"Homme libre, toujours tu chériras la mer !" "La mer enseigne aux marins des rêves que les ports assassinent." "La sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit." "Il est des moments où les rêves les plus fous semblent réalisables à condition d'oser les tenter." "Le voyage est une suite de disparitions irréparables." "Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil." "Dieu nous rêve. S'il s'éveille, nous disparaissons à jamais." "Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un." "Le rêve de l'homme est semblable aux illusions de la mer." "Il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va…" "Il y a trois sortes d'hommes : les Vivants, les Morts, et ceux qui vont sur la Mer." |
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| Sujet: Yesaag Ven 21 Oct 2011, 19:33 | |
| Paradoxalement, ce fut le silence total qui le réveilla.
Pourtant récemment habitué à l’absence de bruit du désert de Ghurol, il ne lui en demeurait pas moins un instinct développé, bien au contraire. Et ce silence n'était pas celui du désert. Il écouta attentivement, cherchant les détails des sons qui pourraient l'amener sur une piste. Un bruit de respiration. C'était la sienne, calme et détendue, qui n'avait pas du tout été perturbée par son réveil. Un frottement : celui de sa peau, qui, au rythme de son souffle, frottait contre ses habits. Mais rien d'autre. Pas le léger vent chaud et sec qui entrait par les moindres recoins, pas de bruit d'eau, alors qu'il dormait toujours près d'une source, naturelle ou d'origine humaine. C'était un principe de survie. Il manquait aussi le souffle caractéristique d'une autre respiration, plus sifflante, accompagnée d'un bruit de fourrure, et de grognements caractéristiques de quand elle rêvait. La Hyène n'était pas là.
En apparence, rien ne trahissait le réveil du jeune garçon. Il n'avait pas bougé, sa respiration ne s'était pas modifiée. Il semblait dormir d'un sommeil lourd et profond, tapi en boule sur le sol. C'était un réflexe, pour lui, presque une seconde nature, de cacher son réveil.
Mais il continuait d'écouter. Plusieurs minutes, assez longtemps pour qu'il se sente seul. Mais il se méfiait : seul ne voulait pas dire en sécurité. Il essaya aussi de comprendre sur quoi il était couché. Un sol, évidemment, mais pas de terre ni de sable, pas quelque chose de friable. Dur, ce n'était pas le linoléum immaculé de Lan Rei Ouest. Ce devait être de la pierre, d'une régularité effrayante. Lisse comme de la glace. Il en déduisit une sorte de marbre. Elle était tiède, presque vivante.
Il essaya de distinguer des odeurs. La sienne, salée de transpiration et poussiéreuse du sable du désert. Celle de ses cheveux, secs et habités par un incalculable nombre d'insectes et de vers en tout genre. Celle du cuir, qui venait d'une sorte de harnais qu'il portait autour du torse. Puis celle du lin, lointaine et presque imperceptible, de son pantalon usé.
Rien qui ne lui appartienne pas, et pourtant il se savait en danger. Son instinct le trompait rarement.
Il se leva d'un bond, sans prévenir. Habile, ses deux pieds atterrirent sans un bruit sur le sol. Jambes fléchies, sa main gauche avait sorti silencieusement le petit couteau qu'il portait toujours sur lui. Il observa. Le sol de marbre semblait bel et bien vivant. Cela l'étonna, mais il ne fit pas mine de réagir d'une quelconque manière.
La salle était principalement rouge. Pour ne pas dire entièrement rouge. De nombreuses variantes, mais le tout restait écarlate. Il ne put s'empêcher de penser à tout ce qu'on disait sur cette couleur, et surtout au paradoxe qu'on lui donnait. Vie et mort. Cela l'importait peu. La vie et la mort étaient des concepts trop abstraits pour lui, tout comme la notion de justice. Il s'approcha, toujours sans un bruit, des murs vermeilles. L'aspect liquide de la maçonnerie ne l'enchantait pas le moins du monde. Mais d'un autre côté, il appréciait l'atmosphère magique que cela créait. Il se sentait comme dans une alcôve à l'abri d'une pluie battante, d'un pluie de sang. C'était le côté glauque, en fait, dont il aurait bien aimé se passer. Il approcha du mur qui lui faisait face. A vrai dire, la salle étant circulaire, elle ne comportait qu'un pan unique. À quelques pas seulement de la façade, le liquide s'évapora, laissant une odeur de rouille dans la pièce dépourvue de porte.
Il fit un tour sur lui-même. Tous les murs avaient perdus leur aspect sanguinolent, laissant place à une ribambelle d'images au fond blanc trop pur. Le blanc n'avait jamais été une couleur qu'il appréciait. Elle semblait trop pure, trop parfaite, trop innocente. Ou peut-être était-ce le fait que sa peau sombre contraste trop avec. Les murs de tous les bâtiments de Lan Rei Ouest étaient blancs. Enfin, tous n'étaient pas vraiment blanc, voir pas blanc du tout, mais disons qu'ils restaient de toutes manières trop blancs à son goût. Sauf deux : le Bestiaire et le Purgatoire, qui étaient sales et mal entretenus. Et seules quelques images illustraient ces bâtiments. Ce n'était pas plus mal, vu ce qu'on trouvait dedans...
Celles montrant le Purgatoire se trouvaient face à lui. Il savait qu'il y avait vécu. Combien de temps ? Il ne savait même pas si sa date de naissance était vraie, alors la durée de son séjour... Il s'en fichait. Si cela avait de l'importance, on lui aurait dit. Plusieurs des photos montraient un nourrisson à la peau noire et aux cheveux sombres, sale comme tout. L'enfant fixait l'objectif avec une telle intensité que cela était prenant. Ses yeux noirs ne permettaient pas de distinction entre l'iris et la pupille, telle une nuit éternelle. Si on se plongeait dans son regard, on y trouverait une peur sans fin, mais aussi une haine sans nom, un courage sans faille. Mais le garçon ne s'attarda pas sur l'image. Il sentait que c'était lui, d'instinct, même si il ne s'était jamais vu en photo enfant. En réalité, il n'avait jamais vu aucune photo de lui. Il ne pensait pas avoir été aussi mal en point un jour. Son ventre arrondi montrait clairement qu'il était mal nourri, et d'un autre côté, sa peau laissait percevoir tous ses os. C'était plutôt terrible, comme image, mais il en avait vu d'autre. Ce qui le perturbait le plus, c'était que ce soit lui, et pas quelqu'un d'autre.
L'enfant était tenu par une adulte, à plusieurs reprises. Sa mère, à coup sûr. Il n'avait plus de doute sur l'identité de l'enfant. Les photos ne montraient jamais le visage de la femme. Sa mémoire non plus ne lui avait pas permis de se souvenir d'elle. Seule une main noire et calleuse était visible, fine mais rassurante. Il sentait encore la chaleur de la poigne de sa mère, la force avec laquelle elle le tenait. Une personne normale aurait froncé les sourcils, pour indiquer son questionnement. Ce qu'il ne fit pas. Il passa à la photo suivante.
Il était seul. Sa mère était morte, on tirait un corps décharné et amaigri au delà du possible hors du bâtiment. On traînait le corps sans vie de sa mère par un pied, sans aucune considération. Il se souvenait de cette scène. Il reconnaissait la démarche de la femme qui ordonnait l'évacuation des corps, une fois de temps en temps, mais il ne se souvenait pas si l'action était régulière ou non. Il n'avait jamais prêté attention à cette grande dame, perchée sur ses talons avant. Il voyait les larmes creuser des sillons humides sur ses joues sales. Il ne se souvenait pas d'avoir pleuré. Même de dos, même sur cette photo où elle était immobile à jamais, il reconnaissait la perfection de la femme. La belle héritière n'avait même pas pris la peine de regarder les corps dont elle ordonnait l'évacuation. Hybris Odd Gabriel était une reine, elle ne s'intéressait pas à des choses si peu importantes. Il admirait la classe avec laquelle elle semblait s'élever au dessus du monde qu'elle gouvernait.
