Aïklando
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"Homme libre, toujours tu chériras la mer !"
"La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent."
"La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."
"Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter."
"Le voyage est une suite de disparitions irréparables."
"Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil."
"Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais."
"Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un."
"Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer."
"Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…"
"Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer."

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 Octavia Sterenn

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Octavia Sterenn
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MessageSujet: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyMer 09 Fév 2011, 19:09

Un instant, une seconde...

Couchée à même le sol, raide, les bras croisés sur sa poitrine, elle ressemblait à ces cadavres que l'on dispose pour une macabre exposition. Seule l'infime mouvement de sa poitrine laissait voir qu'elle était en vie. Ça, et son cœur qui battait sourdement. Trop lentement. Trop calme pour être celui d'une personne qui se retrouve dans un endroit qu'elle ne connait pas, sans savoir comment elle avait atterri ici.

Pourtant, elle était consciente. Consciente de reposer sur le sol algide. Consciente d'avoir une position de macchabée.

Elle tendait l'oreille, guettant le moindre signe de vie. Si elle ne bougeait pas, comment les autres sauraient-ils qu'elle était lucide ? Rassurée quant à la présence – ou plutôt la non-présence – de mouvement, elle ouvrit les yeux.

Et puis elle les referma immédiatement.

Trop de rouge. Elle en avait assez, du rouge. Elle en voyait suffisamment chaque jour.

Une seconde, un moment...

Elle se décida à se lever. Elle ne pourrait rester couchée indéfiniment. Ce n'était pas son genre, rester immobile.

Elle rouvrit finalement les paupières. Tourna sur elle même. Grimaça.

Du rouge. Encore et toujours du rouge.

Et puis elle sourit. Le rouge, après tout, n'était-elle pas sa couleur de prédilection ?

La jeune femme se mit à regarder attentivement où elle était. Elle ignorait comment elle était arrivée ici, mais cela n'avait pas d'importance. Le contenu de la pièce l'intéressait tout d'un coup. Car ce qu'elle voyait, c'était elle. Sous tous les angles. Des représentations d'elle. Des dessins d'elle. Des photos d'elle. Des murs entiers, tapissés de miroirs et d'images. Un vague rictus retroussa ses lèvres. Voilà quelque chose que Cheh-dahn aurait bien pu faire, par pur ennui, et aussi par désir de l'intimider. C'était réussi, en tout cas.

Voir toutes ces reproductions était pour le moins... sordide. Un dépravé aurait fait ceci que ça ne l'aurait guère étonnée. Bah... Elle ne savait pas qui l'avait amenée ici. Un délicieux frisson remonta sur sa colonne vertébrale lorsqu'elle songea fugacement qu'elle avait été enlevée par un dangereux psychopathe qui la torturerait sans doute et lui infligerait mille souffrances.

Souriant de ses propres idioties, elle se dirigea vers le mur le plus proche d'elle même et en observa les photographies et les dessins. Avec une espèce de fascination, elle se vit petite, un sourire éclatant adressé à quelqu'un, hors du cadre. Elle avait l'impression que cela faisait une éternité, alors que ses six ans ne remontaient, en réalité, qu'à dix-sept ans.

Avide, soudainement, de retrouver tous ces souvenirs, elle passa avec une sorte de fièvre à la représentation suivante. Elle, à dix ans, juchée sur les épaules de son frère, lors de la fête annuelle du village, célébrant le retour du printemps. Et puis elle, à quinze ans, endormie dans les bras d'un jeune homme. Elle grimaça. Elle avait dû aller voir la vieille sorcière qui vivait à l'écart du village pour avoir une de ses potions contraceptives.

Lorsque que les yeux noirs comme l'onyx de la jeune femme se posèrent sur le cliché suivant, elle pâlit et serra les dents. Elle, à tout juste dix-sept ans, recouverte de sang, la figure déchirée par la souffrance, la peine, la honte, fuyant pour sa vie, fuyant son foyer désormais réduit à l'état de cendres fumantes. Avec un hurlement bestial de rage, la jeune femme fracassa son poing contre la photo. Le miroir contre lequel était accrochée celle-ci ne résista pas à l'impact et se brisa. La jeune femme jura bruyamment en massant sa main endolorie et sanglante, et regarda son reflet dans les éclats de verre, comme si elle avait pu accuser celui-ci de cet acte violent.

