« Youhouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !!! » s’exclama Niel.
Cramponné aux ailes d’un grand merle, le lutin exultait. Il élevait l’oiseau depuis déjà deux lunes, et enfin, après de multiples heures de vol au travers des ombres de la forêt de Yelli, l’animal était prêt. Enfourchant sa selle faite de cuir et d’herbes folles, il s’était envolé, crevant le toit de la forêt qui l’avait élevé avec de longs cris farouches qui lui valurent des regards outrés de la part de plusieurs troupeaux de biches.
Si le lutin s’était senti, il leur aurait bien adressé quelques obscénités mais les cervidés qui peuplaient la forêt manifestaient le plus souvent à son encontre une suffisance exaspérée.
« Je vous emmeeeeeeeeeeee*** !!! » ne put se retenir Niel « Grosses larves quadrupèdes ! » ajouta-t-il, ce qui constituait une terrible insulte, chez les lutins bien élevés. « Hahahahaha ! »

Alors que Niel s’occupait tout en noblesse, penché quasiment à l’horizontale sur son oiseau, le merle commença à emmètre des protestations. En effet, les longs cheveux du lutin formait des lianes qui, déchainées dans le vent, s’enroulaient autour du plumage ténébreux de l’oiseau. Sa patte gauche se bloqua et il perdit l’équilibre, accompagnant les feuille d’érables dans leur chutes, en cercles réguliers.

*Kroutsch* fit la colonne vertébrale de Niel en atterrissant sur la couche d’humus de la forêt.
« Aïaïeee !!! Mais qu’est c’que j’ai foutu …» Mais à son grand étonnement, il se releva son peine, massant son arrière train, il se retourna et blêmit. Dans sa chute, l’oiseau s’était dépêtrer de sa chevelure amis n’avait pu prendre à temps son appui. Il était tombé et avait malencontreusement amorti la chute de Niel. Le merle gisait sur le sol, l’aile cassé.

Cet événement, qui paraitrais banal voir carrément barbant pour toutes autres races qui peuplait ce monde fut un véritable désastre pour le lutin.
« Oh non, merde ! »commenta-t-il, une main plaquée contre sa bouche, des larmes perlant de ses yeux. Il s’accroupi au côté de son merle,
« Manïel » dit-il, « Maniel, ça va ? … »
Mais l’oiseau, dont l’aile droite formait un angle étrange émit seulement un râle langoureux. Pris de panique, Niel, confus, s’exclama :
« Ne … ne bouge pas Manïel ! J’arrive, je vais chercher quelques euh … herbes ! » dit le lutin qui n’y connaissait rien aux plantes médicinales.

Courant dans la forêt, il revint bientôt avec une lourde poignée d’une herbe violacée. Mais l’oiseau avait disparu. Seules les feuilles lacérées et renversées témoignaient d’une lutte. Niel se sentit prit d’une nouvelle crise de fureur alors qu’ils parcouraient la forêt en sens inverse :
« Quel est l’immonde petit pourceau putride, le lâche infâme qui s’en ait pris à mon oiseau ? »
Il courait dans un tourbillon de feuilles mortes, quand soudain, il s’arrêta. Il venait de dépasser la forêt et débouchait sur une longue plage et derrière un rocher, la longue queue d’un félin se balançait de droite à gauche. Le lutin ne tint plus , il s’approcha et mit un grand coup de pied dans la jambe du félin : « Tiens ! Bien fait » lui dit-il. Mais l’animal s’était dressé de tout son long, en contre-jour son ombre recouvrait le lutin.

« ….ha…ha…ha … bonzour... »déglutit Niel.

Spoiler:

Le vent soufflait sur la plage depuis l’océan. Il portait avec lui l’odeur du sel et venait soulever les grains de sable fin. Il y avait par endroit des rochers couverts d’algues qui avançaient dans l’écume blanche. Ils avaient même formés un sorte de mare saline fermée à marée basse, dont la surface était lisse et reflétait le bleu du ciel.

Une créature apparut, écartant les dernières fougères de la forêt tropicale. Elle balaya le paysage du regard, paupière mi-closes, et ses yeux s’arrêtèrent sur le lac formé par les rochers, prison temporaire d’une mer calme. Elle plissa les lèvres et acquiesça doucement. Ses longues jambes portèrent son corps un peu maigre jusqu’à l’endroit qu’elle avait repéré. Derrière elle une longue queue se balançait doucement, secouée de temps à autre par un mouvement plus brusque. De l’impatience, ou peut-être de l’excitation.
Elle s’accroupit derrière un rocher, tout au bord de l’eau et contempla un moment le petit lac devant elle. Dans la limpidité de l’eau, elle distingua les corps ondulant de deux poissons pris au piège lors de la marée descendante. Ils n’étaient pas bien gros, mais a eux deux ils pourraient constituer un repas honorable.

Chance !... ça équilibre avec les merdes auxquelles j’ai eu droit avant ça…

La chimère – comme elle se nommait elle-même – frotta ses mains l’une contre l’autre et prit une grande inspiration. Elle bloqua alors sa respiration et plongea les avant bras dans l’eau. Son visage se tordit en une expression de douleur, ses dents se serrèrent, une goutte de sueur perla sur son front. Puis elle retira les mains de l’eau et contempla le résultat.

Non de… pas croyable…

A la surface, retournés, ventres exposés au soleil, les deux poissons étaient immobiles. Elle en attrapa un d’un geste vif qui lui arracha tout de même un sourire crispé. Mais ce dernier fit vite place à un sourire ravi et on pouvait lire la fierté dans les yeux noirs de la créature. Tenant sa proie des deux mains, elle l’approcha de sa bouche et y planta ses dents. Un filet de sang jaunâtre gicla sur le sable humide. La chimère mâcha avec délectation la chair pourtant peu savoureuse et avala sa première bouchée.
Elle allait croquer à nouveau dans le ventre du poisson quand une chose heurta sa jambe, accompagnée d'un "tiens ! bien fait". La chose était un petit lutin aux yeux bleus qui n’avait certainement pas réfléchit à ce qu’il venait de faire. Le corps chargé d’électricité de la chimère le choqua, il reçut une décharge qui le fit bondir en arrière. L’air paniqué, la créature féline se redressa de toute sa hauteur, laissant tomber sa prise. Malgré la douleur probable, le petit être parvint à articuler :

- ….ha…ha…ha … bonzour...

La chimère hésita un moment.

- Je suis désolée, je ne voulais pas… désolée, désolée, faut pas me toucher, c’est dangereux…

« Je suis désolée, je ne voulais pas… désolée, désolée, faut pas me toucher, c’est dangereux… » s’excusa le chat.

Mais plus Niel observait la créature qui se tenait sur la plage devant lui, moins la ressemblance avec les félins était frappante. En fait, le monstre ressemblait plutôt à un lutin atteint de gigantisme, avec ses cheveux écorces qui lui dégoulinait jusqu’au creux des reins. La créature était-elle un humain ? Le lutin en avait déjà entendu parler par ses oiseaux… Non, ce n’était pas un humain … trop fine … alors …la créature devait être une humaine ! Malgré son sentiment d’avoir fait un pas de plus sur le chemin obscur de l’intelligence, ses réflexions sur les origines de la créature s’arrêtèrent là. Qu’elle soit féline ou humaine, la voleuse allait payer pour son crime.

