tout installé.

Kaplen prit conscience de l'etat de la centaure lorsqu'elle lui répondit. Son regard semblait plongé dans un brouillard lointain et elle tremblait sur ses longs membres musculeux. Le jeune homme, qui venait de déposer Kaleya à ses cotés fut prit d'un soudain accès de panique. Que faire?
La créature était au moins dix fois plus lourde que lui et il n'aurait jamais la force nécessaire de la porter si jamais elle s'évanouissait. De plus, la luminosité commençait à baisser dangereusement. Le soleil, alors à la limite entre le ciel et la mer lançait de magnifiques rayons colorés dans leur direction et les nimbait d'une lumière chaude et chaleureuse.

Ce qui renforçait d'autant plus les traits tirés de la centaure qui commençait réellement à perdre pied. Kaplen se tourna en direction de Niüna et du chirurgien.
-Niüna, tu as la force d'un homme, aide moi à soutenir le centaure jusqu'au bateau...
Il s'arrêta un moment avant de se rendre compte que jamais l'animal ne pourrait monter à bord... On verra arrivés là bas, pensa t-il.
Puis il se tourna en direction du vieux chirurgien et lui demanda s'il était capable de porter Kaleya. La jeune femme n'était pas lourde, mais le vieil homme était déjà fortement chargé.
-Si tu veux je prend tes affaires... Je t'avais dis de ne pas en emporter tant! Oui, je prends tes affaires! Niüna, occupe toi du centaure pendant que je récupère les outils, fais attention qu'elle ne s'évanouisse pas!

Kaplen était dans un état de stress et d'angoisse impressionnant. Il avait deux blessées sur les bras, et rien que le fait de penser à Kaleya morte, sa gorge se nouait. Son coeur battait la chamade, il rangeait les outils du vieil homme avec fébrilité et ne cessait de rater les encoches faites spécialement pour accueillir les objets. Ses mains tremblaient et il transpirait malgré la fraîcheur du soir venant. Lorsqu'il parvint finalement à se calmer un peu, tout était dans l'ordre et ils pouvaient rentrer au bateau.

Le chemin du retour fut éprouvant. Kaplen devait assumer tous les outils du chirurgien qui pesaient leur poids d'un coté et la centaure qui n'en pesait pas moins de l'autre coté. La jeune femme/cheval avait du mal à marcher dans le sable profond: ses sabots n'étaient pas fait pour les sols mous et son état ne facilitait pas les choses. Niüna haletait mais ne se plaignait pas. Kaplen avait insisté pour que le chirurgien passe devant. De toute façon, ils marchaient tous à la même vitesse. Le voyage parut d'une lenteur exceptionnelle. Le jeune homme leva la tête devant lui et aperçu des hommes qui se dirigeaient dans leur direction. Ils n'avaient pas fait le quart du chemin et la lumière était encore assez importante pour distinguer des silhouettes au devant. Ils avançaient vites et furent rapidement à leur niveau. Kaplen reconnut les hommes ne son équipage qui étaient venus leur prêter main forte. Ils s'occupèrent de Kaleya, soulageant le vieil homme et aidèrent Kaplen et Niüna à soutenir la centaure.

Kaleya perdait beaucoup de sang.
-Niüna, suit Kaleya et occupe toi d'elle, il faut qu'on trouve un moyen pour monter le centaure sur le bateau. Et... Merci de ton aide.
La jeune femme lui lança un long regard et acquiesça avant d'aller retrouver les hommes qui portaient la neko. L'esprit du jeune homme était en ébullition. Lorsqu'ils parvinrent enfin au pied de l'Opale, il avait trouvé la solution. Ainsi, ils prirent plusieurs drisses très longues qui avaient le mérite d'être très solides et les passèrent sous les antérieurs et les postérieurs du centaure. Les bouts furent enroulés autour de plusieurs poulies, ce qui divisa grandement la charge et leur permit de soulever la jeune femme a seulement cinq hommes et assez rapidement. Si les bouts lui mordaient les chaires, la centaure devait être trop fatiguée pour ressentir quoi que ce soit. Lorsqu'elle fut enfin en haut, Kaplen lâcha le bout et se passa une main sur le front. Il faisait nuit noire et la lune, à son troisième quartier, se réflettait dans l'océan calme et plat.