Les prunelles d'obsidienne croisèrent les prunelles d'obsidienne, hargneuses. Les lèvres rouges croisèrent les lèvres rouges. Le manteau à coule sanglant croisa le manteau à coule sanglant. Avec violence, la jeune femme se détourna de la psychée, incapable de supporter plus longtemps la haine qui brûlait dans ses yeux. Et surtout, tout ce rouge.

Elle poussa un cri dément, folle de haine, folle de ce pourpre qui la drapait, du carmin de ses lèvres fines ; elle n'en pouvait plus du rouge. Le rouge était ces yeux assoiffés par le liquide vital. Le rouge était ces longs crocs, pareils à des couteaux. Le rouge était sang. Il était le sang qui avait coulé. Il était la couleur du fleuve... ce fleuve rouge où l'on voyait les gamins flotter, le visage blême, les joues creusées, les yeux dévorés par les corbeaux... le fleuve rouge du sang versé.

Prise par sa vision, elle se recroquevilla sur elle même, gémissant doucement, pleurant des larmes d'enfant.

Un instant... une seconde...

Et tout redevint normal. Elle se releva, époussetant ses habits, sa cape rouge, lissant ses cheveux bruns, essuyant le liquide salé qui avait roulé sur ses joues.

Ses yeux se posèrent sur le mur d'en face, recouvert de photos, cette fois, où elle était avec « l'autre ». Ils croisèrent l'un des dessins, la représentant avec celui qui était à la fois son bourreau et son sauveur, Cheh-dahn, dans une position des plus équivoques. Elle haussa un sourcil. Cette fois, c'était certain, c'était le démon qui avait créé cette pièce. Bah, elle n'en ressentait aucune honte. S'il fallait coucher avec le démon pour pouvoir assouvir sa vengeance et enrayer sa maladie, que lui importait ?

Elle ramena la tresse de sa chevelure devant elle et s'observa cette fois plus attentivement. Il n'y avait pas grand chose à dire : elle n'était pas d'une beauté exceptionnelle, ni très grande. La seule chose de remarquable, chez elle, c'était cette sorte de malaise qui vous collait à la peau quand vous croisiez son regard.

Il n'y avait aucune cicatrice visible sur sa peau : son pacte avec Cheh-dahn avait effacé toute marque. Mais s'il n'y avait pas eu pacte... Son corps aurait été couturé de part en part. On ne servait pas de jouet à un loup-garou sans en avoir des stigmates. Fort heureusement, le serment et l'échange de sang pour le sceller avait enlevé, comme on gommait un coup de crayon, chacune de ses cicatrices à la surface de sa peau.

Une seconde, un moment...

Et elle employa le don qu'elle avait retiré de son pacte avec Cheh-dahn. Son œil gauche rougit, se fendit, devenant le jumeau de ceux du démon, un signe sombre et sinueux se traça, peu à peu, sur sa joue droite. Elle força un peu sur le pouvoir ; son manteau s'effilocha, devenant filaments de brume rouge, son corps petit à petit intangible. Elle passa la main à travers un miroir, et si elle réussit à traverser une partie du mur, elle se heurta à quelque chose, qui la repoussa. Elle jura bruyamment, crachant les mots fielleux que la Haine lui inspirait si facilement. Comment ça ?! Des murs la retenaient ? Elle, Octavia Sterenn, l'Assassin Rouge, la tueuse insatiable de lycanthropes ?!

Avec un sifflement, elle retira sa main du mur, redevenant solide, la teinte sanglante de son œil s'éteignant, sa cape s'évasant de nouveau autour d'elle, et elle revint au milieu de la pièce.

Il y avait décidément trop de rouge, ici.


Dernière édition par Octavia Sterenn le Ven 25 Fév 2011, 16:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyJeu 10 Fév 2011, 19:30

Octavia Sterenn Yeux7

Encore un corps à examiner. Tapis derrière le miroir, Nous attendons qu'il s'éveille, prêts à Nous jeter sur sa carcasse comme des vautours. Car Nous ne Nous en lassons pas.

D'abord il y a l'odeur... Sur les chairs s'exaltent les parfums de la vie, Nous retrouvons la route de Notre invité parmi les fleurs de son île en le respirant. Quelles forêts a-t-il croisé? Touche-t-il au cuir, au bois, trouvons-Nous un arôme de vernis dans cette petite note piquante?