Il continua à regarder les images, rangeant son couteau dans le petit étui de cuir à sa ceinture. Cela ne voulait pas dire qu'il se sentait en sécurité. Il restait sur ses gardes, gardant néanmoins son air détendu et désintéressé. C'était son air naturel, en réalité. Il avait toujours eu ce côté détaché, qui lui permettait de passer inaperçu et d'écouter en douce les conversations sans se faire remarquer.
Il passa à l'image suivante. Elle le montrait face à un Scientist de renom qui lui parlait, grand sourire aux lèvres, en le rassurant. La peau noire et couverte de cicatrices du petit garçon contrastait avec la blancheur du vieil homme, de ses habits, des murs. Ses cheveux crépus avec les cheveux blonds et lisse du docteur. Ses yeux noirs emplis de peur avec ceux bleus éclatants débordant de folie de l'être en blouse. Il sourit intérieurement. Le vieil homme et ses idées folles avait bien failli lui coûter la vie plusieurs fois, et pourtant, il l'aimait bien. Il suivit ensuite le Scientist dans une bâtisse. Les baraquements. Il avait une chambre tout confort, de vingt-cinq mètres carrés, sans fenêtre, avec dix lits superposés ayant plus des allures de paillasses et qui paraissaient tout sauf solides. Il cohabitait avec de jeunes adultes, quelques-uns à peine sortis de l'adolescence. Parmi eux, il faisait office d’intrus, d'exception. On ne savait pas à quoi servirait cet enfant qui ne dormait même pas dans son lit. Il préférait le sol frais. Les sanitaires étaient potables, mais niveau propreté ça laissait quand même à désirer. Mais pour lui, c'était la découverte du grand luxe. Effectivement, il ne dormirait plus parmi les pleurs incessants, l'odeur de la mort et de la maladie, couché au milieu d’excréments humains. Un sacré progrès. Bon, n'empêche que le dortoir qu'il partageait actuellement avec uniquement cinq autres personnes et les sanitaires communs restaient tout de même largement mieux. Et son lit était un vrai lit... Sur lequel il ne dormait toujours pas, mais ça, c'est son côté « le lit est toujours et sera toujours trop mou ».
Il se vit dorénavant habillé, grande nouveauté aussi, d'un short troué blanc. Il avait pris un peu de poids, grâce aux trois repas par jour bourrés de produits chimiques en tout genre pour en faire un monstre. Il avait grandi aussi. Merci les hormones. On le voyait sceptique devant un monticule de gélules multicolores à avaler. Il ne fallait pas moins de trois Scientistes pour arriver à lui donner les bonnes doses au bon moment. A chaque fois il leur fallait une heure de débat trépidant auquel l'enfant assistait en mangeant les pilules en cachette, parce qu'il avait faim. Bon cela avait duré jusqu'au jour un il avait mangé toutes les gélules avant que les Scientistes se soient décidés, et qu'il s'était fait passer une belle raclée. N'empêche que, avec le recul, c'était plutôt amusant.
Pour la première fois, il dut vraiment faire un effort pour ne pas rire devant la photo suivante. C'était la seule photo pour laquelle il se souvenait d'avoir posé. Il paraissait avoir une dizaine d'années, mais en vérité il se souvenait qu'il ne devait pas avoir plus de huit ans. Il devait mesurer un peu moins d'un mètre cinquante, ce qui était immense pour son âge, mais cela l'amusait d'être presque aussi grand que certaines infirmières. Ses yeux noirs pétillaient de joie. Ses cheveux étaient coupés très courts, mais vu qu'ils étaient crépus, cela ne se voyait pas tant. Il les avait plus longs, maintenant. C'était la première fois qu'on lui donnait une arme. Il se souvenait encore de la puissance de l'objet. Il avait été plus qu'étonné de la distance à laquelle son arc avec flèches à ventouse pouvait projeter les flèches. Il se souvenait aussi d'avoir fait chier tout le monde avec ça toute la journée. Ce qui avait été beaucoup moins drôle, c'est lorsqu'un Scientist lui avait passé une raclée parce qu'il avait perdu toutes les flèches. Il avait donc dû toutes les retrouver lui-même, enfin... Touts celles qui n'étaient pas "malencontreusement" passées hors de l'enceinte dans laquelle il avait le droit de jouer. Il avait fait plus attention, les fois d'après. Mais cette histoire avait eut l'effet escompté sur lui : il s'était mis à s’intéresser aux armes, à la grande joie des Scientistes.
Il se vit ensuite entouré d'adultes, qui regardaient une multitude de seringues elles aussi multicolores et qui débattaient sur lesquelles il fallait injecter au gamin. Et bien sûr, Yesaag le comique en prend une en douce et essaye de se piquer avec. Il n'avait pas tilté que ce serait légèrement plus désagréable et douloureux que les gélules, surtout vu ses capacités en tant qu'infirmier. L'enfant avait hurlé de douleur, et les Scientistes avaient couru à sa rescousse. Et ils avaient mit deux heures et demi à lui faire accepter trois piqûres – par une vraie infirmière cette fois-ci – tant le gamin était terrorisé. Il avait fait pas mal de bêtises dans le genre, enfant. Il était un peu caméléon, il savait se faire oublier quand il fallait...
L'estomac de l'adolescent se contracta. Les piqûres ne lui avait pas laissé que de bons souvenirs. Et il aurait encore préféré s'injecter plusieurs fois maladroitement la première substances que certaines autres... Mais il ne laissa rien paraître.
Sur les photos suivantes, c'était toujours lui. Qui grandissait – dix ans, un mètre soixante dix ! C'était lorsqu'à douze ans il avait atteint le mètre quatre vingt que les Scientistes avaient tout fait pour arrêter sa croissance (c'était quand même aberrant, maintenant il bouffait des gélules pour ne plus grandir !) - On lui faisait tester de nouvelles armes, avec plus ou moins de succès, surtout que maintenant qu'on lui avait dit qu'il serait assigné à la garde de Lan Rei Ouest, et qu'il avait vu les armes que possédaient les Militaris, celles qu'on lui faisait tester lui semblaient bien merdiques. Il y avait une photo de lui en train de couper du bois à la hache. C'était plutôt humiliant, d'apprendre à se servir d'une hache comme ça. Les Scientistes avaient le don de le surprotéger certaines fois.
Les photos d'après montraient le même train train. Il grandissait, se musclait. On le voyait aussi faire des haltères – Il devait avec une douzaine d'années, il en paraissant quinze - Pour ce coup-là, couper du bois à la hache était encore moins chiant que se taper vingt-cinq kilos à porter pour rien... Ou alors, l'une d'elle le montrait en cours. Et là encore, il préférait autant les haltères que le bourrage de crâne répétitif pour apprendre une langue même pas parlée à Lan Rei Ouest. Et il en avait appris, des langues... En fait, au final, il préférait faire des travaux "utiles" que d'apprendre bêtement ou de suer sans autre intérêt que suer. Il en était presque devenu maniaque, avec le temps, et avait tellement récuré les sols et fait de lits au carré que lorsqu'il n'avait rien à faire, il finissait souvent par faire le ménage. A son grand dam, on ne lui avait pas appris à faire la cuisine, et ses derniers essais culinaires censés compenser la nourriture peu ragoûtante qu'on leur servait lui avait valu une belle brûlure. D'ailleurs, ça lui posait presque problème maintenant qu'il n'était plus à Lan Rei Ouest. Même si ce n'était que pour quelques jours, il allait revenir avec quatre kilos en moins, à coup sûr. Soit parce qu'il n'aura pas été capable de se nourrir convenablement, soit parce qu'il aura brûlé les quatre kilos de cheveux qu'il avait sur le crâne en essayant de faire cuire un truc immangeable...
