Kaplen était éreinté. Le voyage avait été épuisant. Il avait d'abord fallu tirer le bateau jusqu'à la cote pour effectuer les réparations de bases, remonter le beaupré et le grand mât avaient été les deux manoeuvres les plus difficiles. Mais ce n'était que du bricolage, et la nécessité du voyage l'avait forcé à repartir. Lorsqu'il voyait l'Opale dans ce état, Kaplen désespérait. Ce magnifique bâtiment qui avait fait la fierté de l'armée puis de son père n'était plus que l'ombre de lui même. Ses voiles pendaient et ne se gonflaient plus au vent, il était quasiment impossible de remonter en vent de face, et les manoeuvres au pré étaient devenues plus que délicates. La question de la nourriture avait tout d'abord été un véritable problème, puis il est apparu que le navire ennemi qu'il restait contenait suffisamment de vivres pour pouvoir subsister plusieurs mois. Ils avaient ainsi transvasé la nourriture d'un bateau à l'autre et enfin rempli les cales. De nombreux hommes avaient succombé à la gangrène et au manque de soin apparent, mais une bonne dizaine avaient survécu. Ce qui faisait peu, au regard de ce qu'il fallait faire et du travail que leur avait demandé le voyage, mais qui était plus que ce que Kaplen aurait espéré.

Lorsque le bateau avait été enfin près à repartir, ils avaient levé l'ancre et s'étaient dirigé droit vers Rosyel. Kaleya se remettait très mal de ses blessures, puis il y avait Pampelune... Lorsque Kaplen avait appris la nouvelle, il n'avait su quoi penser. Il allait devenir père! C'était au delà de tout ce qu'il n'aurait jamais pu imaginer. Chaque jour, il venait s'enquérir des nouvelles de Pampelune, et tentait de subvenir à ses besoins le mieux possible. Dans les premiers temps, elle les avait aidé, partageait les rondes avec Kaplen, qui ne dormait que trop peu, et soignait les marins encore blessés. Mais au fur et à mesure que les mois passaient et que les vivres disparaissaient, sa grossesse était devenu un handicap que Kaplen se devait de soutenir.
A partir de ce moment, le jeune homme n'avait quasiment plus dormis, tout entier à l'écoute de ses hommes, de son bateau, et de Pampelune, il avait donné beaucoup de lui même. Et ils avaient eu de la chance. Peut être était-ce la saison, ou étaient-ils protégés par un dieu quelconque... La chose était qu'ils n'avaient eu à faire qu'à très peu de tempêtes et que les vents avaient été globalement favorables.

Kaplen tira sur l'ancre qui s'était mal fiché dans le sol et essaya de la coincer le mieux possible. Il s'arrêta et regarda Pampelune en souriant. Son ventre arrondit ressemblait à un oeuf sur le point d'éclore. Depuis combien de temps étaient-ils en mer? Il avait fait le compte de leurs journées, les unes après les autres... S'il comptait les deux mois de réparation en plus du voyage, cela faisait tout juste huit mois. Huit mois que Pampelune lui avais annoncé la nouvelle. Et l'échéance se rapprochait à grande vitesse, il leur fallait un lieu sur pour la jeune femme et leur enfant. Voguer en pleine mer sur un bateau très abîmé n'était pas ce qu'il y avait de plus sur.
-ça va aller?
Lui demanda t-il. Son ventre grogna, mais il fit mine de ne rien avoir entendu. Cela faisait des mois qu'il vivait avec la faim au ventre et il s'y était lentement habitué. Passer ses propres besoins pour la jeune femme avait été quelque chose de naturel. Était-il surprotecteur? Il sourit.

Retrouver la terre ferme ne leur ferait pas de mal. Mais ne plus sentir le doux balancement de la coque sous leur pied allait leur faire bizarre. Soudain, le jeune homme aperçus une ombre dans un coin de sa vision. Lorsqu'il se tourna dans cette direction, il distingua une silhouette qui les observait de loin. Tendant le bras vers l'inconnu, il arrêta Kaleya et Aegir qui passaient devant lui. L'ancre fichée sous ses pieds, il ne pouvait rien faire.
-Nous avons un spectateur.
Ajouta t-il en riant. Le jeune homme tira une dernière fois sur l'immense ancre pour s'assurer qu'elle ne bougerait plus et se recula pour apprécier son travail. Il remercia les hommes qui l'avaient aidé et étira tous ses muscles les uns après les autres. Il faisait chaud ici, le printemps était revenu et il transpirait. Kaplen retira sa veste et sa chemise et se passa un peu d'eau sur la tête. Il resserra sa queue de cheval en attendant de voir si la silhouette allait venir vers eux ou resterait au loin à les observer. De là où elle était, il ne pouvait voir si c'était un humain et de quel sexe il était. Pampelune s'approcha derrière lui et enserra ses épaules. Cela faisait de bien de se poser, et le jeune homme était tellement fatigué qu'il se demandait s'il était possible de dormir tout un mois durant.