Ensuite, le toucher. Pas trop, juste un effleurement. Comme un fichu de soie aurait glissé sur la peau, Nous testons sa douceur. Rude et tannée par le travail, comme Nous l'aimons, ou plus souple et agréable comme chez le rêveur. Sans omettre les cheveux, fin ou emmêlés, bouclés, aux effluves fruitées ou sauvages. Nous aimons à Nous entrelacer dans les mèches, tels l'ombre d'un ruban, pour taquiner le voyageur de son allure négligée.

Quand la coiffure ne ressemble plus qu'à un épais buisson de ronce, Nous descendons coller Notre oreille à son coeur. Le battement sourd, et apaisant. Toum... Ta! Toum... Ta! Nous le reprenons en choeur...

Et enfin, enfin! Surpris par Nos voix, il s'éveille. Alors l'enveloppe charnelle prend vie, et Nous voyons. Dans une étreinte muette, Nous lui donnons la clef pour continuer. Le rouge se fait noir...



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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyVen 11 Fév 2011, 23:12


Une ouverture se découpa dans le mur, d'un noir abyssal, dévorant. Mue par l'envie pressante d'échapper à ce rouge qui, finalement, l'opressait, elle s'y précipita, s'engouffrant sans la moindre crainte dans les ténèbres. Quand on avait frayé avec un démon comme Cheh-dahn, on ne craignait plus grand chose.

L'ouverture se referma dès qu'elle fut entrée, et ce fut soudain le noir complet. Son rythme cardiaque et sa respiration s'accélérèrent un peu, mais elle se contraignit à reprendre son calme. Elle avança, lentement, les mains tendues devant elle pour chercher un quelconque obstacle.

Un bruissement lui fit tourner rapidement, à l'instar d'un oiseau de proie, la tête vers la droite. Sondant les ténèbres avec ses yeux d'onyx, elle sursauta violemment quand une voix, sortie de nulle part, ni masculine ni féminine, lui susurra, venimeuse, à l'oreille :

« Tu sers de catin, de servante à un démon. Tu es soumise, toi qui étais avant si orgueilleuse ! Que te reste-t-il de fierté ? D'honneur ? »

Pâlissant, Octavia maîtrisa la honte qui commençait à monter en elle.

« J'ai accepté ce qu'il fallait que j'accepte pour survivre.
- Tss, tss, tss... Toi qui étais Droiture, Honneur, Courage... Qu'es-tu à présent ?
- Je suis Haine. Et je rêve de devenir Vengeance. »

Si sa voix avait eu des hésitations, des trémolos, elle n'en avait plus aucune. Sa voix était ferme. De cela, de ce sentiment qui l'habitait, de cela elle était certaine. Gouvernée par la Haine et l'envie de Vengeance. Rien d'autre n'avait d'importance. Et Octavia avait trop peur de songer à autre chose, car seule ces sentiments étaient certains ; du reste, elle était dans le flou complet.

La voix le perçut très bien et éclata de rire.

« Ha ! Ha ! Ha ! Et à part ça ? Tu as beau te donner de grands airs, tu n'es sûre de rien d'autre. Elle est bien belle, l'envie de vengeance, quand on ignore tout du reste des sentiments ! Folle, folle, folle... Tes désirs t'engloutiront, Octavia Messalina Caecilius Valerius de Sterenn. »

La jeune femme se crispa en entendant la voix utiliser ses noms. Elle pensa souffler quand elle sentit la présence – elle ne savait comme qualifier la voix étrange... - disparaître, mais ce fut pour qu'elle soit remplacée immédiatement par une autre : celle de son frère. Ce dernier se lamentait, mais entendre le timbre de Quint (Quintilius Valens Caecilius Valerius de Sterenn, si l'on voulait respecter ses prénoms et noms entiers...) serra son cœur et la jeune femme se mordit la lèvre pour ne pas pleurer.

« Octavia, pourquoi...? Pourquoi...? J'étais ton frère...
- Tu étais souillé. Il le fallait... bon dieu, Quint ! Il le fallait ! »

La voix se fit plus dure, plus algide.

« Et tous ceux que tu tues, sans le moindre remord, ils sont souillés, aussi ? Ils n'ont peut-être pas demandé leur sort. Il y en a qui sont même trop jeunes pour être celui que tu recherches ! A quoi cela te sers-tu ? Cette quête... Cette tuerie, devrai-je plutôt dire, n'a aucun sens. Tu n'as aucune chance de retrouver le lycanthrope qui t'a mordue. Et quand bien même tu réussirais...? Tu as repoussé la bête pour en embrasser une autre, plus dangereuse encore. Les lycanthrope n'ont jamais poussé des gens au suicide. Ils n'ont jamais manipulé des peuples entiers pour assouvir leur soif de sang, leur soif de noirceur. Entre les crocs d'un lycanthrope et les bras d'un démon...
- Tu ne sais pas. Les lycanthropes sont des monstres, tous autant qu'ils sont. Je ne fais que débarrasser ces terres de la souillure. Tu ne sais pas. Tu ignores tout. »

Les phrases avaient été dites précipitamment, comme si elles pouvaient repousser Quint. Son frère se fit enjôleur, venimeux.