Étrangement, il n'y avait plus que deux photos. Aucune ne le montrait. La première était celle d'un corps sans vie, d'une femme à qui ont avait enlevé son cerveau. Il avait l'habitude de ramasser des corps en tous genre, morts pour des expériences. Cette femme n'aurait pas marqué le jeune homme de treize ans qu'il était si une énorme hyène tachetée – bien bourrée d'hormones pendant sa croissance, elle aussi – n'était pas sortie en trombe de la salle d'à côté, en sang, des fils de partout, la gueule pleine de bave, les yeux exorbités. La photo suivante illustrait l'instant. La salle d'où venait la hyène, Yesaag n'avait pas le droit d'y entrer. Et il n'avait jamais bravé l'interdit (pour une fois !). Ce n'est qu'en voyant les docteurs sortir qu'il comprit. Évidement, quand un mec dont le diplôme est chirurgien sort en trombe d'une salle d'opération avec un cerveau à la main, c'est difficile de faire plus clair. Ah, si, quand il se met à gueuler « Ça a marché ! Elle reconnaît son corps ! » Et quand la hyène se précipité sur un cadavre sans cerveau...
Ce jour-là, il avait failli se faire tuer par la bête. Elle lui avait sauté dessus, et il n'avait pas eut le temps de réagir. Pas la volonté non plus. Trop de choses s'étaient bousculées dans son esprit à cet instant. Il s'en était voulu après, on l'avait formé pour réagir rapidement, et il n'avait pas su appliquer son entraînement. Cela est-il qu'il n'avait pas bougé quand la Hyène l'avait mordu, il ne s'était pas défendu, rien. C'était peut-être cela qui avait appelé la Hyène à arrêter de le mordre. Il se souvenait de la scène avec précision, et il était plutôt content qu'il n'ait pas été photographié. Il était passé à deux doigts de la mort, mais grâce aux anti-douleurs qu'on lui faisait prendre bientôt par intraveineuse, à cause des douleurs liées à sa croissance, il n'avait pas eu si mal que cela. La Hyène s'était immobilisée, il l'avait regardé droit dans les yeux. Il ne savait pas pourquoi, mais elle s'était calmée. Depuis, seul lui avait pu l'approcher. Au final, elle était devenue son chien de garde, et vu qu'elle avait été prévue pour ça au départ, on lui avait accordé qu'il s'en occupe. Elle était toujours avec lui depuis.
Cela l'étonnait d'ailleurs que la Hyène ait permis à quelqu'un de s'en prendre à lui. Pour tous les tests depuis plus d'un an et demi, elle était avec lui. Il était le seul à pouvoir lui ordonner de le laisser tranquille, mais vu qu'il ne lui avait pas ordonné récemment, cela lui paraissait bien étrange qu'elle soit absente. Ses yeux noirs scrutèrent la salle. Il ne comprenait pas qui et surtout pourquoi quelqu'un s'était amusé à dévoiler sa vie privée. Même si il n'avait jamais réellement eu de vie privée. Les photos disparurent soudainement, laissant place à un immense miroir circulaire. Il se regarda droit dans les yeux. Il avait appris à cacher ses émotions, mais ses yeux le trahissait toujours. Deux billes noires, intriguées, le regardait.
Il scruta l'homme face à lui. Lui-même. Sa croissance vertigineuse avait été stoppée nette quelques mois plus tôt, pour reprendre un cours normal. Il restait grand, immense pour ses quatorze ans. Il était musclé, cependant, mais plus dans un aspect endurant que gros monstre dessiné comme un cube. Ses cheveux étaient plus longs, dorénavant, et moins crépus. Les pointes avaient tendance à être plus lisses que les racines. Son pantalon de lin était sale, d'une couleur oscillant entre l'ocre et le fauve. Sa peau, noire et mate, se fondait dans l'environnement sombre de la pièce. Son harnais de cuir, accroché sur son torse nu, était usé et rougi par le sable du désert. Un petit couteau pendait à sa ceinture, taillé dans un os. Ses épaules larges soutenaient un cou bien dessiné. Son visage était marqué. Il semblait tellement plus vieux que son âge, et pourtant, on voyait que ce n'était qu'un gamin inconscient, au final. Ça crevait les yeux. Son nez plat et ses lèvres épaisses étaient typiques de son peuple. Ses mains étaient immenses, avec une paume large et des doigts longs. Ses pieds – ou plutôt ses palmes – étaient nus, et leur plante était plate. Il n'avait jamais eu de chaussures, et tant mieux. C'était une dépense de moins.
Le miroir disparut et une ouverture apparut face à lui. La couleur de la salle s'assombrit, comme si la salle sombre sur laquelle l'embouchure donnait s'appropriait le lieu. Quelques temps auparavant, il aurait pensé que cela n'était qu'un exercice qui allait foiré à cause d'une engueulade entre Scientistes, mais cette époque était révolue, hélas. Il savait que cela ne faisait que commencer. Il avança vers l'ouverture lugubre. C'était parti pour un tour !
Dernière édition par Yesaag Mnah le Sam 17 Déc 2011, 15:07, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Yesaag Mar 01 Nov 2011, 12:00 | |
| Il souffre. Ici chaque visiteur est unique, chaque sentiment est différent. L'émotion est toujours là, pénétrant dans nos ombres par leurs contacts avec nous. Nous les voyons, nous les ressentons, nous les effleurons, nous les bousculons. Nous sommes en eux, nous sommes eux. Et lorsqu'ils souffrent, nous aimons ça. Cette sensation de culpabilité, de rage, d'effroi. Ils ne savent pas qui ils sont et se découvrent pour la première fois, comme un chaton devant un miroir. Ça feule, ça griffe, ça fait le dos rond... Mais ce n'est que lui partout. Dans le mur, dans le froid, dans le rouge. Dans sa douleur. Sous un pelage ou des cicatrices nues, une seule chair.
C'est étrange, de se retrouver face à soi. On cherche un coupable. C'est délectable. Il souffre et nous aimons ça. Ce n'est que le début...
Il capitule enfin. Face à face. Mais c'est nous qui agitons le drapeau blanc. Suspendu à une clef, nous rayons son reflet sous la surface lisse. Le miroir crisse à cette attaque et se fendille, il craque, les morceaux se brisent et tombent un à un au sol, dans une mélodie cristalline. Le passage noir se découvre tandis que le petit morceau de fer tombe sur le plateau de verre.Bon alors j'ai juste relevé des petits détails, et je préfère t'en faire part:
"Les baraquements. Il avait une chambre tout confort, de douze mètres carrés, sans fenêtre, avec dix lits superposés ayant plus des allures de paillasses et qui paraissaient tout sauf solides. Les autres enfants y dormaient, pas lui."
Dix lits superposés, dans 12 mètres carrés, ça doit être compliqué quand même XD Et je pense qu'on s'est mal compris: dans les baraquements, tu n'as pas d'enfant, juste des soldats en formation. Ton personnage est une exception, du coté de son jeune age (les autres, au mieux, ont 15/16 ans, et c'est vraiment les plus jeunes]. Faut bien que tu visualises que ton personnage a grandit au milieu d'adultes, voir d'adolescent proche de l'âge adulte, mais ça s'arrête à peu près là. La Firme ne forme pas tellement de militaire ou de scientistes dès l'enfance, c'est très rare. Ils font plutôt du recrutement dans l'archipel, donc en engageant des adultes.
"Un seau commun dans un coin servait de toilettes, et il n'y avait pas de douche."
Les militaris sont formés à la dur, mais quand même, ils ne sont pas non plus exploités, etc, donc il y a un minimum, des toilettes, des douches communes (parce que bon, après une journée d'entrainement à ramper dans la boue, si y a pas de douche... XD), ce genre de trucs. Bref, un peu comme l'armée chez nous quoi. |
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| Sujet: Re: Yesaag Sam 17 Déc 2011, 17:05 | |
| - Spoiler:
J'ai édité les détails de la salle rouge, histoire que ça soit bien nickel Et voilà la salle noire... J'espère que ça ira ! Bon courage !