Niel commença alors ce pour quoi il était le plus doué de par sa nature féerique, la perfidie et la malhonnêteté. Et en s’inclinant profondément, il s'exclama :
«Gente dame, ne vous désolez pas et laissez moi m’excuser à mon tour pour mon impardonnable geste.»Puis il continua sur un air mélodramatique :
«Voyez-vous, noble humaine, je me suis …euh … perdu, en cherchant un jeune merle que je dressais et qui a été lâchement enlevé. Je pensais trouver en vous une aide salutaire. »

Alors qu’il monologuait, Niel tentait vainement de remarquer un changement d'humeur sur le masque d'impassibilité qu'affichait l'horrible créature dévoreuse d'être cher.
Mais soudain, l'attention du lutin se reporta à un détail qu’il n’avait pas remarqué auparavant : le monstre tenait un poisson dans sa main droite, et un plan germa sous son épaisse chevelure châtaigne.
Voici le récit exact de qui se passa dans la tête de Niel à ce moment précis :
*Tiens donc ! Cette bête, quelle qu’elle soit me semble tenir particulièrement à ce poisson, voilà une occasion de me venger. Le fait qu’elle le balance de droite à gauche est un ruse pour détourner mon attention de cet être qui lui est cher. Donc elle craint sa perte, par conséquent elle me craint et si j’ai de la chance, le lien tissé entre cet être aquatique et elle est aussi puissant que le mien l’est avec Manïel. Par conséquent, si je parviens à l’enlever, peut-être regrettera-t-elle de s’en être pris à mon oiseau et acceptera une punition appropriée. Oui, c’est tout à fait plausible.*

Achevant là son raisonnement, il positionna négligemment sa main sur sa hanche et fit tout d'abord semblant de s'éloigner paisiblement … puis il fit volte-face et se précipita sur la bête, grimpant en toute hâte sur son corps étonné. Mais dans son emportement, le lutin oublia ce qu'il avait douloureusement constaté auparavant : la créature était conductrice d'un terrible courant électrique. Agrippant le torse de ce qui lui semblait être une humaine, il se prit un violent coup de jus et retomba lourdement sur le sable, en emportant à sa grande satisfaction, le poisson dans sa chute.

Niel s'apprêtait à se relever pour crier sa cuisante victoire mais il ne put bouger. Complètement sonné, il gisait pétrifié sur la sable, les yeux couvert d’un voile opaque.

Etrangement, le lutin ne s’était jamais aussi bien senti que dans la torpeur moite qui l’entourait à présent. Glissant dans l’entre-deux mondes, prisonnier dans une bulle de chaleur, il se fit soudainement réveiller par l’éclat froid de la mer . Se débâtant d’abord faiblement, le lutin ouvrit ses yeux cobalt et poussa un cri apeuré. Le visage de la créature était penché sur le sien.

Epuisé et blessé, Niel éclata soudain en de profonds sanglots : « Ma…Manïel *snirf*…mon oiseau… mon merle*snirf*… c’est de… C’EST DE MA FAUTE… BWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!! »

Spoiler:

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Alors que Balsa, puisqu’elle se nommait ainsi, gardait le silence en espérant que le petit être accepte ses excuses, celui-ci semblait plongé dans une profonde réflexion. Il examinait la chimère attentivement. Elle connaissait ce genre de regard, lié à l’interrogation que son organisme suscitait. Enfin il bougea, s’inclinant respectueusement devant elle et prit la parole.

- Gente dame, ne vous désolez pas et laissez moi m’excuser à mon tour pour mon impardonnable geste.

Plus de zozotement naïf. A la place : un langage et un vocabulaire châtiés.

- Voyez-vous, noble humaine, je me suis …euh … perdu, en cherchant un jeune merle que je dressais et qui a été lâchement enlevé. Je pensais trouver en vous une aide salutaire.

Humaine ?!... voila qui est des plus insultant… et en quoi est-ce mon problème si un oiseau, « son » oiseau puisqu’il pense pouvoir s’approprier la vie d’une créature, s’est enfuit ?... s’il croit que je vais l’aider à reprendre sa liberté à un animal il se trompe !...

La chimère avait l’air plus qu’agacée. Elle avait courbée sa longue queue devant elle pour marquer sa non-appartenance à l’espèce qu’elle méprisait le plus au monde.

- Je ne suis PAS une humaine ! et je ne vais certainement pas…

Mais le petit bonhomme n’écoutait pas. Il continuait d’examiner Balsa et dialoguait avec lui-même d’un sujet que la chimère n’aurait pu deviner. Attendant qu’il retrouve la parole et daigne écouter ce que son interlocutrice avait à dire, celle-ci restait immobile, le fixant avec une lueur mauvaise dans les yeux.
Il fit ce à quoi la chimère s’attendait le moins. Oubliant l’expérience douloureuse qu’il venait de subir, il se jeta sur elle et fut frappé d’un nouveau choc électrique. Même si Balsa n’en avait pas conscience, elle produisit un courant plus fort car son esprit était plus colérique que la première fois. Le petit être fut projeté dans le sable mouillé, arrachant au passage le poisson que la chimère tenait. Une vague vint s’échouer sur lui et ses habits furent détrempés pas l’écume salée.

Pauvre de lui… en même temps s’il n’avait pas agit aussi stupidement… est-il si perturbé que ça par la disparition de l’oiseau ?... arf… je vais pas le laisser là comme ça… il me fait pitié…

Alors Balsa se pencha au-dessus de lui. Elle l’aurait bien aidé à sortir de l’eau, mais si elle touchait le corps mouillé de l’inconnu il recevrait une décharge sans doute plus forte encore. Heureusement il rouvrit les yeux, poussant un cri de peur à la vue de la chimère. Alors son visage changea du tout au tout et il perdit l’assurance qu’il avait eut auparavant.

- Ma…Manïel *snirf*…mon oiseau… mon merle*snirf*… c’est de… C’EST DE MA FAUTE… BWAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!!!!

Pendant qu’il reprenait ses esprits, la chimère cherchait ses mots, se demandant bien par où commencer. Elle faillit le tutoyer mais elle se ravisa et prit finalement un ton ferme et volontairement un peu dur.

- Pourquoi avez-vous fait quelque chose d’aussi stupide ? pour me prendre le poisson ?

Elle lui laissa un temps et se redressa avant de reprendre.

- Avouez que votre attitude est des plus déconcertantes. D’abord vous me frapper, puis vous me demander de l’aide et enfin vous me volez. Cela tend plus à faire de moi votre ennemie que votre amie.

Cependant, il n’y avait dans ses paroles aucune agressivité et s’il était assez malin il comprendrait qu’elle ne lui souhaitait pas de mal. Elle l’avait en quelque sorte pardonné. Et ce qu’elle prenait pour de la pitié s’avérait en fait être de l’empathie. Elle reprit la parole sur un ton plus calme.

- Vous devriez vous éloigner de l’eau. Et de moi aussi, enfin garder une distance suffisante pour ne pas être à nouveau… enfin vous voyez…

Balsa avait du mal à accepter cette malédiction qui pesait sur elle depuis peu. Alors prononcer les mots « décharge », « électricité » ou « foudre » lui était difficile. Elle marcha jusqu’à la limite de la forêt en s’assurant qu’il la suive. Puis elle s’arrêta et s’accroupie face à lui.