« Oh si, Vi, je sais. Je connais ta haine. Je connais la rage qui brûle dans ton cœur, et qui consume tout. Il n'y a plus la place à l'amour. Plus de place pour moi. Tu m'as exécuté comme on abat la brebis malade. Et tu exécutes les autres de la même manière. Et au lieu d'être une simple vengeance, tu y prends plaisir, petit à petit. Tu disais que les lycanthropes étaient des monstres ? Mais regardes-toi, sœurette ma douce... Tu es plus bestiale, plus hargneuse que le loup-garou mordu fraichement... Quoi que tu dises, quoi que tu fasses... Tu es pire. Bien pire... »

Avec un rire doux, un rire soyeux, ce rire qui faisait le charme de son frère, la voix s'effaça. Octavia trembla, au bord de la crise de nerfs. Elle regrettait la salle rouge, déplaisante, certes... mais au moins on ne la torturait pas de ces paroles blessantes... Parce qu'elles étaient malheureusement vraies.

« Eh bien... qu'avons-nous là...? »

Meryre. Le seul homme qui avait eu un peu de bonté pour elle, un peu de pitié.

« Hé, Octavia, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Qui a voulu se mettre en campagne pour aller tuer le loup-garou qui l'avait mordue, hein...? Tu ne pouvais pas accepter ton sort, au lieu de faire un pacte avec quelque chose de pire ? Pauvre Vi... Enfin, remarque... Tu as accédé à un statut puissant, non ? Première tueuse de lycanthropes de Lan Rei... Peut-être même de l'archipel, que sais-je...? Et cela ne te suffit pas ?
- Non. Je veux leur tête à tous. Qu'ils ne puissent pas transmettre la maladie à d'autres. Je veux leur tête. Parce que si je les tue tous, j'aurais tué celui qui m'a mordue. Et je ne serai plus malade.
- Et tu tomberas définitivement sous le joug de ton Cheh-dahn. Une perspective... attrayante, tout du moins. Tu es certaine que c'était ce que tu voulais ?
- Non. Mais c'était le seul moyen... murmura, suppliante, Octavia.
- En es-tu sûre...? susurra, doucereuse, la voix de Meryre. Tu aurais pu t'épargner toutes ces bassesses, ces humiliations. Tu aurais pu ne pas te soumettre à Cheh-dahn... accepter ton sort. Tu aurais pu les tuer de la même manière, tu sais ? Et mettre fin à ta vie si cela te devenait trop insupportable...
- Tais-toi, tais-toi, tais-toi...
- Que je me taise alors que tu me demandais de parler, de t'apprendre ce que je savais ? siffla, puissante, orgueilleuse, la voix. Ignorante que tu es. Tu as fait des choix faux. Tu as choisi le danger, la servitude, l'humiliation. Tu as choisi le meurtre car tu avais ça dans le sang. Car tu aimais ça ! Meurs donc ici-bas, retire de la fierté de tes actes sanglants, imbécile que tu es. Tu ne m'intéresses plus.
- Attends ! »

Elle aurait voulu argumenter avec Meryre. Le persuader qu'elle n'était pas si mauvaise que cela. Lui dire qu'elle n'avait jamais vu d'autre solution... Lui dire qu'elle n'aurait pas supporté de devenir une lycanthrope. Qu'elle avait choisi l'unique moyen de stopper la maladie, de la
contourner... Qu'elle avait agi selon ses convictions, à la mesure de son désespoir et de sa haine...

Elle s'effondra, pleurant en silence.

« Reviens, Meryre... reviens... »

Mais seul le silence lui répondit.
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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptySam 12 Fév 2011, 22:40

Octavia Sterenn Bouchevampiretv9

Nous sommes les Seigneurs de ce monde. Nous sommes les Gardiens des molécules. Nous sommes les Maîtres de cette femme, et de ses semblables. Nous savons tout, infinie est l'étendue de notre conscience. L'araignée en tissant une toile ne fait que plagier une infime représentation de notre omnipotence. Tels des sondes, tels un courant de force, une entité intouchable. Nous sommes les Juges et les Coupables. Nous sommes la voie que choisit de suivre une cellule naissante, Nous sommes un courant de sodium dans cette cellule, Nous sommes la contraction de cette cellule, Nous sommes le spasme de l'homme.