L'ouverture n'était pas très grande, ni en largeur ni en hauteur, mais profonde, comme si d'une certaine manière elle faisait office de corridor sans fin. Yesaag posa sa main gauche sur le mur, se laissant guider. Le marbre lisse et chaud laissa place à une pierre plus naturelle, froide et en relief, mais pas grumeleuse pour autant. De l'ardoise, supposa-t-il. La petite cavité s'ouvrit soudainement sur une pièce totalement obscure. Inconsciemment, le garçon avait enlevé sa main du mur, ce qu'il regretta aussitôt. Il savait que même si il n'avait pas avancé dans la pièce, le mur ne se trouvait plus où il était. Il tâtonna dans le vide. Bingo. Il fit quelques pas dans l'immensité. Le sol relativement lisse lui permettait de marcher sans crainte, et il savait pertinemment qu'il pouvait marcher ainsi pendant des heures sans trouver l'ombre d'un mur. Dans une pièce noire comme la nuit, c'est un peu logique, aussi. Ses yeux s'étaient habitués en un rien de temps au changement de luminosité, grâce à des supers gouttes qui avaient failli lui coûter la vue. Dommage qu'aucun Scientist n'ait encore inventé un traitement pour voir dans l'obscurité. Il s'arrêta à un endroit qu'il jugea proche du centre de la pièce, bien qu'il n'eut aucune idée de la taille de celle-ci. Puis, comme à son habitude, il ferma les yeux et laissa ses sens le guider. Il huma l'air. Les mêmes odeurs l'accompagnaient, avec une touche de soufre due au sang de la pièce écarlate. Mais en se concentrant un peu plus, il pouvait percevoir quelques fragrances dont il ne connaissait ni la provenance ni l'utilité. Les effluves passaient trop rapidement pour qu'il puisse distinguer quoi que ce soit. Il se fit le plus silencieux possible et écouta. Des bruissements dans l'air. C'était mauvais signe. Ses yeux s'ouvrirent d'un coup, comme par sursaut. Il scruta l'infinité obscure. Il inspira et expira lentement, histoire de se calmer. Il n'avait rien à craindre. Mais sur le coup, l'idée du test des Scientistes lui semblait bien peu en coordination avec le lieu. « Tu te fonds bien dans l'environnement, gamin... » Le jeune homme faillit sursauter. Il attrapa la lame qui pendait à sa ceinture et se retourna pour chercher l'origine de la voix féminine et suave qui lui parlait. « Oh, je t'ai fait peur. Je suis déçue, je te croyais moins stupide que cela. Mais bon, à part ton corps de tueur en série, t'as rien dans la caboche quoi. Et dire que t'as même pas été capable de te muscler par tes propres moyens... Ils sont cool, les Scientistes pour ça, un cachet, une piqûre, et hop, le physique suit. Mais tu n'as pas les qualités d'un vrai combattant... Tu n'es qu'un pauvre gosse trop aidé. Tu crèveras bien vite, et bon débarras. » Yesaag fronça les sourcils. D'un côté, il avait envie de rire, mais de l'autre, le ton de la femme rendait les propos vraiment vexants. Il n'était pas habitué à ce genre de torture, nom de dieu ! C'était pas du jeu... Il se concentra sur la voix, faisait abstraction de la profusion de stupidités qu'elle était capable de prononcer. Là, le test scientifique redevenait très probable ! Il se focalisa sur la provenance de l'écho suave. Des échos. Une multitude d'échos, se répercutant sans cesse sur les murs introuvables de la pièce. Il ne savait pas si quelqu'un était physiquement présent, il ne pouvait pas savoir, et il risquait surtout de se faire attaquer à chaque instant. « Alors, comme ça, t'écoutes même pas ce que je dis ? Tu m'écoutes ou bien ?! TU VAS M'ÉCOUTER OUI ?! » Le jeune homme se campa sur ses jambes, en position de défense, serrant des dents, les yeux écarquillés d'incompréhension. Pour le coup, c'était nouveau comme test. Et insupportable. Il avait horreur de se sentir soumis et désarmé, et il craignait de devoir mettre un certain temps avant de trouver une échappatoire. Et passer du temps en compagnie d'une folle qui vous hurle dessus, c'est pas franchement motivant. L'écho de la voix se perdit lentement dans les limbes de la pièce, tandis que le garçon reprenait son souffle. Les hurlements avaient été tellement stridents que... Cette fois-ci, et contre toute attente, il avait fait un bond de plusieurs centimètres. Et il avait perdu ses tympans en route. Il se mit à rire, c'était plus fort que lui. Sans même le vouloir, il était en train de mettre son ennemie sur les nerfs. C'était involontaire, mais efficace ! Il rangea son couteau, s'assit sur le sol, bailla aux corneilles (ce qui lui fit plus mal aux oreilles qu'autre chose), et attendit. Il savait très bien qu'il fallait parfois mieux ne pas répondre que de dire des conneries. Il savait surtout très bien que les interlocuteurs finissent par se lasser lorsqu'ils n'ont rien en retour. Alors il se décida à attendre. Il était particulièrement patient. Même si il s'était fait prendre par surprise, lorsqu'il établissait un plan, il n'y avait pas grande chose qui puisse le faire changer d'avis. « A ta place, j'éviterai de la prendre pour une conne et je répondrais. » Le garçon ne bougea pas. Il écouta attentivement. La seconde voix lui était inconnue, tout comme la première, mais elle était masculine, cette fois. La voix féminine repris. « Tu n'es qu'un incapable en fait. Tu ne fais qu'obéir. Tu n'as pas de libre arbitre. » Le jeune homme fronça des sourcils, écoutant. Il avait décidé de ne pas répondre, mais écouter permettait souvent d'en apprendre plus sur son interlocuteur. En attendant, il avait plus l'impression de se faire insulter qu'autre chose, mais bon, il passa. « Je te comparerais bien à un chien. Un gros pif tout plat avec bon odorat, l'ouïe fine, des crocs acérés, mais pas capable de faire autre chose que d'aboyer et d'obéir à ton maître pour avoir un peu de pâtée. Te manque encore quelques poils et le tour est joué ! » Yesaag ouvrit la bouche de stupeur, et rit jaune. Jusqu'au nez plat, ça allait, il aurait du mal à dire le contraire lui-même... Le reste... Bon, le côté positif des choses, c'est que les chiens mangent les vipères... Il soupira, attendant la réplique suivante. « Je savais pas qu'ils t'avaient coupé les couilles, petit. » Rassure-toi, je suis pas encore eunuque ma belle. « Ahah, belle réplique. Je suis pas sûre, je peux voir ? » Non... Non, quand même pas... Elle ne pouvait pas... C'était impossible ! « Et si, je lis dans tes pensées. Et pour moi t'es toujours un eunuque. » Yesaag resta bouche bée. Et merde. Ça changeait la donne... C'était la première fois qu'on s'insinuait dans ses pensées. Entre les photos d'avant, et ça... C'était franchement louche comme test ! « Bon, t'es un clébard castré. Dans le genre tu sers à rien... » Yesaag leva un sourcil intrigué. Il avait une idée derrière la tête. Il se leva et se mit à poil. Ça te va mieux comme ça, t'es rassurée ?... « C'est bien ce que je disais, tu ne sais qu'obéir. D'une manière ou d'une autre. » Le jeune homme serra des dents. Elle avait marqué un point. Il ne pouvait pas le nier. Et puis, il était honnête, il savait reconnaître ses erreurs. Il était même assez habile pour éviter de les répéter. Enfin, du moins, il essayait. « Chéri, si c'est une erreur que tu viens de faire, toute ta