"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] | |
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=Aïkologue=
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Lun 02 Mai 2011, 02:29 | |
| Etait-ce la proposition de Balsa qui fit rire Kaleya ? La chimère se demanda pourquoi quand elle vit que la neko venait la rejoindre. Les clans étaient formés dans l’inconscient collectif. L’humaine face aux hybrides. Et Octavia affichait tant de rage que s’en était presque risible. Balsa avait le sentiment que la jeune femme pouvait exploser d’un moment à l’autre. Imaginer un humain énervé, tentant une attaque que lui seul croyait puissante, faisait sourire Balsa. Car elle avait pour règle de ne pas blesser les innocents. Mais celui, ou celle, qui l’attaquait de front, n’était pas un innocent. Et elle n’avait alors aucune raison de retenir ses coups.
Ses sens étaient en alertes, son organisme fonctionnaient en accéléré et le courant lui traversait le corps : la chimère sentait la tension monter et se délectait du moment. Ses muscles se tendaient, prêts à bondir, attendant la seconde précise où il faudrait se ruer sur la victime. Elle fit tomber sa cape au sol, révélant sa nature et saisissant la lame qui lui servirait de griffe.
- Espèce de sale petite... !
Instant délicieux : la colère et la haine dans les yeux de l’ennemie. Car avec cette phrase venait de se révéler l’adversité. La combativité de la chimère se déploya dans toute sa force. Elle sentait courir l’intensité du flux né de sa détermination le long de ses nerfs. Ses doigts semblaient crépiter, ceux de sa main droite maintenait fermement la poignée du couteau. A l’apogée de la sensation d’ivresse qui précédait le combat, Balsa fut tout à coup brisée dans son élan. Le visage de Octavia n’affichait plus la haine et le ressentit à son égard. Quelque chose d’autre accaparait son attention. Quelque chose qui… l’effrayait ?
- Oh non, non, non, non, non !
Octavia commença à paniquer, elle semblait terrifiée à l’idée de ce qui allait lui arriver. Balsa la regarda changer d’expression et s’élever dans les airs. La chimère était toujours aussi tendue, mais avait perdu de sa confiance. Ce qu’elle voyait, elle ne le comprenait pas. Une puissance invisible se jouait de la gravité et cela apeurait Balsa qui fort heureusement vibrait d’adrénaline lui donnant les ailes du courage. Elle voulait toujours se battre, enfin frapper cette humaine arrogante. Mais la situation lui échappait.
Rien ne s’arrangea lorsqu’une forme se dessina, semblant venir d’un ailleurs et se matérialisant enfin ici. Balsa craignait le pire, il était surement allié à l’humaine qui l’avait invoqué… Mais cette idée lui sortit de l’esprit au moment où le monstre fit valser Octavia. Alors la chimère resserra l’étreinte sur le manche de sa lame, réévaluant la situation, attendant la suite des évènements. Car au début, elle et Kaleya ne semblaient pas concernées. Le démon ne s’adressait qu’à Octavia, ignorant la présence des autres. Il y avait dans les yeux de cette créature si peu matérielle une soif de mort pire que celle de Octavia et Balsa réunies. La chimère frissonnait sans pouvoir s’en empêcher et pourtant elle arrivait à trouver en elle une certaines admiration pour ce monstre de puissance. Qu’était-il ? Pourquoi était-il venu ?
Très vite ce fut plus clair. Il semblait connaître avant de l’avoir entendue l’histoire qui avait eu lieu jusque là. Son plan était simple : lui se chargeait de la neko, elle de la chimère. Cette dernière aurait pu chercher à comprendre certaines choses qui lui échappaient encore, comme ce que signifiait pour lui « souillure ». Mais elle comprenait que la colère de l’esprit résidait dans l’affront porté par Kaleya sur Octavia, qu’il appelait aussi bien « jolie poupée brisée » que « ce qui m’appartient ». Il disait aussi l’avoir sauvée et Balsa ressentit alors du mépris pour lui, si puissant, qui s’alliait avec une simple humaine. Que pouvait-il bien en tirer comme avantage ?
Mais le temps n’était pas à la réflexion. Car le démon faisait face à la neko. Il avait une telle assurance que la chimère n’imaginait pas le vaincre. Pas d’une attaque frontale… Et puis, s’il se jetait sur Kaleya… Balsa préféra ne pas imaginer le pire, contenant ce malaise qui la paralyserait si elle se laissait submerger de doutes et de craintes. Au combat, puisque l’affront allait avoir lieu, il fallait à tout prix savoir garder son sang froid. Elle tourna la tête vers la neko, tentant de lui faire sentir par un regard que leur cas n’était peut-être pas désespéré, qu’elle devait maintenant tenir bon face aux premiers assauts. L’état de son alliée n’était pas au beau fixe. Cependant la chimère choisit de lui faire confiance, comme elle lui avait fait confiance en cette nuit sanglante…
Balsa posa un regard sérieux et sauvage sur Octavia. Elle avait choisit sa stratégie, à la hâte certes, car les événements s’enchainaient un peu vite à son gout. Mais elle sentait son esprit capable de raisonner de mettre un plan en place. Elle allait suivre l’idée de la créature qui était apparue. Jouer son jeu jusqu’au bout et espérer pouvoir rivaliser avec lui. La foudre rayonnait sur ses avant bras, le metal du couteau étincelait et les grésillements faisaient vibrer les tympans de la chimère. Elle ignorait si le bruit s’entendait d’une oreille externe et se promit de le savoir bientôt. En sauvant sa vie et celle de Kaleya qui saurait alors le lui dire. Un sourire mauvais de dessina sur ses lèvres alors qu’elle fixait l’humaine. Elle glissa d’une foulée rapide le long d’un arc de cercle qui contournait la jeune femme. Lorsqu’elle fut sur sa gauche, la panthère déroula ses muscles et bondit, décollant sur plusieurs mètres. Elle fondait sur sa proie, voulant frapper la chair de sa griffe affutée, arrivant par le haut à la vitesse de l’éclair.
- Spoiler:
On entre dans l'action héhéhé.
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Lun 02 Mai 2011, 18:42 | |
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C'est partiii ! xD Et oui, Octavia, c'est bien Florence and the Machine ! Un pas après l'autre, Kaleya s'approchait de la chimère, le regard braqué sur elle avec une intensité toute particulière. Le temps se glissait doucement dans le présent, sans se presser, pour une fois. Mais bien assez vite, il reprendrait sa course, bien trop tôt... Un instant, une seconde, la neko prit conscience que le temps ne dépendait finalement que de la façon dont on le ressentait, chacun. Chacun le voyait s'écouler différemment et ainsi, chacun vivait dans son propre temps... Mais ce n'était pas le moment de s'émerveiller sur des questions aussi abstraites. Elle reporta son attention sur Balsa qui montrait un visage où se mélangeait un curieux amusement et une soif de combattre presque effrayante. Elle laissa tomber sa cape pour révéler la lame acérée qu'elle serrait dans ses mains. Son mouvement avait cependant été suffisamment lent pour que Kaleya comprenne que le danger n'était pas immédiat." Espèce de sale petite... ! " Kaleya était parvenue indemne aux côtés de Balsa et se retourna avec lenteur en entendant l'exclamation, tous ses muscles tendus à l'extrême. Elle s'attendait alors à faire face à la rage d'Octavia, mais l'ombre de la colère s'effaçait déjà de son visage pour faire place à celle bien plus poisseuse de la peur. Une peur panique qui fit frissonner la jeune neko lorsqu'elle en reçut l'onde. " Oh non, non, non, non, non ! " Loin de se détendre, Kaleya observait la scène avec des yeux exempts de curiosité. Elle ne tenait pas à assister à ce qu'il allait se passer : voir cette femme auparavant si confiante submergée par la terreur avait quelque chose de... crispant. Et ce n'était pas bon signe, oh non, pas bon signe du tout... Pour la deuxième fois de la journée, Kaleya entr'aperçu l'éclat rouge de l'oeil de la jeune femme et vit ses vêtements et ses cheveux se soulever sous l'effet d'un souffle qui lui était imperceptible. Elle sut alors qu'elle allait enfin comprendre qui était réellement Octavia mais elle se serait passée de ce privilège. " Non, non, non, non, non ! " répétait la jeune femme, complètement paniquée. En réponse à sa peur, une silhouette étrange et trop inhumaine se dessina lentement dans l'air. La jeune femme se tourna mais n'eut rien le temps de faire que déjà l'être la projetait avec une tranquille violence quelques mètres plus loin. Kaleya eut un grimace de compassion pour son adversaire. Ce genre de vol plané n'était jamais très agréable. Quant à elle-même, totalement dépassée par la situation, elle ne parvenait pas à trouver l'ombre d'une piste quant à la façon dont elles devaient agir. La créature qui malmenait Octavia ne semblait pas soucier d'elles... pour le moment. Devaient-elles en profiter pour s'enfuir ? Curieusement, cette idée ne lui semblait pas réalisable. Alors quoi ? Alors rien. Elle regardait. Bien que ses pensées soient trop engourdis pour la laisser agir, elles à s'agitaient follement, étranges papillons de nuits à la recherche d'une lumière, à la recherche d'une réponse... Le monstre qui étranglait lentement mais sûrement Octavia était forcément lié aux étranges pouvoirs que celle-ci possédait. Mais elle le craignait. Quelle était leur relation, réellement ? Et à quel point étaient-elle en danger ? Les petites papillons qui voletaient dans son esprit se figèrent brutalement lorsque les yeux rougeoyants du monstre se braquèrent sur elle. Le malaise sourd qu'elle avait ressenti depuis le début envers Octavia ouvrit enfin ses ailes pour prendre son envol et jeter sur son coeur une ombre de peur... de terreur... de panique. Etouffante. Elle comprenait enfin. Sans même qu'elle s'en rende compte, le regard emprisonné dans celui de la créature, ses mains s'étaient emparées de ses armes et son corps avait déjà pris une position de défense. " Laquelle t'a fait ça ? demanda le monstre en les fixant. - N... Non ! Elle... elle est innocente ! "Innocente. Octavia parlait d'elle. Elle se sentit curieusement émue que la jeune femme cherche à la protéger. Mais les ailes de la peur battirent avec plus de violence dans son coeur : pour qu'elle veuille la protéger, la menace représentée par la créature était immense. Elle expira profondément, ses épaules se relâchèrent un bref instant. Elle ne pouvait pas se débarrasser de la peur, mais elle avait appris à la convertir en une énergie désespérée qui lui avait sauvé la vie plus d'une fois.
Elle reprenait ainsi lentement le contrôle de son esprit. Elle n'avait pas à dépendre de ses émotions, et si elle ne pouvait les effacer, elle pouvait les utiliser. Les dernières paroles prononcées par le monstre et Octavia lui parvinrent dans leur signification la plus épurée, davantage comme un concept que comme des mots. La mort. C'était la seule chose qui comptait dans ce qu'ele avait entendu. Octavia avait cédé, une sombre détermination nimbait tous ses gestes de cette même ombre qui suivait son maître. La violence suspendue depuis si longtemps au-dessus de leur tête allait s'abattre. Enfin.
Elle tourna un visage curieusement inexpressif vers Balsa. Dans son regard, elle retrouva cette même volonté qu'elle y avait lu des mois plus tôt, cette même rage de vaincre. Une façon de lui dire qu'elles allaient s'en sortir, encore une fois. Une façon de l'encourager. Puis la chimère se détourna d'elle pour faire face à Octavia. Kaleya était seule.
Elle redressa fermement la tête et soutint le regard brûlant de la créature. " Ainsi donc, Kaleya, tu as abimé mon bien ? " Un frisson glissa le long de son dos lorsqu'il prononça son nom. Ses phalanges blanchirent alors qu'elles serraient ses doigts autour de ses armes. Pouvait-elle faire face à une telle créature ? Peut-être pas. Mais quand on n'a pas le choix, cette question est inutile.
Elle s'était déjà préparée à l'assaut, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il se téléporte. Elle pivota brusquement sur elle-même, quelques secondes trop tard. Elle sentit les crocs du monstre effleurer son oreille mais le temps qu'elle frappe, il était déjà loin.
Un feulement de rage s'échappa de sa gorge. De rage désespérée. Elle était impuissante. Chaque solution qui se présentait à son esprit ne menait qu'à sa défaite : si elle fuyait, il la rattraperait. Si elle aidait Balsa, elle ne ferait que lui rajouter un adversaire supplémentaire. Si elle se battait, elle ne lutterait qu'avec le vent. Et il souriait, il souriait... Il savait qu'elle avait compris qu'elle n'avait aucune chance. " Je vais t'apprendre ce qu'il en coûte de toucher à ce qui ne t'appartient pas... " Une curieuse résignation enveloppa alors son esprit d'un voile mortuaire. Elle partait vaincue d'office... ? Très bien. Alors il n'y avait rien à regretter. Oh, la peur de ce que pouvait lui faire le monstre était bien présente, mais il était hors de question de se laisser faire sans au moins essayer de se défendre.
Un sourire inhumain aux lèvres, le regard noir, elle se jeta en avant en un assaut fulgurant dans lequel elle plaça tout son désespoir, sa rage, sa peur... mais elle ne l'atteindrait pas, non, elle ne se faisait pas d'illusion. Quoiqu'il en soit, elle se donnait toute entière à l'affrontement et elle ferait de son mieux. Sa main droite était déjà prête à frapper dans le vide s'il venait à apparaître à cet endroit. Autrement... c'était sans importance. Elle tiendrait le plus longtemps possible.
- Spoiler:
Wouhou, Kal' va s'en prendre plein la gueule ! xD
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| | | ~* Chasseuse de Loups *~
Nombre de messages : 467 Localisation : Sur la piste de sa prochaine victime Métier/Fonction : Assassin, spécialisation dans la traque des lycanthropes
| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Mar 05 Juil 2011, 16:14 | |
| - Spoiler:
Arrive, un air satisfait. Alors, vous m'avez atten... *se fait électrocuter par Balsa* ...due...? Aïe... Ouille... *se prend un couteau en pleine tête par Kaleya* *tombe raide morte* *relève une main zombifiée* Je... dé... solée du... retard... je... je... vi... vivraiiiiiiiiiiis.... cerveaaaaaaauuuuuuuuuux
Bon, mis à part ça, je suis contente de vous retrouver. Hum...? Qui a dit "pas moi" ?
Kal, je te laisse te faire massacrer comme tu le sens, sois libre de faire comme bon te semble, il y a taaaant de manière d'avoir mal et de se faire charcuter ^w^ imagine que Kal, c'est moi, et que tu es Cheh-dahn, tu vas te faire plaisir.
Balsa, malgré tout ce que j'ai mis là, Octavia va perdre. je veux qu'elle perde. Alors fais-toi plaisir, défoule toi sur elle, venge toi de mes absences répétées et de ma fénéantise légendaire.
Moi ? maso? Que nenni, gentes dames ! C'est juste que je conçois que ça doit pas être très cool d'attendre trois plombes u_u
Cela dit, j'espère que ceci vous plaira. Sur ce...
"Brains, brains, I don't lie, I'll eat their brains 'til they zombifiiieeeeeeed" Il était impossible de savoir quand Cheh-dahn souriait ou non. Sans lèvres, sa bouche – si on pouvait l'appeler ainsi – se résumait à des crocs et un éternel rictus. C'étaient ses yeux qui définissaient à sa place ses émotions... ou du moins... son œil droit, le seul à posséder une pupille fendue. L'autre était de la même couleur incandescente, mais sans rien. Un œil vide, d'un rouge sanglant, qui ne se régénèrerait totalement qu'avec la mort d'Octavia, ou la révocation du pacte, ce qui était évidemment absurde car jamais le démon ne le permettrait. Question d'honneur. Pour peu qu'un démon comme lui en aie...
Bref, malgré l'incapacité totale de déterminer quand les zygomatiques ne s'étiraient PAS, et quand elles s'étiraient vraiment en un sourire, appelons l'expression habituelle de Cheh-dahn un non-sourire, ou un sourire-qui-n'en-est-pas-un, et le rictus – toujours impossible de savoir si... – qu'arborait en cet instant le démon – s'il en arborait bien un – un sourire. Ou un non-sourire, qui savait ? Octavia, sans doute, mais nous reviendrons sur elle après.
Car oui, Cheh-dahn souriait (ou ne souriait pas). Dans l'état actuel des choses, il était trop puissant pour Kaleya Lhil, et elle était dans l'improbabilité de le battre. Et le démon n'aimait rien tant que ressentir le désespoir, la haine, toutes ces émotions négatives et puissantes qui agitaient perpétuellement le cœur des humanoïdes, chez ses victimes, ses marionnettes. Rien n'était plus beau que le feu destructeur de la rage, celui empoisonné de la jalousie, le désespoir cinglant, l'horreur qui vous prenait à la gorge ou au contraire celle qui s'infiltrait petit à petit pour s'imposer avec une glaciale, profonde évidence. Et il comptait bien les faire ressentir, oh, pas tous, tout du moins le désespoir, les autres en option, à la Neko qui avait osé balafrer son jouet.
C'était intolérable, intolérable ! Rayait-on la peinture des calèches des autres ? Non ! Coupait-on les branches d'un arbre qui ne nous appartenait pas ? Non plus ! Lui-même ne se gênait pas pour le faire, mais telle n'était pas la question.