Nous existons. Dans le choc d'abord, le dénie, le refus. Puis la colère. La créature se braque contre Nous, contre Elle. Ici elle n'a point de corps, son expression n'a pas d'enveloppe, ses coups de dents anéantis dans les échos inlassables de sa frustration. Nous approuvons ça. Ensuite elle détourne, elle négocie. Elle est triste... Et dans Notre immensité elle s'abandonne, elle accepte. Et Nous approuvons ça.

Alors seulement se tisse la Clef. Lentement, dans des faisceaux lumineux faibles et peu nombreux d'abord. Ils tournent, ils éclatent, ils claquent. La consistance se fait, les rayons baignent bientôt l'endroit, une eau limpide accueille en son sein, sans une onde, l'objet de la libération de l'esprit. Mais le plus dur est devant. Nous voulons disséquer le coeur, Nous vouloir le voir à l'intérieur...


Octavia Sterenn Clnoireyv6

[Tu n'as pas énormement développé ses traits de caractère, mais on comprend tout de même son fonctionnement, donc j'ai validé la salle pour que tu puisses continuer. Mais si jamais tu te sens d'attaque pour en rajouter un peu, expliciter un peu plus sa manière de se comporter, en dehors de l'aspect vengeance etc (par exemple dans ton esquisse, tu parles de son côté changeant, etc, ce genre de chose)]
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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyDim 20 Fév 2011, 15:00

[Pardon U_U]



Recroquevillée sur elle même, en pleurs, elle ne s'aperçut de la nouvelle ouverture que lorsqu'elle releva la tête, intriguée qu'elle était de ne plus être la cible de ces accusations criantes de vérité. Avec un léger sanglot de soulagement, elle s'y engouffra. La lumière... La lumière... C'était si différent des autres salles, l'une rouge comme le sang sur ses mains et sa cape, l'autre noire comme son cœur et son esprit. Pour un peu, Octavia aurait presque eut peur que tant de luminosité la blesse ; blesse ses yeux, mais aussi sublime sa propre noirceur. Mais qu'importe. Plus de rouge, plus de noir. S'il lui fallait de nouveau souffrir, qu'importe. Si chaque salle était pire que la précédente, au moins ici il y avait la lumière...

Elle sentit un léger courant d'air sur ses chevilles, sursauta, baissa la tête. De l'eau. C'était de l'eau. Rien que de la bête eau. Innocente. Octavia s'autorisa à relâcher un peu la tension qui l'habitait. Un reflet attira son œil. Rapide comme un oiseau de proie (ce n'était pas pour rien que certains l'avaient surnommée le Faucon), elle y dirigea son regard, et les images qui s'y formèrent l'emprisonnèrent, la fascinèrent. Ses parents. Il s'agissait de ses parents. Elle retint un petit cri de joie quand des yeux d'obsidienne, les jumeaux des siens en bien moins haineux, apparurent.


Nero de Sterenn était une personne désargentée. Un bon à rien, diraient certains. Un coureur de jupons, diraient d'autres. Ou bien un aventurier, diraient les derniers. Il n'y avait qu'une chose qui était certaine : Nero était noble. Et son nom était prestigieux, porteur de promesses de gloire et de victoire. Cela suffisait au dernier-né d'une famille ruinée. Ça, bien sûr, et l'aventure. Il adorait parcourir les routes ; il avait coupé les ponts avec sa maison par amour du voyage, de la bohème, et son physique le lui rendait parfaitement. Bien découplé, avec sa taille haute et un corps sec, un visage étroit, une peau d'un joli caramel bronzée par les voyages, des cheveux bruns et lisses et des yeux d'un noir d'encre. Ajouté à son humour insolent et la prestance de son maintien, son adresse aux dés aussi bien qu'au cimeterre, son physique lui avait attiré le surnom du Prince des Voyageurs.