vie est une erreur. » Il serra des dents et soupira. Ça devenait vraiment long, mais il ne lâcherait pas. La voix se tut quelques minutes. Il réfléchissait. Elle devait bien connaître la sortie de la pièce, et était sûrement la clé du système, mais il savait très bien qu'elle ne le laisserait pas sortir même si il lui demandait. Surtout si il lui demandait. Un rire répondit à sa pensée. Il avait donc raison. Mais alors comment sortir ? Il tâtonna le sol, cherchant des aspérités qui permettaient peut-être de trouver la sortie. Ma la pierre semblait faite pour durer, et ne semblait pas garder trace des passages. Il soupira, fonça les sourcils. Ça allait paraître con, mais il avait faim. Il se leva, lassé de rester assis. Il réfléchissait mieux debout. Il fit quelques pas dans la pièce. Au bout de quelques secondes seulement, les effluves repassèrent sous son nez. Il chercha à les attraper avec ses mains, conscient pourtant que cela ne servirait à rien. Les voix étaient informes. Irréelles. Dépourvues de corps. Elles erraient. Elles étaient condamnées à errer, semblait-il. Il soupira. Lorsqu'il commençait à philosopher sur le pourquoi c'était mauvais signe. Étrangement, la voix avait décidé de se taire. Cela devait faire une dizaine de minutes qu'elle n'avait rien dit alors qu'elle paraissait si impatiente d'obtenir des réponses. Mais sans poser de questions, elle ne risquait pas d'avoir de réponse... « Les seules questions qu'elle t'a posé, tu n'y a pas répondu. » C'était la voix masculine, murmurant à son oreille. Une odeur chaude, semblable à celle que l'on garde après être resté auprès d'un feu venait de passer. C'était l'odeur de la voix masculine. Il tâcha de s'en souvenir. Puis il se concentra sur les questions que lui avait posées la voix féminine. A part celle de l'eunuque, il ne voyait pas. Enfin, après quelques minutes, il se souvint qu'elle lui avait demandé de l'écouter. Il n'avait pas répondu. Sa voix grave résonna dans la nuit. Il s'était arrêté, fixant le vide face à lui. Après le dernier écho, une effluve de rose, d'ortie et de coton passa. C'était elle. Elle resta, elle lui faisait face. Il ne répondit pas, bien qu'il mourrait d'envie de faire un jeu de mot à la con sur le fait qu'elle l'avait traité de chien au moins trois fois. Mais il se retint. Ce n'était pas une question. « Mais tu n'agis jamais par toi-même, n'est-ce pas ? - Bien sur que si ! Répondit-il, outré, je... - Tu rien ! Tu ne fais rien ! Oh, peut-être décider de prendre le savon pour te laver, et encore... - Qu'est-ce que tu veux ? - C'est moi qui pose les questions, ici. » Il se tut. Puis se ravisa. Il devait répondre. « Bien, alors je ne fais rien par moi-même, et puis ? - Ah ah. Tu n'es pas capable d'être critique. - C'est-à-dire ? - Que penses-tu de ta vie ? - Eh bien, je suis en bonne santé, je vais avoir un métier, je... - Tu vas tuer des gens et tu appelles cela un métier ? - Je les tuerais pour protéger Lan Rei Ouest. - Tu les tueras pour protéger ce qui doit être protégé ou ce qu'il faut pas découvrir ? - Je les tuerais pour..., il réfléchit un instant. - Tu les tueras parce qu'on te l'ordonneras. » Il soupira. Une fois encore elle n'avait pas tort. Il commençait à sentir des tensions dans sa mâchoire à force de serrer des dents. Mais il la fixait toujours, ou en tout cas, il se concentrait sur l'odeur. Histoire d'avoir quelque chose à quoi se raccrocher. « Tu sais obéir, et sinon ? Que sais-tu faire ? - Je sais... » Il allait répondre, mais s'abstint. Il hésitait entre jouer son jeu et dire ce qu'il savait faire d'autre. De toute manière, dans un cas ou dans l'autre, il savait qu'elle allait le contredire. Elle aurait toujours raison, de toute façon. « Je sais remarquer quand je suis piégé. - … Pas mal. Tu m'as eue. Mais ce n'est pas encore suffisant. » L'odeur s'évapora aussi soudainement qu'elle apparaissait. Yesaag jura intérieurement. Il n'appréciait pas du tout la tournure des événements. Il ne comprenait pas ou la voix féminine voulait en venir. Rien n'avait changé dans la pièce, il n'y avait toujours pas d'issue. Allait-il devoir retrouver la voix ? La suivre, peut-être ? Il se ravisa : c'était bien trop difficile... Mais alors ? « Tu m'as donc oublié ? » Son sang se glaça dans ses veines. La voix masculine avait pris un ton bien moins encourageant. L'odeur de feu s'était fortement accrue, devenant presque celle irrespirable de la fumée. Il ne sentait vraiment pas la deuxième partie du test. Il réagit soudain qu'il devait répondre. « Non, je ne t'ai pas oublié, j'ai juste oublié ta présence. » Sa voix était calme. Il savait que pour l'instant, il ne risquait rien. « Très bien. Sais-tu d'où tu viens, Yesaag ? Sais-tu d'où vient ton nom ? - Je viens du Purgatoire, et je tiens mon nom de ma mère. - Bien. Sais-tu pourquoi tu as vécu là-bas ? Pourquoi ta mère y vivait ? - Non, répondit-il après quelques secondes. - Intéressant. Tu ne t'ai jamais posé la question ? - Si, plus ou moins... Mais je n'ai jamais vraiment cherché la réponse. - J'aime bien ta manière de penser, Yesaag Mnah. » - C'est marrant, c'est pas réciproque. - Tu aimes jouer avec le feu, jeune homme ! Qui es-tu pour te permettre cette insolence ? - Je ne sais pas plus que vous, c'est con, hein ? » Il souriait au vide. L'odeur du feu s'était éteinte, et avait laissé place à des relents de poussière, comme si l'homme avait été éteint sous une gerbe d'eau. Il avait réussi le test, il le sentait. Mais il savait aussi que ce n'était pas fini, et son instinct le trompait rarement. Hélas pour lui... |
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| Sujet: Re: Yesaag Jeu 26 Jan 2012, 13:31 | |
| [Jsuis désolée, jt'ai un peu totalement totalement oubliée ><
Je vais relire ça et te valider ces jours-ci!
Jme souviens même plus ce qui allait pas ou ce dont on avait parlé u_u] |
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| Sujet: Re: Yesaag Mer 07 Mar 2012, 21:01 | |
| Voix de femmes, voix d'hommes, qu'importe. Commères insatiables, toutes plus affamées, toutes plus envieuses, dans l'attente d'un inconnu à dépecer. Nous aimons attaquer celui qui ne peut pas se défendre, qui ne peut pas riposter. Il ne peut rien arriver aux voix qui se protègent dans les replis ténébreux. On ne peut rien opposé à une attaque interne. On ne sait se défendre contre soi-même.
La critique est facile et tellement jouissive! C'est un tel plaisir de se faire passer de gueule en gueule cette pièce de viande, trop tendre, juteuse à souhait. Plus le bavardage s'envenime plus nous apprécions. Gloussement, ricanement, injures. Nous sommes au spectacle. Nous connaissons les répliques, trop souvent jouées, mais nous savons également chaque double sens caché derrière les phrases anodines, les tentatives pour se donner bonne conscience, pour présenter un visage avenant. Nous voulons gratter ce vernis d'humanité. Voilà ce qui nous intéresse: découvrir ce qui est enterré au plus profond, là où il a cru que personne ne pourrait tendre les mains.
Et le voila qui creuse pour nous, jusqu'à buter sur les vérités enfouies. Voilà le coffre au trésor. Nous pouvons jeter la carte.