Spoiler:

Kaleya se sentait détachée de tout, encore une fois. Machinalement, elle détaillait la jeune elfe qui lui faisait face, avec une inquiétude effacée peu à peu par une sérénité admirable. Son regard, planté dans celui de la jeune neko, ne cillait pas mais ne comportait aucune violence. Un défi ? Même pas...

Elle était jeune, Kaleya le voyait bien, mais elle devait admettre que son courage et sa douceur déterminée l'impressionnait quelque peu. Ce n'était pas n'importe qui... ni une ennemie, ni une alliée, mais pas n'importe qui.

Cette impression se confirma lorsqu'elle prit la parole, maîtrisant les mots avec un art certain... et lui reprochant son manque flagrant de civilité, Kaleya s'en rendit une seconde après avoir apprécié la qualité indéniable de son discours. Et si la jeune elfe reprit aussitôt la parole, elle ne put empêcher la jeune femme d'esquisser un sourire moqueur mais dépourvu de son éclat tranchant habituel : l'inconnue était intrigante.

Comme elle l'espérait, elle se présenta tout de même, assurant ses intentions non-belliqueuses, et acheva sur une phrase qui voulait clairement dire qu'elle attendait des explications de la part de son interlocutrice, à savoir, Kaleya.

La jeune neko ne s'était pas départie de son sourire légèrement ironique, et la même moquerie perçait dans sa voix lorsqu'elle répondit, imitant le style élégant de son interlocutruce :

" J'aimerai vous dire que je suis enchantée de vous rencontrer, Niuna, mais je n'en sais pas assez pour l'être... et comme vous l'avez si bien dit, je suis trop impolie pour baisser ma garde face à une inconnue. J'en suis navrée... Il ne me semble cependant pas vous avoir demandé ce que vous faisiez là, mais c'est aimable à vous d'avoir tenu à m'en informer."

Avant que ces paroles quelques peu arrogantes n'aient le temps d'offenser encore davantage l'elfe, elle reprit :

" Je suis tout de même désolée de mon accueil quelque peu... froid. Nous avons trop souvent du faire face à des attaques pour nous permettre d'accueillir n'importe qui à bras ouverts, mais... peut-être s'avère-t-il que vous n'êtes pas n'importe qui... "

Son intonation laissait encore planer un doute sur le vrai sens de ce qu'elle disait : insulte dissimulée, ou compliment ? La jeune neko elle-même n'y songeait pas.

" Donc si cela ne vous dérange pas que je demeure impolie, vous savez on ne change pas sa propre éducation, eh bien peut-être accepterez vous que je vous présente à notre capitaine et que nous vous invitions à boire quelque chose... c'est à dire pas grand chose mais c'est toujours mieux que rien... "

Elle acheva sa tirade sur un sourire aimable mais teinté d'une ironie chaleureuse.

Un bref instant, la jeune neko se demanda à quel jeu elle jouait. Peut-être l'elfe n'avait-elle pas tort, elle manquait vraiment de civilité. Et elle s'en foutait... décidément, elle avait encore des choses à apprendre.

Spoiler:

Une succession d'émotions passa sur son visage, depuis l'amusement jusqu'à une douce indécision Finalement, elle déclara :

"J'accepte avec plaisir et honneur votre proposition. Toutefois je n'ai pas pour coutume de suivre des inconnus, et vous ne m'avez pas encore offert votre prénom ni l'espèce à laquelle vous appartenez. Je serais très honorée de les connaitre. "

Kaleya inclina légèrement la tête en signe d'assentiment. Elle ne répugnait pas à dévoiler son identité, de une parce qu'il était plus qu'improbable que la jeune elfe ne la connaisse et de deux parce que même si c'était le cas, eh bien... cela ne changeait rien.

" Je suis Kaleya Lhil et... je suis une neko. "

Elle jeta un oeil légèrement interrogateur à l'intention de son interlocutrice. Savait-elle seulement ce qu'était un neko ? Après tout, d'après ce qu'elle avait dit, elle n'avait jamais quitté l'île et ses connaissances extérieures devaient en être sérieusement limitées. Un bref instant, elle effleura l'idée que l'elfe puisse leur servir de guide sur cette île qui était la sienne.

" Savez-vous ce qu'est un neko ? " s'enquit-elle, sans once de moquerie cette fois-ci, curieusement.

*

Kaleya reprit la parole.

"Imaginez un humain génétiquement modifié, auquel on aurait ajouté des gênes félins... Eh bien c'est exactement ça. Un neko est à l'origine un être "créé". Et il a souvent des attributs félins un peu plus visibles que les miens... comme des oreilles de chat par exemple. L'avantage, c'est que cela accorde une agilité surhumaine. Le désavantage, c'est qu'un certain nombre d'entre nous est recherché. "

Des transformations génétiques... J'avais le souffle coupé. Comment des personnes osaient-elles dénaturer le corps humain? S'approprier le droit de jouer avec la nature? Tout mon être se révulsa à cette idée.
Le première impression passée, je devais cependant avouer que les caractéristiques félines de la jeune femme avaient un certain charme. Et après tout, ses facultés particulières (son agilité notamment, et j'imaginai qu'il y en avait d'autres) n'étaient pas plus étranges que mon don pour communiquer avec les animaux, ou encore mes facilités pour me déplacer dans la forêt. Certes, ses Dons n'étaient pas... naturels, mais en soi ils n'avaient rien de choquants.