Ainsi, il fallait prélever une taxe, un remboursement. Cheh-dahn ignorait quoi encore, un œil, un doigt, un bout de peau – cette marque, sur la joue... – ou, moins sanglant, marquer son corps comme elle avait marqué son objet personnel.
Au fil des ans, Cheh-dahn avait développé une possessivité incroyable envers Octavia. Un peu, en fait, comme envers un animal favori :on le nourrissait, lui offrait des objets stupides, pourvoyait à ses besoins primaires ; on pouvait s'énerver après lui, lui donner des corrections quand il le méritait – ou pas. Mais jamais on ne laissait les autres le marquer, se l'approprier. Jamais. Surtout que lui, les balafres qu'il lui infligeait ne restaient pas, se résorbaient comme s'étaient cicatrisées et reconstruites les terribles blessures qu'elle avait quand il l'avait trouvée, avant le pacte.
Ainsi, c'était avec une jalousie enfiellée et la ferme intention de lui faire comprendre qu'on ne balafrait pas sa propriété privée qu'il s'amusait avec Kaleya. On ne pouvait décemment dire qu'ils se combattaient, car la lute était de part trop inégale. La Neko, malgré ses bandages et les soins reçus plus tôt, était toujours blessée, moins agile, et Cheh-dahn prenait un malin plaisir à l'érafler, à retirer un à un des bandages, un coup ci, un coup là, puis d'autres fois à enfoncer plus profondément ses griffes, véritables petits poinçons, et de tant d'autres attaques vicieuses, non létales mais suffisamment douloureuses pour que Kaleya s'en rende bien compte : elle n'était qu'un amas de chair et d'os d'une lenteur inimaginable, et lui était la fumée incarnée, né de l'union contre-nature des vents d'Ouest, d'Est, du Sud et du Nord et d'une poignée de sable et de poussière.
Définir et savoir ce qui avait donné vie à un être, un démon tel que Cheh-dahn relevait de l'impossible, ou bien du défit d'un érudit. Assurément, ses origines étaient plus qu'embrumées – sans mauvais jeu de mot. Vaincre une telle entité demandait une grande puissance, mentale, physique, magique. Autant dire qu'il fallait commencer à fuir quand on l'apercevait. Et que la Neko n'était, du moins pour le moment, clairement pas taillée pour. Sans compter qu'elle était seule.
La peur, le désespoir, la certitude de périr, la colère de ne pouvoir toucher sa cible qui se dérobait – littéralement – comme fumée... il les lui ferait ressentir avant de l'achever ou la mutiler. Il avait tout le temps. C'était un chat, et, le comble du comble, la jeune femme était la souris.
Le sourire de Cheh-dahn s'élargit. Si jamais il souriait.
*** L'Assassin Rouge était en moins bonne posture. Balsa était douée. Très douée, même. Il ne s'agissait pas de simples coups de jus, mais bel et bien de décharges. Méchantes, les décharges. Aussi, inconsciemment ou non, la jeune femme utilisait la même technique que son démon de maitre. Elle avait rejeté totalement la présence de Cheh-dahn et de Kaleya, et se concentrait uniquement sur Balsa quand la chimère à l'odeur de Souillée bondit sur elle, par le haut, à une vitesse proprement prodigieuse. Octavia ne réfléchit pas et plongea en avant en une roulade. Quand elle se releva, elle eut à peine le temps de soulever ses cimeterres en une parade. C'était ainsi qu'elle avait fait connaissance avec ces foutues décharges.
Combattre la chimère lui demandait tout son attention, et quand bien même elle aurait pu ne pas se concentrer autant, Balsa se serait rappelée à son bon souvenir aussi fréquemment qu'elle le faisait là.
Octavia était obligée de bouger, tout le temps, de rouler, de sauter, à chaque instant, profitant d'une faille qui ne le restait pas bien longtemps pour frapper. La jeune femme s'épuisait vite, tant à cause de sa fatigue physique – le combat contre Kaleya, la perte de sang, la fuite, le passage à travers le mur et des blessures mal pansées malgré son passage chez le médecin – mais aussi celle mentale : l'incompréhension, l'utilisation de ses dons, la discution avec Kaleya ou la frustration de se savoir proche du but et de ne pouvoir l'atteindre. Ou bien le fait de voir deux amies ensemble.
Tout entière à son envie de vengeance, toutes ces années durant, il n'y avait qu'Araslane Chahine pour lui avoir témoigné un intérêt qui tendait vers l'amitié ou la compassion, et elle l'avait repoussé comme elle avait repoussé le père. Qu'avait-elle à offrir ? A partager ? Rien. Elle était morte à l'intérieur, elle n'avait rien à donner, si ce n'était que la violence, la rage, la domination et la mort. Et ces certitudes étaient profondément ancrées dans son esprit, généreusement entretenues par un Cheh-dahn qui se repaissait du désespoir et de la simple envie de vengeance de la jeune femme.
Voir Kaleya et Balsa ensemble lui avait remué les tripes, ouvert les yeux. Elle s'était privée de cela au profit de la haine. Elle avait toujours cru qu'elle n'aurait pu concilier les deux : se battre pour ses convictions, sa rédemption, et l'amitié. La Neko et la Chimère venaient de lui prouver le contraire. Elle en aurait pleuré si elle avait été seule et s'était souvenue comment faire.
Plus que ses muscles qui lui tiraient désagréablement, c'était son cœur qui lui faisait le plus mal. Un coup de Balsa lui entailla l'épaule droite, la ramenant d'un coup dans le monde des vivants. La décharge qui venait quelques microsecondes après provoqua la tétanie du bras. Octavia jura sourdement et concentra son don pour devenir insaisissable. Un sourire extatique et mauvais étira ses lèvres quand elle vit la chimère essayer de la frapper et ne rencontrer que du vide. Elle réagit dans la seconde. Elle en profita pour se saisir du poignet de Balsa, le faisant redevenir tangible, et elle répliqua par un vicieux coup de pied à la tête, rendant de même seulement la jambe solide. Cependant, Balsa lui avait une fois de plus envoyé une décharge. Vi jura cette fois plus fort. Comment diable voulait-on frapper quelque chose qui, l'instant d'après, par la seule force de sa volonté et à la vitesse de l'éclair – littéralement – vous envoyait une décharge ?!
La jeune femme s'ébroua, tentant de réanimer son bras droit. Toujours paralysé. Elle ne pouvait malheureusement pas faire grand chose, bien qu'était presque ambidextre. Elle para maladroitement une attaque de la Chimère qui venait de se relever et tomba à terre. S'enfonçant à moitié dans le sol, elle roula et d'une poussée du bassin se retrouva sur ses pieds. Elle continua d'attaquer, alors. Elle ne faisait rien d'autre que de se battre, aveuglément, avec seulement cette idée fixe en tête : vaincre son adversaire. Obsédée par son objectif, elle ne faisait plus vraiment attention à sa protection. Une seule chose comptait : frapper. Frapper. Et frapper encore. Frapper, malgré les décharges, frapper malgré le mal de tête du aux décharges qui commençait à poindre. Frapper, même si Balsa parait chacun de ses coups avec une facilité croissante et insultante. Frapper, toujours, et encore, même si ses attaques étaient plus lentes, même si elle recevait blessure sur blessure, même si son corps entier commençait à s'engourdir... Tout pour ne pas décevoir Cheh-dahn une fois de plus. Tout pour abattre la brebis galeuse, celle qui portait l'odeur des souillés, celle qui l'attaquait, celle qui avait ruiné ses plans en emmenant Kaleya, en la convainquant de ne pas lui répondre. Dans son esprit enfiévré par la douleur, le désespoir et la désorientation, seule Balsa était responsable de tout ce qui arrivait. La figure grimaçante d'une haine qui avait perdu sa raison première, une haine devenue aveugle, les pupilles étrécies à un trou d'épingle pour l'un, une minuscule fente verticale pour l'autre, les yeux exorbités, l'un noir et l'un rouge vif, assoiffés de la vie et du sang qui allaient couler, Octavia se perdit elle-même.
Elle n'était plus Octavia Sterenn. Elle n'était plus l'Assassin Rouge. Elle n'était plus Octavia Messalina Caecilius Valerius de Sterenn. Elle n'était plus cette jeune fille qui avait vu sa vie paisible et tranquille ruinée. Elle n'était à présent qu'une masse pure d'instinct, où son humanité était dévorée par les essences démoniaques et lycanthropiques. Où même les deux essences s'entredévoraient pour savoir qui allait avoir la primeur de dominer cette humanité condamnée et perdue d'avance. Octavia était une bête. Un animal enragé qui n'avait qu'une chose en tête : vaincre. Tuer. Et puis revenir auprès de son maître. Et c'était Balsa qui avait réveillé ce qui normalement aurait dû être profondément enfouis, et n'aurait dû être déterrée qu'à la mort du lycanthrope responsable du début de transformation d'Octavia, où à la révocation du pacte avec Cheh-dahn.
Inconsciemment ou non, les yeux hallucinés de la jeune femme se mirent à pleurer, comme en deuil de la perte de l'humanité désormais avérée.
Avec un rugissement de rage, dans les limites du prononçable pour une gorge humaine, Octavia se jeta sur la chimère, utilisant son don pour passer à travers une épaule de la chimère et la broyer de l'intérieur. Cette technique n'était pas sans risque pour Octavia, puisqu'elle se brisa la main. Mais elle continuait de frapper, frapper, et frapper encore. Aveugle aux décharges, aveugle aux larmes qui roulaient sur ses joues, aveugle, au final, du fait qu'elle ne pouvait plus frapper, que les coups qu'elle portait à la chimère n'était à présent que les fruits de son imagination, de ses hallucinations. Et les larmes coulaient, et son corps tétanisé ne lui répondait plus. Mais son esprit continuait, habité par une ire démente qui ne pourrait jamais totalement s'étancher.
Parce qu'il n'y avait plus que cela pour survivre. Et tel était le maître mot, gravé au fer rouge dans l'esprit régressé au stade bestial de la jeune femme. Survivre.
Elle finit par se relever, désorienté, peu stable sur ses jambes, une longue plainte venant du fond de sa gorge, comme l'aurait fait un... loup.
Survivre. Il fallait qu'elle survive... Elle se dirigea vers la chimère, mais ses jambes la trahirent et elle s'effondra sur les genoux. Mais elle continua d'avancer, de manière saccadée, pitoyable. Un sentiment exacerbé par ce gémissement d'animal. Tuer, et survivre.
A n'importe quel prix.
- Spoiler:
Suite à l'avis de Balsa, j'ai édité... j'en ai même rajouté à la fin. Bref, j'espère que cette fois ce sera la bonne *croise les doigts*
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Lun 25 Juil 2011, 16:02 | |
| Sous le vol foudroyant de la chimère, l’humaine se déroba en une roulade vers l’avant. Prévisible, attendu, rassurant presque, l’ennemie n’était pas de ceux que le peur pétrifie. A peine les pieds de Balsa touchèrent le sol qu’elle vrillait sa queue en un arc de cercle qui la rendit plus prompt à se retourner pour venir trouver les cimeterres levées de son adversaire, tenues fermement, prêtes à parer le prochain coup. Les armes étaient tout aussi métalliques que le couteau de la chimère et lorsque les larmes se rencontrèrent, le courant traversa leur échine, glissant sur le tranchant à la vitesse de l’éclair, pénétrant la chair humaine alors qu’un sourire barrait fièrement le visage de l’assaillante.
Octavia s’avéra une combattante des plus intéressantes et bien plus forte que ce que Balsa avait imaginé. Supérieure à la moyenne des humains, elle avait une volonté de fer et la résistance de l’acier. Et toute conductrice qu’elle s’en trouvait, elle se remettait rapidement des décharges portées, ne titubant qu’un instant, ou parvenant à se passer du membre atteint par la dernière frappe électrique. Cette force, cette rage qu’elle mettait dans le combat, la chimère se demandait bien d’où elle pouvait la tirer. Car quelle haine pouvait bien lui souffler de tuer à ce moment-là ? Etait-ce l’influence du démon qui la rendait si mauvaise ?
Ces interrogations futiles faisaient baisser l’attention de la chimère, qui joua après sur la défensive. Elle s’efforcait de chasser de son esprit toute pensée autre que celles qui concernaient le combat. Seulement… si oublier de considérer les raisons qui menaient l’humaine au meurtre était difficile, plus difficile encore était d’ignorer les grognements du monstre fantomatique qui répondait au souffle saccadé de Kaleya. La neko parviendrait-elle à rester en vie suffisamment longtemps ? Parviendrait-elle à sauver son corps de cette chose immonde qui semblait tout aussi assoiffée de sang que l’humaine ?... Encore des questions encombrant l’esprit, Balsa se damna de cette faiblesse qui la saisissait. Voila ce que l’amitié impliquait : la peur de perdre un allié rendait confus et interdisait le combat pour soi seul.
Un coup d’œil en arrière, l’image de la neko en mouvement, esquivant une attaque du monstre difforme. Elle vivait toujours, elle tenait bon, luttant pour sa survie plus que pour la victoire sans doute… Car la victoire semblait bien compromise, vu l’adversaire qu’elle avait en face d’elle. La situation semblait inextricable d’ailleurs, telle fut la pensée de Balsa quand elle en revint à Octavia, qui avait profité de cet instant d’inattention pour frapper et ouvrir une plaie béante au-dessus de son coude gauche. Une blessure de plus, un peu de sang en moins… le combat ne pourrait être éternel. Il fallait réagir, trouver la faille, le moyen de s’en sortir.
Le souvenir de la créature maitresse de Octavia s’adressant à elle revint à l’esprit de Balsa sans qu’elle puisse le refuser. Elle revit les yeux rouges flamboyants, le sourire malsain, les dents croquant dans l’oreille de l’humaine. Elle entendit à nouveau la voix glaciale, les mots susurrés avec aussi peu d’affection que possible et pourtant la chimère avait le sentiment que l’être maléfique, derrière sa sauvagerie sans borne, tenait à la vie de l’humaine et vengerait ses blessures par le sang versé de la coupable, en l’occurrence Kaleya. Qui pouvait-il bien être ? A cette question, la chimère ne trouva qu’une réponse…
A nouveau un cimeterre s’abattait sur elle, mais cette fois elle esquiva et continua de reculer tant et si bien que l’humaine, déjà en sal état, le corps convulsé de spasmes et marqués de quelques blessures, ragea de plus en plus. Dans ses yeux ne transparaissait plus que la volonté de tuer. Balsa aussi était mal en point, ses réflexes fortement diminués et ses mouvements presque tous douloureux. L’assaut final de tarderait pas. Vidant son esprit, n’écoutant plus que le battement de son cœur et la respiration de l’humaine qui courait, haletante, dans sa direction, la chimère n’eut d’yeux que pour ce qui venait se jeter sur elle. Sans doute Octavia s’était attendue à ce que son coup soit esquivé et pourtant elle parvint à atteindre l’épaule.
Douleur insupportable, qu’est-ce donc qui hurlait ainsi à l’intérieur même de ses chairs ? non ! Plus de pensées inutiles ! Il ne devait rester que le combat. Dans la foudre qui vrilla les deux corps à ce moment fatidique, Balsa laissa couler toute sa haine, toute son envie de vivre et toute son envie de tuer.
Les deux adversaires reculèrent et un observateur extérieur aurait eu bien du mal à deviner qui était victorieuse. L’une, secouée de tremblement, ne semblait plus différencier rêve et réalité, frappant l’air frénétiquement au rythme des saccades qui saisissait son corps tout entier. L’autre hurlait sa douleur, le bras gauche ballant, les muscles déchirés de l’intérieur, les os brisés entaillant la chair. Elle tomba elle aussi à genoux, les yeux brouillés de larmes chaudes, un flot de sang souillant jusqu’à la dernière fibre des vêtements qu’elle portait.
Course à la vie, la première debout n’aurait que quelques pas à faire pour aller achever l’autre. La vue floue, la conscience des plus altérées, Balsa n’avait que cette pensée en tête. Et l’adrénaline courait dans ses veines, pressant ses muscles de se mouvoir, sans qu’aucun ne veuille répondre. Mordant sa lèvre inférieure, la chimère rageait, pestait contre elle et sa faiblesse exécrable. Bordel ! Elle n’allait pas mourir là ! Pas de la main d’une humaine de surcroit. Pourtant derrière les larmes qui brouillaient son regard, elle vit son adversaire parvenir à se relever avant elle et tituber, marchant cahin-caha vers elle. Non ! Hors de question !
Lutte de l’esprit contre le corps, la volonté de se lever criait aux muscles de se réveiller, tout douleur et dislocation qu’ils étaient. Mille raisons de se lever, que la chimère ressassait à une vitesse vertigineuse, espérant trouver celle qui motiverait ses articulations à lui répondre correctement. Ne pas mourir, tuer, sauver Kaleya, vivre encore, voir le monde, contrôler sa foudre, se battre, vaincre… L’espoir se dissipait pourtant. Car toute la concentration qu’elle avait ne permit à Balsa de se relever que chancelante, faisant face à travers son regard flou à cette humaine qui approchait.
