J’ouvris les yeux. Je ne savais pas où je pouvais bien me trouvais, mais la pièce était pour le moins... écarlate. J’étais couchée à même le sol, la texture était douce, pareil au velours. Que ressentais-je exactement à cet instant ? De la peur ? Non, pas vraiment. De l’inquiétude ? Pas le moins du monde. Mais cette boule commençait à occuper toute ma gorge et je peux vous assurer que j’avais du mal à respirer. Ni peur, ni inquiétude. Alors ça ne pouvait être que l’excitation. J’ai souris, l’un des rares sourires que j’utilise, habituellement.
En me redressant, j’ai, pour ainsi dire, détaillé l’endroit de mes yeux argentés. C’était une salle de taille respectable, haute de plafond. Les murs n’étaient pas seulement rouges, mais aussi parsemés de miroirs. Où un bon millier d’images rectangulaires étaient accrochés. Plus curieuse qu’autre chose, je m’en approchais et découvris avec stupéfaction que c’était bien moi. Je me vis, bébé, seul, allongée sous un saule, là, encore, à six ans, en train d'apprendre à me battre, et ici, vers dix ans, tuant. Même si j'avais l'impression que c'était moi, ici, je n'en avais plus le moindre souvenir...
Je me posai enfin la bonne question. Comment étais-je entrée ? Et comment ressortir ? J’ai toisé une fois encore tout autour de moi avant de remarquer un miroir de la taille d’une porte, totalement nu. Lorsque je fus en face, je ne puis résister à l’envie de me regarder. Mon reflet me rendit un regard métallique. Mes cheveux châtains et méchés cascadaient jusqu’au milieu de mon dos, encadrant un visage angélique et triangulaire. Des yeux argentés, en amandes, cachés sous de longs cils recourbés. Un nez droit et légèrement aquilin, une bouche fine et rectiligne et un menton fier. Je ne suis pas bien grande, faisant souvent une tête de moins que les hommes, mais je suis encore jeune, c’est normal. Même si je pense qu’à dix-huit ans, on ne doit plus grandir.
La silhouette qui se tenait devant moi était mince et frêle : les épaules et le bassin ni large, ni maigre ; la poitrine faible, il faut l’avouer ; les mains délicates, les doigts fins et agiles ; et enfin c’est longues jambes, me donnant une allure élancée. Habillée d'une robe courte et noire, paas de chaussure, puisque j'avais la mauvaise habitude de marcher pieds nus... Et sinon, je ne portais que deux bijoux : un collier que mon defunt ami m'avait "offert" et un ravissant diadème que ma mère m'avait légué. Vous l’aurez sûrement deviné : je suis un succube (enfin, moitié humaine, aussi), une créature ravissante, certes, mais démoniaque. La paume contre la glace, j’ai prononcé d’une voix claire et douce :