- Et puis, vous vouliez passer pour un gentleman lorsque vous me demandiez de l’aide, mais vous avez l’oublié l’essentiel : vous présenter. Car je suis curieuse de savoir à quelle espèce vous appartenez.

J’aurais bien dis « fée », ce qui aurait pu m'être utile… mais les fées ont des ailes, non ?

Spoiler:

Niel se reprenait peu à peu. Accroupi sur une roche, il laissait le vent aller et venir, ajustant sa respiration en inspirations longues, stables, et la sérénité revint à pas de velours sur son visage crayeux. Son corps était maintenant couvert de sable, trempé, glacial et le poisson de la créature dont il s’était auparavant emparé avec exultation lui paraissait un bien maigre butin, voir une trahison envers celle qui se tenait devant lui. Il sentait idiot. Vain. Et il aurait versé quelques larmes de dépit si le regard et le ton dur de l’inconnue ne l’avait ramené à la réalité.
« -Pourquoi avez-vous fait quelque chose d’aussi stupide ? Pour me prendre le poisson ?» dit-elle froidement.

Niel se figea et ses joues prirent soudain une teinte écarlate. N’osant poser son regard honteux sur la féline humaine, il prit de ses mains sa chevelure et entreprit de dissimuler son visage aux yeux scruteurs de la créature.
« -Avouez que votre attitude est des plus déconcertantes. D’abord vous me frapper, puis vous me demander de l’aide et enfin vous me volez. »

Niel se recroquevilla dans les ténèbres forestières de ses cheveux emmêlés et la tonalité prêcheuse des paroles énoncées englobèrent son être, sa silhouette, son cercueil.

« - Cela tend plus à faire de moi votre ennemie que votre amie. "

Les dires frôlèrent son âme, caressèrent et firent corps. Amie ? Le mot lui arracha un sourire ironique, et un instant, il revu les silhouettes ailées s’envoler vers les cieux, souvenir mensonger d’une époque révolue.
Chrysalide de remords, un œil s’ouvrit soudain.
Puis l’autre.
Brisé, l’être disgracieux naquit et le vent lui fit don de liberté, la forêt de grâce et la mer d’acuité.
Il regarda la bête, y trouva un reflet.

« - Vous devriez vous éloigner de l’eau. Et de moi aussi, enfin garder une distance suffisante pour ne pas être à nouveau… enfin vous voyez… »

Et elle s’éloigna, sa queue fière fouettant l’air comme une invitation. Niel la suivit sur un rythme posé qui lui convenait bien tout en sifflotant des proverbes sylvestres, laissant là à son sort, le poisson trépassé. Il se stoppa lorsque la créature s’accroupit devant lui, visiblement curieuse et interrogatrice.

« -Et puis, vous vouliez passer pour un gentleman lorsque vous me demandiez de l’aide, mais vous avez l’oublié l’essentiel : vous présenter. Car je suis curieuse de savoir à quelle espèce vous appartenez. »

Droite. Gauche. Niel balança sa chevelure qui retomba sur ses yeux.
Il reconnaissait la lueur inquisitrice dans son regard, il y avait mainte fois était confronté : la créature le prenait pour un fée.
Les mots se bloquèrent contre la boule amère de mensonges et de haines qui vint naître dans la gorge du lutin. Les contradictions bouillonnaient rageusement sous son crâne torturé. Il hasarda une réponse :

« -Niel, je suis Niel, un … une … des ailes … c’est, je ne suis pas une… »

Levant la tête aux cieux, il surprit l’envol d’un rouge-gorge et songeant au pouvoir qu’il avait acquéri, il reprit courage et d’une voix claire, sure mais sans orgueil, il continua :

« -Très bien, je me présente mais promettez moi de le faire à votre tour » et ne lui laissant pas le temps de répondre, il continua :
«-Je suis Niel, lutin de la forêt de Yelli. Longtemps j’ai vécu avec les fées mais je ne suis pas l’une d’elles. Elles sont perfides et si je n’avais décelé sous vos regards une pureté et une justesse d’esprit j’aurais pu croire que vous m’insultiez délibérément . Sans vouloir justifier mes actes passés -et bien que le mot « gentleman » n’ait pas de sens pour moi- laissez moi vous parlez des raisons de ceux-ci :

Je voguais, quelque minutes avant notre rencontre, sur les cimes de Yelli, reposant sur les ailes de mon merle Manïel. Un geste irréfléchi et nous voilà tombant à travers bran,ches et troncs animés de folie. Arrivant sur le sol, je m’en sortais indemne mais Manïel paya de mes vaines querelles. Son aile fut brisée et stupide que je suis je partis dans Yelli, tentant de le soigner. Revenant, haletant, je trouvai à sa place une scène de désastre. Ainsi naquit mon haine, mon désarroi, ma bête. »

Enoncé ainsi les faits le relaxa un peu et il mit de l’ordre dans se chevelure. Puis il expira, inspira et regarda la créature qui le dévisageait avec intérêt.Toutefois, le lutin n’aurait pu dire ce à quoi pensait l’inconnue et soudain, il fut pris de crainte. Son discours lui paraissait impertinent quant à ses actes passés envers elle et il songea à s’excuser avant de ranger l’idée dans un coin obscur et poussiéreux de sa tête. Il se dressa alors sur la pointe de ses petites pieds comme pour atteindre la créature et dit :

« -En fait, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive. Nombreux sont mes compagnons de vols qui disparaissent ou meurent et si je ne soupçonnais pas la nature d’y mettre de l’entrain je pencherais volontiers pour une malédiction… Vous vous y connaissez vous, en malédictions? »

Le petit bonhomme avait laissé Balsa parler, cachant sa son visage rouge de honte derrière ses cheveux emmêlés. Raisonnable, il avait suivit la chimère loin de l’eau. Il mit du temps à répondre et commença par balbutier, puis il se reprit et se présenta avec plus d’assurance.

- Très bien, je me présente mais promettez moi de le faire à votre tour. Je suis Niel, lutin de la forêt de Yelli.

Il aurait pu s’arrêter là, mais il choisit de s’étendre plus longtemps sur le sujet.

- Longtemps j’ai vécu avec les fées mais je ne suis pas l’une d’elles. Elles sont perfides et si je n’avais décelé sous vos regards une pureté et une justesse d’esprit j’aurais pu croire que vous m’insultiez délibérément. Sans vouloir justifier mes actes passés -et bien que le mot « gentleman » n’ait pas de sens pour moi- laissez moi vous parlez des raisons de ceux-ci…

Il poursuivit sur un ton presque chantant, utilisant un registre lyrique et poétique. Balsa l’écoutait plus ou moins attentivement, pensant que tout cela était bien superflu. Mais elle se laissait porter par la voix du lutin qui couvrait celle de la nature alentour : les vagues, le vent, la forêt et ses animaux…
Niel marqua une pause, se recoiffant et dévisageant la chimère. Balsa aurait eu envie de répondre, mais elle craignait que ses propos se fassent méchants. Car si elle avait ouvert la bouche c’aurait été pour critiquer ouvertement la domestication de l’oiseau, doublée du fait qu’il s’était retrouvé blessé. Et puis elle avait aussi à dire sur le long monologue qu’avait prononcé le lutin. Pourquoi s’étendait-il de la sorte sur son histoire ? Cela ne justifiait rien, et ne le rendait pas plus attachant.
Mais contrairement à lui, Balsa savait garder le silence. Elle le laissa poursuivre jusqu’au bout. Quand il se mit sur la pointe des pieds, elle esquissa un léger mouvement en arrière par crainte que leurs peaus entrent en contact, même si une hauteur de pied de lutin ne changeait pas grand-chose.