Rappel: Qui veut rp?

ça devrait être à Niu. Ou à toi mais tu viens de rp. Parce que moi, je suis à moitié morte (alors à part dire : " Oooooooh, il fait tout noiiiiiir " j'vois pas quoi écrire xD), Wilaine est pas en bien meilleur état que Kal'...

NIUUUUUUU !!! ECRIS ! xD

Sinon je veux bien écrire un truc où je résume tout ce qu'il s'est passé (les soins, les réparations, etc.) et qu'on AVANCE enfin !!! >< Qu'on se casse de cette île ! Qu'on fasse quelque chose quoi ! xD Après on s'organise niveau de la destination. Mais au moins, on avancerait un peu. ^^

Spoiler:

Va, vient. Va, revient. Les yeux mi-clôt, Kaleya écoutait si intensément que son corps en venait à suivre le rythme des vagues que le navire impitoyable déchirait en mille embruns qui, comme pour se venger du meurtre de leur mère, venaient s'accrocher au bois du pont et au visage détendu de la jeune femme. Elle ne s'était plus sentie aussi bien depuis... des mois, lui semblait-il.

Elle rouvrit les paupières pour admirer la surface paisible de l'océan. Enfin, l'île maudite était derrière eux. Enfin, elle pouvait regarder à l'horizon en sachant que tôt ou tard, elle y serait, et qu'elle pouvait y espérer un avenir. Lequel, elle l'ignorait encore, mais c'était sans importance, pour le moment.

Elle ne parvenait pas à se tirer de l'engourdissement qui entravait ses muscles et son esprit mai devait surtout admettre qu'elle n'essayait même pas. Son corps se remettait encore de ses blessures et elle ne pouvait plus se permettre d'aller au-delà des ses limites. Elle s'était déjà perdue si loin, tellement plus loin qu'elle n'aurait dû, qu'elle avait failli ne pas pouvoir revenir et ce malgré tous les efforts de Niüna.

Elle lança un regard chaleureux vers la jeune elfe, occupée à converser avec Wilaine. La centaure résistait comme elle pouvait au mal de mer et autant dire que ce n'était pas brillant. Mais au moins avait-elle cessé de répandre le contenu de son estomac partout sur le pont pour généreusement l'offrir à l'océan dont les mouvements la malmenaient.

Elle ne gardait que peu de souvenirs de sa convalescence. Un bref instant, la réminiscence de la douleur et de la longue marche qui l'avait menée jusqu'à la plage lui revint, mais comme si elle en avait été la spectatrice. Elle se revit s'effondrer, un sourire aux lèvres. La suite n'avait été qu'une succession d'obscurités silencieuses, de nuits assourdissantes, de noirs bruyants... Tantôt, elle s'entendait respirer sans s'en rendre compte et tentait inconsciemment de s'accrocher au rythme de son souffle pour revenir, tantôt le silence la noyait, la ballottait en tout sens, effaçant jusqu'à la moindre étincelle de réflexion qui la maintenait en vie.

Les jours avaient passé, grains de poussières insignifiants dans le sablier du temps. Les ténèbres avaient alors commencé à s'étioler, à s'entrouvrir. Elle se souvenait de bribes de phrases saisies au vol, d'éclats de lumière. Rêve ou réalité, elle ne savait pas très bien. Mais seul sa survie comptait réellement.

Car elle avait survécu. Elle qui avait si souvent ignoré la mort, même lorsque celle-ci venait l'effleurer, elle qui l'avait tout aussi souvent appelée, qui l'avait narguée, provoquée, donnée même pour voir si elle en serait un jour punie... n'avait que rarement été aussi heureuse de vivre. La reconnaissance qu'elle ressentait à l'égard de Niüna était énorme et curieusement, elle ne se sentait pas humiliée d'avoir une telle dette.

La suite n'avait été que pure confusion. À l'ouragan instable de l'inconscience avait succédé la tempête de l'éveil. Elle avait retrouvé la douleur, pour commencer. Et tout l'agressait : le moindre son, la moindre lumière. Elle ne s'était jamais sentie si pitoyable de sa vie et s'était vite recroquevillée pour fuir loin de la réalité.