Amusée, Kaleya poursuivit:

" Et je fais partie de ces derniers. "


Recherchée, elle était recherchée... Je souris de bon cœur: nous avions un point en commun! Et sur ce sujet là, j'étais capable de la comprendre totalement. Je me mis à éprouver de la compassion pour cette jeune femme.

Sa voix se teinta légèrement d'amertume lorsqu'elle reprit la parole.

" Ce n'est pas une situation très enviable, mais on s'y habitue. Maintenant que je vous ai tout dit, vous êtes d'accord de me suivre... ? "


On s'y habitue... oui, il est vrai que nous n'avions pas vraiment le choix, ni elle ni moi. Quant au fait de la suivre... Elle m'avait donné des preuves largement suffisantes pour que je lui fasse relativement confiance. De plus, elle avait complètement dépassé son ton ironique... Cette jeune femme m'impressionnait énormément. Ce fut donc sans aucune appréhension que je lui répondit.

"Je vous remercie pour toutes ces informations dont je vous suit extrêmement grée. J'accepte avec grande joie de vous suivre"

Après tout, je n'allais pas rester indéfiniment seule. Il adviendrait ce qui devrait advenir!

Kaplen était resté à observer la confrontation depuis son point de vue. Sur ses gardes, il se tenait près à agir si les choses avaient dégénéré. Mais Kaleya et l'inconnu avaient discuté visiblement et s'avançaient désormais dans sa direction. Lorsqu'ils furent suffisamment près, le jeune homme put voir qu'il s'agissait en réalité d'une jeune femme, et plus précisément d'une elfe. Pas étonnant, ils étaient à Rosyel. Kaplen se souvenait de sa première rencontre avec un elfe... Ces êtres suffisants...
Il ravala ses préjugés et s'avança à la rencontre des deux jeunes femmes après avoir donné ses derniers ordres concernant le bateau. Pampelune était resté en retrait, Kaplen préférait la savoir en sécurité avec ses hommes; tant qu'il ne connaissait pas les motivations de cette inconnue.

La jeune femme était plutôt mignonne. Encore gamine, pensa t-il. Plus jeune que lui en tout cas. Ses longs cheveux blonds et raides tombaient sur ses épaules dans une cascade dorée. Il sourit. La jeune elfe avait beau être aussi fine que Kaleya, il avait devant lui les deux opposées. C'était amusant. Kaleya s'arrêta devant lui. La jeune elfe resta en retrait. Elle semblait curieuse. Plus envers l'Opale qu'envers lui même pensa t-il.
-Bonjour! Lança t-il en direction de l'elfe. Merci... Chuchota t-il à Kaleya.
L'elfe sembla sortir de sa transe et le dévisagea. C'était bien ce qu'il pensait. Elle regardait le bateau depuis le début. Voir son regard le sonder soudainement le mit mal à l'aise, mais il se rendit rapidement compte que ce regard était simplement emprunt de curiosité. L'elfe avait réellement l'air d'une enfant. Un petit animal blanc faisait des circonvolutions entre ses deux épaules. Son étonnante danse amusa Kaplen qui se mit à rire. Il était usé. Complètement crevé de tous ces mois de privation et de travail intense. Peut être était-il ainsi plus sensible, plus prompt à réagir, moins tourmenté, son esprit n'avait pas eu le temps de se poser, et il n'avait pas eu le temps de faire le point sur toute l'histoire.

Peut être était-ce du à cela, peut être que ce petit rongeur le faisait tout simplement rire. Le résultat était le même, il riait comme un enfant, face à l'animal d'un autre enfant. Autre enfant qui, à cet instant précis, semblait beaucoup plus vieux que lui.
-Excusez moi. Il s'avança afin de se retrouver face à son interlocutrice et tendit la main vers l'écureuil. Ce dernier se retira vivement à l'abri. La jeune elfe eut un geste de recul également. Mais Kaplen revint à la charge. Le rongeur réagissait un peu comme un poisson. Extrêmement rapide pour s'enfuir, il revenait par curiosité. Lorsque le jeune homme avança la main la deuxième fois, le rongeur toucha le bout de son doigt avec son petit nez et planta ses dents dedans. Kaplen dut lutter pour ne pas retirer son doigt et envoyer l'animal à l'autre bout de la plage mais fit une grimace éloquente. L'elfe le regardait avec un regard surpris et esquissait déjà un nouveau geste de recul. Ainsi près d'elle, le jeune homme se rendit compte qu'elle n'était en réalité pas très grande. Elle lui arrivait environ à l'épaule. Un peu plus grande que Pampelune, elle ne brillait cependant pas par sa taille.