En une seconde pourtant tout bascula, à commencer par Octavia, dont les genoux vinrent se briser sur les pavés rougeoyants. Spectacle navrant, pitoyable, sanglant et porteur d’une mort toute proche, mais qui traça sur les lèvres de Balsa une sourire infime. Elle était debout à présent, quoique très mal en point, et l’autre rampait tant bien que mal. Resserrant les doigts autour du manche du poignard, ruisselant de rouge, la chimère avança doucement vers sa proie à l’agonie. Elle n’avait plus qu’un bras fonctionnel, cependant maintenant qu’elle se trouvait droite sur ses jambes, marcher ne lui semblait plus si impossible. Elle ignorait la douleur, alors que son sourire s’élargissait à chaque pas. Tout allait se jouer dans l’instant suivant, sa vie comme celle de Kaleya…
De sa jambe la plus épargnée par les blessures, elle décocha un coup de pied dans les poignets tremblotant de l’humaine, lui faisant lâcher prise sur ses armes et les écartant pour la saisir par le col. L’effort manqua de la faire tomber à son tour, mais un vif mouvement de queue lui permit de retrouver son équilibre. Tenant fermement le vêtement pour ne pas électrocuter Octavia, elle glissa sa lame dans son cou, toute proche, mais sans l’atteindre pour de bon. Elle devait la garder vivante. D’une voix basse, d’un murmure presque imperceptible, elle lui glissa à l’oreille : - Tu mérites la mort, alors au moindre mouvement brusque ou suspect, je te tranche la jugulaire, est-ce bien comprit ?
N’attendant pas vraiment de réponse, Balsa cherchait son souffle, la force de faire porter sa voix plus loin et les mots qu’elle emploierait. Sans lâcher sa prise ni bouger d’un pouce le tranchant de sa lame menaçant l’humaine, elle pivota jusqu’à faire face au champ de bataille où son amie luttait avec la créature. - Démon ! Voila le nom qu’elle lui avait trouvé, sans même connaître sa race, elle en était venue à ne le voir que comme le mal incarné, le démon par excellence. - Je te rends ta poupée encore vivante si tu nous épargnes, moi et la neko.
Audacieux, sans aucun doute. Mais désespéré aussi, car comment faire plier le monstre si ce n’était en s’accordant avec lui. Il faudrait compter sur son honneur s’il acceptait, croisant les doigts pour que cela ne soit en rien un mensonge. Mais plus les êtres sont puissants et plus leur orgueil leur interdit de mentir, Balsa l’avait noté au cours de ses voyages. Le mensonge, la tromperie, était l’apanage des lâches, des faibles, de ceux qui n’avaient d’autres choix que d’y recourir pour se sentir exister.
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Mer 27 Juil 2011, 17:36 | |
| - Spoiler:
BOn j'ai finalement écrit beaucoup plus que je ne pensais. Mais pas vraiment ce que je pensais xD Enfin bref, j'ai fait de mon mieux pour la martyriser sans que ça soit irrémédiable (elle part pour un sacré long voyage, 2 ou 3 mois plus tard donc bon... xD) Kaleya avait abandonné tout espoir avant même que le combat ne commence, aussi la première éraflure ne fut pour elle que le prolongement de sa certitude de mort. Pourtant, bien que persuadée de la nullité de ses chances, elle n’abandonnait pas. N’était-ce pas une preuve qu’espérer n’était pas nécessaire pour s’accrocher à la vie ? Après tout, elle avait bien plus souvent été sauvée par l’énergie du désespoir, non... ?
Le démon semblait tenir à lui permettre de vérifier sa conclusion. Le sang commençait seulement à perler de la première blessure sur son bras, qu’il s’était déjà transporté de l’autre côté et déchirait ses vêtements, entaillant à nouveau sa chair. Elle pivota brusquement sur elle-même, frappa... le vent. En un réflexe de protection tout aussi futile que l’espoir, elle bondit en arrière et vint elle-même à la rencontre des griffes qui l’attendaient, dans son dos. Un feulement de douleur lui échappa : cette fois-ci, les plaies étaient plus profondes, comme s’il voulait la punir de sa résistance. Elle essaya vaguement de l’atteindre, tout en sachant pertinemment qu’il se matérialiserait ailleurs. D’instinct, elle opposa l’une de ses lames au vide, sur sa droite, et parvint miraculeusement à parer l’attaque. Un bref instant, le temps se figea, et elle crut apercevoir dans son regard terrifiant un éclat de surprise, puis de colère méprisante. D’un revers d’une puissance phénoménale, il la projeta à plusieurs mètres de là, comme il l’avait fait avec Octavia. Le souffle coupé par la puissance du choc, elle essaya de se relever malgré ses côtes douloureuses et sa vision devenue trouble pour un instant. Elle crut un instant qu’elle y arriverait, qu’elle pourrait reprendre le contrôle de la situation. Retrouver le temps de penser. Elle ne parvenait qu’à peine à se rappeler qu’un autre affrontement se déroulait juste à côté d’elle. Elle ne parvenait qu’à peine à réfléchir au-delà de la seconde suivante qui verrait le monstre l’attaquer encore.
Décidément, la créature avait décidé de rendre vraie chaque malheureuse pensée qu’elle faisait l’erreur d’avoir dans son esprit : alors qu’elle avait réussi à se mettre à genoux et qu’elle s’apprêtait à se redresser, il apparut à côté d’elle et enfonça profondément ses griffes là où Octavia l’avait déjà blessée, auparavant. La neko poussa un cri rauque, mais au lieu lui faire lâcher prise, la souffrance la fit bondir sur ses pieds. Encore une fois, elle fit face à cet étrange étonnement dédaigneux de la part de son ennemi. Mais il ne lui laissait aucune trêve, aucune pause. Il bondit en avant et se joua de sa pauvre parade en se servant de son élan à côté d’elle pour transpercer de part en part son bras gauche, juste sous l’épaule. Elle entendit le raclement des griffes contre l’os et un frisson de souffrance glacée la parcourut. Elle ne parvint pas à retenir un cri. Il ne dégagea pas les lames effilés qui lui servaient d'armes naturelles, et avec une étincelle de joie malsaine dans les yeux, d’un geste brutal, il ouvrit deux plaies béantes jusqu’à son coude. Un flot de sang jaillit, détrempant le tissu de ses vêtements du liquide écarlate. Son cri devint un hurlement prolongé, inhumain. Elle vacilla, lâcha son arme. Sa volonté de se battre jusqu’au bout se diluait lentement dans le torrent de son sang. Un bref instant, la douleur figea toutes les pensées qui l’avaient traversées depuis le début de l’affrontement sans qu’elle n’ait le temps d’appréhender leur sens. À présent qu’elles étaient immobilisées, Kaleya pouvait s’approcher de chacune d’entre elle pour mieux les comprendre. Elle n’aurait jamais cru que la souffrance puisse entraîner une telle lucidité. Elle prit ainsi conscience que ce qui lui semblait éternel ne durait que depuis... quelques secondes ? Tout s’était enchaîné tellement vite... et elle se sentait déjà brisée. Elle détestait la position d’impuissance dans laquelle elle se trouvait. Y avait-il encore une petite chance de survie ? Si Balsa se débrouillait mieux qu’elle, peut-être. Octavia était une adversaire sérieuse, ça ne serait pas si simple pour la chimère de la vaincre. Elle parvint cependant à retrouver une miette d’espoir qu’elle consacra tout entière à l’affrontement menée par son amie : au-delà du fait que celle-ci représentait son unique chance de survie, elle tenait vraiment à ce que celle-ci ne soit pas blessée. Mais elle ne pouvait pas se permettre se se focaliser sur elle, sans quoi elle finirait par lasser le monstre qui jouait avec elle et mourrait rapidement. Car elle ne se faisait pas d’illusions : la seule raison pour laquelle elle était encore en vie était que la créature s’amusait de sa piètre résistance qu’il s’efforçait de briser. Lorsqu’elle s’effondrerait, il l’achèverait. Il fallait donc tenir debout le plus longtemps possible, affronter la douleur, jouer son petit jeu cruel et accepter d’en être la victime.
Dans le monde réel, son ennemi dégagea ses griffes d’un coup sec. Aussitôt, les pensées redevinrent tourbillonnantes, insaisissables. Les quelques idées construites qui demeuraient compréhensibles étaient teintées du rouge de la folie douloureuse qui s’emparait doucement d’elle. Elle songea ainsi que ses vêtements étaient définitivement foutus... quoique ça pourrait devenir un nouveau style, les habits déchirés et couverts de sang... ? Encore une fois, le monstre devait être d’accord puisqu’il ajouta quelques balafres d’un côté et de l’autre, sans même prendre la peine de se matérialiser ailleurs. Cette fainéantise manifeste vexa vaguement la neko qui se mit maladroitement en mouvement. Evidemment, sa seule main armée n’atteignit que le vide.
Mais une rage aveugle s’insinuait peu à peu en elle, assombrissant ce qu’il lui restait de logique, casant dans un coin inaccessible de sa tête la douleur qui la ravageait. Son visage se durcit, et avec un étrange rugissement, elle bondit, frappant à tort et à travers, sans jamais atteindre son adversaire. Lui, en revanche, punissait chacun de ses échecs de coupures qui se faisaient de plus en plus profondes à mesure que le temps s’étirait, éternel. Elle avait l’impression que tout son corps brûlait dans des flammes qui refusaient obstinément de la tuer. Elle se rendit à compte à cette occasion que le monde autour d’elle scintillait étrangement et elle en déduisit fort logiquement que c’était le feu qui brouillait sa vision. Dans ce cas... si elle se jetait sur le démon, la chaleur pourrait-elle l’atteindre ? Elle ne perdait rien à essayer. Sans même prendre la peine de le menacer de son arme, elle se rua vers lui. Elle ne vit pas son expression étonnée et passa tout bonnement à travers son corps. Déséquilibrée par son élan, elle tituba et se serait effondrée s’il ne l’avait maintenue debout. Elle se tourna légèrement vers lui avec un regard interrogateur. Il l’observait d’un air qu’elle aurait qualifié de moqueur si elle avait encore été capable de poser des mots sur ce qui l’entourait. Il lui semblait bien trop matériel, soudain. De son bras difforme, il la ramena vers lui et pointa l’une de ses griffes aiguisées sur son visage. Avec une lenteur dont il semblait se délecter, il traça une série de traits sanglants qui vinrent ainsi compléter l’étrange tableau que dessinait les traces noires qui couraient sur sa peau. La neko se débattit avec une vigueur surprenante, et la pointe, qui jusque-là n’avait ouvert que des plaies superficielles qui s’effaceraient rapidement avec le temps, déchira plus profondément sa chair. Sentir le sang couler ainsi le long se son visage la terrifia et elle frappa à tâtons. Pour une fois, elle perçut une résistance. Elle avait si peu de force qu’elle ne l’avait certainement pas blessé, mais elle vit dans son regard qu’il était offensé de cette piètre attaque. Il la rabattit si violemment contre lui que le craquement sinistre de ses côtes qui se brisaient résonnèrent aux oreilles de la jeune femme. Sa bouche s’ouvrit sur un hurlement silencieux : elle n’avait même plus assez d’air pour se faire entendre. D’un geste brusque, il la repoussa et elle s’effondra, suffocante, luttant pour retrouver un semblant de souffle. Se relever, elle devait se relever. Ne pas lui laisser une occasion de se lasser et de la tuer... Oh, comme elle aurait aimé s’abandonner à l’inconscience... Pourquoi pas à la mort, après tout, n'était-ce pas qu’une inconscience un peu plus longue...? Mais elle avait survécu à pire douleur, non... ? Elle pouvait bien se battre encore, non... ? Péniblement, elle se mit à genoux. Elle respirait difficilement, chacune de ses inspirations et de ses expirations se soldant par une douleur aiguëe. Une brume étrange enveloppait le monde autour d’elle, et celle-ci devenait de plus en plus sombre à mesure que la silhouette de son ennemi grandissait. « Démon ! »Kaleya entendit vaguement ce mot unique jeté dans le rugissement de sa douleur. Elle ne parvint pas à y accrocher son attention. En revanche, le monstre se figea dans son avancée et se tourna vers l’origine de la voix. Après tout, il avait tout son temps pour la briser, pour la détruire, jusqu’à ce qu’elle en meurt... « Je te rends ta poupée encore vivante si tu nous épargnes, moi et la neko. »Encore des mots. Toujours des mots. Qu’est-ce qu’ils venaient faire là, franchement ? Ils ne pouvaient pas la laisser tranquille ? Elle n’avait pas le courage de les écouter. Pourtant, inconsciemment, elle s’accrocha à leur sonorité pour se relever. Vacillante, elle s’efforçait de rester consciente et de ne surtout, surtout pas lâcher sa dernière lame. C’était surprenant qu’elle ait réussi à la garder jusque-là, à vrai dire... Maintenant qu’elle y faisait attention, elle comprit que son poing s’était tellement crispé autour de la poignée qu’il ne serait pas facile de lâcher prise.
Elle attendait la prochaine attaque du démon, mais celui-ci ne bougeait toujours pas. À quoi jouait-il ? Elle s’approcha de quelques pas titubants. Il restait immobile. Etait-ce une impression ou bien était-il en train de parler ? Mais... mais à qui ? Elle balaya cette question futile de son esprit. Peu importait s’il parlait ou non, peu importait à qui il parlait, seul comptait le fait qu’il lui tournait le dos et qu’il ne faisait plus attention à elle. C’était sa dernière chance. Elle ne pouvait pas la laisser passer, elle ne pouvait pas... Couverte de sang des pieds à la tête, personne n’aurait pu la croire capable de lutter encore. Et pourtant... elle bondit, et rassemblant toute la force qu’il lui restait, elle abattit sa lame sur le monstre. Elle crut un instant voir la chair étrange de la créature se fendre, puis il redevint immatériel. Toute à sa furie, elle frappa encore à deux reprises, et finit par atteindre la base des griffes encore couvertes de son sang. - Spoiler:
Bon j'ai repris l'idée de ton MP, mais c'est à toi de décider à quel point ça blesse ou non ! ^^ Et je me suis dit que sa peau pouvait au moins être un peu déchirée quand même ! xD
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| | | ~* Chasseuse de Loups *~
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Mer 17 Aoû 2011, 13:41 | |
| - Spoiler:
Juste avant le 18 août ! Vous êtes fières de moi, hein, hein hein ? Bon, en même temps, Kal, ta technique est proprement sournoise. Bref... J'espère que ça ira, n'hésitez pas à me dire si quelque chose cloche Elle hurla. Ou du moins, elle aurait hurlé si sa gorge râpée et si l’épuisement le lui auraient permis. Ce ne fut qu’un sifflement qui s’échappa de ses lèvres sèches, tremblantes, un sifflement rauque qui se mua en un gémissement étrangement canin, quand la chimère lui avait écrasé les poignets et saisi son col.
Elle sentit l’acier froid sur sa gorge, le souffle chaud sur son oreille, la voix de basse, cassée elle aussi d’avoir crié, de son adversaire, murmurer des sonorités incohérentes. Pourtant, la menace de l’arme, et le ton employé ne laissaient aucun doute. Tu bouges, tu meurs.
Elle reprenait peu à peu conscience de son environnement, de la douleur qui revenait dans des parties de son corps qu’elle avait cru endormies, et de la voix, celle de la chimère, celle de Balsa, qui hurlait des mots à… Cheh-dahn ? Hein ? Cheh-dahn ?- Je te rends ta poupée encore vivante si tu nous épargnes, moi et la neko.Balsa souhaitait mourir, ou quoi ? Parler à Cheh-dahn ? Essayer de… de marchander ?
Un jappement rauque jaillit de ses lèvres, un ricanement nerveux, et légèrement décadent, mais qui n’alla pas plus loin que trois notes discordantes, trois bruits brisés. Oh, dieux ! Balsa était folle, ou quoi ? Marchander avec Cheh-dahn ! Marchander ! Un autre rire nerveux râpa sa gorge, un rire incontrôlable, spontané mais terriblement absurde.
Aussitôt, la pression de la lame sur sa gorge se fit plus forte. Mais sur l’instant, Octavia s’en fichait. La douleur parcourait la moindre parcelle de son être, et elle n’avait envie que d’une chose, se reposer. Son corps était une plaie ouverte et le monde était fait de sel. La souffrance explosait dans chaque recoin, envahissant son crâne en filaments blancs qui raclaient l’os frontal, parcourant ses nerfs, son corps entier. La paralysie due aux électrocutions, le délire engendré par la douleur se résorbaient peu à peu, laissant sa chair et son être harassés. Elle n’aurait pu boire, même si elle en avait la force.
Un mince filet de sang commença à rouler le long de sa gorge. Les lèvres de la jeune femme s’ourlèrent en un rictus légèrement amer. Elle observait les réactions des autres, d’elle-même, comme si elle n’était qu’une simple spectatrice, avec un détachement complètement absurde. Balsa était comme… désespérée. Il s’agissait là d’un ultime coup, d’un jeu macabre à pile ou face. Pile, son coup réussissait, face, les trois jeunes femmes mouraient. Somme toute, Cheh-dahn s’en sortirait sans problème. Plus qu’une survie, c’était de savoir si le démon s’était lassé de son jouet ou non.