Mais une fois qu'on est revenue, on ne peut plus retourner en arrière. Peu à peu, la vie avait repris son cours. Elle avait réappris à marcher, à bouger, mais elle avait surtout dû supporter la sollicitude de ses compagnons. Sur le moment, elle s'était même surprise à détester tout le monde. Qu'ils la laissent donc se débrouiller, elle n'avait jamais eu besoin de personne, qu'ils dégagent ! Elle ne leur devait rien ! Elle s'était d'abord enfermée dans un silence pesant qu'ils n'avaient pas compris. Finalement, lorsque la limite du supportable avait été atteinte, elle leur avait hurlé dessus sans le moindre égard. ç'avait été Wilaine, qui s'était remise beaucoup plus vite qu'elle, qui l'avait remise à sa place, et pour une fois la jeune neko avait dû reconnaître qu'elle méritait totalement le ton incisif employé par la centaure.

Kaleya avait d'ailleurs été heureuse de constater que sa compagne d'infortune avait été accueillie et intégrée à la petite équipe pour le moins hétéroclite dont elle faisait parti. Et d'autant plus heureuse lorsqu'elle avait décidé de les suivre, malgré l'épreuve qu'elle aurait à endurer sur l'océan.

Par la suite, tout s'était précipité : alors qu'elle effaçait peu à peu de son corps et de son esprit les dernières traces de sa convalescence, les réparations avaient enfin été achevées. Ils n'avaient pas réfléchi à leur destination et avaient levé les voiles. Loin, loin, le plus loin possible de cette fichue île sur laquelle elle avait perdu plusieurs mois de sa vie.

Cela faisait à présent une semaine qu'ils voguaient. La mer qui s'étendait à perte de vue avait effacé les contours de sa rencontre avec les elfes noirs. Seul demeuraient les nouvelles cicatrices que porteraient son corps, son impossibilité temporaire de grimper jusqu'au sommet du navire, et surtout l'amitié qu'elle ressentait envers Wilaine. Souffrir ensemble, ça crée des liens.

Oh bien sûr, si elle prenait la peine de chercher un peu, elle retrouvait le dégoût qu'elle ressentait face à ses propres actes, la colère qu'elle ressentait à souffrir sans cesse mais... elle ne voulait pas chercher.

Elle revint brusquement à la réalité lorsqu'un vague plus haute que les autres se décida à mourir en l'aspergeant copieusement. Comme un chat auquel on aurait lancé un saut d'eau, elle bondit sur ses pieds avec un cri d'indignation aussitôt suivi par un éclat de rire joyeux. Haussant les épaules, dégoulinante d'eau salée, elle repoussa les mèches de cheveux qui se plaquaient sur son visage pour rejoindre Wilaine, légèrement moins pâle qu'auparavant, et Niüna.

" Eh bien on peut dire que les poissons ne crèveront pas de faim, avec toi ! " lança-t-elle à Wilaine d'un ton moqueur.

Elle suivit le regard des deux femmes et se perdit à nouveau dans l'observation de l'océan qui n'était pourtant absolument pas différent de celui qu'elle regardait quelques secondes auparavant.

" Au fait... est-ce que vous savez où l'on va ? La dernière fois que j'en ai parlé avec Kaplen, il ne semblait pas savoir non plus... "

Elle devait admettre qu'elle-même, après toutes ces mésaventures, ne savait pas bien où elle en était. Elle ressentait toujours le désir de découvrir les autres îles de l'archipel, mais celui-ci s'était quelque peu atténué. Elle se surprenait à songer à retourner à Reilor. Pas longtemps, non, simplement le temps de savoir ce qu'il s'y passait...

Cela faisait plus de trois mois qu'il avaient récupéré Kaleya et son amie centaure sur la plage. Kaplen venait de s'en rendre compte. Penché au dessus de ses cartes en compagnie de ses compas et de ses instruments de mesure, il s'était arrêté un instant pour marquer leur emplacement d'une croix nouvelle. la 45ème depuis leur départ en mer. Lui aussi commençait à trouver le temps long. Non pas à cause du voyage et de l'océan... Il aimait trop cela pour s'en plaindre, mais à cause du calme plat qui suivait les évènements assez chaotiques qui s'étaient déroulés sur l'île.