L'écureuil relâcha sa proie et sauta sur sa main. Kaplen se mit à rire à nouveau. Il avait mal au doigt, mais l'animal le chatouillait. Il était amusant. Tout blanc, avec ses petits yeux et sa tête qui bougeait sans cesse. Lorsqu'il se rendit de nouveau sur l'épaule de la jeune elfe, le jeune homme reprit soudainement son sérieux. La fatigue lui tapait vraiment sur les nerfs.
-Vous avez surement un nom... Moi aussi. Je suis Kaplen, capitaine de l'Opale. Heureux de faire votre connaissance.

Kaleya m'escorta vers l'étrange objet de bois. Nous voyant arriver, le garçon que j'avais vu un peu plus tôt s'avança vers nous, mais je ne m'en préoccupait pas. L'objet m'intriguait au plus haut point. De près, il était immense, tout en bois. Je n'avais jamais vu ni osé imaginer un tel édifice. Quelle pouvait bien être son utilisation? Au vu de sa position, il semblait pouvoir flotter sur l'immense étendue d'eau, mais il me paraissait inconcevable de seulement imaginer que l'eau puisse supporter un tel objet. Kaleya ne disait rien, se contentant de m'observer, un léger sourire amusé aux lèvres. J'étais tellement intriguée par l'édifice boisé que je ne me rendis compte que l'inconnu était arrivé près de nous qu'à l'instant où il prit la parole.


-Bonjour! Lança t-il en ma direction. Merci... Chuchota t-il à Kaleya.

Sursautant, je dévisageait l'inconnu avec attention. De taille moyenne, il avait le visage fin et un corps très athlétique. Les yeux légèrement bridés, il avait une longue cicatrice horizontale sur le nez et trois tatouages verticaux en dessous de l'œil. Tout son être dégageait l'intelligence, la gentillesse et le calme. Il semblait extrêmement posé. Il avait l'air assez jeune, mais plus âgé que moi tout de même. Comme Kaleya, ses vêtements avaient connus de meilleurs jours et son visage était fatigué.
Son bonjour était de bonne augure. Nettement plus encourageant que les premiers mots de Kaleya en tout cas!! Je ne compris pas le merci qu'il lui adressa. Merci de quoi? D'avoir été me chercher? Avais-je été manipulée?
Leiko se mit à tourner autour de mon cou, sa queue extrêmement douce me caressant le visage à chaque passage. Il semblait assez excité, mais pas inquiet. Étrange! Le garçon l'observa avec attention puis éclata de rire. De ce fait, tout son être se détendit et il parut jeune, très jeune pendant quelques instants. Ce la devait faire une éternité qu'il ne s'était pas lâché à ce point, et cela le transfigurait.

"Excusez moi", fit-il en s'avançant vers moi.

Il eu ensuite une réaction qui me désarçonna complètement: il tendit la main vers moi. Stupéfaite et apeurée, je fis un bon en arrière pendant que Leiko se cachait sous mes cheveux. On ne m'avait que très peu touchée pendant mon enfance et les contacts entre personnes m'étaient quasiment inconnus. A vrai dire, je n'en avait eu que pendant mes brefs séjours chez mes parents et encore, ils avaient été très rares.
Toutefois, l'inconnu ne se démonta pas. Il tendit à nouveau sa main, mais en direction de Leiko. Tentant de contrôler mon irrépressible envie de fuir, je me contractai et serrai les dents, me servant de toute ma volonté pour rester immobile. De toute manière, si je tentais de m'enfuir, je n'étais pas sûre de pouvoir semer Kaleya. Prenant mon mal en patience mais extrêmement attentive au plus infime des gestes du garçon, je me mis en trembler doucement.
Leiko quant à lui laissa sa curiosité naturelle prendre le dessus. Il tendit son petit nez vers la main de l'inconnu mais, sentant ma tension, planta ses dents dans son doigt, dans un élan de protection.

Pétrifiée, je redoutai la réaction du garçon. Si il faisait du mal à Leiko, je ne pourrais jamais le supporter. Et je n'avais pas la moindre chance contre lui et Kaleya en cas de problème. Il fit une grimace éloquente en sentant sa chaire se déchirer sous les petites dents de l'écureuil. Il me dépassait d'une tête et je n'osai même plus lever les yeux vers lui, toute mon attention fixée sur mon ami. Tout mon être me criait de fuir mais je ne pouvais l'abandonner... Cette seule idée était impensable. Jamais personne n'avait touché l'écureuil à part moi et la peur de le perde était insupportable. Comment pourrais-je vivre sans lui, alors qu'il avait accompagné tous mes pas depuis mon enfance, mon seul confident, mon seul ami...
Heureusement, Leiko lâcha rapidement le doigt et regagna mes épaules, nichant sa tête au creux de mon cou. Sa présence me rassura et la pression et mon angoisse retombèrent. Mes tremblements s'intensifièrent. Trop d'émotions. Comme dans un brouillard, j'entendis le garçon prendre la parole:

Vous avez surement un nom... Moi aussi. Je suis Kaplen, capitaine de l'Opale. Heureux de faire votre connaissance.