Quant à Kaleya… Vi n’osa pas la regarder trop longtemps. La neko lui rappelait trop son propre état, quand Cheh-dahn décidait de la punir ou de « l’entrainer ». La jeune femme baissa les yeux. Tout dépendait de son démon de maître, car Octavia était trop éreintée pour tenter quoi que ce soit…*** Jouer. Dominer.
Voilà deux mots, qui, associés, ne font généralement pas un excellent ménage. Et absolument pas en ce qui concernait Cheh-dahn. Malmener Kaleya Lhil était presque aussi divertissant que le faire avec sa poupée. Même, la neko montrait une combattivité qu’Octavia avait perdue, lorsqu’elle combattait contre lui. Un instant, un seconde, et Cheh-dahn regretta toutes ces leçons qui l’avaient rendue si soumise envers lui. Mais cette sensation s’évapora aussi vite qu’elle était venue.
Jouer. Dominer.
Les yeux flamboyants rivés sur la neko, son attention concentrée sur la jeune femme, il s’attarda sur la douleur, sur ses vêtements déchirés, sur ce sang rouge qui coulait… Mais, peu à peu, l’amusement s’évanouit. Il ne restait que l’ennui, car Kaleya n’avait plus de surprise à lui offrir. Un moment, il songea à l’achever sous les yeux de la chimère, attendant le moment propice, guettant les regards de Balsa pour mettre un point final à toute cette mascarade futile et inutile. Une perte de temps. Il avait Octavia à punir.
Il jeta un coup d’œil à Octavia, mais avant d’avoir pu voir où la jeune femme en était, la neko lui passa au travers. Il frissonna. Dieux… Il détestait ça. Comment ces imbéciles ne se rendaient pas compte qu’ils passaient au travers d’un corps ?! Certes, il n’était pas matériel. Mais…
Kaleya était la première à le faire depuis un certain temps. Alors, d’un coup de tête, parce qu’il s’ennuyait, parce que la neko venait de lui passer au travers, parce que cette expression enragée lui rappelait celle de son jouet… il la retint. Pourquoi ? Il n’en savait rien lui-même. Mais qu’importe. Avec son habituel non-sourire, se moquant d’elle et de lui-même, avec le geste d’un amant qui ramenait sa belle contre lui, mais beaucoup trop brusquement, il l’attira à lui. Intéressé par ces étranges lignes qui marquaient sa figure, il traçait des sillons complémentaires entre eux, comme une araignée tisserait sa toile entre deux branchages. Il aurait souri s’il ne le faisait déjà (ou pas). Dérisoire envers lui-même, il se sentait comme un maître qui venait d’achever une peinture.
Sauf que cette stupide vermine gâcha tout en se débattant et en frappant au hasard, atteignant sans vraiment le vouloir son torse, ne laissant tout au plus qu’une légère ecchymose. Mais cela suffit à le fâcher. Pute borgne, mais ne voyait-elle pas qu’il l’embellissait ?! Qu’il lui faisait une fleur, car les marques ne resteraient pas ?! Cette attaque, et cette rébellion l’irritèrent. Foutredieu, Octavia, elle, n’aurait rien fait, tremblante de peur qu’il fasse pire. Eh bien tiens, elle avait gagné, cette misérable et révoltante neko ! Il l’écraserait sous son talon comme on brisait la carapace d’un insecte !
Cheh-dahn la tira violemment contre lui, et eut un sourire (ou non) en sentant les os craquer et se briser. Comme un insecte, avait-il dit. Il la repoussa brutalement, jouissant de ses cris de douleur silencieux, et s’approcha d’elle avec la ferme intention de réduire en poussière la moindre parcelle osseuse. Il voulait entendre son dos craquer sous la pression. Plus que de la blesser, il voulait maintenant la faire mourir. Et peu importe la chimère. Si Octavia ne l’avait pas déjà fait, il finirait le travail et prendrait la jeune humaine avec lui pour la punir.
Il s’avança vers elle, mais un cri l’arrêta. Un cri jeté avec désespoir, un cri de la dernière chance. Mais il suffit à l’arrêter, à le figer. Car ce n’était pas la voix qu’il espérait. Et les émotions qui émanaient de sa poupée favorite n’étaient pas les bonnes.- Démon ! Tout commença par cet unique mot, jeté avec la négligence d’un gant par une demoiselle. Démon ! Ha ! Démon ! Cette imbécile de chimère donnait un qualificatif, donnait sa race avec une désinvolture qu’il n’appréciait pas du tout. Son nom était Cheh-dahn, que diable ! Il n’y avait pas trente-six mille démons de son genre !- Je te rends ta poupée encore vivante si tu nous épargnes, moi et la neko.Un moment, avant que le sens de ces paroles ne l’atteigne, il songea à corriger la chimère pour son impolitesse. Ce fut le ricanement râpeux, stupéfait par l’audace de la proposition, bref, absurde, de son familier qui lui ouvrit les yeux. Et lui aussi fut un instant interloqué par la déclaration. Ho, ho… Elle voulait… marchander ? Hardie, la chimère ! Par le sang, cette arrogance, cette fierté lui manquaient, chez Octavia. Mais pour un moment seulement. Il était tellement plus amusant de la voir soumise. Un sourire étira (ou n’étira pas) ce qui lui servait de lèvres.- Eh bien, eh bien, tu fais preuve d’un certain culot ! Es-tu certaine de vouloir marchander avec moi ? Regarde la mignonne que tu menaces d’un couteau. Elle aussi a négocié. Et elle est devenue ma jolie poupée.Il leva un doigt, arrêtant la chimère dans sa réponse. - Avec cette proposition, tu suppose que je tiens à mon jouet. Je ne le nierais pas. Mais elle m’a déçu, chimère. Crois-tu que je tienne à elle suffisamment pour laisser échapper deux femelles qui font preuve de plus de hargne qu’elle ? Et c’est là que tu te trompes. Cela dit, je suis ouvert à la négociation. Tes petits tours électriques n’auront aucun effet sur moi, je te préviens. Pas plus que les griffes du chaton qui gît au sol…D’un geste, il désigna Kaleya, au sol, avant de se retourner vers la chimère. Pourtant, il fut très surpris de sentir la lame déchirer (ou ne pas déchirer) son dos. En un cri de rage silencieux, la neko frappa à plusieurs reprises. Non inquiété de ce qu’elle pourrait faire – et trop orgueilleux pour esquiver, montrant ainsi qu’il ne craignait pas les coups – il la laissa faire. Le deuxième coup le troubla. Il avait senti… la douleur. Il baissa la main sur l’endroit endolori, et y découvrit… du sang. Oh, pas celui du jouet qu’il avait laissé tomber, comme un enfant qui se serait lassé, non, non… Celui là maculait ses griffes, mais il séchait en petites pellicules rouge sombre. L’autre… Déjà, l’une de ses griffes était au sol. Et puis, quelques gouttes d’un rouge trop sombre pour être celui d’un humain (ou d’un neko) avaient éclaboussé le sol. Cheh-dahn, sur l’instant, ne comprenait pas. Et puis, finalement, la vérité éclata. La neko l’avait blessé. La neko lui avait… quoi ? Coupé un ongle un peu trop violemment ? Pas de quoi en chier un sablier.
Mais… Il posa son regard brûlant de nouveau sur sa main. Puis vers Kaleya. Puis vers Balsa. Puis de nouveau vers Kaleya. Avec un sourire immonde (si sourire il y avait), il dit à la chimère, sans quitter la neko des yeux.- Tu comprendras, très chère, que je ne peux laisser l’affront impuni. Nous reprendrons les négociations après.Sans se préoccuper de la chimère, ni de l’avenir d’Octavia, il saisit la gorge de la neko et la plaqua contre un mur proche, serrant la main, étouffant Kaleya, avant de lui susurrer, doucement, sensuellement à l’oreille, comme un amant qui murmurerait des mots tendres à sa maîtresse. - C’est la dernière fois que tu me frappes, Kaleya Lhil. La dernière. Sache que j’épargne ta misérable existence parce qu’elle va me servir de monnaie.Il lui donna une légère gifle. - J’espère que je me suis fait comprendre. La dernière, neko. La dernière.Il la laissa tomber comme une poupée de chiffon molle, contre le mur, à moitié consciente. Puis, enfin, il se retourna vers Balsa. Il eut un léger sourire (ou pas).- Où en étions-nous ? Ah, oui… Les négociations. Le marchandage. Tout ça, tout ça… Il s’assit, sans chaise pour le soutenir, flottant dans les airs. Prenant un air affairé, il croisa le bout de ses doigts et fixa Balsa de ses yeux d’un rouge flamboyant. - Donc… Ta vie et celle de la neko en échange de mon jouet. Hum. Inégal, chimère, inégal… J’aime quand mes contrats soient… réguliers (Un autre sourire – ou pas – parfaitement innocent). Une sorte de fair-play, vois-tu ? Il tendit la main vers le corps de Kaleya, et sous l’influence d’un vent que personne ne pouvait sentir, il se souleva et voleta aux côtés de Cheh-dahn. - Si seulement tu m’avais proposé la vie de Kaleya Lhil en échange de celle d’Octavia Messalina Caecilius Valerius de Sterenn… Ah, si seulement… Mais tel n’est pas le cas, n’est-ce pas ? Il est inutile de revenir en arrière.Il revint sur le sol, son corps fait de fumée ondulant sous ce vent imperceptible, se faisant, se défaisant sous un rythme insaisissable. Kaleya, à ses côtés, flottait toujours. D’un geste de la main, et elle se mit à se mouvoir, et, bientôt, elle se retrouva de nouveau plaquée contre le mur, bras et jambes tendus à leur maximum, presque écartelée. *** Cheh-dahn s’approcha. Elle n’y croyait pas. Non, il allait vraiment marchander ? Il allait vraiment accepter, faire ce que Balsa dictait ? A nouveau, un rire incrédule franchit la barrière de ses lèvres. Elle avait assisté aux évènements avec étonnement, surprise de la manière dont son démon de maître réagissait. Elle avait vu le sang couler, goutte, goutte, goutte, ce sang noir, ce sang rouge, goutte, goutte, et avait pris conscience qu’on pouvait le blesser. Et elle admira Kaleya pour cela. L’estime qu’elle avait pour elle grandit encore.
Cheh-dahn approchait, presque jusqu’à toucher la chimère. Octavia sentit cette dernière se crisper, la pression de la lame sur sa gorge se faisant à nouveau plus forte. Le liquide vital coula plus nettement, et Octavia ne put retenir un gémissement de douleur, et de peur. Peur de mourir maintenant, sans pouvoir se venger, peur de décevoir son maître, peur parce qu’elle ignorait ce qui allait se passer.- Mais, vois-tu, j’ai la vie du chaton entre mes mains. Tu as la vie de mon jouet entre les tiennes. Je te propose un autre marché. Tu me rends mon jouet de sang bleu. Je te rends ta neko. Mais… Je ne dis pas que nous allons en rester là. Une fois récupérées nos… amies respectives, je ne dis pas que je te laisserai la vie sauve. Je ne te dis pas dans quel état je te rendrais Kaleya Lhil. Non, non. Parce que tu commences à me cisailler le cou d’Octavia Messalina, et parce que ça va forcément laisser une marque, je ne te garantis pas cela. Parce que, tu l’auras remarqué, je déteste que d’autres que moi imposent leur signature sur mon familier. Il laissa fuir quelques secondes. Octavia se taisait.- Cependant… Je suis d’un naturel charitable. J’aime faire le bien autour de moi. Je te promets de te rendre Kaleya Lhil en un seul morceau… Si tu acceptes de me rendre un petit service. Je ne sais pas encore lequel, mais si tu veux voir le chaton en vie, avec tous ses membres en bon état de marche, tu as intérêt à me promettre cela. Un pacte. Un marché. Un service que tu me dois. Je te marquerais le poignet pour que tu n’oublies pas que je viendrai le réclamer un jour ou l’autre. Crois-moi, je le ferais.Il eut un sourire. Octavia le savait, le sentait. Il s’amusait. Il ne précisait pas quand il rendrait Kaleya. Ni dans quel état mental. Il ne précisait pas ce qu’il ferait à Balsa. Il ne précisait rien. Rien pour tout tourner à son avantage, pour duper, pour ne pas avoir à payer. Elle ignorait de quelle manière Cheh-dahn allait tourner ce pacte à son avantage, quel serait ce service, mais elle plaignait Balsa. Parce que Cheh-dahn savait déjà comment il allait procéder. Parce qu’il savait qu’au bout du compte, il allait la rouler dans la farine. A cette idée, un sentiment mauvais s’empara de l’esprit de la jeune femme. Balsa l’avait bien mérité. Elle était une Souillée, en partie. Elle pouvait peut-être transmettre son immonde maladie. Mieux valait qu’elle accepte le marché et qu’elle se fasse duper après. Qu’elle en meure, même ! Octavia s’en fichait. Tout ce qu’elle voulait, c’était s’assurer que cette Souillée de chimère ne puisse pas transmettre. Et comme elle n’avait aucun moyen de le savoir, la méthode la plus sûre était de l’éliminer. La voix trainante de Cheh-dahn la ramena à la réalité.- Alors, chimère… ? Marché conclu ?Dominer... Jouer |
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Ven 26 Aoû 2011, 01:08 | |
| Balsa sentait son cœur battre dans sa poitrine et le sang battre à son tour dans chacune de ses artères, bouillonnant. Tout allait se jouer à présent, elle avait prit un risque immense mais c’était là sa seule carte face à la force surhumaine que déployait le démon. Il semblait si hors d’atteinte, immatériel et immortel qu’à part la menace de briser une autre vie, rien ne pourrait le faire frémir.
Cependant, s’il s’agissait bien d’un démon et si ce que Akin avait raconté à la chimère dans sa jeunesse s’avérait vrai, elle et Kaleya avaient bien peu de chances de s’en tirer. « La nature des démons est mauvaise », « la vie humaine ne représente rien à leurs yeux », « leurs pouvoirs dépassent l’entendement », autant de bribes de conversations qui lui revenaient à l’esprit pour l’affoler d’avantage. « Si tu croise la route de l’un d’entre eux, fuis, ne te retourne pas et cours jusqu’à l’épuisement, cache-toi, disparais et fais-toi oublier », voila ce que disait l’anubite. Mais fuir maintenant conduisait à abandonner Kaleya, qui mourrait sous la colère du démon et de son humaine.
Le temps défilait comme au ralenti alors que Balsa attendait la réaction de la créature immatérielle. Celle-ci s’était tournée pour lui faire face. Il aurait été bien impossible de trouver une quelconque expression sur le visage bestial du démon, seule la lueur de ses yeux, mauvaise au possible, indiquait la fébrilité qui l’habitait. Enfin ses lèvres s’entrouvrirent et un râle s’échappa de sa bouche aux dents tranchantes pour venir former des mots auxquels Balsa prêta toute son attention.
Dans chaque phrase on sentait la supériorité qu’il éprouvait et sa pleine confiance. Il s’étira en longueur, comme loin de tout danger, comme un enfant parlerait à des fourmis qu’il compte écrabouiller bientôt. Très vite Balsa comprit que le démon ne se contenterait pas de l’accord qu’elle avait proposé. C’était prévisible, la chimère avait été bien gourmande. Mais le négoce commence toujours par la proposition d’un prix démesuré. Puis la partie adverse propose un autre prix démesuré, et chacun tire de son côté jusqu’à ce que la corde se tende et que l’on s’entende sur les engagements de chacun.
Il désigna le « chaton » inoffensif derrière lui pour ponctuer sa phrase. Seulement quand il se retourna vers la chimère, Kaleya bondit dans son dos de fumée et vint frapper, frapper, frapper, utilisant sans doute ses dernières forces dans un sursaut de colère, une envie irrépressible de tuer pour ne pas mourir. Idiote ! pensa Balsa, tu vas juste l’énerver un peu plus…
Il se produisit alors quelque chose que personne n’attendait. Un mince filet de sang, dont l’odeur pestilentielle parvint jusqu’aux narines de la chimère, coula sur une main du démon. Le coup avait porté, au bout de ses doigts, coupant une griffe au passage. Un sourire, regain de confiance, glissa sur les lèvres de Balsa. Ainsi il n’était pas si hors d’atteinte, il pouvait subir les coups, et même saigner. Très instructif, d’autant qu’en plus d’apprendre ça sur lui, la chimère découvrait son point faible. S’était-il rendu compte du désavantage que cela signifiait pour lui ?
Pour l’heure, il semblait bien plus pressé de punir l’affront causé par la neko plutôt que de réfléchir sur les conséquences. Balsa se garda de lui faire remarquer sa faiblesse. Elle jetait des coups d’œil rapides, le regard dur et autoritaire, en direction de Octavia. Et aussi, presque imperceptiblement, elle retrouvait ses forces, laissant la douleur la quitter, l’oubliant. Etait-ce le lycan en elle qui lui permettait de se remettre plus vite que les autres ? Certes ses plaies béaient toujours mais elle se tenait fermement sur ses pieds et faire jouer ses muscles, les préparer à réagir, ne lui arrachait plus aucune grimace.