Après s'être pourléché les babines, nous voulons mordre. Nos mâchoires craquent, nos dents viennent claquer près de ses oreilles, tour à tour, toujours plus près, plus menaçantes. Toujours plus vite. L'apparition de la clé aurait pu passer inaperçue, si ce n'est ces particules, ces gravats qui tombèrent de nos bouches carnassières, débris d'une clé qui ne pourra ouvrir ce passage une deuxième fois. La poussière s'écoulent jusqu'au sol, sous les pieds de l'humain. Mais les particules ne se déposent pas, elles descendent encore, il n'y a plus de surface, juste une ouverture blanche.. |
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| Sujet: Re: Yesaag Lun 07 Mai 2012, 22:51 | |
| Un puissant rai de lumière blanche l'aveugla. Il était juste là, en face de lui. Il était apparu comme par magie. Pas que comme, en fait. La sensation de rêve à cet instant précis était engourdissante. Elle effaçait avec subtilité les événements qui venaient de se produire, comme si ils n'avaient jamais eu lieu, jamais eu aucune importance. La clarté de la lumière inondait le vide, sans réussir à le combler. Le noir de la pièce semblait absorber avec une force étonnante la puissance du rayon. Yesaag se secoua, reprenant ses esprits. Il avança sans crainte vers la pièce qui venait de s'ouvrir. De toute manière, il n'allait pas poireauter des heures ici en pesant le pour et le contre. Il s'arrêta quelques secondes sur le palier. Contrairement à la précédente, il n'y avait aucun couloir pour entrer, seulement un trou dans le mur. Les deux pièces avaient l'air de se fondre l'une dans l'autre, l'ardoise devenant peu à peu nacre. Sa main avait repris instinctivement contact avec le mur. Il la retira. Il n'aimait pas la nacre. Elle aussi, elle avait un côté trop parfait. Il s'apprêtait à entrer dans la pièce lorsqu'il remarqua les reflets légers de l'eau au sol. Toujours sur le palier, il regarda le liquide sortir de la pièce pour disparaître dans le néant d'où il venait. Il entra. La salle avait un aspect brumeux, comme si l'eau était chaude et produisait de la vapeur. Pourtant, elle était fraîche, malgré la chaleur de l'air ambiant. Elle s'écoulait vers les murs, sortant d'on ne sait où et disparaissant de la même manière. Une force inconsciente l'avait fait entrer entièrement dans la salle en fixant l'intérieur de celle-ci. Il se retourna. Évidemment, l'ouverture avait disparue. Il soupira, presque lassé, ce qui était une chose rare chez lui. En fait, ce n'était pas de la lassitude, mais de l'agacement. Ce qui était tout aussi rare. Quelque chose l'aurait-il contrarié ? Il ne laissa rien paraître, même pas un soupçon d'intérêt pour la salle qui restait encore un mystère. Imperceptiblement, les reflets de l'eau se firent un peu plus présents. De plus en plus présents, si bien qu'ils attirèrent son regard. Les yeux noirs du garçon virent se plonger dans la pureté de l'eau limpide qui luisait sur le sol. D'ailleurs, il ne remarqua qu'à ce moment qu'il marchait sur de petits galets colorés, trop bien réalisés, trop bien choisis pour qu'ils soient réels. Tout lui semblait montage. Ses yeux divaguèrent sur les vaguelettes. Ils n'auraient pas du. L'image se forma sans qu'il sache si c'était lui qui menait sa création ou si elle était bien réelle. Elle était claire, éblouissante. C'était ça, éblouissante. La même clarté glaçante et froide que lorsque l'on ouvrait les portes du Purgatoire pour sortir les morts, quand il était enfant. Et puis ses yeux s'habituèrent. Il distinguait sa mère, à sa droite. Vivante, mais en sale état. Quoique, il ne se souvenait même pas de l'avoir vu en bon état un jour. Les images étaient floues. Et pourtant, elles semblaient plus concrètes que dans ses souvenirs. Mais alors, d'où venaient-elles ? Il oublia la question aussi vite qu'elle était venue, trop happé dans les ondes liquides. Il regarda les hommes vider les morts, il pouvait même sentir la peur de tous les gens qui mourraient à petit feu dans cette salle, la peur des armes, la peur d'être torturés. Il regarda les corps partir vers la lumière. Ils étaient sept, aujourd'hui. Et demain il y aurait sa mère parmi eux. Comment s'en souvenait-il ? Il ne savait pas, c'était instinctif, il le sentait. Il sentait qu'il était incapable de se soustraire à la puissance de ces images, il présentait ce qui allait se passer, ce qui s'était passé. Car oui, c'était son passé. Il regarda les détails dont il ne se souvenait pas. On leur donnait (ou jetait, plutôt) à manger, des restes infâmes. Et sa mère courait dans le tas pour ramasser de quoi se nourrir, de quoi nourrir son fils. Mais ce jour-là, elle n'avait rien réussi à attraper, elle était trop faible. Il ne s'en souvenait pas. Et pourtant, c'était comme si il s'en souvenait. Il savait que ces images étaient réelles, qu'elles représentaient la réalité. Il le sentait tout comme il sentait la mort de sa mère arriver. Tiens, la voilà d'ailleurs. Elle supplie un des hommes de lui donner à manger, dans notre langue. Elle n'est pas celle de ces gens en blanc, elle n'est pas celle qu'il utilise dorénavant, mais c'est la sienne, il le sait. L'homme prend pitié. C'est louche. En fait, ça lui troue l'estomac, le ventre entier, de peur, il réalise, il comprend. Il comprend le coup monté. Elle récupère un morceau de pain, qu'elle mange. Entre temps, trop captivé par la scène, Yesaag se rend compte qu'on lui a donné à manger. Un garçon d'une dizaine d'années venait de lui donner des restes qu'il avala d'une traite. Il se força à fermer les yeux. Des frissons lui couraient le long du dos, des sueurs froides lui glaçaient les épaules. Il s'assit lentement, inspirant un grand coup. Il en avait oublié de respirer. Il savait ce qui allait se passer. Il avait compris. Il allait en baver. Et puis, c'était atroce, cette sensation de ne plus savoir qui de l'enfant de cinq ans ou de l'adolescent il était. C'était tellement troublant... Il entendait les halètements, les râles, il sentait aussi les odeurs putrides du lieu. Il ouvrit les yeux. La nuit était tombée, il n'y voyait que dalle. Mais ça lui suffisait amplement. Il entendait tout particulièrement un râle, une toux qui se faisait de plus en plus forte, un passage de l'air de plus en plus difficile. Il avait envie d’accélérer le temps, d'anticiper les événements pour qu'ils se déroulent plus vite, mais il ne pouvait pas, quelque chose le bloquait, il en était réduit à revivre tout, à vitesse réelle. Les halètements ralentirent pendant plusieurs minutes, pour finalement s'éteindre. Il n'en pouvait plus. Était-ce une impression ou des larmes coulaient vraiment le long de ses joues ? Entendait-il vraiment ses propres sanglots, leur faisait-il vraiment écho à ceux du bambin qu'il avait été ?... Il attendit, jusqu'à ce que le jour se lève, que comme la veille, on vienne chercher les corps. Le jeune garçon qui lui avait donné à manger attendait avec lui. Il ne savait pas qui c'était. Il tremblait, ici et là bas, en attendant l'instant final, celui où il sortirait de cet endroit pour ne plus jamais y revenir. La porte s'ouvrit en grand pour laisser passer la lumière éblouissante de l'extérieur. Il entendait ses propres sanglots, à la fois réels et ceux passés. La scène se détailla, encore une fois. Des hommes entrèrent dans la salle. Ils étaient cinq. Trois d'entre eux partirent sur la gauche, tandis que les deux autres se dirigeaient vers la droite. Le calme le plus absolu régnait à cet instant, comme toutes les fois où ils venaient déblayer les morts. On tira quatre corps sur la gauche, deux femmes, une enfant d'à peine une dizaine d'années et un homme. Puis un autre, en face