Lorsqu'ils avaient trouvé Kaleya et Wilaine, Kaplen avait laissé à Niüna le soin de s'occuper de la femme-chat qui avait l'air en très mauvais état, puis s'était lui même occupé de la centaure. Ne connaissant rien en médecine, il avait laissé faire le chirurgien. Le pont était sec alors, le bateau n'avait pas prit l'eau depuis un moment, sec et chaud, mais il faisait nuit noire, si bien que le travail fut délicat et difficile. Au petit matin, les deux hommes y étaient encore. Ils furent rejoints par Niüna qui prit le relais du vieux chirurgien épuisé.

Tandis que les deux blessées retrouvaient plus ou moins difficilement leur santé, Kaplen et son équipage s'étaient occupés de finir de réparer l'Opale. Ils avaient recousus les voiles, réparés les mâts, la coque,... Cela n'avait pas été un travail facile, mais Kaplen trouvait dedans comme une échappatoire à ce qu'il ne voulait voir. Il ne dormait même pas avec sa femme et son fils, mais avec son équipage. Quelque chose le gênait dans sa propre cabine, peut être était-ce l'enfant lui même à vrai dire. Niüna et Pampelune étaient constamment autour de lui et ne parlaient que de lui "Keinvor ceci, Keinvor cela..." ce qui agaçait terriblement le jeune homme. De plus, il ne pouvait plus travailler dans son bureau. Il avait essayé pourtant, mais entre les cris de l'enfant, les sauts d'humeur de Kaleya qui se révélait être une bien piètre convalescente. La jeune femme était irascible, elle n'acceptait de critiques ou de conseils de personne.

Kaplen avait essayé une fois, par principe, puis s'était ravisé devant sa réponse après une petite joute verbale qui le faisait bien rire quand il y repensait. Jamais il n'aurait pensé que Kaleya avait un vocabulaire aussi fourni en injures. Apparemment, la dispute s'était entendue jusque sur le pont... Et le comble était que ni l'un ni l'autre avait eu le dernier mot: Niüna les avait séparés, Kaplen était partit de son coté avec ses cartes et ses outils et Kaleya de l'autre, clopin clopant vers Keinvor et Pampelune. Dans un accès d'immaturité suprême, le jeune homme s'était retourné et lui avait tiré la langue. La jeune femme avait fait de même.

La réparation de l'Opale avait duré un mois et demi et dès que tout fut près, ils prirent le large. Kaplen connaissait dès lors sa destination. Il sortit de sa cabine et s'étira devant le soleil encore haut dans le ciel. Pas un brin de vent, pas un nuage à l'horizon, et cela durait depuis qu'ils étaient partit. Le bateau n'avançait guère et même s'il y avait du travail sur le pont, le calme plat de l'océan laissait tout le monde presque désœuvré (et pas inoeuvré un Nyu? ^^) ce qui accentuait la longueur des journées.

Le jeune homme se posa à la barre aux cotés d'un de ses hommes qui bullait les bras croisés sur le gouvernail.
-On tient le cap cap'taine... Mais ça bouge pas de toute façon.
-Oui j'ai vu...
Kaplen baissa les yeux et tomba sur Kaleya qui fuyait les vagues qui s'écrasaient contre la coque. Il esquissa un sourire, donna une petite claque dans le dos de l'homme de barre et descendit vers le pont. Il était de bonne humeur ce matin là. Le jeune homme passa devant Unded endormi et lui décocha un petit coup de pied pour qu'il se réveille. Mais cela n'eut d'autre effet que d'arrêter les ronflements, ce qui n'était pas plus mal. Puis il continua sa route en direction de la femme-chat, de Niüna et du centaure.
-Bonjour mesdames. dit-il, enjoué.

Ces dernières semaines, le temps avait passé à une allure folle. je me rappelais encore l'état lamentable dans lequel étaient arrivées Kaleya et Wilaine. De vraies loques ensanglantées. J'avais veillé la Nekos toute la nuit, lui prodiguant le maximum de soins afin d'aider son corps à récupérer. Au petit matin, la jeune femme s'était enfin assoupie et, compatissante envers Wilaine obligée de supporter les soins médiocres du pseudo médecin de bord j'avais oublié ma fatigue pour aller la rejoindre. Son état était catastrophique mais j'avais réussi à venir à bout de ses blessures et à la soulager.