Il était dur d’assister au spectacle du démon punissant et menaçant Kaleya sans réagir. Mais une attaque maintenant briserait toute chance de s’en sortir. Il fallait laisser la créature appliquer sa justice, entrer dans son jeu et, avec de la chance, remporter la vie sauve pour elle et la neko. Alors que le monstre susurrait à l’oreille de Kaleya des menaces, Balsa regardait la scène en prenant du recul.
On était en plein jour, en plein centre ville. Et là se déroulait un combat entre des forces surhumaines, au su et à la vue de tous. Par quel miracle n’y avait-il eu encore personne pour être témoin de ce carnage ? Ou alors, on les avait vu, mais par trop effrayé, on s’était caché, enfuit. Peut-être les gardes étaient-ils avertis, mais que pourraient-ils faire ? A moins de compter un puissant magicien dans leurs rangs… Un oiseau décolla et le bruissement de ses ailes fit tressaillir Balsa. Oui, on les avait surement vus et ce n’était qu’une question de temps avant que des héros inconscient ne se pointent avec l’espoir d’une victoire glorieuse.
Le bruit du corps de Kaleya retombant sur le sol capta l’attention de Balsa qui plongea un regard froid dans celui du démon. Il continuait de parler, jouant sur l’onde du vent, se donnant des airs de prince, faisant du corps de la neko ce qu’il voulait. Cela l’amusait à n’en pas douter, il évoqua la possibilité de l’échange Octavia contre Kaleya, même s’il semblait trop tard pour cela, mais l’idée s’imprima dans l’esprit de la chimère qui gardait toujours le silence, attendant la vraie proposition du démon.
Par sa simple volonté, le démon fixa la neko contre le mur, membres écarté, la laissant ici pour s’approcher de Balsa. Un frisson parcourut l’échine de cette dernière. Il venait à elle, il allait enfin dévoiler son idée de marché. Il le fit en se justifiant, amenant l’idée principale petit à petit. De toutes ses forces la chimère restait impassible, maintenant toujours la lame contre le cou de l’humaine à terre. La menace qu’elle faisait peser était peut-être son lien avec la vie. Encore que, quelque chose lui intimait que le démon éprouvait un certain intérêt pour sa personne. Elle le laissa finir et attendit un moment, étirant un sourire peu à peu sur son visage demeuré impassible.
- Promettre de me rendre la neko en un seul morceau ?... Il est déjà trop tard.
Certes Kaleya n’avait perdu aucun membre, mais des lambeaux de peau manquait, et ô combien de ce liquide rouge qui la maintenait en vie ?
- La vie de l’humaine contre celle-là n’est pas juste non plus. Regarde ta poupée, elle est en si bon état. Alors que tu m’as brisé Kaleya. Peut-être devrais-je abimer ton humaine tout autant. Je doute que cela te convienne cependant, sans doute préfères-tu la battre toi-même et je comprends… Mais tu devrais l’emmener ailleurs. Les hommes approchent et en nombre. Je doute que tu souhaites ton existence révélée au grand jour.
En tendant l’oreille, on entendait les bruits de la rue. Des gens parlant, marchant, s’activant. Tout n’était qu’un brouhaha confus, mais la présence humaine était indéniable. Un volet claqua sèchement, fermé prestement par un habitant du coin.
- L’Ordre de la Lumière t’exterminerait sans réfléchir plus avant. Je ne le souhaite pas, aussi je ne leur rapporterais pas ta présence à Reilor. Un cadeau de ma part, comme celui de te rendre Octavia en bien meilleur état que Kaleya. Suis-je trop gentille ? On pourrait en rester là. Tu as eu ce que tu voulais, rendre à la neko ce qu’elle avait fait à l’humaine. Et j’ai lavé l’affront de ta poupée, pardon pour les dégâts, mais je n’allais pas rester impassible.
Un cri résonna, provenant d’une ruelle en direction du centre ville. Un cri de colère, suivit par d’autres. Simple coïncidence ? Des sons confus qui leur parvenaient se détachèrent des bruits métalliques et une voix ferme. Alors Balsa leva sa main libre entre son visage et celui, répugnant, du démon. Elle en fit jouer les doigts et le sang encore humide qui s’y trouvait favorisa la création d’un petit arc électrique. Elle l’abaissa ensuite et fit mine d’éloigner la lame du cou d’Octavia.
- Ils arrivent. Mieux vaudrait se décider rapidement. Si jamais ils nous surprenaient, je serais forcée de me ranger de leur côté et je doute que ton humaine ou toi-même en sortiez indemnes.
La menace était sous-entendu, le démon comprendrais ce qu’elle avait comprit. La foudre pouvait l’atteindre, elle connaissait de surcroit son point faible. Et puis, s’il avait une once de méfiance il se douterait que l’assurance de Balsa présageait un tour ou deux qu’elle gardait en cas d’affrontement contre lui.
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Sam 27 Aoû 2011, 17:49 | |
| Kaleya se figea lorsqu’elle réalisa ce qu’il venait de se passer. Son ennemi si invincible venait de perdre une griffe. Dans le torrent de douleur qui noyait ses pensées, un courant de joie pure et complètement irrationnelle lui arracha un rictus qui se voulait sourire. Pour une seconde, le temps s’étira et la jeune femme s’absorba dans le spectacle des gouttes de sang qui percutaient le sol, une à une. L'exaltation passée, une sombre certitude fleurissait lentement en elle : il allait la tuer. Il allait la tuer pour ce dernier affront qu’elle lui faisait. Elle eut envie d’en rire mais ses côtes brisées l’en dissuadèrent et elle regretta brièvement de ne pouvoir lui rire au nez, une dernière fois. La main griffue du démon la saisit à la gorge, bloquant le peu d’air qui parvenait encore à ses poumons. Instinctivement, elle lutta pour respirer, en vain. Son dos percuta violemment l’un des murs d’une maison peu éloignée de la rivière. Le choc se répercuta dans tout son corps et sa vision déjà passablement affaiblie se brouilla encore davantage. Les mots chuchotés lui parvinrent déformés et incompréhensibles. Cela lui importait peu, de toute façon elle n’arrivait même plus à réfléchir. Alors qu’elle se sentait sombrer, la mention de son nom la retint. Son attention parvint peu à peu à s’accrocher aux menaces de la créature, mais avant que leur sens ne l’atteigne vraiment, une gifle puissante la projeta à nouveau dans une semi-inconscience bienvenue. Elle se rendit à peine compte qu’il la lâchait et qu’elle pouvait à nouveau respirer. La souffrance brûlait en un joyeux brasier dans son corps et elle ne voyait vraiment pas l’intérêt de rester consciente aussi lâcha-t-elle prise et accueillit-elle les ténèbres avec bonheur. Mais ceux-ci étaient trop pâles pour lui permettre de se détacher totalement du monde extérieur. Elle ne voyait rien, mais les sons lui parvenaient encore, assourdis. Une voix, ondoyante, qui roulait dans le silence et lui donnait envie de fuir... celle du démon. Ce bruit grondait dans sa tête en une étrange litanie presque hypnotisante. Non, cette voix n’invitait pas à l’éveil, mais à la mort, comme tout ce qui constituait le monstre. En écho à cette pensée diffuse, une douleur vive bien que lointaine parcourut ses membres avant de venir se loger au niveau de ses côtes. Un faible gémissement vient se mêler aux paroles de la créature et elle ne se rendit même pas compte que c’était le sien. Car il y avait quelque chose de bien plus important : une autre voix venait de s’élever en réponse à celle du démon. Une voix dure, tendue, presque inquiétante... et pourtant, celle-ci fit brièvement apparaître une lueur dans l’esprit brouillé de la jeune femme. Ses mots appartenaient à une amie... une amie... Balsa. Elle se souvint soudain qu’elle n’était pas seule. Balsa était là. En un éclat de lucidité foudroyant, elle comprit soudain pourquoi le démon ne l’avait pas encore tué : il marchandait avec la chimère. Etrange. Mais elle n’eut pas le temps de s’appesantir sur cette bizarrerie : les dernières paroles prononcées étaient teintés d’attente et portait un accent définitif. Peut-être même qu’il s’y trouvait un brin d’impatience. Kaleya songea soudain qu’il était bien anormal de pouvoir percevoir autant de chose sans même comprendre ce qui était dit. Mais cette pensée s’envola et la secondes d’après, elle aurait été incapable de s’en souvenir. Et d’ailleurs, elle s’en foutait : la seule question valable était de savoir ce qu’il se passait. *** Au début, il avait été facile d’ignorer l’affrontement qui se déroulait à quelques mètres seulement de sa maison. Après tout, les échauffourée étaient courantes dans les rues, et tout honnête habitant de Reilor connaissait très bien la règle fondamentale de survie : ne pas y faire attention, ne surtout pas s’en mêler, et s’en éloigner le plus possible. Alian n’avait donc pas même regardé par le fenêtre et avait continué à vaquer à ses occupations en faisant mine de ne rien entendre. Mais à mesure que le combat s’éternisait, la curiosité se faisait plus forte. Les hurlements de douleur qui résonnaient avaient quelque chose d’anormal, de terrifiant, qui auraient du le dissuader d'assister à la bataille... mais l’être humain, même s’il s’en cache bien souvent et qu'il ne l'assume que rarement, est avide de sang, avide de ces spectacles macabres qui se jouent à quelques pas de leur cachette. Alors il s’approcha et regarda. La violence de la scène manqua lui faire détourner le regard. Puis au-delà du dégoût vint grandir la peur lorsque ses yeux tombèrent sur une étrange et monstrueuse silhouette. À l’instant précis où il remarqua la créature, celle-ci fit volte-face vers une femme couverte de sang qui n'aurait même pas du être en vie, la saisit à la gorge et la plaqua contre le mur. Contre son mur. C’en était trop. La terreur s’empara de son coeur et sans plus réfléchir, il dévala les escalier et déboula dans la rue. Il fallait prévenir les gardes, mettre fin à cette histoire. Sinon, qui savait ce qu’il pouvait arriver à sa maison ! Il prit conscience à cet instant-là qu’il n’était pas le seul à avoir remarqué le combat. La rue habituellement à peine parcourue par quelques passants pressés abritait une petite dizaine de personnes aux grands yeux effrayés. Des murmures volaient entre eux et de temps à autre, quelqu’un osait observer la scène qui se déroulait derrière les bâtiments. Il se reculait ensuite bien vite avec une exclamation étouffée. Alian n’eut même pas à chercher des gardes : l’attroupement était suffisamment intriguant pour que ceux-ci viennent d’eux-même. Un groupe de quatre hommes s’avançaient déjà vers eux et une voix grâve résonna contre les pavés : « Que se passe-t-il ici ? Que regardez-vous ? »Une femme désigna la paisible rivière qui coulait derrière la ruelle et celui qui doit être leur chef jeta un oeil à la scène qui s’y déroulait. Son visage changea peu à peu d’expression et l’assurance précédente fit place à une inquiétude croissante. Un bref instant, il sembla décidé à ne pas intervenir, mais l’attente des habitants l’empêchait d’ignorer la situation comme il l'aurait fait en temps normal. « Merde...» cracha-t-il entre ses dents avant de faire signe à ses compagnons et de s’avancer vers les combattants. *** « Au nom de la loi, je vous ordonne d’arrêter immédiatement ! » Cette phrase jetée dans le silence acheva de réveiller Kaleya. Et curieusement, le premier sentiment qui lui vint ne fut pas du soulagement, mais une panique sourde et incontrôlable. Des gardes. Voilà ce qu’il se passait. Et les gardes n’avaient jamais été ses alliés. Même si cela faisait plusieurs mois qu’elle avait disparu, même si on la croyait probablement morte, la plupart des soldats de Reilor connaissait son visage pour l’avoir vu de nombreuses fois sur les avis de recherche que l’on trouvait partout en ville, avant son départ. Dans l’état où elle était, ils ne la reconnaîtraient probablement pas, mais une fois le sang nettoyé... À cet instant, elle se sentit tomber et elle chuta lourdement au sol. Elle oublia bien vite la menace des gardes pour remettre dans un ordre hiérarchique ses problèmes immédiats. Le monstre qui l'avait brisée parvenait largement en tête de ce classement. Il serait donc toujours temps plus tard de se soucier des autres hommes... s'ils restaient en vie. - Spoiler:
Oui, Kal' a vraiment des préoccupations bizarres parfois alors qu'elle est à moitié en train de mourir. xD Quoique ça peut avoir son importance. Sinon je me suis permise de supposer que Cheh-Dahn la laissait tomber du mur quand les gars arrivent mais je peux éditer ce détail, si jamais. ^^ |
| | | ~* Chasseuse de Loups *~
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Dim 06 Nov 2011, 12:49 | |
| - Spoiler:
*arrive telle une rose en fleur, en chantonnant*
ça a pris du temps. Comme d'hab. Problem? *trollface*
... Brrrhm. Brefons. J'espère que ça ira u_u Cheh-dahn était plus qu'irrité. Ces temporelles s'avéraient bien plus ardues à maitriser que ne l'avait été Octavia. Un instant, il songea que l'état dans lequel il l'avait trouvée y était pour quelque chose, mais cette idée s'évapora bien vite de son esprit. Qu'importe pourquoi ou comment la jeune femme avait accepté de se donner, de perdre sa liberté et son orgueil si chers, seul comptait le fait qu'elle lui appartenait, qu'elle n'avait pas hésité ni ne s'était rebellée une seule fois.
Sa si chère poupée brisée...
La Chimère qu'il avait en face de lui était bien plus différente. La situation était différente. Le marché serait différent. Il en avait conscience. Mais de là à imaginer qu'elle ne serait pas écrasée par sa simple présence, les nerfs à vifs, presque au bord des larmes, à supplier pour qu'il la laisse en vie... D'un côté, il appréciait cette rébellion inattendue. De l'autre, le manquement au cérémonial espéré, cette transgression des convenances l'agaçait.
Alors, hérissé, il rit. Cheh-dahn ne riait pas. Il ne riait jamais. Ce son qui s'échappait de cette gueule aux dents effilées était désagréable dans le sens où on imaginait avec peine ce qui pouvait faire rire un être comme lui. - Brisée ! Brisée ! Oh, comme tu utilises ce mot, ce nom ! Kaleya Lhil se relèvera. Brisée... Elle aurait été dans le même état que celle que tu menaces... Octavia, ma belle, montre-lui, veux-tu...?La jeune femme pâlit. Soudainement. Il... Il ne pouvait pas faire ça ! Il... - Cheh... Cheh-dahn... s'il te plait, non. Je ne veux pas. S'il te plait. Je t'en supplie. Pas ça. Pitié... S'il te plait, s'il te plait... pas ça. Tout mais pas ça. Je ne veux pas... Je ne veux pas. Le ton était celui d'une enfant apeurée, d'une jeune fille de dix-sept ans qui d'un coup avait vu son monde imparfait mais si doux se venger en cendres brûlantes. La voix était celle d'une femme, basse, rauque d'avoir crié, épuisée.
Sans même lui répondre, Cheh-dahn leva une main griffue. Loin derrière lui, il entendit des bruits de pas, des murmures. Mais peu lui importait. Il était impitoyable. Il était mauvais. Que tous le constatent... il n'en avait cure, des spectateurs. Même, il en souhaitait. Pour un être tel que loin, qui se repaissait des émotions puissantes et qui privilégiait les sensations négatives, la peur, ou l'envie malsaine de se rincer l'œil sur des blessés, l'encourageaient et le grisaient. Il puisa dans ses sombres dons, et commença à retirer, lentement, très lentement, comme s'il était un homme qui enlevait les vêtements de son amante, ce qu'il avait donné à Octavia. Il eut la satisfaction perverse de voir ses yeux s'écarquiller d'horreur et de terreur quand elle sentit qu'il lui enlevait ce don, si précieux, qui lui avait permis de conserver son bras gauche, une partie de sa jambe droite et de ne pas être défigurée...
Les larmes aux yeux, balbutiant toujours des supplications qui n'atteignaient pas leur destinataire, Octavia gémit quand elle cru sentir la peau de son visage, du côté gauche, se craqueler et peler. Elle porta la main gauche à son visage, mais Cheh-dahn lui dit, doucereux.- Non, non, Octavia. Tu n'as plus d'avant bras gauche. Rappelle toi, il a servi de repas à des loups alors que tu étais encore vivante... Un gémissement affolé, plus fort que les autres, franchit les lèvres soudainement blanches d'Octavia, quand elle cru voir le bout de ses doigts commencer à se nécroser.- S'il te plait, s'il te plait, s'il te plait, par pitié, arrête ça, je t'en supplie, Cheh-dahn, arrête ça...Il arrêta, effectivement. C'est, tremblante, qu'Octavia poussa un long soupir de soulagement quand tout redevint normal à ses yeux. Le long soupir se transforma très vite en succession de petits sanglots nerveux. La jeune femme se recroquevilla sur elle-même, les nerfs à vifs.- Ah, ma belle, te voir dans cet état me brise le cœur... Prostrée, la jeune femme ne réagit pas, le corps secoué de violents hoquets. - Voilà, Chimère, ce que signifie le mot : brisée. De simples paroles et la voilà en train d'imaginer le pire, à supplier pour que tout s'arrête... Elle est pitoyable, n'est-ce pas ? Mais elle est à moi. Pour ton bien et celui de ton amie, je te conseille de ne pas user de mots dont tu ignores la signification, susurra-t-il avec fiel. Ton Ordre de la Lumière ne peut rien contre moi. *** Caramel avait observé la scène avec les yeux agrandis d'un homme effrayé. Tout ce qu'il s'était passé... Il en frissonnait encore. Oh, il savait qu'il aurait dû détaler dès les premières passes d'armes, mais l'attrait du combat, la maestria des mouvements, de la violence l'avaient bien contre son gré séduit.