Incapables de supporter mon poids plus longtemps, mes jambes cédèrent et je m'affaissai doucement.

Que de l'eau à perte de vue, j'étais entouré par l'eau et je commençais à en avoir assé ! Pourquoi avais-je pris la mer ? Et cela faisait combien de temps, un mois ? Deux mois ? Plus ?
J'en avais aucune idée, j'avais cessé de compter à partir du quatrièmes jours sans nourriture ! Et tiens, parlons de l'embarcation, une ruine plutôt ! Un truc que j'avais fabriqué à la va vite, quatre planches et un mat, avec un ptit coin pour entreposer des vivres...

Enfin bref, j'étais maintenant allonger, nu comme un vers, dans mon épave, la peau complètement brulé à cause du soleil qui me tapait dessus continuellement depuis des jours. J'étais affamé, j'avais perdu mes vivres, ainsi que mes rames et mon gouvernail ce qui m'obligeai à dériver et m'empêchai de rejoindre une terre quelconque, lors d'une tempête, belle tempête d'ailleurs, je ne l'avais pas vue venir.

Mon ventre grogna.

- Oui c'est bon, j'ai compris, je te promet qu'on va bientôt trouver une ile !

J'éclatais de rire, voila que je me m'étais à parler à mon estomac, mon rire me fit éternuer violemment et douloureusement a cause de ma gorge trop sèche. Je me redressais légèrement, je contemplais mon reflet dans l'eau de l'océan, une épaisse barbe m'était poussé, ainsi que mes cheveux maintenant trop long. Je redressais légèrement la tête, et cru voir une illusion, sinon un miracle ! Devant moi, enfin loin quand même, se trouvais une ile, de la terre ! Je poussais un cri de joie...

...qui mourut dans ma gorge, comment la rejoindre alors que je n'avais aucun moyen pour orienter le navire !

"Saute dans l'eau et nage"

Nagé ? Je devais être fou car sans réfléchir je sautais à l'eau, obéissant à la voie, et me mis à nager comme un cinglé. Au début, je cru que je n'atteindrais jamais la terre ferme, mais petit à petit elle se rapprochait, après une demi-heure de nage j'aperçus un navire échouer sur la plage, sans réfléchir je m'orientais vers lui, un peu d'aide et de nourriture serait bien venu.

Ma peau à vif me brulais, le sel de l'océan pénétrait les brulures de mon corps mais enfin je touchais la surface, j'étais épuisé, j'avançai en titubant, avant de m'écrouler, je me retournais sur le dos lorsque une personne hurla, au dessus de moi se dressait une personne que je n'aurais jamais cru revoir. Je souris et murmurais d'une voie à peine audible, à moitié inconscient tandis que des hommes affluaient autour de moi :

- Bonjours ma belle, comment vas-tu ?

Kaleya se laissait dépasser par les événements sans tenter quoique ce soit pour y participer véritablement. La perte de connaissance de la dénommée Niüna l'avait désarçonnée : elle aurait certainement pu l'aider à en sortir mais Kaplen avait pris les opérations en mains et il lui semblait inutile de s'y ajouter. Machinalement, elle suivit Pampelune, inspira l'air marin. Sa propre indifférence l'effrayait mais elle ne se sentait pas capable d'y faire face.

Soudain, Pampelune poussa un cri de surprise : un homme venait de s'effondrer à quelques mètres d'elles. La jeune dessinatrice s'avança vers lui, tandis que Kaleya approchait plus prudemment, prête, comme toujours, à frapper si nécessaire. La réaction de son amie la surprit au plus haut point mais son calme semblait sans faille lorsqu'elle ordonna aux marins de l'emmener dans le bateau.

Le connaissait-elle ? D'où ? Elle aurait aimé le lui demander mais la jeune fille la serrait déjà dans ses bras en murmurant :

" Ce que je peux t'apprécier ma belle... je voudrais que tu reste avec moi... Accepterais tu de devenir la marraine de mon enfant et le témoin de mon mariage Kaleya? "

La jeune femme eut un sourire attendri et légèrement égaré devant ses parole et eut à peine le temps de dire :

" Bien sûr, Pam... ça serait un honneur même si je ne suis certainement pas la personne la plus adaptée pour être marraine.. "

À cet instant, Pampelune se raidit contre elle avant de la repousser, sans violence mais avec suffisamment de brusquerie pour que Kaleya comprenne que quelque chose n'allait pas. Cette incroyable déduction se vit confirmée lorsqu'elle se plia en deux, un gémissement aux lèvres puis... Kaleya se demanda un instant avec ironie comment elle le devina, perdit connaissance.

" Eh merde..."

Elle était tellement habituée qu'il n'y avait rien de plus précis qui lui venait.

" Kaplen ! Ta femme a un problème... et je me demande même si elle ne va pas accoucher.. "

Elle prit conscience de ce qu'elle disait la seconde d'après et son ironie disparut aussitôt...