Severina Caecilius Valerius était la fille unique d'un riche couple de bourgeois, vivant à la frontière de Lan Rei Ouest. Avec ses parents, elle aidait du mieux qu'elle le pouvait les pauvres hères qui parvenaient – bien rarement – à échapper aux scientistes. Un jour, on finit par découvrir le pot aux roses. Un jour, elle fut forcée de s'enfuir avec seulement ses vêtements sur le dos. Severina possédait une bouche ronde et pulpeuse, appelant aux baisers, de grands yeux verts, des cheveux châtains et des tâches de rousseurs, sans compter des formes particulièrement féminines. Trop, peut-être. Son premier enfant fut le fruit d'un viol. Il mourut deux jours après sa naissance.

Sans le moindre sous, elle fut forcée de trouver un moyen pour survivre : la prostitution. Ses trois autres enfants moururent en bas âge. Amère, elle quitta le faubourg où elle s'était installée pour partir vers une autre ville.

C'est ainsi que Nero et Severina se rencontrèrent. Ce fut immédiatement le coup de foudre. Lui, attiré par son histoire et la fierté qu'elle avait toujours eu, malgré son statut de putain. Elle, attirée par le charisme du Prince des Voyageurs et sa joie de vivre.

Leur mariage fut immédiat, et bien surprenant. Le quasi brigand et la prostituée. Un noble et une bourgeoise.

Un enfant naquit neuf mois plus tard. Avec une incroyable dérision, Severina le nomma Quintilius, le cinquième. Mais Quint ne mourut pas, comme les autres. Il grandit. Nero rajouta Valens à son prénom, le valeureux. Quint avait pris toute la beauté de ses parents, des yeux d'un magnifique vert jauni, des tâches de rousseur qui lui donnait un air narquois, des cheveux châtains. Il était le véritable portrait de sa mère.


Octavia ne retint cette fois pas ses larmes. Et c'était elle qui avait tué ce frère tant désiré par ses parents.


Dix ans plus tard, après deux enfants morts-nés, naquit une petite fille. Octavia, cette fois. La huitième. Elle aussi, survécut. Alors Nero rajouta Messalina, du nom d'une impératrice d'un temps lointain. La petite Vi, comme on la surnommait alors, était sa princesse. Nero l'adorait, et la fillette, en grandissant, le lui rendait bien, tandis que Quint était plus dans les jupes de sa mère.

Ce fut Octavia qui accompagnait Nero lorsqu'il allait en forêt. C'était Octavia qui souhaitait apprendre le maniement du sabre. C'était Octavia, toujours elle. Si semblable à son père, avec ses grand yeux noirs, des yeux innocents, des yeux rieurs. Tout le contraire de Quint, mais la fratrie s'adorait, elle aussi. Ils étaient heureux.


Avec un soupir, la jeune femme se remémorait ces si doux moments, avec son père, qui en riant lui disait qu'elle était un garçon né sous les traits d'une fille. Un chat sauvage. C'était si bon... si innocent. Octavia sourit, rit même lorsqu'elle se vit, avec Quint, partir à l'aventure, et lui dicter du ton parfaitement sérieux et autoritaire d'une fillette de six ans d'avancer sous peine d'encourir sa terrible vengeance. C'était un temps où ce genre d'avertissement n'avait aucun sérieux.


Elle mit du temps à découvrir sa féminité. Les garçons – et parfois même certains hommes – la considéraient à la fois comme un être qu'il fallait protéger et qu'il fallait conquérir. Octavia était fière, indomptable, « un chat sauvage ». Elle ne voyait pas les regards qu'on posait sur elle. Des regards d'envie de la voir si libre. Des regards de concupiscence quand, par mégarde, elle dénudait une épaule ou une jambe. Elle était jeune, svelte ; elle avait quinze ans, et apparaissait comme la digne héritière du Prince des Voyageurs. Ce fut quand elle avait dix-sept ans que tout se détruisit, tout se changea en cendres amères.

Des lycanthropes. Une meute entière. Mus par quoi ? Tout le monde l'ignorait. Mais tout le monde vit des yeux rouges, et une forme brumeuse, liquide, intangible, souriant de toutes ses dents.

La meute attaqua le village, tuant tout ceux qu'elle trouvait, avide de sang.

Octavia était venue appuyer les hommes du village contre l'attaque, grâce à son adresse au cimeterre, jamais déniée.

Ils furent décimés.

Nero mourut lors de la première vague. Quint fut sauvagement attaqué et laissé pour mort. Octavia, les yeux révulsés par la terreur et gravement blessée à son bras d'épée, s'était enfuie pour retrouver les femmes et les enfants, réfugiés dans une grange.