Non seulement parce qu'il avait eu cette fascination morbide pour cette fille, de son espèce, en train de se faire massacrer par un démon, mais aussi parce qu'il connaissait la femme à la cape rouge. Oh, pas personnellement, mais de réputation. Qui, à Reilor, ne connaissait pas Octavia Sterenn ? Surtout quand on faisait partie de la guilde de voleurs, comme lui. Quiconque citait l'Assassin Rouge songeait, ou parlait, de l'homme qui avait réussi à se lier à elle. Araslane Chahine, le Maître des voleurs de Reilor. Et Araslane avait, selon la rumeur, loué à plusieurs reprises les services de l'Assassin Rouge. A moins que ce ne soit l'inverse ? Les bruits les plus fous courraient, qu'ils étaient frère et sœur, amants, ennemis jurés, liés par un pacte de sang... Qu'ils vengeraient tous deux la mort de certaines personnes... ou bien qu'ils livraient des personnes aux scientifiques de l'autre partie de l'île... Tout, et n'importe quoi, comme chaque chose qui entourait le Maître des voleurs, somme toute... Même Caramel ignorait de quoi il en retournait. Une seule chose était certaine : Maître Chahine souhaiterait à coup sûr savoir ce qu'il se passait.
Mais Caramel restait cloué au sol. Incapable d'agir. Incapable de tourner les talons. Même quand l'affrontement tourna plus au règlement de compte. Même quand les hurlements de douleur emplirent l'espace. Même quand le démon fut blessé, et que son sang noir, à l'odeur âcre, coula. Ce qui le décida à partir, ce fut le discours du démon sur le mot « brisé » et sa démonstration. Il fut pris d'un malaise certain quand il vit que l'Assassin Rouge pleurait comme une petite fille. Quoi ? C'était elle, cette femme cynique, froide, hautaine, qui tuait à tour de bras des lycanthropes, qui ne connaissait pas la pitié...? Elle pleurait ? Elle savait pleurer ?
Et puis, comme si on lui rendait soudainement l'usage de ses bras et de ses jambes, il tourna les talons et courut aussi vite qu'il le pouvait. Dans sa fuite, il croisa des gardes. Les imbéciles. On ne pouvait rien faire, contre cette chose qui était dans la ruelle... *** « Au nom de la loi, je vous ordonne d'arrêter immédiatement ! »Octavia ne réagit pas. Poussée à bout de nerfs, épuisée tant physiquement que mentalement, elle ne parvenait plus à se concentrer sur la situation présente. Son esprit, projeté des années en arrière, ne faisait plus de lien avec le présent, et seules les hallucinations habituelles – rouges, oh, si rouges... - dansaient devant ses yeux.
Cheh-dahn, lui, avait bel et bien entendu les gardes arriver. Mais il n'en avait cure. Le démon aimait avoir un public. Il avait apprécié le regard horrifié des autre quand Octavia l'avait supplié d'arrêter quelque chose qui n'existait que dans son esprit malade. Quand il avait laissé tomber Kaleya comme un jouet dont il ne se servait plus.
Cheh-dahn aimait les mises en scène, et ces paroles, au fond inutiles, mais tellement grisantes de par la peur qu'elles pouvaient inspirer. Et puis il aimait tellement s'entendre parler... Il regarda sa poupée brisée, prostrée qu'elle était, les yeux dans le vague, encore tremblante. Il regarda la neko, au sol, qui fixait d'un air un peu vide les gardes qui venaient d'arriver. Il regarda Balsa, qui avait toujours cet air de défi plaqué sur le visage. Cet air qui l'irritait au plus au point. La Chimère était un insecte qui osait se mettre sur son chemin.
Et puis son regard flamboyant se porta sur ces misérables qui venaient d'arriver. Un lent sourire étira sa gueule (ou ne l'étira pas) : le public était encore plus important, à présent. Tous pourraient constater sa puissance impitoyable, son implacabilité, sa quasi divinité...
Et dire que ces sots lui demandaient d'arrêter. Au nom de la loi, en plus ! Un gloussement irrépressible secoua le démon, faisait onduler encore plus vite les fines volutes de son corps intangible. S'il en connaissait la signification, il aurait pu dire qu'il avait pitié de ces pauvres hommes. Pitié de leur stupidité. Pitié de leur mortalité. Pitié de la vanité de leurs actes. Pitié du fait qu'ils s'opposaient à lui. - Oh... Arrêter ? Avec elles, vous voulez dire ? Cela signifie donc que je peux... commencer avec vous, mes chers. Est-ce bien cela que vous voulez ? Est-ce bien cela ? Si j'ai pu m'occuper des demoiselles, je peux aisément m'occuper de vous...Une longue langue sinueuse caressa paresseusement ses redoutables crocs.- Pensez-y. Je me ferais un plaisir de vous accorder l'immense honneur de vous tuer par ma main... Mais si cette distinction vous rebute, sachez que je vous exhorte à quitter les lieux et d'oublier ce que vous avez vu. Conseil d'un ami qui espère éviter des victimes inutiles...Le gloussement immonde se fit de nouveau entendre.- Je plaisantais. Mais je ne me répèterais pas. Parce que j'aime ce que je suis en train de faire, je vous laisse partir. Mais si vous insistez, j'aurais l'heur de vous tuer. Croyez-moi, je m'attèlerais à y prendre beaucoup de plaisir...Les hommes hésitèrent, s'entre-regardant avec une certaine crainte. Le démon s'adressait à eux, leur offrait une chance de partir, de rester en vie, et ainsi de pouvoir revoir leur femmes, leurs enfants, de pouvoir boire à nouveau une bonne ale, ou bien de s'écorcher un peu, de ressentir cette légère brûlure, d'avoir un peu mal, mais pas trop, juste pour ressentir la douleur une fois pendant leur service. S'ils restaient, ces hommes allaient perdre tout cela.
Le regard du démon se fit plus brûlant, plus dur.- A trois, vous partirez. Un.- Le... Les renforts peuvent arriver. On... on les a prévenu, ils viendront sans doute, chuchota l'un des hommes.- Avant, ou après que ce truc nous ait tué, grinça un autre. On devrait partir, moi j'dis. On devrait accepter. J'ai pas envie de mourir, moi.- Deux.- Et notre devoir de garde, alors ?! cracha le premier.
Autour d'eux, les autres badauds attirés par la scène se trémoussèrent.- Oh, et aurais-je oublié de préciser que le décompte vaut également pour ces charmantes dames et ces charmants sieurs qui s'attroupent ici...?L'effet fut immédiat. Un vent de panique souffla et les civils quittèrent avec précipitation les lieux. Bien qu'appréciant donner en spectacle ses horreurs, Cheh-dahn en avait finalement assez de ce public bêlant.- Vous êtes-vous décidés, messieurs les gardes ? Le trois est presque au bout de mes lèvres.La figure du premier garde se durcit. Sa poigne se raffermit sur la garde de son épée. Les autres l'imitèrent avec plus ou moins de conviction, mais ils l'imitèrent tout de même, la peur brillant au fond de leurs yeux. Mais ils savaient ce qu'était la justice. Partir aurait été laisser un être malveillant gagner, et cela ils ne le souhaitaient pas. Cheh-dahn eut un soupir las, comme si l'acte de tuer ces pauvres bougres, de si misérables créatures, l'ennuyait au plus haut point.- Très bien. Tr...- Arrière, démon !! hurla une voix d'hommeDes hommes en armure se postèrent aux côtés des gardes. D'autres, vêtus cette fois de cuir et de métal léger, apparurent sur les toits, des arcs et des arbalètes bandés et chargés, visant le démon. Tous encerclèrent la ruelle. La diversité de leurs attirails respectifs ne laissait aucun doute : ils n'appartenaient pas aux mêmes corporations. Mais, vu leur nombre, vu leur vêtements, parfois un peu usés, leurs visages froncés, balafrés, burinés par le soleil et parfois un peu crasseux, il n'y avait pas à tergiverser. Il n'y avait que les dirigeants officieux de Reilor pour les avoir envoyés aussi vite et aussi bien armés : les Maîtres.
Un homme aux cheveux châtains, un sourire féroce étirant une fine cicatrice au coin de ses lèvres, apparu, avec des hommes et des femmes vêtus de noir. Les lames meurtrières, avec plusieurs barbelures et autres dagues effilées, qu'ils tenaient entre leur mains ne laissaient aucun doute. Après les mercenaires aux armes lourdes et les voleurs aux arcs, venaient les assassins.- Tudieu, c'est bien la première fois que je vais pouvoir tuer un démon ! ricana l'homme- Arthel, je t'en prie, nous ne sommes pas ici pour... Un autre homme, plus petit, aux cheveux sombres et à la peau mate, venait d'arriver, dans des vêtements qui rappelaient ceux des nomades, un anneau doré brillant à son arcade sourcilière gauche. Dans ses bras, l'arbalète paraissait encombrante, inutile. Sa phrase fut brusquement interrompue quand il se rendit compte de l'état de Kaleya, Balsa, et d'Octavia. Soudainement pâle, il reprit.- Octavia ! fit-il, la gorge serrée. Caramel n'avait pas exagéré... Un homme plus massif que les deux autres, celui qui avait hurlé à Cheh-dahn de s'arrêter, leur cria.- Nous sommes prêts, Maîtres Kraevan et Chahine ! Je n'ai jamais pu piffer les démons, grommela-t-il.- Rassuré de vous savoir avec nous, Maître Advarov, fit l'assassin avec un sourire ironique. Mais remerciez Maître Chahine ici présent pour nous avoir renseigné sur la présence d'un démon dans notre cité.- Alors je sais qui je frapperais en premier, gronda Cheh-dahn, soudainement en colère.- Foutredieu, Arthel...! La prochaine fois, tourne sept fois ta langue dans ta bouche ! gémit la future victime de Cheh-dahn en grimaçant, la peur se lisant dans ses yeux bruns.- Je ne le laisserais pas te toucher, Ara', siffla le Maître des assassins.
Les gardes, eux, n'en revenaient pas. Eux qui attendaient des renforts de leur camp, jamais ils n'auraient songé à ce que leurs pires ennemis, les Maîtres, viennent à leur aide ! Leur résolution en fut raffermie. Si même les Maîtres venaient combattre ce démon, c'était qu'il fallait à coup sûr vaincre cet adversaire.
Cheh-dahn les toisa un instant. Il pesait le pour et le contre. Il savait qu'il ne pourrait pas en toucher un sans être touché à son tour, tant par les flèches ou les carreaux, qui pleuvraient littéralement sur lui, mais il savait qui étaient les têtes pensantes du lot. Il pouvait parfaitement les éliminer. Les autres partiraient alors. Peut-être, car rien n'était moins sûr.
Il retint avec difficulté un sifflement de rage. Il devait l'avouer, il ne pouvait rien faire. Surtout qu'il devait récupérer cette idiote d'Octavia. Pourquoi diantre les humains étaient-ils si faibles ?! Il l'avait renforcée avec sa prendre essence, et elle gisait tout de même sur le sol, pleurnichant comme une sale gamine ! Mais le dire, étaler à tous son impuissance ? Jamais. Il se redressa alors de toute sa hauteur, et d'une voix écrasante de mépris, il déclama :- Je pourrais tous vous écraser d'un coup, méprisables insectes, mais il se trouve que je suis dans un bon jour, et d'une humeur charitable. J'ai décidé de vous laisser ce que vous appelez « vie ».Aussi rapide que le vent lui-même, il passa du côté de Balsa, et récupéra Octavia, toujours gémissante. Il revint ensuite à son précédent emplacement.- A la revoyure, messires les Maîtres, mesdemoiselles Kaleya Lhil et Balsa. Je reviendrais reprendre cette conversation plus tard, soyez-en assurés. Il devint entièrement fumée noire, tandis qu'Octavia, elle, devint fumée rouge et chair. Rapidement, ils s'estompèrent, comme des coups de crayons qu'on effacerait avec une gomme.
Les voleurs commencèrent à baisser leurs armes.- Restez sur vos gardes ! leur cria leur Maître.
Mais l'avertissement retentit trop tard. Cheh-dahn arracha le cœur d'un des voleurs et le porta à sa gueule, l'avalant cru. - Non ! Leone !- Avec mes compliments, très chers ! Les flèches et les carreaux se perdirent dans l'azur, tandis que le démon et sa protégée partirent, définitivement, cette fois, semblait-il. Araslane partit alors d'un rire nerveux, toute la tension s'évanouissant d'un seul coup. Kraevan fit un signe à ses assassins, qui alors firent venir deux hommes, apparemment légèrement inquiet d'être ainsi entourés des furtifs tueurs de la Guilde.
Araslane se tourna vers Balsa, son gloussement enfin tu. - Caramel m'avait prévenu que vous et votre amie étiez blessées. J'ai demandé à Arthel de me trouver des médecins. Les soins seront... à l'ordre de la maison, si je puis dire. Même si vous avez blessé une amie qui m'est extrêmement chère. Il soupira en secouant la tête, l'air grave.- Peut-être que ceci lui permettra enfin d'ouvrir les yeux... Je l'espère. J'espère que tout ce sang versé, que toute cette douleur n'auront pas été vains. J'espère que la mort de Leone aura du moins servi à quelque chose... Dieux, qu'est-ce que je déteste la violence... Arthel, Maître Advarov, je vous suis extrêmement gré de votre venue... Sans le nombre, je doute que ce démon serait parti... - M'ouais. J'avais envie d'en découdre, se renfrogna Advarov. Je déteste les démons.- Je crois que nous l'avions compris, ricana Kraevan.- Heureusement que je suis là pour contrebalancer toute cette violence. Aimer votre prochain, vous ne connaissez pas ? fit le Maître des voleurs en levant les yeux au ciel.
Les gardes, eux, se gardaient de dire quoi que ce soit. Le Maitre des mercenaires se tourna vers eux en grognant.- Partez. Le spectacle est terminé. Dites que vous avez repoussé de dangereux agresseurs, c'est une fleur que nous vous faisons. Attribuez vous la victoire. Ce n'en est pas une que je serais fier d'avoir.- Mais...- Partez, reprit Araslane. Pour une fois que les paroles de Maître Advarov ne sont pas belliqueuses...La garde jeta un dernier coup d'œil à la scène, hésitant une fois de plus. Il s'agissait là d'une chance inouïe, trois Maîtres réunis dans un même endroit, et trois des plus influents et puissants de Reilor... Mais, derrière le Maître des voleurs, celui des assassins fit un geste obscène, et celui des mercenaires leur jeta un regard de défi, les invitant à rester et à se battre. C'est ce qui les décida à quitter les lieux, la tête basse. Une fois de plus, la garde avait été matée par le pouvoir officieux.
Araslane secoua la tête une fois de plus et tendit les mains en signe de paix. - Mesdemoiselles, j'ose dire que nous sommes ici en amis. Caramel ne m'a pas tout dit. Racontez-moi ce qu'il s'est passé, cela nous permettra de mettre au clair certaines choses... - Spoiler:
Bon, maintenant, vous pouvez me lapider, et me dire si ça va ou pas...
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Lun 14 Nov 2011, 21:59 | |
| C’est… finit ? Elle osait à peine le croire, pourtant le démon et son humaine s’estompèrent dans un nuage rouge et noir, puis disparurent tout bonnement. Etait-ce un piège ? Jeter des coups d’œil alentours, cherchant la silhouette d’Octavia ou du monstre, fit prendre conscience à Balsa de ce qu’était devenue la situation. Des gens étaient venus, des humains, attirés sans doute par le tapage de leur affrontement. Leur nombre ou leurs qualités avaient fait fuir ses adversaires et pour ça la chimère leur était reconnaissante. Mais le danger écarté, ils devenaient autant de témoins de son existence, ce qui allait pour lui déplaire.
Elle réalisa que ses jambes tremblaient et que la peur lui avait emplit le cœur depuis le moment où Octavia s’était mise à geindre sous la torture du démon jusqu’à celui où celui-ci avait arraché le cœur d’un garde avec une facilité déconcertante, avant de l’engloutir d’une bouchée. Elle déglutit avec quelque difficulté et inspira profondément pour tenter de retrouver calme et sang-froid. Puis ses yeux tombèrent sur Kaleya, étendue au sol et dans un état des plus lamentables. Sa gorge se serra. Elle voulut marcher vers la neko mais ses jambes refusèrent d’obéir. Car non loin de son amie se tenaient les hommes. Ils avaient beau être intervenus en leur faveur, ils n’en restaient pas moins humains et représentants de l’ordre de surcroit. La méfiance primait, comme toujours.