- En fait, ce n’est pas la première fois que cela m’arrive. Nombreux sont mes compagnons de vols qui disparaissent ou meurent et si je ne soupçonnais pas la nature d’y mettre de l’entrain je pencherais volontiers pour une malédiction… Vous vous y connaissez vous, en malédictions ?

Choc. Pourquoi cette question ? La chimère eu une expression étrange, mêlant méfiance et stupéfaction. Elle se redressa de toute sa hauteur, tourna sept fois sa langue dans sa bouche et lacha finalement.

- Non. Non pas du tout, en quoi devrais-je m’y connaître ?

Cela sentait le mensonge de loin. Et pourtant, si son ton avait été peu affirmé, elle n’avait dis que la vérité. Car certes, elle se croyait maudite, mais elle ne savait strictement rien sur les malédictions. D’ailleurs si l’inverse eut été vrai, elle aurait su qu’elle n’était en rien maudite, juste sous le coup d’une magie qu’elle ne maîtrisait pas.

- Ah, et j’oubliais. Mon nom est Balsa. Quant à mon espèce, disons que je suis une chimère.

Et je ne vais certainement t’expliquer en quoi ça consiste, ni te raconter comment je suis arrivée là… désolée…

- Bien. Et alors, cet oiseau, vous voulez le retrouver ou on reste là à bavarder ?

Elle fit un tour d’horizon du regard, mimant une recherche qui avait peu de chance de donner des résultats. Même son odorat n’était pas assez fin pour retrouver une odeur d’oiseau dans la jungle épaisse. Pourtant elle savait quoi chercher, le lutin sentait les plumes d’assez loin, même trempé par l’eau de mer.

- Mais si vous voulez bien m’excuser un instant, je meurt de faim et vous avez interrompu mon repas alors…

Elle bondit vers la petite mare saline où un second poisson flottait ventre à l’air. D’un geste rapide, elle le tira de l’eau en réprimant un sourire douloureux. Puis elle revint tout aussi bondissante vers le lutin et s’arrêta à une distance suffisante. Puis elle prit un ton faussement sur la défensive.

- Vous n’allez pas me le prendre celui-là n’est-ce pas ?

Elle aurait pu sourire, mais elle avait oublié comment faire. Alors elle mordit dans la chair crue du poisson, mâcha et avala.

- On devrait commencer à chercher depuis le point où vous et l’oiseau vous êtes séparés. Qui sait, peut-être pourrais-je retrouver sa piste…

« Malédictions »
Ce mot n’avait pas de sens pour Niel, plutôt l’évocation d’un mal caché et insoupçonnable et soudain, le lutin se rendit compte de l’absurdité de sa question. Énoncer un non-sens valait bien le fait de donner une leçon d’optimisme au soleil. La comparaison lui arracha un demi-sourire et lui fit relever la tête vers l’inconnue. Celle-ci arborait une expression des plus curieuses, ses pupilles devinrent fentes méfiantes puis s’ouvrirent, mélange incongru de surprise et de défiance, et la créature se releva.

« - Non. Non pas du tout, en quoi devrais-je m’y connaître ? »

Le lutin précipita sa main contre sa bouche, secouée de tremblements, pour ne pas éclater de rire. L’exercice était difficile et il laissa échapper quelques cris suraigus tendit que des larmes nacrés perlaient aux coins de ses paupières. A qui voulait elle faire croire cela ? A un lutin ? Nouveau petit cri hilare. Sa race était déjà considérée comme perfide et calomnieuse qu’elle n’était même pas née, et il n’en était pas un de ses moindres représentants. Toutefois, la question lui paraissait à présent dénuée d’intérêt et il ne chercha pas à en savoir plus que le plat pré-réchauffé et moisi que venait de lui servir l’inconnue.

«- Ah, et j’oubliais. Mon nom est Balsa. Quant à mon espèce, disons que je suis une chimère. »

Sec, sobre, succin … Le lutin mourrait d’en savoir plus mais le regard dur de Balsa le ravisa. D’ailleurs « Balsa », un bien étrange nom, de quelles origines ? Et qu’est ce qu’était une chimère exactement ? Et de quelles contrées venait-elle ? Et ? Et ? Non… Niel sentit qu’il risquait un coup de pied électrique aux fesses s’il formulait ses interrogations et il choisit de se mordre la lèvre.

« - Bien. Et alors, cet oiseau, vous voulez le retrouver ou on reste là à bavarder ? Mais si vous voulez bien m’excuser un instant, je meurt de faim et vous avez interrompu mon repas alors… » continua la chimère

Niel observa Balsa qui bondit vivement vers un petit point d’eau où un second poisson barbotait gaiement en se dorant le ventre au soleil. La chimère s’accroupit et d’un geste précis le tira hors de l’eau. La main du destin fit alors passer l'expression incrédule du visage chimérique à celui du lutin.

«- Vous n’allez pas me le prendre celui-là n’est-ce pas ? » dit-elle, moqueuse, en revenant "On devrait commencer à chercher depuis le point où vous et l’oiseau vous êtes séparés. Qui sait, peut-être pourrais-je retrouver sa piste…»

Niel ne répondit pas. Tétanisé, il fixait la chimère qui croquait à présent sa proie, déchirant la chair blanchâtre et visqueuse du poisson à pleines dents. Ses pupilles se rétractèrent, son souffle se fit sifflement.

« -Meurtrière … Criminelle … Sadique … » marmonna-t-il, puis d'une voix rendue claire par la haine il ajouta : «Sombre pourriture infâme tueuse de frères … Comment oses tu t’attaquer à des êtres vivants ? Monstre !»

Le lutin ne tenait plus en place, il aurait voulu rouer la chimère de coups mais la crainte électrique l’obligeait à maîtriser ses pulsions sanguinaires. Le chaos pulsait entre ses muscles, tiraillant ses tendons, faisait bouillir son sang.
Compagnon.
Tuer un compagnon

"POURQUOI DÉVORES TU TES COMPAGNONS, MONSTRE ?
CETTE PROPOSITION DE RETROUVER MANÏEL N'ÉTAIT DONC QUE TROMPERIE POUR FINIR TON DINER, LE MANGER EN DESSERT ?
MONSTRE MONSTRE MONSTRE MONSTRE !!!"

Niel fit volte-face, vers le cœur de la forêt.

"J'IRAI SEUL !"

Il jeta à Blasa une poignée de feuilles mortes qui retombèrent mollement à quelques mètres de leur cible.
Puis le lutin s'éloigna en courant, trébucha sur une racine et s'étala sur l'humus encore frais. Malheureusement la végétation en décomposition dissimulait un trou, piège primitif des habitants de la plage, et le lutin se vautra dedans.