" Kaplen !! "

Kaplen avait vu la jeune elfe tomber devant lui d'un seul coup. Il n'avait pas tout comprit. Le regard alerte, elle avait les gestes vifs, puis tout à coup s'était évanouie. Le jeune homme poussa un grand soupir avant de la porter jusque dans la cabine. Extrêmement légère, ça ne lui posa aucun problème. Kaplen appela le chirurgien. Lorsque l'homme entra dans la cabine son ventre gargouilla furieusement. Le jeune homme s'excusa en souriant, mais le regard que lui jeta le chirurgien n'avait rien d'amusant.
-Tu devrais faire une pause... Ton père désapprouverait tout cela.
-Mon père ne se serait pas laissé abattre et se serait occupé pareillement de ses hommes!
-Il l'a fait! Et il est MORT! Alors laisse moi te dire, arrête toi, tu tiens a peine debout et tu manque de t'effondrer à chaque pas que tu fais! Je te vois tu sais, je t'observe. Je n'étais pas médecin pour rien...
-Il reste encore trop de choses à faire! Rétorqua le jeune homme. Mais il savait pertinemment que le médecin avait raison. Lorsque Kaplen se retourna, il reçut machinalement Pampelune dans ses bras qui se trouvait derrière lui.

-Que s'est il passé et qui est elle?
-Rien, ce n'est rien...
Kaplen ignorait s'il disait cela pour lui même ou pour la jeune femme. Elle se serra plus fort dans ses bras et pleura à son épaule. Le jeune homme ignorait pourquoi, mais il essaya de la consoler. Les évènements s’enchaînaient autour de lui, et la fatigue aidant, il avait du mal à suivre. Sa tête le tournait et il avait l'impression qu'un marteau frappait son crâne de l’intérieur. Son ventre grogna à nouveau, mais les pleurs de Pampelune masquèrent cet affreuse musique. Personne ne le savait, mais cela faisait plus de trois jours qu'il n'avait pas mangé. Manger... Sa pensée dériva un instant, puis il sentit Pampelune se crisper dans ses bras et le cri qu'elle prononça le fit faire un pas en arrière.

Il secoua la tête pour essayer de faire disparaître toutes les étoiles qui papillonnaient devant ses yeux et se concentra sur ce que la jeune femme montrait. Il voyait une silhouette au loin, allongée sur le sable, mais rien de plus. Pampelune se détacha et courut en direction de la silhouette. Kaplen voulut lui dire de ne pas s'affoler, que courir n'était pas bon pour elle, mais il ne pouvait pas. Son corps était comme paralysé, hanté par une maladie qui n'en était pas une. Il s'assit sur le lit tandis que le chirurgien palpait le coeur de la jeune elfe, regardait ses muqueuses internes... L'homme s'arrêta un instant avant de le regarder et soupira.
-Tu tombera avant la fin de cette journée... Elle elle va bien. Son rythme cardiaque s'est ralentit, elle dort... Le mieux est de la laisser tranquille, elle se réveillera lorsque son organisme sera prêt.
Le jeune homme acquiesça, suivit de près par son estomac qui se contractait violemment et spasmodiquement.

Lorsque le chirurgien fut partit, il resta un moment à observer la jeune elfe.
-Je ne sais même pas ton nom. Dit-il en direction de l’écureuil qui faisait des vas et viens entre sa main et le corps de l'elfe. Puis soudain il entendit son nom. Pas une fois, mais deux fois, prononcé plus bas sur la plage. Son nom, accompagné de nombreux cris de souffrance: Pampelune!
Kaplen eut juste le temps de voir la jeune elfe ouvrir les yeux qu'il se leva et s'engouffra à travers le couloir comme un damné. La peur lui donnait des ailes. (et pas de redbull c'est déconseillé en cas de fatigue intense xD)
Il traversa le pont le plus vite qu'il put et se jeta presque par dessus bord. Lorsqu'il atterrit sur le sable, ses articulations se manifestèrent, mais il continua en direction du petit groupe qui s'était formé au bord de l'eau. Un homme, qui avait l'air en aussi bonne santé que lui gisait inconscient. Il avait la peau brûlée, les vêtements déchiquetés, et une longue barbe mangeait son visage émacié. Des hommes s'occupaient de lui.

Kaplen vit arriver Kaleya en courant. Elle était soucieuse, et son visage exprimait une crainte qu'il ne lui connaissait pas. Elle qui cachait habituellement ses sentiments... Cela ne présageait rien de bon. Elle l'emmena en direction de Pampelune qui gisait entre conscience et inconscience, pliée en deux sur le sable.
-Je crois qu'elle va accoucher...
-Non, pas maintenant!
Pas maintenant, il ne fallait pas, c'était trop tôt... Kaplen s'arrêta devant Kaleya et lui demanda de surveiller Pampelune le temps qu'il aille chercher le chirurgien. Il remonta sur le pont encore plus vite qu'il en était descendu. Il voulut s'arrêter devant le médecin, mais ses pieds se prirent dans un tas de boots qui traînaient sous le mât et il s'effondra.
L'homme l'aida à se relever. Il avait toujours ce même regard... Des étoiles dansaient devant les yeux de Kaplen, et tous ses muscles le faisaient atrocement souffrir. Son estomac ne céssait de gronder comme un fauve, et sa tête le tournait... Mais rien de tout cela comptait.
-Il faut aller voir Pampelune... Elle est bizarre!