Celui qui semblait être leur chef s’adressa à Balsa. Elle ne l’écoutait qu’à moitié, son envie de décarrer primant sur toute envie de discuter. Surtout que l’homme parlait beaucoup, distillant au milieu de tout un tas de conneries sur son amitié avec Octavia, la tristesse qu’il éprouvait devant le sang versé, l’amour de son prochain et même le témoignage des dieux une seule information pertinente : l’aide aux soins qu’il proposait. Pas que la chimère pensa un seul instant confier ses plaies à cette bande dont elle ne savait rien – ils se sont même pas présentés ! – mais les blessures de Kaleya devaient être soignées, par des gens compétents et au plus vite. Seulement est-ce qu’elle accepterait d’être aidée par… eux ? La question ne se posait pas vraiment, le choix n’en étant pas réellement un. La neko ne pouvait apparemment plus tenir debout et Balsa, et sa malédiction de foudre, ne pourrait pas la porter où que se soit. Ce fut avec une mine peu convaincue et d’un ton résigné qu’elle répondit :
- Prenez soin d’elle, je n’ai besoin de personne pour ma part. Dites-lui que je l’attendrai chaque jour à l’heure et l’endroit du repos qu’elle sait.
Balsa avait conscience que dites ainsi ses paroles pouvaient se présenter comme une énigme pour la neko. Mais la réponse était simple : l’heure et l’endroit étaient ceux de leur dernière rencontrer, la petite rue près du fleuve où elles s’étaient lavées, changées et avaient discuté en toute tranquillité. Transmettre ainsi le message à son amie permettait de leur assurer que ces hommes ne viendraient pas s’inviter à leur rendez-vous. Il fallait espérer pour la suite que leur curiosité ne les pousserait pas à filer Kaleya quand elle les quitterait.
Une forte volonté ordonna aux jambes de finalement se mouvoir et la chimère se dirigea vers la cape qu’elle avait laissé tomber au sol, la passa et en rabattit le capuchon. Tout le long de sa manœuvre, elle avait gardé dans le coin de son regard le groupe d’hommes, prête à bondir au moindre mouvement suspect qu’ils effectueraient. Ils ne bougèrent pourtant pas, sauf au dernier moment, alors que Balsa faisait mine de partir, leur semblant de chef s’avança d’un pas vers elle.
- Vous ne nous avez pas dit : que s’est-il passé ici ?
- Allez vous faire voir. Demandez à votre amie Octavia. Ou à Kaleya si elle se fait plus bavarde.
a colère avait submergé tout autre sentiment. Mélange entre la frustration de l’échec, dégout de sa propre faiblesse et haine de ces hommes qui la regardaient comme une bête de foire. Car elle lisait clairement dans leurs yeux. Ils avaient vu la longue queue féline, les marques sur son visage, le sang qui entachait vêtements et lame. Ils devaient se méfier d’elle tout autant qu’elle se méfiait d’eux. Seulement eux avaient en plus la curiosité malsaine de vouloir savoir. Au-delà de ce qu’il s’était passé, ils voulaient savoir qui elle était, qui était Kaleya et comment, sans doute, le combat avait été engagé. Car s’ils ne soupçonnaient pas la chimère et la neko d’en être au moins en partie responsables, ils étaient fous. Pardon Kal, pardon de te laisser avec eux… Maudissant la foudre qu’elle ne savait contrôler, elle exécuta un bref demi-tour et s’en alla clopin-clopant, souffrant le martyre à chaque pas, muselant au mieux la douleur hurlante qui rongeait tout son être.
La nuit survint et trouva Balsa allongée dans le fond d’une grange abandonnée – probablement depuis que son toit s’était à moitié effondré. Du foin plus humide que sec, grouillant de puces et aux relents de merde lui servait de couche. Seulement elle ne voulait pas dormir, fermer les yeux ouvrait la voie à tous les dangers. Et s’ils m’ont suivit ? Et s’ils attendent que je dorme pour frapper ? Et si je leur paraissais assez suspecte finalement pour être capturée ? Les paupières lourdes, elle luttait de toutes ses forces contre le sommeil. Son dos avait beau être calé contre les planches d’une palissade, et son assise aussi inconfortable que puante, elle se sentait glisser inexorablement vers le pays des songes. Elle se gifla du plat de la main, une fois, deux fois, trois fois et secoua la tête. Mais cela ne servit qu’à lui rougir les joues et lui provoquer un début de mal de crâne. Se lever lui semblait requérir plus de forces qu’elle n’en avait et dormir présenter le piège dans lequel il ne fallait absolument pas tomber.
Elle balaya d’un regard vide les environs. Dans la grange, tout n’était que décombres et poussières. Elle avait placée sa lame tout à côté d’elle, prête à être saisie, pourtant elle doutait sérieusement de sa capacité à se battre à cet instant. A ses pieds s’ouvrait son sac, dont elle avait extrait en arrivant tout ce qu’elle avait acheté le matin même chez le médecin – pour avoir eut de l’intuition… Elle avait pansé ses plaies au mieux mais comptait plus sur ses facultés de guérison rapide, qu’elle attribuait son côté lycan, que sur l’efficacité de ses soins. Ses yeux s’arrêtèrent sur les petites fioles de mercure, dangereux poison et mortel dans la plupart des cas. Alors elle se plut à mijoter pour la énième fois sa terrible vengeance à l’encontre d’Octavia et du démon.
Elle se jura de devenir plus forte, plus méfiante et plus prompt à réagir. Si jamais elle recroisait l’humaine, pas un mot n’aurait le temps d’être dit. Le seul mouvement qu’elle s’autoriserait serait celui de projeter sa lame à travers le corps de la femme et de frapper, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un tas de viande et de viscères là où s’était tenue cette effrontée. Quant au démon, elle s’imaginait le saisir aux griffes, quitte à en être transpercée, puis laisser couler toute sa colère et sa haine au travers de la foudre qui l’habitait. La tête pleine de ces doux rêves de vengeance, elle finit par fermer les paupières et s’abandonna au sommeil pour quelques heures.
Des jours suivants Balsa ne vit guère le soleil. Sa parano lui avait interdit toute sortie tant que les rues pullulaient d’hommes et de femmes, de vieillard et de mioches, qu’ils marchent, courent ou caracolent sur leurs chevaux. La chimère ne quittait sa cachette qu’une fois la nuit tombée et l’obscurité maitresse de la ville. Dans le silence des ténèbres, il était bien plus simple s’entendre quiconque l’approcherait, même de loin. Elle se cachait dès lors, glissant dans une ruelle, se fondant dans l’ombre ou se hissant sur les toits à sa portée. Elle avait ceci dit bien plus de mal qu’à l’accoutumée pour grimper, courir et même marcher. Déjà ses blessures prenaient leur temps pour cicatriser et la douleur ne la lâchait guère que lorsqu’elle dormait. Mais en plus, l’interdiction qu’elle s’était intimer de respecter, à savoir ne communiquer avec et ne se laisser voir de personne, avait au final contribuer à ce qu’elle ne mange plus grand chose et la faim l’affaiblissait.
Elle avait une fois attrapé un pigeon, sans bien de mérite vu que celui-ci avait une aile brisée. Etre plus efficace dans ce genre de chasse demandait plus de matériel, ce qui voulait dire acheter ou voler, impliquant tout deux un contact avec les humains qu’elle répugnait toujours à avoir. Hormis le pigeon, ses repas s’étaient réduits à des restes et déchets trouvés dans les poubelles : peaux de poissons, bouts de pain rassis, épluchures et autres nourritures à rat. Car c’était de cet animal qu’elle se sentait le plus proche en adoptant ce nouveau mode de vie. Elle se savait aussi indésirable que le rongeur, elle se nourrissait des mêmes mets et traînait dans les mêmes endroits délabrés.
Chaque nuit, Balsa avait le même rituel, tel un animal conditionné à suivre éternellement le même schéma de survie. Dès qu’il faisait assez sombre et que les rues avaient été désertées, elle sortait de sa cachette, reniflant l’air dans l’espoir d’y trouver la piste de quelque nourriture. S’en suivait divers vagabondages, elle toujours sur le qui-vive et prête à prendre ses jambes à son cou au moindre bruit suspect. Quand la chance lui souriait, elle trouvait quelques miettes. Sinon, c’était le ventre creux qu’elle se rendait au lieu de son rendez-vous avec Kaleya. Au bord de la rivière, elle restait à écouter le murmure de l’eau et parfois celui du vent. Qui se faisait de plus en plus remarquait-elle. Alors elle frissonnait et se recroquevillait sur elle-même. Puis, quand l’espoir de voir la neko se dissipait, elle quittait les rives en quête d’un nouveau lieu où se terrer tout le jour. Ne lui restait alors plus qu’à déménager ses maigres effets, dont la pièce principale était la lame émoussée qu’elle se trainait, accompagnée d’un sac fourre-tout dont la toile était passablement usée et pleine de crasse. Chacun de ses effets aurait mérité d’être changé et plus les jours passaient, plus la chimère prenait conscience de la nécessité grandissante de faire à nouveau face aux hommes, face à la foule. Quand Kaleya ira mieux, quand je la reverrai…
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Dim 11 Déc 2011, 18:50 | |
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Punaise ça faisait trop longtemps que j'avais pas RP, je me suis un peu défoulée ! xD 2500 mots... et des tas de trucs complètement inintéressants lol. Mais c'est pas grave, ça m'a fait du bien d'écrire tout ça. Kaleya tentait désespérément de fixer l’image qui ondoyait et rougeoyait devant elle, d’y accrocher les pensées éparses, déchirées, qui vivaient encore en son esprit... et elle n’y parvenait pas. Après avoir réalisé que ses inquiétudes concernant les gardes étaient futiles tant il était peu probable qu’ils survivent, le dernier fil d’espoir qui la maintenait éveillée se délitait peu à peu. Les visages des gardes apparaissaient grotesquement déformés par la peur, le démon, définitivement invincible... et Balsa... elle esquissa un mouvement pour l’apercevoir, mais son corps refusa de lui obéir. Peu à peu, le monde entier s’obscurcissait de rouge, le rouge du sang qui lui coulait dans les yeux et qui couvrait peu à peu le sol autour d’elle. Dans un gémissement paniqué, elle voulut balayer l’écran qui lui brouillait la vue mais sa main ne fit que frémir. Sans que son esprit se soit totalement déconnecté, son corps entier s’était déjà abandonné à l’inconscience.
Ce furent les mots sourds, grondements se répercutant dans sa tête à l’infini et y provoquant un séisme d’une envergure non négligeable, qui achevèrent de la plonger dans les ténèbres. Le rouge devint noir, les mots devinrent bouilli sonore insaisissable. Et, mélodie fondatrice de cet autre monde, un souffle, irrégulier. Un temps suspendu, parfois interrompu par des bribes de bruits. Et enfin, une libération : le silence. *** " Vous ne nous avez pas dit : que s’est-il passé ici ?- Allez vous faire voir. Demandez à votre amie Octavia. " L’homme ne prononça plus un mot, observant l’étrange personnage s’éloigner d’un pas étrangement ferme alors même qu’elle vacillait sous la douleur. Il eut un bref haussement d’épaule, persuadé que la fierté excessive de l’inconnue lui coûterait la vie. Puis il se tourna vers la jeune femme gisant au sol, espérant obtenir des réponses plus précises que ce qu’avait consenti à dire son amie. Mais il dut rapidement se rendre l’évidence que ça ne serait pas par ce biais-là que sa curiosité serait assouvie. Les yeux clos, les vêtements déchirés, couverte de sang de la tête au pied, ce n’était même pas certain qu’elle soit encore en vie. Machinalement, il s’accroupit et tenta de trouver son pouls. Ce fut avec surprise qu’il perçut une pulsation et il ne put s’empêcher de grimacer. La transporter et la soigner ne serait pas simple, il était très probable qu’elle décède bien avant que quoique ce soit puisse être tenté. Il aurait été plus simple qu’elle soit déjà morte, finalement... " Alors ? " s’enquit une voix. " Alors il va falloir la soigner..." soupira-t-il. *** Blottie au creux de l’inconscience, c’est une nouvelle façon de vivre. Ou plutôt, c’est le commencement d’une non-vie. Avec ses phases de repos et ses phases de presque-activité. Des moments où le silence et l’obscurité sont si profonds qu’aucune réflexion ne peut être menée, des moments de mort. D’autres où l’inconscience se rapproche d’un simple sommeil très profond, parcouru de rêves incessants, d’absurdités, d’images étranges. Et enfin, plus rares, des instants où le monde extérieur est moins lointain, moins inaccessible, où les pensées commencent à se réorganiser, la réalité à réapparaître. Des sensations physiques, vagues mais bien existantes, des bribes de mot. Et chacun de ces moments se mélangent, tourbillonnent, comme pour mieux noyer celui qui loge au creux des ténèbres.
Au fil du temps, la presque-conscience se fait de plus en plus fréquente. La frontière de la réalité se fait moins lointaine, moins imperméable. Doucement, une fragile échelle se tisse et à la force de sa volonté, il devient possible de se hisser, barreau après barreau, vers la lumière.
*** Une impression de flottement. Un vertige. Un curieux sentiment de bien-être dont il faudrait pourtant s’échapper. Pourquoi... ? Pourquoi lutter contre l’appel du sommeil ? Kaleya ne parvenait pas à comprendre, mais la nécessité extrême qu’elle ressentait la força à ouvrir les yeux. La lumière se rua dans ses pupilles, tranchante, impitoyable et avec un petit gémissement, la neko resserra immédiatement les paupières. Sa propre voix résonna étrangement dans son crâne, rauque de ne pas avoir été utilisée depuis tant de jours. La peau de son visage s’étira en une brûlure désagréable. Peu à peu, toutes les sensations lui revenaient, malgré ses yeux fermement clos, et le doux engourdissement dans lequel elle était immergée redevenait douleur sourde, étouffée. Comprenant que revenir en arrière lui était impossible, elle ouvrit précautionneusement les yeux, se forçant à supporter la luminosité trop vive de la pièce. La pièce... Mais où était-elle donc ? Dans un sursaut de surprise, elle tenta de se redresser mais une douleur vive l’en dissuada. S’enjoignant au calme, elle inspira profondément, ce qui ne fit qu’aviver le feu qui couvait au creux de son corps. Elle serra les dents, et s’efforça de retrouver la succession d’événements qui l’avaient menée jusqu’à ce lit. L’image de celui qui l’avait massacrée se présenta aussitôt à sa mémoire et elle ne put empêcher un nouveau sursaut douloureux. Comment avait-elle donc pu survivre ? Et pourquoi donc ne l’avait-il pas achevé ? Qui l’avait emmenée là ? Balsa.. ? Balsa, où était donc Balsa ? Une panique sourde grandissait en elle à mesure que ces questions se posaient à son esprit. Trop faible pour bouger, trop faible pour réfléchir... Sa vision commençait à bourdonner, les angles de la pièces semblaient découpés de façon trop nette, presque violente. Elle ferma les yeux, s’efforçant de calmer les battement affolés de son coeur. Elle ne voulait pas repartir maintenant qu’elle avait réussi à revenir à la vie.
À cet instant, le grincement d’une porte qui s’ouvre retentit dans la pièce. Elle rouvrit brusquement les yeux, essaya à nouveau de se lever mais retomba encore une fois lourdement sur le dos." Oh ! Vous êtes réveillée ! " s’exclama une voix à l’intonation joyeuse. Kaleya grogna vaguement en guise de confirmation, tordant la tête en dépit de la douleur pour apercevoir l’inconnu qui avait parlé. Celui-ci s’avança un peu, lui permettant ainsi d’observer le jeune homme." Comment vous allez ? " demanda-t-il. Elle haussa un sourcil méprisant. Poser une question pareille relevait de la stupidité, selon elle, tant elle se sentait mal. Mais il était jeune, cela se voyait à son visage encore lumineux, son sourire, son regard, dépourvu de l’étincelle d’obscurité que l’on rencontrait dans la plupart des yeux de ceux qui ont vécu suffisamment pour perdre les dernières bribes de leur jeunesse. Mais qui était-il donc ? Elle se souvint soudain qu’avant de perdre connaissance, des gardes étaient intervenus dans l’affrontement. Elle n’aurait jamais cru possible qu’ils vainquent le démon, mais si elle était ici...