« FUYEZ !! FUYEZ, IDIOTS, TANT QUE VOUS LE POUVEZ ENCORE !! LE VILLAGE EST PERDU, FUYEZ !! »

La jeune fille n'avait fait que mener, bien contre son gré, les lycanthropes à la grange.


Le Faucon ferma les yeux et poussa un gémissement de désespoir. Elle se souvenait encore des cris affolés et stridents des victimes innocentes. Le fleuve rouge... Le fleuve rouge du sang versé. Elle se mordit la langue pour ne pas hurler.


Puis, lorsque tous furent bien morts, les lycanthropes laissèrent place à leur Alpha, un loup-garou en passe de devenir Lycan, qui s'était amusé avec elle. Il la mordit à plusieurs reprises. La tourmenta, la blessa. Elle ne put le frapper une seule fois. Puis, ensanglantée, elle s'attendit à ce qu'il l'achève. L'Alpha la donna à jouer à ses loups, qui firent comme leur chef. Curieusement, ils la laissèrent en vie. Peut-être était-ce à cause de cette présence intangible, insaisissable, qui les dissuada de la tuer ?

Elle était entourée de cadavres, les larmes aux yeux. Des yeux noirs. Des yeux vides. Des yeux morts. Ces yeux qui étaient autrefois si vivant... Elle sombra dans l'inconscience.

Quand elle se réveilla, ce n'était pas un mauvais rêve. Elle hurla. Sa voix était rauque, sèche. Son cri était Folie pure. Son cri était Haine. Son cri était Tristesse. Tout était affliction en elle. Tout était mort.

Et puis vint la douleur de la transformation, lente... si lente... De la glace brûlante et du feu liquide parcouraient ses veines, ses os craquaient, ployaient. Elle resta des jours et des jours dans cette grange, empuantie par les corps qui se putréfiaient et l'odeur rouillée du sang. Elle haïssait ce qu'elle devenait. Car elle avait compris ce qui lui arrivait. Oh Dieux ! Comme elle se détestait ! Devenir comme l'un des monstres qui avait massacré son village, ses amis, sa famille !


Octavia frémit en se souvenant de la douleur. Elle serra ses bras contre elle.


Et puis vint Cheh-dahn. Sa parole, ses gestes, tout était silence. Tout était abandon. Tout était... apaisement. Il lui proposa un marché. Un marché qu'elle ne pouvait refuser. Il pouvait arrêter la transformation en lui donnant une partie de son essence. Une essence démoniaque. Son œil, en l'occurrence. Qui combattrait l'essence lycanthropique qui parcourait l'être de la jeune fille. Cela lui ferait mal, oh oui, mais qu'avait-elle à y perdre ? Elle ne deviendrait pas un monstre. Et elle aurait accès aux mêmes pouvoirs, en moindre puissance bien sûr, que le démon. Et, plus que tout, elle pourrait se venger. Tuer les lycanthropes, et tuer celui qui était le responsable de sa transformation.

Octavia accepta sans même s'enquérir de ce que souhaitait Cheh-dahn d'elle.

Il le lui dit, bien sûr. Elle deviendrait son agent humain. Sa chose. Son esclave. Sa tueuse personnelle. Tout. Elle lui serait dévouée en tout, pour tout, et jusqu'à sa mort. La jeune fille songea que ce n'était pas cher payé pour prix de sa « guérison » et de sa vengeance.
L'accord se scella dans le sang. Et elle devint l'Assassin Rouge.

Cheh-dahn lui donna une cape rouge. Avec pour première consigne d'éliminer tous les survivants de son village. Ils avaient été mordus, après tout. Octavia ne songea même pas à vérifier. Elle assassina même son propre frère, qui avait survécu.

Le démon lui donna une formation exceptionnelle, pour qu'elle devienne une tueuse des plus accomplie, et sache utiliser ses dons parfaitement. Elle pouvait devenir aussi intangible que lui, un être de brume, pour un temps limité. Mais l'essence démoniaque entraina une soif de sang qu'elle ne pouvait étancher, une soif de sang que partageait l'essence lycanthropique. Octavia, au départ, se détestait pour cela. Et puis, avec le temps, les assassinats – parfois de personnes qui n'étaient pas des lycanthropes, pour s'assurer un peu de revenus – le sang qui tachait de plus en plus ses mains, vint l'acceptation. Son corps était encore humain, car deux essences terribles et monstrueuses se combattaient, s'annulaient. Mais s'accordaient pour la cruauté et la sauvagerie.