L'homme grommela qu'il n'y avait pas qu'elle qui était bizarre et laissa Kaplen prendre appui sur ses épaules. Dans sa chute, il s'était ouvert l'arcade sourcilière gauche ainsi que le genoux droit. Le sang coulait sur ses yeux et il était sans cesse obligé de l'éponger avec sa manche. Ils arrivèrent beaucoup plus lentement au chevet de Pampelune. Kaplen clopi-clopant ne parvenait à marcher seul.
Le chirurgien se pencha sur la jeune femme et soupira.
-Ce n'est pas pour maintenant. Je vais lui donner quelque chose qui calmera les contractions. Maintenant, il va falloir la surveiller.
Kaplen acquiesça et soupira de soulagement. Il envoya des hommes récupérer l'inconnu qui gisait à moitié dans l'eau et d'autres remonter Pampelune jusque dans la cabine. Il leva la tête. La jeune elfe était en train de les observer depuis le pont, son écureuil sur l'épaule. Kaplen demanda à Kal si elle pouvait l'aider à revenir jusqu'à l'Opale et remonta sur le pont le mieux qu'il put. Le sang continuait de couler, mais ça allait beaucoup mieux. Son estomac continuait de grogner et Kaleya lui jetait des regards presque de pitié. Il n'en voulait pas. Il était simplement fatigué, avait faim et était dépassé par les évènements.... Mais les choses s'arrangeraient. Les choses s'arrangeraient...
Kaplen s'assit contre un mât et jeta un oeil sur son genoux. Ce n'était pas beau à voir... Pas beau, non... Il tournait sous ses yeux et était constellé d’étoiles qui s'allumaient les unes après les autres, plein d'étoiles... Trop d'étoiles. Le jeune homme s'allongea et s'endormit. Son estomac continuait de gémir, mais cela ne le réveilla pas.

Kaplen oscillait entre deux mondes. Ni complètement endormis ni réveillé, il alternait entre des moments d'absence et des moments où il percevait son environnement avec une acuité nouvelle. Toutes ses douleurs, ces désagréables sensations qui l'assaillaient de part en part se mouvaient en une masse informe et incompréhensible qui plombait son corps entier. Sa position était inconfortable, il ne parvenait à garder sans cesse la tête relevée et ses yeux se fermaient sans son accord... Mais par moments il avait l'impression de s'éloigner de tout cela et de ne plus rien ressentir. Plus rien que le battement des vagues contre ses jambes et que l'odeur de l'iode dans ses narines... Le battement des vagues. Ces vagues de chaleur régulières qui venaient frapper ses jambes.

Soudain le jeune homme sursauta. Il n'y avait aucune vague, mais la jeune elfe qui se trouvait face à lui et qui l'assaillait de paroles. Depuis combien de temps parlait-elle? Au début, il ne l'écouta pas. Elle semblait aller beaucoup mieux.
Puis ce babillage commença à l'agacer. Que voulait-elle à la fin? Ses mots parvenaient lointains, comme masqués par une brume opaque qui ne laissait passer que certaines voyelles. La plaie. Pensa t-il. Qu'elle se taise et qu'elle me dise simplement ce qu'elle me veux...
-Vous parlez trop.
Trois mots. Mais qui résumaient tout ce qu'il pensait à cet instant précis. La jeune elfe s'était tue pour le laisser parler, elle ne répondit pas.

Kaplen devinait sa gène. Il haussa les épaules et essaya de se relever en s'accrochant à un boot qui entourait le mât.
-Je vous ai vu avec Kaleya. Vous parlez trop. Vous n'agissez pas.
Et cela l'agaçait. En réalité, tout l'agaçait. Il ne comprenait pas pourquoi, mais un flot de sentiments détestables entrait et sortait de son esprit depuis peu de temps, et il ne parvenait à l'endiguer.
-Je ne sais pas ce que vous me voulez, ni ce que vous me racontiez, et à vrai dire je m'en contre fiche. Arrêtez de parler, et agissez. On vous jugera sur vos actes plus que sur vos paroles, parce que les actes, on ne peut pas les cacher. Mais si vous vous contentez de parler, alors vous brassez du vide.
Le jeune homme tenta un pas vers l'avant comme pour illustrer ses propos mais le pont du bateau autour de lui oscillait comme en pleine tempête. Kaplen se raccrocha au boot par reflex. L'écureuil ne cessait de le fixer depuis qu'il s'était réveillé.

Kaleya esquissa un sourire moqueur devant la façon dont Kaplen rabroua Niüna, mais elle devait admettre qu'elle ressentit un peu de compassion pour la jeune elfe qui sembla un instant totalement désorientée. Elle qui était venue proposer son aide se voyait rejeter avec une brutalité qu'elle ne méritait certainement pas, même si les paroles de Kaplen n'étaient pas dénuées de véracité.

