Gazette n°4, 14 des Blancs Prés

Surprise générale ce matin ! L’Archipel s’est éveillé, pour la plupart de ses habitants dans leur lit, mais une vague sensation de malaise planant autour des paupières. D’autres ont pu se poser des questions bien étranges telles que « Pourquoi il y a un bouc dans ma chambre ? » ou encore « Qu’est-ce que fait ce potager sur mon plancher ? », avant de réaliser qu’ils avaient dormi dehors. Ce sont ces derniers qui, comme moi, ont pu prendre conscience le plus tôt du problème. Un problème ? Quel problème ? Oh, vous ne vous êtes pas rendu compte ? Personne ne se souvient de sa journée d’hier. Tout du moins, pas entièrement.

Alors, que s’est-il passé pour que plus de quatre-vingt millions de personnes synchronisent ainsi une telle perte de mémoire ? Selon le Docteur Vidal, agréé par le professeur Nyhjo, il s’agirait d’une intoxication générale. Un phénomène volatile ou dissoluble qui pourrait agir en très petite quantité et se disperser dans l’air ou les eaux afin d’atteindre toutes les îles. En revanche, il ne s’explique pas la simultanéité des effets. A moins que l’origine ne soit directement propagée depuis Aïk Lan Do. De quoi agiter les méninges des experts en Rêvologie!!
Devant si peu d’éléments de réponse, je décide de déchirer la carte de visite de ce charlot et de vous relater ma propre enquête.

Six heures du matin :
Je me réveille sur un quai de Reilor, esquivé par les marins déjà affairés par leurs chargements. Ils ont les yeux vitreux des gars qui ont encore levé de la chope jusqu’à trop tard. Je dois avoir le même regard, mais malgré mon incompréhension, aucun mal de crâne à l’horizon. Mon instinct de journaliste reprend vite le dessus :

Moi, Alphonse Verlile : Bonjour ! J’ai l’impression d’avoir passé la nuit sous un nid de pachemerle. Vous savez depuis combien de temps je suis là ?

Un employé du port : Au moins depuis une heure, t’étais d’jà là quand j’ai pris mon poste. Mais pas autant qu’ce fichu Bliar ! (il montre un clodo mal rasé qui se bat pour une queue de sardine avec une mouette). T’as d’la chance qu’on t’ait pas balancé aux rieuses !

AV : Ouais, merci, c’est très aimable à vous. Je ne comprends pas ce que j’ai fait pour en arriver là…

UEDP : J’ai bien une idée, mais pas l’temps d’te faire un dessin ! Allez, dégage du chemin ! Sinon le client va encore râler qu’on est en r’tard.

AV : A qui livrez-vous ces marchandises ? On dirait des œufs de zashis, y’en a assez pour nourrir toute la cour de Maldran pendant les fêtes !

UEDP : A euh… Hum… Hé, Peet ! Où c’est qu’on amène ces caisses déjà ? (il interpelle un collègue, qui s’arrête à cinq mètres.)

Peet : Bah ché plus. T’sais, c’était sur les bons d’hier là…

UEDP : On a eu des bons hiers ?

La suite de la conversation fut grossière mais très enrichissante. Ainsi, je n’étais pas le seul à avoir un trou de mémoire. Perturbé, j’interviewais plusieurs personnes que je croisais.

Six heures du matin, passées de vingt-trois minutes :

La dame au chapeau : Comme d’habitude, je viens sur mon banc veiller Théolyre. Et puis j’ai ma broderie pour m’occuper. Celle-là est pour ma sœur. Tiens, regardez ça ! Il y a un chat à côté du roseau. C’est étrange non ? Souvent je m’inspire de ce que je vois, en regardant vers les vagues. Comme ça je garde toujours un œil s’il revient. Mais je ne me souviens pas avoir vu de chat…

Le boulanger : Hier ? Mais quel jour on est aujourd’hui ?

L’ange blanc qui traverse en courant : J’ai oublié de remonter ma montre hier soir, je suis en retard en retard en retard !

Six heures du matin, passées de trois kilomètres.

La population semble s’être emmêlée dans un nœud de détails oubliés, d’amas de lacunes colmaté à l’omission. Même le chien refait un tour du réverbère, sceptique : l’aurait-il déjà marqué de son odeur ? Les faits sont là : il s’est passé quelque chose qui nous a tous fait oublier, plus ou moins, la journée de la veille. Mais comment est-ce possible ? Ne rencontrant que des gens trop pressé pour en parler, je décide d’aller coincer des commerçants derrière leurs caisses enregistreuses. Ainsi, j’entre dans la Taverne du Chat en Boîte sans oublier que l’abus d’alcool est dangereux pour la société, qui après n’en a plus assez, et doit donc être consommé avec adoration.