"Mais aïeuuuuuh ! ….. Au secours… QUELQU'UN !!!"

Niel avait tenté d’étouffer un rire moqueur quand Balsa avait répondu à sa question sur les malédictions. Elle avait relevé mais n’avait pas réagit. Après tout, elle l’avait quelque peu mérité, même si elle n’avait pas menti, seulement passé sur une partie d’elle.
Mais le visage du lutin changea du tout au tout lorsque la chimère entama sa délicieuse prise. Elle fronça les sourcils, marquant son étonnement. Elle comprit rapidement ce qui dérangeait le petit être :

- Meurtrière … Criminelle … Sadique … Sombre pourriture infâme tueuse de frères … Comment oses tu t’attaquer à des êtres vivants ? Monstre !

Euh… il le pense sérieusement ou c’est de l’humour lutin ?...

- POURQUOI DÉVORES TU TES COMPAGNONS, MONSTRE ?
CETTE PROPOSITION DE RETROUVER MANÏEL N'ÉTAIT DONC QUE TROMPERIE POUR FINIR TON DINER, LE MANGER EN DESSERT ?
MONSTRE MONSTRE MONSTRE MONSTRE !!!

Là, c’était amplement plus clair, il ne plaisantait pas. Il était bien lunatique pour passer du calme poétique à la colère furieuse. Une fois sa haine crachée, il s’en alla tout sec, jetant au passage une poignée de feuille, acte dont Balsa ignorait le but et le sens. Il disparut en courant dans la forêt épaisse.
Et bien soit, pensa la chimère, qu’il se débrouille seul ! Elle n’escomptait en aucun cas le rattraper et comme par défis elle arracha au poisson un bon bout de sa chair. Haussant les épaules pour elle-même, elle allait retourner au bord de l’eau et savourer son repas face à l’étendue bleue. Mais un cri retentit à quelque distance dans la forêt :

- ... Au secours… QUELQU'UN !!!

Il appelle au secours ?... comme si j’allais l’aider après ça !... quelle stupidité !... de me blâmer pour me nourrir déjà, puis de tomber dans quelque piège… ah, vraiment !...

Mais quel était ce sentiment qui s’emparait d’elle ? de la culpabilité ? Elle n’appréciait vraiment pas le lutin et pourtant une voix au fond d’elle lui soufflait qu’il ne fût pas dans les règles de la bienséance que de laisser quelqu’un dans le pétrin. Elle soupira et engloutit le reste du poisson, laissant seulement la tête et l’arrête centrale qu’elle jeta à l’eau. Puis, presque à contrecœur, elle s’engouffra d’un pas lent dans la forêt.

Ouais… si je veux changer, faut pas que je le laisse comme ça… mais il m’en devra une belle !... et je vais en profiter pour lui faire comprendre !...

Il lui fut facile de suivre la piste du lutin, bien que ses empreintes soient si petites. Elle avait situé l’origine du cri à quelque mètres seulement et elle ne s’était pas trompée. Elle arriva au niveau d’un trou dans le sol, ridiculement peu profond, mais suffisamment pour empêcher Niel d’en sortir. Elle se plaça au-dessus et afficha un sourire narquois. Elle resta debout, marquant ainsi ce qu’elle supposait être sa grande supériorité sur lui.

- Alors ? qui fait moins le malin maintenant ?

C’est alors qu’elle sortit sa colère et profita de l’immobilité du lutin pour lui faire entendre ce qu’elle s’était retenue de dire jusque là.

- Vous êtes bien présomptueux pour me traiter de monstre sans me connaître. Je n’irais pas jusqu’à dire que vous ayez tort, mais vos raisons sont stupides !

La chimère pris une grande inspiration et entama un discours bien long au vu de ses habitudes.

- Les animaux mangent les animaux, le lion mage la gazelle, le loup mange la biche, c’est le cycle de la vie. Et il faudrait être fou pour refuser telle logique. C’est ainsi. De plus, pour qui vous prenez-vous pour me juger ? Je tue et mange pour survivre, mais vous, vous maintenez un oiseau, symbole même de la liberté captif. Et vous avez le culot de l’appeler « votre » oiseau. Je pense que c’est bien moins respectueux des créatures vivantes que de se nourrir d’elles.

Balsa souffla un moment, soulagée d’avoir libéré ses sentiments. Puis elle s’accroupi au-dessus du trou et pris un ton plus calme, mais tout aussi assuré.

- Alors premièrement, je vous conseille de vous excusez pour vos propos insultants et non fondés. Ensuite, je vous aiderais à sortir d’ici si vous me renseignez sur quelque chose. Je voudrais savoir où se trouvent les villes les plus proches. Alors, qu’en dites-vous ?

Plif, plif, plif faisait les pieds du lutin, pétris de la boue du trou dans lequel il se tenait, brandissant son petit poing vers le ciel d’un air rageur. Un trou, il était tombé dans un trou. Même le plus décérébré des mollusques de Yelli aurait pu faire attention, et le lutin ne manquait pas d’intellect. Donc la faute revenait assurément à un élément extérieur, et le seul de ce genre dans le coin c’était la fille. La meurtrière. Le Monstre.

«- Alors ? Qui fait moins le malin maintenant ? »

*Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa* Provocation. Provocation. Provocation. Il aurait voulu lui arracher les yeux et les lui faire avaler, mais coincé dans son trou, le lutin ne put que se manger les cheveux de frustration.

« - Vous êtes bien présomptueux pour me traiter de monstre sans me connaître. Je n’irais pas jusqu’à dire que vous ayez tort, mais vos raisons sont stupides ! »

*Miom miom miom* le lutin faillit s’étouffer et recracha sa chevelure en longues filasses baveuses. Crachotant, il laissa une partie du discours de Balsa partir au vent avant de parvenir à reprendre haleine.

« - …vous, vous maintenez un oiseau, symbole même de la liberté captif. Et vous avez le culot de l’appeler « votre » oiseau. Je pense que c’est bien moins respectueux des créatures vivantes que de se nourrir d’elles. »

Nyeh ? Nan mais de quoi elle se mêlait cet espèce de demi-matou ? Elle ne connaissait rien aux liens que l’on pouvait créer avec un autre être puisqu’elle les dévorait à pleines dents sans attendre. Il releva la tête et croisa le regard calme de la chimère.

« - Alors premièrement, je vous conseille de vous excusez pour vos propos insultants et non fondés. Ensuite, je vous aiderais à sortir d’ici si vous me renseignez sur quelque chose. Je voudrais savoir où se trouvent les villes les plus proches. Alors, qu’en dites-vous ? »

Les lutins sont de grands caractériels. En fait ont pourrait les comparer à une petite bombe qui se remplit peu à peu et lorsque la coupe est trop pleine de poison, elle explose.

KABOUUUUUM !!!!!!!