La personne qui l'aida à accepter son sort, à dépasser ce malaise ambiant, à enfin admettre qu'elle n'était plus le chat sauvage d'autrefois, ce fut Meryre Chahine.

Un érudit du sud, qui avait voyagé partout où il était possible... sauf sur l'île du milieu. Aïklando. Cheh-dahn n'avait pas jugé utile de lui en parler, après tout, elle était Humaine et faisait le Rêve régulièrement...

La Faucon pria Meryre de lui enseigner ce qu'il savait, les langues qu'il parlait, les histoires qu'il connaissait. Ce n'était pas l'instruction brutale, bien souvent douloureuse de son protecteur, mais un apprentissage plus doux, plus posé. Meryre Chahine aimait instruire les autres, et les ombres qui traversaient les prunelles noires comme l'ébène de la jeune femme lui attirèrent sa compassion, et son affection. Il lui apprit tout ce qu'il savait, et bien plus encore. A s'interroger sur elle même, mais aussi à faire abstraction de ce qu'elle ressentait pour accomplir sa vengeance. L'érudit savait, malgré tous ses arguments visant à dissuader Octavia d'assassiner des lycanthropes, qu'il n'y arriverait pas. Alors il lui donna les moyens de survivre à tous ces meurtres.

Parce que même s'il avait l'âge d'être son père, il l'aimait.


L'Assassin Rouge serra les lèvres. Cela, elle l'avait remarqué, oui. Cheh-dahn lui avait appris à observer. C'était aussi à cause de l'affection de Meryre qu'elle était partie. Car elle savait que cela valait mieux pour eux deux.


Les années qui suivirent furent sanglantes... et il n'était pas nécessaire de continuer ici le récit d'Octavia Sterenn... Car il fut un éternel recommencement, résumé à quelques mots : meurtres de lycanthropes et assassinats. Le tourbillon d'eau s'arrêta, stoppant la roue du temps passé.


Mais en aucun cas, la Roue du Destin ne s'arrêterait pour elle.


Dernière édition par Octavia Sterenn le Dim 20 Fév 2011, 17:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyDim 20 Fév 2011, 17:23


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Voir ces gens revivre leur passé, se souvenir, regretter, vouloir oublier... C'était mon opium. Pire qu'un vampire attendant du sang nouveau, pire qu'un junkie réclamant sa dose. Il me fallait des vies à défleurer, des souvenirs, des enfances malheureuses, des amours contrariés, des proches morts, des combats, des réussites et des échecs. Je m'en contentais, faute de n'avoir une vie qui me soit propre. Je vivais par procuration, j'essayais d'imaginer la douleur ou le bonheur. Des termes tellement lointains pour le passeur que je suis.
Celle-ci avait une flopée de souvenirs a montrer comme tous les autres. Cette pointe de jalousie me taraudait tandis que je revivais avec elle ces sombres tranches de vie. Je savourais ses moments de vie romanesques, mais j'appréciais encore plus de contempler ce visage étrange tiraillé par divers sentiments.
Lorsque tout s'apaise et que la jeune femme décide de se laisser aller dans le flot de ses souvenirs, quand elle s'abandonne, je déclenche la fin, un peu a regrets, comme à chaque Nouveau Départ.

Apparaissant dans une serrure inexistante jusque là, sur le mur, une petite clé blanche apparait. Ma main invisible s'occupe de la tourner. C'est comme avoir placer son coeur de glace au dessus d'une flamme. Je suis satisfait.
Une ouverture apparait et toute l'eau s'y deverse, entrainant la jeune succube...



Octavia Sterenn Clblancheyq8


Et bien voilà, Bienvenue!

Tu peux désormais commencer le rp, en espérant que tu te plairas parmi nous.

Pour les demandes de rp, soit tu peux créer un sujet et voir si quelqu'un te répond, soit tu peux envoyer des MP aux gens pour leur proposer, sinon, tu peux poster ou répondre à une demande ici. Tu peux aussi faire un peu les trois à la fois!

Evidemment, la miaou-box et le flood t'attendent a bras ouverts,

Pour toute question; tu peux me Mp, ou une des modos!

Bon jeu =D

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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyLun 21 Fév 2011, 01:39

Bienvenue à toi !!
Amuse toi bien =)
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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyJeu 24 Fév 2011, 00:21

bienvunue octavia jespère que ty plaira!!!!!
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MessageSujet: Re: Octavia Sterenn   Octavia Sterenn EmptyJeu 24 Fév 2011, 19:39

Merci beaucoup à tout(e)s les deux ^^
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