« Ce que j'ai fait hier... j'y ai bien pensé... je crois que j'ai bossé ici toute la soirée.... et dans la journée j'ai voulu aller à la foire de tristum... et après ça, black-out, le chaos total dans ma tête, je ne me souviens de rien... à part quelques flashs... j'ai l'impression d'avoir beaucoup bu... pourtant le soir venu je n'avais pas la gueule de bois... Et encore maintenant, ce que je me souviens d'hier semble être un rêve, c'est difficile à expliquer, c'est comme si ça ne c'était pas vraiment produit... » m’explique Narèil Volas, la charmante serveuse. Encore cette impression de soirée trop arrosée, sans effet secondaire. Peut-être a-t-on fêté la naissance d’un tord-boyaux indolore ? Mais la suite de la conversation me conduit à une toute autre hypothèse.

« Le marché, oui, se tient en ce moment dans les rues principales de Reilor. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis quelques jours les caravanes marchandes se bousculent dans le port. » reprend le patron, Aelix Sith, derrière son comptoir.

A présent, je me souviens vaguement m’être rendu sur place, pour faire mes achats festifs. La fameuse Foire de Tristum pousse ses cabanons illuminés, aux odeurs et couleurs alléchantes, jusqu’aux portes boisées de la ville. Une vision frôle mon nerf optique gauche, mais impossible de l’attraper. Il y avait quelque chose de petit, et lumineux, auquel j’ai à peine prêté attention… Une fleur ? Il faut que je retourne voir ça! Reilor! Je suis sûr que ça a un lien avec ce phénomène !

Gazette n°4, 14 des Blancs Prés

…
Enfin, je crois qu’il y avait un tournoi. Mais j’ai oublié où. Et je ne sais plus quel journaliste j’y ai envoyé.

Gazette n°4; 14 des Blancs Prés

Tout ce que vous avez à décider, c'est ce que vous devez faire du temps qui vous est imparti. Arrêtez de procrastiner.

Le monde a changé. Beaucoup de ce qui existait jadis est perdu. Vous allez encore égarer vos clefs de bagnoles.

Vous devriez faire une croix sur le second petit déjeuner, ainsi que sur la collation de 11h.

Ecartez vous un tant soit peu de vos plans et ce sera l'échec, entraînant la ruine de tous (mais surtout de vous, soyons honnêtes). Mais l'espoir perdure. Ne laissez pas votre coeur se troubler!

Les longues distances vous épuisent,vous êtes un sprinteur, redoutable sur les courtes distances. Ne cherchez pas à outrepasser vos limites. Il faut respirer, c'est la clé, respirer.

Evitez les escaliers venteux qui mènent à des tunnels.

Entrainez vous, car ce mois-ci, vous pourriez bien gagner le concours du lancer de nain.

Il ne s'agit que d'une botte de carottes et de quelques choux et aussi des trois sacs de pommes de terres que vous avez emprunté la semaine passée ainsi que les champignons de la semaine d'avant. Mais pour votre voisin, ça commence à faire beaucoup. Faites votre propre potager.

Il y a des choses que le temps ne peut cicatriser, des blessures si profondes qu'elles se sont emparées de vous. Pour tout le reste, il y a mercurochrome.

Vous claquez la porte à tous les visiteurs, qu'ils soient amis ou de simples relations. Mais que faites vous des très vieux amis ?

Une mort certaine, une faible chance de succès... Mais qu'attendez-vous ?

Le poisson cru, c'est fort goutu. Mais gare aux intoxications alimentaires! Evitez les sushis ce mois-ci.

Il est fort dangereux de sortir de chez soi. On prend la route et, si on ne regarde pas où on met les pieds, on ne sait pas jusqu'où cela peut nous mener. Pensez à investir dans de bonnes chaussures.

D Cette verrue est au delà de vos compétences de guérisseur. Il vous faut de la médecine elfique. N'attendez pas que ça empire!

Vous ne connaissez pas la moitié des gens autant que vous le voudriez, et vous aimez moins de la moitié d'entre eux à moitié moins qu'ils ne le méritent. Soyez moins dur et plus sociable!

Alors c'est un elfe, un homme et un nain dans un ascenseur...