« - NAN MAIS TU TE PRENDS POUR QUI ? J’AI L’AIR D’UN BOURREAU D’OISEAUX MOI ? EST CE QUE JE M’EN PRENDS AUX ÊTRES VIVANTS MOI ? C’EST PAS COMME SI J’ALLAIS LES CHERCHER DANS LEUR NIDS OKEY ! JE M’OCCUPE D’OISEAUX ABANDONNÉS OKEY ? A-BAN-DON-NÉS ! »

Ouarf, ça défoulait vachement… Niel passa une main sur ses cheveux pour les aplatir et il reprit :

« - Donc si tu crois que je vais m’excuser tu peux faire ce à quoi je pense ! Enfin, je veux bien admettre, que à la limite, mes propos ont été un peu déplacés, c’est pas comme si j’affectionnais la poiscaille et tu fais ce que tu veux avec tes amis, tant que ce ne sont pas les miens aussi.
Alors premièrement tu me sort de ce trou dans lequel je suis par TA faute et deuxièmement je t’indique par où et comment te barrer.
…
…
…
Quoi, tu veux pas que je te chante « Oh, you touch my tralala, hum my dingdingdong » non plus ?"

- NAN MAIS TU TE PRENDS POUR QUI ? J’AI L’AIR D’UN BOURREAU D’OISEAUX MOI ? EST CE QUE JE M’EN PRENDS AUX ÊTRES VIVANTS MOI ? C’EST PAS COMME SI J’ALLAIS LES CHERCHER DANS LEUR NIDS OKEY ! JE M’OCCUPE D’OISEAUX ABANDONNÉS OKEY ? A-BAN-DON-NÉS !

Tu dois bien le savoir qu’ils sont abandonnés…

Balsa connaissait la nature pour y avoir grandit. Elle connaissait ses créatures, ses pièges et son mode de fonctionnement. Qu’est-ce que cela voulait dire d’abord « abandonnés » ? Abandonnés par d’autres personnes, lutin ou autre ? Ou bien que la mère avait quitté le nid ? Car cela arrive parfois. Quand elle ne parvient pas à nourrir les oisillons. Des fois aussi, elle exclue les plus faibles et les fait tomber du nid. Mais c’est plutôt une bonne chose, c’est de la sélection naturelle… Alors les petits « abandonnés » font le délice des renards, des martes, des rats… Qui font surement cela pour nourrir leurs propres petits.
Mais ce lutin, comme les dresseurs de fauve qu’elle avait un jour rencontrés, s’appropriait l’existence d’un autre être vivant uniquement pour le soumettre à leur volonté. Ils arrachaient à la nature une partie d’elle. Et surtout, avec le dressage vient la captivité. Enfermer ces créatures pour le restant de leurs jours. Peut-être parce qu’elle était proche d’eux la chimère s’identifiait à eux. Les voir captif lui rappelait son enfance enfermée dans les labos des scientifiques.
Le lutin continua avec une voix moins démesurée pour sa petite taille. Mais son arrogance allait croissante.

- Donc si tu crois que je vais m’excuser tu peux faire ce à quoi je pense ! Enfin, je veux bien admettre, que à la limite, mes propos ont été un peu déplacés, c’est pas comme si j’affectionnais la poiscaille et tu fais ce que tu veux avec tes amis, tant que ce ne sont pas les miens aussi. Alors premièrement tu me sort de ce trou dans lequel je suis par TA faute et deuxièmement je t’indique par où et comment te barrer.

La chimère, accroupie tranquillement au-dessus du trou, remuait doucement la queue. Elle laissa échapper un rire méprisant.

- Tu es donc complètement stupide !... Tu n’as pas l’air de bien comprendre la situation. Premièrement je pourrais te tuer sur le champ.

Elle laissa planer le suspense en affichant un sourire mauvais.

- Ensuite, je n’ai pas vraiment besoin de ton aide. Je sais qu’en marchant je trouverais une route, qui me mènera à une ville.

Ou je croiserais quelqu’un d’un peu plus censé…

- Et puis, léger détail, tu es coincé là par ta stupidité. Non par moi.

Il devait se sentir bien faible, tout seul, au fond d’un piège. A quelque mètre sous terre, il ne devait voir d’autre que les parois de terre, le bleu du ciel et le visage mauvais, souligné par des marques noires, de Balsa.

- Pauvre pauvre chose… Mais tu as de la chance, je suis dans un bon jour. Pas au point de te faire sortir avant que tu ne me montre un peu plus de respect. Mais suffisamment pour que je retienne mon envie de manger chaque animal que j’attrape devant tes yeux jusqu’à ce que tu craques… Alors, pour ta dernière chance : quelles sont les villes les plus proches, et par quelles créatures sont-elles gouvernées ?

Et un grand rire narquois éclata au-dessus du lutin qui n’en eu absolument rien à foutre tellement il était énervé.

« -Tu es donc complètement stupide !... Tu n’as pas l’air de bien comprendre la situation. Premièrement je pourrais te tuer sur le champ. »

Et gnagnagna . Comme s’il n’avait pas déjà conscience de la dangerosité de la chimère. Il s’était fait électrocuté deux fois tout de même. Enfin, le calme qu’affichait Balsa bouta la réplique -pas si cinglante que ça- hors de la bouche du lutin. Et puis ce sourire … ce sourire… un concentré de perfidie explosive. Bref, la chimère ne mentait pas.

« -Ensuite, je n’ai pas vraiment besoin de ton aide. Je sais qu’en marchant je trouverais une route, qui me mènera à une ville.

-Ben qu’est ce qui te retient ici alors ? » dit Niel dans un murmure, pour que Balsa ne l’entende pas.

Et la chimère renchérit :
« - Et puis, léger détail, tu es coincé là par ta stupidité. Non par moi. Pauvre pauvre chose… Mais tu as de la chance, je suis dans un bon jour. Pas au point de te faire sortir avant que tu ne me montre un peu plus de respect. Mais suffisamment pour que je retienne mon envie de manger chaque animal que j’attrape devant tes yeux jusqu’à ce que tu craques… Alors, pour ta dernière chance : quelles sont les villes les plus proches, et par quelles créatures sont-elles gouvernées ? »

*GLOUPS*

Elle était sérieuse. Elle était super sérieuse. Elle était prête à dévorer de la plus petite mante religieuse de l’île au plus énorme loup pour le faire souffrir. Et elle appelait ça de la chance. DE LA CHANCE ! Dire qu’il l’avait pris pour une humaine. Le sourire carnassier qu’elle affichait ne laissait aucun doute sur sa véritable nature. Une bête. Une bête carnivore. Ou en tout cas, c’est ainsi que Niel le ressentait, coincé au fond de son trou boueux.
Mais il fallait tout de même qu’il éclaircisse quelques points. Il savait qu’il passait en ce moment même pour une pourriture aux yeux de Balsa, et ça son amour-propre ne le supportait pas.

« - Alors comment dire… D’abord on se calme hein... Ne soyez pas agressive et je me calmerai aussi. Donc voilà JE NE GARDE PAS LES OISEAUX EN CAPTIVITÉ *hum hum* Cette notion vous échappe sûrement mais ils sont mes AMIS. Ni des esclaves ni des martyrs. Des amis. Effectivement, je ne leur demande pas leurs avis quand je les recueille, vous demandez l’avis d’un poisson quand vous le dévorez ? Non, mais je les élève comme des frères … et au final, ils me prêtent leur services aériens. C’est tout de même plus faire plaît que de se lier pour les trahir en les mangeant. J’ai tort ?»