Mais la jeune neko fut surprise par le contrôle que l'elfe s'imposa à elle même et la façon dont elle prit les choses en main. Non, ce n'était pas n'importe qui, et si elle avait beaucoup à apprendre, elle avait également beaucoup à apporter.

Finalement, Niüna se tourna vers elle et lui demanda avec une douce autorité dans la voix :

"Pouvez-vous m'aider à le transporter jusqu'à un lit? Le repos reste le meilleur des remèdes, et il en a cruellement besoin."

Kaleya esquissa un sourire mi-amusé mi-chaleureux et acquiesça de bon coeur. Elle lui prêta main forte, soutenant le corps du jeune homme alourdi par l'inconscience, le mena jusqu'à la cabine où elles le déposèrent sans beaucoup de ménagement sur le lit.

Le souffle quelque peu court, Kaleya s'adossa au mur et étira ses épaules trop tendues. Elle avait faim. Elle était épuisée. Mais elle ne perdrait pas connaissance, oh que non, elle avait autre chose à faire. À savoir, en apprendre davantage sur la jeune elfe qui était la seule à être encore consciente.

" Je peux savoir ce qu'il vous est arrivé tout à l'heure ? Votre perte de connaissance était un peu... subite. "

Elle attendit la réponse de la jeune elfe et reprit :

" Vous espérez aller où ? Quitter l'île ? Et pour y faire quoi ? "

Sa curiosité était plus que déplacée, mais après tout, à situation extraordinaire, comportement hors du commun.

Spoiler:

Kaplen ouvrit un oeil, puis un autre. l'intensité lumineuse lui brûla les rétines. Il grimaça. Le pic vert logé sous son crâne n'était pas parti, il avait la bouche pâteuse, et avait la vague impression de se réveiller un lendemain de fête. Toutes ses sensations étaient encore floues, et il mit un certain temps avant de s'apercevoir qu'il était dans sa cabine. Des voix montaient jusqu'à ses oreilles. Des voix féminines. Le jeune homme ne reconnut pas celle de Pampelune, mais néanmoins celle de Kaleya. Pour la deuxième, il ne savait pas. Mais ce n'était pas important. Il se releva et se retrouva assis.
Kaplen prit sa tête entre ses mains et se frotta vigoureusement le visage pour sortir de sa léthargie. Il ne savait pas comment il avait atterrit ici et encore moins depuis combien de temps il dormait.

Lorsque ses yeux s'habituèrent à la lumière environnante, qui n'était finalement pas si importante que ça, il essaya de se relever. Il renifla. Une odeur assez forte l'entourait et quelque chose le collait au front. Passant ses doigts sur son arcade, il y trouva une substance gélatineuse qui collait aux doigts. Le jeune homme la sentit et s'essuya la main sur ses draps après une grimace de dégoût.
Les fameux onguents de l'elfe. Pensa t-il. Il ne savait même pas son nom. Mais ce n'était pas important.
C'est censé être la race de l'archipel la moins... dangereuse, en vue de leurs capacités plus limitées je veux dire, mais je peux t'assurer que ça n'a rien de vrai.
C'était la voix de Kaleya. Il s'étira comme il put et fit jouer ses épaules avant de se lever définitivement. La femme chat (il continuait à l'appeler ainsi dans sa tête) tourna la tête dans sa direction, suivie par la deuxième silhouette qui n'était autre que celle de l'elfe.

-Encore en train de bavarder alors qu'il y a du travail? Avança t-il en souriant.
Kaplen croisa le regard de l'elfe et soupira. Elle était en colère contre lui, ça se voyait. S'il ne se souvenait pas vraiment des soins qu'elle lui avait prodigué, il était dans un état second et très absent par rapport à la douleur, il se rappelait par contre de sa présence. C'était elle qui l'avait soigné. Colère ou non.
-En tout cas, merci beaucoup. Je vais beaucoup mieux, nous allons pouvoir finir tout ce qui avait été commencé. Il s'arrêta un instant, repensant aux paroles de Kaleya sur les humains et éclata de rire. Ses côtes lui firent mal, courbatures de ses efforts et de sa chute, et il grimaça à nouveau. Puis quelque chose lui parvint au fond de son esprit.

Kaplen devait être dans un demi sommeil depuis quelques temps, et il avait du entendre la conversation des deux jeunes femmes. Si bien que les paroles de Nyu lui revinrent en tête. Elle avait parlé d’intégration, de liberté et de voyage. Cela lui plaisait énormément.
-Premier jour au sein de l'équipage, et je vous trouve ici à bavarder. Ne vous avais-je pas dit que vous parliez trop? Trêves de bavardage, il reste beaucoup de choses à faire, et la nuit va tomber rapidement....
Le jeune homme sortit de la cabine sans prendre le temps de se rhabiller. Son pantalon avait été remonté au dessus de ses genoux et sa chemise avait été enlevée pour éponger le sang. Ce n'était pas grave. Il faisait chaud et il avait beaucoup à faire.