Ignorant le silence qu’elle lui opposait, le jeune homme reprit : " Je vais aller prévenir le guérisseur que vous allez mieux ! " Et il la planta là, perdue dans ses interrogations et une impression d’irréalité croissante. Elle eut à peine le temps de remettre en ordre ses pensées que la porte s’ouvrit une nouvelle fois. Un homme aux cheveux poivre et sel, le visage déjà marqué par de profondes rides, apparut dans son champ de vision. " Bonjour, Mademoiselle. Heureux que vous soyez de retour parmi les vivants. "Mademoiselle ? Malgré elle, un sourire infime s’esquissa sur son visage. " Comment vous sentez-vous ? "Kaleya prit enfin conscience qu’elle n’avait pas encore prononcé un seul mot depuis son éveil. Difficilement, d’une voix excessivement basse, elle répondit : " 'sais pas. Pas très bien. 'suis où ? "Ces quelques mots suffirent à l’épuiser. L’homme, quant à lui, eut un petit rire. " C’est miraculeux que vous soyez encore en vie ! Cela fait plus d’une semaine que vous êtes inconsciente, vous savez ? " Elle fronça les sourcils. Une semaine, par rapport aux capacités physiques dont elle disposait, c’était long, très long. " 'faut que je me lève... lâcha-t-elle après un court silence. - Oui, bien sûr, mais pas maintenant. Vous êtes encore trop faible pour ça."Elle soupira. Il avait raison et elle détestait cela. Furieuse, d’une voix un peu plus assurée qu’auparavant, elle demanda : " S’est passé quoi ? - C’est ce que nous voulions vous demander à votre réveil. - Je suis où ? s’enquit-elle encore, ignorant la remarque de son interlocuteur. - C’est compliqué... » Soudain, elle se sentait très en colère, sans bien comprendre pourquoi. En une dernière tentative, elle s’efforça de redresser son torse. Ignorant la douleur, elle parvint finalement à s’adosser au mur derrière elle, le souffle court, les poings serrés. Elle jeta un regard rapide autour d’elle, notant la fenêtre qui laissait entrer un flot éblouissant de lumière, les murs de pierre autour d’elle, la porte de bois brut au fond de la pièce, et le lit dans lequel elle reposait. Puis elle osa considérer son propre état. Le torse entouré de bandages, son bras droit enveloppé de bandes de tissu, elle avait beau ne pas être habillée, c’était tout comme, tant elle était pansée de partout. Elle voulut toucher son visage, mais la profonde blessure sous son épaule l’élança violemment. Sa main tremblait. Elle ferma les yeux un instant, ne supportant pas l’état de faiblesse et de vulnérabilité extrême dans lequel elle se trouvait. " Je vais vous laisser vous reposer, je reviendrai plus tard.- Non, attendez... je..." Elle se tut. Elle n’avait pas le courage de discuter, ni d’insister pour en savoir plus. Elle hocha doucement la tête et l’entendit s’éloigner, sans prendre la peine de le regarder. *** Les jours passèrent. Lentement. Elle dormait la majeure partie du temps. Ou elle essayait de se lever, luttant contre la douleur pour retrouver la maîtrise de son corps. Lorsqu’ils lui apportaient à manger ou à boire, elle ne les regardait pas. Elle leur parlait le moins possible. Elle avait beau se poser des milliers de questions, elle ne voulait pas répondre aux leurs et jugeait préférable de se taire. Même lorsque le dénommé Araslane venait l’interroger, elle se contentait de lui sourire d’un air légèrement insolent et ne répondait que très vaguement. Elle commençait à comprendre qu’ils ne représentaient pas une menace pour elle et qu’ils n’étaient vraisemblablement pas des gardes, mais l’intérêt que l’homme portait à Octavia l’incitait à la prudence. Et elle se sentait déjà tellement dépendante d’eux physiquement qu’elle voulait conserver le pouvoir de les faire attendre, de manière tout à fait puéril.
Après quatre jours, elle parvenait à se lever et à esquisser quelques pas, seule, sans aide. Elle aurait voulu partir le plus vite possible, fuir ces inconnus, mais il aurait été dangereux de s’exposer à la rue en étant aussi faible physiquement. Alors elle attendait.
Une semaine environ après son éveil, Araslane revint lui poser ses éternelles questions, ce qui n’avait rien de bien surprenant pour Kaleya. En revanche, le petit sourire malicieux qu’il arborait avait quelque chose de presque inquiétant. Elle l’observait donc d’un air méfiant, demeurant résolument silencieuse. Finalement, l’homme se tut, lui sourit, et d’un ton nettement moins formel, lâcha : " Tu sais que je sais qui tu es, non ? "Elle haussa un sourcil interrogateur. Curieusement, c’était une chose dont il ne lui avait jamais parlé : son identité. " Kaleya Lhil, reprit-il. Nous ne t’avions pas reconnue immédiatement, mais ce n'est pas difficile de te reconnaître une fois que tu n'es pas pleine de sang partout, tu sais. Ton visage a figuré pendant un moment sur les avis de recherche de la ville. "Elle eut un sourire amusé mais ne dit rien." Si tu te poses la question, je ne compte pas te vendre aux gardes. - Bonne nouvelle... murmura-t-elle. - Mais j’aimerais vraiment comprendre ce qu’il s’est passé. - Ah bon ? - Et j’aimerais mieux que tu me le dises avant que tu ne t’enfuies. - Je ne suis pas en état...- Allons, tout le monde sais que tu n’as pas besoin d’être en état pour fuir. " Elle haussa les épaules, cherchant dans le regard de l’homme où il voulait en venir. " D’autant plus qu’il serait dommage que tu fuies sans savoir où aller. - Je sais où j’irai...- Tu sais où retrouver ton amie ? "Elle fronça les sourcils. Balsa. Savait-il donc où elle pourrait la retrouver ?" Je sais que depuis ton réveil, tu as envie de comprendre ce que tu fais là, ce qu’il s’est passé, et qui nous sommes. Je t’ai déjà proposé une explication en échange des tiennes.- Oui. - Mais j’avais oublié de te mentionner que ton amie nous a laissé un message pour toi avant de nous laisser te soigner."Kaleya braqua vivement son regard sur lui. Soudain, garder le silence lui apparaissait comme terriblement enfantin. Après tout, l’homme s’intéressait à Octavia, et alors ? Elle ne comprenait plus très bien pourquoi elle avait refusé d’expliquer quoique ce soit jusque là. Elle demeura un instant songeuse et déclara finalement : " Bon. Je vais vous expliquer ce qu’il s’est passé même si j’avoue moi-même ne pas avoir tout compris. Ensuite, j’aimerais que vous me rendiez mes affaires...- Nous avons brûlé tes vêtements. Vu l’état dans lequel ils étaient...- Peu importe, j’aimerais juste reprendre les possessions qu’ils me restent, de nouveaux vêtement, et partir.- Tu n’étais pas prisonnière.- Peu importe, répéta-t-elle encore. J’aimerais juste avoir la certitude de pouvoir partir comme je l’entends, après." Il acquiesça." Alors ? Raconte-moi et je t’expliquerai comment tu es arrivée ici. "*** Vacillante, plantée au milieu de la rue plongée dans l’obscurité, Kaleya réalisait qu’elle s’était peut-être un peu trop pressée à quitter ses sauveurs. Elle n’était partie que depuis une dizaine de minute et se sentait déjà épuisée. Il lui faudrait encore longtemps avant de se remettre complètement de sa rencontre avec Octavia...
Mais pour le moment, elle ne voulait pas s’en soucier. Aralsane lui avait transmis le message de Balsa mais après avoir passé autant de temps alitée, Kaleya doutait que celle-ci ait continué à l’y attendre. Mais comme pour conjurer cette probabilité, elle se pressait à rejoindre le bord de la rivière, sans faire preuve de beaucoup de prudence, et épuisant les maigres réserves d’énergie qu’elle avait reconstituée ces derniers jours. Habillée des vêtements sombres prêtés par les voleurs, ses lames bien à l’abri dans leurs fourreaux, elle s’efforçait pourtant de se persuader que tout était parfaitement normal, d’oublier les fines marques qui ne s’étaient pas encore complètement effacées de son visage et les bandages que dissimulait le tissu des vêtements. Tout était parfaitement normal. Elle allait très bien. Il n’y avait pas de problème.
Après ce qui lui sembla être une éternité, alors que tout son corps demandait à grand cri un peu de repos, le frémissement familier de la rivière parvint à ses oreilles. Un frisson parcourut son dos. Une peur brutale, aussi irrationnelle que les peur d’enfant, s’était emparée d’elle : et si le démon était resté dissimulé là, tout ce temps, attendant son retour pour achever son travail ? Et s’il recommençait ses tortures, jusqu’à ce qu’elle soit bien morte, cette fois-ci ? Et si... Elle secoua brusquement la tête pour chasser ses craintes et s’avança jusqu’à dépasser les maisons qui bordaient la rivière. Elle rejoignit la rive, observant un instant l’eau vive couler, étincelante sous la pâle lumière de la demi-lune qui habitait le ciel. Puis elle laissa errer son regard autour d’elle, dans le vague espoir d’apercevoir quelque chose. Elle n’aperçut pas immédiatement la silhouette recroquevillée, quelques dizaines de mètres plus loin. Fronçant les sourcils, elle hésita, incertaine. Finalement, elle s’avança doucement, sans bruit. Alors qu’elle s’approchait, l’inconnu tourna brusquement son regard vers elle et se redressa avec une vivacité inhumaine qui ne laissa plus aucun doute à la jeune femme. Un large sourire vint illuminer son visage. " Balsa. C’est moi. " - Spoiler:
Je te laisse faire la suite et conclure, c'est déjà assez long comme ça. ^^" J'ai supposé qu'elle avait mis un peu moins de 3 semaines pour arriver, mais elle est pas en forme du tout, encore.
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| | | =Aïkologue=
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| Sujet: Re: Lorsque deux sales caractères se rencontrent... [Octavia] Sam 24 Déc 2011, 00:13 | |
| Balsa n’avait plus aucune idée du nombre de nuits qui s’étaient écoulées depuis qu’elle attendait Kaleya. Cela pouvait faire des jours ou des semaines, chaque attente ressemblait tant à la précédente que tout était confus. Ne restait pour évaluer le temps qui passait que la cicatrisation de ses plaies. Assise dans la pénombre au bord de la rivière, elle les examinait, attentive, une par une. Plus rien ne suintait, les ouvertures s’étaient refermées en cicatrices à la peau rose, fine et fragile. Les os brisés s’étaient finalement ressoudés. Mais la douleur était encore bien présente, tout particulièrement dans le bras gauche qui avait été lacéré de l’épaule jusqu’à mi-bras. S’en servir pour soulever plus lourd qu’un quignon de pain relevait de l’exploit. Mais il y avait du mieux et, la chimère le savait, tout rentrerait dans l’ordre avec le temps. Pour cela, elle ne se contentait d’ailleurs pas d’attendre : l’exercice était essentiel. En cet instant même, elle faisait jouer les articulations de ses doigts, son coude et son épaule, étirant et travaillant les muscles abimés.
Comme chaque nuit, celle-ci était silencieuse. Le quartier étant plutôt défavorisé, les gardes ne se donnaient que rarement la peine de patrouiller dans le coin et de ce qu’avait vu la chimère, les voleurs boudaient fermement ces pâtés de maisons. Du coup, elle était plutôt tranquille ici, bercée par le clapotis de l’eau courante. Elle n’avait même pas faim ce soir là : la chance l’avait fait tomber sur un rat boiteux, qu’elle s’était empressée d’attraper, dépecer et dévorer cru et encore chaud. Pour ce qu’elle dépensait d’énergie de toute façon, cela suffirait amplement à passer la nuit. Quelle heure pouvait-il bien être ? Balsa leva les yeux vers le ciel où les nuages dissimulaient la plupart des étoiles. Assez tard pour espérer, trop tôt pour désespérer, sans doute. Alors son regard retomba sur sa main, qu’elle continua de plier et déplier en attendant.
Un plouf lui fit braquer les yeux sur la surface sombre de l’eau, puis balayer les rives du regard alors qu’un jet d’adrénaline accélérait les battements de son cœur. Celui-ci se calma quand elle conclut qu’il s’agissait probablement d’un simple poisson. Un moment plus tard, ce furent des bruits de pas, légers et presque imperceptibles, qui la firent bondir sur ses pieds. Revoilà l’adrénaline qui pulsait et le cœur qui s’emballait. Du marcheur dans l’ombre, Balsa ne distinguait que la silhouette, petite et fine, des cheveux longs en bataille… Se pourrait-il que ?...
- Balsa. C’est moi.
Le cœur de la chimère ne ralentit pas, mais la peur venait en un instant de se changer en joie démesurée. Un sourire s’étira sur son visage d’une oreille à l’autre et elle trotta jusqu’à la neko avec l’envie pressante de la prendre dans ses bras. Que c’était bon de la revoir, enfin ! Bien sur Balsa retint tout contact, ne sachant que trop bien le résultat qu’il provoquerait. Elle maudit cette foudre en elle, mais sans que cela n’affecte en rien la bonne humeur qui l’avait envahie.
- Contente de te voir ! Tu as l’air… en forme.
Pas vraiment en réalité. Cependant étant donné l’état dans lequel elle l’avait vu pour la dernière fois, Kaleya semblait à présent rayonnait de santé. Avec ses vêtements propres et neufs, elle faisait même bien meilleure figure que la chimère dont les frusques gardaient encore les marques du combat, déchirures comme taches de sang incrusté. Elles restèrent un moment ainsi, partageant le bonheur silencieux de leurs retrouvailles, avant d’aller s’asseoir au bord de l’eau. Puis elles se mirent à parler. Pas uniquement pour prononcer des mots, non. Vraiment parler, sans détours ni peur d’être entendues. Et il s’avéra très vite qu’elles en avaient des choses à se dire…
Se retrouver ici, presque un an après leur nuit sanglante, leur rappela bien des souvenirs. Elles firent écho à ce passé en se le remémorant le sourire aux lèvres. Elles avaient brillé cette nuit-là, de rouge et d’acier, combattant ensemble côte à côte face aux monstruosités humaines. Elles finirent par en rire, concluant que, si destin il y avait, celui-ci avait bien fait les choses. Un silence bercé de nostalgie s’installa ensuite quelques secondes, propre à la méditation et au recul. Puis leurs sourires retombèrent et ce fut avec gravité qu’elles commencèrent à parler du combat face à Octavia et au démon. Balsa apprit de Kaleya un peu plus sur l’humaine, qui s’avérait être spécialisée dans la chasse au lycans. Stupidité ! pensa la chimère. En vouloir à l’ensemble d’un peuple, aussi respectable que celui des lycans de surcroit, pour les fautes de quelques uns… Stupide ! Comme si j’allais exterminer les humains pour la faute des scientistes… La chimère s’excusa ensuite de l’avoir abandonnée aux mais des hommes, ce pour quoi la neko ne lui en voulut pas. Cette dernière parla d’eux, un peu, et de leur surprenante bonté envers elle. Ce qui ne parvint pas à convaincre Balsa qu’elle aurait été mieux avisée d’elle aussi se confier à leurs soins.
Vint ensuite une discussion bien plus longue. Ou plutôt deux histoires, celles de leurs années respectives. Le sujet était venu de lui-même quand, s’excusant une nouvelle fois, la chimère expliqua que c’était à regret qu’elle n’avait pas soignée elle-même son amie, à cause de sa malédiction. Elle commença à raconter l’histoire, situant le cadre sur l’île de Rosyel… quand Kaleya ne put retenir un rire. Car, coïncidence amusante, elle aussi avait séjourné sur l’île en question. Après une rencontre avec les membres d’un équipage de pirates, elle avait embarqué avec eux vers de nouveaux horizons. Finalement, elle ne s’était pas sentie comme appartenant vraiment à leur monde, mais ces rencontres gardaient leur valeur. Comme celles qu’elle avait faites plus tard, sur Rosyel. Balsa raconta sa volonté de partir pour Ghurol, évoquant des bribes de sa relation avec Akin. Puis le naufrage, sa vie sauvage, l’accident à l’origine de sa foudre. Elle ne détailla pas ses rencontres fugaces sur l'île, aucunes n’ayant eut de vraie valeur, et ne mentionna les elfes côtoyés qu’en d’assez mauvais termes
Quand elles eurent finit de se confier le récit de leurs aventures, y ajoutant chacune un peu de leur passé plus ancien, la nuit était déjà bien avancée. Et avec elle avait grandit dans le cœur de la chimère le sentiment que cette amitié était solide, chaleureuse, franche et douce. Elle n’avait pas souvenir d’avoir jamais eut un tel ressentiment envers quelqu’un. Son esprit s’en trouvait tout léger, ses problèmes semblaient moindres et même la perspective d’affronter le monde des hommes ne l’effrayait plus autant. Elle n’aurait pas su le dire avec certitude, mais il lui semblait bien que ce sentiment était réciproque et la chaleur qui enveloppait sa poitrine n’en avait que plus de saveur.
Vint finalement la question fatidique : qu’allaient-elles faire de leurs vies à présent ? Balsa comptait vivoter aux alentours de Reilor. Elle attendrait de reprendre des forces pour se mettre à chercher en ville un magicien qui serait capable de l’aider à faire taire l’électricité en elle. Kaleya pensait rester dans les environs aussi, un peu pour l’équipage auquel elle appartenait plus ou moins. Ils avaient pour projet de se rendre à l’ouest, peut-être. Mais déjà la neko doutait de la faisabilité du voyage. Balsa préféra taire son avis, considérant que cela ne la regardait pas vraiment. Ce que la chimère souligna de ses propres projets, et Kaleya ne voyait là aucun inconvénient, c’était une vengeance qui ne perdait rien pour attendre. Sans qu’Octavia mérite d’être recherchée à travers tout l’archipel, elle devrait espérer pour le reste de sa vie ne jamais recroiser la chimère si elle ne voulait pas quitter ce monde avant l’heure. Un sourire complice conclut cette conversation.
Elles se retrouvaient donc là, une nuit semblable à une autre un an en arrière. L’odeur de sang flottait toujours dans l’air, mêlée aux senteurs de la ville, des hommes, de la rivière… La lune descendait sur les toits, glissant entre les nuages, seuls témoins de ces retrouvailles émouvantes. Et le moment de la séparation approchait. Elle serait plus dure cette fois. Mais elle accompagnerait une promesse aussi : celle de se revoir, bientôt.
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