*OUF* Même si Balsa ne comprenait rien, le lutin sentit un poids s’élever des ses épaules. Jamais encore on ne lui avait demandé de justifier ses actes. Il croisa alors son regard . Visiblement, il se devait de continuer et ils se lança dans un exposé géo-politique des environs :

« Il n’y a pas de ville dans le coin mais de nombreux elfes habitent sur les côtes,, vous pouvez toujours allez voir vers la crique de Sépaka. Sinon, Ros Lilen est le siège d’une tour elfique. Mais les habitants sont très hostiles aux étrangers. Enfin vu comme vous êtes subtile, vous n’aurez pas trop de difficultés à leur péter la gueule s’il sont désagréable."

Raaa, et voilà il l'avait aidé et la sensation de défaite lui laissait une boule amère dans la gorge. Enfin, quand on a pas d'autre solution... Il valait mieux s'incliner que de rester à vie dans le trou, ou encore de prendre le risque qu'elle blesse un animal par sa faute. Il soupira bruyamment et tendit les bras pour que Balsa les attrape.

"-Bon … j’ai rempli ma part du marché, vous me sortez de là ?»

Alors que Balsa monologuait avec fierté et mépris pour le petit être trop irrespectueux à son gout, il semblait marmonnait. Pas assez fort pour que la chimère entende et il en était probablement mieux ainsi. Quand il reprit une voix plus claire et distincte, il choisit de la vouvoyer et se justifia de ses actes avec plus d’humilité qu’avant. Il avait peur ? Alors la chimère avait fait son effet, ce qui imprima un sourire satisfait sur son visage. Il se mit ensuite à table et lui expliqua ce qu’il savait :

Il n’y a pas de ville dans le coin mais de nombreux elfes habitent sur les côtes,, vous pouvez toujours allez voir vers la crique de Sépaka. Sinon, Ros Lilen est le siège d’une tour elfique. Mais les habitants sont très hostiles aux étrangers. Enfin vu comme vous êtes subtile, vous n’aurez pas trop de difficultés à leur péter la gueule s’il sont désagréable.

Très juste, pensa la chimère en se redressant de toute sa hauteur au-dessus du trou.

Bon … j’ai rempli ma part du marché, vous me sortez de là ?

Elle hocha doucement la tête… et s’en alla. Alors qu’elle faisait demi-tour et se mettait en marche, sa longue queue balaya le ciel au-dessus du piège où était enterré le lutin. Elle se dirigea vers les arbres les plus proches et se mit en quête de quelque chose. Avançant entre les feuillus, elle cherchait une branche à la fois suffisamment grande, solide, et pas trop lisse pour devenir un échelle pour Niel.

Une ombre se glissa en hauteur, sur sa gauche. Elle tourna la tête et ses yeux tombèrent sur un coati, figé par la surprise de rencontrer si étrange créature. Il était petit, bien que plus gros que le lutin. Il marchait sur ses quatre pattes courtes, pourvues de griffes. Sa fourrure était marron clair et sa queue rayées de noir. Ses petites oreilles pivotaient sur elles-mêmes à la recherche de la moindre information auditive. Son museau allongé et mobile reniflait l’air ambiant. Et dans sa gueule, il tenait le cadavre d’un oiseau sombre inanimé.

C’est ton jour de chance hein ?... t’aurais pas pu l’attraper au vol de toute façon…

Cette pure représentation de ce qui était l’ordre des choses fit sourire Balsa. Puis soudain, l’animal, mut par un instinct protecteur, disparut sous le feuillage de l’arbre où il avait grimpé.La chimère reprit ses recherches et finit par trouver la branche parfaite. Elle la cassa sur l’arbre qui la portait et s’en revint vers le lutin. Elle se pencha au-dessus du trou et lui montra sa trouvaille en soupirant.

- Je crois que ceci devrait convenir pour te sortir de là…

Elle fit mine d’installer l’échelle de fortune, mais arrêta son geste bien avant qu’elle ne soit en place.

- Oh mais un instant ! Tu ne m’as pas dit dans quelle direction aller à vrai dire. Je vise la crique de Sépaka, donc je dois longer la côté n’est-ce pas ? Seulement, je n’aimerais pas perdre de temps en choisissant la mauvaise direction alors, vers le Nord ou vers le Sud ?

Elle sourit à nouveau, comme amusée de sa position de force. Cette situation faisait remonter en elle sa nature mauvaise avec laquelle elle avait évolué parmi les humains de Lan Rei. A croire que même avec toute la volonté du monde, elle ne pourrait s’en défaire. Elle poussa le vice jusqu’à lâcher cette phrase :

- Quel dommage que ton « ami » ne vienne pas à ta rescousse… Tu es obligé de faire avec moi et mes conditions. Encore une fois : pauvre de toi…

Aaah, enfin l’espoir renaissait sous la petite tête de Niel. Selon « le code universel des lutins civilisés » et si l’on prenait en compte les péripéties endurées par Niel, plus l’énergie utilisée par les insultes alors la chimère avait le devoir de sortir Niel de son trou. Le lutin lui lança un regard mouillé d’espérance mais là ... là ... là. Et bien la chimère fit demi-tour avec un signe de tête, tout simplement. Et c’est cette simplicité qui était là plus frustrante pour le petit être. Voici comment s’exprimait ce sentiment sous sa caboche fournie :

* RAAAAAAAAAAA, mais ... mais ... mais qu’est ce qu’elle fait là ? C’EST QUOI CETTE PUTAIN DE CONNERIE ? ELLE SE BARRE OU ? Bouhouhouhouh, reviens ... me laisse pas tout seul Balsaaa ... snirf snirf *

« - Je crois que ceci devrait convenir pour te sortir de là… »

Balsa ! Elle était revenue, elle l’avait pas abandonné finalement. Faudra lui prêter « Le code universel des lutins civilisés » pour qu’elle s’entraîne à la bienséance parce que tout de même, c’était pas encore ça.
Bref, elle était maintenant accompagné d’une énooorme branche sèche qu’elle s’apprêtait à lui faire parvenir avant qu’un soudain revirement ne la stoppe.

« - Oh mais un instant ! Tu ne m’as pas dit dans quelle direction aller à vrai dire. Je vise la crique de Sépaka, donc je dois longer la côte n’est-ce pas ? Seulement, je n’aimerais pas perdre de temps en choisissant la mauvaise direction alors, vers le Nord ou vers le Sud ? »

*Ouest nom de dieu de bordel de merde !* faillit être sa réponse mais il se retint.

« - Quel dommage que ton « ami » ne vienne pas à ta rescousse… Tu es obligé de faire avec moi et mes conditions. Encore une fois : pauvre de toi… "

-Mais ça suffit maintenant. J’en aie marre ! J’essaye d’être sympa et tout le tralala et toi genre tu t’emportes. Tu le sais aussi bien que moi que la vie de Manïel est perdue, c’est ainsi que la nature marche et je la connais mieux que personne. Ton air supérieur est ridicule quand tu t’adresses à un être sylvestre et tu risques d’avoir des surprises avec les elfes quand tu y seras. Enfin, dans l’optique ou tu me sortes de là et que tu me fiches la paix je vais te le dire : tu dois aller A GAUCHE !!!! En gros, au Nord. »

Rhé rhé rhé, et voilà comme ça elle se trompe de direction et elle doit faire tout le tour de l’île, je suis diabolique.