de lui, pour finir par sa mère, que l'un des deux hommes attrapa par la cheville. Et il la traîna sur plusieurs mètres, dans un bruissement glacial. Il ne pleurait plus. Pétrifié par la peur, comme tous les autres. Les hommes étaient sortis, sur le pas de la porte. Une dame scrutait la salle. Elle regarda un de ces hommes et lui parla. Le temps semblait s'être arrêté dans le Purgatoire. La poussière ambiante formait un halo doré au dessus des têtes, qui disparaîtrait immédiatement après la fermeture des portes. Mais l'homme entra de nouveau dans la salle, se dirigeant vers la droite. Il cherchait quelque chose du regard. Lui. Ce souvenir était encore plus vivant que les autres dans sa mémoire, parce qu'il s'en souvenait vraiment. Il avait encore la sensation sur lui du regard froid, et vide de l'homme qui était venu le chercher. Il voyait encore la pupille de ses yeux, qui semblait plus fixer le vide qu'autre chose. Jamais il n'avait revu un regard aussi déroutant depuis. Il avait suivi l'homme, comme un zombie. De toute manière, il n'avait strictement rien à perdre. Il s'était arrêté à quelques pas de la porte. Pas l'homme, qui était sorti et l'avait même pressé à en faire autant. Mais l'enfant n'avait jamais vu la lumière du soleil avec une telle intensité. Il était ébloui, sans pour autant avoir mal aux yeux. La curiosité presque joyeuse contrastait de manière exagérée avec la honte et la douleur que son corps physique réel ressentait. Et cela ne faisait que commencer... L'image se dissipa. Il fixa avec hébétude l'eau qui se trouvait devant lui. Il se secoua. Ces souvenirs, ses souvenirs, il les avait enfouis tellement profondément en lui qu'il ne s'en souvenait même plus. Et les revivre maintenant, avec son regard plus éveillé que celui d'un enfant, ça faisait mal. Mal, parce qu'il avait l'impression que ces images ne correspondaient pas à la réalité. Il avait l'impression de comprendre quelque chose qui allait à l'encontre de ses connaissances actuelles... D'après ce qu'il venait de revoir, les Scientistes auraient délibérément tué sa mère. Et tout ça ne collait pas. Ellipse temporelle, apparemment ses « ravisseurs » n'avaient pas été sadiques au point de lui faire revivre tous ses souvenirs. Comme quoi, tout espoir n'est pas vain !... Toujours hébété, il se fit violence pour reprendre le contrôle. cette fois-ci, il réussirait à prendre le dessus, à refermer sa carapace. Il se montrerait hermétique. Et puis, de toute manière, le passé était par nature quelque chose que l'on ne changeait pas. Il laissa son regard divaguer dans la pièce, regardant les reflets prendre forme. Le décor s'était à peine esquissé qu'il serrait déjà des mâchoires en fronçant les sourcils dans un rictus de douleur. Il voyait l'aiguille du médecin approcher son œil endormi. Instinctivement, il mit ses mains sur ses oreilles. Pas parce qu'il était sensible, mais.... « AAAARRRRRRRRRRGGGGGGGGGHHHHHHHHHHH !!!!!! » … Pour ça. Après coup, les Scientistes avaient compris que leur super potion miracle « vue d'aigle » réagissait avec l’anesthésiant de manière abominable, provoquant des brûlures atroces de l’œil au patient, provoquant par ailleurs des hémorragies internes et des diarrhées très coriaces... Mais bon, il fallait bien tester pour savoir !... Et ce, pendant plusieurs semaines. Ajoutant aussi le fait qu'il avait mis quatre mois à retrouver la vue, mais bon, heureusement pour lui, le trajet lit – toilettes était plutôt court et facilement réalisable, même pour un aveugle. Il grimaça, trouvant pourtant la scène bien plus supportable que celle avec sa mère. Et puis, cette fois-ci, tout s'était bien fini... Malgré les innombrables et douloureuses injections auxquelles il avait eu droit. Il n'avait pas prêté attention à la suite de la scène, qu'il jugea peu importante. Par chance, cela lui évita les discussions sur l'intérêt de le garder en vie, surtout aveugle. Les discussions avaient abouti sur le fait qu'il était tellement docile que même aveugle il pourrait être utile, histoire de mener quelques autres tests... Sa vue se brouilla, la scène suivante se déroulant dans le noir de sa cécité. C'était la première scène qu'il vivait à la première personne. Mais il ne releva pas ; il écouta. Son professeur de langues était arrivé. Il avait eu droit à des centaines d'injections pour développer son ouïe en attendant que celle pour lui rétablir la vue soit au point. Du coup, il pouvait entendre le moindre bruit à presque une quinzaine de mètres. En l'occurrence la porte faisait blocus, mais il avait tout de même entendu son prof arriver. Il avait droit à des cours de langues intensifs. Il devait dorénavant apprendre à parler couramment les principales langues et dialectes qu'il pouvait rencontrer sur l'archipel, et sans accent. Il apprenait vite, et cela avait même étonné les Scientistes. Il avait une mémoire auditive assez impressionnante et une capacité de prononciation plutôt déroutante. La scène en elle-même n'avait rien d'extraordinaire, et le jeune homme se demanda pourquoi on la lui faisait revivre. Mais c'était sans importance. Le noir se brouilla pour laisser place à une pénombre agréable, celle d'une chaude journée d'été. Il adorait ce genre de soirée, quand la chaleur et l'humidité du jour se ressentaient encore mais que la lune ornait le ciel. Il pouvait passer des heures sur le toit du bâtiment à regarder les étoiles sans penser à rien. C'était une lubie étrange qui le prenait de temps en temps, il n'avait jamais trop su pourquoi. Mais ce soir-là en particulier l'avait marqué, il en riait presque d'avance. Il avait pourtant un certain ego et n'aimait pas tellement qu'on se moque de lui, mais la situation était telle qu'au final... Il valait mieux en rire. Un Scientiste l'emmenait dans une salle fermée. Il s'était vu interdire l'accès à sa toiture panoramique, à cause d'une « leçon particulière ». Il devait avoir neuf ou dix ans, et les pauvres Scientistes avaient débattu des heures sur le fait que le moment était venu ou non pour cette leçon. Il fallait avouer que la plupart d'entre eux n'avaient jamais eu à faire l'éducation d'un enfant, et ils ne savaient pas vraiment comment s'y prendre. Enfin, Yesaag ne voyait pas ces débats houleux, et cela valait peut-être mieux pour lui. A une faible majorité, ils avaient conclus qu'il était temps pour Yesaag d'apprendre la base de la vie : la sexualité. La vidéo n'avait pas commencée que les yeux du gamin étaient déjà grands comme des soucoupes. Cette vidéo, pourtant anodine, l'avait traumatisée un bon bout de temps ! Il avait refusé de parler pendant trois jours et regardait tout le monde avec des yeux d'ahuri paniqué. Il avait surtout refusé de toucher un animal pendant plus de deux semaines, la vidéo en question ne montrant que les câlins de nos amis les bêtes. Il avait finalement fallu qu'une Scientiste courageuse se dévoue pour expliquer cela comme une maman l'aurait fait à Yesaag, qui trouva subitement la chose un peu moins sale et dégoûtante. Et dire qu'il était devenu un pro des blagues tordues sur le thème !... L'image se dissipa encore. Il se sentait un peu moins mal, voire même plus du tout. La sensation que quelqu'un faisait une intrusion dans sa vie s'était dissipée. Et pourtant, quelque part en lui il était toujours sur ses gardes. Il se souvenait aussi du passage suivant. Les images étaient claires, comme celle des salles trop blanches qui ne présageaient rien de bon. Il était à peine plus âgé que dans le souvenir précédent, mais faisait presque dix centimètres de plus, à cause de son traitement. Il avait été convoqué pour « problème dû à sa nature curieuse », officiellement. En gros, ça voulait surtout dire qu'ils en avaient marre que le gosse fouine partout sans que personne ne puisse le surveiller, et que depuis qu'ils l'avaient retrouvé coincé dans un conduit d'aération en train d'espionner une conversation sur une nouvelle expérience, ils avaient décidé de lui imposer des limites. Il se retrouvait donc avec un espèce de gros collier muni d'une petite caméra autour du cou, qui pesait une tonne, permettait d'enregistrer plus d'une semaine de sa vie vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et envoyait même des électrochocs quand il passait les zones interdites. Ironique, il avait décidé de faire le chien pendant toute une journée. Il avait aboyé, s'était trimbalé tout nu, avait fait ses besoins partout où il pouvait et où cela gênait bien. Bien entendu, cela avait particulièrement énervé tous les Scientistes qui l'avaient croisé, et il s'était pris une telle raclée à la fin de la journée qu'il n'avait plus jamais exprimé de mécontentement vis-à-vis du dispositif. Il avait aussi essayé une fois de traverser les zones interdites, mais l’électrochoc avait été tel qu'il n'avait jamais réitéré l'expérience. Perdre connaissance pendant trois heures, ce n'était effectivement pas très agréable. Il toucha machinalement sa cheville gauche. Le collier s'était muté en bracelet émetteur quelques semaines plus tôt, et il en était bien content. Ce dernier restait malgré tout sacrément encombrant, mais c'était toujours moins désagréable qu'un truc autour du cou. Il n'avait rien demandé concernant le bracelet. Il ne savait pas si il filmait, si il enregistrait ou si il était toujours électrique. Sa mésaventure avec le collier lui avait appris à se taire pour une fois. Les reflets de l'eau se clarifièrent, et pendant un court instant, il reprit connaissance de la salle qui l'entourait. Il se sentit calmé par le lieu, étrangement. Il n'eut pas le temps de plus y réfléchir ; les reflets commencèrent à reprendre de l'activité. La scène qui se déroulait sous ses yeux lui semblait proche, même si il ne parvenait pas pour autant à lui fixer une date précise. Il se trouvait dans une zone dégagée, un espace d’entraînement. Il se souvenait du fait que la journée n'était pas des plus lumineuses, le soleil étant resté bien voilé. Les Scientistes en avaient profité pour le faire participer à une leçon de tir. L'arme qu'il tenait dans la main était plutôt légère, de courte portée et permettait deux coups d'affilés. Il préférait ce genre d'armes aux automatiques, qui ne nécessitaient pour lui pas de connaissances particulières et avec lesquelles il suffisait de d'appuyer en continu sur la gâchette pour obtenir ce que l'on voulait. Une arme se devait d'être subtile, pernicieuse et mortelle d'une manière bien plus délicate. Enfin, pour quelqu'un qui n'avait jamais eu à tuer, il était mal placé pour parler. Mais il aimait le côté discret de la chose, le fait de pouvoir frôler une personne et lui planter par la même occasion une lame acérée dans le dos, aux yeux et à la barbe des passants, sans pour autant qu'aucun témoin ne le remarque. La discrétion... Il avait appris à vivre caché, à l'ombre des autres, en étant clairement pas à sa place. Mais au final, il l'avait trouvée, sa place. Il tira sur la cible, dans le mile. Il était assez doué, même si quitte à choisir il préférerait le corps-à-corps. Il se retourna, cherchant des yeux son mentor pour la séance. Mais il se retrouva nez-à-nez avec l'Héritière. Hybris Odd Gabriel, dans toute sa volupté et sa classe. Yesaag l'avait saluée en mimant une révérence, et s'en était allé rendre son arme à son référant. Il n'avait jamais vu cette femme auparavant, en tout cas pas d'aussi près. Il l'avait croisée une ou deux fois, mais elle incarnait pour lui une sorte de mystère profond et impalpable. Elle était intrigante, il ne saurait le nier. L'image se brouilla, pour rendre les galets à nouveau visibles sous ses pieds. Il resta perplexe sur la signification de la dernière image. Peu de temps après, il se souvenait d'avoir du participer à un entraînement pour tester ses capacités de survie à Ghurol, sa terre natale, semblerait-il. Et ensuite ? Tout lui paraissait flou, de plus en plus flou... |
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| Sujet: Re: Yesaag Sam 12 Mai 2012, 14:49 | |
| Un pas. Un autre. Sans bruit, nous ondoyons autour de toi, nous te frôlons de nos mains glacées. Mais lorsque tu t’immobilises, nous nous figeons. Nous attendons. Ici, c’est toi le maître, même si tu l’ignores encore. Nous ne sommes que la toile blanche attendant tes coups de pinceau. Laisse donc ta mémoire colorer notre corps, accepte de devenir l’artiste involontaire de la fresque de ta vie... puis deviens-en le spectateur.
Voilà. Les couleurs naissent. Regarde, toi qui en es le père. Regarde donc d’où tu viens, regarde où le torrent furieux du temps t’a mené. Laisse-toi porter par le courant de tes souvenirs, redécouvre-les et montre-les nous. Joie et violence, morts et rencontres, tous ces précipices qui ont creusé ta route, tous ces obstacles qui ont parsemés ton chemin... Montre-nous les lames qui ont taillé ton esprit, l'acier dont tu t'es servi pour forger tes pensées et tes certitudes...
Brutalement, la trame de ta vie s’interrompt. À partir d’ici, l’avenir n’a pas encore été tracé. Le crayon n’attend plus que toi pour poursuivre le dessin. Les derniers éclats irisés se dissipent à la surface de l’eau dont le niveau s’élève doucement.
Reprends la route. Et donne une suite à cette histoire que tu nous as offerte.[Et voilà pour toi! Soit le bienvenue!
Alors, après tout ce temps, ça fait quoi d'avoir enfin fini ce personnage?
Je t'epargne tout le discours habituel, tu connais déjà. N'oublie pas ton Miroir ] |
| | | =Aïkologue=
Nombre de messages : 2039
| Sujet: Re: Yesaag Sam 12 Mai 2012, 19:18 | |
| Un militaris, voilà qui va en ravir plus d'une... Ou juste une peut-être? xD Bienvenue à toi !
Dernière édition par Rána le Sam 12 Mai 2012, 20:02, édité 1 fois |
| | | ~¤ Chaton ¤~
Nombre de messages : 2814
| Sujet: Re: Yesaag Sam 12 Mai 2012, 19:40 | |
| Héhéhé bienvenuuuuue ! Enfiiin ! Hâte de voir ton personnage en action ! |
| | | *Elfe*
Nombre de messages : 2128 Localisation : Toujours sur tes pas Métier/Fonction : Chevaucheuse du Vent et de la Nuit / Démolisseuse de tavernes
| Sujet: Re: Yesaag Sam 12 Mai 2012, 19:55 | |
| Bienvenue, contente de te voir enfin validé ^^ |
| | | *Vampire*
Nombre de messages : 1142 Localisation : Loin, très loin, très louun ! Métier/Fonction : Mon métier est de hanter tes rêves les plus fous !
| Sujet: Re: Yesaag Sam 12 Mai 2012, 19:59 | |
| Un militaris ? Ouoh ! Bienvenue à toi |
| | | ~¤Centaure¤~
Nombre de messages : 184 Localisation : La où mes pattes me mènent.
| Sujet: Re: Yesaag Dim 13 Mai 2012, 12:52 | |
| Juste pour le délire, je trouve ça trop fun de s'auto souhaiter la bienvenue alors : bienvenue à moi même Bref, merci les gens et merci Ether pour la validation |
| | | *Déchu*
Nombre de messages : 345 Localisation : Loin, perdue entre le rêve et la brume Métier/Fonction : Vendeuse d'elle
| Sujet: Re: Yesaag Dim 13 Mai 2012, 14:28 | |
| Bienvenue sur notre cher forum et... AMUSE-TOI BIEN surtout! ^^ |
| | | ~¤Centaure¤~
Nombre de messages : 495
| Sujet: Re: Yesaag Dim 13 Mai 2012, 14:35 | |
| Bienvenue ! Amuse toi bien avec ce perso ! |
| | | ~*Reine des Abysses*~
Nombre de messages : 4683 Localisation : *~ là où les corps rencontrent la nuit ~*
| Sujet: Re: Yesaag Dim 13 Mai 2012, 16:17 | |
| Rebienvenue toi |
| | | | Sujet: Re: Yesaag | |
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