Leur rétablissement avait été long et difficile, et si la centaure faisait contre mauvaise fortune bon coeur, la Nekos avait eu beaucoup plus de mal à supporter la situation... et l'immobilité Heureusement, Kal et Wilaine s'entendaient tellement bien que la situation ne débordait jamais... ou presque.

Kaplen s'était occupé de réparer l'Opale et bientôt, le navire avait pu reprendre la mer. Cela avait semblé remplir de joie le Capitaine, dont la mine s'était assombrie de jour en jour. L'attention dont bénéficiait constamment son fils lui tapait visiblement sur les nerfs. Il était l'opposé du papa gâteau! Je ne savais même pas si il l'avait déjà pris dans ses bras. Mais enfin, il ne lui voulait pas de mal c'était le principal.

J'essayais de m'occuper du bambin le plus possible pour laisser du temps libre à la jeune maman afin qu'elle puisse profiter de son compagnon. Mais mes moments préférés demeuraient ceux passés avec Kaleya et Wilaine. Je me sentais extrêmement à l'aise avec elles, et nous avions de nombreux fous-rire. La bonne humeur était toujours présente.

J'ignorais notre destination, et à vrai dire je m'en moquais... Mais c'était loin d'être le cas de Kaleya. Une violente dispute avait éclatée entre elle et Kaplen et j'avais du les séparer. Je détestais les cris. Nous étions tous assez matures pour pouvoir dialoguer et parlementer sans élever la voix! J'espérais simplement qu'il y aurait des arbres... L'escalade, sauter de branche en branche... ces sensations me manquaient atrocement. Heureusement, je pouvais m'installer en haut du mas et contempler l'immensité de l'océan, jouant avec le vent qui menaçais à tout instant de me faire tomber. J'avais hâte d'apprendre à Keinvor les rudiments de l'escalade...

Depuis notre départ, je passais beaucoup de temps avec Wilaine, fortement incommodée par la mer. Son estomac avait la fâcheuse tendance à se vider constamment... et aucune de mes herbes ne faisaient effet sur le mal de mer. Je lui tenait donc compagnie en essayant de la distraire le plus possible.

Kal, moqueuse, vint nous rejoindre près du bastingage. Son humour aidait Wilaine à supporter ses vomissements, dont elle était la seule à souffrir. Nos rires s'élevèrent bientôt, semblables à des grelots dans la brise fraîche du matin.

Un grand sourire au lèvres, Kaplen s'avança vers notre petit groupe. Sa bonne humeur était d'autant plus appréciable qu'elle était rare.

-Bonjour mesdames. dit-il, enjoué.

D'humeur taquine, je répondis avec un sourire malicieux.

-Bonjour Capitaine! Vous arrivez à point, grâce à Wilaine un grand nombre de poissons attendent d'être pêchés!

Le jeune homme tourna la tête et avisa le pont jonché des corps muqueux et frétillants des poissons aux yeux vides. Il pensa alors à toute cette substance grasse qui collerait au pont, le rendrait extrêmement glissant, nauséabond et difficile à nettoyer. Kaplen esquissa une grimace puis se ravisa avant de recommencer à sourire.

-Parfait, je voulais vous voir. Surtout Kaleya et son amie en fait. Voila.

Son visage se ferma rapidement et il retrouva son air sérieux de tous les jours. Il faisait beau, certes... Mais il y avait plus important à faire.

-Je pense que j'aurais du vous en parler avant, mais je pense que vous vous en étiez déjà doutées. Nous mettons voile vers le nord-est en direction de Lan rei. Je sais que je ne pourrais pas amarrer en ville mais on a vraiment besoin de refaire le plein de nourriture, d'armes... Parce que là c'est pas vraiment la corne d'abondance.

Le jeune homme s'arrêta, scrutant le regard de Kaleya qui, habituée aux sauts d'humeurs ces derniers temps, se révélait celle qu'il attendait le plus au tournant.

Spoiler:

Il n'y avait aucun doute : l'ambiance sur la navire était agréable. Après la tension que Kaleya avait fait régner, à présent qu'ils étaient partis, tout semblait aller pour le mieux. Elle se faisait une nouvelle fois cette remarque en observant Wilaine et Niüna. La première supportait relativement bien les taquineries de la jeune neko, tandis que la deuxième semblait beaucoup s'en amuser. Mieux encore, le soleil brillait et la mer était calme...

L'atmosphère s'était allégée au point que même Kaplen arborait un petit sourire lorsqu'il les rejoignit. Il les salua avec une nuance étrangement joyeuse dans la voix mais reprit rapidement le sérieux qu'un capitaine se devait d'avoir... du moins le croyait-il.

" Je pense que j'aurais du vous en parler avant, mais je pense que vous vous en étiez déjà doutées. Nous mettons voile vers le nord-est en direction de Lan rei. Je sais que je ne pourrais pas amarrer en ville mais on a vraiment besoin de refaire le plein de nourriture, d'armes... Parce que là c'est pas vraiment la corne d'abondance. "

Malgré elle, Kaleya fronça légèrement les sourcils. Lan Rei... Elle avait beau avoir voulu retrouver Reilor par pure curiosité, entendre le jeune homme énoncer leur destination avec un tel calme l'effrayait étrangement. Elle avait pris l'habitude d'une vie "normale", loin de ses poursuivants et des mauvais souvenirs attachés à la ville où elle avait passé la plus grande partie de sa vie. L'idée de devoir y faire face une nouvelle fois éveillait en elle une foule d'émotions contradictoires. Sans qu'elle le veuille, elle sentait le désir de vengeance revenir doucement. Elle percevait une peur sourde mêlée à une curiosité malsaine.

Après réflexion, finalement, cette décision ne la dérangeait pas. D'un léger haussement d'épaule, elle balaya ses doutes et parvint à sourire d'un air dégagé.

" Il n'y a pas de problèmes. ça fait longtemps que je n'y suis pas retournée, ça ne me fera pas de mal de retrouver mes origines... "

Elle avait tout de même appris à exercer un certain contrôle sur elle-même et elle réussit à ne pas laisser percer d'amertume dans ses derniers mots.

" Par contre, je crois que nous y sommes toujours recherchés. Quoiqu'après tant de mois, ils nous auront un peu oublié. Mais il faudra faire attention. "

Précision inutile. Ils étaient tous conscients qu'ils formaient une équipe des plus étranges qui attirerait probablement l'attention. Ils savaient tous que la prudence serait leur maître mot.

" Et qu'est-ce que tu penses faire, après cela ? Continuer à se promener sur les mers ? Ou st-ce que tu as un projet particulier ? "

Des idées étranges venaient doucement envahir son esprit. Irréalisables. Folles. Une nouvelle fois, elle s'efforça de nettoyer son esprit de ses rages renaissantes et de ses bizarreries. Ce n'était pas le moment. Elle voulait pouvoir profiter du semblant de sérénité qu'elle vivait.

Spoiler:

Spoiler:

Le jeune homme accueilli la nouvelle avec un profond soulagement. Il avait peur de la réaction de Kaleya et n'avait pas vraiment envie de se battre avec elle... Même si elle n'avait pas vraiment son mot à dire.
-Par contre, je crois que nous y sommes toujours recherchés. Quoiqu'après tant de mois, ils nous auront un peu oublié. Mais il faudra faire attention.
Le jeune homme s'adossa au bastingage et poussa un profond soupir en regardant les voiles, affalées, dont les drisses claquaient dans le vent à rythmes réguliers.
-Oui, et moi le premier... Ecoute Kaleya. Je sais que chacun d'entre nous n'a pas un passé parfait. A Lan rei, tout le monde me connait. Mon père n'y est pas pour rien d'ailleurs, et je sais que depuis ce qu'il s'est passé la dernière fois... Il se gratta la gorge pour appuyer ses dires et reprit. La simple vue du nez du bateau, et on nous coule à coup de canon avant de nous envoyer sur l’échafaud. Du coup on ne mouillera pas en ville du tout, mais loin, suffisamment pour que personne ne nous trouve, mais pour qu'on puisse y retourner à pied. J'ai des contacts, ils pourront nous aider.

-Et qu'est-ce que tu penses faire, après cela ? Continuer à se promener sur les mers ? Ou est-ce que tu as un projet particulier ?
Kaplen haussa un sourcil et se détacha du bastingage. Il voulut répondre mais quelque chose amarra son regard un peu plus avant. Les drisses, détachées, volaient dans tous les sens. Les voiles, libérées, s'affalaient doucement et de plus en plus sur les baumes. Le jeune homme poussa un soupir avant de courir aider les marins perdus qui couraient après les bouts.
-C'est quoi ce bordel?
-Une drisse à pété Capt'aine! Puis tout à laché, d'un coup, on a rien vu venir!
Kaplen attrapa les bouts qui passaient devant lui comme des tentacules de pieuvre et tenta de freiner la longue descente de la voile qui ne tarderait pas à toucher le pont. Des hommes vinrent rapidement l'aider et l'incident fut rapidement maîtrisé. Ce dont Kaplen ne s'était pas rendu compte avant, c'était que le vent s'était levé, au souvenir des drisses qui dansaient devant eux quelques minutes plus tôt, il esquissa un sourire.
-DRESSEZ LES VOILES, MAINTENEZ LE CAP, ON VA ENFIN POUVOIR AVANCER!!
Oui, il y avait enfin du vent...

Le jeune homme revint vers les jeunes femmes et resta un long moment silencieux avant de se rappeler de la conversation qu'il tenait avec Kaleya.
-En fait... Je ne sais pas vraiment. Enfin si, j'ai une idée, mais elle est peut être un peu folle, surtout avec Keinvor... C'était une idée de Niüna... On ferait route vers Lan rei ouest, je crois qu'il ne se passe pas des choses très claires là bas...
Devant le silence de Kaleya, il se reprit. Il ne savait pas ce qu'elle avait vécu avant, ne savait pas si elle avait un quelconque lien avec cet endroit...
-Je crois qu'il y a des gens qui ont besoin de nous. Je sais que ce n'est pas très en adéquation avec notre pavillon... Mais bref. C'est un coup de folie comme ça, une idée dans un coin de ma tête, ce n'est pas important pour le moment. L'Opale a besoin de sérieuses réparations, si nous tenons jusqu'à Lan rei, nous aurons bien de la chance, preuve en est que les drisses nous lachent les unes après les autres!


Le vent n'avait cessé de souffler et les avait doucement poussés jusqu'à Lan rei. La suite du voyage avait été un peu plus agitée. D'une part parce que L'Opale tombait littéralement en morceaux: Drisses, bouts, morceaux de coque, mats, voiles... Il n'y avait pas un jour sans qu'une réparation de force soit nécessaire. Si bien que Kaplen s'en trouvait fort occupé. Il n'avait que peu de temps à consacrer à son fils, qui était dans son quatrième mois lorsqu'ils atteignirent Lan rei, mais il se plaisait à le regarder grandir de loin. Niüna en était complètement gaga, et cela permettait à Kaplen et à Pampelune de pouvoir se voir plus souvent. Il appréciait l'arracher des bras de son fils, le soir, et l'emmener sur le beaupré admirer le soleil qui se couchait à l'horizon. Plus que tout, Kaplen appréciait ces longs moments silencieux.
Le jeune homme venait tout juste d'avoir 20 ans. Il ne l'avait dit à personne, et personne ne connaissait son âge véritable mis à part Pampelune avec qui il avait célébré l’évènement loin de l'équipage et de la folle équipe hétéroclite qui les suivait.

Lorsqu'ils avaient enfin amarré, tout le monde s'était un peu séparé. Kaplen avait accueilli deux hommes et une femme qui étaient venu pour les aider à passer incognito sur l'île et avait confié son navire (ou tout du moins ce qu'il en restait) à Niüna. Il n'était pas partit longtemps, trop anxieux pour sa femme et son fils et était revenu rapidement, chargé de vivres, d'armes, et de quoi réparer l'Opale de la meilleure façon qu'il soit. Le jeune homme n'avait même pas eu besoin d'entrer en ville, même, s'il le savait, cela ne saurait tarder. Il fallait qu'il retrouve un équipage digne de ce nom car ils avaient perdu beaucoup d'hommes.