« -Et une fois là-bas, vous dites bonjour, vous vous préparez à recevoir des flèches parce que les elfes détestent les félins donc vous faites demi-tour et vous allez au port voler un bateau pour partir loin d’ici. Taliiiin ! »

Il s’inclina et fit un sourire à Balsa. Sachant que s’il s’arrêtait là, l’histoire deviendrait sans fin avec une Balsa indifférente et un lutin rageur, Niel choisit de bondir en direction de la branche, il y agrippa ses mains qui glissèrent et envoya alors son corps dans un arc parfait qui lui donna l’impulsion nécessaire pour planter ses ongles dans la terre meuble et boueuse du bord du trou.

« -Rha ... rha ... rha ...pfiuuuu, j’pensais pas que c’était si haut » dit Niel haletant en s’accroupissant au pied de Balsa.

« Baaa ... finalement j’ai pas eu besoin de vous, mais ça partait d’une bonne intention hein ? Vous êtes gentille en fait ! »

Niel semblait en avoir assez de la chimère, ce qui était fort compréhensible. Il lui lâcha un discours qu’elle n’écouta que d’une oreille. A peine reçut-elle des échos de prétention : «… mieux que personne ». Elle eut alors l’air faussement surprise, mais garda le silence jusqu’à obtenir l’information qu’elle souhaitait. Il fallait donc aller au Nord.
C’était ce qu’il y avait de plus logique. En effet, le bateau à bord duquel Balsa avait embarqué se dirigeait vers Ghurol, à l’extrême sud de l’archipel. Si la tempête avait soufflé les corps et les fragments du navire jusqu’à Rosyel, ce ne pouvait être que vers sa pointe sud. Et si une civilisation elfe vivait en bord de mer, elle devrait la trouver en longeant la côte vers le Nord. Par contre l’indication « A GAUCHE », prononcée plus haut que le reste de la phrase éveillé en elle un brin de suspicion. D’autant que c’était une direction bien subjective : la gauche de qui ? de quoi ?

- Et une fois là-bas, vous dites bonjour, vous vous préparez à recevoir des flèches parce que les elfes détestent les félins donc vous faites demi-tour et vous allez au port voler un bateau pour partir loin d’ici. Taliiiin !

Il était amusant de voir avec quelle rapidité le lutin passait du « tu » au « vous », relevant son niveau de langage et de politesse. Cependant, il n’en finissait pas de faire le malin, tentant ironiquement d’inculquer les bonnes manières à la chimère. Une chose retint l’attention de Balsa : « les elfes détestent les félins ». Etait-ce vrai ? et alors pourquoi ? et qu’en était-il des hybrides de félins ?
Quand il eut terminé, elle baissa doucement la branche vers le fond du trou. Mais Niel n’attendit pas et bondit pour attraper tant bien que mal l’écorce et se jeta vers la surface. Balsa se redressa et fit un pas en arrière pour le laisser finir de se hisser, en prenant bien garde de rester à distance suffisante pour éviter tout contact électrisant. Cela semblait l’avoir épuisé et il eut bien du mal à s’exprimer de nouveau :

- Rha ... rha ... rha ...pfiuuuu, j’pensais pas que c’était si haut… Baaa ... finalement j’ai pas eu besoin de vous, mais ça partait d’une bonne intention hein ? Vous êtes gentille en fait !
Tiens, tiens, tiens… voila qui était des plus curieux comme conclusion. Où était-il allé cherché telle idée ? Les sourcils de Balsa se froncèrent à ces derniers mots. Mais en y repensant, cela lui faisait presque plaisir. Après tout, c’était une de ses résolutions que de se construire une nouvelle identité, qui incluait la gentillesse. Elle avait pourtant fait preuve au cours des dernières minutes d’une grande cruauté, avait été plus qu’incorrecte avec le lutin et encore, il restait totalement ignorant du fond de sa pensée. Alors quoi, Niel était ironique ?

- Tais-toi donc, je ne suis pas si naïve.

Cela ne concernait pas que sa prétendue gentillesse, mais aussi la plupart des informations qu’il avait donné précédemment. Mais comme la chimère ne sortait cette remarque que maintenant, elle laissait planer le doute concernant sa crédulité quant aux propos du lutin. Elle l’observa un instant en silence, ce petit lutin hargneux couvert de boue, aux cheveux emmêlés, qui n’avait pas peur de dire ce qu’il pensait.
Un être courageux et inconscient. Un brin de folie dans ses propos une fois plein de courtoisie et la fois d’après trop familiers. Surement parce qu’il était trop impulsif : qui irait frapper une bête inconnue sur une simple supposition ? Quant à son rapport aux oiseaux… Balsa répugnait tout ce qui avait trait à la domestication d’espèces sauvages. Pourtant elle sentait chez Niel une profonde sincérité et un respect certain des animaux qu’il élevait.

- Et bien Niel, lutin de Rosyel, je crois que nos chemins se séparent ici.

Toutes ces phrases impersonnelles… La chimère esquivait le choix entre le tutoiement et le vouvoiement. Elle leva les yeux et chercha du regard l’astre solaire, dont la lumière filtrait à travers le vert des branches au-dessus d’eux. Il descendait doucement, imperceptiblement vers l’ouest. A quelque mètres, invisible à travers la végétation, l’océan renvoyait de son écume l’odeur du sel.

- Je n’ai plus rien à faire ici. Je sais où je dois aller maintenant.
Je ne dirais pas merci cependant… vois à quel point tu as eu tort de me dire « gentille ».

Elle baissa les yeux une dernière fois sur le lutin, eut un sourire amusé, puis se mit à courir vers le Nord, bondissant par-dessus les pièges de la jungle, glissant sous les branchages, rapide et silencieuse. La panthère quittait son territoire.

Spoiler:

« - Et bien Niel, lutin de Rosyel, je crois que nos chemins se séparent ici. Je n’ai plus rien à faire ici. Je sais où je dois aller maintenant. »

Un coup d’œil et sa bouche se fendit dans un dernier sourire. Et elle courut.
Sa félinité flottant dans le vent.
Une senteur musquée parvint au nez du lutin et un nuage de poussière saupoudra sa chevelure noisette.

Alors il se pencha, ramassa une châtaigne échouée et de toutes ses forces, la lança sur l’ombre fuyante de Balsa.

« -Balsaaaaaaaaaaaaaa ! Espèce de …»

Et le lutin, qui avait l’âme sentimentale permit à son orgueil de laisser couler une larme.

Demi-tour.

Chevelure rebelle.

Il courut aussi. Dans la direction parfaitement opposée à la chimère. Atteint la mer. Se pana de sable et d’humus de Yelli. Criant de joie, il grimpa précipitement dans un grand chêne et à sa cime, chanta à Balsa devenue fourmi :

« -Un oiseau
Un lutin
Dans l’arbre primaire
Chantèrent jusqu’au matin.
Une chanson joyeuse
Traitant de verres de vin.
Les deux êtres grivois
Repartirent, titubant
Rêvant de bonne augure
Et de gros verres luisant.

On dit qu’ils rencontrèrent
Des elfes gais, joueurs,
Qui leur tordirent le coup
Et les grillèrent au beurre.
…
…
…

Et surtout… Bonne Chaaaaaaaaaaance !!! »

Spoiler: